lundi 31 mai 2021

LE SIAL EN EAUX TRÈS, TRÈS TROUBLES...



J’ai expliqué dans deux articles précédents comment fonctionnait l’épuration des eaux usées dans notre commune et dans certaines communes avoisinantes qui, comme la notre, ont délégué la gestion intercommunale de ce dossier au syndicat intercommunal d’assainissement de la région de Limours (SIAL) (1). Le problème auquel notre commune et les communes de Briis, Limours et Pecqueuse sont confrontées réside dans l’absence de budget 2021 du SIAL, entraînant de facto le blocage de son fonctionnement.


Depuis, mon dernier article (2), la situation du SIAL s’est sensiblement dégradée. Le débat d’orientation budgétaire (DOB) s’est tenu il y a une quinzaine de jours, dans une ambiance lourde. Les données du DOB, qui permettent à une collectivité (syndicat comme commune) de réfléchir à ses budgets à venir, ont soulevé de nombreuses questions des délégués, dont la plupart sont restées sans réponse de la part du président. Sa démission a été évoquée, mais selon mes informations, ce dernier aurait refusé cette issue honorable. Par voie de conséquence, les délégués ont refusé de prendre acte du DOB, ce point de l’ordre du jour ne donnant pas lieu à vote.

Lors du dernier conseil syndical, le président a néanmoins tenté de présenter un budget pour le SIAL, mais les délégués ont rapidement fait remarquer que le budget était sensiblement erroné tant en recettes qu’en dépenses. Ainsi, les reversements d’assainissement en provenance du SIAEP Eau Ouest Essonne ne semblaient pas y figurer, ni d’ailleurs les sommes à investir pour l’opération de renouvellement des membranes d’ultrafiltration, qui devient très urgente. Assez logiquement, les délégués des communes ont donc décidé de ne pas voter le budget en l’état.

Cette absence de vote peut avoir des conséquences lourdes. La première est financière : le SIAL risque la mise sous tutelle de services préfectoraux qui ne feront aucun cadeau en termes financiers. S’il est nécessaire de lever 1 million d’euros pour le fonctionnement du syndicat, la préfecture recalculera la redevance d’assainissement qu’elle fera imputer sur les factures d’eau. Il n’est pas inenvisageable de voir cette redevance multipliée par 2, ce qui porterait le coût du mètre cube d’eau vendu et épuré autour de 7 euros au lieu de 5 à 5,5 aujourd’hui. Si un tel événement malheureux devait se produire, il faudra que la régie communique en détail, car je pressens que certaines personnes pourraient tenter, sur les réseaux dits sociaux, d’imputer cette hausse à la régie. Soit dit en passant, la régie Eau Ouest Essonne est actuellement impactée par l’absence du budget du SIAL. Elle continue en effet de collecter la redevance d’assainissement pour le compte du SIAL, alors qu’en toute logique elle ne le devrait pas puisque le budget SIAL n’existe pas. Les responsables de la régie ont heureusement pris langue avec les services préfectoraux et le Trésor Public pour gérer au mieux cette situation ubuesque.

Autre problème, technique celui-ci, le risque de voir les membranes de la station se rompre sous l’effet de leur « encrassement ». Il devient en effet nécessaire d’appliquer des différences de pression de plus en plus fortes pour compenser cet encrassement et assurer la filtration, ce qui risque de conduire à une rupture de membrane et donc au déversement dans le milieu naturel d’eaux usées non épurées. Egalement, en cas d’arrêt des pompes et en l’absence de budget permettant leur réparation ou leur échange, on pourrait aussi observer un remplissage anormal des bassins d’aération. Or, comme je le décrivais dans un article précédent, la station est dotée de dispositifs de sécurité, dit « by-passes », qui s’ouvrent en cas de sur-remplissage des bassins. L’effet sera le même que précédemment, à savoir une pollution du milieu naturel par déversement d’eaux non épurées, et cette pollution sera d’autant plus notable que nous arrivons progressivement à l’étiage pour la Prédecelle...

Je ne sais pas quelle solution apporter au problème, même si j’en envisage au moins une. Ce qui est certain, c’est que les communes de Limours et Pecqueuse, ainsi que celle de Forges, à l’exception d’un de ses délégués, qui ont porté l’actuel président du SIAL à ce poste, probablement pour des raisons de basse politique, ont une responsabilité forte dans ce dossier. Elles ont donc l’obligation de trouver une solution au problème. Par ailleurs, je n’aimerais pas que la gestion calamiteuse du SIAL par un membre de l’actuelle majorité municipale conduise à une petite catastrophe environnementale, que les communes voisines ne manqueront pas d’attribuer à Forges...


Références :

1.Histoires d’assainissement. I. Comment cela fonctionne-t-il à Forges ?
Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2021/04/histoires-dassainissement-i-comment.html

2. Histoires d’assainissement. II. Quel avenir pour le SIAL ?
Ce blog :


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jeudi 27 mai 2021

UN CERTAIN MÉPRIS POUR LE MONDE ASSOCIATIF



J’ai déjà relaté sur ce blog les relations difficiles entre la municipalité et certaines associations Forgeoises, relations difficiles qui se sont exprimées de façon concrète au travers de la mise en place d’une convention-cadre léonine entre ces parties (1). Outre le fait que cette convention comporte nombre de clauses discutables, voire pour certaines illégales, elle traduit assez clairement la façon dont le monde associatif est considéré dans notre commune.

