mercredi 30 novembre 2022

UN SYMBOLE ROYALISTE EN PLEINE CÉRÉMONIE RÉPUBLICAINE À FORGES ?



Deux de mes relations m'ont alerté sur la présence de scouts à la cérémonie du 11 novembre à Forges Les Bains. En soi, rien d'inquiétant, sauf que...

Les commémorations du 11 novembre, comme celle du 8 mai, sont l'occasion d'une cérémonie mémorielle devant les monuments aux morts de France. Dans notre commune, cette cérémonie a lieu au cimetière, généralement en présence de représentants départementaux ou régionaux, dont notre conseillère, Mme Dany Boyer, et notre sénateur, M. Jean Raymond Hugonnet. Ce dernier n'était pas présent le 11 novembre dernier à Forges, et je n'y étais pas non plus. Je n'ai donc pu assister à cette commémoration, mais deux de mes relations y participaient. Elles m'ont alerté sur la présence de scouts à côté des représentants des différentes associations d'anciens combattants.

Précisons tout de suite que cette présence n'a, en soi, rien de choquant, et que je n'ai rien contre le scoutisme, même si ce propos doit être modulé en fonction des différentes « obédiences » scoutes. Il existe en effet tout un panel de structures scoutes, certaines parfaitement respectables, et d'autres peut être moins. J'avoue néanmoins ressentir un peu de gène en regard de certains aspects du scoutisme, tel que la tenue scoute, qui ressemble quand même à un uniforme, mais également le devoir envers Dieu, un socle commun aux associations scouts, à l'exception des mouvements laïcs. Les notions de responsabilité envers soi ou autrui me paraissent en revanche être des valeurs universelles, parfaitement promouvables. Si nombre des structures scoutes sont reconnues par l'Etat, certaines ne le sont pas (pour plus de renseignements, voir les références 1 et 2). D'autres, pourtant reconnues, ont implémenté des pratiques douteuses, et d'autres sont ou ont été plutôt proches de l'extrême droite, à tel point que les services de la jeunesse et des sports ont failli leur retirer leur agrément (3). Certaines structures scoutes sont donc, malheureusement, inquiétantes. Il existe ainsi en France une soixantaine de ces « petites » structures, non reconnues, souvent proches de mouvements intégristes (3).

Passons, et revenons à nos moutons. Renseignements pris, les scouts présents le 11 novembre appartiennent à une structure non reconnue par les services de l'Etat (2), précisément les randscouts de Courson-Monteloup. Il s'agit d'un groupe de scouts motorisés, disposant d'anciens matériels militaires pour mener différentes actions de solidarité internationales. Je n'ai aucune information sur le fonctionnement actuel de ce groupe, mais une recherche internet m'indique qu'il a connu son heure de gloire, dans le mauvais sens du terme, voila une quinzaine d'années. Quatre de ses membres ont en effet été arrêtés dans le cadre d'une enquête sur des graffitis nazis apparus à Milly-la-Forêt, des magasins tenus par des étrangers ayant été ciblés (4,5). La plaque de la rue au juifs avait aussi été retirée et remplacée par une croix gammée, le tout avec l'élégant message « mort aux juifs ». L'enquête de gendarmerie a également permis de remonter jusqu'à certains des responsables de ce groupe scout. Des perquisitions à leur domicile ont conduit les enquêteurs à mettre la main « sur des figurines de soldats SS le bras tendu, des livrets de chants traditionnels allemands, des dizaines de films documentaires nazis, des cassettes contenant des discours du maréchal Pétain » (4). Même si tous ces responsables ont été remis en liberté à l'issue de leur garde à vue, des proches de l'enquête indiquent l'existence dans ce dossier « d'une dérive extrême droitière » (5).

Espérons que ce que je décris ci-dessus n'est qu'un épiphénomène et que la page des amitiés douteuses a été tournée définitivement. Le plus gênant dans ce qui s'est passé à Forges, réside à mon sens dans les symboles portés par les scouts lors de la cérémonie. Je passerai sur leur tenue paramilitaire, avec bérets bleu ou vert très semblables à ceux des régiments de parachutistes dans le dernier cas, pour évoquer un des drapeaux présenté. Celui-ci arborait une salamandre, symbole royaliste s'il en est, remontant au temps du roi François 1er. Coïncidence direz-vous, sans signification. Que nenni, cher lecteur : le groupe présent s'appelait « Embole François 1er » ! On est donc bien face à un symbole royaliste, ce qui me semble être en totale opposition avec l'indispensable coloration républicaine des cérémonies de commémorations du 11 novembre.

Je ne sais qui a eu la riche idée de cette présence, mais je ne peux croire que celle-ci soit fortuite, ou qu'elle ait été décidée au dernier moment, sans a minima l'accord de la municipalité. Avec cette participation discutable, il convient de se demander quel est l'objectif visé dans une commune dont certains aspects de gestion révèlent d'étranges ressemblances avec ceux de municipalités frontistes (6)...


