samedi 26 février 2022

VERS LA FIN PROGRAMMÉE
DE L’HÔPITAL PUBLIC ?




Difficile, compte tenu du contexte international, de continuer à regarder ce qui se passe chez nous, alors qu’une guerre aussi absurde que les précédentes se déroule en Europe, à un peu plus de 3 heures d’avion de Paris. Justement, cependant, il ne faudrait pas que les journalistes qui regardent les événements se déroulant en Ukraine occultent ce qui se passe en France dans le cadre de la curieuse non-campagne électorale en cours.

Cet article souhaite donc reporter nos regards, au moins un instant, sur la situation de l’hôpital en France, et particulièrement sur celle de l’hôpital public. Il n’est pas nécessaire de revenir sur le constat : l’hôpital est malade. Il est malade, en grande partie, des suites d’une gestion purement comptable et administrative qui oublie, comme dans nombre de secteurs des services publics, les missions premières de l’hôpital. 

Dans un article précédent (1), je signalais dans quelle mesure le quinquennat en cours avait apporté sa contribution à l’œuvre de déstructuration de l’hôpital. Un milliard et demi d’économie dès 2018 (2), des fermetures de services à tour de bras, avec une cure d’austérité se poursuivant jusqu’en 2020 (3). Devant la crise sanitaire causée par la CoViD-19, le gouvernement s’est empressé de communiquer sur des hausses de moyens, qui se sont révélées, comme souvent, des trompe-l’œil (4) obligeant certains hôpitaux à lancer des appels à dons auprès de particuliers et mécènes (5). Le Ségur de la santé n’a quasi rien changé : si des hausses de salaire ont été consenties, celles- ci ont été accordées contre encore plus de « flexibilité ». De plus, et remarquablement, la logique comptable de tarification à l’activité favorisant une logique de rentabilité aux dépens d’une logique de qualité de soin n’a pas été remise en cause (6). Le dernier quinquennat a ainsi vu la fermeture de 17 000 lits d’hôpital (7), dont une bonne partie fermée pour cause de manque de personnel, tout cela contre l’avis du Conseil Économique et Social appelant à un moratoire sur ces suppressions de lits. Comment, dès lors, être étonné de constater que l’utilisation des lits, et en particulier des lits des services d’urgence, est devenue la variable d’ajustement pilotant toute la politique sanitaire anti-coronovirale du gouvernement ?

Il est malheureusement possible que la situation se dégrade encore davantage. Ainsi, dans une tribune récente parue dans « Le Monde », des très proches de l’actuel pouvoir, Messieurs Antoine Brézin, Gérard Vincent et Guy Collet (ces deux derniers étant d’anciens directeurs d’hôpital) ont lancé un nouveau « ballon d'essai ». Ils suggèrent que l’on pourrait « sauver » l’hôpital via trois mesures-phares (8). Il s’agirait de confier aux régions la tutelle et la régulation du système de santé, de changer le statut des hôpitaux publics en les transformant en fondations, et progressivement d'inclure dans ce système de santé nouveau les hôpitaux et cliniques privées, ces derniers devenant ainsi éligibles aux subventions. Pas besoin d'être un grand expert économique pour considérer que confier aux régions le système de santé est synonyme d’inégalité d’accès aux soins de nos concitoyens. Il y aura sans aucun doute des disparités entre régions riches et régions plus pauvres, régions fortement peuplées et régions peu denses... C’est aussi, en creux, signer l’abandon par l’Etat d’une autre de ses responsabilités et de ses missions, distillant une fois de plus le message des « Chicago Boys » convoyé par M. Ronald Reagan : « l'Etat n'est pas la solution ». Enfin, c’est surtout adhérer, là aussi encore un fois et de façon plus marquée, à une vision néolibérale du monde. Ce funeste projet, s’il arrivait à maturité, implique en effet que l’on privatiserait de facto l’hôpital public, car les fondations sont des structures de droit privé qui sont susceptibles de transfert ou de rachat... On autoriserait en même temps - pour reprendre des éléments de langage actuels - les cliniques privées à bénéficier plus largement d’aides publiques

Rien d'étonnant à ce qui précède, ceci dit. Il se trouve que les trois auteurs de la tribune ont été des avocats de la tarification à l’activité dont on connait les conséquences délétères pour l’hôpital et pour le système de santé. Cette tarification est en grande partie à l’origine de la perte de sens du fonctionnement hospitalier, en appliquant à ce service public une logique d’entreprise. Les propositions de ces tristes sires s’inscrivent donc dans la droite ligne de leur vision du monde, dont les faits ont démontré, dans le domaine de la santé, toute l’ineptie. Or si Errare Humanum Est, Perseverare Diabolicum...


Références :

1. Bilan de cinq années en Macronie. IV. Les services publics.
Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/12/bilan-de-cinq-annees-en-macronie-iv-les.html

2. Laurent Fargues. Malgré les promesses de Macron, l'hôpital fera bien près d'un milliard d'économies. Challenges. Mai 2018.
Consultable en ligne :
https://www.challenges.fr/economie/malgre-les-promesses-d-emmanuel-macron-l-hopital-fera-bien-pres-d-un-millard-d-economies-en-2018_584177

3. Romaric Godin. Sécurité sociale: l’austérité se poursuit dans la santé. Mediapart. Septembre 2019.

4. Romaric Godin. La charité pour l’hôpital. Mediapart. Novembre 2019.

5. Maeliss Innocenti. Coronavirus : les Hôpitaux de Paris lancent un appel aux dons sur Facebook. RTL. Mars 2020.
Consultable en ligne :
https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/coronavirus-les-hopitaux-de-paris-lancent-un-appel-aux-dons-sur-facebook-7800281562

6. Caroline Coq-Chodorge. Ségur de la santé: un petit accord sur les salaires contre une plus grande flexibilité. Mediapart. Juillet 2020.

7. Elsa de La Roche Saint-André. Emmanuel Macron a-t-il fermé 17 600 lits d’hôpital en quatre ans, comme l’affirme François Ruffin ? Liberation. Décembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/checknews/emmanuel-macron-a-t-il-ferme-17-600-lits-dhopital-en-quatre-ans-comme-laffirme-francois-ruffin-20211224_ZDEGBEMS4BHW3CGKLAOKL275ME/

8. Antoine Brézin, Gérard Vincent, Guy Collet. Le pilotage du système de santé doit être confié aux régions. Le Monde. Février 2022.


