Comme les lecteurs du blog le savent, j'ai conservé une fonction à la régie publique Eau Ouest Essonne, participant au Conseil d'Exploitation. Cela me permet de proposer et de suivre les grandes orientations de la régie, orientations dont le choix reste bien sûr du seul ressort des délégués communaux réunis en conseil syndical. Je donne dans cet article quelques nouvelles plutôt satisfaisantes de la régie intercommunale.
Première bonne nouvelle, malgré la sécheresse de l'été que nous avons connue, la fourniture d'eau a pu être maintenue grâce au travail des agents d'Eau Ouest Essonne. Cependant, la situation a été tendue sur les captages de Saint-Maurice-Montcouronne, à la fois en raison de la baisse du niveau de la nappe, mais aussi en raison de certaines limitations techniques des systèmes de pompage. Néanmoins, le déficit en eau a pu être aisément compensé via l'interconnexion avec le réseau en provenance de l'usine de potabilisation des eaux de l'Essonne, située à Itteville. Parmi les priorités de la régie, le remplacement de ces captages est donc prioritaire, un processus s'inscrivant dans une démarche de sécurisation des approvisionnements engagée depuis plusieurs mois.
Deuxième bonne nouvelle, depuis quelques jours, grâce à une pluviométrie favorable, à un rafraîchisement, et au ralentissement de la photosynthèse des arbres, le niveau de la nappe de Saint-Maurice remonte doucement. Il me semble intéressant de préciser ici que le fait que les pluies d'orage de l'été ou de fin d'été, apportant pourtant beaucoup d'eau, ne rechargent pas les nappes est lié à plusieurs phénomènes. Tout d'abord elles se produisent souvent sur un sol sec et généralement (très) compact sur les parcelles agricoles exploitées de façon conventionnelle. Elles ne pénètrent donc pas le sol et ne percolent pas, générant des ruissellements importants. Deuxièmement, la partie de l'eau qui pénétrerait est très rapidement évaporée par la végétation, un phénomène appelé évapo-transporation. Celui-ci permet aux plantes, entre autres, de tolérer les élévations de températures et de résister aux chaleurs de cette saison. On estime que plus de 95% de l'eau absorbée par les racines est « transpirée » par un arbre. À titre d'illustration, un hectare de forêt (soit grosso modo la surface d'un terrain de football) en région parisienne évapore en moyenne 30 tonnes d'eau par jour, soit 30 m3.
Troisième bonne nouvelle, justifiant le titre original de l'article, la régie lance un programme de détection de fuites en zones agricoles. Il existe plusieurs moyens de rechercher des fuites sur un réseau d'eau potable. Là où le réseau est directement accessible (via des bouches à clef, des vannes, etc.), on peut procéder à une écoute acoustique. Toute fuite d'eau provoque en effet un bruit, plus ou moins aigu ou grave selon l'intensité de la perte d'eau. En utilisant deux capteurs encadrant la zone fuyarde, on peut aussi détecter avec précision la localisation exacte de la fuite. Ces techniques restent cependant difficiles à mettre en oeuvre en zone où les canalisations sont non accessibles, par exemple en zone rurale, où ces tuyaux peuvent être profondément enterrés. Pour traiter ces zones, la régie va avoir recourt à des chiens dressés à la détection du chlore. Ce chlore est ajouté à l'eau potable au niveau du captage, pour en assurer la potabilisation biologique. Cette technique a déjà été utilisée par une entreprise privée avec succès mais Eau Ouest Essonne sera la première régie en France a avoir recours à des chiens spécialement dressés pour ce travail. Celui-ci ne peut être réalisé que hors périodes de fortes chaleurs, le chlore s'évaporant trop vite et la chaleur perturbant les animaux. Il est possible d'explorer 2 km de canalisation par heure. C'est un chiffre très significatif, d'autant qu'il repose sur la mise en oeuvre d'une technique non destructive, et plutôt respectueuse de l'environ-nement. L’expérience se déroulera dans les secteurs de Fontenay-lès-Briis et de Forges-les-Bains fin novembre 2022.
Le savoir-faire de la régie fait que des communes de plus en plus éloignées du « centre historique » envisagent d'avoir recours aux services de la régie, parfois pour gérer une délégation de service publique, parfois pour rejoindre la régie directement. Cette bonne réputation et ce savoir-faire sont d'ailleurs arrivés jusqu'aux oreilles de M. le Sous-Préfet d'Etampes, qui visitera les installations de la Régie prochainement, des captages aux systèmes de télésurveillance et de relève. Il s'agit à mon sens d'une vraie reconnaissance du travail fait par les personnels et les élus pour mettre en place un service public de l'eau potable.
Crédit illustration :
Photo de Lorenzooooo
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