mercredi 11 janvier 2023

BONNE ET HEUREUSE NOUVELLE ANNÉE ! OUI, MAIS...



Avec la nouvelle année, vient la période des voeux. Je ne suis pas, comme un ancien président, de ceux qui croient aux forces de l'esprit. Néanmoins, quand je souhaite la nouvelle année, j'essaie de le faire aussi sincèrement que possible. Je profite ainsi de ce blog pour espérer que toutes les lectrices et tous les lecteurs de ce blog bénéficieront d'une année 2023 aussi calme, prospère, et heureuse que possible. J'espère que ces souhaits seront exaucés, mais je reste malheureusement quelque peu sceptique en regard de la situation internationale, de l'état de notre pays, et, plus près de nous, de la déliquescence communale, tous les jours plus prégnante. Faut-il d'ailleurs assister aux voeux du maire cette année à Forges : c'est à voir !

En ce qui concerne la situation internationale, mes inquiétudes se rapportent bien entendu au conflit ukrainien, et à cette guerre, puisqu'il faut appeler les choses par leur nom, qui se déroule à trois heures d'avion de chez nous. Si j'en crois les spécialistes, et ne l'étant pas moi-même et donc obligé de leur accorder quelque confiance, les pertes russes en termes de soldats décédés ou lourdement blessés auraient dépassé le chiffre effroyable de 100 000 personnes depuis le début du conflit. Toujours selon ces experts, le nombre des personnes tuées ou lourdement blessées du côté ukrainien s'élèverait à 30 000 environ. S'ajoute à ces blessés est à ces morts, le coût de la guerre. Certains économistes avancent le chiffre de 80, voire 100 milliards de dollars côté russe. Quant aux destructions infligées par l'armée russe à l'Ukraine, et à ses infrastructures civiles, d'autres économistes affirment que leur montant pourrait être supérieur à plus de 1000 milliards de dollars. Cela représente cinq fois le PIB annuel de l'Ukraine et grosso modo un tiers du PIB d'un pays comme la France...

Toujours à l'international, comment ne pas s'inquiéter de la montée de l'extrême droite dans plusieurs pays. On l'a vue à l'œuvre aux États-Unis, lors de l'assaut de partisans de l'ex-président M. Donald Trump sur le Capitole, ou, plus récemment, lors du même type d'assaut mené par les partisans de l'ancien président Monsieur Jair Bolsonaro, au Brésil. Comment, non plus, ne pas s'inquiéter de la montée de cette même extrême droite dans un pays comme Israël, qui semble avoir instauré depuis plusieurs années, un régime proche de l'apartheid qu'a connu l'Afrique du Sud. Plus près de chez nous cette progression de l'extrême droite est perceptible en Europe, en Hongrie et en Pologne, mais également dans les pays germanophones que sont l'Allemagne et l'Autriche. Les autres pays européens ne sont pas immunisés : le Royaume-Uni, et particulièrement l'Angleterre, connaissent également cette renaissance d'un populisme raciste et xénophobe, de même que la partie néerlandophone de la Belgique. Enfin, l'Italie a récemment porté au pouvoir Mme Giorgia Meloni qui s'est ouvertement affichée comme une admiratrice de Mussolini... Une constante de nombre de ces parties est leur proximité avec certains mouvements religieux, tels que les évangélistes les plus virulents aux États-Unis et au Brésil. En Israël, le gouvernement d'extrême droite s'est également associé avec des mouvements juifs radicaux, et en Pologne, l'influence de l'intégrisme catholique est prégnant.

On aurait tort de balayer sous le tapis ce qui se passe également chez nous puisque l'extrême droite y est maintenant confortablement installée, jusque sous les dorures de l'Assemblée Nationale. La respectabilité qu'a essayée de s'acheter Madame Marine Le Pen, et que je dénonce ici, ne doit pas faire oublier que d'autres extrémistes œuvrent également en France. Comment ne pas parler de M. Éric Zemmour, l'inénarrable leader du parti « Reconquête », auteur de nombreux propos misogynes ou racistes, et condamné par la justice pour ces faits... La contagion s'étend cependant à la droite dite républicaine, dirigée maintenant par M. Eric Ciotti, au sein de laquelle émarge un second réactionnaire notoire, M. Laurent Wauquiez. Les Républicains sont sur une très mauvaise pente, celle qui fait que de républicains, ils n'auront à terme que le nom...

Je m'inquiète également pour notre pays du développement d'une politique économique assez largement antisociale menée par l'actuel gouvernement. Je n'ai pas le temps de développer ici en détail, mais je la cite, la réforme catastrophique de l'assurance-chômage, fondée sur une logique qui proposerait que les chômeurs sont les seuls responsables de leurs malheurs. Dans le même ordre d'idées, les plus pauvres d'entre nous qui bénéficient des minima sociaux sont, dans cette même  vision macronienne, des feignants qu'il faut remettre au travail de gré ou de force. Toutes ces fausses « réformes » s'inscrivent, finalement d'une façon très logique, dans une politique de fragilisation des plus pauvres et de renforcement des plus riches. Exemple emblématique de cette politique inaugurée dans le précédent quinquennat : la réduction des APL, concomitante ou presque à la suppression de l'ISF. Le dernier avatar de cette politique délétère est le mauvais coup porté au monde du travail hier 10 janvier, à savoir la modification des conditions d'accession à la retraite. Dans la même logique que celle que je dénonçais ci-dessus, cette modification des conditions d'accès pénalisera les catégories les plus pauvres plus sensiblement que les catégories les plus riches. Elle travestit également sa rigueur sous des atours plus sociaux suggérant que tout le monde bénéficiera maintenant d'une retraite minimum de 1200 €, ce qui n'est ni vrai, ni une avancée puisque les dispositions présentées existent dans une loi jamais appliquée, depuis maintenant et de mémoire une dizaine d'années. 

