vendredi 28 octobre 2022

DROIT DE GRÈVE : UNE LIBERTÉ MISE À MAL



En théorie, le droit de grève est un droit reconnu à tous les salariés et fonctionnaires, à de très rares exceptions près. Parmi celles-ci, on peut citer les forces armées qui ne disposent pas de ce droit, ni du droit de se syndiquer d'ailleurs. Certains secteurs publics, telle que l'administration pénitentiaire, disposent de droit de grève restreint. La grève consiste en une cessation d'activité concertée et collective qui s'inscrit, en général, dans le cadre d'un litige entre employés et employeurs. Depuis une quinzaine d'années, ce droit est mis à mal dans notre pays, d'une façon parfaitement insidieuse. Á Forges aussi, nous n'échappons pas à ces dérives.

Si le droit de grève est un droit constitutionnel, la loi l'entoure de dispositions plus ou moins contraignantes. Dans la fonction publique, il est ainsi nécessaire de déposer un préavis de grève cinq jours francs (hors fêtes et week-end) auprès des tutelles. Cette obligation n'existe pas à ma connaissance dans le secteur privé, sauf si l'entreprise participe à une mission de service public. Des employés du privé peuvent donc déclencher une grève à tout moment, sans préavis. A noter également, point souvent méconnu, qu'une grève ne peut être déclenchée que pour des raisons professionnelles (exemple : rémunération) ou sociales (exemple : durée des congés ou conditions de la retraite), et pas pour des motifs politiques, sauf si ceux-ci sont consubstantiels aux motifs professionnels, ou accessoires par rapport à l'objet professionnel de la grève. A noter aussi que la notion d'action concertée signifie qu'au moins deux personnes dans une entreprise doivent se déclarer grévistes pour que la grève soit licite.

En termes de droit de grève, nous venons de loin. Il est en effet nécessaire de rappeler que faire grève était interdit au début du XIXe siècle et que cette possibilité n'a été autorisée, de façon limitée, que sous Napoléon III. Elle s'est trouvée progressivement étendue au cours des premières années du XXe siècle, par exemple au personnel de la fonction publique qui ne pouvait s'y référer à l'époque pour cesser le travail. Ce n'est qu'en 1946, dans la mouvance des avancées sociales d'après guerre, que ce doit a été reconnu droit constitutionnel.

Or, depuis une vingtaine d'années, le droit de grève fait l'objet d'une retour en arrière marqué, et ce de façon insidieuse et détournée, même si les premiers contre feux avaient été allumé dès les années 80. A cette date, le conseil constitutionnel stipulait, dans son arrêté 79-105 que des limitations pouvaient être imposées, et que « ces limitations peuvent aller jusqu'à l'interdiction du droit de grève aux agents dont la présence est indispensable pour assurer le fonctionnement des éléments du service dont l'interruption porterait atteinte aux besoins essentiels du pays ». On le voit, la définition était déjà à l'époque suffisamment vague pour autoriser des interprétations plus ou moins larges du texte.

Une des attaques les plus frontales au droit de grève a été menée sous la présidence de M. Nicolas Sarkozy. Lors de sa campagne électorale, puis lors de son mandat, ce dernier avait en effet défendu l'idée de la mise en place d'un service minimum, puis l'avait imposé dans les secteurs de l'éducation nationale et des transports, entre autres. Son souhait était alors résumé par sa phrase : « Désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit ». Cette limitation revêtait deux aspects : l'un parfaitement discutable - et à mon sens anticonstitutionnel - dans le cas des transports publics, l'autre illogique dans le cas de l'éducation nationale. Dans le cas des transports publics, les arguments mis en avant par les tenants du service minimum étaient en effet fallacieux : il s'agissait de la liberté d'aller et venir et de la liberté de travailler. Or, si l'on veut bien considérer chacun de ces droits, les grèves de la SNCF ne remettait en réalité aucunement en cause ces droits fondamentaux. Sans métro ou train, on peut toujours sortir de chez soi, aller et venir, aller travailler. Il faut simplement utiliser d'autres moyens de transport ! Par ailleurs, certains des élus libéraux et de droite ont fait valoir un argument particulièrement médiocre : la liberté d'accès au service public. Il convient là de rappeler que ce sont ces mêmes élus libéraux qui organisaient sans état d'âme, à la même époque, la disparition des bureaux de poste, ou la fermeture des lits d'hôpitaux. Dans le cas des écoles, le problème réside dans le fait que la loi impose au communes d'organiser un accueil des enfants. Cette disposition est illogique car autant les services périscolaires sont du ressort de la mairie, autant le temps éducatif est du ressort du ministère et donc de l'État. Ce n'est donc certainement pas aux communes d'intervenir dans un litige entre l'État et ses fonctionnaires, et donc de suppléer, même au travers de la seule mesure d'accueil dans les services scolaires, aux carences de cet État.

