jeudi 30 novembre 2023

DES GENS FORMIDABLES.
II . EMMANUEL MALEPART.

Un certain nombre de lecteurs du blog n’auraient sans doute pas su, sans la photo, qui est Emmanuel Malepart, plus connu de nombreux Forgeois comme « Manu ». Manu a été « prof » de guitare à l’Académie des musiques modernes (AMM). Son parcours comme musicien vient enfin de recevoir une reconnaissance très méritée.

Comme il faut toujours dire d’où l‘on parle, j’indique ici que cet article est un spécial copinage, même si je n’ai rien à vendre, et rien à gagner. Cela fait bien une quinzaine d’années que nous connaissons Manu et, sans être un ami proche, il est une de nos relations amicales

Avant d’expliquer ce qui motive ce billet, je précise que Manu et ses acolytes ont œuvré directement ou en toile de fond pour les maintenant défunts festivals de musique Forgeois, tels que Zik à Forges et Tremplin Les Bains, sans compter ses participations aux fêtes de la musique à Forges, du temps où celles-ci existaient dans notre commune. De plus, Manu a enseigné à l’AMM, comme je l’indiquais plus haut, pendant plusieurs années, et il a vu passer des dizaines de jeunes et de moins jeunes. Au-delà, lui et son groupe Manew, tourne depuis longtemps dans des festivals et salles de concert alentours, du Studio à Limours au festival Foud’rock, pour n’en citer que deux. Son parcours est assez atypique car la guitare n’était pas son choix premier. Après des études qui, je le cite, « n’étaient pas son truc », Manu devient dessinateur industriel. Mais la guitare et les hasards de la vie, et en l’occurrence l’écoute du morceau « Antisocial » du groupe « Trust », l’avait déjà entrainé sur la piste musicale, celle du « hard rock » s’il fallait apposer une étiquette sur son travail.

Des années plus tard, tout son brio transparait car, il faut maintenant l’écrire, Manu vient de remporter deux distinctions majeures, à savoir deux médailles d’or aux Olympiades de la Guitare qui se sont déroulées à Volos, en Grèce. Organisées sous le patronage de l’UNESCO, Manu et son groupe y représentaient la France. Une première médaille a récompensé le meilleur solo de guitare, celui qu’il interprète dans « Wind », morceau de son album sobrement intitulé « Manew ». La deuxième médaille est par ailleurs attribuée à son groupe, précédemment cité, pour la qualité de son œuvre. C’est à ma connaissance la première fois qu’un musicien remporte deux médailles d’or à ce prestigieux concours. Ces distinctions lui ont valu la reconnaissance de la presse spécialisée. Localement cependant, comme je pense qu’il n’y aura aucun papier dans notre Petit Forgeois, il m’a semblé juste de rédiger ce court billet de blog.

Cette participation aux Olympiades de la guitare, Manu et son groupe la doivent en grande partie à l’organisateur du « World Guitar Day », un événement qui a pour objectif de célébrer la guitare sous toutes ses formes. Il rassemble de très nombreux acteurs du monde de la musique, venant de plus de 110 pays. Depuis ses deux brillants succès au concours, Manu et Manew ont été contactés par l’organisateur de United Guitars, un projet au moins aussi prestigieux, qui vise à rassembler les guitaristes les plus reconnus au niveau mondial, lors d’un concert, puis sur un disque… On peut donc légitimement penser que sa carrière est sur une pente ascendante, et ce n’est que justice.

Un mot pour parler du musicien ou plutôt de la personne, car c’est cela qui justifie le titre de l’article. Manu est une de ces personnes formidables que l’on rencontre de temps en temps. Malgré sa virtuosité époustouflante, il n’a pas la grosse tête. Il est toujours plus que sympathique, probablement en raison de sa capacité d’analyse de son parcours, de ses coups de chances et de malchance, et de son activité musicale. Au-delà, la philosophie de l’existence en fait un individu très attachant et porteur de grandes qualités humaines, qui gagne à être connu. Nul doute que ces distinctions récentes vont aider à cette reconnaissance. C’est tout ce que je lui souhaite.


Références :

Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur Manew et son groupe, vous trouverez ci-dessous les références de son site, et des renvois vers des morceaux en ligne.