Note ajoutée le 04/12/2022 :

J'ai récemment discuté avec un bon connaisseur du mouvement Randscout, qui me précise ce qui suit. Effectivement, la détestable affaire que je relate est réelle, et elle a marqué durablement le mouvement. Cependant, depuis cette époque, les Randscouts ont su faire le ménage et ils agissent en toute transparence vis à vis des jeunes du mouvement, et vis à vis de leurs parents ou tuteurs. Le mouvement n'est ni confessionnel, ni politique, et ses exigences vis à vis de son fonctionnement sont de très haut niveau. L'ambiance y est excellente. Le mouvement Randscout est donc irréprochable et selon lui, il a l'agrément de la Jeunesse et des Sports. Connaissant la probité de mon interlocuteur, j'ai toutes raisons de le croire. Dont acte.

Nous divergeons néanmoins sur la symbolique. Je précise tout de suite qu'à mon sens, il n'est pas interdit, en République, d'être royaliste et de défendre ce point de vue. Il est sans doute plus respectable que d'autres ayant pignon non pas sur rue, mais sur TV ! Sans que cela soit un signe absolu d'allégeance à la royauté, il n'est pas interdit, non plus, pour une troupe scout de s'appeler François I, Louis XIV ou Henri IV. Le problème est que le symbole de la troupe, et celui présenté dans cette cérémonie républicaine, objet de l'article, reste fortement connoté. Pour éviter toute méprise, je propose donc que lors de leur prochaine participation, ces scouts portent non pas l'emblème de leur troupe mais le drapeau tricolore. Leur participation sera dès lors significative et irréprochable !


Références :

1. Scoutisme en France. Pages Wikipedia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Scoutisme_en_France

2. Liste d'associations scoutes françaises non agréées. Pages Wikimonde.
Consultable en ligne :
https://plus.wikimonde.com/wiki/Liste_d%27associations_scoutes_fran%C3%A7aises_non_agr%C3%A9%C3%A9es

3. Françoise-Marie Santucci. Les Scouts d'Europe contraints de filer droit. Après un recentrage, l'association controversée a conservé l'agrément ministériel. Libération. Juin 2000.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/societe/2000/06/03/les-scouts-d-europe-contraints-de-filer-droit-apres-un-recentrage-l-association-controversee-a-conse_327136/

4. Anonyme. Des scouts interpellés pour des tags nazis dans l'Essonne. Le Monde. Décembre 2004.

5. Thomas Ségissement. Des scouts fascinés par l'armée allemande. Le Parisien. Janvier 2005.
Consultable en ligne :
https://www.leparisien.fr/essonne-91/des-scouts-fascines-par-l-armee-allemande-28-01-2005-2005654869.php

6. Étranges ressemblances entre forges et municipalités « frontistes ». Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/12/etranges-ressemblances-entre-forges-et.html


Crédit illustration :

Nutrisco et extinguo.
Page Wikipedia. Creative commons.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nutrisco_et_extinguo  



lundi 28 novembre 2022

UN PEU D'ENCOURAGEMENT AUX ASSOCIATIONS NE FERAIT PAS DE MAL !



Les présidentes et présidents d'associations viennent de recevoir un message de la municipalité que je qualifierai de surréaliste. Celui-ci en dit cependant long sur la considération dont ces associations et leurs bénévoles jouissent dans notre commune.

Le message se rapporte aux demandes de subventions à venir. Après un rapide bonjour, il commence par une phrase écrite en gras : « une subvention n’est jamais attribuée spontanément ». Si cette assertion est vraie, elle n'en reste pas moins surprenante dans la forme, comme en-tête de texte. D'ailleurs, dans la façon dont il est rédigé, soit dit en passant en reprenant mot pour mot les termes du site web de la mairie (1), le message suggère en creux que les subventions accordées aux associations sont quasiment des gestes d'extrême faveur en leur direction. Je cite les éléments rapportés, également visibles dans la référence op. cit. : « la collectivité peut ou non accorder la subvention », doublé d'un remarquable « il n’y a aucun droit à la subvention ». Histoire de bien enfoncer le clou dans la tête de ces incapables de responsables d'associations (c'est évidemment du second degré), la municipalité en rajoute non pas une, mais deux couches avec « le renouvellement de la subvention n’est par ailleurs jamais automatique » et « une subvention peut donc être refusée après avoir été accordée l’année précédente ». Bref, si après tout cela vous n'avez pas compris que les aides aux associations semblent être un crève-coeur pour l'équipe en place...

Tout ce qui précède n'est d'ailleurs pas vrai au sens strict. Il existe bel et bien, contrairement à ce qui est écrit, un droit à la subvention. Sinon, si les associations n'avaient aucun droit aux subventions, comment en toucheraient-elles, et pourquoi se casser la tête à remplir des dossiers de demande ? Une erreur de plus dans la com. municipale, mais passons...

Toujours parce que les responsables d'associations sont sans doute trop bébêtes pour ne pas comprendre, s'ajoute à la touchante prose rapportée ci-dessus, et écrite en rouge et en caractères gras, la liste des pièces à fournir, dont une nébuleuse « attestation sur l'honneur ». Attestation de quoi, mystère ! Je veux bien attester du manque de soutien de l'équipe actuelle, mais je ne suis pas sur que cela soit utile. Pas besoin de déclaration sur l'honneur pour cela...