Soyons quand même clair, malgré ces dispositions partiellement liberticides, les employés des transports publics, comme les enseignants ont trouvé des parades et des soutiens. Dans les transports, les syndicats ont mis en oeuvre de nouvelles stratégies qui font que les entreprises privées comme publiques se trouvent démunies et incapables d'organiser un service minimum en cas de fortes mobilisations. Ainsi, lors de la grève de 2006 dans les transports lyonnais, les syndicats déposèrent un préavis de 99 jours, puis un préavis illimité, et incitèrent tous les salariés à se déclarer grévistes, même s'ils ne l'étaient pas, ceux-ci annulant le dépôt de préavis 24 heures avant la reprise du travail. Cette stratégie rend impossible l'organisation du service minimum sans pénaliser financièrement les personnel ! L'autre option est la grève tournante de 55 minutes, donc d'une durée inférieure à l'heure de grève engagent la perte de salaire du jour entier. L'effet obtenu a été le même, la désorganisation totale du service minimum. Dans l'éducation nationale, dans les écoles maternelle et primaire, plusieurs communes, dont la notre, ont refusé lors des précédents mandats d'organiser l'accueil des enfants pendant le temps scolaire. Il s'agissait bien entendu d'une position éthique, mais également d'une impossibilité matérielle, la municipalité ne disposant pas des personnels qualifiés pour cela. En effet, il est possible selon la loi de remplacer les personnels communaux par des personnels non communaux, telles qu'assistantes maternelles, animateurs, enseignants retraités, voire étudiants ou parents d’élèves sans que soit précisé le niveau de qualification des « remplaçants ». L'autorité municipale doit seulement s’assurer que tout volontaire possède « les qualités nécessaires pour accueillir et encadrer des enfants ». Or, ceci est bien sur impossible à réaliser car personne dans une commune n’a les moyens de contrôler le sérieux des intervenants, l'accès aux fichiers de police n'étant pas autorisé aux élus.

La situation est semblable lors d'une grève du personnel périscolaire. Nous avons ainsi vu récemment, à Forges, des parents d'élèves et Madame la maire se transformer en personnel d'accueil  pour palier l'absence du personnel municipal gréviste. Outre l'aspect moralement condamnable de cette volonté d'invisibiliser une grève, il est tout a à fait paradoxal de constater que c'est la même tutelle municipale qui agit comme pourfendeur d'un mouvement social, et qui défend dans un discours public rodé la bienveillance collective dont doivent bénéficier, entre autres, les personnels du périscolaire ! Il est vrai qu'à Forges, on n'en n'est plus à une contradiction prête ! Je m'interroge cependant sur le risque encouru par les parents en cas d'incidents ou d'accidents mineurs ou graves, affectant l'un des enfants... 

