jeudi 31 décembre 2020

LE SARS-CoV2 MUTANT EN PROVENANCE D’AFRIQUE DU SUD PRÉSENTE-T-IL UN NOUVEAU RISQUE SANITAIRE ?




L’un des rares points positifs de l’épidémie de CoViD19 est que les Français auront appris quelques éléments de base de biologie. Il est devenu clair pour un grand nombre d’entre nous que tous les virus mutent au cours de leur cycle infectieux. C’est ensuite la pression sélective qui « fait le reste », conservant les mutations les plus adaptées, qui contribuent à ce que l’on appelle la fitness virale, c’est à dire à sa capacité de se transmettre rapidement et se reproduire efficacement.


Dans ce contexte, le mutant du SARS-CoV2 apparu en Angleterre semble plus infectieux que les souches parentales virales déjà connues, tout en conservant le même pouvoir pathogène (c’est à dire une capacité d’induire la maladie) et la même virulence (sa capacité à induire des symptômes plus ou moins graves en lien avec sa capacité de multiplication dans l’hôte). Bonne nouvelle malgré tout, la mutation principale caractérisant ce mutant ne modifie que très partiellement la protéine (les termes soulignés sont définis dans le glossaire ci-dessous) dite Spike, qui se trouve à l’extérieur du virus. Cette protéine Spike est cruciale pour la multiplication du virus, puisqu'elle présente une structure qui permet sa reconnaissance par un récepteur (dit ACE2) situé à l’extérieur de certaines cellules humaines. Cette reconnaissance provoque une invagination de la membrane cellulaire qui entoure alors le virus, lui permettant ainsi de rentrer dans la cellule où il va se multiplier.

Les vaccins autorisés de type à ARN messager (ARNm) ciblent justement la protéine Spike en induisant chez les personnes vaccinées la fabrication d’anticorps dirigés contre cette protéine. Ces anticorps lient la protéine, donc le virus, et le complexe ainsi formé est dégradé par certains de nos globules blancs, permettant l’élimination du virus. La crainte - justifiée - était que les mutations touchant la protéine Spike pourraient empêcher sa reconnaissance par les anticorps, annihilant ainsi l’efficacité vaccinale. La bonne nouvelle que j’évoquais plus haut est que tel n’est pas le cas. Les vaccins actuellement proposés sont a priori aussi actifs contre le « mutant anglais » que contre les souches de SARS CoV2 « d’origine »...

Un autre mutant (ou variant) du virus inquiète davantage les spécialistes. Il s’agit du mutant d’origine Afrique du Sud connu sous le nom de 501.V2. Il semble en effet que la fitness de cette souche soit plus élevée, celle-ci se propageant plus rapidement. En accord, 90% des virus circulant en Afrique du Sud sont du type 501.V2. Cependant la souche ne paraît pas plus virulente. Elle se propage simplement plus vite, avec un effet potentiel défavorable donc sur le fameux « R effectif », c’est à dire le taux de reproduction du virus, rendant le contrôle de la dispersion virale plus difficile. L’autre problème est que la mutation touche une région de la protéine Spike qui est précisément celle qui est reconnue par le récepteur des cellules humaines, et une des régions majeures reconnues par les anticorps vaccinaux. Pour le moment, il ne semble pas y avoir un impact sur l’efficacité des vaccins à ARNm parce que ceux-ci induisent la fabrication d’anticorps qui reconnaissent plusieurs régions de Spike, mais un doute et des incertitudes demeurent*. Par ailleurs, cette mutation pourrait affecter la détection des génomes viraux par la technique RT-PCR, obligeant à revoir la stratégie mise en place pour la détection.

Quoi qu’il en soit, la force des vaccins à ARNm est qu’il sera très certainement possible de proposer une formulation modifiée du vaccin très rapidement, prenant en compte la mutation qui caractérise 501.V2. On peut même envisager de produire si besoin était, comme pour la grippe, un vaccin composé de plusieurs ARNm ciblant les protéines Spike des « souches d’origine » du SARS-CoV2 ainsi que celles des mutants anglais et 501.V2. A ce stade, pas de panique donc, mais vigilance accrue d’autant que le premier cas de malade porteur de ce mutant a été identifié très récemment en France, chez un voyageur de retour d’Afrique du Sud.


*Note ajoutée le 23 février 2021 :

Une publication scientifique récente fait état d'une efficacité un peu plus faible des vaccins ARN sur le variant d'Afrique du Sud, mais qui sera probablement sans conséquence sur le niveau de protection conféré. 
 La situation est plus défavorable pour les autres vaccins : les formulation de Novavax et Johnson et Johnson ont montré une moindre efficacité en Afrique du sud, pays majoritairement infectée par son variant.
Le vaccin Astra Zeneca semble lui peu efficace contre le variant sud Africain. En lien, le gouvernement sud-africain a suspendu l'usage de ce vaccin dans son pays.


Crédit photo :

https://theconversation.com/nouveau-variant-du-coronavirus-sars-cov-2-detecte-en-angleterre-que-faut-il-savoir-152398


Glossaire :

Protéine : Il existe trois grands types de composés biochimiques, communs à tous les êtres vivants, à savoir les sucres, les lipides et les protéines. Les sucres sont décrits plus bas. Les lipides sont, de façon simplifiées, des matières grasses. Ils jouent des rôles fondamentaux dans les cellules, composant de nombreuses membranes cellulaires assurant à la fois étanchéité et plasticité. Les protéines sont des constituant essentiels, et jouent de très nombreux rôles comme éléments de structure des cellules, un peu comme des "échafaudages" ou des "routes" internes aux cellules. D'autres protéines, assemblées en groupes, sont des "moteurs cellulaires" permettant par exemple aux cellules de se déplacer, ou d'incorporer des éléments extracellulaire, par exemple pour se nourrir. Nos muscles sont essentiellement constitués de protéines. Un rôle fondamental est celui des protéines dites enzymes qui assurent les réactions métaboliques des cellules, y compris les division et réplication de l'ADN. Dans le cas qui nous intéresse, ce sont des protéines présentes vers l'extérieur des cellules bactériennes, ou des virus, qui sont susceptibles de déclencher des réactions immunitaires.

Spike : la protéine Spike (ou protéine S) est un composant essentiel du coronavirus. Elle est présente à l’extérieur du SARS CoV2. Elle permet au coronavirus de pénétrer dans les cellules humaines. La protéine Spike est reconnue par un récepteur protéique situé sur certaines cellules humaines, qui se lie avec elle, permettant l’incorporation du virus dans la cellule. Spike est aussi la cible des anticorps produits par l’organisme après l’infection ou vaccination.

ARN messager : les ARN messagers sont produits par toutes les cellules vivantes. Ils correspondent à la copie de chacun des gènes exprimés du génome, copie qui sera lisible par la machinerie cellulaire pour la fabrication des protéines. Les vaccins autorisés utilisent des ARN messagers du SARS-CoV2 qui déterminent la fabrication de la protéine Spike qui entoure le virus, et entraînent leur reconnaissance par le système immunitaire.

Anticorps : ensemble de protéines (associées à des sucres) produites par le système immunitaire en réponse à un composé immunogène et capable de s'associer à lui pour induire sa dégradation par des « globules blancs ».





lundi 21 décembre 2020

« PRIVATISATION » DE LA RATP : BEAUCOUP DE QUESTIONS, PEU DE RÉPONSES ET DES RISQUES !




De par le droit européen, les transports publics sont un secteur ouvert à la sacro sainte concurrence libre et non faussée. Dès janvier 2025 et jusqu’en 2039, l’ensemble des réseaux de trains, de RER, de métro et de bus de la région parisienne, ainsi que ceux d’autres métropoles, vont disparaître du secteur public pour se retrouver dans le giron du secteur privé. Quel est l’intérêt de cette privatisation et quelles seront les conséquences pour les usagers ? Les résultats des autres services publics privatisés, dans le secteur du transport par exemple, mais pas seulement, n’incitent pas à un optimisme débridé.


La privatisation des transports parisiens est donc en route. Même si elle n’est présentée que comme une mise en concurrence, il en va, dans les faits de façon très différente. Il semblerait en effet que la RATP en tant que telle ne pourra répondre aux appels d’offres car elle est un EPIC, c’est à dire une entreprise publique à caractère industriel et commercial. Pour y répondre la RATP devra donc le faire via des filiales entièrement de droit privé. La raison est paradoxale : avec son statut d’établissement public, la RATP serait trop concurrentielle par rapport aux entreprises privées...

La première vague d’ouverture au privé touchera en 2025 les services de bus de Paris et de la proche couronne, avec une question majeure. Comment cela se passera-t-il ? L’appel d’offre sera-t-il conduit ligne par ligne, dépôt par dépôt, secteur géographique par secteur géographique. Rien n’est sur et les syndicats de la régie sont pour le moment dans le flou le plus total, aucune réponse à ces questions ne leur ayant été fournie. La même interrogation se posera au plus tard en 2033 pour le RER et en 2039 pour les lignes de métro. Cependant, l‘actuelle présidente de région, également présidente d’Ile de France mobilité (l’ex STIF) qui coordonne les transports dans la région, Mme. Valérie Pécresse (LR) souhaite accélérer de 10 ans ce processus (1).

