jeudi 30 juin 2022

LA BIBLE ET LE COLT (2)



Dans un article précédent, daté d'il y a bientôt deux ans, et intitulé comme celui-ci « la Bible et le colt », j'expliquais de façon succincte comment la nomination d'un juge hyper-conservateur à la Cour Suprême américaine risquait d'avoir des conséquences majeures sur la vie démocratique de ce pays. J'y mentionnais, entre autres, le risque d'un possible coup d'État juridique qu'aurait pu tenter le président de l'époque, M. Donald Trump, sans penser, à ce moment-là, que ce dernier envisagerait quelques mois plus tard de renverser par la force le gouvernement légalement élu.

Toujours dans cet article, je m'inquiétais en filigrane des conséquences que pouvait avoir l'élection de Mme. Amy Coney Barrett, la juge en question, sur le droit environnemental et le droit des minorités. J'avais oublié de mentionner le droit d'avorter, objet des nouvelles dispositions juridiques de la Cour Suprême américaine visant, sans l'expliciter, à son interdiction dans les Etats les plus conservateurs de la Bible Belt. Ceux-ci se situent essentiellement au centre et au sud des Etats-Unis.

Le plus surprenant dans cette décision, au-delà de l'interdiction de l'avortement qu'elle va permettre dans plus de la moitié des états américains, c'est le fait qu'elle a été rendue au motif que la constitution américaine ne mentionne pas ce droit comme un droit fondamental. Or la constitution, aux États-Unis, est souvent perçue comme un texte « sacré » qu'il est quasiment impossible de remettre en question. C'est ainsi, au nom de cette constitution, que la liberté de port d'armes a pu déraper vers la possibilité offerte à tout citoyen américain de détenir une ou plusieurs armes à feu, armes dont certaines ne sont rien d'autre que des armes de guerre. On en voit les conséquences au travers des massacres qui se sont multipliés assez régulièrement dans ce pays. Le ratio d'homicides pour 100 000 habitants est grosso modo 5 à 6 fois plus élevé aux USA qu'il ne l'est dans les pays de l'UE. Cette fascination pour « le colt » est sans aucun doute culturelle mais dire cela relève plus du constat que de l'explicatif. Je me rappelle ainsi une soirée caritative à laquelle j'avais été invité lors de mon séjour de deux ans aux États-Unis. J'avais été placé à table à côté de l'officier de police (une femme charmante) qui assurait la sécurité de l'événement de façon discrète, car des oeuvres d'art coûteuses étaient proposées lors de cette vente aux enchères. Quand elle m'avait dit qu'elle était l'officier de police de service, je lui avais demandé si elle pouvait me montrer « sa plaque », car je n'en avais jamais vu de près. Elle avait été très surprise car, m'a-t-elle dit, n'importe quel américain aurait demandé à voir son arme ! On avait alors brièvement échangé autour de ce thème, et déjà, à l'époque (c'est-à-dire 35 ans plus tôt), cette policière s'inquiétait de la place qu'occupaient les armes à feu dans les foyers américains. Personnellement, je n'ai eu à utiliser ces instruments que lors de mon séjour sous les drapeaux, et je me suis promis de ne plus jamais y toucher une fois libéré. J'ai jusqu'à présent tenu mon engagement, sans difficultés il est vrai, tant mon aversion pour ces objets de mort est forte. Pour revenir à cette fascination américaine, je suis intimement persuadé qu'elle est liée à la conquête de l'Ouest, épisode ou la progression des colons blancs - essentiellement anglo-saxons - vers l'Ouest américain au détriment des populations autochtones, a largement « bénéficié » l'usage de ces armes à feu. À mon sens, les États-Unis se sont construits par le colt, instrument de puissance, et ceci explique peut-être cela.

Pour revenir à la justification présentée par la cour suprême, en regard de sa décision sur l'avortement, il me semble que la présentation constitutionnaliste qu'elle en fait n'est que l'arbre qui cache la forêt. Les motivations réelles de cette décision sont en  réalité à rechercher dans le fait religieux et dans la place grandissante que prennent les mouvements chrétiens que l'on peut qualifier pour certains de quasi extrémistes, aux Etats-Unis. N'oublions jamais que le fait religieux dans ce pays majoritairement protestant, est extrêmement vivace, en particulier dans la « Bible Belt » que je mentionnais plus haut. Aux manettes, on trouve les évangélistes blancs, qui constituent un des groupes sociologiques les plus puissants et mobilisés des Etats-Unis. Ce groupe prend depuis des années des positions en faveur de la peine de mort, pour le retour de la prière dans les écoles publiques, contre le droit à l’avortement et l'égalité homme-femme, et contre les droits des minorités noires, hispaniques, LGBT, etc. Il s'agit donc, quelque part, d'un mouvement que l'on pourrait qualifier de suprémaciste blanc. Ce mouvement est bien sûr intimement lié au dernier mandat de M. Donald Trump qui ne doit son élection qu'au soutien indéfectible de ce groupe socio-religieux. Plus de 80 % des chrétiens évangélistes ont ainsi voté pour l'ancien président américain en 2016. Il serait néanmoins faux de croire que cette quasi-fusion au parti des Républicains ne date que de la précédente mandature présidentielle américaine. Elle avait déjà commencé sous le mandat de M. Georges W. Bush en 1988, et dans une moindre mesure dès les années 70, après que des écoles confessionnelles évangéliques aient été financièrement pénalisées pour avoir refusé des élèves noirs. Nous sommes donc en présence, en vérité, d'une politique de long terme visant à noyauter la Cour Suprême, la plus haute juridiction américaine. Cette dernière a en effet un pouvoir extrêmement important puisqu'elle est en capacité d'annuler des décrets présidentiels.

Cette récente décision de la Cour Suprême, en regard du droit à l'avortement, est particulièrement inquiétante. Je ne reviens pas ici sur les conséquences que cette décision aura sur nombre de femmes américaines, et particulièrement sur les femmes les plus pauvres, qui dans la moitié des états n'auront d'autres possibilités pour avorter que se déplacer à des centaines, voire à des milliers de kilomètres, ou de recourir à des techniques abortives d'un autre âge, avec tous les risques que cela comporte pour la femme enceinte. Se voulant défenseurs de la vie, les évangélistes ne risquent finalement que de devenir les promoteurs zélés d'une oeuvre de mort...