Crédit illustration :

Dessin de Berth :
http://jcoutant.over-blog.com/l-h%C3%B4pital-public-toujours-en-danger



mercredi 23 février 2022

LA CCPL À LA CROISÉE DES CHEMINS



Cela fait quelque temps que le fonctionnement de la CCPL m’inquiète. Entre petites querelles d’ego et guéguerres d’influence, cet établissement de coopération intercommunale ne me semble pas remplir toutes ses fonctions, s’étant contenté de se comporter comme une agence de redistribution, de péréquation de subsides. Il y a pourtant des raisons d’espérer ; encore faut-il agir.

Le jugement que je porte sur la CCPL, résumé ci-dessus, est sans doute sévère, mais je le pense non dénué d’exactitude. Pour être très clair, je n’ai rien de personnel contre les élus de la CCPL, maires et adjoints en tête. Je les ai côtoyés pendant des années, et connais au moins un peu leurs qualités, réelles, et les travers de certains, tout aussi réels. Non ; à de rares exceptions près, les problèmes ne sont pas les individus ! Ce sont les réalisations et les projets, et ce sont ces réalisations et ces projets qui détermineront l’avenir, à moyen terme, de notre communauté de communes.

Alors que peut-on espérer ? Tout d’abord, il faut dire que la communauté de communes a traversé et continue de traverser une phase délicate en termes de personnels. La CCPL a connu de nombreux départs, certains liés aux retraites d’agents, et plusieurs arrivées. Il reste cependant des secteurs dans lesquels le fonctionnement en personnel n’est pas optimum. Je sais qu’un audit a été lancé par l’actuelle présidente, Mme Dany Boyer, à l’origine au service enfance. Étendu à tous les services de la CCPL, cet audit est une excellente chose pour autant qu’il prenne en compte l’efficacité des services, le bien-être des personnels et débouche sur de nouvelles propositions organisationnelles. Si j’en crois les informations qui filtrent, cela pourrait bien être le cas. Premier motif d’espoir donc.

Un autre motif d’espoir pourrait être les projets structurants en cours, qui vont dans le bon sens. J’en connais deux, de notoriété publique. Le premier est la création d’une nouvelle gare autoroutière à Forges, au niveau de Bajolet et l’Alouetterie, sur le site ECT, une fois la carrière comblée. Ce projet, suivi par la CCPL, est davantage un projet porté par l’Etat, la Région et le gestionnaire d’autoroute. Quoi qu’il en soit, la CCPL peut - et doit - être consultée pour l’aménagement du site. La connaissance du territoire qu’ont les élus les rend les plus à même d’aider dans la définition fine du projet qui vise, entre autres, à dédoubler le site de Briis, à quasi saturation. Si des élus de la CCPL lisent ce blog, ce que je crois, j’en profite pour glisser à leur oreille la possibilité de demander l’installation d’un mur antibruit (autoroute + TGV) dans ce secteur et dans le secteur de Bois d’Ardeau en même temps que seront lancés les travaux de cette nouvelle gare.

Le second projet dont j’ai entendu parler concerne la création d’un espace de type « tiers-lieu », à proximité des locaux de la CCPL à Briis. Il s’agirait d’accueillir des entreprises et des télétravailleurs dans des locaux où ils pourraient aussi possiblement profiter de service de conciergerie. C’est un beau projet, qui pourrait voir le jour d’ici 3 à 4 ans et qui s’inscrit dans le concept de développement durable, pour autant qu’un volet social y figure. En incidente, je me demande quel sera la position des élus Forgeois sur ce dossier, leur engagement quotidien dans les projets communaux de développement durable étant quasi inexistant...

Le développement durable pourrait d’ailleurs être un des fils conducteurs des projets CCPL, voire le projet mis en avant. Cela aurait du sens, à l’heure où l’on constate les premiers effets du réchauffement climatique. Dans ce domaine, plusieurs plans sont en cours d’élaboration ou de réalisation, tel le Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET). Il s’agit, à partir d’un diagnostic de l’existant, a priori déjà réalisé, de définir des objectifs et une stratégie permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’implémenter des mesures en ce sens sur nos territoires. De même, le Plan Alimentaire Territorial (PAT) vise, toujours à partir d’un diagnostic de l’existant, à développer des outils pour une alimentation saine. La chance de notre territoire est d’être un territoire rural de production agricole. Le PAT pourrait donc y permettre d’y développer une agriculture locale, incluant possiblement de nouveaux modes de production agro-écologiques. Le PAT comporte aussi un volet de promotion d’une alimentation saine et durable, et un volet de lutte contre le gaspillage et la précarité alimentaire. Tout cela est très bien sur le papier. Nous verrons comment cela se traduira en matière de moyens humains  - pour le moment assez limités - mis en oeuvre, puis dans les réalisations, car là sont les points d’achoppement actuels, et à venir.

Néanmoins, comme je l’écrivais dans le titre, la CCPL me semble aujourd’hui à la croisée des chemins. Le risque est que la CCPL ne puisse perdurer en l’état si « rien ne s’y passe ». Si tel était le cas, deux scénarios au moins sont envisageables. Le premier est le rattachement total de la CCPL à un autre établissement de coopération intercommunale (EPCI). Dans ce cadre, le rattachement à la communauté d’agglomérations du plateau de Saclay (CAPS) pourrait être une option. Le second, qui comporte les mêmes risques, est un rattachement individuel des communes de la CCPL à d’autres EPCI. On irait donc vers un éclatement de la CCPL. Certaines communes pourraient de fait rejoindre la CAPS, et d’autres le Dourdannais ou Rambouillet territoire.