Du côté des salariés de la RATP, cette ouverture à la concurrence est de très mauvais augures. Si la RATP filialisée ne remporte pas les marchés, les personnels seront transférés à la concurrence sans leur consentement, avec licenciement en cas de refus, et avec les pertes de certains éléments du statut et du rattachement à l’EPIC. Selon les dires gouvernementaux, ils conserveraient néanmoins rémunération au titre de l’article L 3221-3 du code du travail et l’accès aux centres de santé de la RATP. Mais qu’en est-il de l’organisation du travail et des horaires, des heures supplémentaires, et des points de détail comme le temps de changements de tenue qui « font le métier » ? Rien n’est clair là dessus. Les syndicats l'on bien compris, des cadres de la CFE-CGC aux membres de l'UNSA, de Solidaires, de la CGT ou de SUD... Je cite M. Frédéric Ruiz, président de la CFE-CGC (qu'on ne peut qualifier de « dangereux gauchiste » !) du groupe RATP : « L’ouverture à la concurrence nous est présentée depuis une vingtaine d’années comme une décision européenne inéluctable. En fait, il s’agit d’un « choix dogmatique » qui vise à instaurer un marché unique européen, dans tous les secteurs économiques, y compris les services publics. La France, en bonne élève de la « pensée unique », a ainsi transformé ses entreprises publiques en groupes qui se privatisent, la RATP étant l’une des dernières à subir ce sort. Pourtant, les diverses crises qui se succèdent montrent que cette évolution n’est plus pertinente, tant sur le plan social qu’environnemental. Car les choses sont désormais claires, pour l’autorité organisatrice IDFM la concurrence dans les transports publics urbains vise prioritairement à réduire les coûts, c’est-à-dire la masse salariale, et à diminuer l’influence de la RATP, trop encombrante à ses yeux. Le gouvernement poursuit donc son travail législatif et réglementaire mettant en place des « usines à gaz » dont il ne mesure pas lui-même les implications. Le Covid-19 a pourtant démontré que l’EPIC RATP, avec sa multi-modalité et ce qui lui reste d’intégration, était un modèle d’organisation particulièrement efficace, réactif et humain. Dans ce contexte où les plans sociaux se multiplient, la CFE-CGC Groupe RATP estime que la concurrence dans les services publics devrait être re-questionnée en urgence. Dans tous les cas, les salariés en général et les encadrants de la RATP en particulier ne sauraient être la variable d’ajustement des évolutions d’organisation ».
 

Ce qui est également peu clair aussi, c’est le bénéfice de l’ouverture à la concurrence pour l’usager. Ainsi quid des titres de transports à l’unité. Seront-ils valables pour les bus d’une entreprise, et pas de l’autre ? De façon plus « macro », si l’on regarde les résultats de la privatisation d’autres ex-entreprises ou services publics, on peut légitimement se poser des questions. Premier exemple : la Poste. Depuis la transformation en société anonyme, avons-nous bénéficié d’un meilleur service, soit en termes de qualité, soit en termes de prix ? Objectivement, la réponse est non. Des bureaux ferment à tour de bras pour des raisons de rentabilité (on l’a vu à Forges et dans bien d’autres communes) et l’on demande à la puissance publique, en l’occurrence les communes des territoires sacrifiés, de se substituer à l’entreprise privée déficiente en ouvrant des agences postales et en rémunérant leurs agents... Le tout sous l’œil compatissant d’élus locaux affiliés à des partis qui sont précisément ceux qui ont voté la privatisation de la Poste. Quant au coût du timbre, entre 2010 (date de privatisation) et 2020, il a été globalement multiplié par deux, passant de 0,56 euros en juin 2010 à 1,16 euros aujourd’hui. Pour quelle amélioration de service, on peut se le demander ?

On m’objectera que la Poste n’est pas une entreprise de transport (quoi que). Prenons alors le cas de la privatisation des autoroutes. Le même constat que le précédent peut facilement être fait en posant les mêmes questions. Depuis la privatisation, survenue en 2005, le service s’est il amélioré et/ou le coût pour l’usager s’est il réduit ? Là aussi les réponses sont deux fois non, les péages augmentant d’ailleurs plus vite que l’inflation (2). De plus, alors que les investissements avaient été consentis sur de l’argent public, la vente des autoroutes au privé l’a été à vil prix : autour de 15 milliards, valeur sous estimée de 10 milliards selon la cour des comptes (2). Cette vente a aussi eu lieu au moment où l’Etat aurait pu commencer à toucher les bénéfices de ses investissements. Cette privatisation respecte donc l’adage bien connu « mutualisation des dettes (ou des coûts), privatisation des bénéfices ». A ce sujet, rappelons que les actionnaires ont empoché plus de 40 milliards d’euros depuis la privatisation (3), soit plus d’1,5 milliards d’euros par an (2).

Les fervents défenseurs de la privatisation objecteront alors que les autoroutes ne sont ni le rail, ni les transports en commun. Certes. Tournons-nous alors vers la privatisation de British Rail au Royaume-Uni. Dans ce pays ultra-libéral si il en est, « les prix du billet sont six fois supérieurs à la moyenne européenne pour un service de moindre qualité et ils ont bondi de 25 % (hors inflation) depuis 1995 » (4). Dans la période suivant la privatisation de 1993, des accidents sérieux se sont produits, tels que ceux de Southall en 1997, Ladbroke Grove en 1999, Hatfield en 2000 et Potters Bar en 2002. Depuis 1993, date de la privatisation, 80 personnes ont été tués et plus de 1 300 blessés dans des accidents survenu sur le réseau ferré britannique (5). Les enquêtes ont montré que ces accidents était liés à la fois à un mauvais entretien chronique du réseau et des dispositifs de sécurité (4). Ceci a obligé la puissance publique britannique a réagir entre autres en injectant massivement des capitaux publics dans le réseau, toujours le fameux principe du « mutualisation des pertes, privatisations des bénéfices » (6). Cela a néanmoins permis la remise à niveau du réseau, maintenant un des plus surs d’Europe. En matière de service, en revanche, la dégradation est sensible et persistante. Je cite Wikipédia : « Les chemins de fer privatisés n'ont pas démontré les améliorations espérées en matière de ponctualité et de fiabilité. Les contrats mis en place entre les sociétés étaient conçus pour inciter à des améliorations dans ces domaines, mais du fait de la grande augmentation du nombre de trains mis en circulation, avec plus ou moins le même matériel et sur un réseau identique, il y eut moins de marge de manœuvre en cas de problèmes, avec les effets subséquents sur la ponctualité » (7). Aujourd’hui, la situation est tellement dégradée en termes de service qu’un retour du rail dans le giron public est plus qu’envisagé. Il est temps, car la facture pour les usagers a augmenté de façon astronomique, un Anglais dépensant environ 6 fois plus qu’un Français pour se rendre au travail par le train (8). Vint cinq ans après sa privatisation, le rail britannique est d’ailleurs aujourd’hui le plus cher d’Europe (9)...

On voit bien au travers de l’exemple précédent tous les risques associés à la privatisation de secteurs qui relèvent de l’aménagement du territoire. Les exemples que j’ai cités montrent que l’intérêt de la privatisation de la RATP pour les usagers sera nul. Ils montrent aussi qu’un risque de dégradation du service existe, le tout accompagné d’une hausse des coûts essentiellement destinée non pas à l’amélioration du service mais à la rétribution d’actionnaires improductifs et dont les prélèvements sur les recettes d’exploitation ne peuvent que nuire au service proposé. Seuls les libéraux et les politiques qui les soutiennent n’en font pas le constat, probablement parce qu’il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir...


Références

1. Anonyme. Valérie Pécresse veut « accélérer la mise en concurrence » de la RATP et de la SNCF en Ile-de-France. 20 minutes et AFP. 20 minutes. Février 2020.
Consultable en ligne : 
https://www.20minutes.fr/paris/2711519-20200205-valerie-pecresse-veut-accelerer-mise-concurrence-ratp-sncf-ile-france 

2. Maxime Fayolle et la cellule investigation de Radio France. La très rentable privatisation des sociétés d’autoroutes. Octobre 2016.
Consultable en ligne :
https://www.franceinter.fr/societe/la-tres-rentable-privatisation-des-societes-d-autoroutes

3. Vincent Vérier. Autoroutes : un pactole de 40 milliards d’euros pour les actionnaires. Le Parisien. Septembre 2020

4. Julian Mischi et Valérie Solano. Accélération de la privatisation du rail en Europe. Le Monde Diplomatique. Juin 2016

5. List of rail accidents in the United Kingdom. Wikipedia en anglais.
Consultable en ligne :
https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_rail_accidents_in_the_United_Kingdom#1995_onwards:_Post-privatisation

6. Owen Jones. Crédits publics pour le secteur privé britannique. Le socialisme existe, pour les riches. Le Monde diplomatique. Décembre 2014.
Consultable en ligne :
https://www.monde-diplomatique.fr/2014/12/JONES/51051

7. Privatisation de British Rail. Wikipedia.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Privatisation_de_British_Rail#Effets_de_la_privatisation

8. Sasha Mitchell . Au Royaume-Uni, la privatisation des chemins de fer déraille. La Tribune. Janvier 2017.
Consultable en ligne :
https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/au-royaume-uni-la-privatisation-des-chemins-de-fer-deraille-628489.html

9. Anonyme. Au Royaume-Uni, les billets de train “les plus chers d’Europe” provoquent la colère. Le courrier international. Janvier 2018.
Consultable en ligne :
https://www.courrierinternational.com/article/au-royaume-uni-les-billets-de-train-les-plus-chers-deurope-provoquent-la-colere 


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Le blog Ca n'empêche pas Nicolas


jeudi 17 décembre 2020

UN CACIQUE DE LA DROITE ESSONNIENNE PRIS LA MAIN DANS LE SAC




M. Jean-Pierre Bechter, ancien maire de Corbeil-Essonnes (LR) vient d’être condamné à deux ans de prison ferme pour achat de votes et financement illégal de campagne électorale, en rapport avec les élections municipales partielles de 2009 et 2010. Lui et des comparses de l’affaire, pour certains élus locaux à Corbeil-Essonne, ont également été condamnés à 5 ans d’inéligibilité.