La gravité de la décision de la cour suprême présente plusieurs facettes. Elle promeut, de fait, une inégalité entre familles pauvres et familles riches dans un pays déjà miné par ces inégalités. Les « riches » seront en effet toujours en capacité de parcourir la distance nécessaire pour atteindre un état dans lequel l'avortement reste légal. Plus grave à mon sens, bien que moins visible, elle entérine la division des Etats-Unis en deux camps, de plus en plus irréconciliables, représentés d'un côté par les états démocrates de la côte est et de la côte ouest, plus quelques états du centre tel le Michigan ou l'Illinois, et les états républicains du Midwest, de la « rust belt » et de la « Bible belt », c'est-à-dire, grosso modo tous les états du centre et du sud du pays. A mon sens, les États-Unis le sont de moins en moins, et cela pourrait possiblement signer l'amorce d'un déclin national. C'est en tous cas un déclin démocratique, les Etats-Unis pouvant presque être comparés à une théocratie, à l'instar de ce qui se passe en Iran, en Israël, ou dans les pays d'obédience musulmane appliquant la charia. Enfin, comme plusieurs analystes l'ont signalé, la remise en cause du droit à l'avortement pourrait être le prélude à d'autres remises en cause de droits, ou à des retours en arrière. Dopés par la récente décision de la cour suprême, les représentants républicains proches des chrétiens évangélistes ont d'ores et déjà réclamé dans certains états le retour de la prière à l'école publique, des lois contre la pratique de la sodomie, des restrictions à la contraception, l'annulation de la possibilité de marier des couples homosexuels, voire même l'interdiction de mariage entre individus de couleur de peau différente. Signalons aussi que la Cour Suprême vient de rendre une décision aux conséquences environnementales potentiellement catastrophiques en interdisant à l'agence pour la protection de l'environnement (EPA) d'édicter des règles générales pour réguler les émissions des centrales à charbon... Peut-être aurais-je dû intituler cet article la Bible, le colt et le CO2 !

Je voudrais conclure ce billet en précisant que des mouvements réactionnaires assez semblables à ceux des chrétiens évangélistes américains existent en France. Ceux-ci se situent globalement à l'extrême droite de l'échelle politique. On en retrouve les partisans assez régulièrement au sein du Rassemblement National, du parti Reconquête, et dans une moindre mesure chez les Républicains. La France étant un pays où le catholicisme est plus présent que le protestantisme, on retrouve également les tenants de cet hyper-conservatisme au sein de mouvements catholiques tels l'Opus Dei, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (les Lefebvristes), la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, de Chrétien-Solidarité (très lié au RN) ou de Civitas. Si ces mouvements sont encore relativement confidentiels, ils n'en restent pas moins potentiellement violents et dangereux. Pas seulement en raison de la violence physique qui peut être exercée par leurs membres, mais parce qu'à l'instar des intégristes musulmans, ils souhaitent le retour en force du religieux dans le champ politique. Et ils arrivent parfois à mobiliser, non pas des millions de personnes, mais des dizaines de milliers comme cela a été le cas de la « manif pour tous ». Rappelons que ce collectif est formé d'associations presque toutes religieuses, principalement liées au catholicisme, et qu'il est fortement soutenu par la droite dure et l'extrême droite. Il ne faudrait donc surtout pas croire qu'une remise en cause du droit à l'avortement est, en France, inenvisageable. Aujourd'hui peut-être, mais demain...


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jeudi 23 juin 2022

FRANCHIR LE RUBICON ?



Franchir le Rubicon ? C'est la question que se posait Jules César, lors de son conflit avec Pompée le Grand et le Sénat romain qui ne souhaitait pas prolonger le mandat du Consul. Pour asseoir sa position, César revenant de Cisalpie (l'actuelle région de Trieste), marche alors sur Rome, et il franchit un petit fleuve côtier, le Rubicon, qui marquait à l'époque la frontière entre la Cisalpie et le coeur de la République romaine. Des exégètes de l'époque lui attribuent la célèbre phrase « Alea jacta est » (le sort en est jeté), signifiant qu'une décision irrévocable et lourde de conséquence était prise.

Et plus près de nous, peut être bien que le pouvoir actuel est en train de franchir un autre Rubicon... Je parle ici des propos tenus par des personnalités de la Macronie, confrontées à l'échec électoral du parti présidentiel associé au Modem et au parti de l'ancien premier ministre, M. Edouard Philippe. Faute de disposer d'une majorité absolue, « Ensemble » va devoir rechercher des appuis de droite et de gauche, et, en l'espèce, plutôt de droite, voire de droite extrême...

Exagération, direz-vous. Mais non ! Voici par exemple les paroles de Mme Cécile Calvez, députée Ensemble des Hauts-de-Seine qui affirme « quand on a besoin d’avoir une majorité, et si c’est bon pour les Français, en fait, on va aller chercher ces voix-là ۛ», entendez les voix du RN. Problème : elle n'est pas la seule à penser que finalement, comme le disait l'inénarrable Jean Yanne, jouant un collaborateur français dans Papy fait de la résistance : « il vaut mieux s'entendre avec les Allemands,; ils sont peut être là pour longtemps »... Le Ministre de la justice, M. Eric Dupont Moretti, lui aussi n'exclut pas la possibilité « d'avancer ensemble » avec le RN à l'Assemblée Nationale. Sans être trop cruel, il me semble opportun de rappeler que ce dernier plaidait, quelques années en arrière, pour l'interdiction du parti de Mme Marine Le Pen. Je pourrais aussi citer Mme Barbara Pompili, ex-ministre de la transition écologique, prête aussi à discuter avec le RN, même si elle précise qu'elle continuera « toujours à combattre leurs idées » tout en affirmant « Maintenant, sur un certain nombre de sujets [...] on ne peut pas se permettre de se refermer. On doit pouvoir discuter avec tout le monde ».

