mercredi 22 décembre 2021

LE BLOG PREND DES CONGÉS...
ET MOI AUSSI !



En cette fin d'année, le blog prend quelques congés pour revenir plus en forme et encore plus informé à son retour...

Les articles en préparation continueront à traiter de questions de politique nationale, avec le dernier volet de l'examen du quinquennat de Monsieur Emmanuel Macron, principalement sous l'angle des mesures environnementales.

Je continuerai également à parler de politique locale. Les articles qui s’y rapportent sont clairement les plus lus du blog. Sur ce point, on me demande parfois pourquoi je critique souvent l'actuelle municipalité. Je vais être très clair. Je n'ai pas voté pour cette liste, compte tenu de l'absence notable d'une vision globale pour la commune, qu'avait révélée la campagne. Cependant,  j'avais réellement espéré qu'une fois élues, les personnes qui la composent se comporteraient « en responsabilité », permettant, par exemple le développement d'un vivre-ensemble et d'une véritable vie locale, intellectuelle, sociale et associative. J'ai eu tout faux sur ces points ou presque. Le vivre ensemble s'est transformé en entre soi et la vie associative est entravée... J'espérais aussi que ces personnes auraient à coeur de maintenir l'implication forte de la commune dans les instances intercommunales. Il faut en effet des années pour construire une bonne réputation et quelques mois seulement pour la détruire. Force est de constater qu'au niveau intercommunal, il y a eu, malheureusement, comme des faiblesses, et c'est un euphémisme ! Enfin j'espérais que l'actuelle majorité tiendrait ses engagements en matière d’équité et de vie démocratique ; là aussi, « je m'ai gouré ». Je m'en réfère pour cela à la réduction drastique de la place laissée dans le journal communal à l'expression de chaque liste municipale ou à l'absence de traitement impartial des associations. Egalement et jusqu’à présent, la consultation de la population sur des sujets sensibles est passée à la trappe. Je pense là, particulièrement, à la mascarade qu'a été la « concertation » façon « circulez, y'a rien à voir » sur le sujet des caméras de vidéosurveillance.

Parmi les prochains articles, le comportement discutable de la municipalité vis à vis des associations n'ayant pas évolué sur le fond - au contraire - il me semble toujours nécessaire de réexaminer un certain nombre des décisions communales récentes. J'attends également confirmation d'éléments suggérant un possible fonctionnement dégradé du service périscolaire*. Je dispose également de nouvelles informations sur l'utilité des caméras de vidéosurveillance que je présenterai. Enfin, un dernier article "dans les tuyaux" traitera du rôle très étrange des réseaux sociaux à Forges. Sur ce dernier point j’attends là aussi des confirmations de nouvelles informations révélant de nouveau le mépris avec lequel certaines associations sont considérées.

Enfin, je continuerai mon travail de vulgarisation scientifique. Ces articles ne sont pas forcément les plus lus, mais j’ai des retours oraux et écrits souvent très positifs. Ils me permettent aussi de faire le point sur l’épidémie de CoViD-19, de façon aussi objective que possible, en sachant que l’objectivité n’est pas un critère absolu car on « parle toujours de quelque part ». Je tente cependant de dire ce qui est connu au jour où j’écris, ce qui est sujet au doute, et ce qui est ignoré. C’est ma façon de contredire les complotistes échevelés qui pullulent dans certaines émissions de télévision, ou dans les réseaux sociaux. Deux articles sont en préparation : l’un sur des concepts écologiques qui résonnent étrangement aujourd’hui avec la situation sanitaire et celle de l’espèce humaine, et l’autre sur une révolution en biologie, permise par les progrès fantastiques de la bio-informatique couplée à l’intelligence artificielle.

En attendant je souhaite aux lectrices et lecteurs de passer de bonnes fêtes de fin d’années, et j’hésite à souhaiter à tous et toutes une bonne année 2022, même si j’espère très sincèrement que ces 12 prochains mois nous permettront de sortir de la crise sanitaire que nous traversons.

* Note ajoutée le 23/12:
Le Républicain publie ce jour un article sur la situation dégradée du périscolaire à Forges, raccord avec mon article:
https://www.le-republicain.fr/a-la-une/a-forges-les-bains-une-soixantaine-denfants-colles-comme-du-betail-pour-la-sieste
Pour ceux qui se poseraient la question, je ne suis pour rien dans la production de l'article du Républicain, n'ayant pas de contact avec la presse.


Crédit illustration :

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lundi 20 décembre 2021

BILAN DE CINQ ANNÉES EN MACRONIE.
IV. LES SERVICES PUBLICS



Cet avant-dernier volet du bilan du quinquennat de Monsieur Emmanuel Macron traitera de la question des services publics, avec un examen plus marqué, crise sanitaire oblige, du secteur de la santé.

Dans ce domaine comme dans d’autres, autant le dire tout de suite, le quinquennat qui s’achève ne s’est pas fondamentalement distingué des précédents. Les services publics continuent d’être maltraités, avec des suppressions de moyens, autant financiers qu’humains, dans nombre de domaines. Par ailleurs, les privatisations se sont peut être quelque peu ralenties en nombre, mais elles ont concerné des secteurs de plus en plus stratégiques de l’économie française, quand elles ne se sont pas directement infiltrées au niveau des fonctions régaliennes de l’État (1).

Un des premiers secteurs affectés est sans doute celui des transports. J’ai récemment écrit sur l’ouverture au secteur privé (ou semi privé) de lignes SNCF dans la région PACA (2). Ce qui se passe en PACA résulte en grande partie de la réforme de la SNCF décidée en 2018 par l’actuelle majorité gouvernementale (3). Celle-ci se concentrait essentiellement sur le statut des cheminots et l’ouverture à la concurrence en oubliant assez systématiquement la nécessaire réflexion du financement des lignes d’intérêt local. Ainsi, les opérateurs de trains à grandes vitesse et de TER pourront décider seuls des lignes qu’ils couvrent avec le risque de supprimer les dessertes de ville de moyenne importance pas suffisamment attractive pour l’actionnaire (3). Ce serait alors à l’opérateur public de prendre le relais, comme je l’ai décrit pour ce qui se passe en région PACA (1). La SNCF a cependant besoin de présenter un budget équilibré, et en réponse à cette réforme, elle annonçait en 2019 de nouvelles fermetures sur son réseau, portant au total sur 56 lignes et 120 gares (4).

Si la presse s’est faite assez largement l’écho de cette ouverture à la concurrence, dont le dernier avatar est l’exploitation de la radiale Paris-Lyon par la société italienne Trenitalia (filiale privée mais détenue à 100% par les FS, l’équivalent de la SNCF), elle a, sauf exception, passé quasi sous silence la vente par la SNCF en 2018 de la Gare du Nord à Ceetrus, filiale du groupe Auchan (5). Il s’agissait de créer avant tout sur le site un centre commercial reléguant l’aspect transport de voyageurs au second plan. « Qu’il aille à Soissons (Aisne) ou à Bruxelles, expliquait un groupe d’architectes, d’urbanistes et d’historiens, le voyageur devra d’abord monter à 6 mètres de hauteur dans le centre commercial, tout à l’est de la gare, puis accéder aux quais par des passerelles, des escaliers et des ascenseurs. Cela veut dire : plus de distance à parcourir, des temps d’accès nettement augmentés. Indécent » (6). Presque 4 ans plus tard, le projet a du plomb dans l’aile en raison de dérapages budgétaires et de calendrier (6). L’efficacité de la privatisation, sans doute !

Autre secteur très touché : celui de l’énergie. Le projet Hercule, chez EDF, a été largement dénoncé dès son annonce, par l’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, SUD) de cet établissement. Il s’agissait de facto d’un projet de démantèlement de l’opérateur EDF facilitant la privatisation d’une partie de ses activités (7). Ce projet visait à diviser EDF en 3 entités : « une entreprise publique (EDF bleu) pour les centrales nucléaires ; une autre (vert) cotée en Bourse pour la distribution d’électricité et les énergies renouvelables ; et une troisième (azur) qui coifferait les barrages hydroélectriques dont les concessions seraient remises en concurrence sous la pression de Bruxelles » (8). Le souhait était de conserver la branche nucléaire hors privatisation, car celle-ci, prise isolément, pourrait être plombée financièrement par le coût des démantèlements d’installations rendant ainsi la mariée moins attractive pour le privé. Or cette privatisation, pour le moment repoussée (8), a été très fortement soutenue par le président lui-même (9) ainsi que par le gouvernement qui souhaitait procéder à son adoption par ordonnance (7, 9). Pourtant, soyons clair, jusqu’ici l’ouverture à la concurrence dans le domaine de l’énergie électrique n’a été qu’une mascarade. L’opérateur historique est ainsi obligé de vendre depuis 2007, sans indexation sur l’inflation, donc quasi à perte maintenant, 25 % de sa production nucléaire, une proportion que le « régulateur » voudrait voir encore augmentée (10), malgré les risques pour EDF (11). Alors que la construction de ces réacteurs a été menée sur financements publics, et alors que les risques liés à leur exploitation sont pris par la seule entité EDF, et par une branche qui serait restée publique si le projet Hercule avait été mené à son terme, on vérifie donc bien, encore une fois, la règle qui préside aux transferts vers le privé d’activités publiques : « privatisation des bénéfices, mutualisation des coûts (ou des dettes) ».

En Macronie, les services publics dérangent. Rappelons qu’à l’origine de son mandat, l’actuel président des « marcheurs », M/ Stanislas Guerini, voulait supprimer 150 000 postes de fonctionnaires avant 2022 (12). Il semblerait que cet objectif soit aujourd’hui moins prioritaire, la crise sanitaire étant passée par là. Néanmoins, les objectifs d’économie sur le dos de la fonction publique sont toujours présents, et pour y travailler le gouvernement recourt aux services de groupes d’experts privés, ceux des cabinets Accenture et McKinsey (13). Ce dernier cabinet bénéficie d’ailleurs des largesses gouvernementales, puisque l’exécutif lui avait commandé pour pas moins de quatre millions d’euros de contrats sur différents sujets, dont plusieurs en lien avec la gestion de la crise sanitaire. La raison officielle serait, je cite, le fait que « la direction générale de la santé (DGS) s’est trouvée démunie en moyens humains pour gérer la crise. Le ministère a senti le besoin d’être aidé » (14). Or, si la direction de la santé manque de moyens humains, c’est précisément parce que l’on y a réduit le nombre de fonctionnaires ! Comme le constate la députée Véronique Louwagie (LR), qui s’est intéressée à cette question, la mise à disposition de personnel de ces cabinets auprès du ministère comme auprès de Santé Publique France, dans le cadre de la gestion des stocks de vaccins, a un coût non négligeable qu’elle estime à 250 000 € de contrat par semaine soit 50 000 € par jour ouvré. Pour établir un parallèle, le salaire d’un agent de catégorie A s’élève à environ 40 000 € annuels, auxquels faut ajouter les cotisations sociales pour quelques 32 000 €. En d’autres termes, en 2 jours de contrat on financerait largement le salaire annuel d’un agent de l’État, et en 10 jours ceux des 5 agents mis à disposition par le cabinet auprès mystère (14). Cette aberration pourrait ne rien devoir au hasard puisque plusieurs élus soupçonnent surtout des « liens d’intérêts » entre certains cabinets et le gouvernement, voire Emmanuel Macron lui-même (14, 15).Signalons pour l'anecdote que le cabinet Mac Kingsley est domicilié dans un paradis fiscal (13).