Le site :
http://www.manewmusic.com/

Wind et autres clips :
https://www.youtube.com/watch?v=1JTmJiCas9o
https://www.youtube.com/watch?v=Jzkyu1n-tmI


Les prestations aux festivités :
https://www.youtube.com/watch?v=940UFW_ijIQ
https://www.youtube.com/watch?v=n7nomQDqvK4
https://www.youtube.com/watch?v=_XO-cghjmBE
https://www.youtube.com/watch?v=1MgNFL7qDZA


Crédit illustration :

Site d’Emmanuel Malepart

mardi 28 novembre 2023

DES GENS FORMIDABLES
I. ROLAND FRANQUEMAGNE

 

Dans le western « le bon, la brute et le truand », le héros dit à son acolyte d’un jour : « dans la vie, il y a deux catégories d’individus : ceux qui ont un révolver chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses ! ». Cette superbe métaphore du monde capitaliste peut, à mon sens, être réécrite en disant : dans la vie, il y a deux catégories d’individus, ceux qui font attention aux autres, et ceux qui leur marchent dessus… Roland Franquemagne était de ceux qui faisait attention aux autres. Il est décédé début novembre. Comme il y a peu de chance qu’un article lui soit consacré dans le prochain Petit Forgeois, j’ai pensé que ce blog pouvait/devait parler de lui...

Pour de nombreux lecteurs, son nom n’évoquera sans doute rien de particulier. Raison de plus, donc, pour écrire cet article ! Si je vous dis qu’il avait œuvré dans notre commune pour que les plus fragiles puissent mener une existence décente, et que nous, élus de l’époque, l’avions aidé en cela, peut-être commencerez-vous à cerner le personnage. Trêve de cachotteries, Roland Franquemagne était le président de Monde en Marge, Monde en Marche (M et M). Cette association est celle qui a joliment réhabilité en logements d’aide aux démunis, les deux bâtiments Vitalis que la commune avait rachetés à leur propriétaire.

L’histoire de M et M a été contée par plusieurs intervenant lors des obsèques de Roland Franquemagne dans la basilique de Longpont sur Orge, siège de l’association. Je cite les propos tenus par d’autres qui décrivent bien l’histoire et la philosophie de l’association : « En 2003, un groupe de paroissiens découvre que des personnes dorment dans leurs voitures ou dans des cabanons insalubres. Ils prennent conscience du mal logement sur la ville. N’écoutant que leur humanisme, ils décident d’acheter un bien pour héberger un premier locataire. C’est ainsi que nait M et M […]. Les premières acquisitions se font avec un minimum de subvention et un maximum de dons. Les travaux sont réalisés en grande partie par eux-mêmes, et par des entreprises en compressant les coûts. Les talents de négociateur de Roland, avec parfois un peu de mauvaise foi, font le reste. Un logement décent est un droit pour tous. L’insertion par le logement démarre par un toit au-dessus de sa tête. Très tôt, l’association décide que chaque locataire sera accompagné par un bénévole et un professionnel. La famille M et M voit le jour, donnant du sens à l’engagement de chacun, témoignant de ton dévouement envers les plus petits […]. En 2011 on passe à 15 logements et une équipe toujours 100% bénévole, année où l’association obtient son agrément de Maitrise d’ouvrage d’insertion ; il permet de mieux subventionner nos opérations par l’état puis par le département et la région. En 2016, l’association compte 60 logements, 3 salariées, 35 bénévoles […].Très vite de nouveaux projets voient le jour à Forges les Bains, Gometz le Chatel, Ollainville, Cheptainville, Villiers sur Orge, la Ville du Bois, Vauhallan, Sainte Geneviève des bois ». Ainsi aujourd’hui, ce sont plus de 200 toits qui sont offerts aux personnes accueillies à M et M. Dans ce contexte, impossible de ne pas rappeler les propos tenus à Forges par certains, qui voyaient dans l’opération Vitalis, le fait que Forges se transformerait en « quartier » à l’image de la Grande Borne à Grigny, ou aux Tarterets à Corbeil… Sans nier que la population accueillie n’est pas toujours la plus exempte de problèmes (et pour cause), il me semble utile de rappeler que plusieurs gros dossiers de délinquance dans notre commune et environs ont concerné des jeunes issus, eux, de familles bien installées, très « blanc, bleu », que l’on aurait a priori classées comme sans histoires.

