mardi 19 avril 2022

LE PREMIER TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE DANS LES COMMUNES DE LA CCPL



Rendons à César ce qui appartient à César ! M. Baptiste Bonnet est élu à Forges comme conseiller municipal, de l'opposition. Il m'a fait parvenir récemment un fichier « excel » dans lequel il a compilé les données des votes au premier tour de l'élection présidentielle, pour toutes les communes de la CCPL et m'a autorisé à en détailler les résultats sur mon blog.

Les données transmises ne prennent en compte que les suffrages exprimés. Je me suis néanmoins intéressé en premier lieu au taux abstention, disponible sur le site du ministère de l'intérieur. Pour la France, ce taux est d'environ 26%, ce qui représente le deuxième taux le plus élevé pour un premier tour d'une présidentielle depuis le début de la Ve République. Seule l'élection de 2002 avait connu un taux supérieur. Dans la CCPL, l'abstention varie de 14 à 21% (valeurs arrondies) selon les communes, avec une moyenne à 18% environ, une valeur assez sensiblement inférieure à la valeur moyenne observée en France pour ce premier tour. Les communes où cette abstention a été la plus forte ont été Briis-sous-Forges et Fontenay-Lès-Briis, et celles où la participation a été la plus élevée, Saint-Jean-de-Beauregard et Gometz-la-Ville.

Sur la totalité de la CCPL, les trois candidats arrivés « en tête» sont : M. Emmanuel Macron, 34,9%, suivi de M. Jean-Luc Mélenchon, 17,7% et Mme. Marine Le Pen; 17,4%. Ce trio est suivi par un autre trio dont les scores sont proches : Mme. Valérie Pécresse, 6,8%, M. Eric Zemmour, 6,6% et M. Yannick Jadot, 6,4%. Tous les autres candidats sont crédités de scores au dessous de 3%.  Globalement, au niveau de la CCPL, on a donc voté à peu près comme le reste de la France. Cependant, si on regarde de façon fine, on peut observer dans nos communes une sur-représentation du « vote Macron» et une sous-représentation des votes Mélenchon et Le Pen, dont les scores restent, comme au niveau national assez voisins.

Bien que d'interprétation difficile, il peut être intéressant de regarder s'il existe des différences notables entre chacune des communes de la CCPL. Commençons par celles où les candidats ont fait leur meilleur score. M. Emmanuel Macron a obtenu son meilleur résultat aux Molières (arrondi à 42%), puis à Gometz la Ville (40%), puis à Boullay (38%). M. Jean-Luc Mélenchon a fait de même à St.-Jean-de-B. (arrondi à 26%), Briis (21%) et Limours (20%). Ces « bons » scores dans deux des communes les plus peuplées de la CCPL expliquent en partie le résultat final de ce candidat sur la CCPL, car ils « tirent »  la statistique vers le haut. Mme Marine Le Pen a, quant à elle, mieux réussi à Angervilliers (27%), Vaugrigneuse (25%) et Fontenay-Lès-Briis (24%). Ces résultats, dans des communes moins peuplées de la CCPL, expliquent le fait qu'elle soit arrivée en 3ème position sur l'ensemble du territoire. On peut également regarder à quels endroits les candidats du trio de tête ont fait leur moins bon score. Pour M. Emmanuel Macron, c'est à Saint-Jean-de-Beauregard (28%), pour M. Jean-Luc Mélenchon, c'est à Pecqueuse (12%) et pour Mme Le Pen, c'est aux Molières (10%). L'analyse de ces scores à Saint-Jean comme à Pecqueuse doit être très prudente, ceux-ci pouvant être biaisés compte tenu du fait que ces communes sont à faible effectif. Une petite variation du nombre de voix peut dès lors entraîner un effet important en pourcentage sans que celui-ci ne soit réellement significatif.

En lien, et comme je l'indiquais plus haut, l'exploitation de ces résultats et leur interprétation restent difficiles, et les explications proposées peuvent donc être erronées. Tout au plus, je me risquerai à des constatations et des hypothèses. Je reprends la constatation explicitée plus haut concernant la sur-représentation du « vote Macron » et la sous-représentation des votes Mélenchon et Le Pen. Mon hypothèse explicative est la typologie sociale des habitants des communes de la CCPL. En globalité, ceux-ci appartiennent plutôt aux classes moyennes supérieures, voires supérieures, classes qui votent plus pour M. Emmanuel Macron que d'autres. Dans ces catégories, le vote « globalement protestataire » en faveur de Mme Marine Le Pen ou de M. Jean-Luc Mélenchon (même si ces candidats ne recueillent pas uniquement ce type de votes) est moins fréquent. En lien, un des représentants des forces de l'ordre me disait voilà quelques mois que cette typologie sociale expliquait sans doute en grande partie pourquoi la région n'avait pas vu beaucoup de gilets jaunes sur les ronds-points... Deuxième constat, Mme Marine Le Pen recueille les plus forts pourcentages de suffrages dans les communes du sud de la CCPL, à l'exception de Fontenay-Lès-Briis. Je n'ai pas d'explication précise relative au « bon » résultat de cette candidate dans cette commune, mais il faut cependant le relativiser. Il reste en effet très voisin du score qu'elle a obtenu au niveau national. La sur-représentation du « vote Le Pen » à Vaugrigneuse et Angervilliers est, elle, à considérer dans une vision plus globale, départementale, où l'on observe que le vote pour cette candidate est très caractéristique du sud-Essonne, plus rural que le nord. Ainsi, Mme Marine Le Pen est arrivée en tête dans la quasi-totalité des communes du sud de notre département avec des scores de 35% des suffrages à Arrancourt ou à Pussay par exemple. Cette même vision départementale est également à prendre en compte pour le « vote Mélenchon ». Rappelons que ce candidat est arrivé en tête en Essonne, avec plus de 28,1% des voix, juste devant M. Emmanuel Macron (27,6%). Ce « bon » résultat de M. Jean-Luc Mélenchon provient majoritairement des ses scores élevés dans les communes très peuplées et/ou pour certaines défavorisées. Il obtient ainsi 57% des voix à Grigny, 50% à Evry, 46% des voix aux Ulis, et 41% à Fleury-Mérogis. Néanmoins, ses résultats dans l'Essonne s'expliquent aussi par le fait qu'il est arrivé deuxième derrière M. Emmanuel Macron dans bon nombre de communes du département, également peuplées. Hypothèse : ces suffrages ne correspondraient pas à un vote protestataire mais possiblement davantage, soit à un vote dit « utile », soit à un vote d'adhésion, émanant d'Essonniens appartenant aux catégories professionnelles intellectuelles (enseignants, universitaires, chercheurs, cadres intermédiaires du privé). En accord, le « vote Mélenchon » est sensible dans des communes proches du plateau de Saclay, telles que Palaiseau, Orsay, Bures, Gometz-La-Ville, et même Gif-sur-Yvette. Dans le secteur de la CCPL, il est possible que l'effet « plateau de Saclay » que j'évoque plus haut se soit aussi fait sentir, à Limours comme à Briis-sous-Forges.

Il reste bien entendu le second tour pour départager les deux candidats arrivés en tête. Au delà du résultat, il sera, là aussi, intéressant de suivre la répartition des votes par communes, au niveau de la CCPL, comme au niveau départemental.


Crédit illustration :

Baptiste Bonnet. Extrait Tableur Excel.

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