samedi 27 février 2021

L’ÉTRANGE PROJET DE LA CCPL POUR LA ZONE TDF DES MOLIÈRES





Pour être honnête, cette nouvelle n’est pas de la première fraîcheur mais je la pense intéressante...

Il y a quelques mois, le bureau communautaire de la CCPL, instance regroupant les vice-présidentes et vice-présidents de la communauté de communes ainsi que les maires non vice- présidents, a été informé du projet d’ouverture d’un site d’entraînement du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), unité d'élite de la gendarmerie nationale française, dans la zone dite TDF des Molières. Pour ceux qui ne situent pas trop le lieu, celui-ci se situe entre Les Molières et Limours, et est accessible à partir de Gometz par la RD 988 et par la petite route dite rue des fonds d’Armenon. C’est à cet endroit que se trouve aussi l’entreprise Pachamanaï. Le site choisi aurait été celui des anciens bâtiments TDF.

Inutile de dire que le projet présenté au bureau a interpellé vivement le dit bureau, d’autant que le maire des Molières, M. Yvan Lubraneski et plusieurs autres membres de cette instance ne semblaient pas avoir été informés de son existence. Ceci est pour le moins surprenant ! Rapidement cependant, les discussions ont fait ressortir que l’implantation proposée se situait dans l’immédiat voisinage des locaux de la Lendemaine, ferme agricole associée et foyer d’accueil médicalisé pour personnes diagnostiquées autistes (1). Ces mêmes discussions et des informations complémentaires ont fait ressortir que le lieu d’entraînement du GIGN pourrait impliquer des opérations de tirs d’armes à balles réelles, ou l’usage de grenades de différents types. Même en soignant l’isolation phonique, les nuisances et surtout l’incompatibilité avec le projet de la Lendemaine ont donc semblé trop fortes aux élus de la CCPL qui ont repoussé le projet, ce qui a été confirmé en assemblée communautaire.

Si l’anecdocte n’avait pas impliqué pas la santé de personnes fragiles, on aurait pu la trouver plaisante, voire comique. Sans jeu de mots, le boulet n’est pas passé loin. Ceci dit, l’histoire se finit bien, la sagesse des élus de la CCPL l’ayant emporté. Rassurant malgré tout !


Référence :

1. Pour mieux comprendre le projet de La Lendemaine, voir leur site :
https://www.la-lendemaine.fr/


Crédit illustration : 

Page Wikipédia GIGN
Auteur : Domenjod — Travail personnel, CC BY-SA 4.0

mercredi 24 février 2021

À PROPOS DU POSSIBLE FUTUR LOTISSEMENT DE LA RUE DE VAUX...



Il circule actuellement des rumeurs infondées concernant le futur lotissement de la rue de vaux, à Forges. Ce court article est destiné à faire le point sur ces rumeurs et rétablir quelques éléments de vérité.

Il m’a été rapporté voilà quelques jours, par des habitants de la rue de vaux (secteur nord), que la nouvelle municipalité propageait en ville l’information selon laquelle le nouveau possible lotissement, prévu entre la rue de vaux et la rue du Général Leclerc, avait été décidé par la précédente municipalité. Selon ces rumeurs, ce lotissement représenterait une cinquantaine de logements surmontant un ensemble de parkings souterrains.

Je démens ici formellement ces soi-disant informations et souhaite rétablir la vérité et la chronologie des faits. L’ancienne municipalité a bien été contactée au mois de juin 2020 par un promoteur désireux d’implanter sur les terrains mentionnés ci-dessus un lotissement. Il s’agissait de définir une date de rendez-vous sur site. L’ancienne équipe a estimé qu’il n’était pas raisonnable, en responsabilité et à quelques jours du second tour des municipales, de décider de quoi que ce soit pour l’avenir urbanistique de ce site. Elle a considéré que ceci serait du ressort de la nouvelle équipe municipale, lui laissant ainsi la possibilité de choisir ce qui semblerait bon pour la commune. Elle a alors simplement mandaté le service urbanisme et le service technique pour alerter le promoteur sur les difficultés d’urbanisation liées aux contraintes physiques des réseaux et de la voirie. Il n’y a donc eu, je l’écris ici en toutes lettres et en gras, aucune décision de lotissement de ce site prise par l’ancienne équipe municipale.

Il existe un moyen simple de vérifier ce que j’écris. La réglementation prévoit que si un lotissement sortait de terre à cet endroit, il devrait avoir fait l’objet d’un permis d’aménager. Ce permis est un document administratif délivré par la mairie. Distinct du permis de construire, il définit les travaux portant sur le sol et son aménagement. A ce jour, je n’ai aucune information sur l’existence d’un tel permis d’aménager, nécessaire à la création du lotissement. Néanmoins si ce projet devait avancer, il ferait suite à la délivrance de ce permis, dont je rappelle qu’il est un document public consultable en mairie par tout citoyen qui en fera la demande. Il sera donc possible constater de visu que celui-ci aura été signé - sans aucun doute - par un des membres de la nouvelle équipe municipale, démontrant ainsi son implication dans ce projet, quel qu'en soit le dimensionnement final.   