Comme si cela ne suffisait pas, le message renouvelle la menace énoncée par les élues lors de la réunion du début d'année « tout dossier non complet ne sera pas traité ». Outre la syntaxe bancale de cette phrase, on sent bien dans le propos un soutien sans faille de la mairie aux associations locales et toute « la facilitation » que l'actuelle majorité avait promise aux dites associations. Comme me le confiait un président d'association, manque plus que « garde à vous » à la fin du message ! Une autre responsable me disait qu'elle aurait eu honte d'envoyer un message de cette teneur. Moi aussi d'ailleurs, en tant qu'ancien élu.

Bon, mais suffit pas de critiquer ! Il faut proposer. Je rédige donc ci-dessous une version rectificative dont la mairie pourra - si elle le souhaite - s'inspirer pour une communication plus policée.


Mesdames et messieurs les responsables d'associations,

La fin d'année civile approche, et il va bientôt être nécessaire de réfléchir aux besoins financiers nécessaires à votre activité, si vous ne l'avez déjà fait. La municipalité peut soutenir une partie de vos projets par le biais de demande de subventions. Comme vous le savez sans doute, ces subventions ne sont pas automatiques. Elles peuvent vous être néanmoins attribuées en remplissant un dossier [Note : ici, il faudrait simplifier le dossier demandé par la mairie qui est lui aussi surréaliste que le message évoqué dans cet article], et en fournissant les pièces jointes annexes suivantes [mettre ici la liste en évitant le gras et le rouge].

Afin de faciliter le traitement en mairie, nous vous remercions de nous faire parvenir vos dossiers avant le 15 février 2023 [ note : cela laisse un mois à l'équipe pour les traiter, largement suffisant]. N'hésitez pas à contacter X ou Y au n° de tel ou mail, si vous rencontrez des difficultés ou pour tous renseignements complémentaires.

Soyez assurés, Mesdames et Messieurs les responsables d'associations, de l'importance de votre rôle dans la vie communale et du soutien aussi large que possible de la municipalité à vos activités.

Veuillez agréer, etc.



Ha oui, j'oubliais en effet de préciser, cerise sur le gâteau, que le message reçu de l'actuelle municipalité se termine sans la moindre formule de politesse. Il est vrai que venant d'une équipe dont certains membres tiennent entre eux des propos que l'on peut considérer comme méprisants pour certains associatifs, plus rien ne peut étonner, je crois...


Références :


Demandes de subventions. Site web municipal.
Consultable en ligne :
https://www.forges-les-bains.fr/demandes-de-subventions/


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Photo libre de droit Image par Mohamed Hassan de Pixabay

mardi 15 novembre 2022

LE BOUFFON NE FAIT PLUS RIRE (2)


J'évoquais dans un précédent article les propos au mieux démagogiques, au pire scandaleux tenus par un des personnages les plus controversés de la télévision français, j'ai nommé M. Cyril Hanouna. Ce dernier vient de récidiver en n'hésitant pas à insulter un député qu'il avait invité à son émission, et qui avait mis en cause le comportement du patron de la chaîne sur laquelle officie M. Cyril Hanouna. Ce dernier est M. Vincent Bolloré, le milliardaire bien connu. Mais il y a plus grave, et c'est une collègue du CNRS qui le dit, chiffres à l'appui...

Je ne reviens que brièvement sur l'affaire qui a défrayé la chronique, récemment. Il est en effet impossible d'avoir échappé à l'info : M. Cyril Hanouna, dans un épisode de l'émission de divertissement qu'il anime, n'a pas hésite à insulter M. Louis Boyard, député de « La France Insoumise » après que ce dernier ait critiqué en direct sur l'antenne les activités de M. Vincent Bolloré en Afrique. Il affirmait ainsi que « Les cinq personnes les plus riches, ce sont les mêmes qui appauvrissent la France et l’Afrique. Et je vais vous donner l’exemple de Bolloré qui a déforesté le Cameroun », en référence aux activité d'une entreprise qui produit de l'huile de palme, et dont M. Vincent Bolloré est actionnaire. Le ton est vite monté, après que le député, qui fut avant son activité de parlementaire, un des invités fréquents et appointés financièrement de l'émission, ait accusé l'animateur de faire la part belle aux idées de l'extrême-droite, et particulièrement à celles propagées par M. Eric Zemmour. La « discussion » s'est alors envenimée, les noms d'oiseaux et les insultes pleuvant alors sur le député, traité d’« abruti », de « tocard », de « bouffon », à qui l'animateur excédé demandait de « fermer sa gueule »... La grande classe, quoi !