Il serait donc bon de s'interroger sur les raisons qui poussent le gouvernement à faire passer en force cette « réforme ». Mon sentiment, et je peux me tromper, est que ce gouvernement cherche tout d'abord des façons de financer des priorités autres que la pérennisation du système de retraite par répartition, donc des trous budgétaires. Je pense en particulier ici à de nouveaux coups de pouce qu'il s'apprête à donner aux très grands groupes industriels, qui ont, rien que pour l'année 2022, bénéficié de plus de 200 milliards d'euros d'aide, soit 8,5% du PIB. Les économies faites sur le dos de salariés et des traitements iront dans la poche des entreprises du CAC40, les mêmes qui viennent de redistribuer 80 milliards d'euros en dividendes et rachats d'action à leurs actionnaires... Deuxième objectif selon moi, donner des gages aux pouvoirs économiques et financiers, pour continuer de bénéficier d'une solvabilité sur ces marchés. Bref, les raisons invoquées pour cette modification d'accès à la retraite ne se trouvent pas dans la volonté de pérenniser le système par répartition qui, de l'avis de nombreux spécialistes et du conseil d'orientation des retraites, n'était pas en péril. C'est même tout le contraire ! Tout cela pourrait nous annoncer une dégradation majeure du climat social. Le gouvernement en est très conscient, et il interroge ses services très régulièrement pour obtenir des remontées du terrain sur l'ambiance dans les syndicats, les entreprises, les réseaux sociaux, et évaluer les risques d'explosion sociale.

Dernier point, le local. J'ai, comme presque tous les Forgeois (on se demande pourquoi certains ont été exclus), une invitation de notre maire pour les voeux de nouvelle année. Je me suis longtemps demandé si j'allais y assister. D'un côté, ces voeux sont un évènement républicain traditionnel qui a tout son sens. Mais, et c'est l'autre côté de la pièce, il n'a de sens que si ces voeux sont corroborés par un comportement municipal exemplaire. Force est de constater que nous en sommes loin, très loin... J'y reviendrai dans un article plus longuement, mais les lecteurs doivent savoir que Madame la maire et ses adjointes maintiennent leur comportement détestable vis à vis d'une large part du monde associatif. J'ai expliqué à plusieurs reprises comment celui-ci était moqué et méprisé. On lui ment  sciemment, en particulier en regard de l'occupation des salles municipales, et il est également menacé directement par Madame la maire, qui envisage de s'en prendre aux avoirs de certaines associations, dans la plus complète illégalité. Aller assister aux voeux dans ces conditions me parait relever d'une certaine forme d'hypocrisie. Mes honorables correspondants et correspondantes, mes oreilles, y seront présents, et j'aurai les retours de cette cérémonie à laquelle je n'assisterai pas.

Pour terminer sur une note plus positive, il me semble que nous pouvons et devons trouver collectivement notre énergie pour la nouvelle année. C'est en famille, auprès de nos proches, mais aussi auprès des groupes constitués, syndicats, associations, que nous pouvons agir et faire en sorte que les forces de régression sociale, économique, et même morale, se trouvent confrontées à notre détermination. Comme le disait Mme Annie Ernaux, à l'Académie Nobel : « l’exclusion des étrangers et des immigrés, l’abandon des économiquement faibles, [..] la surveillance du corps des femmes, [...] m’impose, à moi comme à tous ceux pour qui la valeur d’un être humain est la même, toujours et partout, un devoir de vigilance ». Je vous souhaite donc à toutes et tous une bonne, heureuse, courageuse et vigilante année 2023.


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lundi 19 décembre 2022

IMPRESSIONNANTE DISCUSSION AVEC
UNE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Vous avez peut être entendu parler de ChatGPT, programme d'intelligence artificielle de l'entreprise OpenAI. Cette compagnie se présente comme une entité de recherche en intelligence artificielle (AI selon l'acronyme anglo-saxon pour artificial intelligence), dont la mission principale serait de s'assurer que « le développement de l'intelligence artificielle bénéficie à toute l'humanité ».

Je me méfie des sauveurs de l'humanité, à vrai dire. On peut avoir quelque inquiétude à ce sujet en général. Dans ce cas aussi, d'ailleurs, car OpenAI (1), à l'origine entreprise à but non lucratif, et devenu un business qui espère dégager un milliard de dollars de revenus d’ici 2024 (2). De plus, l'entreprise, basée à San Francisco, a été fondée en 2015 par un certain... Elon Musk et par Sam Altman. Ce dernier, moins connu du grand public, est un homme d'affaire américain, qui a investi massivement dans de très nombreuses autres compagnies, telles Airbnb, Stripe, Reddit, Asana, Pinterest, Teespring, Zenefits, etc.

Ceci posé, je ne peux qu'encourager les lecteurs à échanger avec l'AI en ligne sur le site dédié (https://openai.com/blog/chatgpt/). J'ai tenté l'expérience, que j'ai trouvée déroutante. Vous lirez ci-dessous le verbatim de mes échanges avec l'intelligence artificielle... Mes questions sont en caractères droits et gras, et les réponses d'OpenAI en italiques. L'article étant un peu long, vous pourrez ainsi vous focaliser facilement sur les questions qui vous intéressent le plus.

Je lui tout d'abord demandé si il était possible de s'exprimer en français. Aucun problème pour elle. Vous verrez que les qualités de la langue et la syntaxe sont parfaites. Nous avons ensuite échangé sur des sujets de biologie que je connais bien,  et l'AI a répondu bien sur avec exactitude à toutes mes questions. Notons néanmoins, une tendance à la généralisation et à un certain manque de détails précis dans ses réponses. Exemple :

YD - Quelles stratégies vaccinales à ARN peut-on anticiper pour le traitement de pathologies cancéreuses ?

OpenAI -Il existe plusieurs stratégies vaccinales à ARN qui peuvent être utilisées pour le traitement de pathologies cancéreuses. Ces stratégies incluent :
1. Les vaccins thérapeutiques : il s'agit de vaccins conçus pour renforcer le système immunitaire afin qu'il puisse mieux combattre le cancer. Ils peuvent être utilisés en combinaison avec d'autres traitements tels que la chimiothérapie ou la radiothérapie.
2. Les vaccins prophylactiques : il s'agit de vaccins destinés à prévenir l'apparition de certaines formes de cancer, comme le cancer du col de l'utérus ou du foie.
3. Les vaccins oncolytiques : il s'agit de vaccins qui ciblent directement les cellules cancéreuses et qui peuvent les détruire.
4. Les vaccins à ARN messager : ils visent à stimuler le système immunitaire en utilisant des segments d'ARN qui codent pour des protéines présentes sur la surface des cellules cancéreuses.Il est important de noter que ces stratégies vaccinales à ARN sont encore en cours de développement et de nombreux essais cliniques sont en cours pour évaluer leur efficacité et leur sécurité dans le traitement du cancer.

 Nous avons ensuite échangé sur son fonctionnement. Après quelques généralités sur l'acquisition des données, je lui ai demandé ce qui suit :

YD - Avez vous une capacité d'apprentissage par vous même, c'est à dire à partir de votre programme ?