Cela fait maintenant plusieurs années que l’on parle de toutes les ramifications de l’étrange système que M. Serge Dassault (UMP) avait mis en place à Corbeil-Essonnes, ville qu’il avait dirigée jusqu’en 2009. En l’espèce, la condamnation de M. Jean-Pierre Bechter se rapporte à l’achat de voix pour les partielles de 2009 et 2010. Dans un article publié en 2013, le journal en ligne Mediapart rapportait que l’industriel milliardaire et sénateur UMP admettait dans un enregistrement clandestin réalisé fin 2012 « avoir payé pour s’assurer de la victoire de son successeur à la mairie de Corbeil-Essonnes ». (1). Il s’agissait d’un système de corruption de type pyramidal permettant de rémunérer les responsables d’équipe et les équipes recrutées dans différents quartiers de la ville, pour convaincre les habitants d’aller voter pour la liste de M. Jean-Pierre Bechter, soutenue par M. Serge Dassault. En échange de leur zèle, les membres de ces systèmes recevaient des dons en cash, ou des versements de sommes sur des comptes à l’étranger, ou des avantages en nature du type logement... Selon Le Monde, le système était tellement implanté dans cette ville qu’il a fait dire au représentant du parquet national financier : « On n’a jamais vu en France une ville livrée à un tel degré de corruption et de décomposition civique » (2).


Il est très probable que le système Dassault existait bien avant 2009. Dans un article du journal Libération paru en novembre 2014, le journaliste Yann Philippin relate des informations que M. Gérard Limat, comptable et ami de M. Serge Dassault, avait transmises au juge d’instruction en charge cette affaire. Ce dernier avait alors raconté avoir remis en cash à l’ex-maire de Corbeil depuis 1995 presque 53 millions d’euros, transférés directement de Suisse. Le journaliste précise que « Sur la seule période 2008-2012, qui englobe les trois élections visées par l’enquête, Gérard Limat a livré 7,45 millions d’euros en cash à Dassault. Il a également effectué pour 4,2 millions d’euros de virements suspects, pour l’essentiel à des habitants de Corbeil, dont plusieurs acheteurs de voix présumés » (3). L’argent ne circulait pas nuitamment dans de petites valises entre Suisse et France. Les transferts s’effectuaient de façon électronique, et impliquaient une société de services, Cofinor, basée à Genève et ayant pignon sur rue, dont l’activité se situait dans le domaine du change et de la compensation financière. Ils impliquaient également des banques renommées dans lesquelles Ms. Gérard Limat et Serge Dassault détenaient des comptes, telles que la Raiffeinsen Bank située à Ménier, dans la banlieue de Genève, et les banques UBS de Zurich et Edmond de Rotschild au Luxembourg (3).


M. Serge Dassault présente par ailleurs un parcours de justiciable assez remarquable. Dès 1991 il est condamné pour entrave au fonctionnement du comité d’entreprise de la société des avions Marcel Dassault. En 1998, il est condamné, en Belgique cette fois, à 2 ans de prison avec sursis pour corruption active. En 2017, M. Serge Dassault est condamné à 2 millions d’euros d’amende et à 5 ans d’inéligibilité pour blanchiment. Il décède en 2018 ce qui éteint toute procédure à son encontre. Néanmoins, dans cette affaire d’achats de voix, et de façon tout à fait symbolique, le procureur de la République avait requis à titre posthume une peine de prison de 5 ans à l’encontre de M. Serge Dassault, fustigeant « la dérive mafieuse qui rappelle la tradition palermitaine ou le Chicago des années 1920 » (4).


M. Serge Dassault avait été élevé à la dignité de Grand officier de la Légion d’honneur en 2004, sous la présidence de M Jacques Chirac. En même temps que M. Henri Groues, plus connu sous le nom de l’Abbé Pierre. L’Histoire connait parfois des raccourcis saisissants...




Références

1. Fabrice Arfi, Michaël Hajdenberg, Pascale Pascariello. Serge Dassault : l'aveu de la corruption. Mediapart. Septembre 2013.

2. Anonyme. Achat de votes à Corbeil-Essonnes : Jean-Pierre Bechter, l’ancien maire LR et ex-bras droit de Serge Dassault, condamné à deux ans de prison ferme. Le Monde (avec l’AFP). Décembre 2020.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/17/achat-de-votes-a-corbeil-essonnes-jean-pierre-bechter-l-ancien-maire-lr-et-ex-bras-droit-de-serge-dassault-condamne-a-deux-ans-de-prison-ferme_6063750_3224.html

3. Yann Philippin. Je montais dans le bureau, je posais le sac dans un coin. Libération. Novembre 2014.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/societe/2014/11/17/je-montais-dans-le-bureau-je-posais-le-sac-dans-un-coin_1145029

4. Anonyme. Achat de votes : quatre ans ferme requis contre le successeur de Serge Dassault à Corbeil. Capital. Novembre 2020.


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Association SADUR : les usagers du RER D
https://portail.sadur.org/component/content/article?id=175:codes-gares-ligne-d



mercredi 16 décembre 2020

ET L’EXEMPLARITÉ DES ÉLUS ALORS ?





En France, la confiance des citoyens dans leurs élus reste limitée. Une des raisons est sans doute liée au manque d’exemplarité d’un petit nombre d’élus, qui ont profité de leur mandat national, départemental, voire parfois local, pour la satisfaction de leurs intérêts personnels. J’ai déjà dénoncé certains de ces élus ou leurs proches dans ce blog - et je continuerai à le faire -  car ils causent globalement beaucoup de tort aux autres élus, dont la très grande majorité est parfaitement honnête. 

L’exemplarité des élus ne se limite cependant pas au « minimum syndical » que constitue leur honnêteté vis à vis de leurs propres intérêts personnels. À mon sens, cette exemplarité doit aussi être comportementale. Elle recouvre donc des domaines aussi vastes que l’abstention de toute incivilité (tel simple mégot jeté à terre), le respect des règles de conduite automobile, la participation aux événements festifs de la commune, l’acceptation des permanences de nuit de week-end, et surtout le respect des règles édictées dans l’intérêt général.

Pour cette raison, je m’étonne vivement de la tenue du prochain conseil municipal de Forges, demain 17 décembre 2020, dans des conditions qui ne respectent pas l'esprit des règles du couvre-feu. Au nom de cette exemplarité, il me semble que les élus, et en particulier le premier magistrat de la commune, aurait dû faire en sorte que le conseil puisse se tenir à une heure permettant le retour des élus à leur domicile avant 20 heures.

Par ailleurs, le site de la commune indique que le conseil se tiendra sans la présence du public. Dans ce cas, il convient d’assurer la publicité des débats, par exemple par retransmission en vidéo du conseil. Cette retransmission doit d’ailleurs être effectuée en direct et non pas en différé. Elle doit être mentionnée sur la convocation.

Certains ont évoqué la tenue du conseil à huit clos. Pour information, cette disposition diffère de la restriction d’accès du public pour des raisons sanitaires. En tout état de cause, il est illégal de proposer ex ante la tenue d’un conseil dans de telles conditions. Le huis clos ne peut en effet être prononcé qu’au moment du conseil municipal, et répondre à des raisons qui doivent être justifiées et relèvent soit du trouble à l’ordre public, soit de la confidentialité absolue du débat. Ces conditions restent d’ailleurs à l’appréciation du juge administratif en cas de recours.

Le site de la mairie indiquant que l’absence du public relève d’une instruction préfectorale, je me suis permis de contacter rapidement la Préfecture de l’Essonne où l’une des personnes du cabinet du préfet m’a confirmé que la tenue des conseils municipaux pendant les heures de couvre-feu n’est pas conseillée. La démarche pertinente, pour la Préfecture comme pour moi, là aussi pour des raisons d’exemplarité, eut été de réunir le conseil de sorte qu’il pût se tenir en présence du public et se conclure avant 20 heures... Pourquoi cela n’est il pas le cas à Forges ? Mystère...


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Modification personnelle de :
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samedi 12 décembre 2020

À FORGES, LE MARCHÉ DE NOËL OUBLIE LE SENS DU MOT SOLIDARITÉ



Le marché de Noël de Forges est depuis des années un lieu où s’exerce une certaine forme de solidarité, au travers de l’invitation et de la présence d’associations caritatives. Cette année, la nouvelle municipalité a décidé de tirer un trait sur tout cela.


Au-delà de la tradition religieuse, Noël est un moment particulier de l’année, un moment de joie, de retrouvailles, de petites attentions aux autres, ne serait-ce qu’au travers des cadeaux que nous faisons. C’est aussi un moment difficile pour ceux qui sont seuls, en difficulté, et démunis ; Noël est donc l’occasion de penser à eux. En lien, nous avions pris l’habitude à Forges d’inviter au marché de Noël deux associations œuvrant dans le domaine de l’aide aux moins favorisés : le carrefour des solidarités de Limours, dont l’action se situe essentiellement au niveau local, et l’association Danaya, dont l’activité vise « à la souveraineté, particulièrement alimentaire, mais aussi de santé, d’éducation et économique, des pays du tiers-monde ».

Danaya-France (1) est une association localement et historiquement implantée à Forges où elle organise depuis plus de 10 ans des évènements destinés à soutenir ses projets, qu’elle développe particulièrement en Afrique. La demande de participer à ce marché a été refusée. Motif invoquée : seuls des producteurs locaux sont invités. Nous verrons ce qu’il en est réellement car j’ai personnellement reçu une invitation pour ce marché en provenance d’un producteur pas vraiment local ! Le marché de Noël était pour Danaya une opportunité de se renforcer financièrement ; son absence la prive d’environ 600 à 1 000 euros de bénéfices. Ceci autorisait l’achat de 3 à 5 outils agricoles permettant d’augmenter la production d’aliments de 50 à 100%, pour 9 à 15 familles - soit 50 à 75 personnes - qui auraient ainsi pu mieux se nourrir toute l'année. Merci donc à la nouvelle municipalité Forgeoise !