Au delà de l'anecdote forgeoise, il convient aussi de s'interroger sur cette volonté propre aux partis de droite et aux libéraux, de limiter de façon forte le droit de grève, ce que l'on a encore vu récemment via la réquisition de personnels grévistes. Mon sentiment est que le droit de grève est finalement un droit octroyé à David, contre Goliath. Il permet aux salariés et fonctionnaires de dire non, d'établir un rapport de force avec leur employeur, peu habitué aux situations de désobéissance, ou de remise en cause de leur autorité. Ce droit constitue donc un contre-pouvoir essentiel, à la disposition des salariés. Pour cette raison, il est l’objet de remise en cause permanente par ceux qui détienne le pouvoir, qu'il soit financier ou politique, les deux étant depuis des années intimement liées dans notre pays. Il me semble indispensable de rappeler aux « va-t-en-guerre » habitués du discours « grévistes, preneur d'otage », ainsi qu'aux parents d'élèves et élus locaux, que dans notre société capitaliste, peu d'avancées sociales ont été obtenues sur la seule base de la bonne volonté des employeurs, sans instauration d'un rapport de force favorable au plus grand nombre. Il en est ainsi des congés payés, des arrêts maladies, des congés parentaux, du droit à la retraite, etc., toutes choses qui semblent aujourd'hui naturelles mais qui n'ont été obtenues en grande partie que parce que le droit de grève existe et parce que certains « salauds de grévistes » se sont battus pour tous...



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lundi 24 octobre 2022

LE CONCEPT DE « CARRYING CAPACITY »



Au cours de ma carrière scientifique, je me suis souvent dit qu'il serait bon que nos concitoyens soient un peu plus informés des fondamentaux en sciences. Pour cette raison, et parce que j’ai été, et reste, payé avec de « l’argent public», il m'a toujours semblé important de mener des actions de vulgarisation scientifique auprès de ce qu'il est convenu d'appeler « le grand public ». C'est ce que je continue de faire, à mon rythme et selon mes envies, via certains des articles de ce blog, justifiant ainsi le terme de citoyen que j'utilise pour celui-ci.

Une des raisons de cette effort de vulgarisation est que s'il est légitime d'avoir une opinion, un avis sur un sujet donné, il m'a toujours semblé que cet avis devait être formé sur la connaissance de faits aussi objectifs que possible, et non pas sur des présupposés. En ce sens, et même si je trouve la formulation un peu « raide », je comprends parfaitement ce que voulait dire M. Harlan Ellison, écrivain américain de science-fiction, quand il disait « vous n'avez pas le droit d'avoir une opinion, mais vous avez le droit d’avoir une opinion éclairée ».

La notion d'écologie que je voulais présenter aujourd’hui s’appelle la « car-rying capacity », notion que l'on a traduite en - mauvais - français en capacité de portage. Je préfère le terme de capacité biologique ou de capacité de charge. Cette notion trouve son origine dans le domaine de la microbiologie, lorsque nos prédécesseurs du XIXe siècle ont cherché à comprendre et modéliser le développement des micro-organismes. Le terme n'est en revanche apparu que dans le premier quart du XXe siècle. Cette notion dit en substance que « la capacité de charge d'un environnement est la taille maximale de la population d'une espèce biologique qui peut être soutenue par cet environnement spécifique, compte tenu de la nourriture, de l' habitat, de l'eau et des autres ressources disponibles. La capacité de charge est définie comme la charge maximale de l'environnement, qui correspond en écologie des populations à l'équilibre de la population, lorsque le nombre de décès dans une population est égal au nombre de naissances » (1). Il est à noter que cette notion prend en compte les facteurs qui relèvent des ressources, mais qu'elle ne s'intéresse que moyennement à l'impact de certains des autres facteurs susceptibles d'affecter la taille de la population d'une espèce donnée (telle que les interactions entre espèces, par exemple au travers de la prédation) sauf à les réintégrer dans un coefficient utilisée pour le calcul de l'évolution de taille des populations, dit « taux intrinsèque d'accroissement naturel ». Je ne vais pas plus dans le détail. Si des lecteurs sont intéressés par ces questions, ils peuvent me contacter via le lien de contact en tête de page du blog (en version ordinateur), et je tenterai de répondre à leur demande.

La notion de capacité de charge a été très utilisée dans les calculs mis en oeuvre pour optimiser les processus de fermentation, au sens large puis elle a été étendue aux productions agricoles et à l'élevage. Un développement spectaculaire a été son application aux sociétés humaines, avec, il faut le souligner tout de suite, un risque d'erreur lié au fait que cette capacité de portage sous-entend, comme je l'ai indiqué plus haut, l'existence d'un équilibre populationnel, dans lequel « le nombre de décès dans une population est égal au nombre de naissances ».