Je ne peux dire si les propos du député sur l'activité de M. Vincent Bolloré en Afrique sont exacts ou non, je n'ai pas eu le temps de parcourir la presse qui a sans doute enquêté sur le sujet. Le principal n'est pas là, de toutes façons. En revanche, il me semble que la participation de grands groupes dans les entreprises de presse et télévisuels pose un très sérieux problème démocratique. Ce n'est en effet pas la première fois qu'une certaine forme de censure - puisqu'il faut appeler les choses par leur nom - s'exerce lorsque le patron d'un groupe de presse (écrite ou télévisuelle) est susceptible d'être mis en cause dans une enquête portant sur ses autres activités. On peut ainsi citer le cas de l'excellent film de M. François Ruffin, « Merci Patron », que le journal Le Parisien avait passé sous silence, interdisant à ses chroniqueurs cinéma d'en parler. Il est vrai que M. Bernard Arnault, le propriétaire du journal Le Parisien était alors au centre du film de M. François Ruffin, qui y dénonçait la casse sociale organisée pour le plus grand profit de ses actionnaires... De même, on pourrait évoquer le scandale des Panama papers, où apparaît le nom de M. Patrick Drahi, actionnaire majoritaire de BFM-TV, RMC,et ayant des participations dans Libération, l'Express et l'Expansion. Ce dernier semble avoir échafaudé un montage opaque de sociétés, de trusts, qui conduisent en grande partie vers des paradis fiscaux connus : Luxembourg, Suisse, Iles anglo-normandes, etc. Il faut alors se remémorer la réaction d'un animateur vedette de BFM, qui déclarait alors : « Vous avez vu la réaction des gens qui ont été cités ? Ils se défendent c’est normal. Patrick Drahi, par exemple, qui reconnaît avoir une société, mais rien d’illégal. […] Est-ce que finalement c’est la bonne méthode de jeter en pâture des noms de personnalités, sans qu’elles aient vraiment la possibilité de se défendre ? »... Parfois, les responsables de rédaction ou de chaîne avouent même leur ingérence dans les enquêtes menées par les journalistes. C'est le cas de M. Nicolas de Tavernost, patron de M6, qui reconnaissait avoir agi pour ne pas contrarier des clients, entendez les patrons de la chaîne et/ou les annonceurs. Il indiquait avoir, entre autres, déprogrammé un numéro de Capital traitant du sujet des fournisseurs de téléphonie. Enfin, au titre des grands intervenants, on retrouve bien sur M. Vincent Bolloré. Propriétaire de Canal+, ce dernier avait oeuvré pour interdire la diffusion d'une enquête sur le Crédit Mutuel dans « Spécial investigation ». De fait, dès que l'on parle d'Afrique et des activités des entreprises de son groupe, les oreilles de ce milliardaire semblent tinter. Il n'a pas hésité à poursuivre en justice plus d'une trentaine de journalistes qui enquêtaient sur ce thème pour ce qu'il estime être de la diffamation. Quant à ses actions après le rachat d'Itélé, devenue CNews, ou d'Europe 1, plus récemment, elles ont assez systématiquement conduit au départ de très nombreux journalistes qui s'estimaient empêchés de travailler... On notera aussi un virage éditorial sensible, puisque ces chaînes, et surtout CNews, devenu une sorte de Fox News à la française, se sont fait une spécialité des discours proches de ceux de l'extrême-droite. Rien d'étonnant, donc, à ce que M. Cyril Hanouna ait réagi de façon agressive aux propos du député qui soulignait d'ailleurs ce point.

Cette accusation de favoritisme de l'extrême-droite dans l'émission de M. Cyril Hanouna tient-elle la route ? Il semble que oui, absolument, si je me réfère pour le dire à une étude récente dont le premier volet a été publié en début d'année par Madame Claire Sécail, chercheuse du CNRS. Elle vient d'affiner ses résultats en publiant la suite de ses travaux, c'est à dire l'analyse de l'émission sur la période couvrant la campagne électorale présidentielle (janvier-avril 2022). Prenant en compte les temps de parole, la présence ou non de contradicteurs, les choix thématiques, cette intéressante analyse révèle, je cite les conclusions de l'auteure, « un fort déséquilibre de traitement persistant entre les candidats de l’élection présidentielle 2022 » dont l'analyse quantitative des temps d’antenne/parole démontre « que l’émission a largement favorisé les candidats d’extrême droite et toujours en particulier Éric Zemmour », assez systématiquement présenté sous le statut de victime. Pour être plus précis, la chercheuse indique aussi que l’extrême droite a bénéficié de presque 49 % du temps d’antenne politique de l'émission du 8 au 27 mars, malgré l'exigence d'équité de temps de parole imposée par la loi à cette période. Les marcheurs et la majorité présidentielle ont, eux, occupé 25 % de l'antenne, et les différents partis de gauche et écologistes, tout juste 20 %. Elle conclut de cela, je cite l'étude, que « le cadre de régulation du pluralisme pendant la campagne électorale n’a eu quasiment aucun effet correcteur sur les disparités observées dans [l'émission], quelle que soit la période concernée », conduisant ainsi à « une bipolarisation du débat qui favorise l’expression de l’extrême droite ». Cette observation est renforcée par l'analyse de la contradiction, qui révèle que, je cite toujours, « les candidats de droite (LR), de gauche (PS, PCF) et écologistes ont été invisibilisés quantitativement et parfois disqualifiés qualitativement. Si le RN est quantitativement resté derrière Éric Zemmour, il a gagné qualitativement en normalisation, [alors que] Jean-Luc Mélenchon (LFI) a fait l’objet d’un traitement particulièrement désavantageux par C8 durant la période d’égalité [de temps de parole] ».