Pour revenir à M et M et à Roland Franquemagne, je ne peux également que citer d’autres propos tenus lors de ses obsèques, relatifs à la visite que M. le Préfet de l’Essonne avait faite à l’établissement de Longpont : « Je ne pense pas déformer [la pensée de M. le Préfet] en disant que M. Le Préfet, qui a passé un long moment à discuter avec tout le monde, a été impressionné par cette réalisation. Une belle réalisation aussi bien architecturale, que sociale et humaine. Un endroit qui offre aux « cabossés de la vie » un refuge, une famille, un foyer pour se remettre en marche ». Cette impression forte laissée sur le représentant de l’État s’est d’ailleurs traduite par une lettre adressée par ce dernier à l’association et à sa famille, mais dont je ne connais pas les termes. 

Effectivement, Roland Franquemagne, que je n’avais croisé qu’à quelques occasions, mais dont je connaissais l'action, était un homme bon. Son implication constante visant à « réduire les marges de la société » est sans aucun doute un modèle pour tous et je n’ai aucun doute sur la pérennité de l’œuvre qu’il a entreprise, qui est et sera poursuivie par d’autres personnes de qualité. Encore une fois, comment ne pas rappeler ici, très en creux, le refus de l’actuelle municipalité de contribuer par un simple prêt de salle à M et M au Noël de ces Forgeois les plus pauvres ? Pour reprendre de nouveau les termes entendus lors des obsèques, ce comportement de nos élus, est-ce « par méconnaissance, par peur de l’inconnu et de la différence » ? Ou est-ce, plus prosaïquement « par simple égoïsme » ? Ou plus grave, serait-ce un nouvel avatar du contexte actuel, et je cite ici les propos entendus aux obsèques, « où l’extrémisme, appuyé par les démagogues et les ****** de tous poils, semblent s’être donné rendez-vous pour détruire ce que des personnes comme Marif [sa femme] et Roland ont patiemment construit : la solidarité, l’humanisme, l’accueil de l’autre quels que soient sa nationalité, ses origines, sa religion, ses convictions, son niveau de vie »… Difficile à dire, mais quelle honte pour notre commune, surtout lorsque ce genre de refus est envoyée à la tête d’une personne comme Roland Franquemagne, qui a passé une grande partie de sa vie à « changer notre regard, par sa force de conviction, par sa persévérance, par son pragmatisme, par son habileté, son ironie, et par sa capacité aussi à appeler un chat un chat ».

Si vous souhaitez contribuer en cette période de collecte alimentaire aux activité de M et M, vous retrouverez toutes les informations utiles sur leur site, en référence.



Référence et crédit illustration :

Monde en marge, monde en marche.
https://www.metmmetm.fr/

vendredi 17 novembre 2023

Y A-T-IL UN RISQUE DE VOIR UNE ÉPIDÉMIE DE FIÈVRE HÉMORRAGIQUE EN EUROPE ?

J’ai discuté voilà peu avec un ami du risque de voir apparaitre une épidémie d’Ebola en France. Cette maladie fait visiblement peur. Dans un article de blog ancien (1), j’indiquais cependant en quoi il était peu probable de voir se développer une telle épidémie en Europe. Mais y a-t-il un risque de voir se propager d’autres maladies de type fièvres hémorragiques ?

Le terme fièvre hémorragique recouvre un ensemble de maladies diverses, la plupart étant d’origine virale. Cependant, au moins une bactérie est capable de déclencher chez l’homme une pathologie de type fièvre hémorragique. Il s’agit d’une entérobactérie très proche de la célèbre Escherichia coli, dénommée Shigella sonnei. Ces micro-organismes causent des shigelloses, caractérisées par des diarrhées sanglantes très contagieuses, et qui peuvent, dans les cas les plus graves, conduire au décès des patients atteints. L’institut Pasteur alerte sur son site (2) sur ces pathologies, d’autant plus redoutables que les souches responsables sont devenues assez fréquemment résistantes aux antibiotiques dits de première ligne (comprendre ceux prescrits de façon usuelle par votre médecin), et même à ceux de dernière génération. Elles restent en partie sensibles aux antibiotiques d’usage hospitalier, mais ceux-ci sont en général plus agressifs, devant d’ailleurs être administrés par voie intraveineuse. Le risque de voir des shigelloses hémorragiques se développer en France est limité, mais réel cependant, d’autant que la plupart des cas ont été observés « chez des voyageurs revenant d'Asie du Sud ou d'Asie du Sud-Est, ou au cours d’une épidémie survenue dans une école en 2017 », le cas initial revenant lui aussi d’un voyage en Asie du Sud-Est. Sont également concernés des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (2). L’antibiorésistance a cependant conduit l’OMS à émettre un bulletin d’information dès mars 2022. A noter : on estime que la contamination par seulement une centaine de bactéries peut conduire à une shigellose. Enfin, les quatre espèces de Shigella les plus fréquemment rencontrées causent au total le décès de 200 000 personnes dans le monde par an, dont 65 000 enfants de moins de 5 ans (3).

