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mercredi 27 mars 2024

MÉLI-MÉLO, L’EXCEPTION FORGEOISE

Un très court article pour m’étonner du fait que la commune de Forges est la seule commune de la communauté de communes du pays de Limours (CCPL), avec Courson, à ne pas être partenaire du méli-mélo 2024.

Le méli-mélo est un festival local, organisé par l’association éponyme dans plusieurs communes de la CCPL. Pendant trois semaines, en fin d’hiver ou au début du printemps, se succèdent diverses activités culturelles, avec pour objectif premier « de découvrir de nouvelles pratiques artistiques. C'est aussi la possibilité pour les associations, les organismes qui le souhaitent de présenter un spectacle en commun ». Par ailleurs, « le Méli-Mélo organise aussi des animations pour des classes de tous les niveaux, de la maternelle au Lycée : ateliers de percussions, de chansons, conférences – débats » (voir site du méli-mélo)... Bref, un joyeux mélange, à l’image du nom du festival.

Cette année, la 28ème édition, se conclura demain par une conférence de M. Bernard Terris, ancien adjoint au maire de Forges, et en l’espèce, président de l’association Danaya. Cette association forgeoise a pour objectif « d’œuvrer à la souveraineté, particulièrement alimentaire, mais aussi de santé, d’éducation et économique, des pays du tiers-monde ». Pour cela, Danaya indique que « tous les moyens écologiques, et particulièrement agroécologiques, à la disposition de l’association pourront être utilisés, par le développement de projets locaux, l’information, la formation et la diffusion de toutes les méthodes et les expériences connues par l’association de par le monde » (voir site Danaya). A mon sens, cette association a tout compris de ce peut être l’aide aux pays en difficulté dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler « le développement durable ».

Pour être entièrement honnête, Bernard Terris est un ami, et je me félicite de le voir revenir à Forges pour nous présenter son action au sein de l’association, mais également en sa qualité de chargé de mission du réseau Sahel-Désertification, et membre du groupe de travail « désertification » accrédité auprès de la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Sa conférence intitulée « la grande muraille verte, une solution pour l'Afrique ? » est prévue demain jeudi 28 mars à 20h30, salle Messidor. Mon étonnement vient du fait que cet ancien Forgeois, très impliqué au niveau international, et qui vient donc nous parler du Sahel et de la désertification aussi à Forges, ne se traduise pas par un partenariat de la commune avec le méli-mélo. Ceci est d’autant surprenant que toutes les communes de la CCPL sont partenaires, sauf Courson, et qu’elles ont contribué directement ou indirectement à l’organisation des festivités dans leur territoire.

Je n’ai pas d’explication claire à ce refus de partenariat. Je constate cependant qu’à Forges, le citoyen est très souvent vu comme un simple consommateur, à qui on propose marché de la fête des mères, de la Saint-Valentin, marché de ceci, marché de cela, mais rarement – pour ne pas dire jamais - un « marché » alimenté en nourriture intellectuelle non marchande. De plus, l'actuelle municipalité a rarement marqué une appétence pour le développement durable, particulièrement lorsque cette thématique est portée par des citoyens. En ce qui concerne le refus de partenariat, je ne peux donc que faire le lien avec l’absence d’intérêt marqué de la commune pour l’activité associative, déjà dénoncée à de multiples reprises sur ce blog, associée à une absence de plus en plus flagrante d’évènements culturels dans notre commune, depuis quatre ans. Cela rend la conférence de demain d’autant plus intéressante !


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Programme du méli-mélo

mardi 6 février 2024

NOTRE SÉNATEUR PRIS DANS UN NAUFRAGE RÉPUBLICAIN

Ayant été élu pendant 12 ans à Forges et ayant représenté notre commune dans nombre de structures intercommunales, j’ai eu plusieurs fois l’occasion d’y croiser ou de rencontrer l’ancien maire de Limours, notre actuel sénateur, M. Jean-Raymond Hugonet. Je l’ai toujours considéré comme un élu investi pour sa commune et au-delà pour notre communauté de communes. Au plan personnel, je ne le connais très peu, mais j’ai régulièrement apprécié sa disponibilité et, me semble-t-il, une certaine capacité d’écoute de son interlocuteur, ce qui ne l’empêchait pas - et c’est fort légitime - de défendre souvent ses idées, disons avec vigueur.

Or, je viens de tomber sur le journal municipal de Limours et l’article de l’équipe d’opposition relatif au vote de la loi immigration au Sénat. Dans cet article, il est indiqué que notre sénateur a voté en faveur de cette loi. J’avoue être extrêmement déçu de cette décision de M. Jean-Raymond Hugonet. Il me faut être clair ici : les critiques que j’émets ne sont pas dirigées contre la personne, mais contre sa position politique, qui m’a surpris d’ailleurs, car ce vote ne correspond pas du tout à l’image que j’ai de lui.

Je ne suis pas opposé à l'idée de réguler les flux migratoires, bien que je préfèrerais des solutions visant à débarrasser le monde des causes qui les engendrent. Comme le disait l'ancien premier ministre, M. Michel Rocard, « la France ne peut accueillir toute la misère du monde ». Ce qui est surprenant, c'est que l'on occulte systématiquement le « mais elle a vocation à y contribuer » qu'il avait ajouté en « off ».  Si l’on regarde d’un peu près cette loi immigration, nous avons été nombreux à dire rapidement que certains de ses aspects étaient simplement une honte pour notre République. Je cite d’ailleurs là les propos de l’opposition limourienne : « on peut déjà dire que les débats du Sénat et les amendements qui y ont été votés, intégrant tous les clichés possibles sur l’immigration, représentent une dérive indigne de la politique de notre pays [] Ce projet de loi qui stigmatise l’étranger comme étant uniquement une menace ou un fraudeur ne fera qu’ajouter des difficultés sans assurer une meilleure maîtrise de l’immigration. De telles dérives pourraient avoir des conséquences dramatiques pour notre société ». En accord et en exemple, j’ai explicité, dans un billet de ce blog publié plus tôt, pourquoi cette loi nous couperait des liens que nous tentons d’établir au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche, avec les futurs cadres dirigeants des pays dits du Sud.