Si un avenir tel que celui-décrit ci-dessus se dessinait, il faudrait alors faire très attention aux choix. La CAPS comme Rambouillet territoire sont des communautés d’agglomérations, alors que le Dourdannais est une communauté de communes. Or les prérogatives de ces communautés (c’est à dire les compétences obligatoires déléguées) ne sont pas les mêmes. Des communes comme les nôtres sont de petite taille par rapport à celles, par exemple, de la CAPS (ex. Gif 21 000 habitants, Chilly-mazarin 21 000, Palaiseau 33 000, sans parler de Massy 48 000), avec un risque de perte de poids politique au moment des décisions. De plus, appartenir à une telle communauté d’agglomérations entraînera la perte au niveau local des décisions relatives à l’aménagement du territoire, ceci faisant partie des compétences obligatoires des communautés d’agglomérations. Même si il existe des garde-fous, ce sera à la communauté d’agglomérations de décider des objectifs d’aménagement de long terme, via un schéma de cohérence territoriale qu’elle mettra en œuvre. De même, rejoindre une communauté d’agglomérations aura des implications en regard de la loi SRU. Ainsi, « Les communes de plus de 3 500 habitants – et de 1 500 habitants dans l’agglomération parisienne – appartenant à des agglomérations ou intercommunalités de plus de 50 000 habitants comprenant au moins une commune de plus de 15 000 habitants doivent disposer de 25 % de logements sociaux, en regard des résidences principales, d’ici 2025. Toutefois, dans les communes appartenant à des territoires dont la situation locale ne justifie pas un renforcement des obligations de production, cette obligation est fixée à 20 % de logements sociaux ». Ceci signifie qu’une commune comme Forges, intégrée dans une communauté d’agglomérations, devrait disposer de 20% de logements sociaux au moins, soit environ 300 logements. Quand je vois la réaction quasi psychotique et la crise de nerf de certains Forgeois, aujourd’hui élus, lors de la création d’une vingtaine ou trentaine de tels logements à Forges, je me dis que l’on n’a pas fini de rire !

Pour revenir à notre point de départ, il faut donc faire attention à ce que la CCPL puisse perdurer, car c’est « maintenant ou jamais ». Je crois avoir décrit les risques associés à un délitement de notre communauté de communes dans l’hypothèse d’une absence de projets et de réalisations. L’objectif n’est cependant pas de perdurer pour perdurer. Il y a une vraie cohérence de notre territoire, pris entre le Nord, plus urbain et générant un tropisme journalier lié aux activités professionnelles, et le sud, plus rural, auquel nous ressemblons finalement davantage. Nous sommes aussi très différents de l’Arpajonnais ; peut être moins des communes du coeur du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse auquel nous appartenons assez logiquement. Ceci posé, il reste quelques mois aux élus pour agir et mettre en place des projets structurants. Ceci permettrait de les voir émerger dans cette mandature car leur réalisation prendra du temps. Sinon, je crains le pire pour l’après 2026...


Crédit illustration :

Younes Yousfi. Les musulmans de France à la croisée des chemins. Saphir news.
https://www.saphirnews.com/Les-musulmans-de-France-a-la-croisee-des-chemins_a21769.html


lundi 21 février 2022

QUAND LA MUNICIPALITÉ SE FAIT TAPER SUR LES DOIGTS PAR LA PRÉFECTURE !

 

J’avais signalé dans un article précédent (1) la volonté de la mairie d’imposer financièrement les nouveaux Forgeois, ainsi que l’illégalité du procédé mis en œuvre. Visiblement, les services de la Préfecture se sont aussi inquiétés de cela et ils ont retoqué cette décision. Explications.

Lors du conseil municipal du 29 septembre dernier, Madame la maire, en toute illégalité, a fait rajouter un point délibératif à l’ordre du jour du conseil : la suppression de l’exonération fiscale dont pouvaient bénéficier les nouveaux arrivants forgeois. J’expliquais dans mon article les tenants et aboutissants : « l’exonération de taxe sur le « foncier bâti » appliquée aux constructions nouvelles devait redevenir automatique au 1er janvier 2021, pour une durée de deux ans, pour toutes les communes de France y compris pour celles qui l’avaient supprimée au préalable. Cependant, la réforme fiscale concernant la taxe d’habitation, survenue en 2020, a suspendu cette disposition. Or, un nouveau changement, intervenu, lui, au 1er janvier 2021, a redonné aux collectivités la possibilité de moduler l’assiette fiscale sur le foncier bâti. Cette modulation est très encadrée. Elle ne peut se faire que par tranche de 10 % et dans une fourchette qui porte cette exonération entre 40 et 100% du montant de l’exonération totale. En d’autres termes, les communes pouvaient continuer à exonérer totalement les nouveaux arrivants (100% d’exonération) ou choisir de leur imposer un impôt foncier pouvant s’élever à 60 % du montant total ». Pour acter ce changement peu favorable aux nouveaux arrivants, une décision du conseil s’imposait, de mémoire avant le 1er octobre 2021, d’où l’urgence d’inscrire cette délibération à l’ordre du jour du conseil de septembre. Précision pour que tout soit clair : ce choix des collectivités leur avait été signalé début 2021. La municipalité disposait donc de plusieurs mois pour délibérer, ce qu’elle n’a pas fait, probablement en raison de l’absence d’un directeur ou une directrice - général des services qui aurait pu veiller à ce que ce point fût inscrit à l’ordre du jour d’un conseil préalable. Ce point a donc été rajouté à l’ordre du jour du conseil de septembre en toute dernière minute.

Or cet ajout a été justement retoqué par le contrôle de légalité de la Préfecture, celui-ci fondant sans doute son avis sur les articles L2121-7 et suivants du CGCT (code général des collectivités territoriales), stipulant que seuls les points à l’ordre du jour peuvent être débattus et faire l’objet de décision en conseil. La jurisprudence sur ce point est d’ailleurs constante. Je ne cacherai pas aux lecteurs qu’il peut arriver, pour raisons de commodité, qu’un point soit rajouté à l’ordre du jour d’un conseil municipal ou syndical, moyennant au préalable l’accord de tous les conseillers. Il s’agit de facto d’un arrangement avec la loi, d’une tolérance, acceptable pour autant que ce point ne soit pas soumis à délibération et vote. Un point d’information peut ainsi être ajouté, en cohérence avec le fait qu’il aurait également pu figurer au sein des questions diverses.

La question de la suppression de l’exonération a donc été de nouveau débattue au conseil de février 2022. Fidèle à sa politique de communication biaisée, les explications emberlificotées de Madame la maire, faisant en filigrane porter le chapeau à de nouvelles dispositions préfectorales (ben voyons !) pour justifier de la réouverture de cette discussion, ont difficilement masqué son réel embarras. Je me demande d’ailleurs quelle est la légalité de cette nouvelle délibération considérant que la précédente, entachée d’irrégularité, devrait normalement être réputée non prise, et considérant que ce nouveau vote pourrait avoir été effectué hors délais légaux. Peut-êre la Préfecture fera-t-elle preuve de mansuétude... Bref, tout cela traduit non pas un amateurisme (les amateurs sont souvent très bons dans leur domaine) mais un dilettantisme communal qu’il me semble de nouveau nécessaire de dénoncer. D'autant que ce sont les nouveaux Forgeois qui vont payer la facture ! 


