mardi 20 juin 2023

HISTOIRE D'EAU !

 Compteur débitmètre pression poteau incendie DN100

La régie Eau Ouest Essonne a reçu ce jour quelques appels d’abonnés au sujet de baisses de pression. La responsabilité en incombe à la commune de Forges Les Bains qui a tout simplement procédé à des pesées d’hydrants, c’est-à-dire des essais de fonctionnement de poteaux incendie…

Plusieurs appels ce jour, donc, pour signaler des baisses de pression sur le réseau d‘eau potable de notre commune. Ceux-ci ont été dus à des essais de fonctionnement des poteaux de défense incendie. Cependant l’opération mérite quelques explications complémentaires, d’autant qu’un des lecteur du blog me signale que des Forgeois se plaignent sur les réseaux sociaux de fuites sur leur réseau personnel depuis ces essais.

Sur le plan technique, les poteaux de défense incendie, aussi appelés hydrants, sont alimentés en direct et à gros débit par le réseau d’eau potable de la commune. Ce même réseau dessert également nos habitations. Diverses personnes m’ont indiqué qu’elles trouvaient absurde d’utiliser de l’eau potable pour cela. Je comprends, mais leur réponds qu’il est déjà très couteux d’entretenir un réseau, et qu’il serait dispendieux d’en entretenir deux. De plus, et heureusement, ces poteaux servent peu fréquemment et la consommation d’eau potable qu’ils génèrent est négligeable annuellement, sauf incident ou utilisation abusive.

La réglementation impose diverses mesures quant à ces poteaux, la plus importante d’entre elle étant le débit. Celui-ci doit être a minima de 60 m3/heure, avec une capacité de maintien du flux pendant 2 heures, soit un débit approximatif d’environ 1 m3 (soit 1 000 litres)/minute ou 15 litres/seconde ! Pour cela, les hydrants sont installés sur des canalisations de 100 mm de diamètre au moins et ils ne peuvent se trouver munis de système de comptage volumétrique. La pression doit être au moins d’1 bar, ce qui permet de maintenir un « gonflage » suffisant des tuyaux des pompiers lorsqu’ils réalimentent leurs camions ou leurs pompes.

Il fait également savoir que ces poteaux sont mis à disposition des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) par les communes, qui sont chargées d’en vérifier le bon fonctionnement. S’agissant d’une opération technique, les communes la délèguent le plus souvent à des opérateurs privés. On parle de pesée car à l’origine on pesait l’eau qui sortait des tuyaux. La mesure se fait de façon plus moderne de nos jours avec un appareil toujours appelé pèse-bouche. Pour cela, l’opérateur, connecte au poteau en position fermé un tuyau de 100 mm relié au pèse-bouche, sa vanne de sortie étant fermée. Il ouvre ensuite très doucement la vanne de sortie du poteau, l’eau s’accumule alors sous pression dans le tuyau et dans le pèse-bouche. On mesure alors la pression en statique (sans écoulement d’eau). Il s’agit donc de la pression réseau : à Forges, elle est en moyenne de 4 à 6 bars de mémoire. Ensuite on ouvre toujours très doucement la vanne du pèse-bouche de sorte que la pression redescende. L’eau s’écoule donc par la vanne ouverte, et l’opérateur mesure ensuite le débit lorsque la pression atteint 1 bar. C’est ce débit dont la valeur doit être de 60 m3/heure. Il faut ensuite refermer lentement les vannes, l’opération étant terminée. Ce dispositif présente le grand intérêt de minimiser très fortement les pertes en eau lors des tests.

Tout le coup de main technique repose ici sur le savoir-faire de l’opérateur privé. Compte tenu des pressions en jeu et des débits, il est facile de comprendre que toute manipulation trop rapide des vannes entrainera des à-coups de pression forts dans le réseau, malgré les « hydrostabs », dispositifs destinés à réguler automatiquement les variations de pression pour autant que celles-ci ne soient pas trop brutales. Le fait que des abonnés aient noté des baisses de pression est possible lors de ces essais compte tenu, comme je l’écrivais ci-dessus, des variations de pression, et compte tenu du fait que le bourg de Forges, le hameau du Parc et dans une moindre mesure le hameau d’Ardillières se trouvent en « bout de réseau ». Le fait que des fuites semblent s’être produites provient cependant assez probablement d’une mauvaise manipulation lors des pesées. Ce sentiment est conforté par le fait qu’une légère augmentation de la turbidité et des traces d’oxyde fer ont pu être détectées en sortie de tuyau, démontrant indubitablement que ceux-ci ont été soumis à ces à-coups de pression marqués (note : l'eau reste potable !).