Je pourrais ajouter plusieurs autres exemples de privatisations en cours ou souhaitées. Une des plus intéressantes concerne la fondation Egis (filiale à 75 % de la Caisse des Dépôts et détenu à 25 % par des cadres partenaires et des salariés, et spécialisée en ingénierie environnementale) au seul bénéfice d’un fonds hautement spéculatif (16). J’évoquais aussi en début d’article les privatisations qui ont affecté certaines des fonctions régaliennes de l’État. J’ai déjà décrit le recours à la sous-traitance privée dans le cadre des missions des armées (1). Je pourrais ajouter, toujours dans le domaine régalien, la privatisation en cours à la banque de France. Cette dernière s’apprête à fermer 13 caisses régionales et à supprimer plus de 130 emplois en lien avec l’abandon de sa mission de destruction des billets usagés qu’elle envisage de confier à des banques privées. L’institution prévoit en plus de les payer chaque année pour assurer cette tâche (17). Enfin, je peux rappeler le récent fiasco de la distribution des documents électoraux aux citoyens pour les élections régionales et départementales : dans de nombreuses communes, les documents de présentation électorale des candidats n’ont pas été distribués aux électeurs (18). Pour tenter de rattraper le coup, on a dû avoir recours dans certaines régions au service départemental d’incendie de secours, qui a peut-être mieux à faire que de pallier les déficiences d’une entreprise privée, remplissant, très curieusement, les missions qui relèvent du domaine régalien de l’État (19). Pour mémoire, cette entreprise bénéficie d’un contrat de 200 millions d’euros pour remplir la tâche que l’État a décidé de ne plus effectuer (20). Cet abandon des missions régaliennes est particulièrement inquiétant dans la mesure où, comme on l’a vu dans le cas des élections locales, le moindre dysfonctionnement peut avoir des conséquences majeures. Il est également particulièrement inquiétant parce qu’il crédibilise le rôle de l’État et questionne, in fine, la notion même d’État.

Last but not least, on ne peut terminer ce tour d’horizon des services publics sans parler du service public de santé. Cela avait mal commencé avec un budget 2018 destiné à réaliser 1,6 milliards d’euros d’économie, dont quasiment 1 milliard sur le dos des établissements de santé (21). Des fermetures ont été particulièrement visibles dans le cas des maternités, regroupées à marche forcée au motif que les petits établissements ne seraient pas sûrs, avec paradoxalement des risques accrus pour la mère et l’enfant dès lors que l’on se trouve en zone blanche. Pour Madame Évelyne Combier, chercheuse au CHU de Dijon, qui évalue un risque plus élevé au delà de 45 minutes de trajet entre domicile et maternité « Ne pas pouvoir accoucher en maternité multiplie le risque de mortalité par 6,5 [...] Pour le bébé, il est multiplié par 3,5 » (22). Avec 3 fois moins d’établissements en 2016 par rapport à 1975 (1369 en 1975, 498 en 2016), cette diminution s’est accompagnée de fermetures de lits sans rapport avec la baisse de la natalité. Comme le dit une sage-femme de ma connaissance  « On ne fait en réalité qu’expédier les mères le plus vite possible chez elles ». Entre 1990 et 2020, la durée du séjour en maternité à été globalement divisé par 2. La cure d’austérité pour l’hôpital public s’est poursuivie en 2019 et 2020 (23). Devant la crise des urgences, la fatigue des personnels hospitaliers, le gouvernement a vite communiqué sur une hausse des budgets de 1,5 milliards sur 3 ans mais c’est un trompe l’œil, car il s'agit de sommes cumulées. L'argent nouveau mis dans le système n'est que de 700 millions sur 3 ans, soit moins de 250 millions chaque année en moyenne (24). Devant l’indigence des soutiens d’Etat, certains hôpitaux ont donc lancé un appel aux dons sur les réseaux sociaux (25). Quant au « Ségur de la santé », on est là, en partie, dans de la « com ». L’effort historique vanté par le Premier Ministre, M. Jean Castex, est également en partie un autre trompe-l’œil. Malgré la reprise de la dette des hôpitaux par l'État, un minimum quand on sait que ce sont les gouvernements successifs qui ont creusé le trou, les revalorisations des salaires ont été limitées à 60% des montants demandés, et obtenues en échange d’une flexibilité accrue (26). En dépit de la promesse d’embauche de 15 000 personnes vantée par l’exécutif, seuls 7 500 postes sont des postes nouvellement créés, les 7 500 autres sont des postes déjà ouverts et non pourvus. Enfin, le « Ségur de la santé » ne prévoit aucune création de nouveaux lits en hôpital. Le manque de lits a pourtant été pointé du doigt à l’occasion de la crise du CoViD-19. Le Ségur maintient aussi la « tarification à l’activité » favorisant une logique de rentabilité avant une logique de soins (26). Malgré un objectif de dépense d’assurance maladie (ONDAM) en hausse, en grande partie - il faut le reconnaître - lié aux objectifs d’accroissements des salaires des personnels, le budget 2021 prévoit un « nouveau tour de vis » avec 900 millions d’économie sur le dos de l’hôpital. Pour arriver à ce chiffre, il faut retrancher de l’ONDAM les coûts liés aux accords et à la CoViD-19. « En excluant ces deux catégories, l'objectif de dépenses tombe à 86 milliards d'euros. Soit une hausse de 2,1 milliards par rapport à 2020. Ce surcroît est à comparer à la hausse tendancielle de ces charges, qui se produirait en 2021 sans mesures d'économies : le texte indique qu'elles progresseraient de 3,6%, soit 3 milliards d'euros. Résultat : 900 millions d'écart, qui seront autant d'économies à réaliser l'an prochain pour les établissements de santé » (27). Corollaire, les fermetures de lits vont se poursuivre comme ceci est le cas à Nantes (28) ou à Nice. Dans cette dernière ville, c’est un service d’urgence gériatrique qui a dû être transféré vers le CHU. Sauf qu’avant la crise, le CHU avait dû renoncer à ouvrir 6 lits supplémentaires, faute de personnel (29) ! Au total, le quinquennat Macron aura vu la fermeture de plus de 17 000 lits ! On voudrait casser l'hôpital que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Impossible pour moi de ne pas vous parler également, dans le domaine santé, du faible effort de recherche consenti en France, non seulement de façon générale (30) mais aussi spécifiquement en regard du virus SARS-CoV2 et de la CoViD 19. Alors que l’Allemagne et le Royaume-Uni, pays comparables au nôtre, ont investi environ 1 500 et 1 300 millions d’euros dans cette recherche, respectivement, la France a injecté 500 millions seulement, soit 3 fois moins, dans un écosystème déjà en difficulté (31).

J’ai volontairement évité de parler, dans la section traitant de la santé, des errements (pour rester politiquement correct) des gouvernements sur les stratégies développées vis à vis des masques, vaccins, du confinement, des personnes à risques, du rôle de l’école, etc. Ce sont d’autres sujets qui mériteraient débat sans aucun doute. Je me suis concentré sur le sort réservé aux services publics en France, pour monter comment leur recul, leur dégradation constante, se poursuit. En conséquence, j’estime que ceci ne peut qu’être le résultat d’une volonté politique, dont un des objectifs serait d’autoriser le transfert de biens publics vers des intérêts privés, sans amélioration du service rendu. Si l’actuel président devait être réélu, il n’y a aucune raison de penser que cette stratégie change. Au contraire.


Références :

1. Le lent abandon des missions régaliennes de l'Etat.
Ce blog :
2. Le rail en PACA : une privatisation très politique.
3. Martine Orange. Loi sur la SNCF: une entreprise de démolition. Mediapart. Juin 2018.

4. Anonyme. SNCF : quelles sont les lignes menacées ? FranceInfo. Mars 2019.
Consultable en ligne :
https://urlz.fr/h0PY

5. Martine Orange. Première privatisation à la SNCF: la gare du Nord. Mediapart. Juillet 2018

6. Damien Dole. Le projet de rénovation de la Gare du Nord sur la voie de garage. Libération. Septembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/economie/transports/le-projet-de-renovation-de-la-gare-du-nord-sur-la-voie-de-garage-20210921_ULZOXFVQFJHF3BMAPSCKD6MMQ4

7. Martine Orange. Démantèlement d’EDF: le saccage d’un bien commun essentiel. Mediapart. Décembre 2020.

8. Erwan Benezet. EDF : cinq minutes pour comprendre la fin du projet de réforme Hercule. Juillet 2021.
Consultable en ligne :
https://www.leparisien.fr/economie/edf-cinq-minutes-pour-comprendre-la-fin-du-projet-de-reforme-hercule-29-07-2021-KGI4AYWGSVDWTPAEFZ3BKCYQDI.php 

9. Martine Orange. Démantèlement d’EDF : au bon plaisir d’Emmanuel Macron. Mediapart. Juin 2021.

10. Jean-Michel Bezat. EDF est contrainte de vendre moins cher son électricité à ses concurrents. Le monde. Juin 2007.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/economie/article/2007/06/29/edf-est-contrainte-de-vendre-moins-cher-son-electricite-a-ses-concurrents_929574_3234.html

11. Muriel Motte. Paul Marty (Moody’s): « Obliger EDF à vendre à ses concurrents à 42 euros le MWh risque de peser sur sa rentabilité ». L’Opinion. Novembre 2016.
Consultable en ligne :
https://www.lopinion.fr/economie/paul-marty-moodys-obliger-edf-a-vendre-a-ses-concurrents-a-42-euros-le-mwh-risque-de-peser-sur-sa-rentabilite

12. Anonyme. Fonction publique: 120.000 postes en moins est un objectif « tenable », selon Guerini. Public Sénat. Mars 2019.
Consultable en ligne :
https://www.publicsenat.fr/article/politique/fonction-publique-120000-postes-en-moins-est-un-objectif-tenable-selon-guerini?amp

13. Romaric Godin, Antton Rouget. Accenture et McKinsey embauchés par l’Etat pour faire un milliard d’économies. Medipart. Février 2021.

14. Pierre Maurer. McKinsey, Citwell, Accenture… Ce que l’on sait des commandes passées par le gouvernement à des cabinets de conseil. Public Sénat. Mars 2021.
Consultable en ligne :
https://www.publicsenat.fr/article/politique/mckinsey-citwell-accenture-ce-que-l-on-sait-des-commandes-passees-par-le

15. François Krug. McKinsey, un cabinet dans les pas d’Emmanuel Macron. Février 2021.

16. Laurent Mauduit. Egis: une privatisation sans précédent au profit d’un fonds spéculatif. Mediapart. Mai 2021.

17. Martine Orange. Banque de France: un plan social pour privatiser la gestion de la monnaie usagée. Mediapart. Mai 2021.