Référence :

1. Nouveaux Forgeois : la municipalité vous souhaite « la bienvenue » ! Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/10/nouveaux-forgeois-la-municipalite-vous.html


Crédit illustration :

Thierry Jollet pour La Nouvelle République.
https://www.lanouvellerepublique.fr/france-monde/c-est-pas-moi-c-est-les-autres

mercredi 16 février 2022

QUE SE CACHE-T-IL DERRIÈRE
LA « START-UP NATION » ?



Contrairement à ce que ce titre sous-entend, cet article ne parlera pas de politique industrielle, ou de technologie pure. Il parlera de la langue nouvelle qui a essaimé des mondes de l’entreprise, de la haute fonction publique, de la publicité, ou d’une certaine presse - pour ne citer que quelques unes des sources - vers le grand public. Beaucoup des nouveaux mots de cette langue sont d’ailleurs d’origine anglo-saxonne ; je tenterai de proposer une explication à cela.

J’avais commencé cet article voilà plusieurs semaines après avoir lu dans un article de presse en ligne qu’une actrice connue enceinte dévoilait un « baby-bump ». J’ai beau parler anglais couramment, j’avoue ne pas avoir compris immédiatement l’expression. Évidemment il était question d’un ventre rond, terme probablement trop désuet pour être présenté en l'état dans l’article. En lien, je peux citer bien d’autres termes anglo-saxons dont différents centres de pouvoir économique usent et abusent, alors que des termes français tout aussi pertinents existent. Ainsi un « challenge » est en français un défi, la « maintenance » est l’entretien, la « supply chain », la chaîne d’approvisionnement, un « meeting », une réunion, le « planning », le plan d’action ou l’agenda, l’« engineering » l’ingénierie, un « show-room » une salle d’exposition, le « packaging », l’emballage, la « business class », la classe affaire, etc. Je passe sur le « B to B » et le « B to C », ou autres « emporwerment » des « managers » (la responsabilisation des dirigeants). Je passe aussi sur le « confcall » que je t’ai demandé par mail pour un « brainstorm » autour des « slides » du « powerpoint » sur le « benchmarking » que tu m’as « forwardées »...

Le monde de la presse, surtout de la presse audio-visuelle, autre cercle de pouvoir, est aussi un grand pourvoyeur de ces mots nouveaux. La télévision parle de « prime time », de « late show », de « show-runner ». On peut « podcaster » des émissions quand on ne les écoute pas en « live ». Et au cinéma, on ne dévoile que le « pitch » ou le « making-of » d’un « thriller » dans un « teaser », même si c’est un « remake », au risque de le pas le voir au « box-office » et dans le « top » 10 des productions de l’année.

Impossible de ne pas poursuivre ce petit tour d’horizon des sources de mots nouveaux sans évoquer deux mondes très différents, également d'ailleurs cercles de pouvoir, version « soft-power » pour rester dans la tonalité de l’article. Le premier est le monde du sport, truffé de mots anglo-saxons, bien que, là aussi, des équivalents français existent. Je me suis toujours demandé pourquoi il y avait des « penalties » au football, alors que le rugby parle de pénalité ? Toujours en football, le « corner » est chez les Canadiens un coup de pied de coin alors qu’au rugby le terme mêlée ouverte est depuis plusieurs années remplacé par son équivalent anglo-saxon « ruck ». J’ai également récemment entendu parler de « referee » en place et lieu d’arbitre. Dans les termes qui pourraient également être traduits très facilement, je cite, dans le désordre, le « time out » (temps mort), les « play-off » (barrages), le « coach » (l’entraineur), le « goal average » (la différence de buts), le « tie-break » (le jeu décisif), les « hooligans » (les casseurs), etc. La dernière source de ces mots nouveaux et sans conteste le secteur de la science et de la technologie, avec, tenant le haut du pavé (j’aurais dû dire au top) l’informatique et la téléphonie. Il faut néanmoins dire que nous avons assisté, au cours de ces dernières années, à un effort sensible de reconstruction lexicale. Plus personne ne parle de téléphone GSM (Global System for Mobile communication) en France, mais de téléphone mobile, même s’il reste des « smartphones ». Les softwares sont devenus des logiciels, le mail (mot pourtant d’origine française) bien que toujours utilisé, a été retraduit en courriel, le « firewall » en pare-feu, le « hacker » s'est converti en cyberpirate, et pour les spécialistes le input/ouptut (i/o) est traduit en entrée/sortie (e/s)... 

J’arrête là la démonstration car je pense que toute personne un peu attentive à son environnement ne peut être que convaincue de l’afflux massif de ces termes nouveaux anglo-saxons dans le français de tous les jours. Si je voulais être un peu excessif, je dirais que le « grand remplacement » - théorie fumeuse à laquelle je n’adhère absolument pas - se trouve là et pas ailleurs. 

Ce qui m’inquiète dans cette histoire, et ce que je souhaite dénoncer, ce n’est pas l’afflux de mots étrangers en tant que tel mais l’absence d’une volonté d’utiliser les termes français alors que, comme je l’ai indiqué plus tôt, ceux-ci existent. Tout compte fait, cependant, cette absence s'explique. Ne voyez surtout pas dans ma critique une attitude similaire à celle de certains politiques qui se sont empressés de dénoncer l’existence des mentions en français et en anglais des nom, prénom, date de naissance, etc., sur la nouvelle carte d’identité française . Il ne s’agit pas dans mon cas d’une position réactionnaire vis-à-vis de ce qui pourrait être étranger. Comment d’ailleurs ne pas rappeler qu’il existe en français de nombreux mots d’origine étrangère, tels ce kawa que l’on prend fissa sur le zinc du bistro ! Tous ces termes ne sont pas, d’ailleurs, de l’ordre du langage familier. Alchimiste, amiral, algèbre tout comme sirop, alcool, chiffre ou magasin sont d’origine arabe. Pantalon, opéra, banque, grosso modo, ainsi que de nombreux noms de spécialités culinaires (pizzas, spaghettis, lasagnes, etc.) sont d’origine italienne. D’autres viennent également de beaucoup plus loin, comme chocolat, cacao, coyote, caoutchouc, cacahouète ou avocat, originaires de langues anciennes d’Amérique Centrale et du Sud. Je considère ces apports comme des enrichissements du vocabulaire.

