Notre commune a été touchée voilà peu par des inondations importantes liées à des évènements pluviométriques majeurs. Je suis, bien entendu, profondément désolé pour les Forgeois qui ont du subir ces évènements, sans aucun doute traumatisants. Pendant quelques années, je me suis occupé de cette problématique, et je donne ici quelques pistes pour tout d’abord expliquer et tenter de limiter les impacts de tels évènements sur les biens et les personnes.
Dans notre commune, plusieurs secteurs sont soumis au risque inondation, en sachant qu’il s’agit le plus souvent de ruissellements et non pas de débordements de cours d’eau. Je liste ici les principaux secteurs affectés, d’autres pouvant l‘être de façon plus modérée. D’est en ouest, le premier secteur touché est celui des rues d’Adélaïau et de Launay, particulièrement autour de la ferme d’Adélaïau. L’origine du flux se trouve dans le bassin agricole des graviers situé au sud parcouru par le chemin rural (CR) n°10. Il se déverse de façon marquée rue d’Adélaïau pour rejoindre le cours du Petit Muce. Le second secteur affecté est le bas de la rue du jeu de paume, coté château de Pivot. Malgré les importants travaux réalisés, lors de fortes pluies, comme celles que nous avons connues voilà peu, le carrefour dit de Pivot peut voir s’accumuler de quelques centimètres à presque 40 cm d’eau entrainant la coupure de la RD 152. Il s’agit là aussi de volumes d’eau provenant principalement des champs de la côte de Pivot. Autre secteur touché, la rue du ruisseau avec des arrivées d’eau en provenance également de la zone agricole dite de la Vallée Maréchal et du Douaire. Plusieurs maisons ont été inondées y compris rue des sources, l’eau provenant du même secteur mais dans se dirigeant sur une autre pente. Ensuite nous trouvons le secteur de la rue du Général Leclerc. Normalement, ce secteur ne devrait plus subir de trop fortes arrivées d’eau car les bassins de rétention situés au golf ont été agrandis. Malheureusement, lors des derniers évènements pluvieux, un incident que je relaterai plus loin s’est produit qui aurait pu avoir des conséquences très graves. Ce secteur a donc à nouveau été inondé de façon sensible. Dernier secteur particulièrement touché, le bas du hameau de Malassis, au niveau de la rue de la gloriette et de la RD 988. Dans cas, il s’agit à la fois de ruissellement en provenance de la côte des morts et du bois du Cormier, et du débordement du ru de la Gloriette (aussi appelé ruisseau Blin ou Blain). Là également, les volumes d’eau sont importants d’autant que la pluviométrie a été exceptionnelle depuis 2 mois. Lors des deux derniers évènement pluvieux, ce sont 40 et 80 mm d’eau qui sont tombés en quelques heures, au plus en une demi-journée, soit l’équivalent d’un puis de deux mois de pluie pour la région parisienne. Le tout s’est produit sur des sols gorgés d’eau, avec des espaces agricoles et forestiers qui n’absorbent plus, avec les effets que l’on connait.
Diverses causes ont rendu les conséquences des pluies récentes plus marquées. La première a été une fissure apparue dans le bassin de rétention du golf qui a libéré une lame d’eau importante. Ceci aurait pu être bien plus volumineuse si le merlon avait complètement cédé. L’effet de la rupture a été la production d’un événement de type « vague » qui a parcouru une partie de la rue du Général Leclerc. Ce qui est inquiétant dans cette histoire est que la rupture partielle du bassin s’est produite sur la partie haute du merlon, indiquant qu’il a été soumis à une pression d’eau forte correspondant à un remplissage trop important, probablement au-delà des limites opérationnelles. De ce que je me rappelle, ce bassin capte à la fois les eaux en provenance du Petit Muce via un ouvrage écrêteur, mais aussi celles descendant de Chardonnet par la rue Saint Jean. Tel que conçu à l’origine, il alimente « à contre sens » le second bassin, qui se situe à son côté mais en direction du hameau du Parc. Or il se trouve que ce bassin est resté quasiment vide ces derniers temps, suggérant que la communication entre les deux ne fonctionne pas, ou pas de façon optimale. L’ouvrage est sous le contrôle du syndicat de l’Orge, depuis que le SIHA, précédemment gestionnaire a rejoint ce syndicat. Ce dernier ne peut cependant avoir l’œil partout, et lorsque nous étions élus, nous nous chargions d’alerter le syndicat sur les travaux à faire ou les dysfonctionnements constatés. J’ignore si l’équipe municipale en place assure ce rôle de surveillance, directement ou via les services techniques, mais j’avoue ne jamais avoir vu qui que ce soit sur ces bassins ou sur d’autres bassins de rétention. J’ajoute aussi que, malgré mes indications répétées en mairie concernant les bassins du pré au chevaux, la réaction municipale a été plus que très lente… Je reste donc dubitatif sur l’engagement communal en regard de la problématique eau de surface. Ceci est d’autant plus navrant que lorsque nous étions élus, des membres proches de cette équipe avaient pollué les réseaux sociaux autour de la soi-disant inaction de notre équipe. J’en rigolerais doucement si la sécurité des biens et des personnes n’était pas menacée dans ce dossier.