Il y a cependant plus grave en termes de perte de l’esprit républicain. De facto, cette loi organise, via la « préférence nationale » voulue par les élus du RN et des Républicains à leur remorque idéologique, une inégalité entre Français et étrangers d’autant plus injuste qu’elle impose les mêmes devoirs aux uns et aux autres, mais qu’elle ne leur garantit pas les mêmes droits. Nous avons aussi été nombreux à dire, sans être de grands spécialistes, que plusieurs aspects de cette loi étaient sans doute contraires à la Constitution. C’est d’ailleurs en partie l’avis du Conseil Constitutionnel qui a déclaré non conformes à la Constitution 32 articles de cette loi, qui en comptait 86. Attention cependant à ne pas se réjouir trop tôt, car les motifs de cette censure portent principalement sur ce que l’on appelle des « cavaliers législatifs ». Ces cavaliers sont des dispositions incluses dans le texte, bien qu’étrangères au domaine de la loi votée. Sont entre autres concernées les limitations du regroupement familial, les restrictions des prestations sociales, de l’AME, les restrictions sur les titres de séjour étudiants avec obligation de caution, la fin de l’automaticité du droit du sol pour les enfants d’étrangers nés en France, une liste non limitative. Il serait donc possible de présenter de nouveaux textes de loi sur ces seuls sujets, mais il n’est pas certain que ceux-ci puissent être votés en termes identiques au Sénat et à l’Assemblée. Toutefois s’ils l’étaient, le Conseil Constitutionnel sera également et sans aucun doute appelé à se prononcer, cette fois-ci « au fond », sur leur constitutionnalité. Notons d’ailleurs que plusieurs articles de loi ont été en totalité ou partiellement censurés au fond par le Conseil Constitutionnel : il agit de l’article 1er qui prévoyait la fixation du nombre d’étrangers autorisés à s’installer en France (aussi appelé élégamment « quotas d’immigrés ») et de l’article 38 autorisant le relevé des empreintes digitales et la photographie d’un étranger sans consentement. Enfin les articles 14 (restriction pendant un an des nouvelles demandes d’admission au séjour après refus) et 42 (assignation à résidence) font l’objet de censure partielle, interdisant leur validation en l’état.

Le troisième élément de ce que je considère comme constitutif d’un naufrage républicain se situe, lui, au niveau de la Présidence de la République et du gouvernement. Se doutant bien de l’existence de cavaliers législatifs, et doutant de la constitutionnalité même de ce texte de loi, c’est M. le Président de la République qui a saisi le Conseil Constitutionnel, appuyé en cela par Mme Y. Braun-Pivet, l’inénarrable présidente de l’Assemblé Nationale, alors que tous deux ont tout fait pour que ces lois passent… Désolé de dire que les seuls qui ont fait preuve, dans ce cirque politique, de courage sont les députés de gauche qui se sont opposés au texte et qui ont, eux aussi, saisi le conseil Constitutionnel… Quelle honte cependant de voir que le premier personnage de la République et le quatrième n’ont pas eu le courage de s’opposer, en toute connaissance de cause, à ce texte dont ils connaissaient l’illégalité. Il s’agit ici, et je cite ici le communiqué du PS, d’une « faute politique et morale » d’un gouvernement et de sa majorité « alignés sur les positions idéologiques historiques de l’extrême droite ». En cela, ce naufrage concerne aussi notre sénateur, lui qui a voté ces lois, mais, et je tiens ici à le souligner, pas notre députée, Mme Marie-Pierre Rixain, qui s’est elle abstenue alors qu’elle appartient au parti présidentiel.

Dernier point, M. Jean-Raymond Hugonet s’est vu accorder un droit de réponse dans le même numéro du journal municipal de Limours. Il y explique les motivations qui l’ont conduit à voter ce texte, au titre desquelles on retrouve, entre autres, je le cite, la possibilité « de faire face à l’ampleur de la crise migratoire que nous connaissons, d’en finir avec le principe de régularisation massive, de considérer le séjour irrégulier comme un délit, de ne pas transformer le regroupement familial en véritable « pompe aspirante », de systématiser le prononcé de l’Obligation de Quitter le Territoire Français, (OQTR) et l’interruption du bénéfice de la protection universelle maladie pour les déboutés du droit d’asile ». Quant au fait que ce texte serait conforme aux attentes des Français, je rappelle qu'au moment du vote contre le maintien de la peine de mort en France, une grande majorité de Français y étaient encore favorables. Également, je n'ai pas senti cette même volonté d'écoute des Français dans leur combat contre l'accroissement de l'âge de départ à la retraite de la part de notre sénateur, même s'il s'est à l'occasion abstenu de voter, mais passons. Enfin, M. Jean-Raymond Hugonet ajoute qu’il a voté le texte de loi immigration car « j’aime profondément mon pays, la République, son histoire, sa culture et que je n’ai pas envie qu’il bascule dans l’obscurantisme… ». Ce faisant, notre sénateur montre sa méconnaissance totale des raisons qui poussent des gens à fuir les guerres et la misère. Plus grave à mon sens, et à l'inverse, encore une fois, de l'image que j'ai de lui, il s’aligne en réalité sur le discours raciste et xénophobe caractéristique de l’extrême droite désignant l’immigré comme un délinquant voire un criminel en puissance, un opportuniste, venu ici pour profiter des allocations chômage ou du système de santé. Ce discours sera sans doute très apprécié par les quelques 250 000 artisans, 400 000 cadres, 400 000 contremaitres, et 1 600 000 employés ou ouvriers immigrés (données INSEE 2019) qui assurent une certaine prospérité au pays…



Référence :

Pour ceux qui voudraient lire l’avis du Conseil Constitutionnel :
https://www.conseil-constitutionnel.fr/actualites/communique/decision-n-2023-863-dc-du-25-janvier-2024-communique-de-presse



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vendredi 17 novembre 2023

Y A-T-IL UN RISQUE DE VOIR UNE ÉPIDÉMIE DE FIÈVRE HÉMORRAGIQUE EN EUROPE ?

J’ai discuté voilà peu avec un ami du risque de voir apparaitre une épidémie d’Ebola en France. Cette maladie fait visiblement peur. Dans un article de blog ancien (1), j’indiquais cependant en quoi il était peu probable de voir se développer une telle épidémie en Europe. Mais y a-t-il un risque de voir se propager d’autres maladies de type fièvres hémorragiques ?

Le terme fièvre hémorragique recouvre un ensemble de maladies diverses, la plupart étant d’origine virale. Cependant, au moins une bactérie est capable de déclencher chez l’homme une pathologie de type fièvre hémorragique. Il s’agit d’une entérobactérie très proche de la célèbre Escherichia coli, dénommée Shigella sonnei. Ces micro-organismes causent des shigelloses, caractérisées par des diarrhées sanglantes très contagieuses, et qui peuvent, dans les cas les plus graves, conduire au décès des patients atteints. L’institut Pasteur alerte sur son site (2) sur ces pathologies, d’autant plus redoutables que les souches responsables sont devenues assez fréquemment résistantes aux antibiotiques dits de première ligne (comprendre ceux prescrits de façon usuelle par votre médecin), et même à ceux de dernière génération. Elles restent en partie sensibles aux antibiotiques d’usage hospitalier, mais ceux-ci sont en général plus agressifs, devant d’ailleurs être administrés par voie intraveineuse. Le risque de voir des shigelloses hémorragiques se développer en France est limité, mais réel cependant, d’autant que la plupart des cas ont été observés « chez des voyageurs revenant d'Asie du Sud ou d'Asie du Sud-Est, ou au cours d’une épidémie survenue dans une école en 2017 », le cas initial revenant lui aussi d’un voyage en Asie du Sud-Est. Sont également concernés des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (2). L’antibiorésistance a cependant conduit l’OMS à émettre un bulletin d’information dès mars 2022. A noter : on estime que la contamination par seulement une centaine de bactéries peut conduire à une shigellose. Enfin, les quatre espèces de Shigella les plus fréquemment rencontrées causent au total le décès de 200 000 personnes dans le monde par an, dont 65 000 enfants de moins de 5 ans (3).