Par ailleurs, ces essais étant susceptibles de générer les problèmes rencontrés ce jour, il serait normal que la régie soit prévenue de leur réalisation, et il serait encore meilleur que la régie puisse soit assister, soit discuter avec les opérateurs privés de la façon de procéder. Les lecteurs du blog ne s’étonneront sans doute pas de savoir que la commune ne semble pas avoir prévenu la régie de l’intervention de l’opérateur privé.

Dernier point : l’opération de vérification étant du ressort de la municipalité, c’est donc sa responsabilité qui se trouve engagée, charge à elle de se retourner contre l’opérateur. J’incite donc tous les Forgeois qui auraient noté l’apparition de fuites à leur domicile, à contacter la mairie de Forges et je les mets en garde à l’avance contre un discours municipal qui renverrait à une pseudo-responsabilité de la régie publique.



Crédit illustration : 


Pèse Bouche Woltex, proposé par Hydrolys
https://www.hydrolys.fr/protection-incendie/2285-compteur-debitmetre-pression-poteau-incendie-dn100.html




dimanche 18 juin 2023

ÇA SE PASSE À FORGES, À L'ÉCOLE MATERNELLE




La saga des écoles se poursuit, avec un nouvel opus qui vaut son pesant de fraises Tagada ! Et qui démontre, une fois de plus, s‘il en était besoin, l’incompétence de certains de nos élus, et l’incroyable liberté que certains mêmes prennent avec les règlements…

J’ai été alerté, une de mes relations, voilà une dizaine de jours, du fait que l’école maternelle avait dû annuler la sortie de fin d’année, prévue autour le 23 juin, à l’espace Rambouillet. Motif : la mairie aurait tout simplement oublié de la budgéter ! Soyons très clair : si cela est vrai, et cela montre que la municipalité préfère budgéter la pose de caméras, ce qu’elle n’a pas oublié de faire, plutôt que de s’occuper de la sortie des gamins de Forges. Un mot aussi pour dire que j’ai du mal à croire que la mairie soit dans l’incapacité de trouver quelques centaines d’euros pour assurer cette sortie et d’effectuer rapidement une affectation au scolaire par un très court jeu d’écriture. En incidente, la caisse des écoles que la municipalité s’ingénie à faire disparaître aurait pu aussi servir à abonder cette sortie. Mais bon…

La saga ne s’arrête pas là. La dernière réunion du conseil d’école a également été le théâtre des débordements municipaux. Les représentants et les personnels de la municipalité se sont en effet présentés en force à la réunion. Ce ne sont pas moins de quatre élus et deux agents municipaux qui ont frappé à la porte, en contradiction totale avec les textes réglementaires. Pour information, le conseil d’école est placé sous la responsabilité de la directrice ou du directeur de l’école qui le préside et en fixe l’ordre du jour, selon les propositions adressées par les membres du conseil. Cet ordre du jour doit être diffusé aux membres du conseil huit jours avant la date de la réunion. L’éducation nationale fixe tout aussi clairement la composition et les règles de fonctionnement du conseil d’école. Sont membres de droit : le directeur de l'école, qui préside le conseil, l’ensemble des maîtres affectés à l'école (titulaires ou remplaçants), le maire, un conseiller municipal nommé par le conseil municipal, les représentants des parents d’élèves (autant qu’il y a de classes) et le délégué départemental de l'éducation chargé de visiter les écoles. Tous ont droit de vote. Des membres supplémentaires sans droit de vote peuvent participer : des personnes chargées d'activités sportives et culturelles, des participants aux actions de prévention et d'aide psychologique, l’équipe médicale scolaire, des assistantes sociales ou de ATSEM mais seulement dans la mesure où des sujets inscrits à l’ordre du jour les concernent. Toutes ces informations sont disponibles sur le site « service-public.fr ». Dans le cas de ce dernier conseil d’école, la mairie n’a même pas eu la correction de lui demander son accord. La directrice a alors rappelé aux représentants communaux que seuls deux élus devaient être présents, plus une des personnes présentes qui, elle, avait été invitée. Elle s’est heurtée à un refus des représentants de la commune, arguant du fait que les deux employés de la mairie étaient présents en lien avec leur connaissance de sujet de l’ordre du jour, et du fait que les autres personnes (donc deux élus) avaient le droit d’assister au conseil d’école. Évidemment, tout cela est faux. En l’espèce donc, la mairie s’est affranchie du respect de la réglementation. Je ne cesse de m’étonner de la façon dont ces élus forgeois semblent soit ignorer la loi, soit la connaître mais s’asseoir sur les textes de cadrage, alors que l’exemplarité devrait être une des lignes de conduite absolue des dits-élus, qui en ont fait une des valeurs de campagne. Il est vrai qu'à Forges, les promesses n'engagent que ceux qui les croient .

