mercredi 28 octobre 2020

CERTITUDES ET INCERTITUDES AU SUJET DE L’ORIGINE DU SARS-COV2




Je relaye ici les informations fournies par mon collègue Étienne Decroly, directeur de recherche au CNRS, et parues récemment dans le journal de notre bonne maison (1). La question de l’origine du SARS-CoV2 est une des questions centrales dans la pandémie qui affecte actuellement notre planète. Déterminer l’origine du virus pourrait permettre de mieux orienter les recherches visant à développer un vaccin ou des thérapies efficaces. Par une meilleure compréhension des phénomènes qui ont conduit à l’émergence du virus, ces travaux pourraient également permettre d’éviter de nouvelles émergences et de mieux anticiper les conséquences de l’apparition de nouveaux virus.


Grâce aux progrès de la biologie moléculaire, la séquence du virus SARS-CoV2 a pu être rapidement déterminée. La séquence d'un acide nucléique — ADN ou ARN — est la succession des nucléotides qui le constituent. Ces nucléotides, au nombre de 4 dans l’ADN ou l’ARN, sont des molécules liées les unes aux autres, et qui forment, dans le cas de l’ADN la structure bien connue en double hélice. Cette succession de 4 nucléotides symbolisés par les lettres A, T, G et C dans le cas de l’ADN (et A, U, G, et C pour l’ARN) contient l'information génétique de tous les êtres vivants, organisée en unités fonctionnelles que l’on appelle les gènes. Chaque gène contient  des centaines, voire des milliers ou des dizaines de milliers des 4 nucléotides... Il est possible depuis bientôt une trentaine d’années de comparer les différentes séquences de nucléotides des êtres vivants, et d’établir ainsi les proximités existant entre ces êtres. De façon très intuitive et également simplifiée, plus une séquence d’ADN d’un organisme A est proche de celle d’un organisme B, plus ces organismes sont proches au plan évolutif.


Dans le cas du SARS-CoV2 la comparaison de séquences du virus révèle sans aucune ambiguïté sa proximité avec le virus RaTG13 de chauve-souris (96% d’identité entre les séquences virales). Par ailleurs « on ne relève que 79 % d’identité génétique entre SARS-CoV-1 et SARS-CoV-2, et seulement 50 % en ce qui concerne MERS-CoV » (1). Ceci signifie que le SARS-CoV-2 est plus proche de souches virales de chauve-souris que de virus déjà « acclimatés » à l’homme, et donc qu'il ne dérive pas de ces virus acclimatés.


Une question fondamentale est de comprendre comment le SARS-CoV2, virus de chauve-souris, a pu être transmis à l’Homme ? L’hypothèse généralement admise, parce que démontrée pour d’autres virus animaux qui ont conduit à des épidémies, est celle d’une recombinaison entre différents virus, dont certains susceptibles d’affecter l’Homme, dans un hôte intermédiaire. En recherchant dans la séquence génétique du virus responsable de la maladie celle d’autres virus, dont on connaît l’origine et l’hôte habituel, on peut retracer l’origine évolutive des virus et identifier l’hôte intermédiaire. C’est de cette façon que l’on sait que le redoutable virus MERS-CoV a probablement recombiné avec un virus retrouvé chez le dromadaire. Pour le moment, dans le cas du SARS-CoV2, les travaux de recherche n’ont pas permis de retrouver quel pourraient être cet hôte intermédiaire.


À ce jour, 3 hypothèses sont plausibles pour expliquer l’émergence virale. La première est celle que je viens d’expliquer ci-dessus à savoir la recombinaison du virus de chauve-souris avec un autre virus pour le moment inconnu dans un hôte intermédiaire. L’autre possibilité serait que le SARS-CoV-2 aurait pu infecter à bas bruit et très modérément l'Homme, où il aurait recombiné avec un virus, par exemple un virus respiratoire, déjà bien adapté  à l’être humain et transmissible d'Homme à Homme. Enfin la dernière hypothèse - qui aujourd’hui ne peut pas être éliminée - serait que le SARS-CoV-2 descende « d’un virus de chauves-souris isolé par les scientifiques lors des collectes de virus et qui se serait adapté à d’autres espèces au cours d’études sur des modèles animaux en laboratoire ; laboratoire dont il se serait ensuite échappé accidentellement » (1). Pour éviter toute dérive complotiste, il est important de préciser qu’il n’existe à ce jour aucune preuve scientifique soutenant cette éventualité, même si de tels accidents sont documentés, par exemple dans l’épidémie de grippe de 1977, causée par un virus de type H1N1, l‘agent de la grippe dite espagnole de 1918, isolé en 1950. Cet isolat viral se serait échappé d’un laboratoire. En support de cette hypothèse, la comparaison des séquences du virus H1N1 de 1950 avec celle du H1N1 de 1977 ne révèle aucune différence génétique. Cette absence de mutation permet de réfuter l’hypothèse qui proposerait que ce virus se soit maintenu soit à bas bruit chez l’Homme, soit dans des hôtes non humains pendant 27 ans, puisque toute multiplication virale, même sur un cycle, entraîne apparition de mutations. L’échappement du laboratoire avait été évoqué par un ancien prix Nobel, le professeur Luc Montagnier, avec beaucoup de légèreté. Dans une interview récente, ce dernier indiquait en effet que des séquences du virus HIV, agent responsable du SIDA, avait été détectées dans la séquence du SARS-COV2. Il s’agit cependant de séquences extrêmement courtes pour 3 des 4 séquences détectées. Le consensus scientifique actuel est que la présence de ces séquences HIV est simplement fortuite. En lien, je m’étais amusé à rechercher des courtes séquences de plantes dans la séquence du SARS-CoV2, et en avais trouvé, montrant bien le caractère non significatif de cette présence. De plus ces 3 séquences sont également présentes dans d'autres coronavirus, isolés avant l’émergence du SARS-CoV2.


La 4ème séquence pose néanmoins une question intéressante car son occurrence est spécifique du SARS-CoV2. De plus, sa présence modifie un des composants extérieurs du virus, ce qui pourrait expliquer la transmissibilité d’Homme à Homme de ce dernier. A ce stade, on ne peut formellement rejeter qu’une une telle modification pourrait être d’origine humaine, et qu’elle aurait pu se produire « au labo » dans le cadre du développement de nouveaux vaccins par exemple. Il serait éventuellement possible de détecter des traces de manipulation génétique par des analyses extrêmement fines et poussées de la séquence, analyses qui sont très probablement en cours dans différents laboratoires. À ce jour cependant, il n’existe pas non plus de preuve formelle révélant une origine expérimentale et une libération accidentelle du virus à partir d’un laboratoire. Plusieurs articles sur ce sujet ont d’ailleurs déjà été publiés, ne révélant aucune trace de manipulation. Il reste donc clair que le SARS-CoV2 est bien majoritairement un virus d’origine animale mais les mécanismes de recombinaison qui ont permis son émergence sont encore incompris. La conclusion appartient à mon ancien collègue Étienne Decroly qui précise : « L’éventuelle découverte de virus animaux présentant une très forte similarité avec SARS-CoV-2 fournirait un élément décisif pour valider son origine naturelle » (1). Affaire à suivre donc.


Références

Yaroslav Pigenet. La question de l'origine du SARS-CoV-2 se pose sérieusement. Le Journal du CNRS. Octobre 2020.