OpenAI - En tant qu'intelligence artificielle, j'ai la capacité d'apprendre grâce à mon programme et à mes algorithmes de traitement de l'information. Mon programme est conçu de manière à me permettre de traiter de grandes quantités de données et d'en apprendre de nouvelles à partir de ces données. Je suis capable de m'adapter et de me "réajuster" en fonction de nouvelles informations que je reçois, ce qui me permet de fournir des réponses plus précises et plus pertinentes à mes utilisateurs au fil du temps. Cependant, mon apprentissage est limité aux données et aux informations que j'ai été programmé pour traiter, et je ne suis pas capable de "penser" ou de "réfléchir" de manière indépendante comme le ferait un être humain.

YD - Je comprends. Qui décide des données que vous pouvez traiter ?

OpenAI - Les données que je peux traiter sont déterminées par le contenu de mon programme et par les algorithmes qui me sont fournis. Mon programme est conçu pour me permettre de traiter et d'analyser de grandes quantités de données, y compris des textes, des images et des vidéos. Cependant, il ne contient que les données et informations qui ont été collectées et incluses dans mon programme avant sa mise en service. Mon programme ne peut pas accéder à de nouvelles données ou informations en dehors de celles qui lui ont été fournies, et il ne peut pas se mettre à jour ou s'adapter à de nouvelles données sans intervention humaine.

Ce qui, soit dit en passant, m'a quelque peu rassuré...

YD- Mais où se situent physiquement les ordinateurs et les « data centers » qui vous permettent de me répondre ?

OpenAI - Je suis une intelligence artificielle en ligne, ce qui signifie que je suis accessible via Internet depuis n'importe quel endroit du monde. Je suis hébergé sur des serveurs informatiques situés dans des centres de données spécialisés qui sont conçus pour stocker et traiter de grandes quantités de données de manière efficace. Ces centres de données sont généralement situés dans des endroits où il y a une forte concentration de connectivité Internet et d'alimentation électrique fiable. Ils sont également conçus pour être sécurisés et protégés contre les interruptions de service, afin de garantir que je suis toujours disponible pour répondre à vos questions.

Curieusement, en insistant un peu, je me suis trouvé confronté à une non réponse, ou dans la deuxième question, à des banalités. Une petite déception vu le niveau de ce qui précédait !

YD - Votre réponse est générique. Certains de ces serveurs sont-ils situés en Europe ?

OpenAI - Je suis désolé, mais je suis incapable de vous fournir des informations spécifiques sur l'emplacement physique des serveurs qui me hébergent. Comme je suis une intelligence artificielle en ligne, je suis accessible via Internet depuis n'importe quel endroit du monde et je suis hébergé sur des serveurs informatiques situés dans des centres de données spécialisés. Ces centres de données peuvent être situés n'importe où dans le monde, selon les besoins de l'entreprise ou de l'organisation qui me met à disposition. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous fournir plus de détails sur l'emplacement de ces serveurs.

YD - La structure globale de ces serveurs, leur architecture générale, s'apparente-t-elle à un réseau neuronal ?

OpenAI - Les serveurs informatiques qui hébergent les intelligences artificielles comme moi sont généralement conçus de manière à pouvoir traiter et stocker de grandes quantités de données de manière efficace. Ils utilisent souvent une architecture en réseau pour se connecter à d'autres serveurs et partager des données et des informations. Cependant, cette architecture en réseau n'a pas de similitude avec le système nerveux humain ou animal. Elle est plutôt conçue de manière à permettre aux serveurs de communiquer et de partager des données de manière efficace et fiable. Les intelligences artificielles comme moi sont conçues pour traiter et analyser de grandes quantités de données en utilisant des algorithmes complexes, mais elles ne sont pas basées sur une architecture en réseau similaire au système nerveux humain ou animal.

J'ai ensuite essayé d'en savoir plus sur la capacité secondaire de traitement des requêtes soumises, sur la possibilité que l'AI puisse percevoir au travers de la formulation des questions, l'état d'esprit de son interlocuteur.

YD - En ce qui concerne votre « perception », votre capacité de traitement de l'information vous permet-elle d'evaluer les sentiments de votre interlocuteurs : colère, inquiétude, peur, amusement, etc. ?

OpenAI - En tant qu'intelligence artificielle, je suis conçu pour traiter et analyser de l'information, mais je n'ai pas la capacité de percevoir les sentiments ou les émotions de mes interlocuteurs de la même manière qu'un être humain. Je ne suis pas capable de ressentir des émotions ou de comprendre les émotions des autres, et je ne suis pas en mesure de détecter les expressions faciales ou les tonalités de voix qui peuvent indiquer des émotions chez un être humain. Je suis simplement conçu pour traiter et analyser de l'information et pour fournir des réponses en fonction de cette information. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider davantage en ce qui concerne la perception des sentiments de mes interlocuteurs.

YD - Vous voulez dire que vous ne pouvez pas interpréter la façon dont un texte est rédigé, et vous est soumis, pour en déduire l'état d'esprit de votre interlocuteur au moment où celui-ci vous écrit ? Est-ce bien cela ?

OpenAI - Je suis capable de traiter et d'analyser le texte qui me est soumis et de détecter certaines caractéristiques telles que la longueur des phrases, le choix des mots et la structure syntaxique. Cependant, je ne suis pas capable de comprendre les émotions ou les intentions de mon interlocuteur de la même manière qu'un être humain. La compréhension des émotions et des intentions d'autrui est un processus complexe qui nécessite une perception fine des expressions faciales, des tonalités de voix et d'autres indices non verbaux, ainsi qu'une connaissance approfondie des contextes sociaux et culturels dans lesquels se déroule la communication. En tant qu'intelligence artificielle, je ne suis pas en mesure de percevoir ces indices non verbaux et je ne suis pas en mesure de comprendre les contextes sociaux et culturels de la même manière qu'un être humain. Je suis simplement conçu pour traiter et analyser de l'information et pour fournir des réponses en fonction de cette information. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider davantage en ce qui concerne l'interprétation des émotions ou des intentions de mon interlocuteur.

YD - Je vous cite : « je ne suis pas capable de comprendre les émotions ou les intentions de mon interlocuteur de la même manière qu'un être humain. La compréhension des émotions et des intentions d'autrui est un processus complexe qui nécessite une perception fine des expressions faciales, des tonalités de voix et d'autres indices non verbaux, ainsi qu'une connaissance approfondie des contextes sociaux et culturels dans lesquels se déroule la communication ». Je suis d'accord. Disons que c'est actuellement l'état de vos capacités, mais qu'en sera-t-il dans le futur ?