On peut bien entendu reprocher aux politiques de se rendre dans l'émission de M. Hanouna. C'est d'ailleurs ce que je fais de nouveau ici, car le rôle d'un député n'est pas le divertissement, pour autant que l'on puisse utiliser ce terme pour cette émission. Je suis donc en total désaccord avec M. Jean-Luc Mélenchon, lorsqu'il tente d'exonérer les politiques de leur responsabilité s'ils s'affichent dans cette émission. Oui, c'est bien en partie « de votre fait », Mesdames, Messieurs, pour reprendre les propos du leader de la France Insoumise, si ces évènements se produisent. En revanche je partage son constat lorsqu'il indique que lorsque « neuf milliardaires possèdent 90% des médias, il y a un ruissellement de médiocrité et d'obéissance ». C'est, à mon sens, une raison de plus pour ne pas se rendre sur ces chaînes ! C'est aussi à mon sens, une raison pour légiférer au plus vite sur ce sujet...


Note ajoutée le 23/11/2022

Je relaye ici un article du site d'informations en ligne "Blast" parlant des tentatives de censure d'une presse indépendante, en provenance du groupe Drahi :

"Le groupe de Patrick Drahi a réussi à obtenir une censure conservatoire, en détournant la loi de 1881 sur la liberté de la presse [...]  En août 2022, des informations financières et fiscales sur Altice, 3ème groupe media privé français ont été publiées sur internet par des hackers. Début septembre, Reflets.info a publié une série d'articles concernant les montages financiers et fiscaux d'Altice, lui permettant de ne payer quasiment aucun impôt malgré son activité [...] Par une décision du 6 octobre 2022, le tribunal de commerce n’a pas ordonné à Reflets.info de dépublier ses articles, car les informations qui y sont révélées ne violent pas le secret des affaires. En revanche, le tribunal a interdit à Réflets.info de publier d’autres articles sur Altice ce qui est une violation intolérable de la liberté de la presse."

https://www.blast-info.fr/articles/2022/le-secret-se-propage-la-liberte-recule-par-le-collectif-stopbollore-Vh8UoUskSUu7kiYBr0uwYQ

mercredi 9 novembre 2022

EAU OUEST ESSONNE :
LA RÉGIE QUI A DU CHIEN !


Comme les lecteurs du blog le savent, j'ai conservé une fonction à la régie publique Eau Ouest Essonne, participant au Conseil d'Exploitation. Cela me permet de proposer et de suivre les grandes orientations de la régie, orientations dont le choix reste bien sûr du seul ressort des délégués communaux réunis en conseil syndical. Je donne dans cet article quelques nouvelles plutôt satisfaisantes de la régie intercommunale.

Première bonne nouvelle, malgré la sécheresse de l'été que nous avons connue, la fourniture d'eau a pu être maintenue grâce au travail des agents d'Eau Ouest Essonne. Cependant, la situation a été tendue sur les captages de Saint-Maurice-Montcouronne, à la fois en raison de la baisse du niveau de la nappe, mais aussi en raison de certaines limitations techniques des systèmes de pompage. Néanmoins, le déficit en eau a pu être aisément compensé via l'interconnexion avec le réseau en provenance de l'usine de potabilisation des eaux de l'Essonne, située à Itteville. Parmi les priorités de la régie, le remplacement de ces captages est donc prioritaire, un processus s'inscrivant dans une démarche de sécurisation des approvisionnements engagée depuis plusieurs mois.

Deuxième bonne nouvelle, depuis quelques jours, grâce à une pluviométrie favorable, à un rafraîchisement, et au ralentissement de la photosynthèse des arbres, le niveau de la nappe de Saint-Maurice remonte doucement. Il me semble intéressant de préciser ici que le fait que les pluies d'orage de l'été ou de fin d'été, apportant pourtant beaucoup d'eau, ne rechargent pas les nappes est lié à plusieurs phénomènes. Tout d'abord elles se produisent souvent sur un sol sec et généralement (très) compact sur les parcelles agricoles exploitées de façon conventionnelle. Elles ne pénètrent donc pas le sol et ne percolent pas, générant des ruissellements importants. Deuxièmement, la partie de l'eau qui pénétrerait est très rapidement évaporée par la végétation, un phénomène appelé évapo-transporation. Celui-ci permet aux plantes, entre autres, de tolérer les élévations de températures et de résister aux chaleurs de cette saison. On estime que plus de 95% de l'eau absorbée par les racines est « transpirée » par un arbre. À titre d'illustration, un hectare de forêt (soit grosso modo la surface d'un terrain de football) en région parisienne évapore en moyenne 30 tonnes d'eau par jour, soit 30 m3.

Troisième bonne nouvelle, justifiant le titre original de l'article, la régie lance un programme de détection de fuites en zones agricoles. Il existe plusieurs moyens de rechercher des fuites sur un réseau d'eau potable. Là où le réseau est directement accessible (via des bouches à clef, des vannes, etc.), on peut procéder à une écoute acoustique. Toute fuite d'eau provoque en effet un bruit, plus ou moins aigu ou grave selon l'intensité de la perte d'eau. En utilisant deux capteurs encadrant la zone fuyarde, on peut aussi détecter avec précision la localisation exacte de la fuite. Ces techniques restent cependant difficiles à mettre en oeuvre en zone où les canalisations sont non accessibles, par exemple en zone rurale, où ces tuyaux peuvent être profondément enterrés. Pour traiter ces zones, la régie va avoir recourt à des chiens dressés à la détection du chlore. Ce chlore est ajouté à l'eau potable au niveau du captage, pour en assurer la potabilisation biologique. Cette technique a déjà été utilisée par une entreprise privée avec succès mais Eau Ouest Essonne sera la première régie en France a avoir recours à des chiens spécialement dressés pour ce travail. Celui-ci ne peut être réalisé que hors périodes de fortes chaleurs, le chlore s'évaporant trop vite et la chaleur perturbant les animaux. Il est possible d'explorer 2 km de canalisation par heure. C'est un chiffre très significatif, d'autant qu'il repose sur la mise en oeuvre d'une technique non destructive, et plutôt respectueuse de l'environ-nement. L’expérience se déroulera dans les secteurs de Fontenay-lès-Briis et de Forges-les-Bains fin novembre 2022.