Le carrefour des solidarités de Limours (2) a été fondé il y a plus de 25 ans pour « venir en aide à des familles en difficulté sur le secteur de la ville de Limours ». A ce jour, l’activité du carrefour, via son épicerie sociale, touche « plus de 20 communes de la CCPL et hors de la CCPL ». Cette association a aussi une vocation d’aide à l’insertion de personnes en difficulté. Les familles qui fréquentent le carrefour des solidarités sont malheureusement de plus en plus nombreuses depuis ces dernières années qui voient diminuer les montants des « restes à vivre », même dans nos communes. La perte des bénéfices pour le carrefour des solidarités liée à son absence du marché de Noël s’élève également à plusieurs centaines d’euros. Face à cette perte, le carrefour des solidarités vient de demander à la mairie de Forges de revoir sa position... Affaire à suivre !

Enfin dernier point, le marché de Noël était également l’occasion de financer la caisse des écoles, puisque le bénéfice de la vente des crêpes confectionnées par un Forgeois bénévole de longue date, abondaient directement cette caisse. Pour l’édition 2020, la nouvelle municipalité a préféré faire venir un crêpier professionnel, ce qui aura pour conséquence de priver la caisse d’environ 700 euros, montant approximatif des bénéfices des années précédentes (3). Certes, la CoViD étant passée par là, la réglementation en cours aurait de toutes façons rendu impossible la vente des crêpes. Il n'y aura donc pas de crêpier professionnel au marché de Noël. Reste que dans le principe, l’éviction de la caisse des écoles n’est pas à porter au crédit de la municipalité...

Le marché de Noël sera donc un marché de producteurs et de commerçants, a priori locaux (quoique pas tous). J’entends bien que l’année aura sans doute été difficile pour les entreprises, et en faire participer au marché n’est pas en soi une mauvaise idée. En revanche, la présence de ces seuls intervenants conférera une coloration quelque peu « bobo » à l’événement. Cette impression est renforcée par l’absence des associations que j’ai mentionnées, et par l’absence de la caisse des écoles. Triste, et je l’espère non indicatif des orientations nouvelles de la commune, cet oubli du sens du mot solidarité est également un oubli d'un des sens premiers de la fête de Noël que l'on ne peut que regretter !


Note ajoutée le 18 décembre.

Lors du conseil municipal d'hier soir, la municipalité a annoncé reverser les bénéfices de l'opération patinoire à la caisse des écoles. Il s'agit probablement d'une erreur car le coût d'installation de l'équipement est de l'ordre de 15 000 euros TTC. Il coulera donc beaucoup d'eau dans le Petit Muce avant qu'un bénéfice soit dégagé ! Si l'équipe municipale est sérieuse, je pense que ce sera plutôt le montant des recettes qui sera reversé... Bonne nouvelle de ce côté.



Références :

1. Pour ceux qui souhaiteraient soutenir Danaya, les joindre via leur site Web à :
http://www.danaya-france.org/index.php?p=contact

2. Pour ceux qui souhaiteraient soutenir le carrefour des solidarités, les joindre via leur site Web à :
https://www.carrefourdessolidarites91.org/

3. Si vous souhaitez soutenir la caisse des écoles, merci de contacter la mairie de Forges en indiquant votre souhait d'aider financièrement la caisse des écoles. 

samedi 5 décembre 2020

RÉGIE EAU OUEST ESSONNE :
ON PROGRESSE !




Même si je ne suis plus élu, je conserve des contacts parmi les représentants des communes voisines et auprès des syndicats intercommunaux. J’avoue également avoir une affection particulière pour la Régie Ouest Essonne, que j’ai contribué à créer, et qui constitue sans aucun doute une des réalisations dont je suis le plus fier. Les dernières nouvelles en provenance de la régie sont bonnes et je souhaitais donc en faire profiter lecteurs de ce blog.



À la fin du dernier mandat, parmi tous nos projets, nous réfléchissions à la régie à la façon dont nous pourrions sécuriser les approvisionnements en eau. Il s’agit là d’un sujet crucial et prioritaire, l’eau étant indispensable à la vie. A ce jour, l’eau distribuée dans nos communes provient très majoritairement de trois captages situés soit à Saint-Cyr-sous-Dourdan, soit à Saint-Maurice-Montcouronne. Certains de ces captages donnent quelques petits signes de faiblesse, l’un étant même susceptible d’un arrêt de production dans les années qui viennent. C’est pour cette raison que le syndicat intercommunal des eaux de la région d’Angervilliers, prédécesseur du syndicat des Eaux Ouest Essonne, avait mis en place une interconnexion de secours à gros débit permettant de réalimenter les réservoirs en cas de problème sur l’un ou l’autre des captages, ou lors des opérations d’entretien courant. Néanmoins, l’ouverture de cette interconnexion de secours nous conduit à acheter l’eau à un syndicat voisin, ce qui peut représenter un coût non négligeable pour les finances d’Eau Ouest Essonne. Par ailleurs, l’évolution climatique, la progression urbanistique de l’ensemble des communes, et la possible agrégation de nouvelles communes au périmètre d’Eau Ouest Essonne, rendent indispensable une réflexion sur la sécurisation approfondie du réseau.

Pour développer une stratégie de sécurisation pertinente, la régie a fait appel, en sus de ses compétences internes, à des cabinets d’experts. Au vu de leurs avis, cette sécurisation va se poursuivre maintenant selon 2 axes. Le premier axe vise à créer au moins un nouveau forage, possiblement toujours dans la région de Saint-Maurice Montcouronne. L’intérêt est double : tout d’abord la nappe se trouvant dans cette région fournit une eau de relativement bonne qualité, mais en quantité abondante. Ainsi, lors des 2 dernières étés, pourtant chauds et très secs, la régie n’a pas constaté de déjaugeage. Second avantage, les canalisations d’amené d’eau vers les réservoirs de la régie se trouvent à proximité, ce qui limitera les coûts liés au raccordement du nouveau captage. Les études pour la création de ce nouveau captage progressent de façon très satisfaisante et elles ont reçu le soutien de la Préfecture de l’Essonne. Le second axe de sécurisation réside dans la connexion de notre réseau un réseau qui garantit aussi un approvisionnement très sécurisé. Pour cela, la régie réfléchit depuis plusieurs années à la façon dont elle pourrait se raccorder au réseau des Eaux du Sud Parisien, qui capte, traite et distribue de l’eau issue de la Seine au niveau de l’usine de Morsang sur Seine. Là aussi, les études ont beaucoup progressé et la régie semble maintenant envisager un raccordement à ce réseau à partir de Marcoussis pour alimenter le réservoir principal de Bute Brûlée situé à Buyères le Chatel. En menant ces 2 opérations, qui vont sans doute s’étendre sur au moins 2 à 4 années, la régie s’assure de pouvoir fournir à ses abonnés une eau de bonne qualité, en quantité, pour au moins les 15/20 prochaines années. Comme on le constate, une des caractéristiques essentielles de la gestion de l’eau est qu’elle ne s’inscrit pas dans des échelles de durées courtes, ce pour différentes raisons autant techniques qu’administratives. C’est aussi pour cela, à mon sens, que la gestion de l’eau potable doit être impérativement du ressort de la puissance publique.

J’ajoute à ces bonnes nouvelles la mise en place des outils de télésurveillance et de supervision du réseau. Pour les abonnés, cette avancée technique est totalement transparente, et c’est tant mieux, même si elle permettra de les avertir de consommations anormalement élevées quasiment en temps réel. Pour la régie, en revanche, c’est une progression importante qui permet de disposer en temps réel de données quantitatives et qualitatives sur l’état du réseau et sur son fonctionnement.

Dernière bonne nouvelle : j’avais dans un article précédent fait état de la polémique qui s’était développée sur certains réseaux sociaux, alimentée partiellement par des élus Forgeois. Une des personnes très actives sur un des réseaux, non élue elle, était même allée jusqu’à agresser verbalement le personnel de la régie sur site. Elle avait également déposé un recours auprès du Médiateur de l’eau. Après examen complet du dossier, cette autorité indépendante a rejeté le recours, et validé sans réserve la position de la régie Eau Ouest Essonne. Cela devrait donc clore définitivement ce débat, très spécifique de notre commune par ailleurs...



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vendredi 4 décembre 2020

BRAVO AU PÈRE NOEL FORGEOIS




Selon les informations dont je disposais jusqu’à présent, le Père Noël habiterait en Finlande, plus précisément à Rovaniemi en Laponie. Mais il se pourrait bien que cette année, il ait délocalisé au moins en partie son activité en France, et plus particulièrement à Forges les Bains.



En tout cas, si ce n’est lui en personne, le Père Noël, ce sympathique bonhomme rouge à belle barbe, a installé une boîte aux lettres pour les plus jeunes de notre village. Pour la trouver, c’est facile, il suffit de repérer la maison aux mille lumières. Elle se situe quelque part rue Victor Schœlcher, dans le bourg. Devant, se trouve la boîte dans laquelle les enfants peuvent déposer leur message au Père Noël qui lui adressera quelques jours plus tard une réponse personnalisée.

L’assistant du Père Noël se nomme Baptiste Bonnet. Pour les Forgeois qui ont participé aux différentes fêtes communales au cours des années précédentes, Baptiste n’est pas un inconnu, bien au contraire. On l’a régulièrement vu donner de très gros coups de main pour la fête des thermes, pour la fête de la châtaigne, pour le marché de Noël, pour ne citer que les événements les plus marquants. Baptiste a donc été un des bénévoles communaux les plus actifs et inventifs.