Il est vrai pour être tout à fait complet que d'autres, à droite, seraient prêts à discuter avec le RN. Un point de vue intéressant a été celui de M. Eric Woerth, transfuge Ensemble en provenance des Républicains, et ainsi président de la commission des finances. Il s'inquiétait de la possible direction de cette puissante instance par un membre de LFI au motif que « Les Insoumis ont visiblement en tête de faire du contrôle fiscal. Ce que je n'ai pas entendu au Rassemblement national ». Bref, alors que cette commission a tout pouvoir pour mener des enquêtes autour de l'évasion fiscale, qui représente quelques 80 milliards d'euros par an, il semble clair qu'à Ensemble, on a préféré et on préférerait ne pas trop embêter les tricheurs, et continuer à taxer le citoyen lambda. Au moins, c'est clair !

Pour rester aussi objectif que possible, tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde à Ensemble et heureusement. Ainsi, M. Xavier Iacovelli, sénateur LREM des Hauts de Seine, et transfuge du PS (ceci expliquant peut être cela) affirme haut et fort « Que les 89 députés [Note du rédacteur : députés RN] souhaitent voter des textes qui viennent du gouvernement ou de la majorité pourquoi pas, ils font ce qu’ils veulent. Mais pour moi, il est hors de question d’avoir une compromission avec le RN ». Il ajoute « Qu’on aille négocier avec le RN, pour moi, c’est la ligne rouge ».

Mais, pourriez vous dire, quel problème y a t il à négocier avec le RN ? Pour moi, c'est tout simplement une tromperie inqualifiable. Je pense ainsi à tous les électeurs de centre-gauche, voire de gauche, qui au second tour des présidentielle, et éventuellement au second tour des législatives, ont voté - sans doute à reculons - pour M. Emmanuel Macron et/ou pour le candidat Ensemble. Ce sont ces gens là qui ont faire élire l'actuel président, et nombre de députés Ensemble leur doivent leur siège à l'Assemblé Nationale, tout cela dans une démarche dite de barrage républicain. Que constatent-t-ils ? Que finalement, le barrage... Ensemble n'en n'a plus grand chose à faire après les élections. Il faudra que tous s'en souviennent lors des élections à venir. En incidente, cette position de la Macronie me conforte dans mon choix de ne pas voter au second tour de l'élection présidentielle. Au moins, ne fais-je pas partie des gens roulés dans la farine par l'actuel président ! En attendant, je suis sur la même ligne que M. Fabien Roussel qui conclut « Les masques tombent. Les digues sautent. Les barrages s'écroulent » et je crains fort que M. Olivier Faure, le « patron du PS » ait raison quand il écrit « Quand la boussole indique l’extrême-droite, le naufrage n’est plus qu’à quelques mètres »… De fait !


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Anniversari non tondi - Accadde 2068 anni fa: Cesare passò il Rubicone e cambiò la storia del mondo. Linkiesta.

samedi 18 juin 2022

DEUX DISPARITIONS À FORGES-LES-BAINS


En toute discrétion ou presque, deux éléments de la vie communale ont disparu ou vont disparaître. Le premier est l'éclairage public, le second la caisse des écoles. Le problème ne réside pas dans ces disparitions en elles-mêmes, mais tout ce qui les entoure et qui en dit assez long sur les pratiques et la mentalité municipales...

L'éclairage public est indéniablement un poste de dépense pour la commune. Dans une optique d'économie d'énergie, ainsi que de préservation de l'environnement nocturne, la précédente mandature avait choisi de pratiquer l'extinction des feux de minuit à 5 heures du matin. Je n'ai plus exactement le chiffre des économie réalisées en tête, de l'ordre de plusieurs milliers d'euros par an, mais me rappelle que nous étions quelque peu novateurs dans le territoire, Forges obtenant ainsi son label « village étoilé ». Depuis plusieurs semaines, l'actuelle municipalité a décidé d'éteindre l'éclairage à partir de 22h00. Là où le bas blesse, c'est dans la comparaison des modes opératoires qui ont conduit à ces changements. Après que l'ancienne municipalité ait annoncé ce projet dans son journal local, elle avait organisé au moins deux réunions publiques avec les habitants, en présence également de membres de la brigade de gendarmerie de Limours, une inquiétude se faisant jour (je sais, le jeu de mots est facile) en matière de sécurité ! Nous avions également rediscuté du ressenti après la mise en place de l'extinction, lors de réunions de quartier, pour constater que les inquiétudes s'étaient sinon globalement dissipées, en tous cas amoindries. Et de fait, un après la mise en place du dispositif, plus personne ou presque n'en parlait. Dans le cas de la prolongation de l'extinction, l'actuelle mandature a bien informé les habitants de son projet, indiquant qu'une enquête publique serait menée. Les motifs invoqués sont là aussi les économies d'énergie, ce que je peux entendre. Cependant, problème : où est cette enquête ? Personnellement, je n'ai rien vu passer ! Certes, je fais partie des dinosaures qui n'ont pas d'accès à Facebook ou autres Instagram, Twitter, etc. et je n'ai pas accès à l'application de la commune qui ne semble pas fonctionner sur mon vieux téléphone. Je ne reçois les infos communales que via la lettre électronique et le journal. Je me suis donc dit que j'avais loupé l'enquête. Ben non ! Que nenni ! Les plus jeunes et/ou plus branchés que moi m'ont eux aussi indiqué qu'ils n'avaient pas vu d'enquête. Des spectateurs présents au conseil m'ont d'ailleurs précisé que la question a été posée en conseil municipal, sans obtenir de réponse. Bref, pour parler franchement, sur ce dossier la municipalité n'a pas tenu parole et a décidé... seule.

Deuxième dossier : la caisse des écoles. Avant de rentrer dans le vif du sujet, un point pour préciser qu'il ne faut pas confondre la caisse des écoles et la coopérative scolaire. La caisse des écoles est un établissement public communal, créé en 1867, dont l'objectif était à l'origine de favoriser la fréquentation scolaire. Elle dispose d'un budget propre, indépendant de celui de la commune, même si l'origine des fonds est, à Forges comme ailleurs, très majoritairement communale. Cependant, ce budget est également abondé par des dons individuels. La caisse est placée sous le contrôle d'un conseil d'administration (CA) qui est un comité présidé par le ou la maire, et où siègent de droit un membre désigné par le préfet, l’inspecteur de l’éducation nationale chargé de la circonscription ou son représentant, deux conseillers municipaux désignés par le conseil municipal, et des membres élus par les sociétaires, essentiellement les donateurs, c'est à dire des Forgeois, le plus souvent parents d'élèves, mais pas obligatoirement. Des institutrices et instituteurs ou directeurs et directrices d'établissement y participent également. D'une façon générale, la caisse des écoles intervient en faveur des enfants dans divers domaines de la vie scolaire (social, culturel et éducatif). Elle permet de financer les besoins des écoles en termes de matériels scolaires (ex. livres et manuels, fournitures diverses y compris pour travaux manuels, abonnements pédagogiques, linge pour les maternelles...) et de ne pas faire peser ces dépenses sur les familles. La caisse peut aussi contribuer au financement des sorties scolaires, par exemple via la réservation de bus pour le transport.