Le savoir-faire de la régie fait que des communes de plus en plus éloignées du « centre historique » envisagent d'avoir recours aux services de la régie, parfois pour gérer une délégation de service publique, parfois pour rejoindre la régie directement. Cette bonne réputation et ce savoir-faire sont d'ailleurs arrivés jusqu'aux oreilles de M. le Sous-Préfet d'Etampes, qui visitera les installations de la Régie prochainement, des captages aux systèmes de télésurveillance et de relève. Il s'agit à mon sens d'une vraie reconnaissance du travail fait par les personnels et les élus pour mettre en place un service public de l'eau potable.


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Photo de Lorenzooooo
https://www.shutterstock.com/fr/g/Lorenzo+Patoia

samedi 5 novembre 2022

LE BOUFFON NE FAIT PLUS RIRE



Cela fait pas loin de 40 ans que je vis sans télévision. Celle que j'avais dans les années 80 est tombée en panne, et je ne l'ai jamais réparée ou remplacée. Ceci fait que je ne regarde jamais ou presque les émissions télévisées, sauf lors de mes séjours à l'étranger, ou lors de mes vacances si un poste est disponible sur site. J'avoue ne pas m'en porter mal, et quelques événements récents me confortent dans ce ressenti.

Autant le dire tout de suite, je suis globalement atterré du niveau moyen des spectacles que nous offre la télévision lorsque je la regarde. En particulier je trouve totalement délirante la place que prend la publicité sur les chaînes. Je ne vois pas non plus d'intérêt aux énièmes rediffusions de films, et je trouve globalement médiocres, pour rester plutôt gentil, nombre d'émissions dite de divertissement. Je n'ai rien, ceci dit, contre les divertissements. J'aime beaucoup ce que propose Culture Box, avec une belle variété d'émissions proposées, et pour éviter de passer pour un bêcheur, je précise que regarde aussi de temps en temps des émissions plus « légères », comme Pawn Stars, Vintage Mecanic ou Wheeler Dealer. Quant aux émissions plus sérieuses, de type enquête ou documentaires, je dois dire que j'ai été très agréablement surpris par la qualité de la chaîne parlementaire LCP.

Malgré ces quelques perles, comment ne pas également évoquer au titre des regrets les journaux « d'information» télévisés dans lesquels, très souvent, la dite information ne fait l'objet que d'un survol. Plus grave à mon sens, la plupart de ces journaux ne montrent qu'une très faible, sinon aucune hiérarchisation de l'information, particulièrement lors des émissions de mi-journée. Je suis également assez critique de la qualité de la production des chaînes dites d'information en continu. À l'exception possiblement de France-Info, je suis catastrophé par leur pauvreté, par la répétition des séquences et des images montées en boucle, et par la faiblesse des commentaires des journalistes, particulièrement de ceux envoyés sur le terrain. Tout se passe comme si il fallait diffuser pour diffuser, point à la ligne. Parmi ces chaînes, une me semble poser un problème plus sérieux. Je suis outré par les propos tenus de façon répétée et fréquente par les journalistes et intervenant de CNews, tant ceux-ci - entre faits non vérifiés et propos xénophobes et racistes - pourraient à mon sens faire l'objet de poursuites pénales. Vous me direz que si ces émissions ne me plaisent pas, il reste la possibilité de ne pas les regarder. C'est bien ce que je fais, mais je ne peux que m'inquiéter de l'impact de certains propos nauséabonds tenus sur ces chaînes, et la mansuétude dont ils bénéficient...

A ce sujet, j'ai été, comme d'autres, profondément écoeuré par les propos tenus par M. Cyril Hanouna dans son émission « Touche pas à mon poste». Ce dernier « commentait » à l'antenne le meurtre terrible d'une jeune fille en région parisienne, meurtre dont est suspectée une femme en situation d'obligation de quitter le territoire français. Il estimait ainsi que « Si on a toutes les preuves, c’est perpétuité direct. Je suis désolé. Il n’y a pas d’altération ni de non-discernement », ajoutant « C’est le genre de cas où, fou ou pas fou, elle doit être en prison. Elle ne doit pas être soignée. Pas consciente de ses actes ? C’est une loi qui doit être révisée aussi. […] Entendre ce discours en France, j’en peux plus de ça, c’est insupportable et les lois doivent changer », avait-il conclu. J'avoue ne pas être un fan de notre actuel Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, M. Eric Dupont-Moretti, mais je ne peux que souscrire à ce qu'il disait quand il réagissait à ces propos en les qualifiant de « négation de l'Etat de Droit ». Sur France-Inter, l'humoriste Mme. Sophia Aram avait été plus violente et plus critique en affirmant « qu'en appelant à une justice expéditive Hanouna démontre qu’il n’est qu’un barbare [...] Un barbare populiste, joyeux, souvent couillon, mais un barbare au service d’un multimilliardaire dédiant ses antennes aux thèses d’extrême droite ». Je laisse à cette humoriste la responsabilité de ses propos, mais ne peux que constater qu'effectivement, la chaîne diffusant l'émission de M. Cyril Hanouna (C8) appartient au groupe Canal +, dont le conseil de surveillance a été longtemps dirigé par Vincent Bolloré, milliardaire français, proche des milieux intégristes catholiques.