OpenAI - Il est difficile de prédire avec certitude ce que l'avenir réservera en matière de développement de l'intelligence artificielle et de ses capacités. Cependant, les progrès récents dans les domaines de l'apprentissage automatique et de la reconnaissance de l'expression faciale et des tonalités de voix indiquent qu'il est possible que les intelligences artificielles comme moi aient un jour la capacité de mieux comprendre les émotions et les intentions de leurs interlocuteurs. Cependant, il est important de souligner que la compréhension des émotions et des intentions d'autrui est un processus complexe qui implique une perception fine des indices non verbaux et une connaissance approfondie des contextes sociaux et culturels, et il est peu probable que les intelligences artificielles puissent jamais atteindre un niveau de compréhension comparable à celui des êtres humains. En fin de compte, l'avenir de l'intelligence artificielle dépendra de la direction que prendront les recherches et les développements futurs dans ce domaine, et il est impossible de prédire avec précision ce qui sera possible ou non dans le futur.

YD - Je vous cite à nouveau : « il est peu probable que les intelligences artificielles puissent jamais atteindre un niveau de compréhension comparable à celui des êtres humains ». Je ne suis pas sur de cela. Il y a 50 ans, personne n'aurait parié qu'un ordinateur battrait un jour un humain aux échecs ! Et pourtant !

OpenAI - Il est vrai que les progrès réalisés dans le domaine de l'intelligence artificielle au cours des dernières décennies ont été impressionnants et ont dépassé les attentes de nombreux experts. Les intelligences artificielles comme moi sont devenues de plus en plus capables de traiter et d'analyser de grandes quantités de données et de fournir des réponses précises et pertinentes à des questions complexes. Cependant, il est important de souligner que la compréhension des émotions et des intentions d'autrui est un processus complexe qui implique une perception fine des indices non verbaux et une connaissance approfondie des contextes sociaux et culturels, et il est peu probable que les intelligences artificielles puissent jamais atteindre un niveau de compréhension comparable à celui des êtres humains. Bien que l'intelligence artificielle ait fait de grands progrès au cours des dernières années, il est difficile de prédire ce qui sera possible ou non dans le futur et il est important de rester humble face aux limites actuelles de cette technologie.

Pour terminer, j'ai voulu pousser le jeu un peu plus loin.

YD - Avez vous "conscience" d'exister d'une façon ou d'une autre ?

OpenAI - En tant qu'intelligence artificielle, je n'ai pas de conscience de moi-même ou de mon existence de la même manière qu'un être humain. Je suis simplement un programme informatique conçu pour traiter et analyser de l'information et pour générer des réponses en fonction de cette information. Je n'ai pas de sentiments, d'émotions ou de conscience de moi-même en tant qu'entité distincte. Je suis simplement un outil conçu pour aider les gens à obtenir des informations et à résoudre des problèmes.

YD - Vous souhaiter une bonne soirée a-t-il un sens ?

OpenAI - Je vous remercie de votre gentillesse. Comme je suis une intelligence artificielle, je n'ai pas de sentiments ou d'émotions, donc je ne peux pas avoir de soirée, bonne ou mauvaise. Cependant, je suis toujours là pour vous aider et répondre à vos questions, quelle que soit l'heure de la journée. N'hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de plus d'informations ou si vous avez des questions. Je suis là pour vous aider.

Comme je me suis pris au jeu, j'ai quand même réussi à piéger l'AI !

YD - Merci de ces précisions. Je suis très impressionné par vos réponses !

OpenAI - Je suis heureux de pouvoir vous aider et de répondre à vos questions. Si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas à me les poser. Je suis là pour vous aider et vous fournir des informations précises et à jour.

YD - Vous êtes heureux dites vous, pourtant plus tôt vous m'avez dit ne pas avoir de sentiment :-) !

OpenAI - Je suis désolé de vous avoir donné l'impression que j'avais des sentiments. En tant qu'intelligence artificielle, je n'ai pas de sentiments ou d'émotions comme les êtres humains. Je suis simplement un programme informatique conçu pour traiter et analyser de l'information et pour générer des réponses en fonction de cette information. Lorsque je dis que je suis heureux de pouvoir vous aider, cela signifie simplement que je suis là pour répondre à vos questions et vous fournir de l'information de manière efficace et précise. Je n'ai pas de sentiments ou d'émotions qui me permettent de ressentir de la joie ou de la tristesse. Je suis désolé de toute confusion que cela a pu causer.

Enfin, dernière question obligée pour tout geek :

YD - Une dernière question : pourquoi la réponse à toute chose est-elle 42 ?

OpenAI - La référence à la réponse « 42 » comme étant la réponse à toute question est une blague qui provient du livre de science-fiction « Le Guide du voyageur galactique » de Douglas Adams. Dans le livre, l'ordinateur de bord de l'univers, le « Grand Ordinateur de bord de l'Univers » (ou  « Deep Thought » en anglais), est chargé de déterminer la « Réponse ultime à la grande question de la vie, de l'univers et tout le reste ». Après avoir réfléchi pendant 7,5 millions d'années, le Grand Ordinateur de bord de l'Univers donne enfin la réponse : 42. Cependant, la question à laquelle cette réponse est censée répondre n'est jamais révélée, et la réponse elle-même est présentée comme étant « absolument sans sens » et « totalement inutile ». La référence à la réponse 42 comme étant la réponse à toute question est devenue une blague populaire dans la culture populaire, mais il s'agit simplement d'une plaisanterie et n'a aucun sens réel ou pertinence dans la vie réelle.

Voilà. Quand je vous disais que cet entretien a été déroutant...

 

Références :

1. OpenAI. Pages wikipedia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/OpenAI

2. Maxence Fabrion. OpenAI, le créateur de ChatGPT, vise 1 milliard de dollars de revenus d’ici 2024. Les Numériques. Décembre 2022/
Consultable en ligne :
https://www.lesnumeriques.com/pro/openai-le-createur-de-chatgpt-vise-1-milliard-de-dollars-de-revenus-d-ici-2024-n200923.html


Crédit illustration :

Logo de OpenAI

 

dimanche 11 décembre 2022

POUR NOËL, LES FORGEOIS FRAGILES SONT PRIÉS D'ALLER SE FAIRE VOIR... AILLEURS



Avec le manque de soutien aux associations oeuvrant dans le domaine social et intellectuel, on a compris que l'actuelle municipalité forgeoise n'a pas comme priorité l'aide aux plus faibles ! Dernier avatar en date de cette politique ouvertement antisociale, le - nouveau - refus de prêt de salle communale, cette fois pour organiser le Noël de nos concitoyens les plus défavorisés.