Il se trouve que lors de la dernière réunion d'administration, la municipalité a annoncé la dissolution de la caisse des écoles. Le motif invoqué, à Forges comme dans certaines autres communes, est la rationalisation des budgets, sur incitation du Trésor Public qui gère les comptes des communes et établissements communaux ou intercommunaux. C'est possible, je n'ai pas moyen de confirmer ou infirmer. Néanmoins, cette décision aura deux conséquences majeures. La première est qu'il n'y aura donc plus de budget de caisse propre, le budget affecté aux activités de la caisse « retombant » dans le budget municipal. Or pour un citoyen lambda, accéder et lire le budget municipal demande un minimum d'entraînement... Il sera donc très difficile de savoir si ce budget est en hausse, en baisse, ou stable. Deuxième conséquence : alors que les achats, les activités à soutenir, les aides à apporter étaient examinés et priorisés en CA, ces décisions seront alors du seul ressort de la municipalité qui les décidera au mieux en commission scolaire, commission de laquelle les donateurs non élus sont exclus. Or, dans le passé, certains généreux donateurs ont versé plusieurs milliers d'euros à la caisse, et il me semble qu'ils ont dès lors le droit de discuter de l'affectation de leur don. Sans CA, ce ne sera pas possible. La municipalité pourra décider seule, comme pour l'éclairage public, dans l'entre-soi dans lequel elle se complet... A noter, la caisse ne disparaîtra pas demain, mais dans quelques années : il faut en effet qu'aucun budget (aucune recette et aucune dépense) ne soit établi pendant 3 ans avant qu'une telle décision puisse être prise. Ce qui signifie que les recettes générées par l'activité des bénévoles (vente de muguet, de crêpes ou de gâteaux) ne seront plus désormais affectées à la caisse des écoles mais au budget communal et « fondues » dans ce budget, donc utilisables pour n'importe quoi, achat de caméra de sécurité par exemple ! Il reste donc deux ans aux parents d'élèves et aux donateurs pour se mobiliser s'ils le souhaitent.

On pourra bien sur me répondre que la commission scolaire où seraient évoquées ces questions pourrait être ouverte. Malheureusement, la municipalité ne pratique pas trop l'ouverture. Une première commission ouverte n'a ainsi jamais conduit à la production d'un compte-rendu (depuis plus d'un an !), et ses décisions restent pour certaines lettre morte. Une autre commission, dite ouverte, a été réservée voila peu à seulement deux très proches de l'actuelle municipalité, dont un membre de la famille d'un élu. Belle diversité ! En fait, dans notre commune, tout se passe comme si la municipalité décidait seule, sans la concertation qu'elle avait pourtant promise dans les grandes longueurs lors de la campagne électorale. Pense-t-on donc, en haut lieu, avoir « la science infuse » ? Méprise-t-on le citoyen pour le tenir ainsi à distance ? Ou aurait-on peur de lui, comme de tout ce qui est « autre », novateur ou débatable ? J'écrivais plus haut « entre-soi ». J'y reviendrai dans un autre article. En attendant, c'est aujourd'hui le meilleur terme que je puisse trouver pour définir ce qui se passe sur notre commune.   


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Super SJV on Deviant Art
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mardi 14 juin 2022

LÉGISLATIVES 2022 :
UN ENTRE DEUX TOURS TENDU !


Le premier tour des élections législatives de 2022 a eu lieu hier dimanche 12 juin. Il confirme globalement les évolutions politiques déjà perçues lors de l'élection présidentielle. Tout cela annonce d'ailleurs un second tour indécis, et un entre deux tours tendu !

Le vainqueur de l'élection, si l'on peut utiliser ce terme, reste l'abstention largement majoritaire, puisque dépassant hier légèrement 52 %. De toute l'histoire de la Ve République, ce taux d'abstention est le plus élevé pour un premier tour des législatives, et il n'est seulement dépassé par le taux d'abstention du second tour des législatives de 2017, qui culminait à plus de 57 %. Dans un article précédent, j'avais brièvement discuté de certaines des raisons qui pouvaient expliciter ces chiffres. J'ajoute que nombre d'analystes politiques se rejoignent sur le constat que cette abstention est surtout le fait des catégories socioprofessionnelles défavorisées et des tranches les plus jeunes de la population en âge de voter.

Au-delà de cette observation, et même s'il ne faut pas comparer élections présidentielles et législatives, il me semble que cette élection conforte et amplifie les tendances qui se sont fait jour lors de l'élection présidentielle. À mon sens, de droite à gauche, les faits saillants sont les suivants :

1. La disparition de « Reconquête », le parti de M. Éric Zemmour, dont aucun des candidats ne sera présent second tour. Lui-même a été éliminé directement, et, je ne m'en cache pas, cette situation me réjouit !

2. La confirmation de la « poussée » du Rassemblement National, qui qualifie ces candidats au second tour dans quelques 208 circonscriptions. Dans la moitié des cas environ, ces candidats sont d'ailleurs arrivés en tête au premier tour. Les régions qui ont porté le vote d'extrême-droite sont les fiefs habituels du Rassemblement, à savoir la partie sud de la région PACA, une partie du Languedoc-Roussillon, et grosso-modo le quart nord-est de la France.

3. L'affaiblissement des Républicains, dont les candidats ne seront présents au second tour que dans un peu plus de 90 circonscriptions, et où ils ne sont arrivés en tête que dans la moitié d'entre elles. Ces circonscriptions sont celles ce parti était déjà fortement implanté.

4. Un affaiblissement de la République en Marche, prise dans son alliance « Ensemble », qui pourra néanmoins maintenir ses candidats dans 417 circonscriptions (sur 577), et dont la moitié est arrivée en tête du premier tour. Le parti présidentiel perd ainsi une centaine de circonscriptions par rapport à ses résultats de 2017. Les régions qui ont le plus soutenu Ensemble sont la façade atlantique, et les quartiers favorisés des grandes villes et de leur périphérie.