Pour être tout à fait concret sur le traitement d'associations, je vais prendre le cas de deux d'entre elles dont l’activité s’inscrit dans le développement durable pour l’une, et dans l’aide à l’enfance pour l’autre. La première des associations, l’Autre Bureau, a été motrice dans l’installation dans la commune d’un « tiers-lieu », consistant principalement en un site de télétravail. J’ai expliqué dans un article précédent (2) en quoi ce type de lieu, unique dans la CCPL, coche toutes les cases du développement durable puisqu’il promeut à la fois de l’activité économique, du lien social, tout en s’inscrivant dans un processus de réduction des flux routiers, donc de réduction d’empreinte carbone. La précédente municipalité avait aidé au portage du projet ; la nouvelle ne semble pas vraiment décidée à lui emboîter le pas. Elle a ainsi maintenu le lieu fermé à des périodes ou d’autres centres de télétravail restaient ouverts, y compris en Essonne et en Yvelines, sous le motif baroque de l’absence d’un dispositif de location du lieu. Par ailleurs l’association a signalé depuis plusieurs semaines maintenant la non-fonctionnalité d’une des toilettes de la salle, sans que cela ne semble conduire à réparation. Enfin, la dernière pièce qui nécessitait des travaux, et devait être aménagée en cuisine / cafétéria, reste depuis octobre 2020 toujours inutilisable, malgré l’achat des quelques mobiliers nécessaires à sa remise en état, qui sont stockés dans un des locaux municipaux. Les services techniques de Forges ont d’ailleurs reçu l’ordre de ne pas intervenir pour remettre en état cette pièce. Je n’arrive pas à savoir s’il s’agit là de mauvaise volonté caractérisée, de stupidité, ou de mépris vis à vis du projet. Je note simplement que dans le même temps, le parc naturel de la Haute Vallée de Chevreuse dit, dans la dernière mouture de son journal « l’Echo du parc » tout le bien qu’on peut penser de ce type de projet (3), sauf à Forges visiblement...

Deuxième exemple, l’association « Coup de Pouce 91 ». Cette association a pour objectif d’aider au développement et à l’épanouissement d’enfants, de jeunes adolescents, de jeunes adultes avec leurs parents, au travers d’une écoute ciblée, d’ateliers d’expression par le dessin la musique, le chant, la danse, la couture, le travail manuel et de l’accompagnement scolaire individualisé. Lorsque j’ai rejoint cette association, elle était installée dans des locaux extrêmement exigus au sein du pôle PMI, à côté de la maison médicale de Forges. Elle y avait déménagé en provenance de la maison des associations. Fin 2020, la municipalité fait re-déménager « Coup de Pouce 91 » à la maison des associations, où elle pouvait utiliser une salle beaucoup plus grande ainsi que la salle de sport pour les activités danse... Malheureusement, la salle de sport se trouve depuis mars confisquée pour une exposition qui - si on avait eu un peu de logique - aurait du être installée dans une salle d’exposition, telle la salle Floréal. Devant le bazar ainsi généré, la mairie réagit en urgence et demande à l’association, par la voie de Mme. la maire et d’une autre élue, de déménager sans préavis aucun vers la salle polyvalente, en haut pour l’accompagnement scolaire et en bas pour la danse et la musique. Grâce à l’aide des bénévoles de l’association, des parents d’élèves pour la plupart, le déménagement se fait comme il peut, mais il se fait. Problème : la salle du haut est utilisée, par convention et pendant les mêmes créneaux que ceux proposés par la mairie, par l’Autre Bureau, dont le président n’est même pas prévenu de l’arrivée d’une autre association sur site par la mairie… C’est d'une élégance ! Le local du télétravail étant fermé suite aux restrictions dues à la crise sanitaire, « Coup de Pouce 91 » peut pour le moment utiliser les locaux sans trop de difficultés, mais qu’en sera-t-il lorsque le co-working rouvrira, probablement vers la mi-juin ? Par chance, les responsables locaux de ces associations sont des gens raisonnables, et ils s’activent actuellement à trouver une solution satisfaisante... 

Dernier rebondissement en date, malgré les engagements et promesses faites par Mme. la maire, la mairie vient d’interdire à l’association d’utiliser la salle du bas le samedi pour ses activités d’expression musicales et de danse, motivant une exigence d’explication ferme de la présidente de l’association. Demandant de nouveau, et pour la xième fois, une convention d’occupation, un calendrier et des procédures claires et honnêtes, la présidente appelle au respect du calendrier d’occupation des salles qui doit être inscrit dans le marbre puisque, selon elle,  Mme. la maire ne tient pas compte de ses propres engagements verbaux. Par ailleurs, la présidente de l’association estime que les actions de la mairie s’apparentent à du mépris pour les « Coup de pouciens ». Le mépris est effectivement un terme qui convient à la façon dont cette association, mais également d’autres, sont traitées par l’actuelle municipalité...



Références :

1. Désigné volontaire.
Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/03/designe-volontaire.html

2. « L’Autre Bureau » ou comment le co-working réenchante durablement nos campagnes.
Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2020/10/lautre-bureau-ou-comment-le-co-working.html

3. Sophie Martineaud. Tiers-Lieux en gestation aux quatre coins du Parc. L'Echo du Parc n°86. Pp 16-17.
Consultable en ligne :




PIZZAS À LA DEMANDE !



Un distributeur de pizzas arrive prochainement à Forges, en centre ville...

Ce distributeur de pizza serait installé à côté du café-bar géré par M. Ylson Costa. Les produits seraient préparés dans le laboratoire d’un restaurant-pizzeria renommé local, partiellement précuits, puis transportés et stockés à froid dans une machine de type réfrigérateur-distributeur. Lorsqu’un client se présentera, il pourra choisir sa garniture et la machine en assurera la fin de cuisson, fournissant ainsi un produit chaud à l’acheteur.

Je n’ai aucune information sur le prix de vente, mais je sais en revanche que le dispositif est prévu pour fonctionner 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et qu’il pourrait stocker plusieurs dizaines de pizzas.

Ce dispositif ressemble à celui du distributeur de baguettes, également installé à côté du café. Ce dernier avait fait l’objet de vives critiques lors de son installation, mais il se trouve qu’il rend des services appréciés à la population, surtout en l’absence de boulangerie à Forges*. Il semble même être plébiscité, puisque ce matin encore, toutes les baguettes avaient été vendues dès 11 heures.

Ce genre de dispositif n’a à mon sens pas vocation à se substituer à la consommation de pizzas fraîchement préparées à la maison, en restaurant, ou en « camion », mais simplement à assurer un dépannage ponctuel...

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* selon les dernières informations, la boulangerie de Forges ne pourra ouvrir cet été compte tenu à la fois de la crise sanitaire et d’importants travaux à réaliser, y compris en termes de confortement et rénovation du bâti. Une réouverture est maintenant envisagée en fin d’année.


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Cuisinons en couleur




lundi 17 mai 2021

LÉGALISER LE CANNABIS ?