Crédit photo

Institut Pasteur et AFP, repris dans Futura Science.
https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-sars-cov-2-serait-melange-coronavirus-pangolin-chauve-souris-79290/





NON, LES DOSSIERS COMMUNAUX N’ONT PAS DISPARU APRÈS LES MUNICIPALES...

 

Plusieurs de mes contacts, y compris dans des communes voisines, m’ont indiqué que des membres de la nouvelle équipe municipale se répandaient auprès d’autres élus locaux, se plaignant du fait que des dossiers communaux auraient disparu après les élections... 

Cet article sera court. Non, les dossiers municipaux n’ont pas disparu de la commune. Toutes les traces des conseils municipaux précédents et les comptes rendus sont archivés en mairie. Les données communications sont dans l’ordinateur du service. Les données financières sont dans les mains de la comptable municipale. A noter : l’ancien élu aux finances m’a indiqué ne pas avoir été contacté au sujet des données dont il disposerait. Pour l’urbanisme, il suffit de se rapprocher du service du même nom. Rappelons néanmoins que la nouvelle équipe s’est empressé au lendemain de l’élection de demander le départ de la responsable de ce service. Cherchez la logique... Pour le social, les documents sont aussi en mairie. 

Coté travaux, j’ai personnellement rencontré le nouvel adjoint au maire, pendant deux heures et demi, en présence du responsable des services techniques. J’ai fait le point sur les travaux en cours et lui ai signalé les travaux à entreprendre - à mon sens urgemment - à savoir le confortement de l’étanchéité du mur sud du clocher ce l’église, la réfection des berges et le curage du lac des thermes. Je lui ai aussi suggéré de décider rapidement s’il convenait de lancer les travaux de rénovation énergétique de l’école élémentaire, car il s’agit là d’une opération de longue haleine. Idem pour les sondages géotechniques relatifs à la construction du pole tennis au nord du stade de football. Même si la commune ne dispose encore du terrain il est indispensable pour pouvoir chiffrer l’opération et décider in fine de lancer ou non le projet, de disposer des résultats de ces sondages. J’ai confirmé toutes ces données orales par un court mémo technique écrit, doublé de la remise des clefs de tous les bâtiments de la commune. Les seules données non transmises sont les courriels que j’ai pu échanger avec l’ancienne équipe ou avec le responsable des services techniques, données qui s’apparentent à des courriers personnels... 

Dans cette affaire, il me revient une phrase du principe de « Dilbert » de Scott Adams (voir un extrait de la BD Dilbert, ci-dessus), que j’adore, et qui disait : « Rien n’est plus efficace pour faire fuir le travail que la pure incompétence »...

dimanche 25 octobre 2020

ASSOCIATION DE MALFAITEURS




L’ancien présidente de la République, M. Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, vient de faire l’objet d’une mise en examen pour « association de malfaiteurs », dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007. C’est une première depuis la création de la Ve République, qui a pourtant vu se produire nombre de faits troubles aux plus hauts sommets de l’Etat. 


Pour ceux qui ont la mémoire courte, rappelons que la Ve République aura en effet vu une multitude d’affaires de fraude fiscale, de prise illégale d’intérêt, de détournements de fonds à des fins personnelles ou de financement de campagne ou de partis. Plus grave, cette même République aura connu le meurtre de plusieurs ministres, tels Ms. le Prince Jean de Broglie en 1976, Robert Boulin en 1979 et Joseph Fontanet en 1980, et celui de deux juges d’instruction, Ms. François Renaud en 1975 et Pierre Michel en 1981. Dans ce dernier cas, l’assassinat ne serait lié qu’au démentiellement de la « french connection » auquel a participé le juge Pierre Michel. 

Ces affaires de meurtres, gravissimes au plan pénal, le sont tout autant au plan politique dans la mesure où certaines d’entre elles suggèrent des liens entre le pouvoir en place et ce que l‘on appelle « le milieu ». Ainsi, M. De Broglie a été tué en sortant du domicile de son conseiller juridique, M. Pierre de Varga, par ailleurs ancien Gestapiste. L’enquête le met en cause comme commanditaire, et révèle les rôles qu’auraient joué M. Gérard Frêche, petit truand, en lien avec un prêt de 4 millions de francs lors de l’achat du restaurant de la Reine Pédauque, et deux complices, Ms. Serge Tessèdre et Guy Simoné, ce dernier ayant été réhabilité en 1988. Depuis, M. Guy Simoné suggère que la mort du Prince serait liée à des trafics d'armes. A l’appui de ces dires, les dossiers relatifs à cette affaire sont classés secret défense et ne seront accessibles que dans 5 ans, en 2025. L’autre mobile possible, comme l’indique Wikipedia (1), est le financement occulte de parti : « M. De Broglie présidait une filiale de l'entreprise espagnole Matesa, la société luxembourgeoise Sodetex SA adossée à l'Opus Dei et impliquée dans un scandale financier, l'évasion fiscale de capitaux franquistes; Jean de Broglie avait été le trésorier des Républicains indépendants (RI), chargé à ce titre de financer la campagne présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing en 1974 et aux yeux de la presse espagnole, la Sodetex avait été constituée à seule fin d'alimenter les caisses du parti centriste à venir ».

Dans l’affaire Boulin, l’assassinat maquillé en suicide serait lié, là aussi, à un financement occulte de parti politique. Je cite encore Wikipédia : « Selon Laetitia Sanguinetti, fille d'Alexandre Sanguinetti, cofondateur du Service d'action civique (SAC), ce dernier lui avait déclaré, quinze jours après la mort de Boulin, qu'il s'agissait d'un « assassinat ». L'affaire de l'achat de la garrigue à Ramatuelle avait été montée de toutes pièces pour discréditer Boulin, qui aurait eu connaissance d'un réseau de financement illégal de partis politiques, en particulier – mais pas seulement – du RPR. De même, Michel Jobert a affirmé au journaliste Jean Mauriac, proche de la famille Boulin, que le ministre du Travail en savait trop sur le financement du RPR, notamment via Saddam Hussein, mais aussi Omar Bongo » (2). Cette thèse a été soutenue par les propos de M. Jean Charbonnel, ancien ministre, affirmant que les noms du commanditaire et de l'exécutant de cet assassinat lui avaient effectivement été donnés par M. Alexandre Sanguinetti, deux mois après la mort de M. Robert Boulin (3). 

Enfin, dans l’affaire du juge Renaud, l’enquête s’oriente vite une vengeance du « gang des Lyonnais » et de son chef, M. Edmond Vidal, ulcéré des arrestations à répétition des membres de ce gang fin 1974, et, par dessus tout, de l’incarcération des femmes des membres, dont Mme. Jeannette Biskup, maîtresse de M. Edmond Vidal, et de son ex-femme, de sa mère et de la mère de M. Jeannette Biskup. M. Edmond Vidal pourrait cependant être un coupable idéal trop évident. Incarcéré, il déclare au juge Renaud « Vous avez incarcéré ma femme, ma mère et mon amie, ni les unes ni les autres n’étaient mêlées à mes affaires, qui d’ailleurs n’ont rien à voir avec des hold-up. Tant qu’elles seront en prison, je me tairai. Je ne veux en aucune façon coopérer avec vous ». M. Edmond Vidal fait aussi publier un article en 1975 qu’il reprend dans son livre « pour une poignée de cerises ». A l’origine des rumeurs de son implication, « les affirmations gratuites du commissaire Richard. Lequel a collaboré activement à notre traque à Lyon [...] Selon lui, mon cousin Barthélemy Vidal aurait, à ma demande, sollicité des tueurs pour flinguer le juge Renaud qui maintenait Jeannette en prison ». Le fils du juge Renaud, M. Francis Renaud, soutient qu’en lien avec des confidences qui lui aurait été faites par son père, ce dernier aurait été assassiné car il s’apprêtait à démontrer que le hold-up de Strasbourg en 1971 - un des « casses du siècle », plus de 10 millions de francs soit 1,5 millions d’euro - aurait servi à financer l’UDR (ancêtre de l’UMP) (4). Supportant cette affirmation, deux membres du gang des Lyonnais, Joanny Chavel et Jean Augé appartenaient au service d’action civique (SAC) (5), une association de soutien au Gal. Charles De Gaulle, sorte de police parallèle aux méthodes plus que discutables... 