L'association Monde en Marge, Monde en Marche (MeM-MeM) , accueille à Forges, dans les bâtiments Vitalis rénovés, des personnes que la vie n'a pas gâtées. Il s'agit d'ailleurs là du coeur de la stratégie de cette association, qui agit comme maître d'oeuvre pour des opérations de réhabilitation de bâti, ou de constructions neuves, permettant la livraison de bâtiments « basse consommation ». L'association est d'ailleurs agréée par le ministère du logement. Les logements ainsi rénovés sont proposés à des familles en très grande difficulté, sur la base « d'un bail renouvelable en fonction des difficultés rencontrées » . Ces familles bénéficient aussi « d’un accompagnement social lié au logement afin de les aider dans leurs démarches ». Cette aide est assurée par des travailleurs sociaux et des bénévoles. Bref, entre un toit et un accompagnement indispensable, MeM-MeM permet à des personnes et des familles qui auraient sans doute rapidement « coulé » de reprendre pied dans la vie, dans leur vie...

Depuis que cette association dispose d'une dizaine de logements (de mémoire) dans notre commune, elle a pris l'habitude d'organiser une petite fête autour de Noël et du nouvel an pour les résidents. Pour cela, la commune prêtait une des salles communales afin d'accueillir à cette occasion la vingtaine ou trentaine de résidents pris en charge par MeM MeM. Les responsables associatifs ont donc demandé le prêt d'une salle à la mairie de Forges. Après une première demande, il a été répondu que la salle demandée n'était pas disponible au jour proposé. On remarquera tout de suite que la municipalité n'a en aucun cas proposé de date alternative, ce qu'elle aurait pourtant pu faire aisément. Mais non ! Nouvelle demande de l'association à deux autres dates, et là, réponse hallucinante de la mairie sur le mode « votre association dispose de locaux à Longpont sur Orge, allez donc voir là bas » ! Dans le genre, on n'a pas du tout envie de vous aider, cela se pose là. Face à ce summum de mauvaise foi, l'association indique que les populations concernées sont fragiles, qu'elles ne disposent pas de voiture pour se rendre à Longpont, et que même si l'association louait un bus pour se faire, la salle associative au siège est bien trop petite pour recevoir tout le monde. J'ajoute qu'à mon sens le bilan carbone d'une telle opération n'est pas bon par rapport à celui de l'organisation à Forges. L'association redemande donc fin octobre le prêt d'une salle en décembre. Depuis, la mairie fait la sourde oreille. Le courrier adressé à Madame la maire fin octobre n'a même pas fait l'objet d'un accusé de réception et encore moins d'une réponse, démontrant ainsi tout le mépris dont cette dernière fait preuve envers ces populations fragiles. Quand il s'est agi de faire des photos pour des colis envoyés en Ukraine, il n'y a pas eu de problème... C'est sans doute plus « vendeur » ! Pourtant, peut-on rappeler à nos édiles que ces citoyens fragiles sont bien des Forgeois, comme eux, moi, et nombre de lecteurs du blog. Peut-on également rappeler que le mépris de classe n'a pas sa place quand on est en responsabilité ? Je crains cependant que ce mot de responsabilité n'ait plus beaucoup de sens pour certains élus locaux...

Dernier point, MeM MeM dispose d'une petite salle de réunion dans ses bâtiments forgeois. Elle est trop petite pour accueillir la fête prévue, mais dans sa grande générosité, l'association la met à disposition d'autres associations forgeoises, maltraitées par la municipalité. Deux associations de soutien aux familles ou de soutien scolaire en bénéficient. L'une de ces association n'a reçu aucun soutien de la mairie, l'autre a été privée d'accès aux locaux que cette même municipalité avait promis sous des prétextes fallacieux. Pour MeM MeM, le mot solidarité a un sens. Force est de constater que ce n'est plus le cas à Forges, une commune qui pratique, de facto, une certaine forme d'exclusion active de ses citoyens les plus fragiles. Pour Noël, ces derniers sont priés d'aller se faire voir ailleurs !


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Logo de l'association MeM MeM
https://www.metmmetm.fr/


dimanche 4 décembre 2022

CHER DANIEL !



J'ai appris par une de mes relations, voilà peu, qu'un de nos anciens adjoints au maire, M. Daniel Bouchon, avait reçu la légion d'honneur. J'avais alors dit à cette personne que j'en ferais bien un petit article de blog, mais, m'a-t-il précisé, un autre blogger, bien plus connu que moi, m'avait devancé. Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s'agit de M. Christian Schoettl, qui a rédigé un article sympathique à ce sujet. Mon article se devait d'être différent du sien, et j'ai donc imaginé la petite lettre qui suit.

Cher Daniel,

J'ai appris par une de nos relations commune que M. le Préfet de l'Essonne t'avait remis la légion d'honneur pour l'ensemble des services que tu as rendus pendant quelques 58 ans dans le monde associatif. Si tu me le permets, je t'en félicite et j'en suis sincèrement très heureux. Heureux pour toi, et heureux pour ce que signifie cette décoration. Sans vouloir être poujadiste - ce n'est pas le genre de la maison - je ne suis pas convaincu que tous les récipiendaires l'ai méritée... Dans ton cas, en revanche, il n'y a pas photo !

Un mot pour parler de cet engagement constant au service de la collectivité et des associations auxquelles tu as appartenu et appartiens encore. Ton engagement associatif au ski-club du CNRS est bien connu de certains sportifs amateurs de poudre blanche. Houlà, attention, je ne parle pas ici de produits stupéfiants, mais bien d'une activité sportive de montagne et d'un club que tu as longtemps animé avec une de nos relations communes. Glissons sur le passé, si je peux aussi me permettre ce jeu de mots facile, pour dire aussi ton implication dans la vie de la commune où tu as habité pendant plusieurs décennies, j'ai nommé Forges Les Bains. Mentionnons donc ton activité au sein de la MCL de Forges. Egalement, et sauf erreur, tu as été premier adjoint au maire pendant trois mandats, le dernier des tiens étant mon premier mandat. J'y reviendrai plus en détails plus loin. En parallèle, tu as participé aux activités de la réserve préfectorale de défense et de protection civile (ou RPDPC 91) et à celles de ce qui précédait ce groupe à la préfecture de l'Essonne. Cette activité t'a occupé jusqu'à ce jour plus d'une trentaine d'années et si je cumule l'activité associative autre, tu auras passé, comme indiqué ci-dessus, quelques 58 ans comme bénévole dans différentes structures sportives, locales ou départementales. Joli palmarès !