Au-delà de ces arguties juridiques, la mairie a prévenu les enseignantes et la directrice de travaux prévus pour l’été à la maternelle. En lien avec ces travaux, la municipalité a demandé aux enseignantes de débarrasser l’ensemble du matériel scolaire avant le 10 juillet, date de début des travaux. Ces dernières vont donc devoir, d’ici à fin juin / début juillet, gérer en même temps les enfants et le déménagement, en fait la mise en carton, le déménagement - sous réserve d'un étiquetage approprié - devant être effectué par les services techniques ou par un prestataire externe. Pour rappel l'année scolaire s'achève le 7 juillet ! Autant dire que tout cela me semble difficilement réalisable. Je suis d’ailleurs de nouveau surpris de ce manque d’anticipation de la commune. Des travaux sont en général l’objet d’études préalables, d’appels d’offres que l’on analyse, etc. On est donc loin de l’improvisation. Cette annonce tardive montre à mon sens toute la considération que notre l’équipe municipale apporte aux enseignantes, qu’elle ne daigne prévenir qu’à la toute dernière minute. Et qu’importe si ces dernières devront être présentes dans les locaux scolaires le week-end ou durant leurs congés, hors de tout cadre légal. Il faut en effet savoir que les enseignants ne sont pas autorisés à se trouver dans ces locaux aux périodes où ceux-ci ne sont pas utilisés pour l’enseignement, les besoins de la formation, les réunions pédagogiques ou avec les parents d’élève, sauf si leur présence est justifiée par les nécessités de leur service ou de leur fonction. Or, les travaux de l’école ne relèvent pas de leur nécessité de service !

On aura, sans doute et malgré tout ce qui précède, un très beau papier dans le journal local ou un mail de la mairie aux parents expliquant que tout cela est de la « fautapadchance », et que la priorité de la mairie est bien sur la sécurité et le bien-être des enfants, etc. Tout cela reste du bla-bla. J’en veux pour preuve le budget communal affecté à l’école maternelle. Ce budget est en effet préparé à la fin de l’année n-1. Le budget 2023 a dont été préparé fin 2022 avec les données 2022 que l’on ajuste avec les demandes des enseignants et le prévisionnel. L’incertitude porte ensuite sur le nombre d’enfants inscrits pour l’année suivante, donc, ici, pour l’année 2023-2024. Il se trouve que ce nombre d’enfants est très supérieur à celui attendu par simple reconduction du nombre d’élèves sur la période 2022-2023. Le conseil d’école a donc demandé une réévaluation du montant budgété, ce qui a été refusé par la commune, arguant du fait que le budget 2023 est le même que le budget 2019. Oui, mais entre-temps, il y a eu une inflation sensible et l’ouverture d’une nouvelle classe, arguments balayés par les élus forgeois. Tout ceci fait bien que le budget par élève sur la commune est en chute libre. Il est certain que la municipalité, dont l’intérêt est plus marqué pour la communication que pour le scolaire, saura trouver les mots appropriés pour masquer ses faiblesses…