En ce qui concerne les fièvres hémorragiques d’origine virale, la plupart d’entre elles émergent en Afrique, mais pas uniquement. La fièvre Ebola semble liée à la consommation de viande de brousse, c’est-à-dire d’animaux eux-mêmes contaminés par le virus Ebola. La transmission se fait ensuite d’homme à homme, sur un mode non aérien, mais liée au contact direct ou indirect avec des fluides de patients (sang, urine, selles et sueur, directement ou sur des surfaces contaminées). Non soignée, la létalité de la fièvre Ebola avoisine 50 % en moyenne. Dans la même famille de virus qu’Ebola, les Filovirideae, on trouve le virus Marburg responsable de la maladie du même nom, la fièvre hémorragique Marburg, aussi appelée maladie du singe vert. La fièvre hémorragique Marburg présente de très forte similitude avec la fièvre Ebola : même type de transmission interhumaine, et même pronostic, en cas de soins limités. Le risque d’épidémie en France est quasi inexistant, en raison de l’absence du réservoir naturel, une chauve-souris, la roussette d’Afrique. Néanmoins, compte-tenu du changement climatique en cours, il ne peut être exclu que cet hôte « remonte » plus au nord. Ceci serait alors inquiétant, dans la mesure où il n’existe pas de vaccin ni de traitement antirétroviral approuvé pour la fièvre Marburg. Même si « des anticorps monoclonaux sont en cours de développement et des antirétroviraux, comme le Remdesivir et le Favipiravir qui ont été utilisés dans le cadre d’études cliniques portant sur la maladie à virus Ebola, pourraient également être testés pour la maladie à virus Marburg » (4). En ce qui concerne l’approche vaccinale, le vaccin Mvabea développé contre le virus Ebola a été « modifié pour produire quatre protéines à partir de l’espèce Ebolavirus Zaïre et trois autres virus du même groupe (filoviridae) » (4). Il est donc possible que ce vaccin puisse conférer une immunité partielle vis-à-vis du virus Marburg, mais ceci reste à vérifier lors d’essai cliniques.

Bien connue également, est la fièvre jaune. Tous les ans, environ 200 000 cas de fièvre jaune sont recensés dans le monde, conduisant à 30 000 décès. Cette maladie virale, causée par un virus différent des deux virus évoqués plus haut, se caractérise par des symptômes de type grippal, mais qui peuvent, dans les formes graves, évoluer vers des hémorragies digestives et l’apparition d’un ictère (une jaunisse) qui donne son nom à la maladie. Il n’existe à ce jour aucun traitement curatif de la maladie. La transmission se fait par piqure de moustique, dont ceux du genre Aedes en Afrique, particulièrement en zones urbaines. « Le moustique à l’origine des épidémies urbaines est Aedes aegypti. C’est aussi le vecteur de la dengue et du virus Zika, autres arboviroses en pleine extension à travers le monde » (5). Aujourd’hui, les cas de fièvre jaune en Europe sont uniquement liés à des retours des régions contaminées. Néanmoins, le réchauffement de la planète pourrait accélérer l’implantation de moustiques capables de transmettre ces maladies dans l’hémisphère nord, où l’expansion est déjà favorisée par les échanges commerciaux liés à la mondialisation (5). Dans ce sombre tableau, une bonne nouvelle : un vaccin existe et il est très efficace, conférant en une injection une immunité à vie, avec très eu d’effet secondaires. Tous les voyageurs qui se rendent dans certaines régions d’Afrique doivent d’ailleurs présenter une vaccination à jour. A ce stade, il est donc peu probable que la fièvre jaune constitue une menace sérieuse pour l’Europe, mais une surveillance reste nécessaire.