Cette année, dans un contexte difficile pour tous et particulièrement pour leur famille, Baptiste et ses proches ont décidé de faire très fort, non seulement en aidant le Père Noël mais également en décorant leur maison non pas de 1 000 lumières comme je l’écrivais plus haut mais avec 10 000 lumignons, portés par plus de 500 mètres de guirlandes électriques. L’ensemble a demandé plus de 50 heures de travail, mais cela en valait la peine car le résultat est réellement spectaculaire. La famille Bonnet a en effet placé la barre très haute, et le Père Noël ne peut être que fier de ses assistants. Bravo et mille mercis à eux !


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Baptiste Bonnet


dimanche 29 novembre 2020

ALORS, MONSIEUR DARMANIN, VOUS VOUS ÉTOUFFEZ TOUJOURS ?





« Quand j’entends le mot « violences policières » personnellement je m’étouffe », avait déclaré le ministre de l’intérieur en juillet dernier. Ses propos avaient été largement commentés en raison d’un choix de mots très provocant en regard des affaires George Floyd aux Etats-Unis, et Cédric Chouviat en France. Tous deux étaient décédés suite à des interpellations ayant conduit à leur asphyxie.

Depuis, deux affaires récentes ont relancé les débats sur les violences policières. La première est celle du tabassage du producteur de musique M. Michel Zecler par quatre policiers, à l‘intérieur d’un studio d’enregistrement, mais également en extérieur devant d’autres fonctionnaires de police qui ne sont pas intervenus pour limiter ce qui ressemble assez sensiblement à un usager disproportionné de la force. Parce que des enregistrements vidéo existent, et parce qu’ils ont été diffusés (ce que l’article 24 de la loi de sécurité vise à rendre plus difficile), le comportement de ces policiers a été porté à la connaissance de tous. Ceci a sans doute empêché une erreur judiciaire de se produire. En effet, les policiers incriminés semblent avoir rédigé des rapports mensongers sur les faits allégués. Rappelons ici que le faux en écriture publique, de la part d’un fonctionnaire, est gravissime. C’est un crime, donc passible des assises.

La seconde affaire, moins médiatisée, est celle du tabassage de journalistes couvrant la « marche des libertés », parmi lesquels le photographe syrien Ameer al Halbi, de son vrai nom Walid Mashhadi. Ce dernier a reçu plusieurs distinctions pour son travail, dont le prix Polka Magazine, et deuxième prix de la catégorie Spot News du World Press Photo. Il a exercé dans de nombreux endroits dangereux, y compris à Alep. Il quitte d’ailleurs la Syrie en 2016 devant l’impossibilité d’y exercer son métier et trouve refuge en France où il travaille pour l’Agence France Presse (AFP). Je cite le témoignage d’une autre journaliste de cette agence, Gabrielle Cézard (1), présente sur les lieux aux côtés d'Ameer Al Halbi, témoigange confirmé par d'autres sur le matraquage subi : « Nous étions identifiables comme photographes et tous collés à un mur. On criait « Presse ! Presse ! ». Il y avait des jets de projectiles du côté des manifestants. Puis la police a mené une charge, matraque à la main. Ameer était le seul photographe qui ne portait ni casque, ni brassard. Je l'ai perdu de vue puis je l'ai retrouvé entouré de gens, le visage tout ensanglanté et enveloppé de pansements ». Suite à ces événements, l’AFP, la rédaction de Polka magazine, et Christophe Deloire de Reporters sans Frontières (RSF) ont vivement protesté contre ces agissements, et pour certains d’entre eux réclamé l'ouverture d’une enquête.

Je n’ai pas de problème avec l’usage de la force lorsque celle-ci est nécessaire à l’arrestation de casseurs, de délinquants ou de criminels. Reste que nous, citoyens, avons passé un contrat moral central avec les forces de l’ordre, dans lequel nous échangeons notre aspiration et notre droit à la tranquillité, contre des pouvoirs énormes que nous leur conférons. Parmi ces pouvoirs, ceux de nous contrôler, éventuellement de pénétrer nos vies privées, même si cela nécessite heureusement le plus souvent une décision de justice, ou de nous placer en garde à vue, sans décision de justice cette fois, le temps d’investiguer. Pour cette raison, les débordements policiers sont inquiétants, car ce sont des coups de canif dans ce contrat. Ils sont également inquiétants parce qu’ils sont systématiquement niés par le pouvoir politique qui ne semble pas vouloir faire le ménage dans les forces de l’ordre. J’ai rappelé en introduction le commentaire très désobligeant du ministre de l’intérieur, M. Gérald Darmanin. Son prédécesseur, M. Christophe Castaner, était sur la même ligne (2), de même que M. Manuel Valls (3) sous la présidence de M. François, Hollande. On retrouve également cette « réticence » à parler de ce sujet dans la bouche du président de la République, M. Emmanuel Macron, lui même qui refusait d’utiliser le terme de violences policières pour qualifier des débordements observé lors de manifestations de gilets jaunes (4). Comme dans bien d’autres dossiers, la politique de l’autruche est sans doute la pire qui soit, à la fois vis à vis du pacte républicain évoqué plus haut, établi entre police et population, mais également en regard de l’image de la France qui se présente comme le pays de droits de l’Homme à l’étranger. Cette image se détériore et entraîne d’ailleurs des remontrances d’ONG, mais aussi des Nations Unies ou de l’Union Européenne (5).

Faire le ménage dans la police est également absolument nécessaire pour les policiers eux mêmes. Sur ce dossier délicat, je souhaite clarifier ma position. Je n’ai rien « contre les forces de l’ordre », bien au contraire. Je trouve inadmissible les violences dont elles peuvent être elles-mêmes victimes en particulier face à des casseurs de toutes natures. Je reconnais aussi que leur action est essentielle à notre protection, particulièrement dans le domaine de l’antiterrorisme. J’ai dans ma famille trois « flics » qui font, comme beaucoup d’autres membres de la police ou de la gendarmerie, un travail formidable vis-à-vis des victimes de cambriolage, de vol, d’abus de biens sociaux ou d’agression de diverses natures, y compris sexuelle, et qui m’en parlent. Leur activité est d’autant plus remarquable qu’elle s’exerce dans des conditions matérielles difficiles : personnel en sous nombre, pour certains mal formés, véhicules parfois obsolètes, armement et entraînement au tir minimum, locaux défraîchis, etc. Cette activité se fait sans compter les heures, les jours au travail, le matériel à usage professionnel acheté sur ses propres deniers, les congés supprimés, ou les RTT accumulées en si grand nombre qu’elles ne seront jamais utilisables. Mais le malaise dans la profession est grand, comme en attestent le nombre de divorces et le nombre de suicides dans la police. Rétablir la confiance de la population dans sa police ne réglera pas tous ces problèmes mais elle permettra aux policiers qui exercent des missions difficiles, dans des quartiers sensibles, ou dans des affaires sordides, de se sentir soutenus. La condition sine qua non est d’éliminer - sans état d’âme - les brebis galeuses des services, et pour cela il faut arrêter de nier, aux niveaux syndical,  hiérarchique et politique, l’existence de problèmes, en particulier de problèmes de racisme ordinaire. Refuser de les voir ne les fera, en effet, jamais disparaître.


Références

1. Anonyme. Marches des libertés : un photographe syrien blessé, une enquête administrative ouverte. Le Parisien avec l’AFP. Novembre 2020.
Consultable en ligne :
https://www.leparisien.fr/faits-divers/marches-des-libertes-un-photographe-syrien-blesse-rsf-denonce-des-violences-policieres-29-11-2020-8411164.php

2. Anonyme. Christophe Castaner : « Aucun policier n'a attaqué des Gilets jaunes ». LePoint.fr. Janvier 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lepoint.fr/societe/christophe-castaner-aucun-policier-n-a-attaque-des-gilets-jaunes-15-01-2019-2286068_23.php

3. Etienne Baldit. Entre "guillemets", "soi-disant" : comment Manuel Valls évacue les violences policières. Le Lab Europe 1. Juin 2016.
Consultable en ligne :
https://lelab.europe1.fr/entre-guillemets-soi-disant-comment-manuel-valls-nie-lexistence-de-violences-policieres-2773265

4. Anonyme. Emmanuel Macron: "Je récuse le terme de violences policières, la violence est d'abord dans la société". Reportage BFM TV. Janvier 2020.
Consultable en ligne :
https://www.bfmtv.com/politique/gouvernement/emmanuel-macron-je-recuse-le-terme-de-violences-policieres-la-violence-est-d-abord-dans-la-societe_VN-202001300177.html

5. Sur la perception des violences policières en France par des ONG ou d’autres pays, voir :
L’avis du Temps, journal suisse :
Violences policières, un déshonneur français
https://www.letemps.ch/opinions/violences-policieres-un-deshonneur-francais

Sur les remarques de l’ONU :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/06/l-onu-demande-a-la-france-une-enquete-sur-l-usage-excessif-de-la-force-pendant-les-manifestations-de-gilets-jaunes_5432222_3224.html

Sur les demandes d’Amnesty international :
https://www.amnesty.org/en/latest/news/2018/12/police-must-end-use-of-excessive-force-against-protesters-and-high-school-children-in-france/

Et le mémorandum du Conseil de l’Europe
https://www.coe.int/fr/web/commissioner/-/maintaining-public-order-and-freedom-of-assembly-in-the-context-of-the-yellow-vest-movement-recommendations-by-the-council-of-europe-commissioner-for-


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Gabrielle Cézard - AFP


mercredi 25 novembre 2020

UN HOLD-UP MANQUÉ !





Difficile d’avoir échappé au bruit médiatique causé par la diffusion du documentaire « Hold Up », produit par Pierre Barnérias, Nicolas Réoutsky et Christophe Cossé. Ce film, d’une durée de 2h40, se fonde sur les interviews d’une petite quarantaine de personnes pour nous dévoiler un message fondamental que l’on peut formuler comme suit : la pandémie de CoViD-19 a pour seul but de provoquer une obligation vaccinale qui permettra l’injection de nanoparticules activables à distance, permettant l’élimination d’une très grande partie de la population mondiale. Je le dis tout de suite, ce documentaire est fondamentalement frauduleux. Je commencerai par apporter ma pierre à la déconstruction des arguments présentés et finirai par m’interroger sur le « qui est derrière » ce documentaire.