Ce qui m’inquiète disais-je donc, au travers de cet emploi de cette novlangue majoritairement constituée de termes anglais en lieu et place de termes français, réside dans ce qu’il traduit. J’y vois tout d’abord le poids du monde anglo-saxon et de son importance économique, ainsi que le résultat de son implantation massive dans le cadre de la mondialisation que nous avons vécue au cours des 30 dernières années. Adopter sans réfléchir les termes de novlangue, c’est quelque part adhérer à cette vision du monde. Par ailleurs, comme je l’indiquais plutôt, cette langue nouvelle peut par certains aspects être considérée comme un instrument du pouvoir, des pouvoirs, et d’une certaine forme d’élite. Utiliser ces termes, parler cette langue, revient à marcher dans les traces de ces élites. Mais c’est aussi, paradoxalement, faire preuve de paresse intellectuelle.

La novlangue est également un outil de domination. Par conséquent, il est clair que tenter de remplacer tous ces mots anglo-saxons de novlangue par leurs équivalents français, surtout lorsque ceux-ci existent, constitue une forme de résistance intellectuelle à ces forces dominantes. Dans cette grille de lecture, je n’ai été qu’à moitié étonné des propos tenus par notre actuel président, M. Emmanuel Macron, lorsqu’il vantait la « start-up nation ». Au travers de termes tels que « helpers » (bénévoles), de « CEO » (chief executive officer), de « feedback », du « benchmark », son équipe de campagne 2017 n’a eu de cesse d’évacuer des mots trop simples, trop familiers, probablement trop « peuple ». Cette utilisation de ces termes traduits à mon sens une vision du monde particulière. D’un côté cette novlangue donne une fausse impression de modernité mais en même temps (pour parler le LREM dans le texte) elle exclut de facto ceux qui ne font pas partie de « l’élite ». Signant son attachement au monde de l’entreprise, et à sa soi-disant efficacité, mais incapable de procéder à l’analyse de la crise néolibérale, la langue parlée dans la « start-up nation » est celle des catégories socio-professionnelles favorisées qui constituent la majorité de l’électorat macronien, que cette langue flatte et conforte. 

Comment ne pas y voir également un formatage idéologique, à l’image de ce que décrivait magnifiquement le livre de George Orwell, 1984, dans lequel la langue officielle du pays fictif où se déroule l'action est la novlangue, terme que j’ai repris ici et dans plusieurs de mes articles de blog. Comme indiqué sur Wikipedia, ce langage est « une simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée à rendre impossible l'expression des idées potentiellement subversives et à éviter toute formulation de critique de l’État, l'objectif ultime étant d'aller jusqu'à empêcher l'idée même de cette critique ». A méditer à quelques 50 jours la prochaine élection présidentielle.



Crédit illustration :

Adaptation d'un dessin de Gros pour Marianne.
https://www.marianne.net/politique/liberer-les-energies-etre-plus-agile-cette-novlangue-macroniste-qui-rend-fou


jeudi 10 février 2022

LA TRÈS ORIENTÉE
COMMUNICATION MUNICIPALE


Cela fait plusieurs fois que j’observe que la communication de la municipalité Forgeoise, qu’elle soit informelle ou plus officielle, présente parfois ce que j’appellerai par courtoisie des biais d’objectivité. La lecture du dernier Petit Forgeois m’a confirmé dans ce sentiment.

J’ai déjà évoqué dans ce blog les approximations de communication - pour ne pas dire cette fois-ci les contrevérités - de la majorité municipale, que celles-ci proviennent des élus ou de leurs proches. J’ai ainsi évoqué les propos tenus au sujet du prix de l’eau potable ou l’incommensurable décalage entre les propos de campagne tenus autour du fonctionnement démocratique ou du soutien aux activités associatives, et la triste réalité de notre quotidien communal. Je n’y reviens pas.

Comme je l’indiquais plus haut, la lecture du dernier numéro du Petit Forgeois apporte également son lot d’inexactitudes quand il ne s’agit pas, là aussi, de propos erronés. J’en veux pour preuve l’article portant sur les travaux de l’église. Je passerai sur les inexactitudes portant sur l’installation des antennes pour rappeler que, de mémoire, la convention d’origine reprise par les différents opérateurs ne mentionnait pas le diocèse car seul l’accord du prêtre en charge de la paroisse suffit lorsque le bâtiment est utilisé à des fins cultuelles, accord obtenu à l’époque. Je me focalise maintenant sur les travaux d’étanchéité du mur sud. Il est précisé dans cet article, en en-tête, que « le nettoyage des gouttières [n’avait] jamais été effectué depuis la réfection de la toiture ». Cette réfection ayant eu lieu de mémoire il y a une douzaine d’années, l’affirmation sous-entend que la précédente municipalité n’avait donc pas assuré l’entretien de cette partie de l’église. Cette assertion est évidemment fausse. Lors de la dernière mandature nous avons fait procéder tous les ans au nettoyage des chenaux, au nettoyage des gouttières et au nettoyage des gargouilles pour la bonne et simple raison qu’une absence de nettoyage de ces parties du bâtiment conduit inéluctablement à des infiltrations en toiture. On est donc bien là face à une réécriture des réalités.

Toujours au sujet de l’église, puisque c’est un dossier que j’ai suivi de très près dans la dernière mandature, je tiens à signaler que les devis de réfection du mur sud avaient été demandés dès le premier semestre 2020 et que l’entreprise Destas et Creib avait été pratiquement retenue pour cette opération. J’en avais d’ailleurs informé mon successeur en Juillet 2020, en mentionnant l’urgence des travaux. Sur ce point, le Petit Forgeois se garde bien de vous dire qu’il aura donc fallu grosso modo un an et demi à l’actuelle municipalité pour lancer des travaux parfaitement cadrés, et entièrement budgétés. Si je m’en réfère au mode de fonctionnement de l’équipe actuelle, ce retard sera donc probablement de la faute des équipes municipales précédentes !

Une autre chronique particulièrement « amusante » est l’expression des conseillers majoritaires. Deux phrases ont retenu toute mon attention. Tout d’abord, celle mentionnant « la satisfaction et l’énergie que procure le sentiment du devoir accompli ». Je ne peux m’empêcher en lisant cette phrase de repenser aux nombre incalculable des courriels, compte rendus, ou demandes adressés par de nombreuses associations aux conseillers, adjoints, voire maire de la commune, et restés sans réponse... Ou de repenser au bazar que certains choix budgétaires abracadabrantesques de la commune ont généré au niveau de l’école maternelle. Ou de redire quelle a été l’implication d’un élu majoritaire dans les dysfonctionnements catastrophiques du SIAL ayant conduit à sa mise sous tutelle. Je pense clairement que ma conception du « devoir accompli » est très différente de celle des élus majoritaires.