Dernier dossier, le plus inquiétant à vrai dire, celui de la fièvre hémorragique dite Crimée-Congo (FHCG). Cette maladie est provoquée par un virus de la famille des Bunyaviridaea, différent encore ce ceux évoqués plus haut, et transmis par des tiques. Il provoque des fièvres hémorragiques graves, dont le taux de létalité oscille entre 10 et 40%. En termes de traitement curatif, les options disponibles sont des traitements de soutien à visée générale. Un antiviral, la ribavirine, prescrite pour le traitement des hépatites B et C, a cependant été utilisée avec des bons résultats par voie orale ou intraveineuse (6). La vaccination n’est elle pas encore au point, en raison, en grande partie, de l’absence pendant de nombreuses années d’un système modèle animal permettant de développer ce vaccin. Plusieurs essais sont en cours, avec des vaccins conventionnels, ou à ADN ou à ARN, ces deux derniers semblant donner des résultats très prometteurs, avec une protection de 100% après deux injections (7). Le risque de voir apparaitre une épidémie de FHCG est résumé par la phrase : « la transmission se fait par des tiques, mais aussi par contact avec les fluides d’animaux d’élevage eux-mêmes contaminés ». Les tiques vectrices appartiennent au genre Hyalomma, présentes dans le Sud de la France depuis plusieurs années. Là aussi, en lien avec le changement climatique et les échanges commerciaux, ces tiques remontent au nord, certaines ayant maintenant été détectées aux Pays-Bas. Il est important de noter qu’à ce stade, aucun cas de FHCG n’a été détecté en France ni chez nos voisins et amis bataves, mais des cas l’ont été en Espagne et dans la régions des Balkans. En lien, l’ANSES appelle à une vigilance accrue en France (8).

Ce billet ne fait qu’un tour d’horizon rapide et limité des fièvres hémorragiques. Je n’ai ainsi pas cité nombre d’entre elles, telle la fièvre de Lassa, endémique en Afrique de l’Ouest et transmise par le rat, les fièvres d’Argentine, de Bolivie, du Brésil ou du Venezuela, transmises par d’autres rongeurs, etc. Toutes sont caractéristiques des régions tropicales ou équatoriales, mais on aurait tort de croire que seules ces régions sont affectées, comme on le voit avec la FHCC. On notera dans ce billet de blog, en filigrane, le rôle majeur que joue et continuera de jouer le changement climatique mais aussi la mondialisation des échanges dans l’émergence de ces pathologies dans des régions pour le moment épargnées. Il s’agit sans doute là d’un nouvel avatar des externalités négatives d’une économie qui depuis l’après-guerre privilégie la course au profit, sans réflexion sur ses impacts en termes sociaux sans doute, mais également environnementaux et sanitaires.


Références :

1. Il n’y aura probablement pas d’épidémie d’Ebola en France. Ce blog.
Consultable en ligne :
https://dessaux.blogspot.com/2021/08/il-ny-aura-probablement-pas-depidemie.html

2. Émergence en France d’une souche de Shigella sonnei hautement résistante aux antibiotiques. Communiqué de presse de l’Institut Pasteur. Janvier 2023.
Consultable en ligne :
https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/emergence-france-souche-shigella-sonnei-hautement-resistante-aux-antibiotiques

3. Les shigelloses. Institut Pasteur.
Consultable en ligne :
https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/shigellose

4. Maladie à virus Marburg. Centre des médias de l’OMS. Aout 2021.
Consultable en ligne :
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/marburg-virus-disease

5. La fièvre jaune. Institut Pasteur.
Consultable en ligne :
https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/fievre-jaune

6. Fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Dossier OMS. Juin 2022.
Consultable en ligne :
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/crimean-congo-haemorrhagic-fever

7. Un article de revue en anglais a été publié cet été :
Aykut Ozdarendeli. Crimean–Congo Hemorrhagic Fever Virus: Progress in Vaccine Development. Diagnostics (Basel). Aout 2023. doi: 10.3390/diagnostics13162708
Consultable en ligne :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10453274

8. Fièvre hémorragique de Crimée-Congo : une émergence en France est possible. Expertise ANSES. Juin 2023.
Consultable en ligne :
https://www.anses.fr/fr/content/fievre-hemorragique-crimee-congo-une-emergence-en-france-possible



Crédit illustration : 

Virus Ebola.
Photo de Cynthia Goldsmith
Licence Creative Commons



dimanche 5 novembre 2023

UNE MUNICIPALITÉ EN MODE « RIEN À CIRER »…

Ce qui est amusant à Forges depuis 3 ans, c’est que chaque fois que l’on pense avoir touché le fond, on s’aperçoit que l’on peut descendre encore un poil plus bas… Trois exemples pour illustrer mon propos !