Pour soutenir la thèse des auteurs de ce film, thèse que j’ai présentée plus haut, plusieurs des intervenants tiennent des propos soit erronés, soit mensongers. Je les relève quelque peu en désordre, tels qui sont apparus dans le documentaire. Une première erreur consiste à dire que la situation en Suède est bien meilleure qu’en France alors que ce pays n’aurait pas mis en place les mesures restrictives ce que nous connaissons. S’il est vrai que le nombre de décès dus à la CoViD-19 est bien moindre en Suède qu’en France, cela est essentiellement dû à la plus faible population du pays. Si l’on ramène le nombre de décès dus à la CoViD-19 en Suède à une population équivalente, on trouve alors des valeurs qui sont sensiblement identiques à celles que nous connaissons. On peut bien sûr arguer que cela démontre l’inefficacité des mesures de confinement, ce qui resterait cependant une conclusion erronée puisqu’il faut comparer toutes choses égales par ailleurs. La population suédoise étant bien moins dense que la population française, les risques de dissémination du virus y sont beaucoup plus faibles. En accord, si l’on compare le taux de décès dus à la CoViD-19 en Suède avec ceux de la Finlande qui dispose d’une typologie de population quasi identique, on constate que les résultats suédois sont bien pires que le résultat finlandais (pour une analyse au 20 mai 2020, voir 1).


Un autre mensonge propagé par ce film et qu’il existerait au Canada des camps d’internement de malades de la CoViD-19. Ceci a été démenti plusieurs fois, et fait partie des légendes urbaines récentes. Il n’y a d’ailleurs pas de témoignages de personne ayant été internée dans un tel établissement, et l’on peut donc considérer que cette affirmation est totalement fausse (2). Erreur suivante : il n’y aurait pas de surmortalité entre l’année 2020 et les années 2018 et 2019. Il suffit pour se convaincre du contraire, de visiter le site de l’INSEE. Les courbes de mortalité révèlent, entre 2018 et 2019 d’un côté, et 2020 de l’autre, une surmortalité de l’ordre de 15 % (3). Je poursuis avec trois autres contrevérités. La première information fausse serait que les hôpitaux bénéficieraient financièrement d’une déclaration de décès liés à la CoViD-19. Il s’agit là d’une autre légende urbaine, qui a également été démentie par plusieurs instances (4). La seconde est qu’il serait interdit de pratiquer des autopsies sur les personnes soi-disant décédés du CoViD-19. Ceci est totalement faux. L’OMS donne d’ailleurs des lignes directrices précises pour procéder à de tels examens qui nécessitent la mise en place de mesures de sécurité visant à éviter tout risque de contamination du personnel pratiquant ses autopsies (5). La 3e contrevérité serait que la vaccination anti-poliomyélitique aurait causé 400 000 paralysies parmi les enfants vaccinés en Inde. Là aussi, cette rumeur persistante a été démentie (6). La vaccination contre la polio est en fait un véritable succès, puisqu’elle a permis la quais eradication de cette maladie en Europe depuis des années et très récemment en Afrique (7).


Je pourrais continuer encore assez longuement sur la liste des erreurs factuelles, par exemple sur celles concernant les analyses par PCR, analyses que j’ai pratiquées sur d’autres organismes que des virus pendant des années. Je voudrais simplement contredire encore un élément important. Contrairement à ce qui nous est affirmé sur la foi d’un brevet, le SARS-CoV2 n’a pas été construit par l’institut Pasteur. Si le brevet existe effectivement, celui-ci a été déposé dans le but de développer des techniques de détection de divers Coronavirus, et non pas de développer un virus hyper pathogène. Ce mensonge est tellement délétère pour l’image de l’institut Pasteur que la direction de cet institut va déposer plainte en diffamation contre les auteurs du documentaire (8).


Hold Up est cependant astucieusement construit. Le film conduit le spectateur à penser que le message central délivré par les promoteurs du documentaire, à savoir l’existence d’un complot visant à réduire la population mondiale, est exact. En effet, la présentation des éléments que j’ai décrits ci-dessus est telle qu’elle induit chez le spectateur la croyance qu’il y a « anguille sous roche », en mélangeant aux mensonges que j’ai listés des éléments factuels, vérifiables et exacts, par exemple sur le fait que l’industrie pharmaceutique gagne de l’argent (quel scoop !), sur les discours contradictoires que nous avons entendus sur le port du masque, ou sur le manque de moyens des hôpitaux. De plus, la multiplication des ces informations, qui a pour objectif de saturer le cerveau donc de l'empêcher de travailler en « allant au plus simple », rend l’hypothèse du complot plus facilement acceptable. Cependant, et c'est sa faiblesse, Hold-up s’appuie sur un raisonnement par inférence. Sur le fondement des prémisses (c’est à dire des propositions préalables) qu’il présente comme vraies, il induit la conclusion que l’hypothèse du complot présentée est également vraie. Malheureusement, dans ce type de raisonnement, si une des prémisses est erronée, les conclusions sont fausses. Je crois avoir largement démontré que plusieurs des prémisses sont en fait mensongères, ce qui permet de conclure que l’ensemble du raisonnement l’est aussi, et donc que la conclusion est fausse. Il n’en reste pas moins vrai que ce documentaire est particulièrement dangereux, dans la mesure où tous les spectateurs, et particulièrement les plus jeunes, ne disposent pas des éléments factuels et intellectuels pour démonter l’argumentaire. Le film ayant été vu aujourd’hui par plus de 6 millions de personnes, je crains qu’il renforce dans une part non négligeable de l’opinion la croyance en des théories - pour ne pas dire des délires - complotistes les plus extrêmes. 


Reste à savoir à qui profite le crime. Pour cela je me suis intéressé au Curriculum Vitae de son principal promoteur, et aux financements obtenus. Pierre Barnérias est un journaliste qui a travaillé dans de nombreux médias et qui a fondé en 2010 son agence de production, Tprod. Proche des milieux catholiques (9), il produit dans les années qui suivent un documentaire sur les secrets de Fatima, et un autre sur les manipulations qui auraient été orchestrées par les autorités lors des différents défilés de la « Manif pour tous ». Les deux points les plus intéressants pour comprendre qui est « le mouvement profond » qui se cache derrière ce documentaire, sont à mon sens qui a financé le film et qui a été interviewé. Côté gros sous, le documentaire a bénéficié de financements participatifs sur 2 plates-formes, Ulule et TiPee, où des sommes considérables ont pu être récoltées en peu de temps. Néanmoins, M. Alexandre Boucherot, fondateur de Ulule, indique que « Très vite on s'est rendus compte [que le documentaire] débordait du cadre initial supposé (le pluralisme des voix) pour devenir un étendard de thèses complotistes très éloignées de ce que l'on défend sur Ulule » et il précise que la commission que Ulule prélève sur ces financements sera reversée à une « association de défense de l'information » (10).


Par ailleurs, comment ne pas voir les proximités entre le thème de ce documentaire et des thèses défendus par le mouvement Qanon, mouvement états-unien, proche de l’extrême droite et de M. Donald Trump, convaincu de l’existence d’un « Etat profond » qui serait dirigé par des pédophiles et des satanistes et soutenu par les banquiers et les médias « mainstream ». Je cite Wikipédia (11): « Mediapart relève que le documentaire comporte de nombreux « clins d’œil à la nébuleuse QAnon, en agitant le spectre d’un « gouvernement mondial », en évoquant l’« État profond » ou la « grande réinitialisation » voulue par Bill Gates et ses amis », et qu'il « se termine d’ailleurs sur la lettre à Trump de Monseigneur Vigano, ancien ambassadeur au Vatican, qui reprend la plupart des lubies des QAnon et a été à l’origine diffusée par le mystérieux Q » ». En accord, Hold Up fait la part belle dans les interviews à des personnalités plus que douteuses, présentées comme des spécialistes. Je cite ci-dessous une petite partie de l’enquête d’Acermandax sur le blog « La menace théoriste », dont j’ai pu vérifier les propos, et qui a scruté ces participants (12). Nous y retrouvons : « Alexandra Henrion-Caude, généticienne catholique intégriste, proche de l’extrême droite, anti-avortement (13); Jean-Bernard Fourtillan, pharmacien, opposant farouche à la vaccination qu’il décrit comme un « massacre imposé à tous les enfants nés en France depuis le 1er janvier 2018 » [...] et prétend avoir reçu de Dieu la formule d’un médicament sur lequel il a mené (avec Henri Joyeux) des essais cliniques illégaux dans une abbaye (14); Silvano Trotta, entrepreneur, connu comme antivaccin, qui prétend que la Lune est un satellite artificiel creux (15), proche de Qanon ; Nadine Touzeau (soi-disant “profiler”‘) enseignante dans la « fausse » école IHECRIM dont le directeur Laurent Montet a fini en prison. [...] Elle est condamnée elle-même pour escroquerie d’une famille endeuillée à qui elle réclamait 60.000€ pour enquêter sur le meurtre de leur fils en réalité suicidé (16) ou Valérie Bugault (17), avocate fiscaliste, candidate UPR en 2014. Conseillère et consultante pour l’organisation ultra catho Civitas, à ce titre, elle reconnait, je cite « la nécessité de restaurer une France catholique ». Conférencière pour Égalité & Réconciliation, promotrice de la théorie QAnon ». Bref, que du beau monde !