18. Anaïs Condomines, Emma Donada. Régionales 2021 : quelle est l’ampleur du dysfonctionnement dans les livraisons des professions de foi par Adrexo ? Libération. Juin 2021.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/checknews/regionales-2021-quelle-est-lampleur-du-dysfonctionnement-dans-les-livraisons-des-professions-de-foi-par-adrexo-20210621_UCVFQG2G7ZAZTGNCMU6S33G534/

19. Vincent Ballester. Haut-Rhin : appel aux pompiers pour remplir les enveloppes des élections, « c'est hallucinant ». France3 Grand Est. Juin2021.
Consultable en ligne :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/haut-rhin/colmar/haut-rhin-appel-aux-pompiers-pour-remplir-les-enveloppes-des-elections-c-est-hallucinant-2154586.html

20. Martin Terrien. « Vous saviez que le fiasco était à venir » : Adrexo ciblé par les députés pour les couacs dans la distribution des plis électoraux. Le Monde. Juin 2021.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/06/30/vous-saviez-que-le-fiasco-etait-a-venir-adrexo-ciblee-par-les-deputes-pour-les-couacs-dans-la-distribution-des-plis-electoraux_6086331_823448.html

21. Laurent Fargues. Malgré les promesses de Macron, l'hôpital fera bien près d'un milliard d'économies. Challenges. Mai 2018.
Consultable en ligne :
https://www.challenges.fr/economie/malgre-les-promesses-d-emmanuel-macron-l-hopital-fera-bien-pres-d-un-millard-d-economies-en-2018_584177

22. Céline Hussonnois-Alaya. Fermetures de maternités: quand les femmes accouchent seules.
BFM TV. Novembre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.bfmtv.com/sante/fermetures-de-maternites-quand-les-femmes-accouchent-seules_AN-201911040042.html

23. Romaric Godin. Sécurité sociale: l’austérité se poursuit dans la santé. Mediapart. Septembre 2019.

24. Romaric Godin. La charité pour l’hôpital. Mediapart. Novembre 2019.

25. Maeliss Innocenti. Coronavirus : les Hôpitaux de Paris lancent un appel aux dons sur Facebook. RTL. Mars 2020.
Consultable en ligne :
https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/coronavirus-les-hopitaux-de-paris-lancent-un-appel-aux-dons-sur-facebook-7800281562

26. Caroline Coq-Chodorge. Ségur de la santé: un petit accord sur les salaires contre une plus grande flexibilité. Mediapart. Juillet 2020.

27. Sébastien Grob. Hôpital : après le Ségur, le gouvernement prévoit un nouveau tour de vis budgétaire. Octobre 2020.
Consultable en ligne :
https://www.marianne.net/societe/sante/hopital-apres-le-segur-le-gouvernement-prevoit-un-nouveau-tour-de-vis-budgetaire

28 Hugo Bossard. Nantes. Nouvelle mobilisation contre le projet de futur CHU sur l’Île Beaulieu. Ouest-France. Mars 2021.
Consultable en ligne :
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-nouvelle-mobilisation-contre-le-projet-de-futur-chu-sur-l-ile-beaulieu-0d6dd8ce-85b1-11eb-9a14-aaaf3655ac04

29. Laure Bruyas. En pleine crise Covid-19, un service de réanimation va fermer à Nice. Nice-Matin. Mars 2021.

30. Les naufrageurs.
Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2021/11/les-naufrageurs.html

31. Anonyme. Le financement de la recherche publique dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Cour des comptes. Juillet 2021.
Consultable en ligne :
https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-financement-de-la-recherche-publique-dans-la-lutte-contre-la-pandemie-de-covid-19


Crédit illustration :


Dessin de Mykolas
L'actu de Mykolas 
Avril 2019



lundi 13 décembre 2021

VARIANT OMICRON :
PLUS D’INCERTITUDES QUE DE CERTITUDES



A moins d’être privé de radio, télévision, et de lecture de la presse, il est difficile d’avoir échappé aux annonces de l’émergence d’un nouveau variant du virus SARS-CoV2, le variant omicron. Cette émergence inquiète, à juste titre, et il m’a donc semblé important de faire le point sur les dernières données scientifiques le concernant. Pour cela, j’ai criblé ce jour la presse scientifique via le site bibliographique PubMed.

Omicron est un nouveau variant du virus SARS-CoV2, apparu en Afrique du Sud en novembre 2021 et présent dans (au moins) 57 pays (1). Ce variant est caractérisé par l’existence d’une cinquantaine de mutations de toutes sortes, dont 30 induisent des changements de séquence de la protéine dite Spike (1,2). Cette protéine, située à l’extérieure de la particule virale, permet son entrée dans les cellules humaines. Elle est également la cible de la grande majorité des vaccins utilisés dans le monde en prévention de développement de formes graves de la COViD19.

Trois questions importantes en termes de santé publique se posent : Omicron est-il plus contaminant que l’actuel variant delta ? Omicron risque-t-il d’échapper à la stratégie vaccinale en place ? Et Omicron induit-il des formes plus graves de la maladie ? La réponse à la première question est « possiblement ». Ainsi, au Royaume Uni, la fréquence de « détection » d’Omicron dans les tests PCR augmente rapidement (2). De même, ce variant est de plus en plus souvent détecté dans les événements de contamination de groupe. À Oslo, 19 des 120 personnes contaminées lors d’une fête étaient positives à Omicron, et au Danemark, ce sont 53 des 150 élèves d’un collège qui ont participé à un événement collectif qui ont été testés positifs à Omicron. Comme le dit le Dr. Kristian Andersen, chercheur en maladies infectieuses à Scripps Research « tout cela ne prouve pas [formellement] qu’il est plus transmissible [...] mais puisque Omicron est globalement rare, le fait de le trouver associé à des événements super-contaminants est réellement inquiétant » (2). Cet avis est confirmé par les observations faites aux Royaume-Uni où il apparaît que ce variant se propage plus vite que n’importe quel autre variant connu. Le secrétaire d’État à la santé, M. Sajid Javid, disait d’ailleurs : « nous estimons que le « temps de doublement » de sa détection est de l’ordre de deux jours et demi à trois jours, ce qui signifie qu’à ce rythme, nous pourrions avoir à la fin du mois [de décembre] un million d’infections dans la population du Royaume Uni » (1). Cet avis est cohérent avec les modélisations 3D des protéines et les calculs fait par une approche de type « intelligence artificielle » par un groupe de recherche basé au Michigan, qui suggèrent que le nouveau variant pourrait être jusqu’à 10 fois plus contaminant que le SARS-CoV2 d’origine et 2 fois plus que le variant Delta (3). Ce travail doit cependant être relu par un comité de lecture scientifique et confirmé par d'autres chercheurs. Sur cette question, nous en sommes donc encore à des travaux préliminaires nécessitant validation.

La question principale à ce jour est donc : quels sont les risques d’échappement de ce variant en regard de la stratégie vaccinale en place ? Une première micro-étude portant sur 12 personnes en Afrique du Sud avait montré que l’efficacité du vaccin Pfizer-BioNTech pourrait être réduite, avec un niveau de neutralisation du virus par les anticorps environ 40 fois inférieur à ce qu’il est avec le variant Delta (1). Les travaux du laboratoire Pfizer vont d’ailleurs dans le même sens en révélant une perte d’efficacité de neutralisation de 25 fois environ. Attention toutefois, ces chiffres qui paraissent élevés pour un non-spécialiste ne signifient en aucun cas que la protection vaccinale s’effondrera. Ils disent simplement que l’affinité des anticorps générés par la vaccination est 25 à 40 fois plus faible pour le variant Omicron qu'elle ne l'est pour Delta (3). Une étude très récente confirme l’efficacité de neutralisation réduite des anticorps issus de sérums par rapport au variant delta, de 8 fois et demi environ (4). Mais comme l’organisme produit des « montagnes » d’anticorps, cette réduction d’affinité pourrait se traduire in fine par une faible perte d’efficacité vaccinale. D’autant que la neutralisation du virus s’effectue dans notre organisme par deux voies, la voie humorale (ou circulante), largement dépendante des anticorps produits par les lymphocytes B, et une voie cellulaire mettant en jeu un nombre de réactions complexes et d’interactions entre différents types de lymphocytes. Cette voie, aussi stimulée par la vaccination, jouerait de plus un rôle majeur dans la réponse à l’agression du coronavirus, et donc dans la sévérité des symptômes observés dans le cas de la CoViD19 (5). Cette réduction de l’efficacité des anticorps a été confirmée dans l’étude des chercheurs américains du Michigan, déjà citée, qui suggère que les vaccins pourraient être 2 fois moins efficaces vis à vis du nouveau variant, par rapport au variant Delta. L’inquiétude porte donc sur une perte d’efficacité des vaccins qui activent les deux voies de l’immunité mais aussi sur la perte d’efficacité des traitements anti-CoViD19, à base d’anticorps (3). Quelle est la gravité de la question ? Comme le dit le Dr. Justin Lessler, épidémiologiste à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill « l’importance du problème ne dépendra que de savoir si les vaccinations et les infections passées protégeront des formes graves de la maladie ». A ce stade, donc pas de certitude.

Reste effectivement la question de la gravité des infections à variant Omicron. Là aussi pas de certitude mais des indications peut-être plus rassurantes. Ainsi, le taux d’occupation des lits en soins intensifs entre le 14 novembre et le 4 décembre 2021 en Afrique du Sud, pays fortement touché par le variant, ressort à 6,3%, ce que l’organisation mondiale de la santé décrit comme un taux « très bas » comparé à ce qu’il était à la même période l’année passée, alors que le pays était en plein pic du variant Delta (1). Dans ce pays on observe, semble-t-il, plus de formes modérées que précédemment, même si, comme le disent les médecins hospitaliers « notre hypothèse de travail reste que les syndromes associés à ce variant sont les mêmes que ceux associés aux autres variant ». Sage précaution, car même si il se confirmait que le variant était moins virulent, le fait qu’il soit plus contaminant, et que plus de personnes soient malades, pourrait quand même conduire à une saturation des services de santé, en particulier en réanimation. Comme le dit le Dr. Mads Albertsen de l’Université d’Aalborg au Danemark, « un faible pourcentage d'un grand nombre reste un grand nombre » (2).

Au delà de cet examen des dernières données de la littérature scientifique, l’émergence de ce nouveau variant remet elle en cause la stratégie vaccinale ? Certainement pas, mais il s’agit là d’un avis personnel fondé néanmoins sur le fait que même réduite, toute protection vaccinale contre la maladie est « bonne à prendre ». De plus, la technologie ARN messager permet d’envisager le développement de vaccins adaptés au nouveau variant dans des délais très raisonnables (une centaine de jours avant essais), et possiblement de multi-vaccins dirigées contre les différents variants viraux, à l’image de ce qui se fait pour la vaccination anti-grippale. Plusieurs entreprises ont d'ailleurs déjà commencé à développer ces vaccins (6). Néanmoins, et il s'agit là toujours d'un avis personnel, la vaccination, si elle nécessaire, n'est pas suffisante à ce stade pour contrôler la pandémie. 

Enfin, et j’y reviendrai dans un autre article, il n’est pas impossible que ce dernier avatar du coronavirus SARS-CoV2 soit un cul de sac évolutif. J’aborderai cette notion et d’autres, si j’en ai le temps, dans un prochain article. Comme je le disais en introduction, aujourd'hui nous avons plus de questions, d’incertitudes, que de certitudes. Raison de plus pour continuer - sans paniquer - à appliquer les gestes simples tels que port du masque dans les rassemblements et endroits clos recevant du public, ventilation des locaux et lavage des mains réguliers.