Voilà quelques jours, une association devait passer en mairie récupérer une clef de salle pour une réunion. Manque de chance, ce jour la mairie était fermée et il était donc impossible d’obtenir la clef. Les responsables associatifs appellent donc l’élu d’astreinte pour se retrouver en mairie et récupérer la clef. Réponse de l’élu : « je ne suis pas habilité à vous donner la clef ». Ben si, justement, en tant qu’élu d’astreinte, on est habilité à tout faire sur la commune, et même à remplacer le maire avec délégation si nécessaire. J’ai personnellement été d’astreinte nombre de fois, et je sais que l‘on peut s’attendre à tout. Ceci va des questions administratives que l’on peut aimablement renvoyer sur la mairie aux heures d’ouverture aux routes qu’il faut aller nettoyer ou bloquer en cas d’accident, ou des internements d’office aux ouverture de bâtiments municipaux pour telle ou telle raison. Encore faut-il avoir envie d'agir, d'aider... Dans le cas que je narre ici, non, c’était sans doute trop demander un samedi à 10H00 du matin à un élu qui habite pourtant tout à côté de la mairie…

Deuxième « dossier », non lié, celui d’un couple de Forgeois se rendant en mairie pour se marier. Lors de la cérémonie, la maire se rend alors compte que le document que les mariés et leur témoins s’apprêtaient à signer était… déjà signé ! Incompréhension des mariés jusqu’à temps que Mme la maire leur explique qu’il y a eu une erreur et que le document concernant leur cérémonie, c’est-à-dire l’acte de mariage, document officiel s’il en est, avait été signé par les mariés de la cérémonie précédant la leur ! Sur un ton badin, la maire leur indique que ce n‘est pas grave et que le procureur a donné son accord pour leurs signatures. Il y a donc sur l’acte de mariage original de ce couple une dizaine de signatures : quatre des mariés et le reste des témoins… Je ne suis pas un spécialiste des questions d’Etat Civil, mais je suis à peu près sûr que tout ceci n’est pas du tout « dans les clous » ! En tout état de cause, je doute fortement de la validité de l’acte de mariage figurant au registre… Dès que l’erreur a été repérée, Madame la maire (dont on se demande pourquoi elle assure seule les mariages, soit dit en passant) aurait dû appeler les services du procureur, non pas pour demander l’autorisation de signer à quatre mains l’acte de mariage, mais pour demander l’annulation du document. Elle aurait ensuite du immédiatement faire réimprimer un acte de mariage vierge que les mariés et leur témoins auraient signé. Je ne comprends d’ailleurs pas que cela n’ait pas été fait : est-ce de l’incompétence ou de la légèreté, mystère ? Quoi qu’il en soit, je ne peux qu’inciter les mariés à vérifier auprès de personnes compétentes la validité de leur acte de mariage. Les conséquences d’une invalidité pourraient en effet être lourdes à terme.