Faire porter la responsabilité de ses actes à d’autres est a minima une absence de courtoisie mais c’est également et surtout la preuve d’une immaturité avérée et d’une malhonnêteté intellectuelle certaine. D'autant qu'il existe des solutions alternatives pour éviter le développement d'un tel projet si on estimait qu'il n'était pas souhaitable pour la commune. 

lundi 22 février 2021

UNE JOURNÉE DE SOLIDARITÉ À FORGES ?



Selon des informations concordantes, la nouvelle municipalité souhaiterait organiser une journée de solidarité communale, destinée à montrer ce qui se ferait à Forges. Si cette volonté semble démontrer de « bons sentiments » en regard de la solidarité, la proposition de la mairie soulève cependant quelques interrogations et remarques.

En premier lieu, je m’interroge au sujet de la date proposée qui serait celle du 1er mai. Je pense qu’il n’est besoin de rappeler à personne que le 1er mai est la date de ce que l’on appelle couramment « la fête du travail », même si son appellation exacte est la « journée internationale des travailleurs ». À l’origine, puis historiquement, cette date est le symbole des luttes du monde de travail visant à limiter l’aliénation (comme je l’écrivais dans un article précédent - 1) que constitue l’activité salariée (au sens large). Cette journée est fériée en France depuis plus de 100 ans. De nos jours le 1er mai reste l’occasion de rappeler aux détenteurs des pouvoirs politique et économique (qui sont souvent les mêmes) les revendications principalement syndicales, sous forme de manifestations parfois unitaires. Ceux qui comme moi ont participé à quelques défilés auront sans doute noté une certaine propension récente des forces de l’ordre à user de façon disproportionnée de techniques d’encerclement et de tirs de grenades lacrymogènes au milieu de manifestants pacifiques. Dans le même temps les actions de casseurs et autres « black blocks » semblent, elles, rester très curieusement relativement impunies. Tout se passe donc comme si le pouvoir en place s’évertuait à décourager ces manifestations, indépendamment des considérations sanitaires récentes... En lien, je ne peux m’empêcher de voir dans le choix de la date du 1er mai par la municipalité de Forges une certaine forme de mépris pour les revendications du monde du travail. J’avais d’ailleurs déjà eu ce sentiment lorsque le terme de preneur d’otage avait été utilisé par des membres de l’actuelle majorité pour qualifier une enseignante malade de la CoViD ou susceptible de l’être (2).

Ma seconde remarque concerne ce qu’à mon sens est la solidarité et la façon dont elle s’exerce dans une commune. La notion de solidarité est en effet une notion large qui recouvre différents aspects de la vie communale. Il ne s’agit pas seulement du portage des repas aux plus anciens, ou des actions que peut mener le centre communal d’action sociale (CCAS), ou de la mise en place d’un quotient familial pour la cantine ou les sorties scolaires… La solidarité c’est aussi, par exemple et au hasard, de faire en sorte que la commune soit en capacité d’offrir une offre de logement adaptée et diversifiée, avec du logement d’urgence, du logement social, de l’accession aidée à la propriété, et de l’accession privée à la propriété. C'est aussi de ne pas exclure les associations forgeoises du marché de Noël (2). En effet,  la solidarité s’exerce également au niveau associatif. Nous avons la chance ici de disposer d’un important terreau associatif qu’il serait totalement contre-productif de stériliser (voir mon article sur le marché de Noël - 3). Outre les activités sportives et leurs clubs, les activités culturelles et les associations telles que la « MCL », « l’AMM » ou « Coup de pouce » participent également à la création de liens sociaux. Des associations telles que « l’autre bureau » ou « Forges en transition » qui comme je le dis habituellement cochent toutes les cases du développement durable, sont également génératrices de ces liens sociaux, mais aussi de synergies, de vivre-ensemble au quotidien. Tout cela pour dire que la solidarité s’inscrit, dans une commune, « horizontalement » dans toute une série d’actions et « verticalement » dans un temps long, bien loin de la vision « journée de solidarité » proposée. En sus, la solidarité ne se décrète pas, mais elle s’organise non pas au travers de la volonté de piloter d'en haut telle ou telle activité, en en décourageant d'autres, mais en accompagnant au quotidien, sans intention inquisitrice ou prédatrice, les forces vives et associatives de la commune qui sont les véritables acteurs de la solidarité au quotidien... 


Références : 

1. Le travail est une aliénation

2. Un professeur malade (ou gréviste) n’est pas un preneur d’otages !

3. À Forges, le marché de Noël oublie le sens du mot solidarité.