Le débat autour de la légalisation du cannabis dit récréatif s’est trouvé réactivé récemment avec une proposition du député écologiste Yannick Jadot en ce sens. Si l’on peut bien évidemment s’amuser de voir un député vert se soucier de légaliser un produit finalement « naturel », il ne faudrait pas croire qu’il s’agisse d’un cas isolé. En effet, très récemment aussi, M. Caroline Janvier, députée LREM de la 2e circonscription du Loiret, et rapporteuse thématique d’une mission d’information sur la réglementation des différents usages du cannabis, a déclaré que cette mission dressait un constat d’échec en matière de répression de l’usage de ce produit. Elle proposait « une légalisation encadrée qui permette à l'État de reprendre le contrôle de la production, de la consommation, de la distribution de cannabis, en contrôlant les substances qui sont vendues » (1).


J’avoue ne pas avoir ni d’idées préconçues, ni de position ferme sur la question de la dépénalisation du cannabis. En matière d'arguments en faveur d’une dépénalisation, je reprends ici ceux présentés dans le rapport de la mission d’information (2). Un des tout-premiers arguments, solide, est que le marché noir de ce produit génère beaucoup de violence et d’insécurité dans de nombreuses zones des grandes agglomérations. En lien, les activités de police et de gendarmerie visant à lutter contre ces trafics mobilisent beaucoup de personnels au sein des forces de l’ordre, pour un « rendement » très faible, puisque le trafic de ce stupéfiant ne diminue pas. Au contraire, celui-ci est en hausse depuis 30 ans et la France est maintenant le premier consommateur européen de ce produit. Le rapport dit d’ailleurs que la politique de la sanction « n’a que peu d’effet dissuasif sur des trafics et une consommation qui se banalisent ». Si le produit était vendu de façon légale et encadrée, on pourrait alors utiliser les compétences des forces de l’ordre pour lutter contre bien d’autres délits et crimes. On voit bien d’ailleurs, que la consommation - et seulement la consommation - fait depuis peu l’objet d’une dépénalisation de fait, les contrevenants s’exposant seulement à une amende forfaitaire en France, sauf dans le cas ou l’usage de ce produit aurait éventuellement causé un dommage à autrui. Le rapport confirme cela lorsque les députés écrivent « La banalisation de la consommation est telle qu’elle aboutit [...] à une dépénalisation de fait dans certains grands centres urbains ».

Deuxième argument, la vente de cannabis s’inscrit dans une économie souterraine qui peut profiter à des entreprises mafieuses, voire terroristes, et qui alimentent des réseaux mondialisé de blanchiment et de corruption. Le rapport précise que le trafic du seul cannabis au niveau mondial aurait rapporté en 2005 plus de 140 milliards de dollars par an. Aujourd’hui, le marché du cannabis en France, c’est un peu plus d’un milliard par an... La légalisation laminerait les revenus de ce trafic.

Deux autres arguments apparaissent également dans le rapport. Il s’agit du fait que les produits à base de cannabis vendus aujourd’hui comportent des taux de tétrahydrocannabinol (ou THC, la substance psychotrope majeure) très variables, et en augmentation constante. Ainsi, des produits saisis dans l’Union Européenne « qui contenaient auparavant en moyenne environ 4 % de THC, présentent aujourd’hui des taux de concentration d’environ 18 %, voire jusqu’à 24 % » (2) et peuvent atteindre parfois 30% du poids du produit. « La puissance de la drogue proposée est donc considérablement plus forte que celle proposée ans les années 1970-1980 » (2), entraînant donc des risques de « surdosage » ou d’accoutumance accrue pour les utilisateurs. Par ailleurs, afin d’accroître leurs bénéfices, certains revendeurs n’hésitent pas à couper leur produit avec des composés de toutes sortes, dont certains peuvent présenter un risque réel pour la santé du consommateur. On peut ainsi trouver comme agent de coupage, du kérosène, de l’huile de vidange, des colles, de la cire, du talc, du cirage, des composés plombés, etc. Le rapport conclut « Pour ces raisons, les produits consommés sont aujourd’hui plus destructeurs que ceux qui étaient disponibles dans les années 1970 ou 1980, et l’association entre des taux de THC excessifs et une composition fréquemment frelatée pose un important problème de santé publique, directement dû à la prohibition ».


Enfin, un dernier argument que je n’ai pas trouvé décrit comme tel dans le rapport (mais il est vrai que je l’ai lu rapidement) m’interpelle. Il est présenté sur le graphe ci-dessus (tiré de 3) dans lequel différents composés psycho-actifs sont classés pour leur niveau de dangerosité pour la personne et pour la société. On constate que le moins dangereux de toutes ces drogues est le cannabis, derrière des composés à vocation thérapeutique (mais dont l’usage peut être détourné) comme les opiacés (morphine, codéine) ou des benzodiazépines (ex. valium, lexomyl) et très, très loin derrière des drogues légales (nicotine, alcool) ou non (crack, cocaïne, héroïne).

Voyons maintenant les arguments qui s’opposent à la dépénalisation. J’en vois plusieurs dans le rapport parlementaire, qui souligne d’ailleurs l’importance de la mise en place d’une politique sanitaire. La légalisation de l’usage récréatif du cannabis pourrait favoriser le développement d’addiction à ce produit, particulièrement au sein de la population la plus jeune, et ce, même si le pouvoir addictif des différents composés cannabinoïdes, THC en tête, est bien inférieur à celui de la cigarette ou de drogues interdites d’usage, comme l’héroïne (2). Ainsi, 20 à 25 % des consommateurs réguliers de cannabis semblent présenter des signes clairs d’addiction (contre presque 100% des fumeurs de tabac). En revanche, l’argument qui place le cannabis comme une première marche vers l’usage d’autres drogues dites plus dures (cocaïne, crack, héroïne) n’est en aucun cas validé. Je cite le rapport : « La théorie de l’escalade (ou « stepping-stone theory ») suppose en effet que la consommation de cannabis mène inexorablement vers la consommation de drogues dites « dures » […]. La théorie se fonde sur le fait qu’une grande partie des consommateurs de drogues dures (héroïne, cocaïne, métamphétamines, etc.) commence par le cannabis, or, dans les faits, cette corrélation n’entraîne pas un lien de causalité dans la mesure où, si la consommation de cannabis a effectivement augmenté de façon importante dans la population générale, la consommation de drogues « dures » n’a pas suivi ».