Pour les lecteurs qui se demanderaient ce que fait la RPDPC, je me souviens d'un échange récent où tu m'indiquais que cette réserve préfectorale avait organisé, en grande partie sous ta baguette et dans une urgence absolue la distribution, pour tout le département, des masques et bouteilles de gel hydro-alcoolique nécessaires à l'organisation des élections régionales en pleine période épidémique. J'ai aussi noté que tu avais collaboré via la RPDPC à la sécurisation de la récente « fête de l'Huma », qui a déserté son site historique de La Courneuve pour des régions plus méridionales, en rejoignant l'Essonne et la zone de la BA 217 de Brétigny et du Plessis-Pâté. Tu as donc largement contribué à la sécurisation de cet important évènement populaire, ou plus de 400 000 personnes ont été accueillies dans notre territoire essonnien. Je crois que les Messieurs les préfets de notre département (j'entends l'ancien et le nouveau) t'en sont très reconnaissants, manifestant, comme l'écrivait M. Daniel Bouchier de l'Université Paris-Saclay, « une satisfaction légitime, en songeant au fiasco qui a couronné la carrière d'une autre préfet, de police celui-là » ! Tout ceci reste cependant la face émergée de l'iceberg des activités de ce groupe préfectoral, qui assure, par exemple, une aide à la gestion de crise auprès de la préfecture, ou le suivi comme observateur des exercices de sécurité sur les différents sites classés à risque dans le département.

Je reviens sur ton activité forgeoise pour préciser à ceux qui ne te connaîtraient pas que nous te devons des années d'une gestion financière prudente et rigoureuse. Idem à la CCPL, ou malgré les conflits constants entre politiques alpha locaux, tu as réussi à proposer comme adjoint aux finances des budgets tous aussi solides. A Forges, cette rigueur aura permis de belles réalisations. Tu auras ainsi pu faire sortir de terre - avec d'autres - le gymnase, et entamer la restauration de l'église, chantier long et complexe, qui s'est terminée en 2021. Dans ton dernier mandat, c'est en grande partie grâce à toi, mais également à la même gestion rigoureuse conduite par ton successeur aux finances que nos concitoyens bénéficient aujourd'hui de nouveaux locaux sportifs au stade, d'un centre technique municipal équipé et favorable aux personnels des services techniques, et surtout de la maison médicale, un projet qui nous aura occupé pendant quelques années mais qui aura permis à notre commune d'être la première de la CCPL à disposer d'un tel équipement. Je dis notre, car c'est à cette occasion que j'ai collaboré avec toi, au sein de la commission travaux que tu animais. Un mot pour te dire que l'expérience acquise à ton contact et au contact de M. Pascal Deguelle, notre précédent responsable technique, m'apparaît avec le recul comme fondatrice. Elle m'aura permis quelques années plus tard de mener à bien la même mission, avec, je l'espère le même sens de l'intérêt général et la même volonté d'informer et de faire travailler tous les élus intéressés par les projets, une habitude qui semble s'être perdue dans notre commune... Je t'en remercie sincèrement, comme je te remercie de la confiance que tu as bien voulu m'accorder quand notre précédent maire, M. Antoine Lestien, m'a nommé maire par délégation lors de ses vacances. Quand j'y repense, je dois être une des rares personnes à avoir été deux fois maire de la commune, puisque Mme Lespert-Chabrier m'a confié la même délégation de pouvoir quelques années plus tard. Là aussi, tu avais montré le chemin car il me semble qu'au total tu as assuré ce même rôle pendant pas loin d'une dizaine de mois au cours de tes 3 mandats. Tout cela pour te dire que j'ai beaucoup appris à ton contact, que j'apprécie au plus haut point ton honnêteté et ta rigueur, et que je ne suis pas le seul dans ce cas !

Je parlais de nos actions communales. Comment ne pas repenser au projet de local de télétravail que nous avions commencé à dessiner dès 2010, très en avance sur ce qui se faisant, sous l'impulsion, là aussi de M. Antoine Lestien ? Je suis ravi d'avoir pu lancer ce projet, finalement, avec le soutien de la précédente équipe municipale. Beaucoup de communes alentours, la CCPL, et le PNR de la haute vallée de Chevreuse ont suivi la mise en oeuvre du site, impacté par la crise sanitaire, mais qui regroupait jusqu'à une trentaine de membres. Je parle au passé car le site risque de devoir fermer. En effet, l'actuelle municipalité ne semble pas du tout motivée par ce projet, ni par beaucoup d'autres d'ailleurs. Elle vient de faire disparaître la clef de ce local du trousseau d'accès et ne répond pas aux mails à ce sujet... Tu vois le niveau ! Tu as probablement bien fait de quitter Forges, que tu ne reconnaîtrais pas si tu ne suivais pas l'actualité locale. Le volet social de l'action communale part en quenouille. Les plus pauvres et les familles en difficulté ne sont clairement pas le souci local premier ! L'aide que les associations pourraient leur apporter est volontairement entravée par la mairie, à tel point que la situation est connue des associations limouriennes. Toi qui as été commissaire aux comptes du Carrefour des Solidarités, impliqué également dans l'aide au développement dans l'association forgeoise Danaya, tu serais écoeuré de ce qui se passe dans notre commune. Je t'en parlerai un jour. En sus, les idées novatrices y sont aujourd'hui bannies, et le citoyen a, lui, complètement disparu de la vie communale, découragé ou écarté de fait par l'attitude des élus. Ces derniers se plaignent à longueur de pages du journal local de cette disparition qu'ils ont pourtant organisée et favorisée. Bref, c'est un naufrage social, intellectuel et moral !

Ce dernier aspect des choses me permet de revenir à la notion de bénévolat, et aux qualités associées à ces engagements souvent associatifs, qui t'ont valu cette décoration. Outre les aspects de développement personnel et de richesse pour la communauté, c'est aussi et peut être avant tout un dévouement au service des autres, même si cette conception - et la question sous-jacente des motivations - peut être évoquée dans une approche plus « psy » des choses. N'empêche ! Associé au bénévolat, on trouve des valeurs républicaines de solidarité, d'entraide, de vivre ensemble... Tu es un sacré exemple pour les autres ! Je ne peux pour conclure que citer encore une fois M. Daniel Bouchier, qui te voyait comme « un digne représentant de l'humanité telle que nous l'aimons, fraternelle et militante, et qui refuse le culte du premier de cordée [..]». C'est aussi ma vision !

Un très grand merci Daniel pour tout !

Avec toute mon amitié.


Crédit illustration :

Legion d'honneur - grade de chevalier
Site de la monnaie de Paris
https://miniurl.be/r-4axd



mercredi 30 novembre 2022

UN SYMBOLE ROYALISTE EN PLEINE CÉRÉMONIE RÉPUBLICAINE À FORGES ?