Au-delà, en quoi les propos de M. Cyril Hanouna posent-t-ils problème ? Il a sans doute le droit de s'exprimer comme tout citoyen, après tout, non? Certes, mais il ne doit pas oublier que contrairement à tout citoyen, ses propos sont entendus par des millions d'auditeurs. Il a donc, à mon sens, une obligation morale de tenir un discours équilibré et non caricatural, si possible tirant vers le haut le débat autour des questions de justice. Or, M. Cyril Hanouna fait tout le contraire... On pourrait parler de dérapage malheureux si verbe avait dépassé la pensée mais je crains que là ne soit pas la vérité. Au risque de surprendre, je suis de nouveau en accord avec M. le Garde des Sceaux lorsqu'il dit que cette manière de faire « appar-tenait au Moyen-Âge », tout en ajoutant « Balayer l’état de droit pour faire de l’audience, c’est quelque chose que je ne peux pas accepter ». Je crains en effet qu'il s'agisse plutôt d'un dérapage très contrôlé, visant avant tout à faire parler de l'émission. En lien, et comme par hasard, deux ou trois jours plus tard, constatant les records d'audience de l'émission suite aux polémiques, M. Cyril Hanouna a organisé une fête privée avec les personnels de son émission, puis une fête télévisée d'assez mauvais goût, invitant, si j'en crois le compte-rendu qu'en fait Télé Sept Jours « le dirigeant de C8 Franck Apietto à venir faire la fête sur le plateau. Ce dernier est donc venu remettre un trophée à Cyril Hanouna pour l'occasion, vêtu d'un déguisement bling-bling : lunettes de soleil, faux collier en or, fausse fourrure... À l'écran, des faux feux d'artifices ont été ajoutés tandis que dans le studio, des confettis dorés pleuvaient sur une musique digne d'un club à Ibiza. Accompagnés de danseuses brésiliennes, ils ont dansé pendant près d'une minute dans une ambiance explosive ». Puis-je rappeler qu'à l'origine de tout cela, on parlait quand même du meurtre épouvantable d'une toute jeune fille ? M. Cyril Hanouna n'en n'a visiblement cure, puisque selon lui, les réserves et les propos tenus sur l'indécence de cette fête ne sont que le fait de jaloux à qui il conseille sans honte d'arrêter « de trouver des trucs pour essayer de chercher des poux dans la tête »... On est bien au delà de la bêtise ! A ce niveau, je ne peux que me réjouir du fait que le gendarme de la communication audiovisuelle et numérique, l'ARCOM, saisi par de nombreux téléspectateurs, ait décidé d'ouvrir une instruction visant à déterminer  si les propos tenus sont constitutifs « d'éventuels manquements au sens du droit ».

Pour moi, les propos de M. Hanouna, constituent une négation de la pensée construite, et une forme de contestation de valeurs sociétales et, quelque part, civilisationelles, même si ce dernier vocable peut paraître fort. J'inclus dans ces valeurs la présomption d'innocence, le droit à une défense juste et équitable, ou, de façon plus technique les notions de discernement dans la définition de la responsabilité pénale. Le bouffon ne fait donc plus rire, pour autant qu'il n'y soit jamais parvenu... Je suis également très remonté vis à vis des politiques de tous bords, de droite, du centre et de gauche, qui profitent de l'audience malsaine de cette mission pour s'y montrer, quelle que soit la légitimité de la cause qu'ils défendent. Car, comme le résume très bien M. Fred Valet dans le média en ligne Watson « Sans même prendre le soin de déguiser le populisme (qui l'a rendu puissant) en fête foraine télévisuelle (qui l'a rendu riche), [...] Cyril Hanouna est peut-être devenu simplement dangereux ».


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Cantin Dumay - Creative Commons


mercredi 2 novembre 2022

DÉCÈS DE CHRISTIANE JULLIEN



J'ai appris avant-hier le décès d'une Forgeoise qui a compté dans la commue, Christiane Jullien. Elle habitait à Ardillières depuis des années, et elle a beaucoup oeuvré pour notre commune. Je ne sais si elle aura droit à quelques mots de remerciements dans le journal local, mots qu'elle mérite largement pourtant, et qu'elle n'a que très rarement reçus, pour ne pas dire jamais. Alors, je prends les devants. Merci à tous ceux qui m'ont aidé lors de la préparation de l'article en partageant photos et souvenirs !