L’usage de cannabis est également susceptible d’induire un certain nombre de pathologies majeures. Le rapport pointe du doigt un premier risque, les dommages d’ordre cérébral chez les jeunes consommateurs et, par conséquent, de développement de troubles psychiatriques. Je cite : « la consommation de cannabinoïdes augmente sérieusement le risque de troubles psychiatriques, et l’évolution des consommateurs vers la schizophrénie, les troubles anxieux ou dépressifs, est désormais bien démontrée et relativement significative : le risque est en effet doublé pour les jeunes de moins de dix-huit ans et plus grand encore pour ceux débutant leur consommation de cannabis avant l’âge de quinze ans ». Dans ce contexte une augmentation du risque de suicides dans la population jeune peut être crainte. Hors de ces troubles du comportement, l’usage de cannabis peut aussi engendrer des troubles cardiaques. Une augmentation immédiate du risque d’infarctus est désormais avérée, dans l’heure suivant la consommation (2). Des risques d’augmentation de cancers pulmonaires ont aussi été rapportés chez les fumeurs réguliers. En effet, fumer du cannabis, c’est aussi fumer des goudrons très chargés en composés dits aromatiques polycycliques hautement cancérogènes, comme avec la cigarette…

Par ailleurs, l’usage du cannabis conduit à des baisses de vigilance. Ainsi, on observe des temps de réaction considérablement accrus chez les consommateurs occasionnels, de 19 % pour des doses de 10 milligrammes à 27 % pour des doses de 30 milligrammes, qui peuvent se prolonger plus de 15 heures au-delà de la consommation, l’association à l’alcool ayant des effet potentialisant, d’où un risque pour les conducteurs d’engins et de véhicules particuliers. Cette baisse de vigilance se traduit aussi par des baisses de concentrations à l’acquisition de connaissances. Ainsi, des suivis de cohortes menées sur une longue durée par l’Inserm montrent une probabilité de suivre des études supérieures inférieure à 60 % pour les jeunes ayant commencé à fumer avant l’âge de seize ans.

Dernier élément s’opposant à la dépénalisation, d'ordre plus moral ou éthique, au choix. Ce n’est pas parce que l’on n’arrive pas à contrôler un comportement délictueux qu’il faut baisser les bras et le légaliser. Envisagerait-on de dépénaliser les grands excès de vitesse quand on sait qu’une part très importante - pour ne pas dire majoritaire - des accidents de la route est liée à une vitesse excessive ou inadaptée ? Non. Dès lors, quid de la consommation de stupéfiants ?

Je ne prétends en aucun cas avoir fait le tour de la question, mais il me semble qu’il reste nécessaire de réfléchir à cette dépénalisation, tranquillement, en pesant bien le pour et le contre, et sans s’inscrire dans un quelconque effet de mode. Je termine en précisant que cet article n’est en aucun cas un encouragement à consommer du cannabis, hors prescription médicale, car celui-ci reste considéré comme un stupéfiant par l’arrêté du 22 février 1990, consolidé le 1er janvier 2020, et donc interdit de production, distribution et consommation.


Références :

1. Cannabis : des parlementaires demandent une "légalisation encadrée" permettant à l'État de "reprendre le contrôle". France-info. Mai 2021.
Consultable en ligne :
https://www.francetvinfo.fr/sante/drogue-addictions/cannabis/cannabis-des-parlementaires-demandent-une-legalisation-encadree-permettant-a-l-etat-de-reprendre-le-controle_4611697.html

2. Rapport parlementaire sur le cannabis récréatif.
Consultable en ligne :
https://www2.assemblee-nationale.fr/content/download/341940/3351816/version/1/file/210505+Rapport+cannabis+recreatif.pdf

3. Page « Drogue ». Wikipedia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Drogue


Crédits illustration :

Légalisation du cannabis : le pour et le contre
You tube.
Mise en ligne par : Monkey - l'actu décryptée. Octobre 2018
https://www.youtube.com/watch?v=B5FBNw4wvDQ





dimanche 16 mai 2021

UN CAS DE COVID-19 PARMI
LE PERSONNEL PÉRISCOLAIRE



La mairie vient d’informer les parents d’élèves, ce dimanche 16 mai, d'un cas de CoViD-19 signalé au sein du personnel périscolaire par l’ARS qui considérait, dès lors et en raison du fait que ces personnels manipulaient les mêmes objets, qu’ils étaient « cas contact ».

Cette émergence d’un cas parmi le personnel périscolaire et leur positionnement comme cas contact fait donc que ces personnels seront mis à l’isolement et devront se faire tester dans les meilleurs délais, si ce n'est déjà fait. En conséquence, il n’y aura ni accueil périscolaire, ni transport scolaire, ni cantine à Forges dans les jours qui viennent. J’espère qu’aucun des personnels ne sera contaminé, et je souhaite un prompt rétablissement à la personne malade.

La mairie indique que la fermeture du périscolaire et le l’arrêt du transport scolaire relèvent d’une décision de l’ARS. Je n'y crois pas trop... Mais même si c'était vrai, une question me vient à l’esprit. Pourquoi ne pas avoir parlé de ce cas de CoViD-19 plus tôt alors que celui-ci est connu depuis une petite semaine par les personnels de l'école, et au delà ? J'ai, en effet, été informé le 11 mai par une source proche de ces personnels de l'occurrence de ce cas, connu le 10 mai*. J’ai choisi de ne pas donner l’information sur mon blog car vu le sérieux de la situation, il me semblait qu’il convenait de laisser le soin de la communication à la mairie. En lien, ma source m’indiquait que les personnels étaient largement informés de la situation. 

J’ai donc du mal à croire que les responsables de service et la municipalité n’en n’aient rien su, et n'aient pas été informés dès mercredi ou jeudi. J'ai donc du mal à comprendre cette absence de communication avertissant des risques potentiels de fermeture du périscolaire et d’arrêt des transports. Comme on ne prête qu’aux riches, j’ai comme l’impression que ce manque de transparence n’est pas du qu'au seul hasard des calendriers...

* par ailleurs, si comme je l'entends, le délai de 7 jours de quarantaine expire jeudi prochain, ceci signifie que le cas de CoViD-19 était connu dès mercredi dernier.  


Note ajoutée le 17 mai :

Une lectrice m'indique que deux agents du périscolaire auraient été testé positifs voilà au moins une dizaine de jours. Je tente de vérifier cette information, mais sans succès pour le moment. Si cela est vrai, le silence de la municipalité confirmerait bien son manque de transparence généralisé dans la gestion des affaires...