Crédit illustration :

Bernard Vigneron de Milkinz. Blog L'humour libre.
D'après Le Chat de P. Geluck.
http://trop-gonfle-trop-pamphlets.over-blog.com/2017/02/generosite-devant-une-personneu-on-tente.html



samedi 20 février 2021

RECHERCHE SCIENTIFIQUE. II. LA DÉMARCHE EXPÉRIMENTALE

 
                             


Dans ce nouveau chapitre, je présente au travers d’un exemple plausible de questionnement scientifique, la façon dont les chercheurs travaillent à la production de résultats. Cette section est plus concrète que la précédente qui détaillait les grands principes sur lesquels s’appuie l’activité de recherche ; elle décrit comment ces principes sont mis en œuvres au laboratoire.


Pour replacer l’article dans son contexte, je rappelle que l’activité de recherche consiste, à pâtir d’une observation, à émettre des hypothèses explicatives testables, qui seront donc ensuite validées ou non par l’expérimentation. Je prends ici l’exemple d’un sol pollué par un produit que l’on appellera A. Des scientifiques ont isolé de ce sol un micro-organisme qui présente la capacité de dégrader le produit A. À partir de cette observation, et afin de développer des procédures de dépollution efficaces, on souhaite étudier la façon dont ce micro-organisme métabolise ce composé. On émet donc, compte tenu des connaissances disponibles en chimie, biologie, biochimie, l’hypothèse la plus simple, relative à la façon dont le produit A est dégradé. Elle propose que le produit A est dégradé par le micro-organisme en produit B, ceci impliquant l’intervention du composé X, naturellement présent chez les micro-organismes, et transformé lors de cette réaction en Y. Cette proposition est résumée par le dessin ci-dessous.
 


Pour tester cette hypothèse, il faut donc vérifier la formation de B lorsque l’on ajoute A à un extrait du micro-organisme (un « broyat » pour simplifier), et montrer que dans le même temps X donne Y. Nous disposons des tests ad hoc pour vérifier que X donne Y, ainsi que pour A donne B. L’expérience consiste alors à ajouter dans un micro-tube à essai une solution dite tampon (qui permet le contrôle entre autre de l’acidité du milieu et assure sa stabilité lors de la réaction attendue), l’extrait du micro-organisme (également stabilisé par la présence du tampon), ainsi que les produits A et X. On mesurera la transformation au cours du temps de X en Y, la formation de B, ainsi que, éventuellement, la disparition de A.

Premier élément de démarche : la nécessité des contrôles (aussi appelés témoins négatifs). Pour lever tout doute sur la réalité des processus, et l’absence de biais, la démarche implique d’effectuer également, notion expérimentale très importante, des expériences dites de contrôle. Ainsi, dans l’exemple présenté, on réalisera trois contrôles constitués du mélange décrit plus haut mais sans l’extrait microbien, ou sans le composé A, ou sans le composé X. Le premier permet de s’assurer que la production des composés B et Y est bien due à l’extrait microbien, les deuxième et troisième que les composés A et X sont bien impliqués dans la réaction, comme postulé. Lors de l’expérimentation, les résultats montrent que sans l’extrait, sans A ou sans X, ni B ni Y n’apparaissent. Ceci est conforme à l’hypothèse proposée.

Deuxième élément de démarche : « toute chose égale par ailleurs ». Dans ce que je décris ci-dessus, on constatera que les témoins négatifs en font varier qu’un seul des paramètres expérimentaux à la fois. Cet élément de démarche est également fondamental. On comprend en effet intuitivement que lorsque plusieurs paramètres varient simultanément, l’analyse de causalité, qui permet de dire quel est l’implication d’un paramètre particulier est soit plus difficile, soit parfois impossible. Dans le cas d’expérimentation de laboratoire, il est donc toujours préférable de ne faire varier lors de chaque contrôle, ou chaque expérience d'ailleurs, qu’un seul des paramètres, les autres paramètres restant inchangés, une approche que l’on résume par expérimenter « toute chose égale par ailleurs ».

Troisième élément de démarche : la répétabilité. Poursuivant dans l’exemple pris, l’expérience dans laquelle l’extrait, A et X sont présents, permet de mettre en évidence la disparition de A et la transformation de X en Y mais ne permet pas de constater la production de B. Le fait que B ne se forme pas pourrait invalider l’hypothèse proposée, mais pour en être sur il faut d'abord répéter l'expérience et s’assurer que le résultat ne provienne pas d’une erreur triviale. Par exemple, l’expérimentateur pourrait avoir oublié d’ajouter A à son essai, ce qui nous replacerait dans le cas du témoin négatif présenté ci-dessus. Dans notre exemple, l'expérimentateur recommence donc l'expérience et elle ou il observe que les résultats de ce second essai sont identiques à ceux du premier.