J'aimais beaucoup Christiane Jullien. Christiane, c'était d'abord une image d'Ardillières. Très attachée à « son » hameau, je me rappelle ses sollicitations nombreuses pour telle ou telle intervention qu'elle me transmettait lorsque j'étais élu aux travaux, au sujet de la voirie, de l'éclairage, ou du nettoyage du lavoir auquel elle tenait tant. Cette liste est d'ailleurs non limitative ! Nous avions, avec elle et à sa demande, envisagé de remettre le lavoir en eau, mais un problème technique engendrant des coûts de remise en état important ont conduit à l'arrêt du projet. La commune n'a pu faire tout ce que Christiane souhaitait pour le hameau, mais au moins elle aura toujours répondu (même par la négative) aux demandes de cette forgeoise, une politesse qui semble se perdre aujourd'hui...

Même si Christiane, c'était d'Ardillières, Christiane c'était aussi Forges. Son attachement à la commune se traduisait par un engagement important dans le monde associatif. De nombreux enfants de Forges l'ont connue, à la MCL, où ses « cours » d'arts plastique ont fait le bonheur de plusieurs générations de jeunes, devenus adultes aujourd'hui. Ma fille, graphiste professionnelle, se rappelle bien d'elle, et de son enthousiasme communicatif. Je serais curieux de savoir combien de Forgeoises et Forgeois, entre 15 et 40 ans partagent ces souvenirs. Ceux ci sont, pour citer Mme. Fanny Brisson, aussi ceux « d'une époque où sous la présidence de René Giraud [...] les MJC (ou MCL) représentaient vraiment quelque chose de social et de culturel, tourné vers la jeunesse... À cette époque s'est créé le club des jeunes de Forges. Sans Christiane, il n'aurait pas existé. Céline y était animatrice, moi, je faisais des stages d'impro théâtrale et notre Christiane était bénévole perpétuelle et pleine d'idées... Confidente de la jeunesse Forgeoise, celle qui pardonnait tout, écoutait tout, faisait tout avec rien, mais avait aussi des idées bien précises de ce qui se faisait et ce qui ne se faisait pas ».

Son énergie, Christiane la mettait aussi au service de plusieurs associations, dont Danaya. Comme le dit M. Bernard Terris, fondateur de l'association : « Christiane faisait partie du conseil d'administration de Danaya depuis de nombreuses années, et elle était parmi les fidèles dans notre association : présente à tous les conseils d'administration, à toutes les AG et bien sûr à toutes nos fêtes africaines, avec son dynamisme et sa bonne humeur tellement agréable ». Du temps où les Forgeois organisaient une « vraie » fête de la Châtaigne, Christiane faisait régulièrement partie du volant de bénévoles communaux, participant aux préparatifs et au service. Elle aussi était membre de la commission ouverte Environnement et Développement Durable de la précédente mandature, à une époque où il existait des commissons ouvertes, et pas seulement aux copains ! Son intérêt pour ces thématiques l'avait aussi conduite à aider aux actions de « Forges en Transition », comme on le voit sur la photo d'illustration prise lors d'une sortie vélo organisée par cette association. 

Christiane était aussi là, très régulièrement, lors des conseils municipaux, comme conseillère en fin du mandat de M. Antoine Lestien, puis comme citoyenne assistant à presque toutes les séances. Partie prenante de la vie locale, elle intervenait lors des réunions de quartier comme référente pour le hameau d'Ardillières. Elle aidait aussi quasi-systématiquement aux opérations de vote lors de différents scrutins. Avec M. Pierre Audonneau, nous l'avions repérée car elle avait mis en place une technique d'ouverture des enveloppes redoutablement efficace qui nous permettait de « plier », avec le reste de l'équipe, le dépouillement de presque 1000 votes en deux heures environ, sans erreur ! 

Un souvenir plus personnel me revient : Christiane était « tombée » sur mon blog il y a quelque temps, et elle faisait partie des personnes qui l'appréciait et me transmettait ses retours. Il s'agissait d'avis mais également de suggestions, de corrections orthographiques, car oui, il reste bien sûr des coquilles malgré le soin de la relecture. Nous avions d'ailleurs un jour discuté de l'origine de ce mot de coquille, qui remonterait aux temps anciens de l'imprimerie. Une des étapes du processus faisait alors intervenir du blanc d'oeuf dans lequel il restait parfois de petits morceaux coquilles, rendant illisible une lettre après l'impression. Il existerait une version plus grivoise que je vous laisse rechercher, n'étant pas d'humeur aujourd'hui à vous la proposer. À la suite de cette discussion, Christiane m'avait gentiment offert un petit dictionnaire des expressions françaises, dédicacé, que je garde précieusement. Merci pour cela Christiane, et merci, surtout, pour tout ce que tu as fait pour les autres, urbi et orbi !

En cette période de fête des morts, je ne suis sans doute pas seul à me demander s'il existe une transcendance post-mortem. Je n'en sais rien. Il me semble simplement que la probabilité de cette existence, même si elle ne peut être démontrée comme nulle, est très (très) faible. Ce que je sais, en revanche, c'est que Christiane va nous manquer, ou, bien résumé par M. Antoine Lestien, un de nos précédents maires, que « si le monde n'était composé que de personnes comme Christiane Jullien, la vie serait belle ». Tellement vrai, particulièrement dans les contextes communal et national actuels !


Crédit illustration :

Christiane, sous le lavoir d''Ardillières.
Cliché M-H Huzé.
Document de l'association Forges en Transition