Note ajoutée le 18 mai :

Une autre lectrice me fait parvenir le message suivant, diffusé par la mairie sur un réseau social :

« Bonsoir,

Suite au message pour prévenir de la fermeture des services périscolaires de la mairie.(Si besoin peut-être relire le message)

Pour précisions:

Suite à un agent du périscolaire testé positif, 13 agents ont reçu dimanche 16 mai, un sms les avertissant qu'ils étaient cas contact, alors que tous portent le masque, respectent les gestes barrières etc. Après avoir rassemblé toutes ces infos, la responsable du service périscolaire s'est aperçue qu'il était impossible d'assurer l'ouverture de son service dans ces conditions lundi, mardi et mercredi, l'accueil des enfants du matin et du soir mais également le midi, la cantine, le ramassage scolaire ( certaines Atsem assurent aussi le service du bus le soir avec certains animateurs...). Elle a alors contacté le maire et l'élu au scolaire, qui ont ensuite décidé de prévenir les parents au plus vite via les moyens de communications disponibles dés 16H et continuer de chercher si des solutions étaient possibles ( mercredi le centre de Soucy pourra accueillir exceptionnellement les enfants dans la limite du brassage et des places disponibles) Les services de santé contactés ont donné comme explication le fait que les agents touchaient tous le même matériel donc ceux désignés par l'agent positif considérés comme tous cas contact

Les agents n'ont pas compris pourquoi ils étaient cas contact et pourquoi ils l'apprenaient si tardivement. Ils sont tous isolés .

Pour les parents qui ont du mal à croire que 13 agents aient été contactés un dimanche à 12H30 pour apprendre qu'ils étaient cas contact et sans raison valable compréhensible, je tiens à leur disposition les messages reçus par ceux-ci ( une partie des informations personnelles cachées), s'ils m'en font la demande par mail( ce afin de préserver un peu de vie privée des agents)

Enfin les repas qui ont été commandés n'ont pu être annulés auprès du prestataire et ont été donnés à une association qui intervient auprès des plus démunis, ce afin qu'ils ne soient pas jetés.

En vous remerciant. 

Séverine Martin »

Ce message confirme donc que ce n'est pas l'ARS qui a demandé la fermeture du préscolaire mais le ou la responsable du service. Cette fermeture a donc été décidée ensuite par les élus, mais ceux-ci n'ont pas eu le courage de l'annoncer, alors que c'est pourtant une décision responsable, préférant rejeter la faute sur l'ARS. 

Par ailleurs, je me demande donc pourquoi le message de la mairie annonce finalement une « découverte » du cas dimanche, alors que les services sont fermés jusqu'à mercredi inclus, et que la quarantaine est de 7 jours. Soit le cas était connu plus tôt, soit les services seront fermés toute la semaine... 

On nage en plein flou artistique et dans une opacité totale qui contraste la soi-disant transparence revendiquée par la mairie... 


Note ajoutée le 5 juin :

Il semblerait que l'ARS soit très "remontée" en regard du message des élus de Forges lui "faisant"porter le chapeau... Les propos de Mme. la maire semblent en avoir mécontenté plus d'un dans l'agence régionale...


vendredi 14 mai 2021

AU SUJET DU BUDGET COMMUNAL



A Forges, les récents conseils municipaux « secrets » revêtaient une importance particulière en regard de la présentation du débat d’orientation budgétaire et du vote du budget. Beaucoup d’erreurs, pour ne pas parler de mensonges, ont été entendus au cours de la campagne électorale de 2020, au sujet du budget. Il me semble donc important de repréciser certains points.

Avant de commencer, quelques éléments sur la structure des budgets communaux me semblent bienvenus. Bien qu’il n’y ait en fait « qu’un seul budget », ceux des communes se composent de deux sections : le fonctionnement et l’investissement. Chaque section comporte un volet recette et un volet dépenses. Au titre du fonctionnement, les dépenses portent sur les traitements des agents, les achats nécessaires au fonctionnement courant de la commune tels que facture d’électricité, d’eau des bâtiments communaux, éclairage public, les achats de repas des cantines et des aînés, de papeterie, de petit outillage, etc. Le fonctionnement couvre également les réparations d’entretien, le remboursement des intérêts la dette (et seulement des intérêts), ainsi que la dotation aux amortissements. Sous ce dernier terme un peu barbare, se cache l’argent que la commune met de côté pour compenser la perte de valeur d'un bien au cours du temps, ce qui permet de racheter ce bien lorsqu’il devient hors d’usage. Les recettes proviennent elles essentiellement des impôts, des diverses dotations (Etat et communautés territoriales, et des prestations de services (par exemple le payement des repas des cantines par les parents d’élèves). Les dépenses de la section investissement sont constituées majoritairement de deux grands volets : le remboursement des montants de la dette (en principal) et les dépenses d’équipement de la collectivité (nouveaux bâtiments, travaux importants et structurants tels que remplacements de candélabres, d’engins des services, etc.). A noter, c’est la nature de l’opération et non son coût qui détermine l’inscription de la dépense à la section investissement, le tout étant cadré par une directive interministérielle, et soumise à approbation des services préfectoraux. Les recettes d’investissement proviennent des emprunts effectués dans le cadre de la réalisation de grands équipements mais aussi du reversement à cette section des excédents de la section de fonctionnement. Cette somme est importante à considérer car elle constitue la capacité de la commune à autofinancer ses projets. Un dernier mot : contrairement au budget de l’Etat, le budget d’une commune doit être équilibré en recettes et dépenses.

Au cours des années 2008-2014 et 2014-2020, la commune a lourdement investit dans la réalisation d’équipements bénéfiques à la population : gymnase, locaux sportifs, centre technique municipal, maison des associations, maison médicale, city-stade, etc. sont sortis de terre à coût maîtrisé. Le tout a été réalisé sans augmentation de l’imposition foncière, dont les taux sont restés inchangés au cours des 12 années précédentes. Attention, cela ne signifie pas que les impôts dit locaux n’ont pas augmenté, car la valeur de référence des logements ou terrains, calculée par les services de l’Etat, a pu varier, et parce que d’autres collectivités (département, région) ont pu, elles, augmenter leurs taux d’imposition. En lien avec les réalisations décrites, l’endettement de la commune a augmenté mais il reste dans la moyenne des communes de même taille. Un critère important est la capacité de désendettement, c’est à dire le rapport entre montant des dettes et montant de l’autofinancement annuel de la commune. Exprimé en nombre d’années, ce rapport est une mesure de la solvabilité financière des collectivités locales. En 2020, il était de 3 ans environ pour notre commune, ce qui est considéré en valeur comme en évolution, comme excellent. Nous devons cette  situation très favorable à l'ensemble des élus des précédentes mandatures, opposition comprise, et à la gestion rigoureuse du maire, des adjoints et particulièrement  de l'adjoint au finances, M. Pierre Audonneau, lors des années passées.  