Cette collusion entre le grand banditisme et le monde politique, et disons le majoritairement de droite ,  a été un des marqueurs des années 70/80/90 en France. Depuis, même si on ne peut exclure une poursuite de certains liens, cette collusion a progressivement été remplacée par celle alliant des politiques et le monde de l’entreprise et de la finance. Même au plus haut sommet de l’Etat, certains présidents ont connu des démêlées judiciaires, et un, M. Jacques Chirac (RPR) a été condamné après son mandat, en 2011 (soit 15 ans après les faits) à deux ans de prison avec sursis pour « détournement de fonds publics » et « abus de confiance » dans l'affaire des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris (6). 

On pourrait dès lors, avec cynisme, considérer qu’en regard des poursuites dont il fait l’objet, M. Nicolas Sarkozy s’inscrit dans une - certes délétère - tradition républicaine française ! Rappelons que ce dernier fait l’objet de poursuites dans le cadre de plusieurs affaires. Dans l’affaire Bygmalion, société ayant possiblement oeuvré à faire disparaitre les traces de dépassements de frais de campagne, l’ancien président a été mis en examen en février 2016 pour « financement illégal de campagne électorale », et se trouve sous statut de témoin assisté pour « faux et usage de faux », « abus de confiance », « tentative d'escroquerie » et « complicité et recel de ces délits ». Dans l’affaire Paul Bismuth, M. Nicolas Sarkozy a été mis en examen et sera jugé en novembre de cette année pour « corruption active », « trafic d'influence » et « recel de violation du secret professionnel ». C’est une grande première dans l’histoire de la Ve République, puisqu’aucun président n’avait fait jusque là l’objet de poursuite pour corruption. Enfin, dans l’affaire du financement supposé de la campagne de 2007 par des fonds libyens, via l’intermédiaire M. Ziad Takieddine, M. Nicolas Sarkozy est mis en examen depuis 2018 pour « corruption passive, recel de fonds publics (étrangers) et financement illégal de campagne électorale ». S’ajoute depuis le 12 de ce mois d’octobre 2020, une mise en examen pour « association de malfaiteurs » en vue de la préparation de délits punis de dix années d’emprisonnement... 

« Association de malfaiteurs » ? Présidence de la République ? Étrange et insupportable raccourci. Rappelons toutefois - et cela me semble indispensable - que mise en examen ne veut pas dire culpabilité, et que M. Nicolas Sarkozy, aujourd’hui encore est parfaitement innocent des faits qui lui sont reprochés. Rappelons aussi l’article 80-1 du code de procédure pénale qui définit la mise en examen : « A peine de nullité, le juge d'instruction ne peut mettre en examen que les personnes à l'encontre desquelles il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elles aient pu participer, comme auteur ou comme complice, à la commission des infractions dont il est saisi ».


Références

1. L’affaire De Broglie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Broglie

2. L’affaire Boulin
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Robert_Boulin

3. Entretien de Jean Chabonnel avec la presse. Document AFP filmé.
Consultable à :
https://www.youtube.com/watch?v=7xyvQu2qeiY&t=92s

4. Stéphane Joahny. Francis Renaud, au nom du père. Le journal du dimanche. Décembre 2011. Consultable en ligne :
https://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Francis-Renaud-defend-son-pere-le-juge-assassine-a-l-epoque-du-gand-des-Lyonnais-433521-3226472

5. Slim Mazni. Gang des Lyonnais : "La piste politique de moins en moins taboue". Lyon Capitale. Décembre 2011.
Consultable en ligne :
https://www.lyoncapitale.fr/actualite/gang-des-lyonnais-la-piste-politique-de-moins-en-moins-taboue/

6. Anonyme. Jacques Chirac condamné à deux ans de prison avec sursis. Le monde avec l’AFP. Décembre 2011.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2011/12/15/verdict-attendu-dans-l-affaire-des-emplois-fictifs-de-la-ville-de-paris_1618652_3224.html

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Les Échos, 2014.
https://www.lesechos.fr/2014/11/president-ridicule-cons-a-lump-en-prive-sarkozy-tire-a-boulets-rouges-313106





jeudi 22 octobre 2020

SODOMA : UN LIVRE INDISPENSABLE POUR COMPRENDRE LE VATICAN




Je sais bien que les yeux sont plutôt tournés aujourd’hui vers la religion musulmane, le Coran, ses préceptes, ses enseignements, et l’islamisme fondamentaliste. Je reviendrai sur ces sujets un peu plus tard. Je voulais aujourd’hui parler d’un livre particulièrement intéressant que j’ai terminé voilà peu. Celui-ci a été écrit par Frédéric Martel et s’intitule « Sodoma » (1). 


Sodoma est avant toute une somme de témoignages recueillis principalement au Vatican, et majoritairement auprès de religieux, de prêtres jusqu’aux évêques et archevêques, de nonces jusqu’aux cardinaux. Les recherches de Frédéric Martel montrent qu’au sein de l’église catholique romaine, dont le discours des plus hauts représentants est souvent homophobe, nombre de ces représentants, pour ne pas dire une vaste majorité (80% selon l’auteur) sont eux-mêmes homosexuels. De façon schématique et remarquable, plus le discours homophobe est virulent, plus l’homosexualité de ces prélats est marquée. Pour être aussi honnête que possible dans la description de l’ouvrage, cette tendance homosexuelle peut chez certains rester inassouvie, mais elle est, chez bon nombre d’entre eux réellement vécue, soit auprès d’autres prélats (particulièrement des novices), ou auprès de ce qu’il est convenu d’appeler des « escort boys », fournis entre autres par des réseaux de prostitution de jeunes migrants. 

Soyons clair, les préférences sexuelles des uns et des autres m’importent peu, du moment qu’elles restent légales. Ce qui me choque dans ce document, et ce qui a choqué nombre de lecteurs, c’est la révélation du double-double discours tenu par nombre de membres du clergé catholique. Le premier double discours est celui de la supposée chasteté des prélats, notion assez propre à l’église catholique et en tous cas non imposée aux représentants des cultes protestants, ni aux rabbins, ni aux imams et ni aux hindouistes. Le second double discours est celui que j’évoquais plus haut, à savoir la condamnation « urbi et orbi » des comportements que ces mêmes prélats censeurs s’autorisent. 