Avec la limitation exposée ci-dessus en tête, et en moyennant fortement des facteurs qui font que les conditions de vie en Suède diffèrent sensiblement de celles au Pakistan, au hasard, plusieurs spécialistes ont calculé voilà des dizaines d'années la capacité de charge maximale de notre planète en fonction des ressources de l'époque. Celle-ci s'élevait de 9 à 10 milliards d'individus, une valeur qui semblait encore valide dans les années 2010 (2). Ce chiffre doit cependant être modulé en fonction de la nature des prélèvements humains sur la planète. Ceux-ci semblent en effet sensiblement dépasser la capacité productive de la Terre. De plus, l'impact croissant du réchauffement climatique conduira sans aucun doute, par le biais de l'élévation du niveau des mers, de la réduction des surfaces arables et des rendements des cultures, à une limitation des ressources, donc à une révision de ce chiffre. Comme je l'indiquais, cette capacité de charge dépend de nombreux facteurs, et entre autres la façon dont sont utilisées les ressources. Une étude de CJ. Peters et collaborateurs (3), publiée en 2016, évaluait la capacité de charge du territoire des USA en fonction de 10 régimes alimentaires différents. Elle montrait qu'un régime végan strict mais respectant les critères d'apports journaliers nécessaires, permettrait de nourrir 735 millions d'Etat-Uniens, contre 400 millions en conservant le régime actuel. Une autre étude publiée deux ans plus tard (4) confirmait que si toute la population américaine passait à un régime alimentaire végan, il serait alors possible de nourrir 350 millions de citoyens US en sus. Je ne dis pas ici qu'il faut devenir végétarien ou adepte du véganisme, ce que je ne suis pas d'ailleurs. Je souhaitais simplement montrer au travers de ces données que la capacité de charge d'un environnement donné dépend fortement du type et du mode d'utilisation des ressources.

La capacité de charge de notre planète n'est donc pas un chiffre intangible, fixé une fois pour toute, d'autant que le pic d'accroissement de la population humaine a été atteint dans les années 60 avec un taux de 2,2 % (voir illustration). Depuis cette date, nous sommes passé à 1,5% au début des années 90, puis à 1% actuellement, ce qui signifie que la croissance globale de la population se ralentit. Il n'est donc pas impossible, et je pense qu'il est en fait assez probable, que ce taux deviendra négatif au cours de ce siècle, entraînant une diminution de la population mondiale. La question est de savoir quand elle interviendra. Celle-ci reste débattue mais plusieurs évaluations estiment qu'elle pourrait être notable dès le milieu du XXIe siècle. Si je me fie à la page Wikipédia sur le sujet, la population mondiale pourrait se limiter à 9 milliards et quelques d'individus, puis redescendre autour de 4 à 8 milliards selon les scénarios (5). Ce serait une excellente nouvelle pour la planète, à mon avis, dans l'hypothèse ou aucune catastrophe d'origine anthropique ou non, affecterait cette estimation.


Références :

1. Capacité de charge. Wikipédia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Capacit%C3%A9_porteuse

2. N .Wolchover. How Many People Can Earth Support? Livescience.Com; Live Science, Novembre 2011.

3. CJ Peters et coll. Carrying capacity of U.S. agricultural land: Ten diet scenarios. Elem. Sci. Anthr. 4, 000116 (2016).

4. Alon Shepon et coll. The opportunity cost of animal based diets exceeds all food losses. Proc. Natl. Acad. Sci. 115:3804-3809 (2018).

5. Population mondiale. Wikipédia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale



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Image tirée de la référence 5, ci-dessus.
Les valeurs indiquées sont les taux d'acroissement en rouge, et le nombre d'individus « gagnés » en un an en gris.

vendredi 21 octobre 2022

ASSOCIATIONS : QUAND LA MAIRIE SE MOQUE DU MONDE (4)…



Dans la saga associative forgeoise, les évènements se succèdent à un rythme incroyable. Le dernier tome en date (avant le suivant) montre comment la mairie se moque du monde en tenant un double discours. Face aux associations réunies, ou dans les médias de communication municipale, ou face à la presse, tout « baignerait » et seules les associations qui ne veulent pas fonctionner polémiquent... Malheureusement, la réalité est tout autre.