Dernier exemple, concernant encore une fois le monde associatif. Une association envisage de demander une salle pour un évènement artistique intéressant de nombreux Forgeois. Elle contacte l’adjointe aux animations, une première fois. Pas de réponse. Elle relance l’élu une seconde fois, toujours pas de réponse. Rien de très surprenant : les lecteurs du blog savent que la non réponse est une habitude très ancrée dans cette équipe municipale, voire une de leurs rares politiques identifiables. Disposant du numéro de téléphone de l’élue, elle l’appelle pour savoir s’il est possible de disposer d’une salle pour cet événement. Précision importante, l’événement est organisé à coût zéro pour la commune : aucune subvention n’est demandée par l’association qui fait venir à ses frais des artistes professionnels reconnus. Réponse de l’élue sur le mode « déjà merci de ne pas m’appeler, ensuite, il y a un cadre de partenariat et vous pouvez louer la salle, et de toutes façons la salle sera fermée pendant toutes les vacances par souci d’économie » ! Je passe sur l’amabilité de la réponse pour revenir sur deux points. Tout d’abord, le cadre de partenariat. Il me semble utile de rappeler que celui-ci ne s’applique en aucun cas puisque personne ne l’a signé. Pas la peine de le ressortir à chaque message, il n’est pas opposable, et l’argument est donc bidon ! Ensuite, sur la fermeture des salles, il est dit sur le site de la mairie que les salles sont fermées seulement une semaine sur deux. On apprend dans cet échange que la fermeture est en réalité prévue pour la totalité des vacances d’hiver. Quant au souci d’économie, il est lui aussi plus que discutable. Chauffer une salle autour de 18°, pendant 3 heures, ne présente pas un gros investissement financier, désolé. Ce, d’autant que la base servant au calcul des impôts fonciers a beaucoup augmenté dans le département. Dès lors, même si le taux d’imposition communal est resté le même, le montant des recettes communales a sensiblement augmenté. On retrouve ce point dans le budget, l’autofinancement ayant donc largement bénéficié de cette augmentation. Je pense donc que l’argument d’économie cache en fait et surtout une volonté de ne pas faire, de ne pas bouger, et une certaine forme de « j'en ai rien à faire » ! Reste à comprendre la motivation de cette attitude, que je pense être double. Tout d’abord, nous avons affaire à une équipe municipale sans idée directrice majeur, et intellectuellement refermée sur elle-même. Tout ce qui ne vient pas de cette équipe lui est donc suspect. Deuxièmement, je pense que l’équipe actuelle n’a pas réalisé ce qu’implique un mandat municipal. Elle a été très critique des élus précédents mais maintenant qu’elle est aux affaires, elle est dépassée par l’ampleur de la tâche. Un élu a « planté » un syndicat intercommunal mis sous tutelle, plusieurs élus ne viennent plus aux conseils municipaux, et il se dit que le nombre de commissions est en chute libre… Or, défaire ce qui a été fait c’est assez facile, mais reconstruire c’est difficile ! Surtout lorsque l’on fonctionne comme on le voit au travers de ces nouveaux exemples, en mode « rien à cirer »…


Crédit illustration :

AOC, analyse opinion, critique. Juillet 2018.
https://aoc.media/analyse/2018/07/02/promesses-electorales-nengagent-ecoutent


vendredi 3 novembre 2023

DISPARITION DU SENS DE LA FÊTE DE LA CHÂTAIGNE


La fête de la châtaigne est une tradition forgeoise qui se poursuit depuis de nombreuses années. lancée à la fin des années 90 « à bas bruit », les élus du mandat municipal 2001-2008, et 2008-2014 l’avait lancée dans les grandes longueurs, au travers d’une large participation citoyenne. Cette tradition s’était poursuivie avec bonheur dans la mandature suivante. Force est de constater que les choses ont complétement changé depuis trois ans, avec une perte, de sens marqué.


Comme je l’écrivais en introduction, les fêtes de la châtaigne à Forges ont été rendues possibles par une large participation citoyenne, à partir des années 2000. En filigrane, il s’agissait d’utiliser la fête comme un moyen et non pas une fin, c’est-à-dire comme un moyen de mobiliser les Forgeois pour organiser un évènement à destination des Forgeois. La préparation était donc au moins aussi importante que la réalisation. Cette participation forgeoise s’est traduite par la confection de décors variés, de déguisements autour d’une thématique, de l’organisation de jeux, de la préparation de repas, par la participation d’associations pour la vente caritative de produits, et également par celle de la caisse des écoles, chargée de la vente de crêpes ou gaufres… J’ajoute la mise en place et le service au salon de thé, autour de desserts « castagnères » réalisés par les habitants et habitantes de la commune. Également, les Forgeois étaient invités, très à l’avance, à récolter les châtaignes alentour, et à les apporter à la fête pour les faire griller, les années où la météo était favorable au projet. L’ensemble des bénéfices réalisés retournaient à la commune, au bénéfice direct ou indirect, des habitants.