La seconde phrase remarquable est celle qui suggérant « aux conseillers des minorités de s’impliquer également » dans la vie municipale. Pour apprécier toute la mauvaise foi contenue dans ces propos, il me semble indispensable de rappeler la façon dont a été traité M. Pierre Audonneau, conseiller municipal d’opposition, délégué au SIAL, accusé à tort d’avoir manqué à son rôle d’information, et poussé ainsi à la démission suite à un flot de reproches fallacieux. Bien que dans l’opposition, et en dépit de soucis de santé sérieux, Pierre participait également depuis 2020 à l’élaboration des budgets communaux, budgets qu’il avait d’ailleurs gérés pendant une douzaine d’années. Après avoir propagé les rumeurs sur une commune quasiment en faillite, l’équipe majoritaire actuelle bénéficie pour mener à bien les travaux de ces mêmes budgets. A vue de nez, j’estime que le « disponible » constitué de l’autofinancement reporté et des fonds de concours d’ECT négociés lors de la précédente mandature, doit dépasser 2 millions et demi d’euros. On voit bien ici toute l’élégance avec laquelle l’équipe majoritaire a su traiter un conseiller municipal d’opposition très impliqué (pour reprendre le terme de la demande) dans le fonctionnement communal. L’histoire ne s’arrête d’ailleurs pas là. M. Pierre Audonneau a été remplacé dans ses fonctions par M. Baptiste Bonnet. Ce dernier s’est présenté en conseil municipal pour reprendre le statut de M. Pierre Audonneau comme représentant communal au SIAL. Sans doute en guise d’encouragement de la liste majoritaire, sa candidature a été rejetée lors du vote de décision par la majorité communale. C’est un choix très étrange qui a été fait, car les compétences professionnelles de M. Baptiste Bonnet le rendait à même de comprendre toutes les subtilités de l’exploitation d’un réseau et d’une station d’épuration. Je pourrais, pour finir, mentionner le cas des chantiers participatifs portés par une élu minoritaire en l’absence quasi complète des élus de la liste majoritaire. Impliquez-vous qu’ils disaient ! Avant de donner des conseils aux autres, on devrait peut être les appliquer à soi-même...

Je pourrais bien entendu prolonger cette liste des approximations et contrevérités propagées par la municipalité actuelle, au-delà du dernier numéro du Petit Forgeois. J’ai d’ailleurs plusieurs épisodes extrêmement croustillants sous le coude démontrant le mépris que la liste majoritaire réserve aux personnes qui s’impliquent, ou plutôt qui tentent de s’impliquer, pour faire de la commune une ville agréable et vivante, par exemple au travers du refus de prêt de salle municipale. Ces refus, non argumentés pour la plupart, deviennent la norme et pas l'exception. J'y reviendrai d'ailleurs.

L’intérêt de cet article est d’alerter les lecteurs sur la façon très spéciale - c’est le moins qu’on puisse dire - dont la commune communique. Cette communication est très contrôlée et certains des éléments qu’elle donne sont fabriqués. Ces éléments ne sont pas toujours faciles à détecter car il faut pour cela une bonne connaissance du fonctionnement communal et de son histoire pour déceler dans la « com » municipale les approximations et contrevérités qui peuvent s’y cacher. Sur le fond, dire ce que l’on fait ou ce que l’on projette de faire, c’est très bien. Dire ce que l’on a fait, c’est aussi très bien et c’est légitime. En revanche la communication, particulièrement lorsqu’elle est institutionnelle, doit rester impérativement exacte et factuelle. Dans le cas contraire, son objectif se transforme ; d’informer il devient tromper. Cela me fait penser au propos de l’humoriste Marc Jolivet, qui disait « dans communiquer, il y a niquer ». C’est quelque peu grossier, certes, mais c’est très vrai, malheureusement !


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lundi 7 février 2022

QUINZE PROPOSITIONS D'ANTICOR
POUR LA CAMPAGNE ÉLECTORALE



Anticor, association pour la transparence et la moralisation de la vie politique, émet 15 propositions dans le cadre de la campagne électorale. Celles-ci nous amènent, en termes de réflexion, bien loin des discours rabâchés sur les soi-disant « grand remplacement », fraude aux cotisations sociales, cancer de l'assistanat généralisé, primauté des théories du genre et autres billevesées.

En qualité de membre de l'association, je me propose de faire apparaître sur ce blog ces propositions pour en améliorer la diffusion locale. Je rappelle, en incidente, que la France, 5e ou 6e puissance économique se classait en 2020, en termes de perception de la corruption et selon « Transparency International » au 23e rang mondial, derrière, par exemple, l'Uruguay ou les Emirats Arabes Unis et juste devant le Bhoutan (1)... La lutte contre la corruption est donc plus qu'importante : c'est une nécessité démocratique. Les 15 mesures proposées par Anticor, numérotées de 1 à 15, sont décrites ci-dessous. Le texte n'est pas de mon cru ; il peut être retrouvé in extenso sur le site de l'association (2).

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Nous vivons une période inédite de crise de confiance et de crise de la démocratie. La corruption et ses corollaires ne sont pas une fatalité. Les propositions d’Anticor ont vocation à encourager le ou la future présidente à améliorer l’architecture du pouvoir, limiter la porosité entre pouvoirs politiques et économiques et protéger les contre-pouvoirs.

Une démocratie vertueuse

1. Limiter le cumul des mandats parlementaires ainsi que le cumul des mandats exécutifs locaux (maire, président et vice-président de conseils départementaux, régionaux et d’intercommunalités) à deux mandats successifs. Le changement des acteurs et la redistribution des responsabilités limite les abus et impose une certaine probité dès lors qu’une nouvelle majorité a la possibilité de contrôler les actions des précédentes.

2. Des campagnes électorales propres. Contrôler les recettes et dépenses de campagnes au cours de la campagne via l’obligation de les rendre publiques, accompagnées des justificatifs sur une plate-forme internet, y compris pour élections municipales de communes de moins de 10.000 habitants.