Plusieurs associations occupaient pour leurs activités la salle polyvalente. S'y développaient, outre l'activité des télétravailleurs (une trentaine de membres, certes pas tous actifs), le soutien scolaire et les activités thérapeutiques de Coup de Pouce91 (une bonne cinquantaine de familles), les réunions du café « zéro déchets » ( de 10 à 25 personnes), et les ateliers de couture du « répare-couture (de 10 à 25 personnes)... La mairie cherche actuellement un moyen de virer ces associations de la salle, pour des raisons plus que floues, et qu'elle refuse d'expliquer aux associations qui en font la demande. Elle a d'ailleurs procédé de même avec les associations qui utilisaient la salle du bas de la polyvalente (danse et activité de gymnastique), cette fois-ci au prétexte d'y installer une base-vie pour les ouvriers qui travaillent à l'agrandissement de la maternelle. Cette base-vie ne semble pas du tout être utilisée, ou très peu, comme je l'indiquais dans un article précédent (1).

Les associations déplacées vont donc, selon la mairie, pouvoir poursuivre leurs activités dans d'autres lieux. Malheureusement, la plupart de lieux proposés, ainsi que les créneaux horaires, ne permettent pas cette poursuite, soit en raison de l'exiguïté des locaux, soit en raison de la rareté des créneaux. De plus certains de ces lieux sont indignes, comme le montre l'illustration de ce texte, qui présente la salle, la cuisine et les sanitaires actuellement à la dispositions des associations, et ceux qui sont proposés pour le café « zéro déchets » ou pour le repair-café de Forges en Transition.... Il me semble que tout commentaire est superflu... Je suppose qu'il s'agit sans doute, dans la logique de l'équipe municipale, de la traduction de leur conception de l'amélioration des conditions d'exercice des associations. Mais j'oubliais, il est vrai que tout cela c'est de la faute des anciens élus, et que les associations ainsi méprisées polémiquent...


Référence :

(1) Associations : quand la mairie se moque du monde... Ce blog.
Consultable en ligne:
https://dessaux.blogspot.com/2022/09/asociations-quand-la-mairie-se-moque-du.html

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Documents personnels.



mercredi 19 octobre 2022

ASSOCIATIONS : QUAND LA MAIRIE SE MOQUE DU MONDE (3)…



La saga associations se poursuit à Forges ! Vu les bases sur lesquelles elle s'est bâtie, je ne suis plus très optimiste quant à l'avenir, et ne pense pas que les relations entre le monde associatif et la municipalité puisse aller en s'améliorant. Avant-dernier chapitre en date de cet opus : les dossiers de demandes de subventions, dont les modalités montrent bien comment la mairie s'assoit sur ses promesses…


Pour comprendre l'affaire, il faut revenir au début de l'année 2022, et plus précisément à une réunion entre municipalité et associations où l'on devait présenter a priori discuter bilans et projets. Comme je lai indiqué dans un article antérieur (1), les bilans et les projets n'ont pratiquement pas fait l'objet de présentation détaillée. En revanche, les questions des subventions et de l'utilisation des salles communales ont été abordées. A cette occasion, plusieurs associations ont indiqué à la mairie qu'il était impossible de présenter des dossiers complets de demandes de subventions pour l'année N, à la date du 15 novembre de l'année N-1. Des explications claires ont été données aux élues présentes ce jour-là. Ainsi, les attestations d'assurance demandées pour l'année N ne sont transmises par les compagnies d'assurance qu'autour du 15 décembre, voire même parfois en début d'année. De plus, plusieurs associations fonctionnent calées sur l'année civile. Il est donc possible de présenter un budget prévisionnel pour l'année N, mais les comptes de l'année N-1, demandés dans le dossier, ne peuvent être fournis. D'autant que ces comptes doivent être validés en assemblée générale, assemblée qu'il est difficile de tenir avant le 15 janvier. Pour cette raison, nous avons expliqué aux élues que les dossiers ne pouvaient être rendus avant la fin de janvier de l'année N. D'autant que j'ai demandé à quelle date étaient étudiés les dossiers de demandes de subventions, et appris, après avoir poussé un peu la municipalité dans ses retranchements, que la mairie ne traitait les demandes de subventions qu'au mieux fin février. Pourquoi dans ce cas demander des dossiers au 15 novembre ? Réponse de la municipalité : parce que les associations ne sont pas fichues de nous rendre des dossiers complets et parce que nous sommes donc obligés, et assez aimables, de les relancer pour obtenir les documents manquants. Ce n'est pas un verbatim, mais c'est la teneur exacte du propos !