Les critiques qui ont suivi la publication de cet ouvrage ont rarement remis en cause le travail de Frédéric Martel. Des spécialistes du Vatican, des historiens du christianisme, des journalistes ont reconnu la valeur de l’enquête. Même le Pape François qui a lu le livre, l’a trouvé « bon » et admis qu’il « connaissait déjà un certain nombre des faits [évoqués] » ce qui donne tout son sens aux propos qu’il tenait déjà en 2017 lors d’une messe à son domicile « C’est un scandale de dire une chose et d’en faire une autre. C’est une double vie » (3)... 

Si l’exposition de ses secrets d’alcôve du Saint-Siège est bien entendue très intéressante, la partie encore plus remarquable de Sodoma - et pourtant bien moins discutée dans la presse peut-être parce que moins « croustillante » et plus difficile d’abords - est celle qui traite des querelles politiques violentes, pour ne pas dire de la guerre, qui s’y déroulent. De façon très schématique, ces conflits opposent deux factions. La première est la faction la plus réactionnaire du clergé du Vatican. Celle-ci est proche de certains mouvements d’extrême droite, ou d’organisations catholiques intégristes tels l’Opus Dei, ou proches de dictatures particulièrement en Amérique du Sud. Elle s’incarne dans des personnalités tels que Mgr. Angelo Sodano, cardinal italien et véritable premier ministre de Jean-Paul II, menant grand train de vie au Vatican et très lié au général Pinochet lors de sa nomination au Chili. Également dans ce clan, se trouvent les cardinaux américain Mgrs. Raymond Burke et colombien Alfonso Trujillo. Ce dernier, en guerre contre les couples homosexuels mais lui-même homosexuel, était très proche des mouvances d’extrême droite et des factions paramilitaires qui s’en prenaient aux prêtres dits de gauche en Amérique du Sud. L’autre faction est celle des prélats tenants de la théologie de la libération (4), mouvement venu d’Amérique du Sud également, dont l’objectif principal est - en accord avec les valeurs chrétiennes - la défense des plus pauvres. Proche des gouvernements socialistes tels que celui de M. Salvador Allende, ce mouvement est également présent en Europe par exemple au travers des jeunesses ouvrières chrétiennes, et en Afrique où il a joué un rôle majeur dans la chute de l’apartheid. 

Sodoma explique bien l'opposition virulente entre les deux mondes décrit plus haut, et le rôle plus que trouble joué par les Papes Jean-Paul II et Benoit XVI et certains de leurs cardinaux. Au travers de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et inspirés par l'Opus Dei, ces derniers, dès 1984, critiquaient les positions de M. Miguel D’Escoto et M. Fernando Cardenal, théologiens de la libération et membres du gouvernement sandiniste, au Nicaragua, et de tout autre membre du clergé proche intellectuellement, dénonçant « cette conception d'un Jésus politique, révolutionnaire, du dissident de Nazareth, n'est pas en harmonie avec l'enseignement de l'Église ». On comprend alors mieux les difficultés auxquelles fait face l’actuel pape François, lui-même plutôt proche de la théologie de la libération, même s’il ne s’en revendique pas, et le courage dont il fait doit faire preuve lorsqu’il décrit dans l'environnement très conservateur du Vatican, les conditions des travailleurs sans-abris de Buenos Aires, « victimes d’un esclavage structurel » ou, plus récemment, lorsqu’il dit au sujet des homosexuels « Ce que nous devons faire, c’est une loi de cohabitation civile, ils ont le droit d’être légalement couverts » ou « Les homosexuels ont le droit d’être dans la famille, ils sont les enfants de Dieu, ils ont le droit à une famille ». 


Références 

1. Frédéric Martel. Sodoma. Robert Laffont, éditeur. Paris. 2019. 

2. Maike Hickson. Report claims Pope Francis read and liked book on homosexuals at the Vatican. Life site. Mai 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lifesitenews.com/blogs/report-claims-pope-francis-read-and-liked-book-on-homosexuals-at-the-vatican

3. Anonyme. Un athée vaut mieux qu’un catholique hypocrite, suggère le pape. Ouest France. Février 2017.
Consultable en ligne :
https://www.ouest-france.fr/societe/religions/pape-francois/un-athee-vaut-mieux-qu-un-catholique-hypocrite-suggere-le-pape-4818033

4. Voir pour l’explicatif sur cette théologie la page wiki :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ologie_de_la_lib%C3%A9ration

Ainsi que les intéressants articles suivant :

Henrik Lindell. Le pape François est-il un théologien de la libération ? La vie. Mars 2013.
Consultable en ligne :
https://www.lavie.fr/christianisme/le-pape-franccedilois-est-il-un-theacuteologien-de-la-libeacuteration-30349.php

Ruggero Gambacurta-Scopello. Qui sont les théologiens de la libération ? Le monde des religions. Juin 2013.
Consultable en ligne :
http://www.lemondedesreligions.fr/savoir/qui-sont-les-theologiens-de-la-liberation-11-06-2013-3155_110.php


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Article de wikipédia sur cet ouvrage


CONTES ET LÉGENDES DU HUREPOIX.
I. LE VIEUX POÊLE





Je commence ce jour une série d’articles intitulés contes et légendes du Hurepoix qui narrera des histoires de notre région, dont toute ressemblance avec des événements passés, en cours, ou à venir ne serait, bien sûr, que pure coïncidence… 

Dans un petit village de notre région il fallut un jour remplacer le vieux poêle de l’école qui commençait à montrer l'usure du temps. L’ouvrier en chef du village fit donc appel aux meilleurs spécialistes du comté, qui lui proposèrent un bel équipement parfaitement adapté à l’usage. Les villageois et les enfants pourraient donc avoir chaud lors de l’hiver qui approchait. 

Mais un des amis de la comtesse qui possédait les terres alentour, un baron local qui détenait une échoppe spécialisée dans le chauffage s’inquiéta vivement de voir que les poêles qu’il entretenait ne figuraient pas dans la liste de l’ouvrier en chef. Il se rendit donc auprès de ce dernier pour lui dire que ces savants calculs étaient erronés, que le poêle commandé était beaucoup trop gros, et qu’il convenait de le remplacer par deux poêles plus petits, mais de la marque dont son échoppe assurait l’entretien... Il ajouta même qu’il convenait de réfléchir à faire de même, petit à petit, pour tous les poêles du village. 

Le baron manda donc l’ouvrier en chef pour qu’il s’exécute, ce que ce dernier, homme intègre, refusa. Arguant du fait que le baron affirmait en l’espèce qu’il était bien plus qualifié pour se faire, l’ouvrier en chef lui dit alors que cette tâche ne pouvait que lui revenir... 

La moralité de ce conte est proche de celle de la fable de J. De La Fontaine « la grenouille et le rat » : 

La ruse la mieux ourdie 
Peut nuire à son inventeur ; 
Et souvent la perfidie 
Retourne sur son auteur. 


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samedi 17 octobre 2020

BONNE NOUVELLE DANS LA GRISAILLE :   M. XAVIER DUGOIN PERD LA PRÉSIDENCE   DU SIREDOM

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Le SIREDOM est le syndicat intercommunal en charge du traitement des déchets. Il regroupe 37 communes des régions de Dourdan, Limours et Etampes, et plus de 120 autres de l’Essonne et de la Seine et Marne. Il était présidé jusqu’à ce début d’octobre 2020 par M. Xavier Dugoin (CNIP). Ce dernier a été remplacé à la tête de ce syndicat par M. Olivier Thomas (DvG), maire de Marcoussis. C’est une bonne nouvelle ! 