Dernier point à ce sujet, montrant encore un fois l’absence de connaissance réglementaire des élus.  J’ai appris très récemment que la FCPE avait demandé à la mairie les documents financiers communaux. Selon leurs dires ils n’auraient obtenu qu’un bilan global, et plus grave, leur nouvelle demande de budget lors du conseil d'école s’est heurtée, là aussi, à un refus de communication de la part de la municipalité. Soyons donc très clair : la loi oblige les communes à fournir l’ensemble des données budgétaires. Sont en effet communicables aux personnes morales ou physiques qui en feront la demande, et une fois ces différents éléments votés en conseil municipal, le budget dans sa totalité, donc le budget primitif, le prévisionnel et le supplémentaire, ainsi que les documents annexés aux budgets et aux comptes administratifs, le compte administratif et les documents joints, les décisions modificatives de dépenses, les fiches relatives à la dotation globale de fonctionnement, les tableaux d’amortissement des emprunts, les rapports de présentation et d’analyse de ces documents, et notamment les analyses financières réalisées par les comptables du Trésor, cette liste n’étant pas limitative. Sont également communicables tous les documents comptables, les pièces liées à l’exécution des recettes et des dépenses comme par exemple le compte de gestion (après son examen), les différents livres comptables, les mandats, les bordereaux de mandats et de recettes (y compris pendant l’exercice en cours), les titres de recettes ou de dépenses (y compris des remboursements des emprunts), l’état des recettes et des dépenses, les pièces justificatives des dépenses, les factures et mémoires, cette liste n’étant pas , non plus limitative. J’incite vivement les citoyens qui s’intéressent aux affaires communale de se faire communiquer ces pièces. En cas de nouveau refus par la commune, je me permets de suggérer une lettre en préfecture pour avertir les services préfectoraux de cette nouvelle dérive réglementaire, et la saisine de la commission d’accès aux documents administratifs (CADA) pour obtenir ces pièces. Quoiqu’il en soit, ces refus de communication en disent long, à mon sens, sur le manque de considération de nos élus vis-à-vis des administrés et surtout leur méconnaissance totale des règles de fonctionnement communal. Si ceci est éventuellement excusable en début de mandat, cela ne l’est plus à mi-mandat d’autant plus que ces élus ont déjà été alertés de l’illégalité de leur refus, et qu’ils n’en sont pas à leur coup d’essai.


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« Dessin » personnel

vendredi 9 juin 2023

QUAND MADAME LA MAIRE SE FAIT TAPER SUR LES DOIGTS. I. PAR NOTRE DÉPUTÉE...


J’ai déjà relaté à plusieurs reprises sur ce blog les errements de Madame la maire et ceux de certains des membres de l’équipe municipale, en particulier en termes de respect des procédures administratives. Certains manquements ont d’ailleurs fait l’objet de ma part de signalements auprès des services de la Préfecture. J’en ai également laissé passer d’autres, comme les refus non motivés de prêts de salle, les menaces de saisie de matériel associatif ou les allégations infondées diffusées publiquement, même si ceux-ci ont cependant entraîné une simple réponse épistolaire explicative de ma part. Plus récemment, la diffamation à mon endroit semble aussi avoir fait son apparition sur les réseaux dits sociaux.

Un mot sur ces derniers débordements. Je n’ai aucun accès à Facebook, Instagram, Twitter, et autres Tik-Tok. Malgré mes compétences en informatique, je ne comprends quasiment rien à ces réseaux. J’en ai suffisamment entendu parler, cependant, pour savoir que je ne manque pas grand-chose… En l’espèce, j’ai été prévenu voilà peu par des amis forgeois qui se sont étonnés de me voir traiter, je cite, « d’imbécile corrompu » par un membre de l’équipe municipale, sans bien sûr qu’il n’apporte d’éléments probants pour le démontrer. Combiné aux insultes propagées par d’autres élues sur des membres de mouvements associatifs, ou sur des bénévoles, ces propos montrent à mon sens le niveau de la déliquescence morale et intellectuelle atteint dans cette commune. Mais passons ; là n’est pas le cœur de ce billet.

Il se trouve en effet que Madame la maire vient de se faire taper sur les doigts par notre députée, Madame M.P. Rixain (groupe politique Renaissance). Cette dernière s’est fendue d’une lettre ouverte, lettre que je qualifierais de recadrage poli mais ferme, en regard d’un manquement républicain de notre première magistrate à son égard... Dans ce courrier public, adressé à notre maire et en copie aux parents d’élèves de Forges, courrier dont j’ai eu une connaissance indirecte, notre députée indique qu’elle n’a que moyennement apprécié son absence à la cérémonie d’inauguration de la nouvelle classe de maternelle à l’école Jean de la Fontaine, particulièrement en regard du fait que les travaux réalisés ont bénéficié de subsides dont l’attribution a été soutenue par cette même députée.