Devant les arguments présentés par les associatifs, la municipalité a cependant condescendu (c'est le meilleur terme que je puisse trouver) à reporter la date des dépôt au 31 janvier. Probablement fâchée par cette concession, l'équipe municipale l'a néanmoins assortie d'une menace non dissimulée : «si les dossiers ne sont pas complets à cette date, il n'y aura aucune relance et aucune clémence. L'association ne recevra pas de subvention ». Oserai-je rappeler ici que l'actuelle équipe municipale se voulait « facilitatrice »… De quoi, on se le demande !

On pensait donc l'affaire pliée et les associatifs se disaient que, malgré les menaces, la mairie avait compris le pourquoi du comment, et que l'on allait revenir à une situation plus normale. Que nenni ! C'était compter sans l'incroyable mépris de l'équipe actuelle qui vient d'annoncer sur son site internet que les dossiers pour 2023 doivent finalement être déposé… le 15 novembre 2022 ! A ce niveau, je ne sais quoi penser ! Est-ce du dilettantisme, du mépris, une certaine forme d'arrogance, de violence sociale, ou une bêtise, ou tout cela à la fois ? Mystère. De facto, l'actuelle équipe semble se moquer encore une fois des associations, et clairement elle ne tient pas les engagements pris en public devant des dizaines de personnes. Elles revient sur ses promesses, elle balade le monde associatif. Bref elle se moque de nouveau du monde. J'en suis à me demander pourquoi cela ne m'étonne plus...


Note ajoutée le 23/11/2022 :

Un courrier de la mairie adressé aux associations hier modifie ce qui était écrit sur le site web de cette même mairie, au moment de la rédaction de cet article. Ce message précise que les demandes de subvention pourront être enoyées jusqu'au 31 janvier 2023. Dont acte. Intéressant de constater néanmoins que ce message s'accompagne d'une information disant que les subventions ne sont pas automatiques (ce qui est vrai), et qu'il n'y a aucun droit à subvention (ce qui est faux !). De plus le ton du message est franchement désagréable et, fait notable, il ne s'accompagne d'aucune formule de politesse, ce qui, là auissi, ne m'étonne pas ! 

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mardi 18 octobre 2022

DES NOUVELLES D'ANTICOR…

En tant que membre de cette association, qui promeut la lutte contre la corruption et les malversations financières, je diffuse ci-dessous de larges extraits de la lettre de notre présidente, Mme Elise Van Beneden, en date de septembre 2022. Elle rapporte les thématiques discutées lors de l'université d'été de l'association, que je passe sous silence, et surtout elle fait le point sur les actions en cours, qui mettent en cause différentes très hautes personnalités du pouvoir actuel. Enfin, la présidente évoque la « réforme » de la police judiciaire, et s'inquiète, elle-aussi, des conséquences néfastes qu'elle pourrait engendrer, en termes d'investigations visant la corruption au sein de nos élites. Le texte de cette lettre est en italiques ci-dessous.