Quatrième élément de démarche : l’approche essai-erreur. Le dernier résultat obtenu ne permet donc pas de valider l’hypothèse proposée, même si les témoins négatifs sont bien négatifs, et que la production de Y ait été montrée lors de l’expérience. Il est donc nécessaire de considérer que l’hypothèse première est fausse. La démarche consiste à en proposer une seconde, qui tient non seulement compte des données de chimie, biologie, biochimie, connus, comme précédemment, mais également du fait que l’expérimentateur a trouvé, quand bien même l’hypothèse première n’a pas été validée, que le métabolisme de A doit impliquer le composé X. Dans notre exemple, supposons qu’on ne puisse, compte tenu des connaissances disponibles, postuler une dégradation en une étape. Il devient nécessaire de complexifier l’hypothèse et proposer une dégradation en deux étapes. Cette seconde hypothèse présentée ci-dessous propose que A serait transformé en C et C en D, la transformation de X en Y se faisant soit à la première étape soit à la seconde (soit au cours des deux, non figuré). L'expérimentation, conduite selon les mêmes principes que ceux indiqués ci-dessus permettra de trancher parmi ces hypothèses.


Ce processus itératif où une hypothèse est testée, puis une autre si la première n’est pas valide, puis éventuellement une troisième, etc., est appelé essai-erreur. Il est consubstantiel à la démarche scientifique, et de façon plus générale, aux processus d'apprentissage. Il me faisait dire à mes étudiants que nous étions les seules personnes au monde payées pour se tromper, avec une petite contrepartie : celle, sinon de savoir pourquoi nous nous étions trompés, de proposer une explication plausible ! 

Le second élément décrit plus haut, à savoir la répétabilité, s’applique également - et tout autant - lorsque l’expérimentation a validé l’hypothèse proposée (ou tout au moins ne l'a pas infirmée). Même dans ce cas, et même si on en plaisante au laboratoire en disant « ne jamais répéter une expérience qui a fonctionné », c’est bien entendu la proposition de vérification qu’il faut retenir. Cette notion de répétabilité est très importante et elle conditionne d’ailleurs la façon dont seront diffusés les résultats obtenus auprès de la communauté scientifique, par le biais de publication dans des journaux. Un résultat de recherche n’est jamais vraiment définitif et pour être accepté comme tel (pour autant que quoi que ce soit soit définitif en science) et  représentatif d'une « vérité », il doit avoir été validé par d’autres. La « vérité scientifique » est donc une construction contradictoire. C’est pour cette raison que le débat scientifique existe, et qu’il peut être parfois houleux, comme en atteste le cas récent des traitements de la COViD-19 par un antipaludique largement prescrit.

Le prochain article au sujet de l’activité scientifique traitera en grande partie des statistiques, plus particulièrement en biologie. 



Crédit dessin :

Jacques Rouxel (avec Jean-Paul Couturier). Les shadocks.




mercredi 17 février 2021

ISLAMO-GAUCHISME ? MADAME LA MINISTRE, UN PEU DE DÉCENCE SVP...




Madame Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, a annoncé dimache dernier sur C-News, vouloir charger le CNRS de mener une étude scientifique sur l’islamo-gauchisme qui selon elle  « gangrènerait les universités », et plus précisément de définir dans le domaine des sciences sociales « ce qui relève de la recherche et du militantisme » (1).


Je le dis tout net : ces propos sont scandaleux, et ce pour plusieurs raisons que je vais tenter d’expliquer. La première est qu’elle semble révéler le mépris total du fonctionnement de la recherche à l’université, ce qui me surprend d’autant plus que Mme Frédérique Vidal a présidé pendant plusieurs années au devenir de l’université de Nice-Sofia-Antipolis. Les recherches menées à l’université, tout comme les « angles d’attaque » relèvent de la liberté universitaire. Il est hors de question qu’un politique décide de quelque façon que ce soit de la nature ou de la conduite de ces recherches. Il pourra m’être objecté que tel n’est pas le sens des propos de Mme la ministre. Personnellement je ne suis pas sur qu’in fine tel ne soit pas le but. Mais admettons qu’il en soit ainsi... Il n’en reste pas moins vrai que les conclusions qui découlent des recherches ne sont pas « validables » par le politique ou les réseaux sociaux, mais par les pairs. C’est ainsi que se construit ce que l’on considère comme la vérité scientifique. J’y reviendrai dans les jours ou semaines qui viennent dans ma série sur l’activité de recherche.

Ma deuxième objection est que l’islamo gauchisme est une notion plus que vague. C’est d’ailleurs ce que dit la conférence des présidents d’université qui indique dans un communiqué qu’il s’agit là « d‘une pseudo-notion dont on chercherait en vain un commencement de définition scientifique, et qu’il conviendrait de laisser, sinon aux animateurs de CNews, plus largement à l’extrême droite qui l’a popularisée » (2). Sans définition claire, comment dire ce qui serait islamo-gauchiste ou non ? Par ailleurs, rappelons quand même l’histoire de ce terme. A l’origine part du jargon des sciences sociales, il est devenu depuis un terme péjoratif qui, comme l’indiquait le Pr. Jean-Yves Pranchère, philosophe, professeur à l'Université libre de Bruxelles, sert surtout « d’instrument de disqualification des gens qui défendent les droits de l'homme ». Cet idée est reprise par le Dr. Marwan Mohammed, sociologue au CNRS, qui précise « En qualifiant quelqu'un d'islamo-gauchiste, l'idée n'est pas de débattre avec lui, mais bien de le disqualifier […] Ceux qui l'emploient refusent d'envisager la complexité des phénomènes sociaux et se contentent d'excommunier leurs adversaires » (3).