Après avoir rappelé son « implication dans des projets locaux éducatifs », Mme. M.-P. Rixain évoque ses efforts de lobbying auprès des ministères ou des services de l’Etat pour, écrit-elle, « obtenir des avancées favorables à notre territoire ». Elle note ensuite une volonté présente chez certains élus locaux « de se conforter dans un entre-soi » et « de l’exclure de la vie du territoire », un fait qu’elle décrit comme une « pratique partisane loin d’être à la hauteur des fonctions qui sont les nôtres ». De fait, j’avais été surpris du peu d’élus locaux ayant répondu à son invitation, lors de sa réunion de présentation en 2017. De mémoire, seules trois ou quatre communes du territoire, dont Forges, y étaient représentées. De plus, alors même que l’on ne peut me soupçonner de soutenir la politique de la majorité présidentielle, il me parait nécessaire de dire que Mme la députée à toujours répondu aux demandes de notre précédente mandature…

Curieusement, dans son courrier à notre maire, Mme M.-P. Rixain pose les mêmes constats que ceux que je fais dans mon blog, en parlant d’entre-soi ou du manque de hauteur de vue de nos élus communaux. Quelle coïncidence, d’autant que le florilège ne s’arrête pas là. Déplorant son absence d’invitation à l’inauguration de la nouvelle classe de l’école « alors même que des dizaines de milliers d’euros de fonds publics ont été mobilisés pour ce projet », elle remarque que les sénateurs locaux (apparentés LR) ont, eux, bien été invités. Cette invitation n’est peut-être pas une simple politesse car il est vrai que les sénatoriales approchent et que le renouvellement des sièges de nos sages locaux est tout sauf assuré. Peut-être doivent-ils se montrer plus souvent sur le territoire… Une dernière pique arrive ensuite dans la lettre, puisque la député « déplore, une nouvelle fois, cette manière de faire de la politique… ». Le « une nouvelle fois » s’adresse-t-il à Madame le maire de Forges, je l’ignore, mais c’est possible ; il est en tous cas significatif. Dois-je rappeler que Madame le maire de Forges et son équipe - équipe dont certains membres, je le redis, se sont promenés dans les rues de notre village conjointement au front national - se déclarent apolitiques ? Mon avis est que ceci n’est pas du tout conforme à la réalité. C’est également, semble-t-il, l’avis de notre député…


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Dessin personnel


vendredi 2 juin 2023

LAXISTE UN JOUR, TROP SÉVÈRE UN AUTRE, FAUDRAIT SAVOIR !


Voilà une quinzaine de jours, M. Nicolas Sarkozy, ancien Président de la République, a été de nouveau condamné à trois ans de prison dont un an ferme dans le cadre de l’affaire dite « Bismuth ». Ceci signifie qu'il a été reconnu coupable en première instance, puis en appel à la mi-mai 2023. Néanmoins, ce bon connaisseur des procédures judiciaires - auxquelles il semble être abonné - se pourvoit en cassation. Même si cette cour ne jugera pas le fond de l'affaire, et s'intéressera seulement (et en théorie) à la validité de la procédure, il doit donc de nouveau bénéficier de la présomption d’innocence.

Ceci posé, M. Nicolas Sarkozy semble attirer les casseroles judiciaires, comme d'autres attirent les casseroles de cuisine vers 20H00 le soir ! Mais dans le cas de l'ancien Président, nous avons franchi, me semble-t-il, un palier supplémentaire dans l'indécence. Tout d'abord, il n'en n'est pas à sa première condamnation, et possiblement pas à sa dernière. Si le jugement en cassation confirmait la validité de la décision de première instance et de l'appel, cela signifierait que nous avons bien été gouvernés par un multi-délinquant pendant des années. 

J'ai ensuite été frappé par le fait que M. Nicolas Sarkozy, comme nombre de ses soutiens, s'énervent contre une justice bien trop rapide et sévère, voire partiale. Je cite au hasard M. Henri Guaino, qui déclare : « On me dit que c’est l’intention qui compte. Mais l’intention de quoi ? L’intention, c’est d’aller voit quelqu’un, de l’inviter à déjeuner et de lui dire si tu me passes le marché public, je te donne tant. Ce n’est pas du tout ce qu’il s’est passé » ... Le président du groupe LR de l’Assemblée nationale, M. Olivier Marleix, en fait de même en minimisant l'affaire : « Des écoutes illégales, une enquête hors normes, au final le simple soupçon d’une « tentative » de délit… Oui, à l’évidence Nicolas Sarkozy est victime d’un acharnement ». Peut-être est-il utile de rappeler que dans la loi, et en l'occurrence tel qu'explicité par l'article 121-3 du Code Pénal, « il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre ». Il existe néanmoins quelques exceptions en matière délictuelle, en particulier en cas de défaut de prudence, comme ce qui pourrait advenir dans un accident de la route ou du travail. Dans le cas de notre ancien Président, avocat de surcroit, difficile d'imaginer qu'il ne savait pas que ce sa présumée demande au magistrat incriminé était non seulement pénalement répréhensible, mais particulièrement grave... C'est aussi ce que dit l'association Anticor par la voie de sa présidente, Mme Elise Van Beneden : « Cette condamnation intervient pour corruption et trafic d’influence. Ces deux délits d’une extrême gravité sont prévus à l’article 432-11 du Code Pénal aux termes duquel « est puni de dix ans d'emprisonnement et d'une amende de 1 000 000 €, dont le montant peut être porté au double du produit tiré de l'infraction, le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique, chargée d'une mission de service public, ou investie d'un mandat électif public, de solliciter ou d'agréer, sans droit, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques pour elle-même ou pour autrui : 1° Soit pour accomplir ou avoir accompli, pour s'abstenir ou s'être abstenue d'accomplir un acte de sa fonction, de sa mission ou de son mandat ou facilité par sa fonction, sa mission ou son mandat ; 2° Soit pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d'une autorité ou d'une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable ».