Deux de mes relations m'ont alerté sur la présence de scouts à la cérémonie du 11 novembre à Forges Les Bains. En soi, rien d'inquiétant, sauf que...

Les commémorations du 11 novembre, comme celle du 8 mai, sont l'occasion d'une cérémonie mémorielle devant les monuments aux morts de France. Dans notre commune, cette cérémonie a lieu au cimetière, généralement en présence de représentants départementaux ou régionaux, dont notre conseillère, Mme Dany Boyer, et notre sénateur, M. Jean Raymond Hugonnet. Ce dernier n'était pas présent le 11 novembre dernier à Forges, et je n'y étais pas non plus. Je n'ai donc pu assister à cette commémoration, mais deux de mes relations y participaient. Elles m'ont alerté sur la présence de scouts à côté des représentants des différentes associations d'anciens combattants.

Précisons tout de suite que cette présence n'a, en soi, rien de choquant, et que je n'ai rien contre le scoutisme, même si ce propos doit être modulé en fonction des différentes « obédiences » scoutes. Il existe en effet tout un panel de structures scoutes, certaines parfaitement respectables, et d'autres peut être moins. J'avoue néanmoins ressentir un peu de gène en regard de certains aspects du scoutisme, tel que la tenue scoute, qui ressemble quand même à un uniforme, mais également le devoir envers Dieu, un socle commun aux associations scouts, à l'exception des mouvements laïcs. Les notions de responsabilité envers soi ou autrui me paraissent en revanche être des valeurs universelles, parfaitement promouvables. Si nombre des structures scoutes sont reconnues par l'Etat, certaines ne le sont pas (pour plus de renseignements, voir les références 1 et 2). D'autres, pourtant reconnues, ont implémenté des pratiques douteuses, et d'autres sont ou ont été plutôt proches de l'extrême droite, à tel point que les services de la jeunesse et des sports ont failli leur retirer leur agrément (3). Certaines structures scoutes sont donc, malheureusement, inquiétantes. Il existe ainsi en France une soixantaine de ces « petites » structures, non reconnues, souvent proches de mouvements intégristes (3).

Passons, et revenons à nos moutons. Renseignements pris, les scouts présents le 11 novembre appartiennent à une structure non reconnue par les services de l'Etat (2), précisément les randscouts de Courson-Monteloup. Il s'agit d'un groupe de scouts motorisés, disposant d'anciens matériels militaires pour mener différentes actions de solidarité internationales. Je n'ai aucune information sur le fonctionnement actuel de ce groupe, mais une recherche internet m'indique qu'il a connu son heure de gloire, dans le mauvais sens du terme, voila une quinzaine d'années. Quatre de ses membres ont en effet été arrêtés dans le cadre d'une enquête sur des graffitis nazis apparus à Milly-la-Forêt, des magasins tenus par des étrangers ayant été ciblés (4,5). La plaque de la rue au juifs avait aussi été retirée et remplacée par une croix gammée, le tout avec l'élégant message « mort aux juifs ». L'enquête de gendarmerie a également permis de remonter jusqu'à certains des responsables de ce groupe scout. Des perquisitions à leur domicile ont conduit les enquêteurs à mettre la main « sur des figurines de soldats SS le bras tendu, des livrets de chants traditionnels allemands, des dizaines de films documentaires nazis, des cassettes contenant des discours du maréchal Pétain » (4). Même si tous ces responsables ont été remis en liberté à l'issue de leur garde à vue, des proches de l'enquête indiquent l'existence dans ce dossier « d'une dérive extrême droitière » (5).

Espérons que ce que je décris ci-dessus n'est qu'un épiphénomène et que la page des amitiés douteuses a été tournée définitivement. Le plus gênant dans ce qui s'est passé à Forges, réside à mon sens dans les symboles portés par les scouts lors de la cérémonie. Je passerai sur leur tenue paramilitaire, avec bérets bleu ou vert très semblables à ceux des régiments de parachutistes dans le dernier cas, pour évoquer un des drapeaux présenté. Celui-ci arborait une salamandre, symbole royaliste s'il en est, remontant au temps du roi François 1er. Coïncidence direz-vous, sans signification. Que nenni, cher lecteur : le groupe présent s'appelait « Embole François 1er » ! On est donc bien face à un symbole royaliste, ce qui me semble être en totale opposition avec l'indispensable coloration républicaine des cérémonies de commémorations du 11 novembre.

Je ne sais qui a eu la riche idée de cette présence, mais je ne peux croire que celle-ci soit fortuite, ou qu'elle ait été décidée au dernier moment, sans a minima l'accord de la municipalité. Avec cette participation discutable, il convient de se demander quel est l'objectif visé dans une commune dont certains aspects de gestion révèlent d'étranges ressemblances avec ceux de municipalités frontistes (6)...


Note ajoutée le 04/12/2022 :

J'ai récemment discuté avec un bon connaisseur du mouvement Randscout, qui me précise ce qui suit. Effectivement, la détestable affaire que je relate est réelle, et elle a marqué durablement le mouvement. Cependant, depuis cette époque, les Randscouts ont su faire le ménage et ils agissent en toute transparence vis à vis des jeunes du mouvement, et vis à vis de leurs parents ou tuteurs. Le mouvement n'est ni confessionnel, ni politique, et ses exigences vis à vis de son fonctionnement sont de très haut niveau. L'ambiance y est excellente. Le mouvement Randscout est donc irréprochable et selon lui, il a l'agrément de la Jeunesse et des Sports. Connaissant la probité de mon interlocuteur, j'ai toutes raisons de le croire. Dont acte.

Nous divergeons néanmoins sur la symbolique. Je précise tout de suite qu'à mon sens, il n'est pas interdit, en République, d'être royaliste et de défendre ce point de vue. Il est sans doute plus respectable que d'autres ayant pignon non pas sur rue, mais sur TV ! Sans que cela soit un signe absolu d'allégeance à la royauté, il n'est pas interdit, non plus, pour une troupe scout de s'appeler François I, Louis XIV ou Henri IV. Le problème est que le symbole de la troupe, et celui présenté dans cette cérémonie républicaine, objet de l'article, reste fortement connoté. Pour éviter toute méprise, je propose donc que lors de leur prochaine participation, ces scouts portent non pas l'emblème de leur troupe mais le drapeau tricolore. Leur participation sera dès lors significative et irréprochable !