Ma troisième objection concerne la bonne maison pour laquelle j’ai travaillé pendant une quarantaine d’années, le CNRS. Le CNRS n’est pas un service de police ou de gendarmerie. Il n’est pas chargé d’enquêter, cela ne fait pas partie des se trois missions essentielles qui sont l’acquisition de connaissance, la diffusion du savoir, et - depuis quelques années seulement - la valorisation de ces connaissances. Certes, le CNRS peut mener des expertises collectives. J’ai d’ailleurs contribué à ce type d’exercice, comme co-responsable d’une de ces études conduite avec les collègues de l’INRA. Mais précisément, le but de ces expertises n’est pas de formuler une opinion, ou de donner des recommandations aux décideurs, même si la saisine du CNRS résulte très généralement d’une demande d’une structure publique telle qu’agence ou ministère. Il s’agit  « simplement » de faire le point, sous forme d’une synthèse, sur les connaissances scientifiques, sur les faits acquis et les controverses, autour d’une question complexe. On est donc bien loin de l’enquête...

Quatrième remarque : la recherche à l’université se fait avec l’appui massif dudit CNRS. Les labos universitaires sont en général ce que l’on appelle des unités mixtes de recherches, regroupant l’université et ses partenaires, souvent le CNRS, mais aussi le CEA, l’INRA, l’INSERM, l’INRIA, l’IFREMER, etc., ou des instituts propres d’autres structures. J’ai explicité en quoi le CNRS n’était pas à même d’enquêter de par la définition de ses missions. Il l’est d’autant moins qu’il faudrait qu’il enquête donc également sur lui même. La plupart de mes collègues sont gens honnêtes, et je pense donc qu’ils verraient dans cette démarche un risque majeur de conflit d’intérêt...

Mon sentiment sur les propos de Madame la ministre - qui soit dit en passant est l’un des pires ministres de la recherche que j’ai connus en 40 ans tant elle a poursuivi avec zèle l’oeuvre de paupérisation de l’université et de la recherche publique entreprise par ses prédécesseurs - est que ceux-ci relèvent de la droitisation du discours de l’actuelle majorité présidentielle. Ils font ainsi suite à des propos similaires tenus par M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, reprenant quasi mot à mot la logorrhée nauséabonde du front/rassemblement national (RN). Ils font également suite aux propos de M. Gérald Darmanin, ministre de l‘intérieur, lors du débat avec M. Marine Le Pen, résidente du RN, au cours duquel le premier reprochait à la seconde sa mollesse... Ce qu’il est convenu d’appeler « la macronie » est en pré-campagne électorale et elle cible surtout son adversaire probable lors de la prochaine présidentielle, qui fait pour le moment jeu quasi égal dans les sondages avec son héraut. Dans une vision qui considère - et sans doute à assez juste titre - que la gauche est tellement divisée qu’elle n’a aucune chance d’accéder au pouvoir dans les années à venir et qu’elle est donc insignifiante, le discours, les idées issues de la macronie vont donc cibler l’extrême droite. Cette stratégie de radicalisation permettra également de prendre en tenaille, entre la République en Marche et le RN, les Républicains qui finiront par ne plus exister, sauf à rallier l’actuelle majorité ou éventuellement le RN, ce que d’aucun ont déjà commencé à faire depuis quelques années (4). Les propos de Mme Frédérique Vidal s'inscrivent donc totalement dans cette logique électorale, instrumentalisant ainsi de façon tout à fait indécente, le travail des chercheurs. Sans doute est-ce là le cadet de ses soucis !


Note ajouté le 17 février à 21H45

Le CNRS vient de publier un communiquer de presse (5) avec lequel je suis en complet accord, et dans lequel il indique ce qui suit :

« « L’islamogauchisme », slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique. Ce terme aux contours mal définis, fait l’objet de nombreuses prises de positions publiques, tribunes ou pétitions, souvent passionnées. Le CNRS condamne avec fermeté celles et ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique, indispensable à la démarche scientifique et à l’avancée des connaissances, ou stigmatiser certaines communautés scientifiques. Le CNRS condamne, en particulier, les tentatives de délégitimation de différents champs de la recherche, comme les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme de « race », ou tout autre champ de la connaissance. [...] La polémique actuelle autour de l’ « islamogauchisme », et l’exploitation politique qui en est faite, est emblématique d’une regrettable instrumentalisation de la science ».