Par ailleurs, le dernier budget de la mandature 2014-2020 (montant total de l'ordre de 5 millions millions d’euros) a été conçu en responsabilité de sorte que nous laissions en « réserve » un peu plus d’1 million et demi d’euros sur des lignes qui devaient permettre à la nouvelle mandature d’affecter ce montant à ses priorités. Nous aurions pu les affecter à des projets qui auraient engagé la nouvelle mandature, mais cette option ne nous a pas paru démocratiquement satisfaisante. La situation budgétaire communale que trouve la nouvelle municipalité est donc globalement très saine, pour ne pas dire excellente, contrairement aux bobards qu’on nous a servis pendant des mois.

Dans ce contexte, je me suis déjà interrogé sur ce blog au sujet de certaines dérives financières de l’actuelle mandature. Celles-ci sont restées pour le moment modérées, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières. En ce sens, le dernier budget communal m’inquiète quelque peu. Ma première inquiétude est liée à la façon dont le budget a été voté. En toute logique, on vote en conseil d’abord le montant des taux communaux qui détermine le montant des recettes liées à l’imposition locale, les recettes déterminant les dépenses. Bien entendu, le budget est préparé en amont avec un taux qui anticipe le taux voté. Certains lecteurs pourront penser qu’il ne s’agit que de formalisme. En réalité, je crains que cela ne révèle qu’une grande partie du conseil ne comprenne pas l’architecture du budget communal.

Au titre de la section fonctionnement, les charges à caractère général augmentent de plus de 250 000 euros, sans justification claire, sauf 50 000 euros de plus pour les fêtes et 67 000 euros pour la ligne transport... Concernant ce dernier point, et à la décharge de la municipalité, il faut dire que la relation avec Ile de France mobilité, opérateur du transport scolaire, n’est pas simple. Autre inquiétude, l’explosion du coût de la rémunération des personnels non titulaires, 140 000 euros en plus, sans que j’ai réussi là aussi à obtenir d’explication plausible. Au chapitre des recettes, je ne comprends pas non plus l’augmentation prévue de presque 90 000 euros au titre de la redevance des services périscolaires. Est-ce à dire que les coûts de cantine et de garderie vont augmenter ou que la répartition par quotient sera modifiée ? Dans la section investissement-dépenses, on note presque 200 000 euros de réseaux de voirie (réseaux dont la commune est propriétaire, essentiellement les réseaux sous voirie) et 120 000 euros pour « autres agencements » sans que cela semble avoir été largement explicité en conseil.

Globalement donc, la réserve d’1,5 million d’euros permettra sans souci d’affronter l’année 2021, et même très probablement 2022 si la municipalité poursuit sur la même voie. En revanche, je ne vois nulle trace dans le budget des études et provisions nécessaires aux énormes travaux que la commune souhaite faire dans les écoles... Et là nous parlons plusieurs millions d’euros qu’il faudra budgéter. Affaire à suivre de très près donc, si l’on veut prévenir toute augmentation de l’imposition locale à moyen terme...


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dimanche 9 mai 2021

QUAND ON VEUT, ON PEUT !




Un court article pour faire suite à mes remarques sur le fait que les conseils municipaux récents de Forges n’ont pas été rendus publics...

De très nombreuses communes françaises, tels que Mulhouse, Ivry, Antony, Dinard, Brest Fleurance, etc. sont parvenus à retransmettre leur conseil durant le confinement en vidéo. A Forges, pas possible ! L’argument présenté par la liste majoritaire est qu’il est impossible pour la commune de retransmettre les séances en visioconférence, au motif que cela coûterait trop cher, le chiffre de 15 000 euros ayant été avancé comme coût de ces retransmissions...

Au delà de la question du coût de la démocratie, je pense tout d'abord que ce chiffre est « bidon »... Et je pense ensuite que l’actuelle majorité n’avait pas très envie que le débat d’orientation budgétaire, comme le vote du budget, bénéficient d’une audience importante, révélant l'impréparation de l'équipe majoritaire face au budget. L’absence de réponse de la liste majoritaire aux questions précise de la minorité sur certains points budgétaires me conforte dans cette opinion.

En accord avec ce sentiment, certaines communes aux moyens plus limités que Forges n’ont pas fait le même choix. Une de mes lectrices me signale le cas de la commune de Dieulefit (3000 habitants) en Drome provençale qui retransmet ses conseils en vidéo et en direct...

Même remarque pour des communes plus proches et bien plus "petites" que Forges, tel Vaugrigneuse (1300 habitants), où les séances du conseil sont également retransmises en vidéo, démontrant que lorsque l’on veut, on peut !


Note ajoutée le 10 mai :

Une autre lectrice du blog me signale que la commune de Limours retransmettait également ses conseils municipaux en vidéoconférence.

jeudi 6 mai 2021

MISÈRE DE LA RECHERCHE PUBLIQUE FRANÇAISE. I. ORGANISATION ET FINANCEMENTS



Après plus de 40 ans passés dans les labos de l’Institut Pasteur, du CNRS, de l’Inra et de différentes universités, ainsi qu’au siège du CNRS, le tout entrecoupé de séjours dans des universités aux Etats Unis, en Belgique, et en Asie du Sud Est (Malaisie), je dispose de quelques points de repère pour dénoncer la misère de la recherche publique non militaire en France.

Difficile, tellement le sujet est vaste, d’expliquer en quoi la recherche publique est maltraitée en France. Un premier point consiste sans doute à expliquer comment elle est organisée et financée. De façon très schématique la recherche est essentiellement menée dans les universités ou dans des structures apparentées (grandes écoles), par des personnels relevant des universités mais également, et souvent assez largement, par des personnels non enseignants relevant des grands instituts de recherche, tels le CEA, le CNRS, l’INRA, L’INSERM, l’INRIA, etc. Ces grands instituts possèdent également des unités de recherches en propre, voire dans un certain nombre de cas des centres de recherches qui leur sont propres.