Ce remplacement de M. Xavier Dugoin par M. Olivier Thomas est en effet une excellente nouvelle, et ce pour deux raisons. La première est que la gestion du SIREDOM sous la présidence de M. Xavier Dugoin a été plus que discutable. Elle a conduit à une dette de plus de 30 millions d’euros, liée, en grande partie à une sous financement budgétaire et à une insincérité dudit budget. Le SIREDOM s’est aussi abstenu de régler des factures à des entreprises prestataires, telles Europe Services Déchets et Paprec, auxquelles le syndicat avait attribué la gestion de déchetteries. Rien que sur ce dossier, les arriérées représentent 4,2 millions d’euros, montant que le SIREDOM a dû régler suite à une décision de la cour d’appel administrative de Versailles, soutenue par le Conseil d’Etat, qui soulignait également « le manque de transparence » de l’activité du syndicat. 


La seconde raison pour laquelle ce remplacement est une bonne nouvelle est liée au pédigré de l’intéressé. M. Xavier Dugoin a en en effet eu quelques démêlées avec la justice. Je cite Wikipédia « Xavier Dugoin fut une première fois mis en examen dans le cadre de l'affaire des emplois fictifs du conseil général de l'Essonne mettant en cause le conseil général ayant rétribué la rédaction par Mme. Xavière Tiberi d'un rapport sur la francophonie pour un montant de 200 000 francs, cette procédure ayant été annulée en janvier 2001 pour vice de forme par la cour d'appel de Paris ». Mis en examen également dans le cadre d'une affaire de recel d'abus de biens sociaux, corruption et trafic d'influence dans des dossiers de travaux publics, son fait d’armes le plus marquant reste le vol en compagnie de son fils Jean-Philippe ((UDI), actuel maire de Mennecy), de 1200 bouteilles de vin de grands crus dans les caves du conseil général, que M. Xavier Dugoin présidait. Les bouteilles étaient ensuite revendues à divers clients, et au moyen de fausses factures et de sociétés écrans étrangères, l’argent de la vente revenait in fine sur les comptes de l’intéressé. Il écope pour cela de 100 000 francs (pas d’euros à l’époque) d’amende et d’un mois de prison. Son fils écope de 4 mois avec sursis. M. Xavier Dugoin passera 3 mois derrière les barreaux à Fleury-Merogis. Il sera aussi rendu inéligible pendant deux ans, et exclu du RPR auquel il appartenait... Il se présentera à Mennecy comme maire en 2008 ; il y sera élu et deviendra président du SIARCE (Syndicat intercommunal d'aménagement, de réseau et de cours d'eau, syndicat composé des communes de l'Essonne, du Loiret et de Seine-et-Marne) à cette date, et réélu à ce poste en 2014... A noter : le directeur général des services du SIARCE, M. Michel Vialatte, est également connu de la justice. Accusé de corruption, trafic d'influence et favoritisme, il a été condamné par le tribunal correctionnel de Nice en juin 2004 à cinq ans d'emprisonnement, dont 18 mois avec sursis, dans le procès des marchés publics truqués dans cette ville. Il aura effectué trois ans fermes.


Comme je l’écrivais plus tôt dans un autre texte, la question de l’inéligibilité des élus condamnés est centrale. A mon sens, de telles personnes ne devraient en aucun cas pourvoir être réélues, même après avoir « payé leur dette à la société ». C’est une question d’honnêteté intellectuelle et d’égalité de traitement. Je ne vois pas en effet pourquoi il serait nécessaire pour tout fonctionnaire de présenter à l’embauche un casier judiciaire vierge alors qu’un individu condamné pour des infractions pénale peut lui se représenter aux mandats municipaux, voire de députés ou de sénateur... Certains peuvent même être nommé ministres. Cela est inadmissible, c’est une honte pour la France et pour les valeurs de la République, si mises à mal ces derniers temps... 



Crédit photo

Page web de Fontenay Les Briis
https://www.fontenay-les-briis.fr/mp_staff/siredom

mercredi 14 octobre 2020

TENSIONS ENTRE LE PNR DE LA HAUTE VALLÉE DE CHEVREUSE ET LE DÉPARTEMENT DES YVELINES




Alors que le PNR de la Haute Vallée de Chevreuse était installé sur le site du château de la Madeleine à Chevreuse depuis de nombreuses années, ses services vont maintenant se retrouvé éparpillés « « façon puzzle » aux quatre coins du territoire du parc... 

C’était acté depuis plusieurs mois, mais c’est maintenant une réalité. Le PNR de la de la Haute Vallée de Chevreuse quitte en partie le site du château de la Madeleine à Chevreuse, pour redéployer ses services sur d’autres sites, dont le moulin d’Ors. Certaines équipes resteront néanmoins à Chevreuse, puisque le PNR est encore locataire des parties qu’il conserve sur site, bénéficiant d’un bail emphytéotique pour ces locaux. 

La raison officielle de ce départ est en apparence simple. Le département des Yvelines, propriétaire du site, a mis fin en 2019 à la convention d’occupation qui régissait l’usage des locaux par le PNR. Le département des Yvelines envisage en effet une utilisation des ces locaux pour un autre projet d’ampleur. Par conséquent également, l’accès au château est maintenant très restreint, malgré l’intérêt historique et touristique du site. C’était en effet le PNR qui, depuis 30 ans environ, assurait l’accueil au château, recevant environ 60 000 visiteurs par an. A noter : la même infortune a concerné le site du Petit Moulin des Vaux de Cernay où seules des visites de groupe sont maintenues depuis mars 2020. 

Derrière ces mouvements se cachent cependant d’autres raisons. Le projet des Yvelines pour le site de Chevreuse n’est en effet pas explicite, le développement d’un grand site touristique médiéval semblant avoir du plomb dans l’aile... De plus, des tensions fortes existent entre le PNR et le département des Yvelines qui a totalement arrêté de financer le PNR depuis 2017 malgré l’investissement de ce dernier sur le site. 

Ces tensions sont exacerbées, semble-t-il, par les mauvaises relations existant entre le président du PNR, l’ancien maire de Lévis-Saint-Nom et actuel conseiller départemental des Yvelines, M. Yves Vandewalle (LR), et le président de ce même conseil départemental des Yvelines, M. Pierre Bédier (LR). Parmi les sujets de discorde, le rapprochement entre les Yvelines et les Hauts de Seine, préalable à une fusion possible des départements, votée par les deux Assemblées. M. Vandewalle y est opposé (il n’est pas le seul), ce qui lui a valu un tacle récent de M. Pierre Bédier dans la presse fustigeant « certains parmi nous qui pouvaient être tentés de construire leur avenir politique sur la remise en cause de ce projet » (1). M. Pierre Bédier a un parcours particulier. Rappelons, car d’aucun ont la mémoire courte, que ce dernier a fait l’objet d’une mise en examen en 2004 pour recel d'abus de biens sociaux et corruption. A son sujet, Wikipédia précise « [...] Jugé à partir du 25 septembre 2006 par le tribunal correctionnel de Paris en compagnie de deux autres élus, [...] il est condamné à 18 mois de prison avec sursis, 50 000 euros d'amende pour corruption passive et recel d'abus de biens sociaux, peine assortie de six ans d'inéligibilité [...]. La cour d'appel de Paris confirme cette condamnation en mai 2008, tout en divisant par deux le montant de l'amende » (2). 