Références :

1. Elisabeth Mahase. Covid-19: Do vaccines work against omicron—and other questions answered. The British Medical Journal, 10 décembre 2021.
Consultable en ligne :
doi: https://doi.org/10.1136/bmj.n3062

2. Kai Kupferschmidt, Gretchen Vogel. How bad is Omicron? Some clues are emerging, and they’re not encouraging. Science, 7 décembre 2021.
Consultable en ligne :
doi: 10.1126/science.acx9782

3. Jiahui Chen et coll. Omicron (B.1.1.529): Infectivity, vaccine breakthrough, and antibody resistance. ArXiv. Preprint, 1er décembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8647651/

4. Li Zhang et call. The significant immune escape of pseudotyped SARS-CoV-2 variant Omicron. Emerging Microbes & Infections, 10 décembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/22221751.2021.2017757

5. Carolyn R. Moderbacher et coll. Antigen-specific adaptive immunity to SARS-CoV-2 in acute COVID-19 and associations with age and disease severity. Cell, 12 novembre 2020.
Consultable en ligne :
https://urlz.fr/gYnN

6. Elie Dolgin. Omicron is supercharging the COVID vaccine booster debate. Nature, 2 décembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.nature.com/articles/d41586-021-03592-2


Crédit illustration :

Ana Kova.
Nature. Référence 6, ci-dessus.


samedi 11 décembre 2021

SI VOUS PENSEZ QUE L’ÉDUCATION COÛTE TROP CHER, ESSAYEZ L’IGNORANCE !

Cette phrase, attribuée au président américain Abraham Lincoln, résonne curieusement dans notre commune. Explications.

« Ça chauffe » quelque peu à l’école maternelle de Forges Les Bains ! Une animatrice en charge de la surveillance des petiots durant leur sieste de l’après midi vient et effet de rejoindre un autre service du périscolaire. Depuis la rentrée de la Toussaint, les enseignantes sont donc seules face aux enfants après leur repas, ce qui ne leur permet pas d’assurer un service satisfaisant. Impossible, par exemple, de sortir s’occuper d’un petit pendant que les autres dorment.

La municipalité, interrogée par les enseignantes durant un conseil d’école, indique après quelques tergiversations, qu’effectivement cette personne n’assurera plus ce service à la maternelle. Cette même municipalité ne souhaite en effet ni embaucher une nouvelle personne, ni payer d’heures supplémentaires à un des personnels municipaux pour assurer le suivi de la sieste des enfants. Devant le tollé suscité chez les enseignantes, la municipalité a fait partiellement marche arrière et a décidé d’affecter quelqu’un à cette surveillance, mais uniquement jusqu’aux congés de Noël.

Inutile de dire que les deux associations de parents d’élèves, prévenues de la situation, sont très mécontentes de cette décision. L'une estime néfaste le regroupement contraint des enfants dans un seul dortoir, pour des raisons de sécurité, l'autre dit que la situation est difficile pour les enseignantes et problématique pour le repos des enfants, et regrette une ingérence de la commune dans certains choix pédagogiques, hors du ressort de la mairie. De plus, la « concertation » avec la dite mairie n’a pas été, disons... fluide et transparente ! Ainsi la municipalité a récemment proposé aux parents - dont nombre travaillent - une réunion en semaine à... 14H00, avec les enseignantes d'ailleurs, qui ne pourront donc y participer à moins d'être remplacées ! Par ailleurs, ces enseignantes sont aussi très remontées, considérant que la mairie rejette sur elles le problème, en arguant de leur mauvaise organisation. Je ne peux que rappeler que cette même mairie parlait de preneur d'otages au sujet des enseignantes considérées comme personnes fragiles, et donc placées en arrêt de travail (1).

De mon côté, je me suis renseigné sur les besoins réels de la maternelle. Ceux-ci s’élèvent à environ 1 personne pendant 1h30 par jour. Sur 4 jours de surveillance par semaine, cela fait 6 heures hebdomadaires, sur 4 semaines et demi par mois, cela correspond grosso modo à 26 heures mensuelles. Si je compte un coût horaire de l’ordre de 20 euros, incluant les cotisations sociales, le coût de ces heures de travail manquantes ressort à environ 550 euros mensuels. Et même si cela se trouvait imputé comme « heures supplémentaires » pour un des personnels municipaux, on tournerait à moins de 650 euros/mois. Comme je compte environ 8 mois d’activité scolaire, le coût annuel pour le budget communal serait de l’ordre de 5500 euros. Or le discours de la mairie est que l’école serait largement dotée en ATSEM et personnel périscolaire, mais cette conviction a été infirmée, vite fait bien fait, par le représentant du rectorat. Forges est « dans la moyenne » sans plus ! Autre volet du discours local, cela serait trop cher ! Comment, dans ce cas, ne pas rappeler que cette même municipalité s’apprête à dépenser 150 000 euros sur 3 ans pour des caméras de sécurité, dont l’efficacité reste à très largement à démontrer. Un rapide calcul montre que ces 150 000 euros représentent, grosso modo, presque 30 ans de salaire du personnel à remplacer... Peut être, la mairie envisage-t-elle de placer une caméra dans le dortoir. On saurait ensuite qui n'a pas dormi et qui n'a pas été sage avec ses petits camarades !

Plus sérieusement, j'admets que le titre de l’article est un peu caricatural. Certes. Ceci dit, entre une dépense inutile, principalement motivée par une idéologie sécuritaire, et une dépense utile aux enfants et aux enseignantes, gage d’un repos, donc d’un apprentissage de qualité, on voit bien où se porte le choix et la priorité de l’actuelle municipale ! C'est, à mon sens, à la fois lamentable et très significatif !


Note ajoutée le 23/12:
Le Républicain publie ce jour un article sur la situation dégradée du périscolaire à Forges, raccord avec mon article:
Pour ceux qui se poseraient la question, je ne suis pour rien dans la production de l'article du Républicain, n'ayant pas de contact avec la presse.


Référence :

1. Un professeur malade (ou gréviste) n’est pas un preneur d’otages !

vendredi 10 décembre 2021

LE WOKISME ET L'ÉMERGENCE
D'UN NOUVEL ORDRE INTELLECTUEL



Je publie ici une nouvelle note du collectif de scientifiques RogueESR. Cet article, assez complexe, traite de la façon dont le sens des mots peut être dévoyé à des fins politiques, en se focalisant sur le mot « woke », récemment apparu dans les débats. Même si je ne suis pas d'accord avec toute l'analyse du collectif, en particulier sur la non-prise en compte dans celle-ci de certaines des dérives observées aux Etats-Unis, plusieurs éléments présentés sont intéressants, surtout en regard des processus de brouillage des idées et concepts et des critiques faites par certains au « wokisme ». Le texte de RogueESR est en italiques et mes ajouts ou retraits en caractères droits ou entre crochets, respectivement.

La période récente a vu se multiplier les procédés d’implosion du langage destinés à créer un brouillard de confusion et de désillusion. Le procédé le plus simple consiste à substituer au sens propre des mots, le sens de leur antonyme*. [...] La mise en circulation de catégories creuses, de concepts mal posés et de faux problèmes fait également partie de cette stratégie du brouillard discursif. Ainsi, la propulsion dans la sphère médiatique du mot « wokisme », quelques mois après l’apparition d’autres chiffons rouges comme « cancel culture » ou « islamo-gauchisme » participe de ce brouillage qui pollue l’analyse de la situation réelle de l’Université et de la science, et de notre société en général[...]. Dans l’agitation du « wokisme », surtout quand le terme n'est pas bien défini, le réel ne joue aucun rôle : seul compte le fantasme politique que l’étiquette « woke » permet [...] d’éveiller.

Woke est le prétérit du verbe wake (« veiller », plutôt que « se réveiller », comme on peut le lire parfois, même si cet emploi existe aussi) : être woke, c’est donc littéralement « rester vigilant, ne pas s’endormir », sans référence particulière à un quelconque « éveil » des consciences. Le dictionnaire Merriam-Webster date le premier emploi de be woke au sens de « être préoccupé des injustices et des discriminations » de 1972 [...] mais wokeness, nom anglais du « wokisme », n’est employé qu’à partir de 2014, exclusivement à des fins dépréciatives, notamment de la part d’auteurs appartenant au milieu [...] qui a porté M. Trump au pouvoir en 2016.

Le « wokisme » est un terme épouvantail qui stigmatise, parce qu’il les amalgame, des courants politiques qui défendent des idéaux démocratiques et les trois valeurs fondatrices de la République française : liberté, égalité, fraternité. [...] Ainsi, le mouvement « Black Live Matters » est-il considéré par certains comme un des avatars du «  wokisme ». Sans nier l'existence de dérives au sein de courants politiques extrêmes, habituellement situés dans l'extrême-gauche nord-américaine, un des intérêts du mot « wokisme » est de nous renseigner sur ceux qui en font usage. Le parcours sinueux de woke comme sa synonymie d’usage avec « islamo-gauchisme » signent sa filiation intellectuelle. Dernier arrivé en date dans le vocabulaire caractérisant les milieux conservateurs états-uniens et de leurs copies européennes oeuvrant contre le supposé « marxisme culturel », il en diffère sur un point important : là où les précédents dénonciateurs du « marxisme culturel » ne faisaient pas mystère de leurs convictions politiques, religieuses, autoritaires, la lutte contre le supposé « wokisme » se prévaut de la « rationalité », du « progressisme » voire, comble du retournement, de la « liberté académique ».

Pour comprendre quel milieu a produit la chimère du « wokisme », il convient en effet de remonter aux origines de la refondation idéologique des mouvements conservateurs au début des années 1970. A cette époque, les milieux conservateurs nord-américains ont progressivement mis en avant une menace supplétive au communisme soviétique, un ennemi intérieur idéologique contre lequel une guerre institutionnelle devait être menée : le « marxisme culturel ». En substance, il convenait d’agiter le fantasme d’un marxisme omniprésent sur les campus américains, et sous l’influence de l’École de Francfort. Ce supposé mouvement homogène fut accusé de subvertir la jeunesse par la promotion de l’égalitarisme, du féminisme, du « multiculturalisme », de la liberté sexuelle et de l’écologie. 

Les concepts élaborés à cette époque ont été remis au goût du jour dans les années 2010 par la nouvelle droite nord-américaine et l’extrême-droite européenne. On en trouve trace dans le manifeste publié par Anders Behring Breivik, meurtrier de 77 personnes à Oslo et à Utøya en juillet 2011. En 2017, le conseiller de Donald Trump Steve Bannon a repris à son compte la croisade contre le « marxisme culturel » lors d’un festival suprémaciste organisé à Berkeley sous le titre « Free Speech Week ». L’année suivante, ces termes étaient repris par l’entourage de M. Bolsonaro. Ils figurent encore dans le manifeste du terroriste d’extrême-droite Brenton Tarrant, meurtrier de 51 personnes de confession musulmane à Christchurch en mars 2019.

Cette émergence de nouveaux vocables au sens altéré, voire antinomique de leur sens d'origine, s'est produite presque en même temps que se développaient à la fois les réseaux sociaux et les émissions de télévision ou de radio que l'on peinera à qualifier de débats.  On y argumente en effet en tous sens au nom d’un « marché des idées » pouvant se passer des processus de régulation [...], de la nécessité de faire preuve, de la disputatio (c'est à dire de réfutations argumentées) entre pairs. Ainsi, la dénonciation fantasmatique du « wokisme », au travers de tribunes, d’interviews, de billets de blog, de faux colloques mêlant confusément usurpateurs, universitaires, polémistes, managers de la science et bureaucrates, en rupture avec toute forme d’éthique pour certains, se rattache souvent à une mouvance dite « libertarienne », indépendamment des étiquettes sociales ou humanistes arborées. [...]

