La régie Eau Ouest Essonne a reçu ce jour quelques appels d’abonnés au sujet de baisses de pression. La responsabilité en incombe à la commune de Forges Les Bains qui a tout simplement procédé à des pesées d’hydrants, c’est-à-dire des essais de fonctionnement de poteaux incendie…
Plusieurs appels ce jour, donc, pour signaler des baisses de pression sur le réseau d‘eau potable de notre commune. Ceux-ci ont été dus à des essais de fonctionnement des poteaux de défense incendie. Cependant l’opération mérite quelques explications complémentaires, d’autant qu’un des lecteur du blog me signale que des Forgeois se plaignent sur les réseaux sociaux de fuites sur leur réseau personnel depuis ces essais.
Sur le plan technique, les poteaux de défense incendie, aussi appelés hydrants, sont alimentés en direct et à gros débit par le réseau d’eau potable de la commune. Ce même réseau dessert également nos habitations. Diverses personnes m’ont indiqué qu’elles trouvaient absurde d’utiliser de l’eau potable pour cela. Je comprends, mais leur réponds qu’il est déjà très couteux d’entretenir un réseau, et qu’il serait dispendieux d’en entretenir deux. De plus, et heureusement, ces poteaux servent peu fréquemment et la consommation d’eau potable qu’ils génèrent est négligeable annuellement, sauf incident ou utilisation abusive.
La réglementation impose diverses mesures quant à ces poteaux, la plus importante d’entre elle étant le débit. Celui-ci doit être a minima de 60 m3/heure, avec une capacité de maintien du flux pendant 2 heures, soit un débit approximatif d’environ 1 m3 (soit 1 000 litres)/minute ou 15 litres/seconde ! Pour cela, les hydrants sont installés sur des canalisations de 100 mm de diamètre au moins et ils ne peuvent se trouver munis de système de comptage volumétrique. La pression doit être au moins d’1 bar, ce qui permet de maintenir un « gonflage » suffisant des tuyaux des pompiers lorsqu’ils réalimentent leurs camions ou leurs pompes.
Il fait également savoir que ces poteaux sont mis à disposition des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) par les communes, qui sont chargées d’en vérifier le bon fonctionnement. S’agissant d’une opération technique, les communes la délèguent le plus souvent à des opérateurs privés. On parle de pesée car à l’origine on pesait l’eau qui sortait des tuyaux. La mesure se fait de façon plus moderne de nos jours avec un appareil toujours appelé pèse-bouche. Pour cela, l’opérateur, connecte au poteau en position fermé un tuyau de 100 mm relié au pèse-bouche, sa vanne de sortie étant fermée. Il ouvre ensuite très doucement la vanne de sortie du poteau, l’eau s’accumule alors sous pression dans le tuyau et dans le pèse-bouche. On mesure alors la pression en statique (sans écoulement d’eau). Il s’agit donc de la pression réseau : à Forges, elle est en moyenne de 4 à 6 bars de mémoire. Ensuite on ouvre toujours très doucement la vanne du pèse-bouche de sorte que la pression redescende. L’eau s’écoule donc par la vanne ouverte, et l’opérateur mesure ensuite le débit lorsque la pression atteint 1 bar. C’est ce débit dont la valeur doit être de 60 m3/heure. Il faut ensuite refermer lentement les vannes, l’opération étant terminée. Ce dispositif présente le grand intérêt de minimiser très fortement les pertes en eau lors des tests.
Tout le coup de main technique repose ici sur le savoir-faire de l’opérateur privé. Compte tenu des pressions en jeu et des débits, il est facile de comprendre que toute manipulation trop rapide des vannes entrainera des à-coups de pression forts dans le réseau, malgré les « hydrostabs », dispositifs destinés à réguler automatiquement les variations de pression pour autant que celles-ci ne soient pas trop brutales. Le fait que des abonnés aient noté des baisses de pression est possible lors de ces essais compte tenu, comme je l’écrivais ci-dessus, des variations de pression, et compte tenu du fait que le bourg de Forges, le hameau du Parc et dans une moindre mesure le hameau d’Ardillières se trouvent en « bout de réseau ». Le fait que des fuites semblent s’être produites provient cependant assez probablement d’une mauvaise manipulation lors des pesées. Ce sentiment est conforté par le fait qu’une légère augmentation de la turbidité et des traces d’oxyde fer ont pu être détectées en sortie de tuyau, démontrant indubitablement que ceux-ci ont été soumis à ces à-coups de pression marqués (note : l'eau reste potable !).
Par ailleurs, ces essais étant susceptibles de générer les problèmes rencontrés ce jour, il serait normal que la régie soit prévenue de leur réalisation, et il serait encore meilleur que la régie puisse soit assister, soit discuter avec les opérateurs privés de la façon de procéder. Les lecteurs du blog ne s’étonneront sans doute pas de savoir que la commune ne semble pas avoir prévenu la régie de l’intervention de l’opérateur privé.
Dernier point : l’opération de vérification étant du ressort de la municipalité, c’est donc sa responsabilité qui se trouve engagée, charge à elle de se retourner contre l’opérateur. J’incite donc tous les Forgeois qui auraient noté l’apparition de fuites à leur domicile, à contacter la mairie de Forges et je les mets en garde à l’avance contre un discours municipal qui renverrait à une pseudo-responsabilité de la régie publique.
Crédit illustration :
Pèse Bouche Woltex, proposé par Hydrolys
https://www.hydrolys.fr/protection-incendie/2285-compteur-debitmetre-pression-poteau-incendie-dn100.html
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