Ce documentaire est bien un véritable hold-up, mais c’est aussi et surtout une manipulation de l’opinion. Comme le disait très justement un internaute dont je ne retrouve plus trace, au sujet de cette manipulation, « La liberté d’expression l’autorise, les réseaux sociaux l’amplifient, la cupidité l’exploite, et la bêtise la rémunère »… Mais Hold-up est aussi une opportunité ratée, côté intelligence et sens critique. Dommage car la pandémie de CoViD19 devrait être l’occasion de poser nombre de question majeures, fondamentales en démocratie, telles que la place et le pouvoir des mutinationales (GAFA ou autres) par rapport aux Etats, les politiques de services publics (ou plutôt devrais-je dire le
« management » de ces services) à l'image des entreprises. J'inclus là la gestion des hôpitaux, des stocks de produits fondamentaux : masques, gants et médicaments, etc. Autres questions en suspens, le contrôle des populations par des instances non démocratiques (actuellement, nous nous conformons aux décisions prises par un conseil de défense, instance exécutive découplée de la représentation parlementaire - cela ne peut perdurer) ou, voir l’ouvrage d’Herman et Chomsky, la fabrication du consentement qui nous conduit collectivement à abandonner - temporairement et sans nier la gravité de la situation sanitaire - une partie de nos libertés fondamentales sur l’autel des « sécurités ».




Références


1. Anonyme. Les Echos. Mai 2020.
Consultable en ligne :
https://www.lesechos.fr/monde/europe/coronavirus-la-suede-deplore-plus-de-4000-morts-1205793

2. Sur les soi-disant camps d’internements canadiens voir:
https://hoax-net.be/non-le-canada-ne-va-pas-construire-des-camps-de-concentration-pour-les-infectes-du-covid-19/ 

7. Succès vaccinal en Afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/08/25/la-polio-eradiquee-en-afrique-selon-l-oms_6049859_3212.html

8. Sur la plainte de l’Institut Pasteur
https://www.huffingtonpost.fr/entry/hold-up-linstitut-pasteur-va-porter-plainte-en-diffamation-contre-le-realisateur-pierre-barnerias_fr_5fbc0f8bc5b6e4b1ea44fb45

9. Page Wikipédia sur Pierre Barnérias
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Barn%C3%A9rias

10. Louis Heidsieck. Hold-Up : comment les plateformes de financement ont validé le documentaire. Le Figaro. Novembre 2020.
Consultable en ligne :
https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/hold-up-comment-les-plateformes-de-financement-ont-valide-le-documentaire-20201113

11. Page Wkipédia sur Hold Up
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hold-up_(film,_2020)

12. Acermandax. Hold up le film : la vérité c’est important !
https://menace-theoriste.fr/hold-up-le-film-la-verite-cest-important/

13. Sur la proximité intellectuelle d avec les catholiques « pro-life », voir son interview :
https://www.cath.ch/newsf/leglise-doit-parler-de-lexistence-de-lame-demande-la-geneticienne-alexandra-henrion-caude/

14. Aveline Marques. L'improbable pacte secret proposé par le Pr Fourtillan à Macron pour "arrêter le massacre" des vaccins. Egora.fr. Décembre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.egora.fr/actus-pro/insolite/53919-l-improbable-pacte-secret-propose-par-le-pr-fourtillan-a-macron-pour

15. Anonyme. Complotisme : Martine Wonner dans Hold-up. L’Alsace. Novembre 2020.
Consultable en ligne :
https://www.lalsace.fr/politique/2020/11/16/chuchotements-un-hold-up-non-une-arnaque

16. Anonyme. Hold-up. Une intervenante du documentaire avait été condamnée pour escroquerie en 2014. Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Novembre 2020.
Consultable en ligne :
https://www.dna.fr/faits-divers-justice/2020/11/17/hold-up-une-intervenante-du-documentaire-avait-ete-condamnee-pour-escroquerie-en-2014#:~:text=Le%208%20janvier%202014%2C%20le,%C2%AB%20tentative%20d'escroquerie%20%C2%BB.

17. Concernant Valérie Bugault, voir :
https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/tag/valerie-bugault/
https://94.citoyens.com/2018/lextreme-droite-anti-republicaine-revient-faire-promo-a-rungis,22-03-2018.html


samedi 21 novembre 2020

JEAN-LUC MÈLENCHON
ET LA MACHINE À PERDRE


À presque un an et demi du terme, M. Jean-Luc Mélenchon s’est déclaré la semaine dernière candidat à la présidence de la République pour les élections de 2022. Cette candidature est bien entendue légitime, tout comme l’est le fait de se demander si elle ne correspond pas à la mise en route d’une machine à perdre... 

 
Lors de la dernière campagne électorale présidentielle, M. Jean-Luc Mélenchon avait réalisé un score quasiment identique à celui de Mme Marine Le Pen et de M. François Fillon (autour de 20 %), et en tout état de cause le meilleur score des partis de gauche. Il le devait à la fois à un programme qui avait su agréger les considérations sociales et environnementales fortes, mais également à ses qualités reconnues de tribun, bien mises en valeur par l’utilisation des nouvelles technologies numériques.

Bien malin serait celui qui pourra prédire le résultat susceptible d’être réalisé par le leader de la France Insoumise aux élections de 2022, s'il maintient sa candidature. Néanmoins et à moins de se lancer dans de la politique fiction il est hautement improbable que M. Jean-Luc Mélenchon puisse, en l’état des forces en présence dans le pays, se retrouver au second tour de cette élection. Si l’on en croit les sondages (1) réalisés en 2020, proposition qui est bien entendu discutable, ce second tour pourrait de nouveau opposer l’actuel Président de la République, M. Emmanuel Macron (LREM) et la représentante du Rassemblement national (RN), Mme Marine Le Pen.

L’élection de l’un ou de l’autre de ces deux probables futurs candidats représenterait une véritable catastrophe, particulièrement au plan social. On ne peut en effet que constater la formidable régression des droits résultant de la politique du parti au pouvoir, au travers des lois sécuritaires, des lois travail détricotant les protections des salariés, de la réforme des Prud'hommes, des indemnités chômage, du système de retraite, de la suppression d’allocations, le tout accompagnés de cadeaux de quelques 5 milliards aux plus riches via la suppression partielle de l’ISF et la création du prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital.

Si l’on veut donc échapper à un nouveau désastre social, il est indispensable d’envisager une candidature unique des forces de gauche permettant l’accession au second tour de la présidentielle. Cette candidature doit rassembler largement du Parti Socialiste, du moins des personnalités situées à son aile gauche, aux communistes, aux écologistes et à la France Insoumise. Pour que cela soit possible, la première des conditions est une adhésion à un programme partagé, inspiré fortement du triptyque du développement durable, donc constitué d’une composante environnementale forte mais également de composantes sociales et économiques. Ce programme, en l’état actuel, n’existe pas ou n’a pas encore été dévoilé. La deuxième condition, et elle est essentielle dans le cadre d’une élection à la présidence de la République, est le portage de ce projet par une personnalité, homme ou femme, suffisamment consensuelle pour satisfaire l’ensemble des forces en présence. Je ne pense pas, mais peut-être me trompais-je, que la candidature de M. Jean-Luc Mélenchon remplisse ce dernier critère. Bien au contraire, malgré les qualités que je lui reconnais, son expérience politique et sa grande culture générale, M. Jean-Luc Mélenchon reste une personnalité clivante. On peut cependant espérer que l’annonce de cette candidature soit un acte politique destiné à réveiller une gauche politique éparpillée, mais on peu aussi et au contraire craindre que celle-ci finisse par renforcer les divisions qui y existent. Ce dernier cas, la candidature annoncée du candidat de la France Insoumise obérerait le portage d’un programme commun de gauche, et toute chance pour son candidat d’être élu, ouvrant ainsi un boulevard encore plus grand aux forces antisociales déjà largement à l’oeuvre dans notre pays.


Note

1. Derniers sondages parus

Sondage IFOP (juin 2020) :
Mme. Le Pen 27/28% ; M. Macron 26/28% ; M. Mélenchon 11/12%, M. Baroin ou M. Bertrand 12% ; M. Jadot 8%

Sondage Harris (juillet 2020)
M. Macron 27/32% ; Mme. Le Pen 25/27% ; M. Mélenchon 12/13%, M. Baroin ou M. Bertrand ou Mme Pécresse ou M. Retailleau 6 à 14% ; M. Jadot 8/9%

Sondage IFOP (octobre 2020)
Mme. Le Pen 24/27% ; M. Macron 23/26% ; M. Mélenchon 10/15%, M. Baroin ou M. Bertrand ou Mme Pécresse ou Mme Dati ou M. Retailleau 8 à 19% ; M. Jadot 13% : Mme Hidalgo 13% 


Crédit photo

Le journal du Diamnche et Reuters. Fécrier 2017.
https://www.lejdd.fr/Politique/TRIBUNE-Les-communistes-qui-soutiennent-Melenchon-se-mobilisent-847682


vendredi 20 novembre 2020

LE PROBLÈME N’EST PAS l’ISLAM
MAIS LA DÉRIVE RELIGIEUSE INTÉGRISTE






Les tragiques événements récents conduisent certains hommes et femmes politiques à parler de « problèmes avec l’Islam » comme l'avaient fait plus tôt Mme Nadine Morano ou Ms. François Fillion ou Manuel Valls. Difficile de nier que la plupart des récents attentats survenus en France ont effectivement été commis au nom d’un intégrisme islamiste. Mais concentrer son interrogation sur cette seule religion ne permet pas de cerner, de façon plus générale, la pression qu’exerce le fait religieux, encore aujourd’hui, sur nos sociétés occidentales.


Cet article sera long, mais la question, complexe, mérite des explications détaillées. 