Au delà du navrant cas de l’éviction du PNR du site de Chevreuse, il faudra qu’un jour ou l’autre dans ce pays, la corruption des élus, et particulièrement celle des élus qui occupent des fonctions importantes fasse vraiment l’objet d’un traitement de fond. En lien, en 2017 la France occupait la 23ème place du classement « corruption des pays » de l’ONG « Transparency International », derrière les Emirats Arabes Unis ou l’Estonie, place qu’elle occupe toujours aujourd’hui (3) en 2020...


Références

1. Anne-Sophie Damecour. Union Yvelines - Hauts-de-Seine : pas question de rompre les fiançailles maintenant. Le Parisien, 16 juin 2020.
Consultable en ligne : 


vendredi 9 octobre 2020

CASCADE DE DEPARTS PARMI LES CADRES COMMUNAUX DE FORGES LES BAINS




Une des raisons pour lesquelles la commune de Forges a plutôt bien fonctionné au cours des dernières années réside, en sus de la gestion rigoureuse de ses comptes, dans la qualité de son personnel communal. Depuis plusieurs semaines, nous assistons à plusieurs départs de membres clés de ce personnel, ce qui constitue, sans aucun doute une perte future de la mémoire collective de la commune. 

La première personne rayée des cadres communaux a été notre directeur général des services (DGS). Il s’agit, pour être tout à fait transparent, d’un départ à la retraite fin juillet 2020. Pour le moment le poste est inoccupé. Il aurait été néanmoins possible de proposer au DGS une prolongation en horaires limités, de sorte qu’un tuilage soit assuré avec son successeur. Le rôle d’un DGS est en effet crucial dans une commune, même si celui-ci n’est pas entièrement totalement cadré par des textes officiels. De façon simplifiée, il assure la coordination générale des services communaux pour la mise en oeuvre des projets de la collectivité, en liens étroits avec l'exécutif local (maire, adjoint, conseillers). Sans prolongation au moins partielle du DGS, la commune s’est donc retrouvée dans une situation délicate. Elle a du faire appel aux services d’un fonctionnaire du centre intercommunal de gestion (CIG), dont il faut bien entendu rémunérer la mission. Selon mon estimation, le montant de cette rémunération doit avoisiner 4 à 5000 euros HT, soit environ 5500 euros TTC. Et pour rechercher un nouveau DGS, ce qui se fait habituellement par le « bouche à oreille », ou via les réseaux des élus locaux, des mairies de l’Essonne par exemple, l’actuelle municipalité a préféré faire appel à cabinet de recrutement, le tout pour un montant de plus de 7000 euros TTC, comme en attestent des documents communaux officiels. Au total ce seront donc 12000 euros qui auront été dépensés pour ce renouvellement qui aurait pu se faire à coût quasi nul... 

Ces dépenses sont d’autant plus surprenantes - et discutables - que la précédente mandature avait commencé à former un cadre communal aux fonctions de DGS, en interne. Malheureusement, immédiatement arrivés en fonction, les nouveaux élus se sont empressés de demander à cette personne de rechercher un emploi dans une autre collectivité. Les raisons de ce choix - qui reste cependant légal - ne m’apparaissent que peu claires, sauf à considérer qu’elles sont liées aux précédentes fonctions de ce cadre, responsable du service d’urbanisme, et au fait que des nouveaux élus communaux ont fait l’objet de procédures suivies par ce cadre, et actuellement dans les mains du procureur de la République, pour infraction aux règlements d’urbanisme ou permis de construire. 

Enfin, dernier départ en date, celui du responsable des services techniques qui rejoindra prochainement les services techniques de la communauté de communes du Pays de Limours (CCPL). Là aussi, le rôle du responsable des services techniques d’une commune est crucial dans la mesure où il est l’organisateur des travaux d’entretien de la commune. Également, et théoriquement en lien avec l’élu délégué aux travaux et la commission travaux, le responsable des services techniques prépare les passations de marchés publics nécessaires à la réalisation des grandes opérations communales. A Forges, il aura ainsi largement contribué à la réussite de plusieurs grands projets tels que la maison de santé pluri-disciplinaire, la création des locaux sportifs, gymnase inclus, le centre technique municipal, la rénovation de l’église, etc. Ayant travaillé assez étroitement, puis très étroitement avec lui au cours des années passées, et connaissant bien ses capacités techniques et administratives et son engagement au service de Forges, je suis atterré de le voir quitter notre commune. C’est une perte très importante de compétences et de savoir-faire. À titre personnel, je lui souhaite beaucoup de réussite dans ses nouvelles fonctions. 

Cette cascade de départs m’inquiète car elle constitue une perte de mémoire de l’histoire administrative et technique de la commune. Je me demande également dans quelle mesure elle ne traduit pas, seulement trois mois après les élections, un certain mal-être de certains agents communaux sur lesquels certains des nouveaux élus ont tendance à rejeter la responsabilité de leurs errements, tel que l’absence de réponse aux messages transmis, comme cela a été fait lors du dernier conseil municipal. Rappelons que ces agents jouent un rôle fondamental dans le fonctionnement des services offerts à la population et qu’il serait assez peu pertinent de « désespérer Billancourt », comme l’écrivait Jean-Paul Sartre...


Crédit photo 

« L’usine nouvelle » 
https://www.usinenouvelle.com/article/management-quand-il-negocie-son-depart-un-cadre-doit-etre-creatif.N444507



mardi 6 octobre 2020

« L’AUTRE BUREAU » OU COMMENT LE CO-WORKING RÉENCHANTE DURABLEMENT NOS CAMPAGNES




Je voulais revenir dans cet article sur « L’autre bureau », qui est un des projets de tiers lieu (les autres étant le café zéro déchet, le repair café et l’escapade culturelle) que nous avons développés au cours du mandat précédent à Forges, à partir d’une réflexion commencée au début des années 2010. S’agissant de concepts relativement nouveaux, cet article comporte, et je prie de m’en excuser par avance, un certain nombre de termes anglo-saxons que je n’ai pas cherché à traduire.



Le terme de tiers lieu désigne des espaces ouverts et hybrides (entre domicile, club et lieu de travail) ayant pour principale vocation de faciliter la rencontre entre des acteurs hétérogènes. L’encyclopédie Wikipédia précise qu’ils sont « destinés à être des espaces physiques ou virtuels de rencontres entre personnes et compétences variées qui n'ont pas forcément vocation à se croiser. Mot chapeau au premier abord pour rassembler sous une même et grande famille les espaces de coworking, les FabLab, les HackerSpace, les Repair'Café, les jardins partagés et autres habitats partagés ou entreprises ouvertes, le « Tiers Lieu » (écrit avec des majuscules) est devenu une marque collective ou l'on pense ces singularités nécessaires à condition qu'elles soient imaginées et organisées dans un écosystème global... » 


Voulu par la précédente mandature, s’inscrivant dans la démarche globale « Forges en transition » et « Notre village terre d’avenir », « L’autre bureau » est une association qui gère un espace de co-working où se croisent auto-entrepreneurs, animateurs de start-up, ou employés et cadres de PME de grandes entreprises. Ils œuvrent dans différents secteurs d’activité, de la SSII au coaching sportif, du concepteur logiciel au professeur de langue. Toutes ces personnes trouvent à « L’autre bureau », moyennant une petite cotisation financière (avec réduction pour chômeurs et étudiants), un espace partagé qui met à leur disposition bureau collectif, bureau privatif, une salle de réunion, une salle de vidéoconférence, et des liaisons informatiques et Internet performantes. La gestion du site, du planning d’occupation des salles, des bureaux, comme l’animation du lieu, sont le fait une association de type loi de 1901 (donc que sans but lucratif), gérée par des bénévoles dynamiques et motivés. Pour en savoir plus, voir leur site web (1).