5. Une poussée le la NUPES, dont les candidats seront présents dans 380 circonscriptions, la moitié d'entre eux étant arrivés en tête dans ces zones. Par rapport à 2017, en agrégeant les résultats des partis constituant cette alliance, le gain en nombre de candidats qualifiés pour le second tour est de l'ordre de 230. Les zones qui ont le plus voté pour la NUPES sont les traditionnelles « terres de gauche » : le Limousin, les Cévennes, et plus généralement le Massif central, ainsi qu'une partie de l'Occitanie, et une grande partie de Paris de la petite et de la grande couronnes.

En Essonne, on peut d'ailleurs noter la forte progression du vote pour l'alliance des gauches, puisque toutes circonscriptions confondues, la NUPES arrive en tête dans le département avec 32,5% des suffrages suivie de Ensemble, 27,4%, le RN, 13,7% et les Républicains 7,8%. Le candidat de la NUPES est arrivé en tête dans 8 des 10 circonscriptions du département. Les deux exceptions sont la VIIIe, où M. Dupont-Aignan, le régional de l'étape est premier devant le candidat de l'Alliance des gauches, et la IVe, celle de Forges, Limours, Briis, etc., où la sortante, Mme. Marie-Pierre Rixain est en tête (31,7%), là aussi devant le candidat de la NUPES, M. Amadou Deme (27,5%). Dans notre circonscription, le troisième, non qualifié pour le second tour, est M. Alain Boutaleb, du RN, avec 15,9% des suffrages. Enfin, à Forges, les trois mêmes candidats sont arrivés dans le même ordre avec des résultats différents, respectivement environ 38%, 24% et 14%. Rappelons que compte tenu du taux d'abstention, autour de 50%, les deux premiers candidats qui seront les seuls à pouvoir se maintenir au second tour n'ont reçu en Essonne qu'au mieux un peu plus de 15% des voix des inscrits, ce qui doit absolument questionner en termes de représentativité, tous partis confondus d'ailleurs.

Les projections en sièges sont difficiles à prévoir. Tout au plus, peut-on estimer qu'une grande partie des voix qui sont allées à l'extrême-droite zémourienne pourraient se reporter sur l'extrême-droite lepéniste, susceptible de glaner aussi quelques voix du côté des Républicains. Ensemble dispose sans doute d'un réservoir de voix que pourrait lui apporter les Républicains. Ceci correspond d'ailleurs plus ou moins à la stratégie mise en place par l'ancien président de la république, M. Nicolas Sarkozy, dont on se rappelle l'absence de soutien à la candidate de son camp, Mme Valérie Pecresse. Ensemble pourrait aussi tenter de récupérer les voix qui se seraient portées sur les candidats épars de « centre-gauche », ce dernier repport me paraissant néanmoins minime. Enfin côté NUPES, le réservoir de voix pour le second tour semble être à rechercher principalement parmi les abstentionnistes. C'est d'ailleurs le message qu'a tenté de faire passer hier M. Jean-Luc Mélenchon lors de son discours de soirée électorale.

Ces incertitudes font qu'un climat tendu est perceptible dans cet entre deux tours. Je citerai le cas de l'ancien ministre, M Jean-Michel Blanquer,
battu dès le premier tour dans le Loiret. Avec 18,9% des voix, il est en effet arrivé derrière le candidat NUPES (Bruno Nottin, 19,4%) et derrière celui du RN (Thomas Ménagé, 31,5%). Dès le résultat connu, il a accusé son adversaire de la NUPES d'avoir « violé plusieurs règles électorales pendant la campagne ». Sans doute un coup des islamo-gauchistes qu'il voit partout... Plus près de nous, on peut aussi citer le cas de l'inénarrable candidate Ensemble, Mme. Amélie de Montchalin, qui a accusé, sans le citer, son adversaire dans la VIe de l'Essonne, M. Jérôme Guedj, d'antisémitisme, alors que lui même est de culture israélite. Je la cite «...ces candidats, qui se sont alliés dans un accord électoral mais qui n’est pas un accord de fond. Et qui promet aux Français le désordre et la soumission. La soumission à la Russie. La soumission à des idées antisémites. Quand vous voyez que certains qui étaient au parti socialiste, responsables des enjeux de laïcité, des valeurs républicaines, aujourd’hui sont estampillés Nupes [note du rédacteur : il s'agit de M. J. Guedj]». A l'unisson d'Ensemble, la même candidate n'hésite pas à s'en prendre à tous les candidats NUPES qui « en se repeignant de vert et rose, sont des anarchistes d’extrême gauche. Et qui ont, pour quelques circonscriptions, laissé de côté leurs valeurs républicaines...». Bref, cela sent légèrement le pétage de plombs. Et la prochaine étape, ce sera sans doute l'inversion du sens de rotation de la Terre si la NUPES emporte la majorité, ce qui, pour le moment, n'est d'ailleurs pas l'hypothèse théorique la plus probable, même si elle reste du domaine du possible...