Comme je l’écrivais dans un autre article de blog, il est nécessaire pour être transparent de dire d’où l’on parle. J’ai été élevé dans la tradition chrétienne, mais je me considère aujourd’hui comme agnostique. En d’autres termes, je suis incapable de répondre à la question de savoir si une ou plusieurs « entités transcendantes » - disons des dieux par convention - avec lesquels les humains pourraient communiquer de façon symbolique, sont à l’origine de l’existence et/ou de la structuration de notre univers. Ma formation scientifique ne me permet pas de décider de l’existence ou la non existence d’une ou plusieurs divinités. Elle me fait également dire que notre connaissance de l’univers et de ses lois ne rend cependant pas l’hypothèse de l’existence d’un ou de plusieurs dieux nécessaire pour expliquer ce monde. C’est le principe du rasoir d’Occam. Je reviendrai un jour là dessus.

Ayant explicité ma position, je répète donc qu’il est indéniable que l’intégrisme islamiste (et non islamique car cet adjectif suppose que l’intégrisme serait quasiment co-substantiel à l’Islam) et le terrorisme qui lui est associé, ont fait beaucoup de mal dans notre pays, mais également sur toute la planète. Depuis les années 2000, plus de 260 morts ont été recensées en France (1), en lien avec le terrorisme islamiste, dont 130 pour les seuls attentats du 13 novembre 2015 à Paris. On peut aussi ajouter à cette liste, les 50 décès de soldats de forces françaises en opérations extérieures au Mali, au Tchad ou au Niger (2). Au total, ce sont donc des centaines voire des milliers de familles qui ont perdu un parent, un enfant, un ami, une relation... Sans chercher à excuser, ni à effectuer un macabre décompte, il me semble important de rappeler que ce sont cependant les musulmans qui ont été les premières victimes de ce terrorisme. Ainsi, rien qu’en Algérie, le groupe islamique armé (GIA) et l'armée islamique du salut (AIS) sont responsables de 100 000 morts lors des années 1990/2000 (3). Depuis l’an 2000, le terrorisme islamiste a également tué plus de 30 000 personnes en Afrique et au Moyen Orient...

A ce stade, il est nécessaire de se pencher sur les motivations des intégristes islamistes. Comme l’indique Wikipédia « L'objectif visé par le terrorisme islamiste est la promotion d'une vision religieuse radicale du monde » (4). Pour cela, les mouvances terroristes cherchent à « contraindre [des États, des populations] à un retour aux lois de Dieu et à la société prophétique de l’islam originel [et] à épurer l’ordre politique en place ». Il s’agit donc de créer un territoire sur lequel les lois seraient dictées par une lecture rigoriste de textes religieux, donc dans lequel le temporel serait réglé par non pas par un choix de valeurs mais par une adhésion à des textes d’essence divine, donc non discutables, non contestables, et d’application universelle.

Cette vision d’un monde dont les codes seraient d’essence divine n’est pas propre à l’Islam. Considérons les autres religions majeures, en s’arrêtant pour des raisons de brièveté aux religions dite du Livre. Sans remonter aux croisades ou à l’inquisition, on ne peut que constater que l’on trouve les mêmes biais dans les religions juives ou chrétiennes. Revenons par exemple sur la création de l’Etat hébreux, Israël, au milieu du XXe siècle. Il me semble nécessaire de rappeler, pour ceux qui n’en connaîtraient pas l’historique, que cet Etat s’est créé pour constituer un état religieux, l’Etat des juifs, dans la violence d’une guerre civile, suite à la résolution 181 des Nations Unies et à la déclaration Balfour. Les "tensions"entre les mouvements sionistes de l’époque en conflit (déjà) et les mouvements pro-palestiniens opposés à la création d’Israël engendreront une guerre civile en Palestine sous mandat britannique qui fera, jusqu’en 1948, des milliers de morts et plus de 350 000 « déplacés » palestiniens. Elle conduira à la guerre israëlo-arabe de 1948. Il n’est pas question pour moi de prendre partie pour l’un ou l’autre mais de rappeler que fin 1949, après la victoire militaire israëlienne, la volonté d’instauration d’un Etat dans lequel les lois sont dictées par des considérations religieuses (ici l’Etat juif) aura fait 30 000 morts parmi les belligérants et leurs soutiens, et conduit au déplacement de plus de 700 000 arabes palestiniens (pour un résumé des conflits lors de la création de l’Etat d’Israël, voir les pages Wikipédia référencées 5) ... Depuis ce temps, le sionisme religieux et sa branche la plus intégriste ont infiltré presque tous les secteurs d’activité en Israël, de l’école à l’armée en passant par les commerces pour aboutir, in fine et aujourd’hui, à détenir des pans entiers du pouvoir politique (6). Cette vision d’un Etat quasi théocratique explique pourquoi certains non juifs y sont considérés, aujourd’hui encore, comme des citoyens de seconde zone, et pourquoi les palestiniens des territoires occupés font l’objet de discriminations rappelant l’apartheid en Afrique du Sud (7).

Cette même volonté de prévalence de lois religieuses sur la loi républicaine se retrouve aussi parmi certains chrétiens. Je ne nierai bien sur pas que notre société est d’inspiration judéo-chrétienne. La lecture du code pénal suffira à en convaincre les rares personnes qui en douteraient encore. Au moins, ces lois d’inspiration religieuse (tu ne tueras pas, tu ne voleras point, tu ne feras pas de faux témoignage, etc.) font, elles, l’objet d’un consensus. En d’autres termes, la société les a validées et acceptées dans leur ensemble sans qu’elles ne soulèvent d’opposition majeure. Là où le bas blesse, c’est lorsque des politiques, des législateurs invoquent des textes religieux, ou s'en inspirent, pour justifier de lois qui font débat dans la société civile. Je pense bien sur aux tentatives portées par des mouvements du type « manif pour tous » en France, d’inspiration catholique quasi-intégriste (8), très soutenue par la droite et l’extrême droite (9), qui souhaiterait revenir pêle-mêle sur les droits des minorités sexuelles, sur la PMA, ou la législation sur l’avortement... Sauf à exagérer, on ne peut cependant parler ici de terrorisme, ni même de terrorisme intellectuel, dans la mesure où ce mouvement n’exerce pas de violence à des fins politiques, pour déstabiliser et frapper massivement l’opinion publique et les États concernés. Néanmoins, cette même mouvance est à l’oeuvre de façon bien plus agressive - et potentiellement délétère pour les femmes - en Hongrie et en Pologne (10), mais également dans d’autres pays dominés par une idéologie religieuse qu’elle soit d’inspiration chrétienne (ex. Brésil, USA, Russie) ou musulmane ( ex. Pakistan, Indonésie, 11). Ceci valide mes propos sur la tendance lourde, actuelle, mondiale, d’instaurer une primauté du fait religieux sur les lois temporelles. Pour cette raison, il nous appartient, à tous, de faire mentir Malraux à qui l’on attribue la célèbre phrase « le XXIe siècle sera mystique ou ne sera pas » (12). Condition nécessaire mais non suffisante, il est indispensable de préserver et de renforcer en France la laïcité comme valeur Républicaine absolue afin de nous protéger des dérives religieuses intégristes, et ce « quoi qu’il en coûte ». 


Références :

1. Anonyme. Terrorisme : le triste bilan des 18 dernières années en Europe. Le point. Marus 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lepoint.fr/europe/terrorisme-le-triste-bilan-des-18-dernieres-annees-en-europe-04-03-2019-2298059_2626.php

2. Pertes militaires françaises au Mali et au Sahel. Wikipedia.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_militaires_françaises_au_Mali_et_au_Sahel

3. Anonyme. 15 ans de guerre civile en Algérie. 20 minutes. Avril 2007.
Consultable en ligne :
https://www.20minutes.fr/monde/151104-20070411-15-ans-guerre-civile-algerie

4. Terrorisme islamiste. Wikipedia.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Terrorisme_islamiste

5. Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_de_1947-1948_en_Palestine_mandataire

Guerre israélo-arabe de 1948-1949
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_israélo-arabe_de_1948-1949

6. Armin Arefi, entretien avec Charles Enderlin. Le sionisme religieux a phagocyté toutes les institutions d'Israël. Le Point. Octobre 2014
Consultable en ligne :
https://www.lepoint.fr/monde/charles-enderlin-le-sionisme-religieux-a-phagocyte-toutes-les-institutions-d-israel-30-10-2014-1877232_24.php

7. Salomé Vincendon. L’ambassadeur de France aux Etats-Unis qualifie Israël « d'Etat d'apartheid ». BFM TV. Avril 2019.

Ronnie Kasrils. I fought South African apartheid. I see the same brutal policies in Israel. The Guardian. Avril 2019.

8. Samuel Laurent. Derrière la grande illusion de la "Manif pour tous". Le monde. Mars 2013.
Consulttable en ligne :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/03/21/manif-pour-tous-la-grande-illusion_1850515_3224.html

9. Maxime Macé et Pierre Plottu. «Marchons Enfants»: au croisement de la Manif pour tous et de l'extrême droite radicale . Slate. Octobre 2020
Consultable en ligne :
http://www.slate.fr/story/196393/marchons-enfants-alliance-manif-pour-tous-militants-extreme-droite-radicale-service-ordre

10. Andrea Peto et Weronika Grzebalska. En Pologne et en Hongrie, les droits des femmes en péril. The Conversation. Octobre 2016.
Consultable en ligne :
https://theconversation.com/en-pologne-et-en-hongrie-les-droits-des-femmes-en-peril-67195

11. Julien Lecot. Trente-deux pays se liguent contre le droit à l'avortement. LIbération. Octobre 2020
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/planete/2020/10/23/trente-deux-etats-se-liguent-contre-le-droit-a-l-avortement_1803273

12. La phrase est attribuée à Malraux, version attestée par André Froissard, journaliste, dans un article du Point de 1993.
Voir lemonde.fr :
https://dicocitations.lemonde.fr/questions-reponses/question/qui-a-dit-le-xxieme-siecle-sera-spirituel-ou-ne-sera-pas/


Crédit photo

Philippe Geluck. Le Chat.