M. Emmanuel Macron vient donc d'être élu à la présidence de la République. Les commentaires politiques sur cette élection très particulière ont été nombreux et il ne me semble pas nécessaire de revenir longtemps sur ceux-ci, au niveau national. Il reste néanmoins intéressant de regarder quels ont été les résultats de ce second tour dans les communes de la CCPL.
Je m'appuie pour cette analyse sur les documents que m'a envoyés M. Bernard Morin, élu de la minorité à Limours. La première analyse que l'on peut proposer est la comparaison des résultats obtenus par la candidate du RN, Mme Marine Le Pen, et du candidat de LREM, M. Emmanuel Macron, au niveau national et au niveau local. En France, le résultat final de ce second tour montre que 58,5% suffrages exprimés se sont portés sur M. E. Macron et 41,5% sur Mme M. Le Pen. L'abstention s'est élevée à 28% des inscrits, et les votes blancs et nuls à 8,6%. Si l'on exprime les résultats obtenus par les deux candidats non plus en pourcentage des suffrages exprimés mais en pourcentage des inscrits, les résultats deviennent alors 38,5% pour M. E. Macron, 27,3% pour Mme M. Le Pen et 6,2% pour les blancs et nuls. Sachant que plus de 40% des personnes ayant voté pour M. E. Macron l'ont fait « pour faire barrage à l'extrême droite » (1), il ressort que l'adhésion aux propositions du nouveau président de la République n'est le fait que d'environ 22% de la population nationale en âge de voter. C'est très faible, mais cela ne retire rien à la légitimité de l'élection. Le président réélu semble en avoir pris conscience, déclarant « Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Ce vote m’oblige pour les années à venir » (1). Reste à voir combien de temps cette évidence restera dans son esprit et également dans celui de ses proches. Il est en effet utile de rappeler que ce 25 avril, c'est à dire dès le lendemain de l'élection, M. Bruno Le Maire n'excluait pas un recours au 49.3 pour faire passer en force la loi modifiant les conditions d'accès à la retraite (2). L'inquiétude est donc légitime.
Au niveau départemental, l'Essonne avait porté M. Jean-Luc Mélenchon en tête des candidats au premier tour. Le score de ce dernier a sans aucun doute résulté des votes majoritaires dont il a bénéficié dans des communes considérées comme défavorisées, et fortement peuplées. Les communes plus « riches », c'est à dire - et pour « faire simple » - celles du nord-ouest et de l'ouest du département, ont voté pour le nouveau président. Dans nombre d'entre elles, cependant, M. J.-L. Mélenchon est arrivé juste derrière M. Emmanuel Macron. Le score de Mme. M. Le Pen résulte de votes préférentiels, voire majoritaires pour elle, dans les communes très rurales du sud et sud-est de l'Essonne. On retrouve cette division géographique, pour ne pas dire ce clivage, dans les résultats du second tour, les communes du sud ayant assez systématiquement placé Mme M. Le Pen devant M. E. Macron. En termes de pourcentages, le score de M. E. Macron dans l'Essonne est sensiblement supérieur à celui qu'il a obtenu au niveau national, à savoir 65,5% des suffrages exprimés. L'abstention dans le département est à peine plus élevée qu'au niveau national, représentant 29,3% des inscrits. Quant aux votes blancs et nuls, ils sont comparables mais légèrement en retrait de ceux observés sur la France entière, atteignant 7,5%. L'ensemble abstention plus blancs et nuls est, lui, tout à fait comparable en Essonne aux valeurs nationales, soit respectivement 37,8% et 36,6% des inscrits.
Au niveau de la CCPL, les communes où l'abstention a été la plus marquée sont Gometz-la-Ville (abstention : 24,5%) et Courson (23,5%), et celles où l'on a le plus voté, Janvry (abstention : 15,6%) et Boullay (15,9%). La moyenne de la CCPL est de 21,3% d'abstention, très inférieure aux valeurs départementale (29,3%) et nationale (28%). On peut également agréger abstention, blancs et nuls, ce permet de repérer les communes qui ont le plus exprimé de suffrages pour l'une ou l'autre des candidats. Dans ce cas, on retrouve Janvry et Boullay en tête, où, respectivement, 78,4% et 75,1% des inscrits ont exprimé un choix. A l'inverse, les communes les plus « taiseuses » ont été Courson, et ex-aequo Gometz et Briis, où respectivement, 66,6% et 68,3% des inscrits n'ont pas exprimé un choix. M. E. Macron réalise ses meilleurs scores Aux Molières, comme au premier tour d'ailleurs, avec 78% des suffrages exprimés, puis à Boullay avec 76,3% et à Gometz (75,3%). Ses moins bon scores sont observés à Angervilliers (57,3%), à Vaugrigneuse (57,5%) puis à Courson (59,6%). Les scores de Madame Le Pen sont bien entendu les compléments par rapport à 100, ces dernières valeurs étant comptabilisées en suffrages exprimés. Enfin, c'est à Forges-Les-Bains que les résultats de ce second tour sont les plus semblables à ceux enregistrés sur la totalité de la CCPL, avec une abstention de 22,5% (CCPL : 21,3%), non exprimés (abstention + blancs+ nuls) de 30,4% (CCPL 29,4%) et un vote pour M. E. Macron à hauteur de 67,5% (CCPL 68,4%).
Ces résultats confirment en grande partie les résultats du premier tour, avec un vote pour Mme. M. Le Pen plus marqué dans les communes rurales du sud de notre territoire. La ruralité n'est sans doute pas le seul facteur explicatif. On peut ainsi considérer que ces différences assez sensibles entre communes du nord (Gometz, Boullay ou Les Molières) et du sud (Angervilliers et Vaugrigneuse) sont possiblement liées aux catégories socio-professionnelles qui caractérisent la population de chacune d'entre elles. La comparaison du coût de l'immobilier dans ces communes est d'ailleurs possiblement significative. Pour un logement individuel, il varie de 2600 euros/m2 à Angervilliers et Vaugrigneuse à 3400 euros/m2 aux Molières et 3500 euros/m2 à Gometz (selon 3). Comme dans bien d'autres régions de France, il semble y avoir une corrélation entre vote pour Mme M. Le Pen et coût de l'immobilier, ce dernier point traduisant probablement les différences de catégories socio-professionnelles que j'évoquais plus haut. En ce sens, le « microcosme CCPL » apparaît bien comme une zone de transition entre les territoires nord et sud de l'Essonne.
Références :
1. Luc Chemla. Présidentielle : 42% des électeurs d'Emmanuel Macron ont voté pour lui pour faire barrage à Marine Le Pen. France-Inter politique. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.franceinter.fr/politique/presidentielle-42-des-electeurs-d-emmanuel-macron-ont-vote-pour-lui-pour-faire-barrage-a-marine-le-pen
2. Anonyme. Retraites : Le Maire n’exclut pas un recours au 49-3, Mélenchon et Roussel vent debout. Le Parisien. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.leparisien.fr/politique/retraites-le-maire-nexclut-pas-un-recours-au-49-3-melenchon-et-roussel-vent-debout-25-04-2022-34NY7CXGEBF45GP4VRD6PDB4UY.php
3. Selon le site meilleurs agents.com
Consultable en ligne :
https://www.meilleursagents.com/prix-immobilier/essonne-91/
Crédit illustration :
Fichier de M. B. Morin
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