Références :

1. Anonyme avec AFP. Islamo-gauchisme à l’université: Frédérique Vidal demande une enquête au CNRS. Le Figaro Etudiant. Février 2021.
Consultable en ligne :
https://etudiant.lefigaro.fr/article/islamo-gauchisme-a-l-universite-frederique-vidal-demande-une-enquete-au-cnrs_781f1980-707b-11eb-a0e4-387b7dca29c2/

2. Islamo-gauchisme : stopper la confusion et les polémiques stériles. Communiqué de presse. Conférence des présidents d’université (CPU). Février 2021.
Consultable en ligne :
http://www.cpu.fr/actualite/islamo-gauchisme-stopper-la-confusion-et-les-polemiques-steriles/

3. Les citations du Pr. Jean-Yves Planchère et du Dr. Marwan Mohammed sont tirées de la page Wikipedia sur l’islamo-gauchisme.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Islamo-gauchisme

4. Voir par exemple :

Anonyme avec Reuters. La liste des transfuges des Républicains vers le FN s'allonge. Capital. Septembre 2015.
Consultable en ligne :
https://www.capital.fr/economie-politique/la-liste-des-transfuges-des-republicains-vers-le-fn-s-allonge-1070107

Anonyme. Deux anciens députés LR rejoignent Marine Le Pen. Les Inrockuptibles. Janvier 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lesinrocks.com/2019/01/08/actualite/politique/deux-anciens-deputes-lr-rejoignent-marine-le-pen/

Anonyme avec AFP. Grand Est: le ralliement de deux ex RN à LR sème la zizanie
Le Figaro. Juin 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/grand-est-le-ralliement-de-deux-ex-rn-a-lr-seme-la-zizanie-20190624

5. Communiqué CNRS

vendredi 12 février 2021

RECHERCHE SCIENTIFIQUE. I. QUELQUES PRINCIPES GÉNÉRAUX




J’ai été interpelé par certains de mes proches au sujet des divergences de vue entre scientifiques ou médecins, autour du virus de la CoViD-19 lui même et autour des traitements destinés à contrer sa multiplication. La plupart s’étonnaient de ce manque de consensus. Il est à mon sens tout à fait normal, et je tenterai d’expliquer pourquoi plus tard. Au delà, ces réflexions m’ont donné l’idée d’une petite série d’articles présentant différents aspects de la démarche scientifique, série qui commence aujourd’hui avec quelques grands principes généraux.


Définir ce qu’est la science n’est pas si facile que cela et il faudrait sans doute au moins un livre entier pour cela. Le mot vient du latin « scientia » qui veut dire connaissance. Dans notre monde occidental, c’est à l’origine un concept philosophique, né sur le pourtour méditerranéen, qui propose que « l'on pouvait expliquer les phénomènes naturels par des causes naturelles » (1). Aristote, un des penseurs grecs majeurs, écrivait d’ailleurs « Nous estimons posséder la science d’une chose d’une manière absolue quand nous croyons que nous connaissons la cause par laquelle la chose est, que nous savons que cette cause est celle de la chose, et qu’en outre il n’est pas possible que la chose soit autre qu’elle n’est ».

L’objectif premier de la science est donc, comme l’écrivait Bertrand Rusell en 1935 (2) « de découvrir, au moyen de l'observation et du raisonnement basé sur celle-ci, d'abord des faits particuliers au sujet du monde, puis des lois reliant ces faits les uns aux autres, et permettant (dans les cas favorables) de prévoir des événements futurs ». Pour arriver à ses fins, l’activité scientifique s’appuie sur la démarche scientifique, elle même constituée de processus de raisonnement et de procédures expérimentales. Le but ici n’est pas de présenter les différents types de raisonnement (résumés par l’acronyme DIA : déduction, induction, abduction), mais plutôt de dire quels sont certains des grands principes de la recherche scientifique. De façon tout à fait remarquable, ces principes sont ceux avec lesquels les scientifiques de tous les pays et de toutes les cultures travaillent. Car une des caractéristiques de cette activité – et une de ses forces - est d’être universelle, si l’on borne l’univers à notre petite planète que l’on va tenter de conserver bleue encore quelques temps.

Premier principe : la causalité. Il s’agit là du principe aristotélien explicité plus haut. En science, tout phénomène possède une cause. En ce sens, la science est fondamentalement rationaliste puisque pour elle, et pour citer Wikipédia, « la réalité n’est connaissable qu'en vertu d'une explication par les causes qui la déterminent et non par la révélation divine » (3).

Deuxième principe : la réfutabilité. A partir d’une observation et d’un ensemble de connaissances considérées comme établies, la démarche scientifique consiste à élaborer une hypothèse permettant d’expliquer l’observation. Contrainte : cette hypothèse doit être « testable ». Pour cela, la ou le scientifique met en place une expérimentation dessinée de telle sorte que les résultats qui en découlent, et leur analyse permettent de valider ou d’infirmer l’hypothèse. Il s’agit là du concept de réfutabilité, cher au philosophe des sciences Karl Popper (4), qui permet, pour simplifier, de distinguer une théorie scientifique d’une croyance.