En ce qui concerne les fièvres hémorragiques d’origine virale, la plupart d’entre elles émergent en Afrique, mais pas uniquement. La fièvre Ebola semble liée à la consommation de viande de brousse, c’est-à-dire d’animaux eux-mêmes contaminés par le virus Ebola. La transmission se fait ensuite d’homme à homme, sur un mode non aérien, mais liée au contact direct ou indirect avec des fluides de patients (sang, urine, selles et sueur, directement ou sur des surfaces contaminées). Non soignée, la létalité de la fièvre Ebola avoisine 50 % en moyenne. Dans la même famille de virus qu’Ebola, les Filovirideae, on trouve le virus Marburg responsable de la maladie du même nom, la fièvre hémorragique Marburg, aussi appelée maladie du singe vert. La fièvre hémorragique Marburg présente de très forte similitude avec la fièvre Ebola : même type de transmission interhumaine, et même pronostic, en cas de soins limités. Le risque d’épidémie en France est quasi inexistant, en raison de l’absence du réservoir naturel, une chauve-souris, la roussette d’Afrique. Néanmoins, compte-tenu du changement climatique en cours, il ne peut être exclu que cet hôte « remonte » plus au nord. Ceci serait alors inquiétant, dans la mesure où il n’existe pas de vaccin ni de traitement antirétroviral approuvé pour la fièvre Marburg. Même si « des anticorps monoclonaux sont en cours de développement et des antirétroviraux, comme le Remdesivir et le Favipiravir qui ont été utilisés dans le cadre d’études cliniques portant sur la maladie à virus Ebola, pourraient également être testés pour la maladie à virus Marburg » (4). En ce qui concerne l’approche vaccinale, le vaccin Mvabea développé contre le virus Ebola a été « modifié pour produire quatre protéines à partir de l’espèce Ebolavirus Zaïre et trois autres virus du même groupe (filoviridae) » (4). Il est donc possible que ce vaccin puisse conférer une immunité partielle vis-à-vis du virus Marburg, mais ceci reste à vérifier lors d’essai cliniques.

Bien connue également, est la fièvre jaune. Tous les ans, environ 200 000 cas de fièvre jaune sont recensés dans le monde, conduisant à 30 000 décès. Cette maladie virale, causée par un virus différent des deux virus évoqués plus haut, se caractérise par des symptômes de type grippal, mais qui peuvent, dans les formes graves, évoluer vers des hémorragies digestives et l’apparition d’un ictère (une jaunisse) qui donne son nom à la maladie. Il n’existe à ce jour aucun traitement curatif de la maladie. La transmission se fait par piqure de moustique, dont ceux du genre Aedes en Afrique, particulièrement en zones urbaines. « Le moustique à l’origine des épidémies urbaines est Aedes aegypti. C’est aussi le vecteur de la dengue et du virus Zika, autres arboviroses en pleine extension à travers le monde » (5). Aujourd’hui, les cas de fièvre jaune en Europe sont uniquement liés à des retours des régions contaminées. Néanmoins, le réchauffement de la planète pourrait accélérer l’implantation de moustiques capables de transmettre ces maladies dans l’hémisphère nord, où l’expansion est déjà favorisée par les échanges commerciaux liés à la mondialisation (5). Dans ce sombre tableau, une bonne nouvelle : un vaccin existe et il est très efficace, conférant en une injection une immunité à vie, avec très eu d’effet secondaires. Tous les voyageurs qui se rendent dans certaines régions d’Afrique doivent d’ailleurs présenter une vaccination à jour. A ce stade, il est donc peu probable que la fièvre jaune constitue une menace sérieuse pour l’Europe, mais une surveillance reste nécessaire.

Dernier dossier, le plus inquiétant à vrai dire, celui de la fièvre hémorragique dite Crimée-Congo (FHCG). Cette maladie est provoquée par un virus de la famille des Bunyaviridaea, différent encore ce ceux évoqués plus haut, et transmis par des tiques. Il provoque des fièvres hémorragiques graves, dont le taux de létalité oscille entre 10 et 40%. En termes de traitement curatif, les options disponibles sont des traitements de soutien à visée générale. Un antiviral, la ribavirine, prescrite pour le traitement des hépatites B et C, a cependant été utilisée avec des bons résultats par voie orale ou intraveineuse (6). La vaccination n’est elle pas encore au point, en raison, en grande partie, de l’absence pendant de nombreuses années d’un système modèle animal permettant de développer ce vaccin. Plusieurs essais sont en cours, avec des vaccins conventionnels, ou à ADN ou à ARN, ces deux derniers semblant donner des résultats très prometteurs, avec une protection de 100% après deux injections (7). Le risque de voir apparaitre une épidémie de FHCG est résumé par la phrase : « la transmission se fait par des tiques, mais aussi par contact avec les fluides d’animaux d’élevage eux-mêmes contaminés ». Les tiques vectrices appartiennent au genre Hyalomma, présentes dans le Sud de la France depuis plusieurs années. Là aussi, en lien avec le changement climatique et les échanges commerciaux, ces tiques remontent au nord, certaines ayant maintenant été détectées aux Pays-Bas. Il est important de noter qu’à ce stade, aucun cas de FHCG n’a été détecté en France ni chez nos voisins et amis bataves, mais des cas l’ont été en Espagne et dans la régions des Balkans. En lien, l’ANSES appelle à une vigilance accrue en France (8).

Ce billet ne fait qu’un tour d’horizon rapide et limité des fièvres hémorragiques. Je n’ai ainsi pas cité nombre d’entre elles, telle la fièvre de Lassa, endémique en Afrique de l’Ouest et transmise par le rat, les fièvres d’Argentine, de Bolivie, du Brésil ou du Venezuela, transmises par d’autres rongeurs, etc. Toutes sont caractéristiques des régions tropicales ou équatoriales, mais on aurait tort de croire que seules ces régions sont affectées, comme on le voit avec la FHCC. On notera dans ce billet de blog, en filigrane, le rôle majeur que joue et continuera de jouer le changement climatique mais aussi la mondialisation des échanges dans l’émergence de ces pathologies dans des régions pour le moment épargnées. Il s’agit sans doute là d’un nouvel avatar des externalités négatives d’une économie qui depuis l’après-guerre privilégie la course au profit, sans réflexion sur ses impacts en termes sociaux sans doute, mais également environnementaux et sanitaires.


