vendredi 20 août 2021

QUINZE LOGEMENTS A L’HECTARE EN CENTRE BOURG ? VRAIMENT ?



Voici une information que j’ai laissé passer. La commune souhaite clairement limiter les divisions des terrains des particuliers à Forges. Officiellement, ces divisions seraient responsables d’une partie des problèmes d’inondations que nous connaissons par fortes pluies. Sauf que l’argument est infondé et sauf que derrière cette volonté se cachent des motivations qui pourraient être plus troubles qu’évoquées.

Lors d’un des derniers conseils municipaux, la municipalité a annoncé vouloir réduire le nombre de logements à l’hectare à quinze pour les raisons que j’expliquais plus haut. Autant ce chiffre pourrait être envisageable en limite de zone bâties par exemple dans les hameaux (et encore), autant ce chiffre est totalement irréaliste pour les secteurs les plus denses de notre commune.

Il faut en effet savoir que le plan local d’urbanisme (PLU) qui définit les zones urbanistiques et les règles qui s’y appliquent n’est pas, contrairement à ce que pensent certains, le document majeur d’urbanisme à Forges. Le PLU de la commune doit en effet être conforme à deux documents d’urbanisme supérieurs, le schéma directeur de la région Ile de France (SDRIF) et le plan de Parc, puisque Forges est membre du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse. Or les règles du SDRIF comme celles du PNR sont clairement incompatibles avec une sous-densification du bâti en centre ville. Ainsi, les recommandations du PNR se situent entre 20 et 90 logements à l’hectare, 20 plutôt en limite de zone construite et 90 dans les zones denses du centre des bourgs, et le dernier SDRIF de 2013 prévoyait une densification de 10% pour la commune de Forges à l’horizon 2030, soit un accroissement de population estimé à 650 habitants. Je rappelle aussi que ces dispositions sont conformes au schéma régional de l’habitat et de l’hébergement, validé par la CCPL en 2017.

Densifier les centres bourgs procède d’une logique réelle dont le premier objectif est - à mon sens - de prévenir la consommation d’espaces naturels, voire le mitage urbain. Nous avons besoin de champs pour produire notre nourriture et nous avons besoin de forêts pour produire les matériaux de construction et de chauffage, même si l’intérêt des forêts ne se limite pas à cela. Outre les considérations ludiques, la forêt comme les zones de culture contribuent aussi à la fixation du CO2, pour autant qu’une gestion forestière soit mise en place. Si Forges peut se féliciter d’avoir conservé presque 85% de sa surface en « zones vertes », c’est bien parce que les municipalités qui se sont succédé depuis 20 ans ont toutes densifié les zones déjà urbanisées ou urbanisables des centres, sans ouvrir de larges espaces naturels à la construction, que cela ait plu ou non d’ailleurs à quelques esprits chagrins.

Sans être grand clerc, il suffit de regarder le SDRIF et le plan de parc pour réaliser qu’un projet de révision de PLU proposant 15 logements à l’hectare en zone dense sera très probablement retoqué par les services déconcentrés de l’Etat.
Alors pourquoi proposer un tel projet, d’autant que ces divisions ne sont pas responsables des ruissellements qui affectent Forges, la plupart ayant une origine agricole, et les eaux pluviales des nouvelles constructions devant être traitées à la parcelle ? Je n’ose envisager le fait que les actuels élus pensent réellement que ce projet passera. Il reste donc deux possibilités. La première est que ce projet vise à satisfaire un certain nombre de Forgeois remontés contre le soi-disant bétonnage de la commune, mais dont certains ont pourtant profité de divisions pour s’installer. J’inclus dans ce dernier groupe des élus actuels qui, eux, n’ont pas hésité à diviser leur terrain ou à profiter de telles opérations, ou de lotissements, pour construire leur logement ! La seconde, compatible avec la première, est que ces divisions permettent à des familles moins fortunées, dont des primo-accédants, de s’installer à Forges. Et cette population, comme celle occupant les logements sociaux, ne semble pas toujours très « bien vue » par la municipalité qui préférerait sans doute un entre-soi plus conforme à sa mentalité centrée sur le « il-faut-que-rien-ne-bouge »... Dans ces conditions, effectivement, qu’importe si un PLU à 15 logements par hectare est irréaliste et retoqué. L’actuelle municipalité pourra toujours en rejeter la faute sur le préfet ou l’Etat qui apparaîtront comme les « méchants » de l’histoire...



Crédit illustration :

City&you. Qu'est-ce-que le PLU ?



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