Troisième principe : la parcimonie (principe aussi dit « du rasoir d’Ockham »). Guillaume d’Ockham était un philosophe anglais et théologien franciscain du moyen-âge. Il est considéré comme un des préfigurateurs de la science moderne. Le terme de rasoir doit être compris dans son sens philosophique, « raser » signifiant « éliminer des explications improbables d'un phénomène » . Il s’agit du principe de parcimonie, qui propose que « les hypothèses suffisantes les plus simples doivent être préférées » (5). Contrairement à une idée reçue, ce principe ne signifie pas que l’hypothèse la plus simple est la meilleure, mais simplement qu’elle est celle qui doit être testée prioritairement. Si elle se vérifie, et si elle suffit à expliquer un phénomène, alors il ne sera pas nécessaire d’introduire de nouvelles hypothèses explicatives. Cependant, le rasoir d’Ockham ne permet pas de préférer une hypothèse à une autre dans les cas où toutes seraient également parcimonieuses. On retrouve ce principe dans le domaine des sciences de l’ingénieur et également en informatique, sous la forme de l’acronyme KISS « keep it stupidly simple », qui propose que toute complexité non indispensable devrait être évitée, dans toute la mesure du possible.

Quatrième principe : le doute. Une ou un scientifique doit douter. Douter tout d'abord de ses résultats pour, en fait, les consolider. En tentant une autocritique de son travail, il anticipe la critique qu’en feront ses pairs, et construira une théorie plus robuste. Il doit aussi douter des résultats de ses collègues, non pas de façon destructrice, négative, mais, là aussi, de façon à s’assurer de leur résistance. Ce doute peut et doit éventuellement aller jusqu’à la remise en cause des dogmes lorsque cela est nécessaire et toutes les hypothèses, pour autant qu’elles soient réfutables, ont droit de citer. Cependant comme le disait Claude Bernard, « il faut douter mais ne point être sceptique », le scepticisme étant dans ce sens compris au sens que lui donnait Descartes, c’est à dire de personnes « qui ne doutent que pour douter et affectent d’être toujours irrésolus ». En science, le doute est nécessaire, mais il est temporaire, il est essentiellement une méthode permettant de « s’assurer que nos croyances sont raisonnablement justifiées par des faits observables, quantifiables et reproductibles » (6).

J’arrête là cet article introductif. J’ai conscience qu’il est complexe mais il est nécessaire, me semble-t-il, pour comprendre les bases qui sous-tendent la recherche scientifique. Le prochain article de la série sera plus concret et traitera de la méthode scientifique.


Références :

1. Dominique Lecourt. 2015. La philosophie des sciences. Presses Universitaires de France. Paris.

2. Bertrand Russell. 1935. Science et Religion. Thornton Butterworth. Londres.

3. Rationalisme. Wikipedia.
Consultable à l’adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rationalisme#:~:text=Le%20rationalisme%20est%20la%20doctrine,de%20toute%20connaissance%20du%20monde.

4.Karl Popper. Wikipedia.
Consultable à l’adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Popper

5. Le rasoir d’Ochkam. Wikipédia.
Consultable à l’adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_d%27Ockham

6. Les sceptiques du Québec. Foire aux questions.
Consultable à l’adresse :
https://www.sceptiques.qc.ca/association/faq


Crédit dessin :

Jacques Rouxel (avec Jean-Paul Couturier). Les shadocks.. Les fondements de la pensée Shadok.


PROJETS COMMUNAUX. IV. LES TENNIS COUVERTS




Lors des précédentes mandatures, nous avons réfléchi à la création d'un pôle sportif sur le territoire communal, ce qui a conduit à l'implantation du gymnase puis du City stade à proximité des terrains de football et du golf ainsi qu'à la création des locaux sportifs semi enterrés (vestiaires). Il restait à regrouper sur site les terrains de tennis situés actuellement à l'autre bout de la commune, en profitant ce ce déménagement pour aménager des couverts et un petit « club house ».


Dans ce but, nous avons longuement travaillé avec les propriétaires du golf de Forges, afin d'acquérir les terrains situés au nord des terrains de football, entre ceux-ci et la rue de la Villouvette. Nous avons aussi effectué les sondages géotechniques sur site et mandaté un cabinet d'études, le tout pour définir la faisabilité du projet et une enveloppe budgétaire. L’idée était de faire de ce projet une « opération blanche » (ou quasi), dans laquelle la commune investissait peu ou pas du tout, en finançant la construction des tennis par le biais de la vente des actuels terrains en vue de lotissement. Le nombre de lots avait même été défini avec les riverains des tennis de sorte que le lotissement reste de taille acceptable. Plus précisément, ce nombre avait été abaissé à 7 et une attention particulière avait été apportée à la conservation d’espaces verts. Côté golf, et en toute honnêteté, la discussion avec les propriétaires avait été longue et rendue difficile par l’existence de plusieurs négociateurs privés aux intérêt possiblement divergents. La commune était cependant prête aux concessions mais elle envisageait également, après consultation de ses conseils, la mise en place d’une procédure de déclaration d’utilité publique (DUP) permettant d’acquérir, bien, entendu au coût du marché, les terrains nécessaires à l’opération. Nous en sommes restés à ce stade à la fin de mes engagements municipaux.