Références :

1. Il n’y aura probablement pas d’épidémie d’Ebola en France. Ce blog.
Consultable en ligne :
https://dessaux.blogspot.com/2021/08/il-ny-aura-probablement-pas-depidemie.html

2. Émergence en France d’une souche de Shigella sonnei hautement résistante aux antibiotiques. Communiqué de presse de l’Institut Pasteur. Janvier 2023.
Consultable en ligne :
https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/emergence-france-souche-shigella-sonnei-hautement-resistante-aux-antibiotiques

3. Les shigelloses. Institut Pasteur.
Consultable en ligne :
https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/shigellose

4. Maladie à virus Marburg. Centre des médias de l’OMS. Aout 2021.
Consultable en ligne :
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/marburg-virus-disease

5. La fièvre jaune. Institut Pasteur.
Consultable en ligne :
https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/fievre-jaune

6. Fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Dossier OMS. Juin 2022.
Consultable en ligne :
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/crimean-congo-haemorrhagic-fever

7. Un article de revue en anglais a été publié cet été :
Aykut Ozdarendeli. Crimean–Congo Hemorrhagic Fever Virus: Progress in Vaccine Development. Diagnostics (Basel). Aout 2023. doi: 10.3390/diagnostics13162708
Consultable en ligne :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10453274

8. Fièvre hémorragique de Crimée-Congo : une émergence en France est possible. Expertise ANSES. Juin 2023.
Consultable en ligne :
https://www.anses.fr/fr/content/fievre-hemorragique-crimee-congo-une-emergence-en-france-possible



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Virus Ebola.
Photo de Cynthia Goldsmith
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mardi 27 juin 2023

50 000 LECTURES !


Un très court article pour annoncer aux lecteurs du blog que ce dernier vient de franchir le cap des 50 000 lectures. C’est bien sur satisfaisant d’autant que ce blog semble faire l’objet d’une censure sur certains des réseaux dits sociaux locaux…

Après quelques semaines d’essais, j’ai ouvert ce blog à l'occasion de mon départ à la retraite, en septembre 2020. Les objectifs étaient de pouvoir m’exprimer sur des sujets aussi divers que la politique locale et nationale, la sociologie et dans une moindre mesure, autour de sujet à coloration scientifique. L’agrégation de ce sujets qui en premier lieu m’intéressent, est venue naturellement. Nous étions deux ans après l’élection du nouveau Président de la République, M. Emmanuel Macron, dont les représentants élus de son parti, présents en masse à l’Assemblée Nationale, avaient décidé de priver celle-ci de ses prérogatives. Ils avaient en effet à l’époque autorisé l’exécutif à procéder par ordonnance pour poursuivre et amplifier la régression sociale engagée sous la présidence de M. François Hollande. Au plan local, une nouvelle majorité avait été élue, suite à la division de la précédente équipe municipale. Or, le comportement de nombre des membres de cette nouvelle municipalité, lors de la pénible affaire des migrants installés à Forges, ne laissait rien présager de bon. J’espérais pourtant qu’une fois aux affaires, un certain sens de l’intérêt général et une ouverture d’esprit auraient pu se faire jour. Je me suis trompé, et la suite de ce mandat a montré toute les capacités d’enfermement, de repli, d’entre-soi, mâtiné de mépris de classe dont la nouvelle majorité fait preuve. Elle masque sous une communication très affutée ses errements, son non-respect de certaines lois, quitte à émettre en privé ou en public des contre-vérités. Le vernis se craquèle de plus en plus, cependant, et le blog est là pour exposer les miasmes qui émanent de nombre d’actions de cette équipe municipale, voire de ses proches. Enfin, nous étions entrés en phase CoViD-19, et déjà beaucoup de rumeurs, de fausses nouvelles, voire de mensonges circulaient autour de cette épidémie… Il me semblait qu’en qualité d’ancien chercheur payé par de l’argent public, je devais au public quelques explications aussi honnêtes que possibles sur « le mal qui nous frappait ».

Un peu moins de trois ans, plus tard, le blog a donc franchi le cap des 50 000 lectures, ce que je trouve satisfaisant évidemment sur le plan de l’égo, mais surtout parce que je pense qu’il remplit au moins en partie ses objectifs. Je disais en introduction qu’il fait l’objet d’une censure sur les réseaux dits sociaux locaux. Ces informations m’ont été communiquées par plusieurs lecteurs très à l'aise avec ces réseaux, et qui ont souhaité y relayer des articles du blog en accord avec la politique de publication de ces réseaux. Sont concernés deux réseaux du groupe Facebook. Après que certains articles aient été effectivement publiés, un des réseaux a alors interdit toute publication politique ! Visiblement ceci doit être entendu au sens large car même des articles de sociologie sont considérés comme politiques. Une des responsables du réseau est une élue de Forges. L’autre réseau est lui géré de façon totalement opaque. Un seul responsable est identifié, mais toute opinion défavorable à l‘actuelle majorité y est bannie. Ne sont autorisés, semble-t-il, que les félicitations ou les auto-congratulations des élus municipaux et de leurs proches ! Ceci suggère qu’il est probablement géré par d’autres proches de l’actuelle municipalité, dont le courage se limite à se planquer derrière des pseudonymes ! En lien, ce même réseau n’hésitait pas, toujours d’après mes lecteurs, à propager des mensonges de façon régulière sur la précédente municipalité à laquelle j’appartenais. Quand on connaît la propension de ces réseaux à diffuser des fausses nouvelles, cela n’a rien d’étonnant... Au delà de ces arguties, je me demande au plan philosophique, ce qui peut justifier qu’une seule ou deux personnes décident de ce qui est bon ou non à lire pour des dizaines ou des centaines d’autres. Curieuse interprétation de la liberté d’expression en tous cas, et étrange conception de la démocratie…

Quelques chiffres complémentaires, pour une vision plus claire du blog. Les articles les plus lus sont ceux concernant notre commune, et tout particulièrement ceux traitant des problèmes récurrents au niveau des écoles. Le « top 3 » des articles regroupent « des problèmes au périscolaire » avec 605 lectures, « projets communaux : réouverture de la boulangerie » (que je mettrai à jour prochainement) avec 628 lectures et « si vous pensez que l’éducation coûte trop cher, essayez l’ignorance ! » avec 728 lectures. En moyenne, le blog est lu 1 200 fois par mois (minimum 640 lectures, maximum 7250 lectures). Ceci correspond à une moyenne journalière de 40 lectures. Au cours de la dernière année, les consultations journalières se sont réparties entre 3 lectures (au premier mai 2023) et 321 lectures (à la mi-juin 2023).

Au total, ce sont 235 articles publiés. Chacun est donc lu, en moyenne là aussi, 200 fois. Sachez que je ne publie pas toutes les informations dont je dispose, car bien que persuadé de l’exactitude de certaines d’entre elles, je manque parfois de preuves permettant de les étayer. J’ai, pour d’autres évènements, des preuves concrètes de certains comportements lamentables, dans cette commune ou dans des communes alentours, mais je laisse aux premiers intéressés le soin, en temps voulu, de déposer une main-courante ou une plainte auprès des services compétents…

Au total les articles ont généré environ 190 commentaires. Chaque article est « commentable » ; je me contente de modérer les commentaires pour éliminer ceux qui sont porteurs d’insultes (pas à mon endroit, mais à l’encontre d’élus de notre commune ou de la CCPL), les attaques ad hominem (car mes critiques parfois vives vont aux personnes non pas en tant qu’individus mais en regard de leurs fonctions), ainsi que les commentaires possiblement diffamatoires. Pour déposer un commentaire, le lecteur dispose d’une boite de dialogue sous chacun des articles. Ces 235 articles me demandent du temps d’investigation même si souvent ce sont des Forgeois, proches ou non des services, ou des fins connaisseurs des communes voisines qui m’informent des évènements de politique locale. Un article scientifique peut me demander 1 à 2 heures de travail, parfois plus ; un article de politique générale, parfois une demi-journée, surtout pour collecter et lire les références citées.