Attention cependant, il ne faudrait pas croire que la corruption ne touche que nos élites énarquiennes, ou nos représentants au plus haut niveau. Dans les structures plus modestes, des régions aux communes, la corruption existe, malgré les processus mis en oeuvre, par exemple en matière d'attribution des marchés publics. En réalité, tout pouvoir, qu'il soit politique, financier, voire même moral ou religieux, est corruptible. Une question philosophique m'intéresse d'ailleurs depuis longtemps : à quoi serait du cette corruptibilité ? Vaste débat en perspective ! Je n'ai pas la place de développer ce sujet ici, mais il mériterait à mon sens un article complet, en lien avec les notions de pouvoir, de propriété et d'appropriation, et une relecture de l'oeuvre de Rousseau et du mythe du « bon sauvage ».  En attendant, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos politiques et rappelons nous qu'en règle générale, nous avons ceux que nous méritons. 

La lettre indique donc que « ...le Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti a été renvoyé devant la Cour de Justice de la République pour prises illégales d’intérêts. Cette décision s’inscrit dans la continuité de sa mise en examen en juillet 2021, suite à une plainte d’Anticor. Le même jour, le secrétaire général de l’Élysée, le très puissant Alexis Kohler, a été mis en examen pour prise illégale d’intérêts également, suite à une plainte avec constitution de partie civile de l’association. Grâce à son agrément, Anticor a permis à ce procès d’exister. Il appartient à la Justice de dire si M. Kohler, qui est présumé innocent, a commis ce délit. Mais il faut souligner avec force la mission essentielle des associations anticorruption, qui par leurs actions, favorisent l’égalité devant la loi en contraignant les hommes les plus puissants de la république à répondre de leurs actes, lorsque cela est nécessaire.

Ce délit, qui fait partie de la catégorie des infractions à la probité, et qui relève donc de la corruption est défini par le Code pénal comme « le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public ou par une personne investie d'un mandat électif public, de prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement, un intérêt de nature à compromettre son impartialité, son indépendance ou son objectivité dans une entreprise ou dans une opération dont elle a, au moment de l'acte, en tout ou partie, la charge d'assurer la surveillance, l'administration, la liquidation ou le paiement, est puni de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 500 000 €, dont le montant peut être porté au double du produit tiré de l'infraction ».

C’est un délit grave, qui porte atteinte aux intérêts de l’État. L’association a donc demandé la démission de ces deux responsables. Vous pouvez suivre notre actualité sur Twitter et Facebook pour connaître les prises de position récente de l’association.

En ce début de mois d’octobre, nous tenions aussi à vous alerter sur un sujet important : la situation de la police judiciaire.

Un projet de réforme de la police en cours vise à placer tous les services de celle-ci, y compris ceux de la police judiciaire, sous les ordres d’un directeur unique départemental dépendant du préfet.

Pour le dire simplement, plus de 5.000 fonctionnaires de police judiciaire vont passer sous les ordres des préfets. Par une motion du 9 septembre, le Conseil national des barreaux s’est opposé à la réforme car elle signifie une « montée en puissance d’un édifice sécuritaire (surveillance de masse, privatisation de la sécurité) sans contrôle du juge garant de l’État de droit ».

Dans une tribune publiée dans le Monde le 31 août dernier*, des syndicats de policiers et de magistrats pointaient également la possible dérive du nouveau système : « C’est privilégier l’arrestation du petit trafiquant, vite remplacé, plutôt que le démantèlement des réseaux, ou du vendeur à la sauvette plutôt que de ceux qui l’exploitent. C’est le choix de la lutte contre le sentiment d’insécurité, et non contre l’insécurité elle-même. C’est surtout un coup fatal à la lutte contre la délinquance économique et financière, déjà si mal en point ».

 Pour Julien Sapori, commissaire de police, cette réforme s’attaque à « l’autonomie de la police par rapport au pouvoir politico-administratif, qui se traduit par des liens étroits et privilégiés avec l’autorité judiciaire, Procureurs de la République ou Juges d’Instruction. Sans les enquêteurs de la Police Judiciaire, les magistrats seront dans l’impossibilité de s’attaquer à des dossiers particulièrement lourds et sensibles relevant des sphères financière ou politique ».

 Anticor s’oppose également à cette réforme qui est un obstacle majeur à la lutte contre la délinquance politique et financière ».