Cette structure coche toutes les cases du développement durable, concept qui repose sur le triptyque environnement, économie, activité sociale. Travailler à proximité de son domicile, en se rendant sur ce lieu de travail à pied ou à vélo, est bon pour la santé et clairement une façon efficace de limiter les déplacements automobiles, donc l’émission de gaz à effet de serre (GES). On peut estimer de façon très grossière que si toutes les personnes actuellement employées télé-travaillaient un jour par semaine nous réduirions de 15 à 20% environ l’émission de dioxyde de carbone du secteur transport. Or, en France, le transport est l’activité qui contribue le plus aux émissions de GES. En 2017, il représentait 30 % des émissions françaises de GES. On a d’ailleurs vu l’impact environnemental du confinement récent sur la qualité de l’air en région parisienne... Économiquement parlant, également, et parce qu’il reporte sur le territoire communal une activité professionnelle, cet espace de co-working est pertinent. Il est également pertinent puisqu’il permet à des personnes qui a priori n’avaient pas vocation à se croiser, de se rencontrer, et possiblement de créer de nouvelles activités. Ainsi l’autre bureau invitera prochainement les artistes locaux à décorer ses espaces au moyen de certaines de leurs œuvres de façon à les faire connaître à un public qui n’aurait pas forcément fait la démarche de rencontrer ces artistes. De plus, il semblerait que le télétravailleur soit plus productif que son alter ego en entreprise, économisant de la fatigue et du temps en raison de l’absence de transport domicile-travail. Enfin, et cela figure dans les statuts de l’association, l’autre bureau a vocation à aider des personnes au chômage à préparer un Curriculum Vitae, ou les entretiens qu’elles auront obtenus lors de leur processus de recherche d’emploi.


Au delà, l’autre bureau m’apparaît comme un écosystème (pour reprendre un mot à la mode) en création puisque nous pourrions envisager à moyen terme son intégration dans un réseau plus large d’autres tiers lieux, et possiblement de FabLabs. Ces derniers sites sont des endroits où il est possible, grâce à la mise a disposition de machines de type scanner 3D, imprimante 3D et parfois découpeuse laser, de réaliser des reproductions de pièces de toutes sortes, voire de petits prototypes... Un véritable plus pour le repair café !


Point majeur, le coût de la création de ce tiers lieu a été très limité pour les finances publiques. La salle a été rénovée pour environ 3 à 4000 euros, et il reste encore environ 2000 euros de travaux de finition à effectuer. Le site appartenant à la commune, le bénéfice de ces travaux de rafraîchissement reste donc dans le giron communal. En pleine capacité, 
« L’autre bureau » peut accueillir une dizaine/douzaine de personnes, la rotation des durées d’usage permettant cependant d’envisager un nombre de bénéficiaires plus important sur la semaine ou le mois. Si l’on compare les montants investis et le nombre de personnes qui télé-travaillent à ce qui a été fait ailleurs, on constate que « L’autre bureau » est un projet à très bas coût - mais pas à basse qualité - et en avance sur ce qui se fait à proximité. Forges est en effet la première commune de la CCPL à bénéficier d’un site dédié au télétravail. J’espère sans trop de certitude que la nouvelle équipe municipale réalisera tout l’intérêt d’avoir un tel lieu sur notre territoire communal.



Référence

1. Site web de « L’autre bureau » :
https://www.lautrebureau.space/page/680170-presentation



lundi 5 octobre 2020

IL S’EST PASSÉ DES ÉVÉNEMENTS INADMISSIBLES AU CONSEIL MUNICIPAL DE FORGES LES BAINS DE JEUDI DERNIER...


J’ai été alerté vendredi par plusieurs de mes contacts sur le déroulement du conseil municipal de Forges, au cours duquel des événements graves se sont produits. Je relate ici ces événements qui pourraient conduire à l’annulation des décisions du conseil par le tribunal administratif. 



Le premier événement dérangeant est lié à l’ajout par Madame le maire d’un point à l’ordre du jour du conseil. Ce rajout a eu lieu en fin de conseil. Or il faut savoir que ce genre de modification est légalement impossible. En effet, l’article L.2121-10 du Code général des collectivités territoriales (1) dispose que toute convocation à une séance de l’organe délibérant doit indiquer les questions portées à l'ordre du jour. Il en résulte, selon une jurisprudence tout à fait constante, que les délibérations intervenues sur des affaires qui ne figuraient pas à l’ordre du jour sont irrégulières, et donc susceptibles d’être annulées par le juge administratif. Il est cependant admis et pratiqué par tous les organes délibérants, et ce pour des questions de facilité et d’efficacité, qu’un ajout puisse être réalisé avec l’assentiment unanime et préalable des membres du conseil. Or, jeudi dernier l’ajout à l’ordre du jour d’un point complémentaire n’a fait l’objet d’aucune discussion, ni d’aucun accord des membres du conseil. Certains ont soulevé l’irrégularité de la procédure, ne générant aucune réaction majeure de la part de l’actuelle majorité municipale.



Le second événement, très sérieux celui-ci, est lui intervenu en tout début de séance. Il s’agit de l’interdiction faite à une partie du public d’assister au conseil municipal. Certains des Forgeois qui souhaitaient participer ont en effet été bloqués à la porte de la mairie au motif qu’un arrêté préfectoral limiterait à 30 le nombre de personnes pouvant assister à une réunion dans un établissement recevant du public (ERP). Si un tel arrêté existe (2), il ne concerne que les ERP de type L (essentiellement salles de spectacle, de conférence, multimédia, salle de réunion ou de quartier réservée aux associations, etc.). Or il se trouve qu’une mairie, siège de l’administration communale, n’est pas un établissement de type L mais de type W, sauf erreur de ma part. Compte tenu de la situation sanitaire actuelle, et bien que les textes en vigueur ne soient pas toujours d’une clarté resplendissante, il reste possible que le maire d’une commune décide qu’une séance du conseil municipal aura lieu « sans présence de public ou avec un effectif limité et adapté à la salle et au respect des mesures barrières ». Ceci posé, cette décision doit être prise en amont de la réunion du conseil, cela n’invalidant en rien le fait que la séance du conseil doit rester publique. Il revient au maire, dans le présent contexte sanitaire, d’assurer le caractère public de la réunion, par exemple par sa retransmission vidéo en direct. Ceci n’a pas été fait. Les délibérations du conseil peuvent donc faire l’objet d’un recours auprès du tribunal administratif.



Plus grave encore, jeudi soir à Forges, l’interdiction d’accès à la salle résulte de l’action d'un Forgeois très, très proche de l'actuelle majorité. Or cette personne n’est ni élue, ni fonctionnaire de police nationale ou municipale, ni gendarme. On se demande donc à quel titre et de quel droit ce citoyen est intervenu. Son action est non seulement démocratiquement tout à fait contestable, et elle est aussi illégale. Elle me semble également dangereuse car susceptible d’engendrer des réactions vives de la part du public refoulé, et surtout tout à fait nuisible aux intérêts de la commune, puisqu’elle pourrait conduire, comme je l’indiquais plus haut, à une action en annulation auprès des tribunaux.