La croisade de la mouvance libertarienne contre la liberté académique - et possiblement contre la liberté tout court, aussi paradoxal que cela puisse paraître -  s’accompagne de la promotion active d’une vision réduisant la science à la technologie, la recherche scientifique à l’élaboration de solutions. Ces mêmes processus d'asservissement et de falsification conduisent aussi aux remplacement de figures intellectuelles [...] par d’utiles bateleurs et autres communicants. Ainsi des milliardaires « libertariens » (Peter Thiel, Jeffrey Epstein, Robert Mercer ou les frères Koch) investissent-ils massivement pour constituer des réseaux de promotion de leurs idées. [...] La nouvelle droite française, omniprésente sur la scène politique et médiatique, s’est constituée très rapidement sur ce modèle états-unien et anglo saxon, dont elle reprend les stratégies et les discours : CNews (groupe Bolloré) est un clone de Fox News, Le Point répète les obsessions de Quillette [note : revue libertarienne australienne] et en traduit les « meilleurs » textes, l’Institut Sapiens, dont l’un des fondateurs est Laurent Alexandre, reprend le principe libertarien des faux laboratoires de recherche, tandis que la « maison de la science et des médias » prévue par la Loi de Programmation pour la Recherche (LPR) duplique le Science Media Center, une officine de désinformation et de réinformation scientifique du Royaume-Uni. [...] 

Certains secteurs technicistes et autoritaires du « mouvement libertarien » ne se contentent plus de vouloir mettre le monde académique, déjà usé par la bureaucratisation, la précarisation et la paupérisation, à genoux : en s’adonnant temporairement à des menées intimidatrices, ils préparent des purges qui s'étendront hors de l'université et du monde de ceux qu'il est convenu d'appeler les intellectuels. L’un des hommes d’affaires libertariens, M. Goodrich, théorisait déjà il y a cinquante ans : « les libertés académiques sont en réalité un déni de liberté. » L’un de ses think tanks, Liberty Found, propose au format numérique une bibliothèque des écrits libertariens, avec cette philosophie : « il n’y a aucune raison qu’une bibliothèque universitaire contienne plus de 5 000 ouvrages, pourvu que ce soit les bons ouvrages ». C’est à cette aune qu’il faut mesurer l’invocation incessante à la liberté d’expression [...] chez certains des pourfendeurs du supposé « wokisme ». Le droit au débat qu’ils revendiquent est extérieur à l’Université, à la science et aux exigences d’une parole [...] contradictoire. Leur liberté s’identifie en réalité à la censure que les libertariens sont si prompts à déceler chez leurs adversaires.[...]

In fine, nous reconnaissons dans cette pratique du détournement du sens des mots une arme de perversion de la controverse intellectuelle. Cette prétendue exigence de rationalité et de liberté obéit de fait à un agenda quasiment maccarthyste, visant à annuler ce qu’il reste de l’autonomie du monde de la recherche, particulièrement en sciences sociales et humaines, et, bien au delà, à orienter les pensées, les modes de raisonnement, et les référentiels culturel, social et intellectuel de nos concitoyens. D’autres stratégies se déploient en ce sens : naturaliser l’ordre social (« il est normal qu'il y ait des riches et des pauvres », par exemple), faire passer l’antiracisme pour un mal moral, l'antisexisme et la normalisation des minorités sexuelles pour une dépravation, le délire pour une liberté (Cf. la funeste chimère du « grand remplacement »), l’idée démocratique pour une tyrannie, et/ou les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité pour des lubies. Cette arme de perversion de la controverse porte en son sein, sans que la société s'en rende vraiment compte, les germes d'une société totalitaire.  Comme le fait dire Lewis Caroll à  Humpty-Dumpty : « ce qui compte, c’est celui qui commande, un point c’est tout ».



Note:

* cette remarque résonne avec ce que j'expliquais de l'usage répété du mot réforme dans une précédent article. Consubstantielle à ce mot, en effet, est la notion d'amélioration. Force est de constater que nombre des « réformes » passées (retraite, hôpital, indemnisation du chômage, pour n'en citer que quelque unes) n'ont malheureusement aucune des caractéristiques qui puisse suggérer une quelconque amélioration de l'objet qu'elle concernaient.


Crédit illustration :

Dessin de Boris pour La gazette de la Mauricie
 

mardi 7 décembre 2021

ÉTRANGES RESSEMBLANCES ENTRE FORGES ET MUNICIPALITÉS « FRONTISTES »



A la recherche d’infos sur les associations, je lisais récemment des articles du Monde, de l’Express, de « Libé » et de « L’Huma » et suis tombé par le jeu des renvois et la magie d’internet sur des articles intéressants qui pourraient montrer l’existence d’étonnantes ressemblances entre les communes dirigées par le Front National, devenu Rassemblement National en 2018*, et la notre. Il me semble important de partager ici ces observations.

Revenons tout d’abord sur les faits. Les lecteurs de ce blog savent à quelle sauce l’actuelle municipalité a tenté, très rapidement après son installation, d’accommoder nombre d’associations forgeoises. Par le biais d’une convention de partenariat, la mairie a essayé d’imposer aux associations des obligations étranges, demandant entre autres et en contre partie de son soutien, le prêt du matériel associatif et l’implication des membres des associations dans les événements organisés par la commune. Idem pour le prêt des salles communales, devenu payantes au delà de deux prêts annuels, une décision, soit dit en passant, discutable au plan juridique, celle-ci n’ayant pas fait l’objet de délibération en conseil municipal, à l'heure où j'écris. Moins visible, la mairie a également fait le vide dans la maison des associations, puisque toutes celles qui y étaient installées en ont été « exfiltrées », parfois du jour au lendemain, à l’exception notable de l’académie de musique moderne (AMM). Encore moins visible, la mairie ne répond que très tardivement à certaines associations, par exemple en regard de demande de prêt de salle quand elle ne les refuse pas sans justification ou pour des raisons douteuses et là aussi parfois illégales.

Curieusement, les associations les plus mal traitées à Forges sont celles œuvrant dans le soutien scolaire, l’aide sociale, la transition environnementale, l’aide aux pays en voie de développement, et la réflexion publique. Pour certaines d’entre elles, une des premières actions de l’actuelle municipalité a été de sensiblement réduire leurs subventions communales. Je ne peux donc m’empêcher ici de citer des extraits des articles de presse qui décrivent la situation dans les communes frontistes, où les offensives anti-association semblent être une règle. Prenons le cas de Mantes la Ville, où le maire a vite ciblé l’association Réflexion et Action Citoyenne (1). Son président disait alors « Le social est en train de mourir à Mantes-la-Ville [...] On a essayé de créer le dialogue mais on ne nous a pas tendu la main ». De même, dans cette commune comme dans d’autres contrôlées par le FN, on n’aime pas trop le vivre-ensemble, et les associations de quartiers sont particulièrement ciblées. Comme le dit un des anciens médiateurs de la commune : « On leur refuse d'organiser des événements, on est passé cette année de trois fêtes de quartier par an, une dans chaque quartier, à une fête tournante ». A noter, il s’agit de témoignages obtenus avant la crise sanitaire ; la CoViD 19 n’y est donc pour rien ! A Mantes, le maire ne veut d’ailleurs plus subventionner certaines associations qui proposeraient des activités dites « déjà présentes » comme l'aide aux devoirs ou la médiation sociale. Tiens tiens… Et il ajoute « je veux au contraire développer notre police municipale » (1). A Forges, on préfère les caméras de sécurité !

On pourrait se dire que Mantes La Ville, ce n’est qu’une commune et qu’il ne faut pas généraliser l’action des maires FN. Malheureusement d'autres communes de même obédience connaissent des dérives identiques (2,3). Je cite : « Dès leur arrivée au pouvoir en 2014, les maires Front National n’ont pas hésité à faire des exemples. La Ligue des droits de l’homme et le Secours populaire ont été et sont toujours les deux associations les plus visées. Neuf jours après son élection, Steeve Briois mettait à la porte la LDH d’Hénin-Beaumont, qu’il jugeait trop « politisée ». [...] A Hayange, dans l’Est, le maire Fabien Engelmann s’en prend depuis plusieurs mois au Secours populaire, considérant, dans un communiqué du 30 septembre dernier, que « madame la présidente (du Secours populaire) et son trésorier ont instrumentalisé l’antenne d’Hayange à des fins politiques [...] ».

Là où le constat devient encore plus intéressant - et inquiétant - c’est lorsque l’on s’intéresse à la face caché de l’iceberg. Je cite toujours : « Car si ces maires médiatisent ces choix, cela masque habilement des stratégies, plus discrètes, de mise au pas généralisée du reste des associations. Les refus de soutien financier ou de prêt de matériel ne se drapent pas toujours d’arguments « politiques ». Il faut creuser pour s’apercevoir que, dans ces trois communes FN, le diable se niche dans les détails. Parmi les méthodes : des obligations inscrites dans les conventions signées entre mairie et association ou bien, plus cynique, la pratique du mépris et de virulentes intimidations via les réseaux sociaux » (2). A Forges, je crois avoir rappelé l’existence d’un contrat cadre de partenariat et des clauses léonines qu’il comporte, que la municipalité a tenté d’imposer aux associations. J’ai également décrit le mépris avec lequel sont traitées certaines associations, ou leurs représentants. Quant aux propos tenus sur les réseaux sociaux, il n’est certes pas question d’intimidations, mais on reviendra plus tard sur ce sujet particulièrement intéressant...

On pourrait bien sur arguer que L’Huma et Libé sont de parti pris. Sans doute. Aussi me suis-je intéressé à un article du Point, journal que l’on ne peut qualifier de « journal de gauche », sauf à se positionner soi-même très à droite de l’échiquier politique. Dans un article de 2016 (4), le Point fait les mêmes constats que ceux faits par Libé, L’Huma ou Basta. Je cite, là aussi « Dans la ville de Moselle [Note : il s’agit d’Hayange], c'est le Secours populaire qui est visé. Fabien Engelmann, le maire FN, lui demande de rendre les clés de son local occupé jusqu'à présent à titre gratuit, car l'association mènerait une  « propagande pro-migrants » [...] Déjà, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) ou Mantes-la-Ville (Yvelines), la Ligue des droits de l'Homme, accusée d'être « politisée », avait été visée. A Fréjus (Var), c'est un centre social qui a été fermé, comme la « Maison du vivre ensemble » à Beaucaire (Gard) [...] A chaque fois, le débat est le même entre exécutifs frontistes et opposants: d'un côté, les édiles d'extrême droite arguent d'une « chasse au gaspi » et d'économies jugées indispensables dans des contextes budgétaires contraints ».

Dans son choix de mise au pas des associations, le maire FN de Hayange, déjà cité, avait décidé de couper l’électricité et le gaz au Secours Populaire (2) au motif que cette associations serait « pro-migrants » en plus d’être « une succursale du Parti communiste » (sic). Il s‘agissait d’en gêner, voire d’en empêcher le fonctionnement. À Forges, deux associations occupent des locaux dans lesquels un des deux cabinets de toilettes est hors service, en raison d’une coupure d’eau et de travaux de réfection de la cuisine entamés par la municipalité voilà plus de 14 mois, et toujours à l’arrêt depuis malgré les multiples relances associatives. Cette coupure d’eau et la mise hors service de l’ancienne cuisine sans volonté de réparation ont le même effet que la coupure d’électricité, à savoir entraver le fonctionnement des associations. Il ne reste disponible dans leurs locaux, en effet, qu’un seul WC et un seul point d’eau, un tout petit lavabo qui sert surtout au lavage des mains. Impossible pour les associations de s’y développer et difficile d’y travailler au quotidien. Étrange parallèle avec la situation lorraine, non ?