Depuis les élections, le projet tennis semble prendre une orientation différente. Selon mes informations, fini l’idée du pole sportif. On se dirigerait vers une réhabilitation des terrains de plein air existants. Si on veut les conserver, ceux-ci en ont effectivement besoin. Nous avions voilà quelques mois fait chiffrer ce projet, dont le coût ressortait à 20 000 euros environ par court, soit un total de 60 000 euros pour une remise à neuf. Quant aux couverts, l’actuelle municipalité envisagerait de les installer dans le bois des Touaines, sur le site de la clairière aménagée. Personnellement, je ne pense pas que ce soit une très bonne idée. Premièrement en termes de coût, l’opération ne sera pas neutre - ou quasi neutre- budgétairement puisque la vente des anciens tennis n’aura pas lieu. Ce coût sera d’autant moins neutre, même si la structure est légère, que l’on doit y amener l’eau, l’électricité et assurer la collecte des eaux usées. N’ayant pas travaillé ce projet, je ne peux en annoncer le montant mais nul doute que celui-ci pourrait être présenté lors de la préparation du prochain budget communal. Deuxièmement, je ne suis pas sur que l’actuel PLU et la réglementation des espaces boisés autorisent ce type d’installation ; je suis même sur du contraire puisque nous sommes en EBC, espace boisé classé, ce qui n’était pas le cas dans la zone d’agrandissement du cimetière par exemple. Troisièmement, se pose la question du stationnement des véhicules même si une bonne partie des tenniswomen et tennismen y viendraient sans doute à pieds ou à vélo. Cependant, tous ne sont probablement pas Forgeois. Aucun parking ne se trouve à proximité, et je vois mal une demi-douzaine de voitures garées rue du jeu de paume où le trafic est conséquent. Enfin, quatrièmement et principalement, le terrain à cet endroit est constitué du remblai d’une ancienne décharge communale, très peu stable. Une construction, même légère, nécessitera donc une solide étude géotechnique et probablement un renforcement conséquent - donc coûteux - du site. Ce dernier point démontre tout l’intérêt qu’il y à conserver une mémoire administrative et technique sur le territoire communal, plutôt qu’à la faire fuir...


lundi 1 février 2021

ATTENTION AUX DEPENSES INCONSIDÉRÉES




Le précédent mandat avait été marqué par une gestion très rigoureuse des deniers publics. Ce qui nous a permis de ne pas avoir à augmenter le taux des impôts fonciers pendant tout le mandat tout en assurant le fonctionnement de la commune, ce malgré le désengagement extrêmement marqué de l’Etat entre 2014 et 2020. La nouvelle mandature semble prendre une orientation différente en matière budgétaire. Vigilance donc.


Lorsque que la précédente municipalité souhaitait commander un bien ou un service, elle se conformait à une démarche dite par « autorisation d’engagement », c’est à dire que toute commande ne pouvait être passée que si l’élu aux finances et la comptable communale avaient vérifié la disponibilité des fonds sur la ou les lignes budgétaires correspondant à la commande. La comptabilité des autorisations d’engagements permet de déterminer, à l’issue d’un exercice budgétaire et par rapprochement avec les paiements, les restes à payer qui correspondent aux autorisations d’engagement consommées et non soldées par ces paiements. Ces données sont indispensables pour la préparation des budgets, car les restes à payer devront intervenir sur un exercice ultérieur et s’imputeront donc sur l’exécution des budgets futurs.

Je ne suis pas sur que cette volonté de gestion rigoureuse perdure. Je prendrai juste l’exemple du camion benne communal. Nous disposions de deux engins, un très récent et un plus ancien. Le premier nous a été volé et il est irrécupérable. Nous devrons donc attendre le remboursement par l’assurance pour envisager de racheter un engin récent, probablement d’occasion. Le second camion était « fatigué » et il nécessitait donc une révision majeure, avec réfection de l’embrayage. Le devis total était de l’ordre de 2 300 euros. Cela permettrait cependant de récupérer un véhicule en état et fonctionnel pour au moins 4 à 5 ans moyennant des révisions légères intermédiaires d’entretien. La nouvelle municipalité à décidé de ne pas faire réparer le camion et d’en louer un, en attendant le rachat d’un véhicule plus récent. Pourquoi pas, mais il aurait fallu que cette location soit très courte pour être financièrement rentable. Or cette location se poursuit depuis début novembre, pour un coût estimé d'environ 6 000 euros qui atteindra 8 000 euros fin février si aucune action n’est entreprise...

Si on me demande ce que j’aurais fait : j’aurais demandé le prêt d’un camion benne à une commune de la CCPL, ou convenu d’une mutualisation temporaire pour un mois (comme cela a été mis en place pour notre balayeuse communale) et j’aurais, pendant ce mois, obtenu la réparation de l’ancien camion. Fin novembre au plus tard, la commune aurait ainsi disposé d’un matériel fonctionnel avant de pouvoir racheter une seconde benne. Trop simple, sans doute ! Quoi qu’il en soit, en ce début février, les services de la commune ne disposent toujours pas de camion benne et l’actuelle municipalité aura donc dépensé 6 000 euros pour... rien.