Cette organisation de fête s’est poursuivie lors du mandat suivant, entre 2014 et 2020, à l’exception de la période « covidesque ». Point important : elle en a maintenu la philosophie, mêlant activité familiale, bonne humeur, et participation citoyenne. Pour servir les plus de 150 repas, les centaines de visiteurs du salon de thé et de crêpes dévorées, ce sont au moins une cinquantaine d’élus et de bénévoles qui se relayaient, le tout sous la baguette efficace du chef d’orchestre qu’était l’adjoint aux animations.

Depuis 2020, tout a changé ! Même s’il vient du monde à cette fête (et tant mieux car il y a un espoir d’en voir changer le profil), fini les thématiques et les déguisements, jugés ringards, voire beaufs par l’actuelle équipe municipale. Fini la collecte des châtaignes par les Forgeois, fini les repas préparés et servis sur place par des Forgeois, fini le salon de thé, trop compliqué, parait-il, à mettre en place, surtout lorsque l’on a un poil dans la main… Fini aussi les crêpes au profit de la caisse des écoles, puisque tout est fait à Forges pour fermer ladite caisse. Enfin, fini la participation des associations que l’on s’ingénie à cacher au public, comme cela s’est produit voilà quelques jours encore, avec le Carrefour des Solidarités. Il a fallu que la responsable aille dire aux élus forgeois leurs quatre vérités sur le mode « à Forges, vous n’aimez vraiment pas les association », pour obtenir un semblant d’amélioration… Et surtout, fini la participation citoyenne et les retours vers la collectivité. Dans l’optique municipale actuelle, le forgeois est vu non pas comme un acteur mais comme une unité de consommation, qu’importe le produit, et qu’importe l’impact environnemental. Comment s’étonner dès lors, de voir, à la fête de la Châtaigne (sic), un jeu type pêche aux canards à 3 ou 4 euros permettant de gagner des petits jouets en plastique venus de Chine ? Dans la même veine, quid de l’installation à cette fête de commerçants non-résidents sur la commune, pratiquant pour certains des prix prohibitifs ? On a ainsi vu cette année des gaufres à 6,00 euros pièce ; certains s’en sont offusqué à juste titre. Bref, une perte de sens total. En lien, il me revient en mémoire les propos de Mme le maire, lors d’une réunion pas si ancienne avec les associations forgeoises, où, questionnée sur sa philosophie vis-à-vis du monde associatif, elle avait balayé énervée, d’un geste de la main, le mot philosophie, trop compliqué… Cela en dit très long sur la perte de sens que j’évoquais plus haut, sans aucun doute liée à une absence totale de vision, et en amont de réflexion politique, que je dénonce assez régulièrement sur ce blog. 

 

Note ajoutée le 03/11 :

Un des lecteurs du blog, ancien élu forgeois, apporte des informations importantes au sujet de la fête de la Châtaigne, que je publie donc ici dans un souci de précision :

...« dés sa création, l'idée majeure a toujours été d'une large participation citoyenne [] même si elle fut forcément modeste au démarrage ; la première édition prévue en octobre 1996 a dû être repoussée à l’année suivante en raison des décès de 2 élus en juin (Philippe Moreau) puis septembre (Patrick Assal) de cette année-là. C’est pour cette première fête d’octobre 1997 que nous avions fait réaliser la poêle géante par M. Daumas, ferronnier à Forges. Ensuite la fête n’a fait que croitre en animations chaque année et en durée puisque nous commencions dès le samedi soir par une soirée avec repas et danses et le dimanche nous commencions dès le matin avec le troc-plante et chaque année un nouveau thème venait alimenter les animations sans oublier, comme tu le signales, les stands récurrents : salon de thé, crêpe à la farine de châtaigne, châtaignes grillées (« Show Marrons ») avec les châtaignes ramassées dans les jardins forgeois… Nous étions même allés [] participer à une fête de la Châtaigne dans le Cantal afin d’y rechercher des idées pour la nôtre et l’étoffer ; nous étions donc loin du « bas bruit » !!!  Le summum fût atteint en 2006 (2ème mandat de Christian Crouzel) avec le 10ème anniversaire qui fut une fête remarquable et très remarquée, grâce, en particulier, au dynamisme de l’adjoint à l’animation culturelle de l’époque []. »

 

Crédit illustration :

Fête de la Châtaigne 2010.

Blogazette des Ulis :
http://jmsattoblogazettedesulis.blogspot.com/2010/10/la-fete-de-la-chataigne-forges-les.html