Références

1. Article L2121-10 - Modifié par LOI n° 2019-1461 du 27 décembre 2019 - art. 9. « Toute convocation est faite par le maire. Elle indique les questions portées à l'ordre du jour. Elle est mentionnée au registre des délibérations, affichée ou publiée. Elle est transmise de manière dématérialisée ou, si les conseillers municipaux en font la demande, adressée par écrit à leur domicile ou à une autre adresse ».

2. Arrêté préfectoral N° 2020 - PREF - DCSIPC-BDPC N° 1164 du 25 septembre 2020


samedi 3 octobre 2020

POURQUOI NE ME SUIS-JE PAS REPRÉSENTÉ AUX DERNIÈRES ÉLECTIONS MUNICIPALES ?


Cet article reprend en grande partie le texte que j’ai lu lors de la dernière session du conseil municipal de Forges à laquelle j’ai participé, au printemps dernier. Il explique les raisons pour lesquelles j’ai décidé de ne pas me présenter au sein d’une liste existante aux dernières élections municipales.

 

« Je termine ce soir 12 ans d’engagement municipal, tout d’abord comme conseiller délégué à l’assainissement et à la fourniture d’eau potable puis comme adjoint au maire et vice-président du syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable. Je voulais tout de suite remercier les personnes qui m’ont fait confiance, Antoine Lestien en premier lieu, notre précédent maire, puis Marie Lespert-Chabrier. Je voulais également remercier l’ensemble des conseils municipaux, conseillers de la majorité comme conseillers de la minorité, qui ont très souvent soutenu les propositions que j’avais présentées et défendues. J’espère avoir été digne de cette confiance et ne jamais l’avoir trahie.

 

Je ne reviendrai pas sur la très célèbre phrase d’Antoine Lestien qui nous avait indiqué que le mandat municipal, c’était au pire « une réunion par mois »... En effet au cours de la semaine précédente , je crois avoir eu environ 6 ou 7 réunions au total, soit une au moins tous les jours, sauf le dimanche. Je ne suis pas un cas isolé. Les très nombreux élus que j’ai rencontrés au cours de ses 12 ans d’activité sont, bien loin des idées reçues aux relents poujadistes, des gens impliqués et désintéressés, et en aucun cas des « permanents de la vie politique ». Bien sûr, un petit nombre d’élus ne rentrent pas dans cette définition. Il s’agit pour la plupart de « mâles alpha » comme on dit en éthologie (la science du comportement), qui, pour certains, se détestent cordialement. Cette détestation a d’ailleurs fortement nui au cours des années passées au fonctionnement de notre communauté de communes. Ceux d’entre vous qui sont familiarisés avec l’intercommunalité reconnaîtront tout de suite les personnes auxquelles je pense.

 

L’expérience de la vie communale a été très enrichissante, non seulement au niveau des contacts humains mais également parce qu’elle donne la possibilité d’agir au niveau local, à partir d’une réflexion qui se veut - en tout cas pour moi - globale. L’échelon communal est à mon sens l’échelon le plus pertinent de la vie politique, car il permet réellement d’agir dans l’intérêt général, tout en restant au contact des personnes qui vous ont élu. Alors pourquoi m’arrêtè-je ? Tout simplement parce que je suis fatigué. Fatigué, tout d’abord physiquement. Les deux mandats précédents auront été menés rondement avec nombre d’actions auquel j’aurai plus ou moins contribué, de la création de la maison de santé pluridisciplinaire à celle du centre technique municipal, de l’implantation de nouveaux locaux sportifs à celle de la maison des associations, de la réfection de l’église à la création de liaisons douces, et de la mise sur pied de la régie Ouest Essonne à l’extension des réseaux d’assainissement, le tout sans compter les astreintes de nuit et de week-end.  Atteint d’une affection chronique, j’ai dû supporter un traitement long et très éprouvant lors du premier mandat, qui m’a néanmoins permis d’éradiquer la maladie. J’ai également eu d’assez lourdes responsabilités au niveau professionnel, tout d’abord comme assistant de la directrice scientifique du département écologie et environnement du CNRS à Paris (institut regroupant plus de 1000 personnes), à ma fonction plus récente de codirecteur d’un département de recherche environ 135 personnes à Gif-sur-Yvette. Même si la quasi-totalité de mes collègues sont gens de qualité, nous œuvrons malheureusement dans un environnement très dégradé au plan financier, ce qui implique qu’il faille jour après jour faire des choix douloureux pour gérer des pénuries de plus en plus prégnantes. C’est usant ! Enfin, récemment un autre souci de santé s’est révélé, qui m’a valu une hospitalisation d’urgence. Je considère ce dernier événement comme un signal d’alarme qui m’indique, à quelques mois de la retraite, qu’il est temps que je lève totalement le pied.

 

Je suis également fatigué moralement, en raison des incivilités que je rencontre dans la commune. Celles-ci vont du stationnement quotidien des véhicules sur les trottoirs malgré des demandes réitérées de ne pas procéder de la sorte, à l’emprunt assez systématique de sens interdits, aux dépôts d’ordures dans les bois, au dégradations de bâtiments publics, mais également aux réflexions, quand ce sont pas des insultes, auxquels nous faisons face quand nous faisons remarquer - même gentiment - à certains de nos concitoyens que leur comportement est particulièrement incivique. Ceci s’inscrit finalement dans « l’air du temps », parfaitement résumée par le slogan publicitaire « parce que je le vaux bien »... Cette forme marquée d’égoïsme avait atteint son paroxysme lors du pénible épisode des migrants, au cours duquel de trop nombreux Forgeois ont démontré leur incapacité à partager, même de façon très temporaire et fragmentaire, l’espace communal avec des personnes ayant fui les horreurs de la guerre. À leur décharge, leurs inquiétudes avaient été alimentées par un petit groupe d’individus qui ont jeté de huile sur le feu, masquant difficilement derrière un paravent de respectabilité, leurs sentiments racistes et xénophobes. Cet accueil était pourtant, à mon sens, une obligation morale indiscutable. Les événements nous auront donné raison. Cet hébergement aura ainsi permis de donner un peu de paix et de repos à 90 personnes pendant 2 ans, et, comme nous l’avions annoncé, il n’a donné lieu pendant tout ce temps, à aucun, strictement aucun, incident avec nos concitoyens.

 

Même si je souhaite arrêter mes fonctions d’élu municipal, je pense conserver un certain investissement dans la commune, au travers par exemple de ma participation aux actions de « Forges en transition » telle que le café zéro déchet et le « repair café ». J’envisage également de poursuivre mon engagement en faveur du centre de télétravail, qui représente, pour moi un paradigme de ce que doit être le développement durable*. Encore une fois j’ai été très heureux de pouvoir œuvrer pendant 12 ans bénéfice de la commune. Je vous remercie de nouveau pour la confiance accordée et vous remercie, ce soir, pour avoir bien voulu m’écouter jusqu’au bout. »

 

* je reviendrai sur ce sujet prochainement

 

Crédit illustration :
http://www.otoradio.com/sondage-10ans-avis-des-auditeurs-stop-ou-encore