Les similitudes ne s’arrêtent pas là. Au Luc, commune dirigée par un élu FN, on constate une valse impressionnante des personnels communaux. Ce sont 4 DGS (directeurs des services) qui ont quitté la commune (3). Dois-je rappeler qu’à Forges, de très nombreux mouvements de personnels ont aussi affecté la commune (5,6) ? Hors des départs en retraite, nous en sommes, en un an et demi de mandat, à deux DGS, à savoir la candidate potentielle et une nouvelle DGS restée en poste quelques mois, plus la nouvelle responsable du service urbanisme, le responsable des services techniques et depuis peu un de ses anciens agents. Indéniablement, un bon rythme !

Au vu de ce qui précède, je pense qu’il existe des similitudes assez surprenantes entre notre commune et des communes « frontistes », mais je vous laisse juge de l’existence ou non d’une gouvernance forgeoise proche par certains aspects de celle de l’extrême-droite. Je dois cependant, pour terminer cet article, mentionner que les élus FN des différentes municipalités évoquées ont tous en commun une haine assez marquée de l’autre, surtout s’il sont étrangers (1, 2). Selon certains d’entre eux « l'installation de camps de migrants situés à proximité des coeurs de ville engendre des tensions graves, nuit à l'ordre public, asphyxie l'économie locale » (7). Ceci pour la version « soft », car les mots parasites, égoïstes ou lâches sont plus souvent employés. Comment dès lors, ne pas se rappeler - et ne pas rappeler - que nombre d’élus de l’actuelle majorité forgeoise - et/ou certains de leurs proches - ont défilé au coté de cadres du Front National lors du pénible épisode de l’installation forcée de migrants à Forges (8) ?


Note :

* l’article se fonde sur des références de 2015 et 2016 en grande partie époque où le FN était le FN, et pas encore le RN, d’où la nomenclature utilisée. Ce qui ne change rien, convenons en, aux idées qu’il propage et à ses méthodes de gouvernance.


Références :

1. Anonyme. A Mantes-la-Ville, le FN fait le tri dans les associations. Libération. Juillet 2015.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/france/2015/07/11/a-mantes-la-ville-le-fn-fait-le-tri-dans-les-associations_1346420/

2. Ixchel Delaporte. Comment les maires FN musèlent les associations. L’humanité. Décembre 2016.
Consultable en ligne :
https://www.humanite.fr/comment-les-maires-fn-muselent-les-associations-6287832. 

3. Anonyme. Dans les villes gérées par le RN : budgets sociaux sabrés, démocratie entravée, indemnités des maires augmentées… Basta. Mars 2020.
Consultable en ligne :
https://basta.media/RN-FN-Marine-Le-Pen-extreme-droite-municipales-2020-Henin-Beaumont-identitaires

4. Anonyme ;Dans les mairies FN, une politique sociale et associative ambivalente. Le Point ; octobre 2016.
Consultable en ligne :
https://www.lepoint.fr/politique/dans-les-mairies-fn-une-politique-sociale-et-associative-ambivalente-04-10-2016-2073341_20.php

5. Cascade de départs parmi les cadres communaux de Forges Les Bains.Ce blog : https://dessaux.blogspot.com/2020/10/cascade-de-departs-parmi-les-cadres.html

6. Ambiance, ambiance. Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2021/01/ambiance-ambiance.html

7. Anonyme. La municipalité FN de Beaucaire adopte une charte anti-migrants. L’Express. Septembre 2016.
Consultable en ligne :
https://www.lexpress.fr/actualite/politique/fn/la-municipalite-fn-de-beaucaire-adopte-une-charte-anti-migrants_1835507.html


8. Gurvan Le Guellec. Migrants à Forges-les-Bains : "Je n'ai aucun préjugé raciste, mais..." L'Obs. Décembre 2016.


Crédit illustration :

Le trésorier du FN et une conseillère de ce parti, pris en photographie, lors de la manifestation à laquelle participaient des élus forgeois et/ou leurs proches, en 2016.

https://www.la-croix.com/France/FN-Wallerand-de-Saint-Just-loue-lattitude-plutot-noble-de-Melenchon-2017-04-28-1300843131



jeudi 2 décembre 2021

BILAN DE CINQ ANNÉES EN MACRONIE.
III. LES INJUSTICES SOCIALES ET FISCALES



Nombre de chroniqueurs, d’observateurs, et d’économistes l’ont dit. Les mesures prises au cours des cinq dernières années ont largement favorisé les plus riches, et sensiblement défavorisé les plus pauvres ou plus fragiles de nos concitoyens. Mes deux derniers articles sur ce sujet ont, je pense, également pointé du doigt l’explosion des injustices sociales, phénomène qui restera comme l’un des marqueurs forts du dernier quinquennat. Outre les mesures ciblées concernant les chômeurs, les retraités, et d’une façon générale le monde du travail, il convient aussi de s’intéresser aux mesures de portée plus générale et en particulier aux mesures fiscales.

La fiscalité a été, dès le début du quinquennat, un secteur dans lequel le gouvernement s’est affairé. Dès 2017, la « contre-révolution fiscale », pour reprendre le terme utilisé par Mediapart, se met en place. La « flat tax », prélèvement forfaitaire unique de 30 % sur les revenus du capital, permet ainsi aux 1% les plus riches de ramasser sans se baisser 44% des gains générés par cette modification fiscale. Ainsi, ces foyers bénéficieront d'un allègement de 572 millions d'euros en 2018 et de 836 millions en 2019, permettant aux 100 premiers contribuables français profiter d’une baisse moyenne annuelle d’imposition sur leurs revenus financiers de 582 380 euros (2). Cette modification de la fiscalité est au moins aussi importante que la très commentée suppression de l’ISF sur les valeurs mobilières. Présentée officiellement comme une façon de « libérer les énergies », de générer le fameux « ruissellement », ce cadeau de quelques 3 milliards d’euros en année pleine, a bénéficié aux 1% les plus riches dont le patrimoine est constitué à 70% de valeurs mobilières, et encore davantage aux 0,1% les plus riches, dont le patrimoine est constitué à 90% de ces mêmes valeurs (3). Précisons ainsi que le montant des dividendes d’actions versés aux ménages auront progressé de presque 65% (de 13 milliards en moyenne entre 2013 et 2017 à 23 milliards d’euros depuis 2018). Précisions aussi que « 45 % de la hausse [...] a été captée par 5 000 foyers qui ont vu leurs dividendes dépasser 100 000 euros par an, et 13 %, soit 1,2 milliard d’euros, ont été captés par 310 foyers, qui ont touché plus d’un million d’euros de dividendes par an » (4). Malheureusement, en termes de ruissellement, ces modifications fiscales n’ont pas eu l’effet escompté par le gouvernement, comme l’indique un rapport sénatorial de 2019 (5), et plus récemment encore, un rapport de France Stratégie, organisme d’évaluation et de prospective rattaché à... Matignon (6) ! J’avoue franchement me demander si le président comme ses conseillers étaient réellement persuadés, lors de la mise en place de ces mesures, de la validité de la théorie du ruissellement, ou si, plus cyniquement, ils ne nous ont pas tout simplement vendu un discours destiné à cacher leur soutien à la ploutocratie qui a favorisé leur élection... Le pseudo-ruissellement ne s’est en effet et jusqu’à présent jamais vérifié, comme le certifiait au Congrés américain l’actuel président des Etats-Unis, M. Joe Biden (7). Cet avis est partagé par l’économiste Arnaud Parienty dans son livre « Le Mythe de la théorie du ruissellement ». Je cite : « les profits supplémentaires n'ont aucun effet positif sur la croissance et la baisse de la part des salaires réduit la demande des ménages, ce qui est mauvais pour la croissance » (8).

A ce stade, les allègements de taxes visant les propriétaires de yachts, taxes qui auront rapporté à l’Etat l’impressionnante somme de 82 500 euros (oui, 82 500 euros !) au lieu des 10 millions prévus au budget (9), pourront n’apparaître que comme un pourboire supplémentaire destiné aux ultra riches, ou comme une simple compensation des hausses du carburant nécessaire au fonctionnement de leurs navires ! Bien plus grave, et en même temps, pour reprendre la phraséologie macronienne, le gouvernement décidait la mise en place d’un plan anti-pauvreté de 8 milliards sur 4 ans, soit 2 milliards par an, représentant un peu plus de la moitié des cadeaux fiscaux faits aux plus riches (10). Mais si l’on y regarde de plus prés, la moitié de ces sommes étaient déjà inscrites dans les budgets (11) et les hausses de revenus des plus pauvres devraient atteindre, grâce à ce plan, l’extraordinaire somme moyenne de 20 euros par mois !

Des perdants, en Macronie, il y en a eu beaucoup. On a, bien sur, longuement parlé du rabotage des APL dans la presse. On a moins parlé de la mise en place du « revenu universel d’activité » qui fusionne certains minima sociaux et entraîne une baisse de revenus pour 3,5 millions de foyers (12). De plus, ces minima sociaux ne seront plus indexés sur l’inflation en 2019 et 2020 (13). On pourrait aussi mentionner les handicapés, touchés au portefeuille. Sous couvert de « rationaliser les prestations complémentaires à l'allocation aux adultes handicapés », le gouvernement rabote en toute discrétion le montant de diverses prestations (14). Tout aussi discrète a été la réduction des fonds sociaux scolaires destinés aux enfants pauvres. En 2020, ce montant des fonds est passé de 59 millions à un peu moins de 31 millions (15) pendant que les dividendes versés aux actionnaires atteignaient, eux, des montants records : 360 milliards environ pour la zone Europe dont 60 milliards d’euros pour la France en 2019, en forte baisse cependant en 2020 à 30 milliards d’euros mais de nouveau proches des 50 milliards en 2021 (16,17). Cette mise en perspective des aides et subventions est toujours intéressante. On pourrait aussi mentionner le déblocage de 39 millions d’euros pour l’aide alimentaire en 2020, à mettre en parallèle avec les 7 milliards d’euros de prêt destinés au soutien d’Air France, et aux 2 millions destinés à son seul PDG (18,19)... Attention, que je sois clair, ces aides aux entreprises, surtout en temps de crise, je n’ai rien contre dans le principe. Donc rien contre le fait qu’Air France ait bénéficié de ce prêt, que Renault ait bénéficié d’un autre prêt de 5 milliards d’euros (20), même si j’aurais préféré une capitalisation par l’Etat. Bien au contraire, je suis très favorable aux aides - si elles sont nécessaires - aux PME et TPE qui constituent le tissu socio-économique du pays. Notons au passage que ces PME et TPE ne sont pas forcément les plus aidées par le gouvernement (21). Mais - car il y a un mais - je ne comprends pas que ces aides soient accordées sans contrepartie. Ce manque de volonté gouvernemental me sidère, et il ouvre la porte, paradoxalement, à l’existence de plans sociaux touchant précisément chez les entreprises aidées (22,23,24).