3. Instaurer comme condition d’éligibilité à toutes les élections le casier judiciaire vierge de toute condamnation pour atteinte à la probité ou crime. S’engager à démettre de ses fonctions tout membre du Gouvernement mis en examen pour atteinte à la probité ou crime.

4. Renforcer la démocratie directe et la participation de tous aux décisions, notamment par la mise en place d'assemblées locales délibératives, un élargissement du référendum municipal et l'instauration du référendum d'initiative citoyenne.

Une décision démocratique libérée des lobbyistes

5. Améliorer la définition du lobbyisme. Actuellement, beaucoup d’activités d’influence ne sont pas considérées comme telles, ce qui n’est pas acceptable. Il faut élargir la définition de représentant d’intérêts afin que tous les lobbyistes figurent sur le répertoire des représentants d’intérêts tenu par la HATVP*.

6. Transparence des arguments des lobbyistes. Imposer la publication sur une plate-forme unique en ligne de tous les documents remis par des lobbyistes aux décideurs publics (parlementaires, membres du gouvernement et leurs équipes, collectivités) ainsi que les échanges intervenus entre eux afin que tout citoyen puisse en prendre connaissance et, le cas échéant, proposer une contre-expertise citoyenne.

Une justice indépendante et égale pour tous


7. Une justice indépendante, sans influence du pouvoir politique. Supprimer tout lien hiérarchique entre les procureurs de la République et le ministère de la Justice et supprimer les remontées d’informations sur les affaires politico-financières.

8. Une vraie Cour constitutionnelle composée d’éminents juristes nommés pour neuf ans non renouvelables, par la Cour de cassation, le Conseil d’État et la Cour des comptes, sur avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature, en remplacement de l’actuel conseil constitutionnel. Les anciens présidents de la République n’en seront plus membres de droit.

9. Supprimer la Cour de Justice de la République et soumettre les membres du Gouvernement aux tribunaux de droit commun, en application du principe selon lequel tous les citoyens sont égaux devant la loi.

Mieux encadrer l'usage de l'argent public

10. Confier à une autorité départementale indépendante le contrôle de légalité en remplacement des préfets. Les préfets n’exercent quasiment plus de contrôle sur les marchés publics et les recrutements publics, alors même que les irrégularités coûtent plus de 5 milliards d’euros par an au budget de l’État.

11. Mieux encadrer le versement d'aides publiques au secteur privé avec remboursement en cas de défaillance. L’État verse des milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises privées. Ces aides doivent être conditionnées au respect de conditions afin que l’aide publique poursuivre une finalité d’intérêt général, comme toute dépense publique se doit de le faire.

Libérer les contre-pouvoirs

12. Protéger les lanceurs d’alerte qui révèlent des pratiques illégales ou contraires à l’intérêt général, les soutenir financièrement et sanctionner fermement les procédures bâillon. Une démocratie qui ne veut pas voir ses dysfonctionnements est une démocratie qui périclite, inexorablement.

13. Protéger la liberté de la presse et lutter contre la concentration des médias. La loi de 1986 est devenue obsolète. Il faut créer un statut juridique pour les rédactions afin de protéger leur indépendance et créer un délit de trafic d'influence en matière de presse pour limiter toute pression sur les rédactions.

Des moyens pour lutter contre la corruption

14. Créer une autorité de la probité, avec une garantie d’indépendance constitutionnelle, pour remplacer l’Agence Française Anti-corruption, la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique et la Commission nationale de contrôle des comptes de campagne et des financements politiques.

15. Assurer la publicité et la transparence des décisions publiques. Systématiser la publication en données ouvertes (open data) des informations et documents détenus par les autorités publiques.

* Note : HATVP, haute autorité pour la transparence de la vie publique


Références :

1. Indice de perception de la corruption. Wikipedia.
Consultable en ligne :

2. Les 15 propositions d’Anticor pour une présidence éthique !
Consultable en ligne :

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mercredi 2 février 2022

VIDÉOSURVEILLANCE : « GAME OVER » !



J’ai déjà expliqué sur ce blog pourquoi il me semblait que la vidéosurveillance ressemblait à un fantasme sécuritaire. En quelques mots, elle coûte cher et elle est globalement inefficace en termes de prévention de la délinquance. Tout au mieux peut-on espérer qu’elle permette, dans un petit nombre de cas, la résolution de quelques affaires a posteriori.

Cette opinion se fondait non pas sur un sentiment personnel, un a priori, un dogme, mais sur l’examen raisonné de plusieurs articles de presse, travaux de recherches (1-3), ou de structures gouvernementales dont la plus emblématique, me semble t il, reste la Cour des Comptes. Je rappelle que cet organisme avait produit en 2020 un rapport très critique sur la vidéosurveillance, dont une des conclusions marquantes était : « qu’au vu des constats locaux résultant de l’analyse de l’échantillon de la présente enquête, aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéo protection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation » (4). Difficile d’être plus clair.

Depuis, et suite aux observations de la Cour des Comptes, un autre travail a fait l’objet d’une publication, et il a d’ailleurs été en partie commenté dans la presse. L’intérêt de ce dernier opus est d’avoir été commandité par le service de recherche de la Gendarmerie Nationale. Cette étude, une première en France, par son volume et sa durée, a porté sur 4 ans et presque 2000 délits : cambriolages, vol aux voitures, violence, infraction à la législation sur les stupéfiants. Une synthèse des résultats est disponible sur la Gazette des Communes (5).

Première observation : en termes de dissuasion, la vidéosurveillance est inefficace. Je cite la synthèse du rapport : « les données collectées ne révèlent cependant aucun impact [d’un éventuel effet dissuasif des caméras de voie publique] ». En particulier, il n’y a « pas de constat de diminution significative du volume d’infractions enregistré après l’installation de caméras », pas plus que de « volumes inférieurs ou d’évolution plus favorable des niveaux d’infractions sur les territoires équipés vis-à-vis des territoires témoins ».

Deuxième observation : le recours des enquêteurs aux données de vidéosurveillance est globalement décevant, en termes de fréquence ou de résultat. La synthèse du rapport stipule que « le recours à la vidéo protection s’avère considérablement moins simple, naturel et fluide que la culture populaire le laisse croire ». Il cite plusieurs raisons à cela dont le fait que les enquêteurs doivent passer beaucoup d’heures à visionner les vidéos, le fait que les données ne soient pas toujours exploitables (ex. pas d'angle de vue ou d’images utilisables) et le fait que les réquisitions appropriées doivent être faites rapidement pour éviter un écrasement automatique des données. En d'autres termes, toujours selon la synthèse du rapport « les enquêteurs procèdent, consciemment ou non, à un ratio entre l’investissement nécessaire en temps et en efforts d’investigation par rapport aux bénéfices espérés ou à l’importance de l’affaire traitée ».