Comment également passer sous silence, les différents décomptes en nombre de voix global effectués par le Ministère de l'Intérieur et la NUPES, chacun donnant des résultats différents ? L'Alliance des gauches indique que le ministère aurait « oublié » de décompter des voies de ses candidats, favorisant alors Ensemble et lui permettant de l'afficher en tête du scrutin. Le ministère se retranche derrière l'étiquette du candidat et de sa suppléante lors du dépôt de sa candidature en préfecture. En ce sens, de factoaucun des candidats de l'Outre Mer n'était effectivement inclus dans l'accord de la NUPES, et ceux-ci ne peuvent donc pas être comptabilisés comme tel. En revanche que penser du cas de M. Hervé Saulignac (arrivé premier dans la Ière de l'Ardèche), étiqueté « divers gauche » ? Celui-ci ne comprend pas ce classement, car il a bien été investi par la Nupes. Idem pour Joël Aviragnet, arrivé en tête dans la VIIIe de Haute-Garonne. Classé aussi « divers gauche » par le ministère « en raison de la candidature dissidente d'Annabelle Fauvernier, qui a clairement indiqué par voie de presse qu'elle avait le soutien de La France insoumise ». Et qu'importe que ce candidat déclare être le « candidat unique pour le PS dans la circonscription dans le cadre de l'accord de la Nupes ». Rien qu'avec ces deux candidats, ce sont plus de 28 000 voix qui ont été retirées à l'Alliance des gauches alors que le Ministère a placé Ensemble devant la NUPES avec 21 000 voix d'avance. Bref, même si il est impossible de savoir qui a raison, mais on ne peut qu'objectivement constater qu'au moins deux des candidats présentés et soutenus par la NUPES pendant toute la campagne ont très étrangement été catalogués comme divers gauche. Le doute sur la sincérité des résultats est d'ailleurs largement permis, car le ministre de l'Intérieur lui-même, M. Gérald Darmanin avait tenté d'empêcher l'enregistrement des candidats au nom de la NUPES dans toute la France. Le ministère avait néanmoins du s'y résoudre à la suite d'une décision de Conseil d'Etat. Il est également nécessaire de rappeler que plusieurs candidats de l'Alliance des gauches ont constaté l'absence de leur profession de foi ou de leur bulletin de vote dans le matériel électoral envoyés aux électeurs. Tout cela, dans le contexte tendu de l'entre deux tours, ne peut qu'alimenter la petite musique du tripatouillage électoral.


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Illustration personnelle d'après :
http://grincheuxmarrant.canalblog.com/archives/2012/06/19/24531038.html



samedi 11 juin 2022

QUAND LA MAIRIE SE PREND
LES PIEDS DANS LES PIÈCES D'IDENTITÉ

Un mail émanant de la marie, hier, indique que la carte d'identité est nécessaire pour voter demain dimanche, pour les législatives. Il me semble qu'il y a un petit malentendu autour de cette information...

Une erreur semble en effet s'être glissée dans ce message récent reçu de la mairie au sujet des élections de demain dimanche 12 juin 2022.

Contrairement à ce qui est dit, la carte d'identité n'est pas indispensable pour voter. La carte d'electeur non plus, mais pour avoir tenu des bureaux de vote pendant des années, merci de faire l'effort de la présenter aux bénévoles car cela facilite grandement les opérations de vote. En, ce qui concerne votre identité, vous devez néanmoins pouvoir en justifier. Pour cela, selon le Ministère de l'Intérieur, les documents suivants sont recevables :

. Carte nationale d'identité (valide ou périmée depuis moins de 5 ans)
. Passeport (valide ou périmé depuis moins de 5 ans)
. Carte d'identité de parlementaire (en cours de validité) avec photographie, délivrée par le président d'une assemblée parlementaire
. Carte d'identité d'élu local (en cours de validité) avec photographie, délivrée par le représentant de l’État
. Carte vitale avec photographie
. Carte du combattant (en cours de validité) avec photographie, délivrée par l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre
. Carte d'invalidité (en cours de validité) avec photographie ou carte de mobilité inclusion (en cours de validité) avec photographie
. Carte d'identité de fonctionnaire de l’État avec photographie
. Carte d'identité avec photographie ou carte de circulation (en cours de validité) avec photographie, délivrée par les autorités militaires
. Permis de conduire (en cours de validité)
. Récépissé valant justification de l'identité (en cours de validité), délivré en échange des pièces d'identité en cas de contrôle judiciaire
. Permis de chasser (en cours de validité) avec photographie, délivré par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Le permis de chasse délivré par l'Office national de la biodiversité n'est pas valable.

Attention cependant, vous devrez présenter l'original du document. Une photographie sur téléphone ou une photocopie ne sont pas acceptées.

En incidente, un peu plus d'attention aux messages envoyés par l'autorité municipale aux Forgeois pourrait ne pas nuire ! 


Crédit illustration :

Pour éviter toute publicité pour une ou un candidat plutôt que l'autre...

https://www.dorffer-patrick.com/2015/12/humour-elections-regionales-si-vous-ne-savez-pas-pour-qui-voter.html

lundi 6 juin 2022

IL Y A QUAND MÊME DES PROBLÈMES
AVEC LES FOURNISSEURS D'ACCÈS INTERNET (2) !

 

Dans un article précédent, j'ai fait part aux lecteurs de ce blog des problèmes de réseaux Internet qui ont affecté mon quartier, privant plusieurs foyers d'Internet pendant une dizaine de jours. J'ai la chance d'avoir pu bénéficier d'une réparation, mais pour d'autres, la situation n'est pas encore débloquée. Par ailleurs, je constate que les promesses orales des services commerciaux ne semblent pas engager mon fournisseur d'accès. Tout cela devient assez lamentable.

Le problème auquel j'ai été confronté et que j'ai conté plus tôt (1) est donc maintenant résolu. Mon domicile est de nouveau relié à Internet et mon téléphone fixe fonctionne de nouveau. Néanmoins, lors des échanges avec le service commercial d'Orange/Sosh, celui-ci m'avait fait un certain nombre de promesses, à savoir : la déduction du montant de mon forfait pendant toute la durée de la panne, un geste commercial (remise de 30% sur mon abonnement à venir) transfert gratuit des communications de mon téléphone fixe vers mon portable et prise en charge de augmentation de mon abonnement de mon portable chez mon opérateur mobile, puisque celui ci n'appartient pas au groupe Orange. Il se trouve que j'ai reçu samedi ma facture pour le mois de juin, et, ô surprise, celle-ci ne fait apparaître aucune des remises et remboursements promis. Pire que cela, le renvoi des appels de ma ligne fixe vers mon portable a été allègrement facturé. À 0,23 euro le renvoi, cela n'est vraiment pas donné ! Je contacte donc mon fournisseur d'accès Internet (FAI), Orange/Sosh, où l'opératrice me dit, après plus d'une heure d'attente, n'avoir aucune trace de mon dossier ! Tout juste voit-elle que mon domicile s'est trouvé impacté par une panne de 10 jours ; point à la ligne ! Elle me promet un rendez vous téléphonique avec un responsable, mais pas avant 15 jours. Belle consolation !