On m’objectera sans doute que j’ai oublié de mentionner la grande œuvre sociale du quinquennat, la suppression de la taxe d’habitation (TA). Non. J’y viens. Présentée comme l’Alpha et l’Omega du social, la réduction de cette taxe aura permis d’économiser environ 30 euros par mois au « foyer essonnien moyen », Bercy ayant calculé le chiffre de 1920 euros sur 5 ans (25). Ceci n’est surement pas anodin pour les familles à petits revenus, mais, là encore, ce chiffre doit être remis en perspective avec d’autres chiffres constitutifs du budget d’un ménage. Ainsi, le gel du point d’indice dans la fonction publique, depuis plus de 10 ans, a entraîné un recul du pouvoir d’achat d’environ un mois et demi de revenus par an, soit pour des fonctionnaires de catégorie C, de l’ordre a minima de 1500 euros par an, soit 7500 euros sur 5 ans, soit autour de 120 euros par mois. Je passe sur les augmentations des coûts de l’énergie - carburant automobile mais également gaz et électricité - largement documentées récemment. Celles-ci plombent encore plus le budget des ménages fragiles, même si le gouvernement a décidé de mettre en place un « chèque énergie », une aide ponctuelle de 100 euros pour les plus modestes (26), bien loin du coût réel de l’augmentation des tarifs de l’énergie, même si c’est mieux que rien... Cette paupérisation d’une partie non négligeable de la population a été notée par les organisations de fourniture d’aide alimentaires ou autres (27, 28). Elle touche également les étudiants qui constituent souvent une catégorie de précaires assez invisibles (29,30). Ces constats ont également été faits par les services déconcentrés de l’Etat et par l’INSEE (31) et ils perdurent en 2020 et 2021. Selon le baromètre IPSOS/Secours populaire (32), 36% des français déclarent avoir du mal à boucler leur budget mensuel, 32% déclarent avoir des difficultés pour payer un loyer, un emprunt immobilier ou les charges du logement, un chiffre en augmentation de 28% (7 points) en un an, et 29% disent être en difficulté pour disposer d’une mutuelle santé, un chiffre en augmentation de 38% (8 points) en un an. Plus grave, plus d’un Français sur quatre (27%) déclare ne pas manger à sa faim, un chiffre encore en augmentation de 8% par rapport à l’année dernière (2 points) et 20% déclarent même devoir sauter certains repas, un chiffre là aussi en augmentation de 42% (6 points) en un an. Il faudra se souvenir de ces chiffres affolants au printemps prochain. Avons-nous donc réellement envie de voter pour le représentant d’une politique qui, in fine, a privilégié uniquement les ultra-riches aux dépens des plus précaires et des plus faibles. L’élection qui vient n’est pas un choix de société, terme galvaudé à mon sens, mais c’est un choix moral et éthique, et presque de valeurs de civilisation.


Références :

La référence centrale qui a permis la rédaction de cet article est l’excellent site https://macron.watch qui regroupe sous forme de listings l’ensemble des mesures antisociales prises dans différents domaines par le pouvoir en place. Je m’en suis largement inspiré et remercie B. Heeder pour m’avoir transmis cette information. Les autres références consultées sont les suivantes :

1. Laurent Mauduit. La dangereuse contre-révolution fiscale de Macron. Mediapart. Juillet 2017.
Consultable en ligne :
https://www.mediapart.fr/journal/france/190717/la-dangereuse-contre-revolution-fiscale-de-macron?page_article=3

2. Cécile Crouzel. Flat tax : les 1% plus aisés concentreront 44 % des gains. Le Figaro. Octobre 0217.
Consultable en ligne :
https://www.lefigaro.fr/impots/2017/10/27/05003-20171027ARTFIG00003-flat-tax-les-1-plus-aises-concentreront-44-des-gains.php

3. Thomas Piketty. Suppression de l’ISF: une faute historique. Le Monde. Octobre 2017.
Consultable en ligne
https://www.lemonde.fr/blog/piketty/2017/10/10/isf-une-faute-historique/

4. Romaric Godin. Le ruissellement voulu par Macron a été évalué : il profite bien aux plus riches. Mediapart. Octobre 2021.
Consultable en ligne
https://www.mediapart.fr/journal/economie/141021/le-ruissellement-voulu-par-macron-ete-evalue-il-profite-bien-aux-plus-riches

5. Anonyme. Le remplacement de l'ISF par l'Ifi aurait engendré "des effets indésirables" sans montrer d'impact positif sur l'économie. BFMTv. Octobre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.bfmtv.com/immobilier/fiscalite/le-remplacement-de-l-isf-par-l-ifi-aurait-engendre-des-effets-indesirables-sans-montrer-d-impact-positif-sur-l-economie_AN-201910100432.html

6. Audrey Tonnelier. Suppression de l’ISF, « flat tax » : le « ruissellement » promis par Emmanuel Macron n’a pas eu lieu, selon France Stratégie. Lemonde. Octobre 2021.
Consultable en ligne
https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/14/suppression-de-l-isf-flat-tax-pour-france-strategie-le-ruissellement-n-a-pas-eu-lieu_6098339_823448.html

7. Joe Biden. Premier discours devant le Congrès américain. Avril 2021.
Une video de ce discours est disponible à l’adresse suivante :
https://www.brut.media/fr/news/-la-theorie-du-ruissellement-n-a-jamais-fonctionne-joe-biden-5adcfbd0-4aae-49b6-9221-f417a24c57cd

8. Remy Demichelis. Le ruissellement imaginaire. Les Echos. Décembre 2018.
Consultable en ligne :
https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/le-ruissellement-imaginaire-238994

9. Ingrid Feuerstein. Réforme de l'ISF : le flop de la taxe sur les yachts. Juillet 2018.
Consultable en ligne :
https://www.lesechos.fr/2018/07/reforme-de-lisf-le-flop-de-la-taxe-sur-les-yachts-975746

10. Anonyme. Plan pauvreté : "8 milliards d'euros répartis sur quatre ans", affirme Griveaux. europe 1. Septembre 2018.
Consultable en ligne :
https://www.europe1.fr/politique/plan-pauvrete-8-milliards-deuros-repartis-sur-quatre-ans-affirme-griveaux-3754118

11. Erwan Manac'h. Plan pauvreté : des mesures symboliques et un manque d’ambition. politis. Septembre 2018.
Consultable en ligne :*
https://www.politis.fr/articles/2018/09/plan-pauvrete-des-mesures-symboliques-et-un-manque-dambition-39319/

12. Hélène Gully. Les gagnants et les perdants d'une allocation sociale unique. Les Echos. Aout2018.

13. Romaric Godin et Mathilde Goanec. Formation, santé, pauvreté… A grands plans, petits moyens. Mediapart. Octobre 2018.
Consultable en ligne :
https://www.mediapart.fr/journal/france/051018/formation-sante-pauvrete-grands-plans-petits-moyens?onglet=full

14. Marie Piquemal et Lilian Alemagna. Oui, le gouvernement économise bien sur le handicap. Libération. Septembre 2018.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/france/2018/09/28/oui-le-gouvernement-economise-bien-sur-le-handicap_1681869/

15. Faïza Zerouala. Enfants pauvres: Blanquer réduit de moitié les fonds sociaux. Mediapart. octobre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.mediapart.fr/journal/france/291019/enfants-pauvres-blanquer-reduit-de-moitie-les-fonds-sociaux

16. Anonyme. En pleine crise boursière, les entreprises européennes se préparent à verser des dividendes record. Mars 2020.
Consultable en ligne :
https://www.boursorama.com/patrimoine/actualites/en-pleine-crise-boursiere-les-entreprises-europeennes-se-preparent-a-verser-des-dividendes-record-a14f308a31bc980ec96a2d1302a44a75

17. Bastien Bouchaud. Les grandes entreprises françaises devraient verser 52 milliards d'euros de dividendes en 2021. Mai 2021.
Consultable en ligne :
https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/les-grandes-entreprises-francaises-devraient-verser-52-milliards-deuros-de-dividendes-en-2021-1311564

18. Kim Hullot-Guiot. Le gouvernement débloque 39 millions d'euros pour l'aide alimentaire. Libération. Avril 2020.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/france/2020/04/24/le-gouvernement-debloque-39-millions-d-euros-pour-l-aide-alimentaire_1786164/

19. Laurent Mauduit. Le volet occulté du plan de sauvetage d’Air France. Mediapart. Avril 2020.
Consultable en ligne :
https://www.mediapart.fr/journal/economie/290420/le-volet-occulte-du-plan-de-sauvetage-d-air-france

20. Laurence Dequay. Renault : ce que Bruno Le Maire doit exiger en contrepartie des 5 milliards prêtés. Marianne. Mai 2020.
Consultable en ligne :
https://www.marianne.net/economie/renault-ce-que-bruno-le-maire-doit-exiger-en-contrepartie-des-5-milliards-pretes

21. Laurent Mauduit. Prêts garantis par l’Etat: au bonheur des milliardaires. Janvier 2021.
Consultable en ligne :
https://www.mediapart.fr/journal/economie/140121/prets-garantis-par-l-etat-au-bonheur-des-milliardaires

22. Franck Bouaziz. Air France-KLM : près de 2 milliards de pertes et un lourd plan social en vue. Mai 2020.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/france/2020/05/07/air-france-klm-pres-de-2-milliards-de-pertes-et-un-lourd-plan-social-en-vue_1787681/

23. Romaric Godin. En France, un «socialisme de l’offre» pour ne rien changer. Mediapart. Juin 2020.
Consultable en ligne :
https://www.mediapart.fr/journal/france/100620/en-france-un-socialisme-de-l-offre-pour-ne-rien-changer

24. Romaric Godin. La fin en trompe-l’œil du « quoi qu’il en coûte ». Mediapart. Aout 2021.
Consultable en ligne :
https://www.mediapart.fr/journal/economie/300821/la-fin-en-trompe-l-oeil-du-quoi-qu-il-en-coute

25. Anonyme. L'Essonne parmi les grands gagnants de la suppression de la taxe d'habitation. Actu.fr. Novembre 2021.
Consultable en ligne :
https://actu.fr/economie/l-essonne-parmi-les-grands-gagnants-de-la-suppression-de-la-taxe-d-habitation_46272127.html

26. Anonyme. Prix de l’énergie : ce qu’il faut savoir sur l’«indemnité classe moyenne» annoncée par Castex. Libération. Octobre 2021.£
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/economie/social/prix-de-lenergie-ce-quil-faut-savoir-sur-lindemnite-classe-moyenne-annoncee-par-castex-20211022_PHWNS5YW25GR3CNFLPAVLBJ4LY/

27. Isabelle Rey-Lefebvre. Les gens s’enfoncent dans la pauvreté, qu’ils soient Français ou migrants. Le Monde. Novembre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/07/le-secours-catholique-constate-une-aggravation-de-la-pauvrete-en-france_6018287_3224.html

28. Anonyme. Précarité et crise sanitaire : le Secours populaire tire la sonnette d’alarme. Ouest-France. Septembre 2020.
Consultable en ligne :
https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/precarite-et-crise-sanitaire-le-secours-populaire-tire-la-sonnette-d-alarme-6995112

29. Anonyme. Les Restos du cœur s'inquiètent d'accueillir de plus en plus d'étudiants. LCI. Novembre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lci.fr/amp/social/les-restos-du-coeur-s-inquietent-d-accueillir-de-plus-en-plus-d-etudiants-pecrarite-pauvrete-2138681.html

30. Soazig Le Nevé. Précarité étudiante : à Paris, les files d’attente pour la distribution alimentaire ne faiblissent pas. Le Monde. Juillet 2021.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/07/14/precarite-etudiante-a-paris-les-files-d-attente-pour-la-distribution-alimentaire-ne-faiblissent-pas_6088253_3224.html

31. Olivier Chicheportiche. Comment l'aide alimentaire a bondi en France en 2020. BFM business. Juillet 2021.
Consultable en ligne :
https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/france/comment-l-aide-alimentaire-a-bondi-en-france-en-2020_AV-202107270152.html

32. Olivier Vilain. Baromètre Ipsos / SPF : la précarité déborde encore une fois en 2021. Secours populaire français. Septembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.secourspopulaire.fr/barometre-pauvrete-ipsos


Crédit illustration :


Le journal de Boris Victor. Les Macron parlent de la crise sociale !

lundi 29 novembre 2021

VIDÉOSURVEILLANCE : UNE TRÈS DÉCEVANTE RÉUNION PUBLIQUE

 


Vendredi dernier, s’est tenue une réunion d’information sur l’installation de caméras de sécurité dans la commune. Comme l’indique le titre de l’article, cette réunion fut très décevante, à la fois en termes d’argumentaire et de démocratie.