 Comme on le voir, l'association a encore du pain sur la planche…


* Note du rédacteur :
L'article cité n'est visible que pour les abonnés du Monde sur son site.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/08/31/le-projet-de-reforme-de-la-police-judiciaire-menace-l-efficacite-des-enquetes-et-l-independance-de-la-justice_6139607_3232.html

Pour ceux des lecteurs qui voudraient en savoir plus sur Anticor et les actions en cours, je vous conseille leur site web et leur page Facebook :

https://www.anticor.org/
https://www.facebook.com/ANTICOR.officiel/

Pour ceux des lecteurs qui voudraient en savoir plus sur l'affaire (ou plutôt les affaires) Dupont-Moretti, et Alexis Kohler, voir le reportage de Blast :

https://www.blast-info.fr/emissions/2022/kohler-d-moretti-de-la-republique-exemplaire-aux-scandales-detat-8i5mgfiDRKiDx4HgWVC7lg


Crédit illustration :

Site web d'anticor
https://www.anticor.org/



DES NOUVELLES DU BLOG !


Comme vous avez pu le remarquer, le blog est resté silencieux pendant quatre semaines…

Ce silence a plusieurs causes, d'importance variable. En premier lieu, le rédacteur est parti quelques jours en vacances, très au sud, histoire de profiter de ce qu'il est convenu d'appeler l'arrière-saison. Les jours sont encore suffisamment longs pour profiter des divers séjours, et les destinations méridionales conservent une météo agréable, avec une fréquentation touristique sensiblement allégée. Les prix sont également en baisse sensible…

Avant mon départ, le blog a encore fait l'objet d'une tentative de piratage. Que je sois clair, ceci n'est à mon avis pas lié à son contenu. J'aurais rédigé un blog traitant de la cuisine ou de physique quantique (pour autant que je sois en capacité de discuter de l'une ou de l'autre), les choses n'auraient sans doute pas été différentes. Je pense que les blogs font tous l'objet de tentatives de piratage voire de demande de rançon. Dans mon cas, il s'est simplement agit d'une attaque massive en provenance de nouveau de Russie, pour autant que les instigateurs ne se soient pas cachés derrière un anonymiseur dont le dernier relai se serait trouvé au pays de notre ami Vladimir Vladimirovitch… Il n'ya a eu aucun dégât mais n'ayant plus d'accès à mon ordinateur personnel, arrété en raison de mes vacances, je n'ai pu agit aussi librement que je le voulais.

J'ai également eu à gérer un problème d'ordre technique sur un de mes articles. Je ne rentre pas dans le détail, mais cela m'a pris de nombreuses heures sur mes lieux de vacances, là aussi en raison de la distance...

Enfin, j'ai été malade, et je ne suis pas encore parfaitement remis. Rien à voir avec la CoViD-19 ou n'importe quel autre virus… Il faudra cependant un suivi médical qui risque de m'occuper quelques temps.

Tout cela ne m'empêchera pas de continuer à faire vivre ce blog. J'ai récemment eu de nombreux retours très positifs, et j'en remercie les lecteurs qui font que nous arriverons bientôt à 50 000 lectures, sans publicité, sans recours aux réseaux sociaux, et surtout sans esbroufe. Bien entendu, tout ce qui est écrit sur ce blog est vérifiable, que ces éléments concernent la vie sociale, associative ou la politique locale ou nationale.

Je continuerai donc dans le sens indiqué plus haut, avec la volonté de ne pas attaquer les personnes, mais leurs actions et seulement leurs actions lorsque celles-ci sont délétères en regard de l'intérêt général. Deux articles sont achevés ou presque. Le premier traitera encore une fois de l'incroyable mépris que nos édiles locales réservent aux associations, puisque visiblement la commune revient sur des promesses qu'elle a faites… Le second concerne l'association Anticor et reprendra une partie de la lettre que les membres reçoivent régulièrement. Deux autres articles sont en projet ou seulement partiellement écrits. L'un deux concernera encore les associations forgeoises maltraitées, et l'autre abordera une notion scientifique d'importance en écologie, s'appliquant du niveau local au niveau planétaire. A très bientôt, donc !