Le plus surprenant pour la personne non avertie, en tous cas dans le domaine des sciences de la vie, ou de l’environnement, mais également pour ce que j’en sais en sciences de l’univers, réside dans le fait que les grands instituts de recherches, comme les universités, payent essentiellement les salaires de leurs personnels mais pratiquement pas leurs travaux. Pour donner des éléments plus précis, hors salaire, le financement attribué à un chercheur CNRS en sciences de la vie ou de l’environnement tourne entre 1000 et 4000 euros en moyenne par an. Ceci signifie que pour mener à bien ses expérimentations, un chercheur, enseignant-chercheur ou un ingénieur de recherche ne peut compter que sur cette seule somme annuelle de la part de sa tutelle. Autant dire que côté "performance", c'est mission impossible ! Quand on connaît le prix d’un ordinateur un peu performant, ou des réactifs de labos*, on comprend tout de suite que les chercheurs, enseignants ou ingénieurs soient donc obligés de rechercher de l’argent ailleurs

Chercher des financements du côté du secteur privé est difficile. J'expliquerai plus tard pourquoi. De façon générale, ce secteur n'est pas prêt à investir dans de la recherche de base quand on explique que le retour sur investissement est non mesurable à la fois en termes probabilistiques et financiers. Ailleurs, ce sont donc les agences nationales, type agence nationale de la recherche (ANR), les ministères, les régions, mais également dans le secteur public les appels à projets européens auxquels il est possible de soumettre un projet en réponse à un appel d’offre thématique. Un mot sur ces derniers pour dire qu’ils sont devenus quasi inaccessibles pour un laboratoire « standard », tellement les dossiers de soumission sont complexes. Dans les années 90, il était possible pour une équipe moyenne de répondre. J’ai ainsi bénéficié de trois soutiens européens conséquents au sein de consortia de labos de toute l’union européenne. Mais depuis les années 2005, les procédures se sont fortement complexifiées. La notice explicative de soumission peut atteindre la centaine de pages, et le dossier de soumission peut en faire tout autant, le tout en y ajoutant des calculs cauchemardesques de ratios entre emploi public et privé, emplois statutaires et emplois à financer par l’appel d’offre, ou nomenclature des fournitures nécessaires au projet. C’est élément compliqué qu’il faut avoir maintenant recours à des cabinets spécialisés de montage de projet si on veut avoir une chance de franchir le simple contrôle de complétude du dossier…

On comprend de ce qui précède qu’il est nécessaire pour un chercheur (ou enseignant chercheur, ou ingénieur) un peu confirmé de chercher avant tout... de l’argent. Cette tache est très chronophage puisque pour un responsable d’une équipe de recherche d’environ 10 personnes, elle représente environ 30 % du temps de travail. Partant d’une feuille blanche, il faut en effet autour de trois mois pour monter un projet de recherche solide que l’on soumettra à l’ANR ou à un ministère, pour un projet dont le budget total est en général compris entre 150 et 750 000 euros sur 3 ou 4 ans, pour en moyenne 3 ou 4 équipes de recherches participant au projet. On voit tout de suite, que les sommes recueillies sont au mieux de l’ordre de 250 000 euros par équipe sur 3 ou 4 ans. Pas de quoi sauter au plafond ! Mais c’est toujours mieux que rien. Cela permet en effet de financer l’achat des matériels ou services nécessaires, et également de financer une thèse, rarement deux, sur 3 ans. Ce sont d’ailleurs les étudiants en thèse, que l’on appelle les doctorants, qui, encadrés par le chercheurs seniors ou par un ingénieur, assurent une grande partie des travaux de recherche au quotidien, aidés en cela par les techniciens de laboratoire dont le nombre de postes s’est malheureusement drastiquement réduit au cours des 15 dernières années. Le rôle du chercheur confirmé, lui, s’apparente plus à celui d’un responsable de PME qui doit donc courir les contrats, faire tourner son équipe, faire le chargé de relation publique dans les congrès, mais aussi gérer les matériels, les problèmes administratifs, le tout sans carotte et sans bâton et avec un soutien très limité, pour ne pas dire absence de soutien, de son administration de tutelle.

Cette situation de recherche permanente de financements serait tenable à deux conditions qui ne sont malheureusement pas remplies. La première serait que le montant global des financements obtenus soit plus élevé. Or il reste très faible ; il faudrait pour qu’un projet de recherche soit véritablement viable soir les budgets multipliés par 2 environ. Il faudrait également que les règles d’utilisation de ces crédits soient assouplies, le corset budgétaire dans lequel les dépenses doivent se faire relevant parfois, pour ne pas dire souvent, du domaine de l’absurde.

Deuxième condition : il faudrait que le taux de succès aux appels d’offres tourne autour de 25 à 30%, c’est à dire qu’un projet sur 3 ou 4 soit financé. Or il y a encore deux ou trois ans, ce taux tournait autour de moins de 10% pour les projets soumis à l’ANR. Ceci signifie que 90% des projets soumis étaient rejetés. Ce rejet n’est pas du à une mauvaise qualité de le recherche proposée (d’ailleurs l’agence le reconnait !), mais simplement au fait que le budget global des agences et ministère est très limité. Dit comme cela, ceci implique que des milliers et des milliers d’heure de travail de chercheurs et ingénieurs sont in fine perdues en montage de projets, puisque 9 sur 10 iront dans le mur ! La recherche des financements pour un laboratoire et donc non seulement chronophage mais est également démotivante, car largement vouée à l’échec. En lien, au cours de ma carrière j’ai été assez fréquemment conduit à évaluer des projets pour d’autres agences de pays étrangers, telles le FNRS belge, le BBRSC britannique, la NSF et la NIH américaines, des agences italiennes ou malaisiennes, ou des agences transnationales. J’ai donc des éléments de comparaison qui me permettent de dire que les budgets demandés à des agences comme la NSF ou le BBRSC relèvent, pour une seule équipe, de montants sensiblement équivalents à 1 million d’euros sur 2 ou 3 ans, soit un rapport de un à 4 avec ce qu’il est possible d’obtenir pour une équipe en France. La récente récipiendaire du prix Nobel, la Française Emmanuelle Charpentier, ne dit rien d'autre quand elle affirme que notre pays n'aurait jamais pu lui donner les moyens qu'elle a eus à l'étranger pour mener ses recherches... 