La problématique de l’eau est en réalité très complexe. Ainsi, de nombreux intervenants qui ne connaissent pas forcément le territoire, sont parties prenantes. Je pense en particulier à certains services de l’Etat qui réagissent strictement selon les textes de lois, sans se rendre compte que, parfois, le mieux est l’ennemi du bien. Il serait en effet bon de laisser un peu plus d’autonomie aux acteurs de terrain, pour autant – et je le soulignais plus haut - que ceux-ci souhaitent d’impliquer. Par ailleurs, les jeux d’acteurs locaux peuvent ne pas simplifier la donne. J’avais ainsi proposé d’approfondir légèrement un des bassins de rétention de la commune, celui de la rue Alice Millat, au motif que lors d’événements très intenses, celui-ci était plein à ras bord, puis débordait sur la route. Des proches de l’actuelle équipe municipale m’avaient alors menacé - avaient menacé la commune devrais-je plutôt écrire - de poursuites en justice administrative si une modification du bassin était effectuée. Pourtant celle-ci n’aurait pas changé la nature de la zone humide, ni dans 99% des cas, pas modifié la façon dont les eaux étaient interceptées puis rendues au milieu naturel, mais cela aurait empêché tous les débordements liés aux évènements de fortes intensités… De même, nous avions pensé créer des fossés à redents comme celui implémenté le long de la descente de Pivot, à deux endroits de la commune, pour limiter la vitesse d’écoulement des eaux dans ces secteurs pentus. Là aussi, ces projets ont été rendus impossibles par des actions sur les réseaux sociaux, soit d’opposants politiques, soit de personnes défendant des intérêts particuliers et non pas l’intérêt général… Et à Forges, dans ce dossier et depuis 4 ans, il ne s’est rien passé !
Enfin, la multiplicité des acteurs peut dans certains faire que, paradoxalement, personne ne fait rien. C’est le cas du ru de la Gloriette dans le secteur de Malassis, qui, à l’époque où j’étais élu, ne figurait pas dans la liste des cours d’eau gérés par le SIHA. De par ses statuts, ce syndicat s’occupait en effet de la Prédecelle et de ses affluents. Or la Gloriette est un affluent de la Rémarde. Ce ru devait donc a priori être géré par le syndicat en charge de la Rémarde amont sauf que… Sauf que ce syndicat ne s’occupait pas du ru dans le secteur Limours / Forges, ces deux communes étant non membres du syndicat car situées dans l’Essonne, et pas dans les Yvelines où la Gloriette rejoint la Rémarde ! Kafkaien ! J’avais alors contacté des élus de Pecqueuse et de Limours pour qu’ils prennent en charge l’entretien du ru de la Gloriette dans sa partie haute. J’avais également contacté l’UTD91 en charge de l’entretien des routes départementales pour l’entretien des fossés situés le long de la RD 988, sans autre succès qu’une écoute polie mais totalement inefficace. Le problème de ruissellement concernant Forges, certains dans ces services et communes voisines devaient se dire qu’après eux, le déluge… pour Forges ! Un poil énervé par la passivité ambiante, j’avais alors demandé aux services techniques de notre commune d’intervenir sous ma responsabilité sur le ru de la Gloriette et sur le fossé le long de la départementale pour un nettoyage en profondeur, ce qui avait réglé les problèmes pendant des mois, voire des années. Je ne sais pas où en est la résolution de ce problème aujourd’hui ; je ne sais même pas si dans son habituel dilettantisme, l’actuelle municipalité s’en est jusque-là soucié. Les riverains pourront lui poser la question, à l’occasion…
D’une façon plus générale que pouvons-nous faire ? Plusieurs réponses ici, à différents niveaux, aucune n’étant suffisante où pleinement satisfaisante. Tout d’abord il est certain que pendant des années les communes ont autorisé des constructions dans les lits majeurs de certains cours d’eau. À Forges, comme je l’explique dans cet article, notre problématique est plutôt celle des ruissellements. Pour faire face à ceux-ci nous avons imposé le captage des eaux et la ré-infiltration à la parcelle. Nous avons aussi envisagé dans un futur PLU d’interdire systématiquement la création de sous-sols et d’installer les bâtis sur des promontoires situés à 30/40 cm au-dessus du niveau de référence du sol voisin . En intercommunalité, ou avec les aménageurs, nous avons créé plusieurs bassins de rétention. Nous avons aussi, au niveau communal, amélioré la captation des eaux de pluie par la création d’avaloirs de grandes dimensions. Par ailleurs, je ne saurais trop recommander à certains particuliers habitant des logements à risque de s’équiper eux-mêmes de barrière anti-inondation. Certaines sont disponibles à des prix très raisonnables et elles seraient sans aucun doute très efficaces, particulièrement en regard de la problématique forgeoise. Tout cela ne suffira pas cependant tant que nous et nos politiques n’auront pas pris la mesure des changements globaux en cours, de la nécessaire transition environnementale. Celle-ci implique sans aucun doute un changement majeur de société, à l’heure où il est désolant de voir l’inaction de nos dirigeants dont certains vont jusqu’à nier l’existence même d’une urgence climatique.
Crédit illustrations
Documents personnels :
- Les zones de ruissellements majeurs
- Fissure sur le bassin du golf
1 commentaire:
Je ne sais si vous étiez présent à la réunion, mais la mairie nous a dit qu'elle ne nous aiderait pas pour le problème d'inondation au delà de la demande de catastrophe naturelle. C'est débrouillez vous tout seuls !
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