Pas trop content de la situation, je décide donc de raconter l'histoire sur le forum de l'opérateur, car je sais que c'est un moyen de pression efficace quand on veut obtenir quelque chose. J'y raconte mes mésaventures, de façon honnête et polie, en disant que je compte saisir le médiateur des télécoms, et faire valoir mes droits en justice si nécessaire. Le truc fonctionne ! Deux heures plus tard, message de l'assistance Orange / Sosh me proposant officiellement ce qui a été promis, gratuité des renvoi incluse. Cependant, l'assistance exclut la prise en compte de mon abonnement de portable. Après discussion, cette même assistance (ou est-ce le service commercial, car on ne sait jamais à qui on a affaire) me dit que cette prise en compte n'est pas possible. Je négocie néanmoins un petit geste commercial supplémentaire, par principe. Finalement, le problème se règle comme cela sur le plan financier. Ceci dit, il m'aura fallu, pour arriver à une solution, une heure d'entretien avec l'assistance technique (AT) au moment de la panne, puis plus d'une heure et demi après réception de ma facture de nouveau avec l'AT, puis encore une heure avec soit l'AT, soit le service commercial pour y arriver. Et encore, cette solution n'est pas conforme à ce qui a été promis... J'avoue donc à ce stade ne pas comprendre ce qui se passe chez Orange/Sosh, mais tout cela semble osciller entre pagaille générale, désorganisation, et inattention envers les « petits clients ». Une expérience récente avec une autre « grand » FAI m'avait déjà échaudé. Le problème dans ces entreprises est le même : les petits clients ne semblent absolument pas intéresser ces FAI, qui préfèrent sans doute les comptes pro ou les grands comptes.  

Curieusement, les problèmes dans mon quartier perdurent. Une de mes voisines  n'a récupéré son accès Internet qu'après moi, et un de mes voisins est toujours en panne avec une date de remise en service à fin juin ! Comme je l'expliquais plus tôt (1), les « travaux réseau » sont souvent sous-traités par les FAI à des entreprises tierces, et il semble que les agendas de ces entreprises soient fortement remplis par les travaux de connexion à la fibre de nouveaux foyers. L'impression que j'ai est donc que les réparations sur le réseau des petits clients se font sur le mode « quand on pourra ». J'expliquais aussi dans mon précédent article que ces pannes à répétition sont souvent liées à des problèmes de manque de sérieux chez les entreprises sous-traitantes, dont certaines agissent même comme des crapules, n'hésitant pas à saboter le travail des autres intervenants, une pratique très courante selon la présidente de  l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep).    

Sabotage est d'ailleurs le mot qui convient, car en sus des dégradations oeuvres d'installateurs-voyous, l'Arcep comme les FAI s'inquiètent  d'une recrudescence d'actes de pure malveillance sur les réseaux. Il ne s'agirait plus d'actes motivés par le seul vol de matériel, cuivre en tête, car il n'y a aucun intérêt à voler de la fibre. La situation est telle que la DGSI se penche même sur le sujet, car nous pourrions être en présence de cas de cyber-terrorisme. On lira avec intérêt les articles qui se rapportent à cette question (2-4).  

Par ailleurs, j'ai appris qu'une partie du centre bourg de Forges a été affectée par une coupure Internet et téléphone fixe, pénalisant les particuliers, mais également les commerçants dont les terminaux de carte bancaire ne fonctionnent plus. Sont également affectés, semble-t-il, la mairie de Forges et le bureau de poste où le DAB était, aujourd'hui encore, inopérant. Il semblerait que nous soyons là, pour le coup, dans un cas de vol de cuivre utilisé pour la téléphonie fixe (réseau commuté) et pour l'accès Internet en ADSL. Bref, comme le disait l'inénarrable président de la République, M. Jacques Chirac : « les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ». De fait !

 

Références :

1. Il y a quand même des problèmes avec les fournisseurs d'accès internet ! Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2022/05/il-y-quand-meme-des-problemes-avec-les.html

2. Pierre Manière. D’importants sabotages de fibres optiques perturbent le réseau Internet. La Tribune. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.latribune.fr/technos-medias/telecoms/d-importants-sabotages-de-fibres-optiques-perturbent-le-reseau-internet-915641.html

3. Anonyme. Enquête pénale, « cyberterrorisme »… ce que l’on sait du mystérieux sabotage des câbles de fibre optique. L'Obs. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.nouvelobs.com/justice/20220427.OBS57747/enquete-penale-terrorisme-numerique-ce-que-l-on-sait-du-mysterieux-sabotage-des-cables-de-fibre-optique.html

4. Manon Aublanc. Internet : Le sabotage de câbles de fibre optique, un acte de cyberterrorisme ? 20 minutes. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.20minutes.fr/justice/3279547-20220428-internet-sabotage-cables-fibre-optique-acte-cyberterrorisme

 

Crédit Illustration :

Le Chat de Ph. Geluck
https://lechat.com/

 

 

dimanche 5 juin 2022

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES :
FOCUS SUR NOTRE ACTUELLE DÉPUTÉE



Comme je l'écrivais dans un article précédent, je suis quelque peu atterré du silence assourdissant qui entoure les prochaines élections législatives. Je sens beaucoup de désintérêt ou d'indifférence autour de moi, comme si l'élection présidentielle avait été l'alpha et l'oméga de la vie politique en France.

Il est vrai que notre régime présidentiel ressemble parfois à une monarchie dans laquelle le président de la République déciderait de tout, un sentiment renforcé à mon humble avis par le comportement de l'actuel président, et par le fait que la grande majorité des députés LREM de l'actuelle mandature se sont largement comportés comme des députés « godillots ». Je n'en veux pour preuve que les autorisations données à l'exécutif de légiférer par ordonnances sur des sujets qui auraient pourtant mérité débats et amendements, ou le fonctionnement de certaines commissions d'enquête qui ont davantage joué le rôle de fossoyeur que de promoteur des investigations. Je pense particulièrement à la commission d'enquête lancée dans le cadre de l'affaire Benalla, présidée par Mme. Yaël Braun-Pivet, dont l'action s'est révélée totalement soumise à de probables instructions en provenance de l'Élysée...