Merci donc aux lecteurs du blog. Sincèrement, je ne pensais pas que nous arriverions un jour à cela... Le fait que ce blog soit lu, est une reconnaissance du travail fait. Je continuerai bien sur cet effort rédactionnel pour les raisons que j’ai évoquées plus haut, et pour celles que j’ai également décrites dans mon premier article intitulé « un blog, pourquoi faire ? ». En particulier, je suis persuadé de la nécessité de réfléchir au-delà du simple buzz, des 240 signes permis par certains, et des invectives que transportent les réseaux dits sociaux. Également, j’adhère totalement au motto « penser globalement, agir localement », ce que je tente de mettre en application à mon échelle, au travers du blog et de mon engagement dans la vie associative et citoyenne. Et vu les situations politiques globale et locale, il n’y a aucune raison pour que cela cesse, bien au contraire !

 

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http://www.morrissette.fr/2014/11/26/50-000-mercis/

samedi 14 janvier 2023

DÉSINFORMATION DE NOS JEUNES À L'HEURE DES RÉSEAUX SOCIAUX



Je viens de parcourir une note particulièrement intéressante, et en même temps inquiétante, de la fondation Jean-Jaurès. Cette dernière reprend une enquête très récente de l'IFOP (1), portant sur les croyances des plus jeunes de nos concitoyens sur des thématiques scientifiques, sur le « paranormal », en lien avec l'influence des réseaux sociaux. Je suis donc remonté à la source, directement sur le site de l'institut de sondage, pour y lire l'étude en question. Elle est à mon sens tout bonnement consternante !

L'IFOP nous indique que cette enquête a été menée sur un échantillon d'un tout petit peu plus de 2000 personnes, âgées de 11 à 24 ans. L'institut précise, je cite, que « la représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard de critères démographiques (sexe, âge), socio-culturels (statut de scolarisation, niveau de diplôme), professionnels (situation en matière d’emploi, catégorie socioprofessionnelle de la personne interrogée) et géographiques (région, catégorie d'agglomération) ». Pour les lecteurs qui ne seraient pas familiers avec la statistique, il s'agit d'obtenir dans l'échantillon précité de 2000 personnes, une proportion d'hommes et de femmes conforme à celle de la population française, avec des répartitions des âges, des niveaux de diplôme, du statut de scolarisation etc., également conformes à celles de la réalité. Des corrections complémentaires peuvent être apportées dans l'hypothèse où l'échantillon analysé, ce que l'on appelle la cohorte en statistique, ne serait pas parfaitement représentatif de la population cible. Ces ajustements sont dénommés « redressements », générant des données dites redressées ou corrigées . On s'assure ainsi que l'échantillon analysé est bien globalement représentatif de la population cible.

Première question posée : avez-vous l’impression que la science apporte à l’homme plus de bien que de mal, plus de mal que de bien ou à peu près autant de mal que de bien ? La majorité relative des jeunes, soit 41%, retient cette dernière proposition, alors que 33 % sont d'un avis plus positif et 17 % d'un avis plus négatif. Au-delà de ces données brutes, il est intéressant de constater que la même question a été posée en 1972. La comparaison des réponses révèle que les avis positifs ont régressé de 22 % en 50 ans et les avis ne négatifs ont, eux, augmenté de 11 %. Si l'on regarde maintenant le profil des répondants pour qui la science apporte plus de mal que de bien, on constate que cette opinion est beaucoup plus répandue parmi les jeunes des catégories socioprofessionnelles les plus modestes, avec 29% chez les ouvriers et assimilés contre 12% chez les cadres. Une inégalité de réponse est également perceptible chez les catégories les plus pauvres avec 22% d'avis négatifs pour les personnes disposant de revenus mensuels inférieurs à 900 € et 6% pour les personnes disposant de revenus mensuels supérieurs à 2500 €. Par ailleurs, les personnes exprimant cet avis majoritairement négatif se retrouvent en proportion un peu plus forte parmi les musulmans et les protestants (27 et 24 %, respectivement) que parmi les catholiques et les athées (14 et 13 %, respectivement), et en proportion également un peu plus forte parmi les sympathisants du rassemblement national (RN, 20%). Dernier élément intéressant, cet avis est beaucoup plus prégnant chez les utilisateurs réguliers de Tik Tok (27%) que chez les personnes n'utilisant pas cette ressource informatique (10%).

L'adhésion à ce qu'il est convenu d'appeler des « vérités alternatives » ou des « croyances » révèle également des disparités remarquables. Ainsi, vis-à-vis de données scientifiques, quasiment 20 % des jeunes de 18 à 24 ans pensent que les pyramides ont été bâties par des extraterrestres, ou que les Américains ne sont jamais allés sur la Lune. Plus grave, un tiers des jeunes pense que les vaccins à ARN causent des dommages systématiques irréversibles aux organes des enfants, un quart pense que les traitements à base de chloroquine sont efficaces contre la CoViD19, et un quart pense également que l'on peut avorter sans risque avec des tisanes à base de plantes. Un petit tiers d'entre eux (29 %) affirme également que le réchauffement climatique est un phénomène naturel contre lequel il est impossible de lutter. Vis-à-vis de données politiques, un petit tiers pense que l'élection américaine de 2020 a été faussée aux dépens de M. Donald Trump, et un quart que l'attaque du Capitole a été une mise en scène destinée à accuser les partisans de l'ancien président américain. L'étude note que la croyance dans les vérités alternatives et beaucoup plus répandue chez les utilisateurs de Tik Tok sur deux thèmes : les effets toxiques de la vaccination contre la CoViD19, et les résultats de l'élection américaine de 2020.

En regard des théories platistes, la catégories des plus pauvres et celle des habitants des banlieues dites populaires sont plus enclines à y adhérer. Ainsi, 33 % des habitants de ces banlieues pensent que la terre pourrait être plate, alors que cette hypothèse ne retient l'attention d'aucun des jeunes habitants des banlieues dite aisées. En termes de réseaux sociaux, les utilisateurs de la messagerie Telegram semblent plus réceptifs (40%) que ceux qui n'utilisent jamais ce service (14 %).

En ce qui concerne les effets délétères de la vaccination contre la CoViD19, les avis les plus négatifs se retrouvent également au sein des catégories les plus modestes (42%), des banlieues dites populaires (38%), des croyants et des religieux (50%), des sympathisants du RN (48%), et parmi les utilisateurs quotidiens de Tik Tok (41%).

Une autre question a concerné l'évolution biologique. Un gros quart (27%) des jeunes de 18 à 24 ans estiment que les êtres humains ne sont pas le fruit d'une longue évolution mais qu'ils ont été créés par une force spirituelle. Cette croyance est plus répandue chez les femmes que chez les hommes (31 vs. 22%), au sein des catégories les plus pauvres, parmi les croyants et les religieux (60%), et parmi eux, chez les musulmans (71% ; 27% chez les catholiques). Cette conviction est également plus présente chez les utilisateurs réguliers de Tik Tok (37 %) que chez ceux qui n'utilisent pas cette ressource (25 %).

