La commune de Forges fait partie du lot des communes dont la population doit
être recensée en 2025. La plupart des foyers locaux ont reçu l'avis s'y
rapportant avec, curiosité étonnante, un délai de réponse extrêmement court par
rapport aux années précédentes. De mémoire, les précédents épisodes avaient
laissé grosso modo un mois entre la date de dépôt des documents et celle de
retour. En ce mois de janvier, nous avons reçu les documents en milieu de
semaine dernière (donc autour du 16 janvier) avec une demande de réponse pour le 21 janvier. Surprenant...
Je ne sais s'il s'agit d'un bug au niveau de l'INSEE ou de la commune, mais
j'ai tendance à penser que le problème est communal, puisque les dates de fin
d'opération annoncées par l'INSEE sont le 6 mars pour les DOM-TOM et le 15
février pour la métropole... Je sais pertinemment qu'il ne faut pas attendre le
dernier moment pour collecter les données, d'autant qu'il faut parfois
rencontrer les personnes recensées et que ceci n'est possible que lorsque qu'elles sont disponibles. Néanmoins, là, la marche est haute. Cela me fait penser aux demandes de subvention exigées
par la mairie à l'origine pour fin novembre alors qu'elle ne procédait à leur
examen qu'en... février.
Le souci n'est cependant pas là en ce qui concerne ce dernier recensement ; il se trouve
dans la nature des questions nouvelles et pour certaines très intrusives qui
sont posées aux Forgeois, et au-delà à la population française. Rappelons ici
l'objet du recensement, je cite ici ce qui est écrit sur le site officiel
service-public.fr :
« Réalisé par l'Institut national de la statistique et des études économiques
(Insee) et les communes, le recensement permet de savoir combien de personnes
vivent en France et d'établir la population officielle de chaque commune. Il
fournit des informations sur les caractéristiques de la population : âge,
profession, moyens de transport utilisés, conditions de logement... C'est grâce
à ces données que les projets qui vous concernent peuvent être pensés et
réalisés. En effet, de ces chiffres découle la participation de l'État au
budget des communes. Du nombre d'habitants dépendent le nombre d'élus au
conseil municipal, la détermination du mode de scrutin, le nombre de
pharmacies, etc. La connaissance de ces statistiques est un des éléments qui
permettent de définir les politiques publiques nationales. Au niveau local,
elle sert à prévoir les équipements collectifs nécessaires (écoles, hôpitaux,
infrastructures des transports, etc.). L'analyse de ces données aide également
à cibler les besoins en logements, elle permet aux entreprises de mieux
connaître leurs clients, aux associations de mieux répondre aux besoins de la
population ».
Au vu de ce qui précède, on peut donc comprendre la nouvelle question relative
au temps de télétravail. Je suis en revanche plus réticent sur celle concernant
les pathologies dont nous serions susceptibles de souffrir, celle-ci relevant
finalement d'une forme de secret médical. Qui plus est, même en regard de la
situation de l'hôpital, cette question ne m'apparait pas nécessaire puisque, de
toutes façons, le choix de limiter le soutien à nos hôpitaux (euphémisme) est fait depuis des
années. Tout au plus pourrait on y voir, en accord avec la rapporteuse spéciale
de l’ONU sur les droits des personnes handicapées, la possibilité d'acquérir
une vision plus fine de la situation. Je la cite, dans sa version de 2019 : «
En ce qui concerne les personnes handicapées, les données sociodémographiques
et les statistiques ventilées par handicap font cruellement défaut. Le
questionnaire du recensement national ne comprenait aucune question sur le
handicap. L’enquête la plus récente sur la santé et le handicap, qui remonte à 2008,
avait permis d’estimer qu’il y avait 12 millions de personnes handicapées en
France »... Il convient cependant de pondérer le propos en remarquant que
depuis cette date, des enquêtes multiples ont été produites par la DRESS
(direction de la recherche, des études et de la statistique), par l'INSEE lui
même (enquête HID), ou par l'INED (institut national d'études
démographiques)...
Le point le plus problématique est la question des origines ethniques des individus recensés. On demande en effet maintenant de préciser l'origine des parents, via l'indication du pays de naissance... Il me semble que cette information n'est en aucun cas nécessaire à l'accomplissement des objectifs du recensement. Ce point de vue est aussi celui de syndicats telles la CGT, Solidaires, et la FSU, ou d'organisations telles le mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) ou la ligue des droits de l’homme (LDH). Ainsi la LDH considère que « donner cette information de manière officielle pour des besoins d’études statistiques, c’est peut-être offrir une base pour des politiques qui divisent et qui discriminent. Si certains mouvements politiques avaient accès à ces données, ils pourraient s’en servir pour autre chose ». A la CGT, même son de cloche : « aucune politique publique ne justifie que l’origine immigrée de nos parents soit collectée dans notre bulletin individuel. Cette question présente beaucoup de dangers ». Quant à la FSU, elle indique assez justement que « cette question est un pas pour traiter différemment les personnes dont les parents sont nés en France et les personnes dont les parents sont nés ailleurs. Il n’est pas envisageable que l’origine géographique de nos parents devienne une donnée de référence pour les politiques qui nous concernent. L’égalité des droits, ce doit être pour toutes et tous. Dans le contexte politique actuel, à l’heure de la dangereuse montée de l’extrême-droite dans les têtes et dans les urnes, la FSU appelle à ne pas répondre à cette question ».
Même si l'INSEE nous garantit un anonymat dans les réponses, je partage entièrement ce point de vue et j'incite donc les lecteur du blog à ne pas répondre à cette question, qui reste heureusement facultative.
Crédit illustration :
Le blog de Pierette Richard
https://pierrette-richard.over-blog.com/2019/01/le-recensement.ca-prend-du-temps.html
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