Pour rester dans l'absurde, je me rappelle aussi le fait que M. Nicolas Sarkozy, tout comme ses défenseurs, sont précisément ceux qui ont répété jusqu’à plus soif que la justice en France était laxiste. Et je ne peux que m'amuser de citer le même Président de la République qui pérorait, menton viril en avant, sur le fait que « quand un individu revient devant un tribunal pour la 17e fois, il doit être condamné pour l'ensemble de son œuvre ». Je m’amuse également du fait que certains de ses soutiens s'offusquent de son assignation sous bracelet électronique. Je cite M. Jérôme Bascher, sénateur LR de l’Oise, qui déclarait : « est-ce que Nicolas Sarkozy a besoin de bracelet pour qu’on sache où il est ? C’est un dispositif ridicule. On sait où est Nicolas Sarkozy à chaque instant, il y a même un officier de sécurité qui est chargé de cela. Cette peine du bracelet est ridicule ». Condamné à un an ferme, cette décision est d'autant plus généreuse que le même Président de la République, le même menton en avant, affirmait son souhait « qu'il n'y ait pas d’aménagement de peine pour les peines supérieures à six mois »... Sic Transit Gloria Mundi !

Je complète mon propos ici par ceux de l'association Anticor, récemment exprimés par sa présidente, qui remet bien en perspective les tenants et les aboutissants de cette nouvelle affaire Sarkozy / Bismuth: « alors que le Code pénal reconnait l’immense gravité de la corruption en prévoyant une peine de prison de dix ans, le monde politique s’est au contraire ému d’une peine jugée sévère. L’est-elle ? L’ancien Président de la République a été puni d’une peine de trois ans de prison dont un an ferme, un an aménageable. Il n’ira pas en prison mais devra seulement porter un bracelet électronique autour de sa cheville, seule trace d’une trahison inacceptable de la République et des citoyens français. Pour Alain Finkielkraut [Note de YD : philosophe et essayiste classé politiquement à droite], cette décision de justice est contestable car elle reviendrait à « invoquer l’État de droit pour museler l’action politique ». En réalité, comme de nombreux responsables politiques, éditorialistes et philosophes, M. Finkielkraut véhicule une culture de l’impunité et s’inscrit dans une critique infondée de l’institution judiciaire, qui est pourtant la seule qui combat les abus de pouvoir. Ce que ses mots signifient en réalité c’est que pour lui, les hommes politiques sont au-dessus des lois et qu’il faudrait, pour permettre leur action politique, les exonérer du respect de la loi. C’est en effet abandonner l’état de droit et c’est en réalité compromettre toute l’action politique qui impacte à son tour toute la société. C’est aussi renoncer à la démocratie, car un régime dans lequel des citoyens ne sont pas égaux devant la loi n’est pas une démocratie. La cour d’appel a, en outre, prononcé une interdiction des droits civiques de trois ans pour M. Sarkozy, ce qui le rend inéligible. L’inéligibilité est une sanction efficace dès lors qu’elle a le mérite de tenir les personnes dangereuses pour la démocratie à l’écart de la vie publique. Mais est-ce suffisant pour mettre fin au sentiment d’impunité de certains responsables politiques ? À Anticor, nous pensons que la peine prononcée contre M. Sarkozy est loin d’être exemplaire et qu’il est temps que nos responsables politiques assument les conséquences de leurs actes, comme tout citoyen qu’ils sont ». On ne peut mieux dire, en effet !

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Illustration personnelle