Lorsque l'on croise tous ces résultats, plus des deux tiers des jeunes (69%) de 18 à 24 ans pensent qu'au moins une des affirmations proposées par l'IFOP est vraie, avec une adhésion bien plus marquée parmi les catégories les plus pauvres (77%) que parmi les catégories les plus aisées (47%). Une même différence d'adhésion est relevée entre croyants (85%) et athées (62%), entre sympathisants du RN (84%) et écologistes (57%) et entre utilisateurs de sites de microblogging (ex. Twitter, Telegram, TikTok ; 81%) et non utilisateurs (68 %).

Cette adhésion aux vérités alternatives est très présente chez les lycéens (80%) et elle reste très curieusement notable chez les étudiants en master, y compris chez ceux qui se sont dirigés vers les matières scientifiques (58%). De même un jeune sur deux pense que l'astrologie est une science ou qu'elle explique les caractères des individus ! Cette dernière croyance n'est, elle, partagée que par 36% des seniors. Une même divergence générationnelle est observée en regard des prédictions des voyants auxquelles croient 38% des jeunes et seulement 12% des seniors. Parmi les jeunes, 65% de ceux qui consultent Tik Tok régulièrement croient à l'astrologie, à la voyance, à la numérologie, à la sorcellerie, ou à la cartomancie contre 52% de ceux qui n'utilisent pas ce service Internet. Également presque un jeune sur deux croit aux esprits ou au mauvais œil, contre 15 et 10 % respectivement chez les seniors. Ces croyances sont plus marquées chez les jeunes qui utilisent les réseaux sociaux (56%) que chez les jeunes qui ne les utilisent pas (36%).

Ces résultats sont extrêmement inquiétants parce qu'ils sont constitutifs, à mon sens, d'une régression intellectuelle, possiblement liée d'ailleurs à une régression sociale, puisque l'on constate que l'adhésion aux thèses infondées, au complotisme, aux superstitions à caractère occulte, est beaucoup plus forte chez les jeunes des populations défavorisées (faibles revenus et localisation dans des banlieues pauvres). Possiblement en lien avec ce qui précède, il ne faudrait pas non plus nier l'adhésion des jeunes musulmans à certaines vérités alternatives. Ces résultats sont également inquiétants car ils mettent en évidence l'influence grandissante de sources « d'information » discutables. Ainsi, pour citer Ms. François Kraus et Thomas Pierre, de l'IFOP (1) : « alertant sur la sécession d’une fraction importante de la jeunesse avec le consensus médiatique, ces chiffres tiennent donc beaucoup au mode d’information et plus particulièrement à l’usage des réseaux sociaux comme Twitter ou TikTok.[...] Les désordres informationnels de l’ère internet viennent sans doute accentuer la perméabilité traditionnelle des jeunes générations à ces croyances surnaturelles.[...] Cet essor des croyances complotistes ou infondées s’inscrit dans une révolution des pratiques informatives où la défiance à l’égard de l’information verticale issue des autorités s’est accompagnée d’une confiance plus grande dans sa transmission horizontale via les réseaux sociaux. Or, cela peut s’avérer problématique au regard du nombre de jeunes (41%) utilisant TikTok comme moteur de recherche qui estiment qu’un influenceur qui a beaucoup d’abonnés peut être une source fiable. Symptomatique d’un nivellement de l’expertise, ce chiffre révèle le manque de raisonnement critique d’une partie de la jeunesse à l’égard des influenceurs populaires ». Je suis totalement en accord avec leur analyse. Ceci fait que je ne suis donc pas prêt de me réconcilier avec l'usage des réseaux dits sociaux, tant que ceux-ci n'assureront pas une modération des propos qui y sont tenus. L'arrivée de M. Elon Musk à la tête de Twitter ne s'inscrit pas, malheureusement dans cette démarche... Sous couvert de liberté de parole, auréolés de symboles tel que le village global, il me semble que ces réseaux sociaux sont en fait en train d'aliéner les masses, et principalement les masses populaires, d'une façon bien plus efficace que ne pourrait le faire le plus pervers des dictateurs...



Référence :

1. Enquête sur la mésinformations des jeunes et leur rapport à la science et au paranormal à l'heure des réseaux sociaux.
Enquête de l'IFOP pour la fondation Reboot et la fondation Jean-Jaurès.
https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2023/01/Presentation_119379_Reboot-FJJ-Volet-A_11.01.23.pdf


Crédit illustration :

Site de l'IFOP
https://www.ifop.com/publication/generation-tiktok-generation-toctoc-enquete-sur-la-mesinformation-des-jeunes-et-leur-rapport-a-la-science-et-au-paranormal-a-lheure-des-reseaux-sociaux/





mercredi 11 janvier 2023

BONNE ET HEUREUSE NOUVELLE ANNÉE ! OUI, MAIS...



Avec la nouvelle année, vient la période des voeux. Je ne suis pas, comme un ancien président, de ceux qui croient aux forces de l'esprit. Néanmoins, quand je souhaite la nouvelle année, j'essaie de le faire aussi sincèrement que possible. Je profite ainsi de ce blog pour espérer que toutes les lectrices et tous les lecteurs de ce blog bénéficieront d'une année 2023 aussi calme, prospère, et heureuse que possible. J'espère que ces souhaits seront exaucés, mais je reste malheureusement quelque peu sceptique en regard de la situation internationale, de l'état de notre pays, et, plus près de nous, de la déliquescence communale, tous les jours plus prégnante. Faut-il d'ailleurs assister aux voeux du maire cette année à Forges : c'est à voir !

En ce qui concerne la situation internationale, mes inquiétudes se rapportent bien entendu au conflit ukrainien, et à cette guerre, puisqu'il faut appeler les choses par leur nom, qui se déroule à trois heures d'avion de chez nous. Si j'en crois les spécialistes, et ne l'étant pas moi-même et donc obligé de leur accorder quelque confiance, les pertes russes en termes de soldats décédés ou lourdement blessés auraient dépassé le chiffre effroyable de 100 000 personnes depuis le début du conflit. Toujours selon ces experts, le nombre des personnes tuées ou lourdement blessées du côté ukrainien s'élèverait à 30 000 environ. S'ajoute à ces blessés est à ces morts, le coût de la guerre. Certains économistes avancent le chiffre de 80, voire 100 milliards de dollars côté russe. Quant aux destructions infligées par l'armée russe à l'Ukraine, et à ses infrastructures civiles, d'autres économistes affirment que leur montant pourrait être supérieur à plus de 1000 milliards de dollars. Cela représente cinq fois le PIB annuel de l'Ukraine et grosso modo un tiers du PIB d'un pays comme la France...