Ce que je décris au niveau micro se retrouve bien évidemment au niveau macro. Ainsi, la dépense intérieure de recherche et développement (DIRD) représentait en France environ 2,2 % du PIB en 2018, bien en deçà de l’objectif des 3,0 % fixé par l’union européenne. La France se situe d’ailleurs en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE (2,4%) et loin derrière des pays comme la Corée du sud (4,5 %), la Suède (3,3 %), le Japon (3,3 %), l’Allemagne (3,1 %) et les Etats-Unis (2,8 %). Par ailleurs, la recherche publique ne représente en 2018 en France qu’un tiers de la DIRD, soit autour de 0,75 % du PIB. Elle représentait presque 0,9 % du PIB en 1993...

Pour en finir avec les chiffres un mot sur le CNRS, organisme auquel je suis très attaché, dont le budget global 2020 est de l’ordre de 3,5 milliards d’euros, dont 83 % environ destinés au paiement des salaires. On peut mettre en face de ce chiffre le montant global de la fraude fiscale sur les revenus, autour de 60 milliard d'euros, ou plus en rapport celui du crédit impôt recherche, dont le montant atteint 6,5 à presque 7 milliards d’euros selon les années, et sur lequel la cour des comptes a émis plus que des réserves quant à l’efficacité.

Cette faiblesse des financements explique une grande partie des difficultés rencontrées par la recherche publique en France, mais elle n'est pas la seule explication. Dans l’article qui suit, je reviendrai sur d’autres aspects délétères pour cette activité, tels la méconnaissance de nos dirigeants de ce qu’est la recherche, les problèmes de recrutement et de sous-traitance généralisée, et l’évaluation permanente érigée en mode de gouvernance.

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* dont le prix de certains est 10 voire 100 fois supérieur à leur poids en or !


Crédit illustration :

https://la1ere.francetvinfo.fr/guyane/ouest-guyanais/guyane/sante-publique-france-confirme-stabilisation-epidemie-coronavirus-guyane-858088.html




samedi 1 mai 2021

M. LE PRÉFET ME RÉPOND AU SUJET
DU CARACTÈRE NON PUBLIC DES
CONSEILS MUNICIPAUX


Dans un courrier du 11 mars 2021, je m’inquiétais auprès des services de la Préfecture, du caractère non public des conseils municipaux de Forges. Je demandais donc que la publicité des débats soit assurée par la retransmission des conseils en visioconférence. Les services de M. Le Préfet, par l’intermédiaire de M. le Sous-Préfet, ont bien voulu répondre à mes questionnements mais la réponse, alambiquée, me laisse dubitatif en regard du droit commun...

Pour résumer la réponse des services préfectoraux à ma question, ceux ci me précise que l’interdiction de présence du public au conseil ne relève pas d’un choix de la mairie mais du décret 2020-1310 du 20 octobre 2020, et qu’en conséquence « la commune n’a pas besoin de recourir au dispositif du titre II de l’article 6 de la loi du 14 novembre 2020 ». Par voie de conséquence la commune « n’a pas obligation de retransmettre la séance par voie électronique » puisque « c’est le droit commun qui s’applique », et particulièrement « l’article L2121-18 du code général des collectivités territoriales (CGCT) qui dispose que la retransmission n’est qu’une simple faculté ».

La réponse est habile mais elle interroge. Je publie donc ci-dessous des extraits du courrier que je viens de renvoyer en sous-préfecture.

« [...] Je partage votre analyse des éléments que vous m’avez fournis, concernant les dispositions du décret 2020-1310 relatif aux mesures générales permettant de faire face en urgence à l’épidémie de CoViD-19. Effectivement, pour des séances tenues lors du couvre-feu, la commune n’a pas besoin de recourir au dispositif de l’article 6 de la loi 2020-1379 du 14 novembre 2020. Je peux donc entendre votre opinion relative au fait qu’en l’espèce le droit commun s’applique, et en particulier l’article L2121-8 du CRCT. Or ce droit commun stipule que les séances des conseils sont publiques.

Cet esprit de la loi se retrouve d’ailleurs dans les dispositions des alinéas I et II de l’article 6 de la loi précitée, qui s’applique hors couvre-feu, et donc au dernier conseil en date du 10 avril 2021. Celle-ci indique : [...] Aux fins de lutter contre la propagation de l'épidémie de covid-19, le maire, le président de l'organe délibérant d'une collectivité territoriale ou le président d'un groupement de collectivités territoriales peut décider, pour assurer la tenue de la réunion de l'organe délibérant dans des conditions conformes aux règles sanitaires en vigueur, que celle-ci se déroulera sans que le public soit autorisé à y assister ou en fixant un nombre maximal de personnes autorisées à y assister. Le caractère public de la réunion est réputé satisfait lorsque les débats sont accessibles en direct au public de manière électronique.

En dépit du respect dû à vos fonctions, j’estime donc que votre conclusion précisant qu’il « n’y a pas d’obligation de retransmettre la séance par voie électronique » est biaisée. En effet, si cette disposition de retransmission n’est pas une obligation mais une option du droit commun, elle ne dispense en aucun cas les communes, ou les EPCI, de faire que les conseils et comités syndicaux soient publics. C’est d’ailleurs le premier alinéa de l’article L2121-8 du CGCT que vous invoquez, qui le stipule « Les séances des conseils municipaux sont publiques ».

Je conclus de ce qui précède que dans les circonstances évoquées, les séances du conseil qui n’ont pas été rendues accessibles au public, ni directement, ni de manière électronique, n’ont donc pas satisfait aux prescriptions légales, entachant d’illégalité les décisions de ces conseils. »

Il est très probable que mon courrier ne permettra pas d’infléchir la position des services préfectoraux, mais elle a au moins le mérite de poser le problème de la publicité des débats à laquelle la municipalité de Forges ne semble pas du tout attachée, même sur des sujets aussi sensibles que le budget. Des conseillers de la minorité ont demandé la retransmission vidéo des conseils. La majorité s’y est opposée sous le prétexte fallacieux d’un coût démesuré (soit disant 15 000 euros, soit le dixième de celui des caméras de vidéo surveillance). Pourtant, et selon les informations dont je dispose, il me semble qu’à la CCPL, la retransmission au public a pu été assurée au moyen d’un simple téléphone portable, utilisé de façon satisfaisante dans la salle des audiences qui ne dispose pourtant pas d’une acoustique exceptionnelle, montrant ainsi que quant on veut, on peut !


Crédit illustration :

IONOS. Start up guide.