À l'approche des élections, il peut être également utile de consulter sur différents sites (1,2) l'activité de notre actuelle députée, Mme Marie-Pierre Rixain. J'ai tout d'abord évalué son niveau de présence à l'Assemblée Nationale. L'assiduité de notre députée a été dans une honnête moyenne jusqu'à fin décembre 2019. Ensuite, notre députée s'est faite rare, voire très rare, et ce jusqu'à début 2022 où elle semble de nouveau être présente sur les bancs du Palais-Bourbon. La courbe de ses interventions en séance comme celle de sa participation en commission sont calquées sur celle de sa présence en séance, avec un silence de plus en plus prégnant en session, et des absences de plus en plus fréquentes en commission tout au long des années 2020 et de 2021 (3). Au ttire des sujets abordés, ses interventions ont concerné principalement l'égalité économique et professionnelle, le renforcement du droit à l'avortement et la question de la démocratie représentative, responsable et efficace.

Pour être aussi honnête que possible, il est nécessaire de préciser que notre actuelle députée n'est pas restée inactive. Elle a été membre et rapporteur de la commission permanente des affaires sociales et présidente d'une mission parlementaire, celle de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Elle a co-signé une quinzaine de rapports sur les quelques 50 mois couverts par l'actuelle mandature. Ceci n'est pas une production extraordinaire, mais cela la place néanmoins parmi les 150 députés les plus actifs en la matière. Son appartenance au parti majoritaire l'a conduit, en revanche, à signer peu d'amendements, son activité en la matière la plaçant, cette fois-ci, dans le groupe des 150 députés les moins actifs.

En lien avec ce qui précède, je me suis également intéressé aux textes qui ont été votés, ou rejetés par notre actuelle députée. Force est de constater que Mme M.-P. Rixain a soutenu nombre de lois antisociales (2). Elle a ainsi voté en faveur de la loi transformant l'ISF en IFI (projet de loi de finances rectificative pour 2017), en faveur de la « réforme » du code du travail (loi ratifiant les ordonnances Macron de dites de flexisécurité), et la loi réformant la SNCF (statut du cheminot, ouverture à la concurrence, etc.). Dans la même ligne, elle était absente lors de vote de lois possiblement plus favorables au bon peuple de France, ou tout au moins à certaines et certains d'entre nous. Elle n'a donc pas participé au vote de mesures supprimant de manière progressive la taxe d'habitation (loi de finances 2020), ni validé les textes confortant les « accords de Ségur » (valorisation du travail des soignants en France), ni soutenu les mesures dites de « reste à charge zéro » (loi de financement de la Sécurité sociale 2019). Bref, de ce côté là, son bilan peut être considéré comme mauvais !

Voilà pour le tour d'horizon succinct de son activité au Palais Bourbon. Se pose ensuite la question de sa présence sur le territoire qui l'a portée à la députation. À ce sujet j'ai eu la semaine dernière, à la foire organisée par la CCPL à Soucy, d'intéressantes discussions avec des élus locaux autour de cette question. Effectivement, les divergences d'appréciation du rôle d'un député peuvent apparaître selon que l'on considère qu'il ou elle est avant tout « faiseur de lois », ou qu'il ou elle doit également, voire surtout, représenter son territoire et en défendre l'intérêt. En la matière, un certain nombre des élus locaux (la majorité de ceux avec qui j'ai échangé d'ailleurs) considèrent que notre députée n'a pas fait preuve, pour le dire de façon polie, d'une présence forte sur le terrain. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que l'activité parlementaire d'un député est très fortement encadrée par les textes de loi, mais que son activité locale ne l'est pratiquement pas, laissant à chacun d'entre elles ou eux le soin de décider si elle ou il doit être l'ambassadeur de sa circonscription auprès du Parlement. À titre personnel, il me semble que le fonctionnement de notre démocratie attribuerait plutôt ce rôle aux sénateurs, puisque le Sénat se veut le défenseur des collectivités territoriales, communes et départements en tête.

En complément, il me semble cependant que le député devrait être, a minima, à l'écoute de sa circonscription. Comment, effectivement, élaborer des dispositions législatives pertinentes, qui affecteront la vie de tous les Français, si les membres de l'organe délibérant ne s'intéressent aucunement au ressenti de leurs concitoyens ? Cette écoute est sans aucun doute ce qui a fait le plus défaut aux députés LREM de l'actuelle mandature, mais également au gouvernement. C'est d'ailleurs ce que dit le bientôt ex-député LREM M. Cédric Villani, élu dans la 5e de l'Essonne, qui vient comme d'autres de quitter LREM. Au delà du manque d'ambitions environnementales de l'exécutif comme du législatif, qu'il pointe du doigt, je cite ses propos sur l'écoute de ses collègues et du gouvernement : « à chaque fois qu’on voulait enrichir le projet de loi Climat et résilience avec les propositions de la convention citoyenne, très peu présentes, les amendements étaient tous rejetés, évacués ou déclarés irrecevables. Sans parler du temps de parole ridicule » (4). Le même constat a été fait par M. Sébastien Nadot, finalement exclu des marcheurs, quant il dit qu'à l'assemblée nationale « il parlait dans le vide ». Au total ce sont d'ailleurs une grosse trentaine de députés qui ont quitté LREM, de leur fait ou par exclusion depuis 2017. Ce manque d'écoute, et de prise en compte de ce qui a été dit, on l'a bien perçu au travers des différentes lois affectant la protection sociale, au sens large, ou le monde du travail, lors de l'élaboration desquelles les avis des corps intermédiaires ont été vaguement écoutés, mais pas entendus. La crise des gilets jaunes, qui repartira dès que la pandémie aura régressé, n'en est, in fine, qu'un des avatars les plus visibles.


Références

1. Nos députés : observatoire citoyen de l'activité parlementaire.
Consultable en ligne :
https://www.nosdeputes.fr/

2. Fabien Dabert. Le députomètre : votre député a-t-il voté les réformes d'Emmanuel Macron ? Linternaute.com. Mai 2022.
Consultable en ligne :
https://www.linternaute.com/actualite/politique/2631497-le-deputometre-ce-que-votre-depute-a-vote-sur-les-principales-reformes-de-macron

3. L'activité de Mme Marie-Pierre Rixain :
Consultable en ligne :
https://www.nosdeputes.fr/marie-pierre-rixain/graphes/legislature

4. Emmanuel Clévenot. « Je parlais dans le vide » : ces députés déçus de la Macronie. Reporterre. Mai 2022.
Consultable en ligne :
https://reporterre.net/Je-parlais-dans-le-vide-ces-deputes-decus-de-la-Macronie


Crédit illustration :

Site de l'assemblée nationale