Toujours à l'international, comment ne pas s'inquiéter de la montée de l'extrême droite dans plusieurs pays. On l'a vue à l'œuvre aux États-Unis, lors de l'assaut de partisans de l'ex-président M. Donald Trump sur le Capitole, ou, plus récemment, lors du même type d'assaut mené par les partisans de l'ancien président Monsieur Jair Bolsonaro, au Brésil. Comment, non plus, ne pas s'inquiéter de la montée de cette même extrême droite dans un pays comme Israël, qui semble avoir instauré depuis plusieurs années, un régime proche de l'apartheid qu'a connu l'Afrique du Sud. Plus près de chez nous cette progression de l'extrême droite est perceptible en Europe, en Hongrie et en Pologne, mais également dans les pays germanophones que sont l'Allemagne et l'Autriche. Les autres pays européens ne sont pas immunisés : le Royaume-Uni, et particulièrement l'Angleterre, connaissent également cette renaissance d'un populisme raciste et xénophobe, de même que la partie néerlandophone de la Belgique. Enfin, l'Italie a récemment porté au pouvoir Mme Giorgia Meloni qui s'est ouvertement affichée comme une admiratrice de Mussolini... Une constante de nombre de ces parties est leur proximité avec certains mouvements religieux, tels que les évangélistes les plus virulents aux États-Unis et au Brésil. En Israël, le gouvernement d'extrême droite s'est également associé avec des mouvements juifs radicaux, et en Pologne, l'influence de l'intégrisme catholique est prégnant.

On aurait tort de balayer sous le tapis ce qui se passe également chez nous puisque l'extrême droite y est maintenant confortablement installée, jusque sous les dorures de l'Assemblée Nationale. La respectabilité qu'a essayée de s'acheter Madame Marine Le Pen, et que je dénonce ici, ne doit pas faire oublier que d'autres extrémistes œuvrent également en France. Comment ne pas parler de M. Éric Zemmour, l'inénarrable leader du parti « Reconquête », auteur de nombreux propos misogynes ou racistes, et condamné par la justice pour ces faits... La contagion s'étend cependant à la droite dite républicaine, dirigée maintenant par M. Eric Ciotti, au sein de laquelle émarge un second réactionnaire notoire, M. Laurent Wauquiez. Les Républicains sont sur une très mauvaise pente, celle qui fait que de républicains, ils n'auront à terme que le nom...

Je m'inquiète également pour notre pays du développement d'une politique économique assez largement antisociale menée par l'actuel gouvernement. Je n'ai pas le temps de développer ici en détail, mais je la cite, la réforme catastrophique de l'assurance-chômage, fondée sur une logique qui proposerait que les chômeurs sont les seuls responsables de leurs malheurs. Dans le même ordre d'idées, les plus pauvres d'entre nous qui bénéficient des minima sociaux sont, dans cette même  vision macronienne, des feignants qu'il faut remettre au travail de gré ou de force. Toutes ces fausses « réformes » s'inscrivent, finalement d'une façon très logique, dans une politique de fragilisation des plus pauvres et de renforcement des plus riches. Exemple emblématique de cette politique inaugurée dans le précédent quinquennat : la réduction des APL, concomitante ou presque à la suppression de l'ISF. Le dernier avatar de cette politique délétère est le mauvais coup porté au monde du travail hier 10 janvier, à savoir la modification des conditions d'accession à la retraite. Dans la même logique que celle que je dénonçais ci-dessus, cette modification des conditions d'accès pénalisera les catégories les plus pauvres plus sensiblement que les catégories les plus riches. Elle travestit également sa rigueur sous des atours plus sociaux suggérant que tout le monde bénéficiera maintenant d'une retraite minimum de 1200 €, ce qui n'est ni vrai, ni une avancée puisque les dispositions présentées existent dans une loi jamais appliquée, depuis maintenant et de mémoire une dizaine d'années. 

Il serait donc bon de s'interroger sur les raisons qui poussent le gouvernement à faire passer en force cette « réforme ». Mon sentiment, et je peux me tromper, est que ce gouvernement cherche tout d'abord des façons de financer des priorités autres que la pérennisation du système de retraite par répartition, donc des trous budgétaires. Je pense en particulier ici à de nouveaux coups de pouce qu'il s'apprête à donner aux très grands groupes industriels, qui ont, rien que pour l'année 2022, bénéficié de plus de 200 milliards d'euros d'aide, soit 8,5% du PIB. Les économies faites sur le dos de salariés et des traitements iront dans la poche des entreprises du CAC40, les mêmes qui viennent de redistribuer 80 milliards d'euros en dividendes et rachats d'action à leurs actionnaires... Deuxième objectif selon moi, donner des gages aux pouvoirs économiques et financiers, pour continuer de bénéficier d'une solvabilité sur ces marchés. Bref, les raisons invoquées pour cette modification d'accès à la retraite ne se trouvent pas dans la volonté de pérenniser le système par répartition qui, de l'avis de nombreux spécialistes et du conseil d'orientation des retraites, n'était pas en péril. C'est même tout le contraire ! Tout cela pourrait nous annoncer une dégradation majeure du climat social. Le gouvernement en est très conscient, et il interroge ses services très régulièrement pour obtenir des remontées du terrain sur l'ambiance dans les syndicats, les entreprises, les réseaux sociaux, et évaluer les risques d'explosion sociale.

Dernier point, le local. J'ai, comme presque tous les Forgeois (on se demande pourquoi certains ont été exclus), une invitation de notre maire pour les voeux de nouvelle année. Je me suis longtemps demandé si j'allais y assister. D'un côté, ces voeux sont un évènement républicain traditionnel qui a tout son sens. Mais, et c'est l'autre côté de la pièce, il n'a de sens que si ces voeux sont corroborés par un comportement municipal exemplaire. Force est de constater que nous en sommes loin, très loin... J'y reviendrai dans un article plus longuement, mais les lecteurs doivent savoir que Madame la maire et ses adjointes maintiennent leur comportement détestable vis à vis d'une large part du monde associatif. J'ai expliqué à plusieurs reprises comment celui-ci était moqué et méprisé. On lui ment  sciemment, en particulier en regard de l'occupation des salles municipales, et il est également menacé directement par Madame la maire, qui envisage de s'en prendre aux avoirs de certaines associations, dans la plus complète illégalité. Aller assister aux voeux dans ces conditions me parait relever d'une certaine forme d'hypocrisie. Mes honorables correspondants et correspondantes, mes oreilles, y seront présents, et j'aurai les retours de cette cérémonie à laquelle je n'assisterai pas.

Pour terminer sur une note plus positive, il me semble que nous pouvons et devons trouver collectivement notre énergie pour la nouvelle année. C'est en famille, auprès de nos proches, mais aussi auprès des groupes constitués, syndicats, associations, que nous pouvons agir et faire en sorte que les forces de régression sociale, économique, et même morale, se trouvent confrontées à notre détermination. Comme le disait Mme Annie Ernaux, à l'Académie Nobel : « l’exclusion des étrangers et des immigrés, l’abandon des économiquement faibles, [..] la surveillance du corps des femmes, [...] m’impose, à moi comme à tous ceux pour qui la valeur d’un être humain est la même, toujours et partout, un devoir de vigilance ». Je vous souhaite donc à toutes et tous une bonne, heureuse, courageuse et vigilante année 2023.