Troisième observation : la vidéosurveillance permet, dans certains cas, de collecter quelques indices complémentaires. Cependant, in fine, quel que soit le délit « la découverte d’éléments probants, peu importe la thématique considérée, présente des niveaux comparables et s’avère faible (systématiquement inférieure à 3 %) ».

Enfin, dernière observation : la vidéosurveillance ne permet pas de résoudre un nombre important d’affaires. Sur les 1939 enquêtes analysées, 1561 n’ont pas été élucidées, 363 l’ont été sans recours à la vidéo, et seulement... 22 (soit un peu plus de 1% !) ont été résolues avec le concours de la vidéosurveillance.

Pour être complet, je cite in extenso les conclusions de l’étude. « Les enregistrements de vidéoprotection contribuent à la résolution d’enquête judiciaire, en apportant des indices ou des preuves, mais dans des proportions particulièrement ténues (environ 1 % des enquêtes étudiées). Les indices et preuves issues des enregistrements de vidéoprotection se révèlent trop mesurés pour influencer globalement le niveau d’élucidation judiciaire sur un territoire, peu importe la configuration ou la thématique étudiée. Malgré un plébiscite dans les discours, les enquêteurs ne semblent pas véritablement consacrer les enregistrements de vidéoprotection comme une ressource incontournable dans leur travail d’investigation au quotidien. Les configurations de réseaux de vidéoprotection et modalités d’exploitation ont une influence sur la propension de cette technologie à contribuer favorablement aux investigations. Un partenariat étroit et durable entre la brigade locale et les propriétaires de réseaux publics, l’inscription forte dans les réflexes des enquêteurs ou la qualité et la conception des dispositifs apparaissent comme des critères majeurs d’une plus-value maximale ».

Un mot pour dire qu’en tant qu’ancien scientifique, je trouve la démarche du service de recherche de la Gendarmerie très intéressante. Comme le dit la synthèse du rapport dans son préambule, ce service a voulu, suite aux recommandations de la Cour des Comptes, aborder la question de l’utilité de la vidéosurveillance « sans tabou ». Cette démarche « neutre » a donc permis de conforter de façon argumentée les études précédentes démontrant l’inefficacité globale de la surveillance vidéo, en termes à la fois de prévention et de résolution de crimes et délits.

Il reste donc une question centrale : qu’est ce qui fait que nombre de communes souhaitent installer des caméras de vidéosurveillance ? Mon sentiment, et il ne s’agit là que d’un sentiment n’ayant pas d’analyses précises pour le confirmer ou l’infirmer, est qu’il existe une sorte de dogme de la surveillance vidéo. Ce dogme est tout simplement « c’est utile », et c’est tellement évident que cela ne demande pas confirmation. Bref, certains de nos édiles se font tromper par ce faux truisme, bien que de nombreuses études démontrent pourtant le contraire. Je peux les en excuser. Deuxième version : certains élus pourraient être beaucoup plus cyniques et se dire « mes concitoyens pensent que la surveillance vidéo est bénéfique, je vais donc leur donner de la surveillance vidéo ». On est là dans une attitude qui, pour moi, est populiste, dans le mauvais sens du terme. J’ai en effet toujours considéré qu’un élu doit être exemplaire, dire la vérité et tirer ses administrés vers le haut, même et surtout si c’est difficile. J’ai donc beaucoup de mal à accepter que des élus informés de l’inefficacité de la surveillance vidéo maintiennent leur position sur un éventuel équipement communal. Cette attitude est constitutive, à mon sens, d’une volonté de tromper, ou de ne pas détromper, et caractéristique d’une forme de malhonnêteté intellectuelle et de démagogie consommée. Or, comme le disait Jean-Jacques Rousseau « Le démagogue est le pire ennemi de la démocratie »...

Note ajoutée le 5 février :

Un élu d'une commune de la CCPL m'indique que les caméras sont installées également parce que la brigade de gendarmerie de Limours "pousse" fortement à cela. Dont acte. Ceci dit, les élus locaux ont toute légitimité pour décider ou non de la pertinence de ces installations. Cet élu m'indique que les représentants de la brigade locale semblent également douter des analyses scientifiques dont j'ai parlé. Pourquoi pas. Les études sont tout à fait susceptibles d'être discutées. Plus dérangeant, les conclusions du rapport du Sénat ainsi que l'enquête menée par le service recherche de la Gendarmerie Nationale semblent être aussi remis en cause localement. Pour avoir été élu plus de 12 ans à Forges, je sais l'engagement quotidien des services de gendarmerie de la BT de Limours, au service de la population. Avec le respect dû à ces militaires, leur engagement permanent ne les autorise pas, cependant, à balayer d'un trait les rapports précités, ni d'ailleurs les chiffres de la délinquance donnés par leurs propres services et services de police, sauf à présenter des arguments étayés en ce sens.    

Références :

1. Tanguy Le Goff. Le faux et coûteux miracle de la vidéosurveillance. Après-Demain. Avril 2010.
Consultable en ligne :
Citant :
Tanguy Le Goff, Vidéosurveillance et espaces publics - Etat des lieux des évaluations conduites en France et à l’étranger, Institut d’Aménagement et d’Urbanisme (IAU) d’Ile-de-France, Paris, octobre 2008.

2. Hervé Jouanneau. La vidéosurveillance est un gaspillage de l’argent public. La gazette des communes. Mars 2018.

3. Martin Gill, Angela Spriggs. Study 292 Assessing the impact of CCTV. Home Office Research. Development and Statistics Directorate. Fevrier 2005.
Consultable en ligne :
https://techfak.uni-bielefeld.de/~iluetkeb/2006/surveillance/paper/social_effect/CCTV_report.pdf

4. Les polices municipales. Cour des comptes. Rapport public thématique. Octobre 2020.
Consultable en ligne :
https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/276784.pdf

5. Gabriel Thierry. Une étude de la gendarmerie met en doute l’efficacité de la vidéosurveillance. La gazette des communes. Décembre 2021.
Résumé du rapport consultable en ligne :
https://www.lagazettedescommunes.com/telechargements/2021/12/synthese-detude-v1.pdf


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Crédit photo montage : Yves Dessaux