Un peu de terminologie pour commencer : le mot vidéosurveillance, probablement trop connoté, est maintenant remplacé, quand l’installation des caméras concerne l’espace public, par vidéoprotection, beaucoup plus rassurant. Comme je le fais dans ce blog avec le terme « réforme », je vais néanmoins continuer à utiliser vidéosurveillance en ce qui concerne notre commune, et je m’en explique. Le terme de vidéoprotection suggère, par définition, que l’installation des systèmes de caméras et traitements des images soit en mesure de générer une protection. Tel n’est pas le cas dans le cadre municipal. En effet, si la surveillance vidéo était interprétée en temps réel par des personnels des forces de l’ordre ou de sécurité, à même de déclencher une action rapide et de prévention, on pourrait possiblement parler de vidéoprotection, comme, par exemple, dans des installations industrielles sensibles où des personnels surveilleraient des intrusions ou un début d’incendie. Tel ne sera pas le cas à Forges. Les images seront enregistrées et serviront - très éventuellement on le verra - à aider la résolution des enquêtes des forces de l’ordre, postérieurement à la commission des faits délictueux. On n’est donc pas dans de la protection, mais dans de la surveillance.

On pourrait objecter à ce que j’écris ci-dessus que l’installation de ces caméras pourrait avoir un effet dissuasif et donc conduire à une réduction de la délinquance. Les faits locaux et les études menées sur différents sites infirment cependant cette opinion. Localement, la municipalité précédente avait positionné des panneaux mentionnant la présence de caméras de sécurité dans les bois pour éviter les dépôts sauvages avec malheureusement une efficacité limitée. De même, à la suggestion à l’époque de la gendarmerie de Limours, nous avions positionné quelques caméras de surveillance aux services techniques. Celles-ci n’ont pas pu empêcher les vols de matériel et n’ont pas aidé, non plus, à la résolution du délit. J’ai regardé par ailleurs les travaux de recherche relatifs à la vidéosurveillance, réalisés en différents lieux. Dans le travail de compilation réalisé par M. Tanguy Le Goff (1), 44 études présentant des caractéristiques scientifiques recevables, ont été analysées. En termes de prévention, l’efficacité des caméras est jugée « mitigée » et elle varie fortement selon les délits considérés. Les éléments importants sont les suivants, je cite : « La vidéosurveillance n’a qu’un faible impact dans les espaces étendus et complexes, comme les rues. Les caméras ne dissuadent pas les délinquants de passer à l’acte dans la mesure où le risque de se faire identifier et, a fortiori, de se faire interpeller, est jugé faible. [...] En revanche, toutes les études convergent pour reconnaître que la vidéosurveillance a une réelle efficacité dissuasive dans des espaces fermés comme les parkings ». De plus, si l’on étudie en termes de type de délits, cette méta-étude indique que « L’efficacité dissuasive de la vidéosurveillance est très variable selon le type de délits. On constate, dans certaines études de cas, une baisse souvent peu significative des atteintes aux biens (vols à l’étalage, cambriolages, vols à la roulotte). Par contre, il n’y a aucun impact sur les délits impulsifs (agressions sexuelles, bagarres, rixes, coups et blessures) qui sont mieux identifiés, parce que plus visibles… mais pas davantage dissuadés ». C'est dit !

L’argument relatif à l’aide à la résolution des enquêtes est également discutable. Ainsi, partant du constat que seuls 3 % des vols dans les rues de Londres ont été résolus grâce à la vidéosurveillance, le responsable en charge du bureau des images, identifications et détections visuelles de la Police de Londres déclarait dans une conférence internationale : « C’est un véritable fiasco. Cela ne signifie pas que l’outil soit inefficace, mais en l’état actuel de son mode d’exploitation, le bilan est dérisoire en matière judiciaire » (1). En France, en 2008, les forces de Gendarmerie estimaient que « chaque système de vidéosurveillance permettrait donc, en moyenne, d’élucider 12 faits par an, soit un par mois ». On est donc bien loin de l’efficacité évoquée lors de la réunion publique. Cet avis est partagé par M. Laurent Mucchielli, sociologue au CNRS, spécialiste de ces questions, qui indique « qu’enregistrer des images utilisables ensuite par les policiers ou les gendarmes dans leurs enquêtes a une efficacité réelle mais très limitée. La présence d’images utiles n’est avérée que dans 1 à 3% du total des enquêtes réalisées dans l’année » (2). Une conclusion similaire a été obtenue dans des études menées par des chercheurs britanniques. Je traduis ici leurs conclusions : « sur les 13 systèmes [de vidéosurveillance] analysés, six ont montré une réduction relativement importante des crimes [et délits] dans la zone protégée, en comparaison avec la zone « contrôle » [c’est à dire non vidéosurveillée], mais seulement deux [de ces réductions] étaient statistiquement significatives, et pour l’une des deux, cette significativité pourrait être liée à l’existence de co-variables explicatives autres » (3). Bref, dans un cas sur 13, une réduction significative réelle liée à la présence de caméra est observée...

On peut toujours arguer que les chiffres présentés dans les études scientifiques sont biaisés, les chercheurs étant pour certains de dangereux gauchistes inconscients des problèmes du monde réel ! Je me suis donc intéressé à d’autres documents traitant de l’efficacité de la vidéosurveillance et en particulier à un rapport de la Cour des Comptes de 2020 (4). Celui-ci est extrêmement critique sur l’efficacité de la vidéosurveillance. En s’appuyant sur les statistiques de la délinquance, le rapport réaffirme le fait « qu’au vu des constats locaux résultant de l’analyse de l’échantillon de la présente enquête, aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation ». Bref, cela ne sert à rien ou presque. On ne saurait être plus clair.

Rien de concret dans les études et rapports ne justifie donc l’installation de ces caméras. Je regrette aussi de dire que les arguments présentés lors de la réunion n’ont pas été plus convaincants. Un nombre de 100 crimes et délits commis en 2020 à Forges a été annoncé, mais les forces de l’ordre n’ont pas voulu - ou pas pu - détailler cette statistique. La perception est pourtant différente selon que l’on observe 60 crimes et 40 délits, ou 99 délits et 1 crime... De même, certains crimes ou délits auraient augmenté de 100 % en un an. Mais quels sont les chiffres ? Car si on passe de 1 à 2, la significativité de cette augmentation est nulle ! Et d’ailleurs, de quels crimes parle-t-on ? Mystère ! Tout au plus sait-on que les délits routiers sont exclus de ces chiffres. Ceci dit, si ces crimes et délits portent sur des violences dans le cercle familial, ou des violences dans les écoles, ce n’est pas - à l’évidence - l’installation des caméras qui va régler le problème ! Idem pour les dispositifs de cultures de chanvre installées chez des particuliers. Quant aux cambriolages, on nous a vendu le fait que cela permettra de repérer les véhicules impliqués. Les voitures peut être, les personnes, j’en doute fort ! Les délinquants utilisent en effet souvent des véhicules volés, ou des véhicules faussement plaqués sur le principe de la doublette. La fausse plaque est celle d’un véhicule de même marque, même modèle et même couleur mais circulant à l’autre bout de la France, le tout accompagné de faux papiers, ce qui permet d’échapper aux contrôles... La caméra, là aussi, ne servira à rien !

Quelle peut donc être la justification de l’installation de ces cameras. La réponse toute trouvée est l’in-sé-cu-ri-té. ! Cependant, comme je l’expliquais plus tôt l’insécurité n’est pas un fait, une réalité, mais un sentiment, une perception (5). Or, les quelques personnes que j’ai interrogées autour de moi, comme celles qui sont intervenues en réunion ont indiqué ne pas se sentir en insécurité à Forges, même si elles ont connu des cambriolages ou des vols de voiture ou d’accessoires automobiles. Mais qu’importe ce qui précède, les élus majoritaires, dans leurs fantasmes et idéologie, l’ont décidé : il y a aura des caméras de sécurité à Forges, et pas qu’un peu. On en ignorait le nombre ; on le connait maintenant puisqu’il avoisine une petite quarantaine. Le montant des dépenses est de l’ordre de grandeur annoncé, environ 155 000 euros, sur 3 ans, hors entretien des batteries. Cette somme est tout bonnement faramineuse en regard de l’inutilité de ces équipements, comme je pense l’avoir démontré. Dans le même temps, les subventions aux associations - y compris les plus utiles socialement - se sont réduites comme peau de chagrin... Idéologie disais-je. Ceci dit, dans tout cela, le plus lamentable a été l’absence de débat contradictoire. Or comme l’écrit M. Laurent Murchelli, précédemment cité, « dès qu’il n’y a plus vraiment de débat contradictoire, il n’est plus non plus besoin d’enquêter en profondeur pour bâtir analyse, explication et propositions. [...] Ce que résume la formule de Nicolas Sarkozy après 2002 : « à force de vouloir expliquer l’inexplicable, on finit par justifier l’injustifiable ». Le débat public ne s’en est toujours pas remis ». La démocratie, et la démocratie locale - pour autant qu’elle existe vraiment à Forges - non plus !

Références :

1. Tanguy Le Goff. Le faux et coûteux miracle de la vidéosurveillance. Après-Demain. Avril 2010.
Consultable en ligne :
https://www.cairn.info/revue-apres-demain-2010-4-page-28.htm
Citant :
Tanguy Le Goff, Vidéosurveillance et espaces publics - Etat des lieux des évaluations conduites en France et à l’étranger, Institut d’Aménagement et d’Urbanisme (IAU) d’Ile-de-France, Paris, octobre 2008.

2. Hervé Jouanneau. La vidéosurveillance est un gaspillage de l’argent public. La gazette des communes. Mars 2018.

3. Martin Gill, Angela Spriggs. Study 292 Assessing the impact of CCTV. Home Office Research. Development and Statistics Directorate. Fevrier 2005.
Consultable en ligne :
https://techfak.uni-bielefeld.de/~iluetkeb/2006/surveillance/paper/social_effect/CCTV_report.pdf

4. Les polices municipales. Cour des comptes. Rapport public thématique. Octobre 2020.
Consultable en ligne :*
https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/276784.pdf

5. Ante Electionibus. II. L’insécurité explose.
Consultable en ligne :*
https://dessaux.blogspot.com/2021/08/ante-electionibus-ii-linsecurite-explose.html


Crédit illustration :

http://ldh14.lxpa.free.fr/pdf/humour%20videosurveillance.pdf