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lundi 24 octobre 2022

LE CONCEPT DE « CARRYING CAPACITY »



Au cours de ma carrière scientifique, je me suis souvent dit qu'il serait bon que nos concitoyens soient un peu plus informés des fondamentaux en sciences. Pour cette raison, et parce que j’ai été, et reste, payé avec de « l’argent public», il m'a toujours semblé important de mener des actions de vulgarisation scientifique auprès de ce qu'il est convenu d'appeler « le grand public ». C'est ce que je continue de faire, à mon rythme et selon mes envies, via certains des articles de ce blog, justifiant ainsi le terme de citoyen que j'utilise pour celui-ci.

Une des raisons de cette effort de vulgarisation est que s'il est légitime d'avoir une opinion, un avis sur un sujet donné, il m'a toujours semblé que cet avis devait être formé sur la connaissance de faits aussi objectifs que possible, et non pas sur des présupposés. En ce sens, et même si je trouve la formulation un peu « raide », je comprends parfaitement ce que voulait dire M. Harlan Ellison, écrivain américain de science-fiction, quand il disait « vous n'avez pas le droit d'avoir une opinion, mais vous avez le droit d’avoir une opinion éclairée ».

La notion d'écologie que je voulais présenter aujourd’hui s’appelle la « car-rying capacity », notion que l'on a traduite en - mauvais - français en capacité de portage. Je préfère le terme de capacité biologique ou de capacité de charge. Cette notion trouve son origine dans le domaine de la microbiologie, lorsque nos prédécesseurs du XIXe siècle ont cherché à comprendre et modéliser le développement des micro-organismes. Le terme n'est en revanche apparu que dans le premier quart du XXe siècle. Cette notion dit en substance que « la capacité de charge d'un environnement est la taille maximale de la population d'une espèce biologique qui peut être soutenue par cet environnement spécifique, compte tenu de la nourriture, de l' habitat, de l'eau et des autres ressources disponibles. La capacité de charge est définie comme la charge maximale de l'environnement, qui correspond en écologie des populations à l'équilibre de la population, lorsque le nombre de décès dans une population est égal au nombre de naissances » (1). Il est à noter que cette notion prend en compte les facteurs qui relèvent des ressources, mais qu'elle ne s'intéresse que moyennement à l'impact de certains des autres facteurs susceptibles d'affecter la taille de la population d'une espèce donnée (telle que les interactions entre espèces, par exemple au travers de la prédation) sauf à les réintégrer dans un coefficient utilisée pour le calcul de l'évolution de taille des populations, dit « taux intrinsèque d'accroissement naturel ». Je ne vais pas plus dans le détail. Si des lecteurs sont intéressés par ces questions, ils peuvent me contacter via le lien de contact en tête de page du blog (en version ordinateur), et je tenterai de répondre à leur demande.

La notion de capacité de charge a été très utilisée dans les calculs mis en oeuvre pour optimiser les processus de fermentation, au sens large puis elle a été étendue aux productions agricoles et à l'élevage. Un développement spectaculaire a été son application aux sociétés humaines, avec, il faut le souligner tout de suite, un risque d'erreur lié au fait que cette capacité de portage sous-entend, comme je l'ai indiqué plus haut, l'existence d'un équilibre populationnel, dans lequel « le nombre de décès dans une population est égal au nombre de naissances ».

Avec la limitation exposée ci-dessus en tête, et en moyennant fortement des facteurs qui font que les conditions de vie en Suède diffèrent sensiblement de celles au Pakistan, au hasard, plusieurs spécialistes ont calculé voilà des dizaines d'années la capacité de charge maximale de notre planète en fonction des ressources de l'époque. Celle-ci s'élevait de 9 à 10 milliards d'individus, une valeur qui semblait encore valide dans les années 2010 (2). Ce chiffre doit cependant être modulé en fonction de la nature des prélèvements humains sur la planète. Ceux-ci semblent en effet sensiblement dépasser la capacité productive de la Terre. De plus, l'impact croissant du réchauffement climatique conduira sans aucun doute, par le biais de l'élévation du niveau des mers, de la réduction des surfaces arables et des rendements des cultures, à une limitation des ressources, donc à une révision de ce chiffre. Comme je l'indiquais, cette capacité de charge dépend de nombreux facteurs, et entre autres la façon dont sont utilisées les ressources. Une étude de CJ. Peters et collaborateurs (3), publiée en 2016, évaluait la capacité de charge du territoire des USA en fonction de 10 régimes alimentaires différents. Elle montrait qu'un régime végan strict mais respectant les critères d'apports journaliers nécessaires, permettrait de nourrir 735 millions d'Etat-Uniens, contre 400 millions en conservant le régime actuel. Une autre étude publiée deux ans plus tard (4) confirmait que si toute la population américaine passait à un régime alimentaire végan, il serait alors possible de nourrir 350 millions de citoyens US en sus. Je ne dis pas ici qu'il faut devenir végétarien ou adepte du véganisme, ce que je ne suis pas d'ailleurs. Je souhaitais simplement montrer au travers de ces données que la capacité de charge d'un environnement donné dépend fortement du type et du mode d'utilisation des ressources.

La capacité de charge de notre planète n'est donc pas un chiffre intangible, fixé une fois pour toute, d'autant que le pic d'accroissement de la population humaine a été atteint dans les années 60 avec un taux de 2,2 % (voir illustration). Depuis cette date, nous sommes passé à 1,5% au début des années 90, puis à 1% actuellement, ce qui signifie que la croissance globale de la population se ralentit. Il n'est donc pas impossible, et je pense qu'il est en fait assez probable, que ce taux deviendra négatif au cours de ce siècle, entraînant une diminution de la population mondiale. La question est de savoir quand elle interviendra. Celle-ci reste débattue mais plusieurs évaluations estiment qu'elle pourrait être notable dès le milieu du XXIe siècle. Si je me fie à la page Wikipédia sur le sujet, la population mondiale pourrait se limiter à 9 milliards et quelques d'individus, puis redescendre autour de 4 à 8 milliards selon les scénarios (5). Ce serait une excellente nouvelle pour la planète, à mon avis, dans l'hypothèse ou aucune catastrophe d'origine anthropique ou non, affecterait cette estimation.


Références :

1. Capacité de charge. Wikipédia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Capacit%C3%A9_porteuse

2. N .Wolchover. How Many People Can Earth Support? Livescience.Com; Live Science, Novembre 2011.

3. CJ Peters et coll. Carrying capacity of U.S. agricultural land: Ten diet scenarios. Elem. Sci. Anthr. 4, 000116 (2016).

4. Alon Shepon et coll. The opportunity cost of animal based diets exceeds all food losses. Proc. Natl. Acad. Sci. 115:3804-3809 (2018).

5. Population mondiale. Wikipédia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale



Crédit illustration :   

Image tirée de la référence 5, ci-dessus.
Les valeurs indiquées sont les taux d'acroissement en rouge, et le nombre d'individus « gagnés » en un an en gris.