Références :

1. Scoutisme en France. Pages Wikipedia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Scoutisme_en_France

2. Liste d'associations scoutes françaises non agréées. Pages Wikimonde.
Consultable en ligne :
https://plus.wikimonde.com/wiki/Liste_d%27associations_scoutes_fran%C3%A7aises_non_agr%C3%A9%C3%A9es

3. Françoise-Marie Santucci. Les Scouts d'Europe contraints de filer droit. Après un recentrage, l'association controversée a conservé l'agrément ministériel. Libération. Juin 2000.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/societe/2000/06/03/les-scouts-d-europe-contraints-de-filer-droit-apres-un-recentrage-l-association-controversee-a-conse_327136/

4. Anonyme. Des scouts interpellés pour des tags nazis dans l'Essonne. Le Monde. Décembre 2004.

5. Thomas Ségissement. Des scouts fascinés par l'armée allemande. Le Parisien. Janvier 2005.
Consultable en ligne :
https://www.leparisien.fr/essonne-91/des-scouts-fascines-par-l-armee-allemande-28-01-2005-2005654869.php

6. Étranges ressemblances entre forges et municipalités « frontistes ». Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/12/etranges-ressemblances-entre-forges-et.html


Crédit illustration :

Nutrisco et extinguo.
Page Wikipedia. Creative commons.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nutrisco_et_extinguo  



lundi 28 novembre 2022

UN PEU D'ENCOURAGEMENT AUX ASSOCIATIONS NE FERAIT PAS DE MAL !



Les présidentes et présidents d'associations viennent de recevoir un message de la municipalité que je qualifierai de surréaliste. Celui-ci en dit cependant long sur la considération dont ces associations et leurs bénévoles jouissent dans notre commune.

Le message se rapporte aux demandes de subventions à venir. Après un rapide bonjour, il commence par une phrase écrite en gras : « une subvention n’est jamais attribuée spontanément ». Si cette assertion est vraie, elle n'en reste pas moins surprenante dans la forme, comme en-tête de texte. D'ailleurs, dans la façon dont il est rédigé, soit dit en passant en reprenant mot pour mot les termes du site web de la mairie (1), le message suggère en creux que les subventions accordées aux associations sont quasiment des gestes d'extrême faveur en leur direction. Je cite les éléments rapportés, également visibles dans la référence op. cit. : « la collectivité peut ou non accorder la subvention », doublé d'un remarquable « il n’y a aucun droit à la subvention ». Histoire de bien enfoncer le clou dans la tête de ces incapables de responsables d'associations (c'est évidemment du second degré), la municipalité en rajoute non pas une, mais deux couches avec « le renouvellement de la subvention n’est par ailleurs jamais automatique » et « une subvention peut donc être refusée après avoir été accordée l’année précédente ». Bref, si après tout cela vous n'avez pas compris que les aides aux associations semblent être un crève-coeur pour l'équipe en place...

Tout ce qui précède n'est d'ailleurs pas vrai au sens strict. Il existe bel et bien, contrairement à ce qui est écrit, un droit à la subvention. Sinon, si les associations n'avaient aucun droit aux subventions, comment en toucheraient-elles, et pourquoi se casser la tête à remplir des dossiers de demande ? Une erreur de plus dans la com. municipale, mais passons...

Toujours parce que les responsables d'associations sont sans doute trop bébêtes pour ne pas comprendre, s'ajoute à la touchante prose rapportée ci-dessus, et écrite en rouge et en caractères gras, la liste des pièces à fournir, dont une nébuleuse « attestation sur l'honneur ». Attestation de quoi, mystère ! Je veux bien attester du manque de soutien de l'équipe actuelle, mais je ne suis pas sur que cela soit utile. Pas besoin de déclaration sur l'honneur pour cela...

Comme si cela ne suffisait pas, le message renouvelle la menace énoncée par les élues lors de la réunion du début d'année « tout dossier non complet ne sera pas traité ». Outre la syntaxe bancale de cette phrase, on sent bien dans le propos un soutien sans faille de la mairie aux associations locales et toute « la facilitation » que l'actuelle majorité avait promise aux dites associations. Comme me le confiait un président d'association, manque plus que « garde à vous » à la fin du message ! Une autre responsable me disait qu'elle aurait eu honte d'envoyer un message de cette teneur. Moi aussi d'ailleurs, en tant qu'ancien élu.

Bon, mais suffit pas de critiquer ! Il faut proposer. Je rédige donc ci-dessous une version rectificative dont la mairie pourra - si elle le souhaite - s'inspirer pour une communication plus policée.


Mesdames et messieurs les responsables d'associations,

La fin d'année civile approche, et il va bientôt être nécessaire de réfléchir aux besoins financiers nécessaires à votre activité, si vous ne l'avez déjà fait. La municipalité peut soutenir une partie de vos projets par le biais de demande de subventions. Comme vous le savez sans doute, ces subventions ne sont pas automatiques. Elles peuvent vous être néanmoins attribuées en remplissant un dossier [Note : ici, il faudrait simplifier le dossier demandé par la mairie qui est lui aussi surréaliste que le message évoqué dans cet article], et en fournissant les pièces jointes annexes suivantes [mettre ici la liste en évitant le gras et le rouge].

Afin de faciliter le traitement en mairie, nous vous remercions de nous faire parvenir vos dossiers avant le 15 février 2023 [ note : cela laisse un mois à l'équipe pour les traiter, largement suffisant]. N'hésitez pas à contacter X ou Y au n° de tel ou mail, si vous rencontrez des difficultés ou pour tous renseignements complémentaires.

Soyez assurés, Mesdames et Messieurs les responsables d'associations, de l'importance de votre rôle dans la vie communale et du soutien aussi large que possible de la municipalité à vos activités.

Veuillez agréer, etc.



Ha oui, j'oubliais en effet de préciser, cerise sur le gâteau, que le message reçu de l'actuelle municipalité se termine sans la moindre formule de politesse. Il est vrai que venant d'une équipe dont certains membres tiennent entre eux des propos que l'on peut considérer comme méprisants pour certains associatifs, plus rien ne peut étonner, je crois...


Références :


Demandes de subventions. Site web municipal.
Consultable en ligne :
https://www.forges-les-bains.fr/demandes-de-subventions/


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Photo libre de droit Image par Mohamed Hassan de Pixabay

mardi 15 novembre 2022

LE BOUFFON NE FAIT PLUS RIRE (2)


J'évoquais dans un précédent article les propos au mieux démagogiques, au pire scandaleux tenus par un des personnages les plus controversés de la télévision français, j'ai nommé M. Cyril Hanouna. Ce dernier vient de récidiver en n'hésitant pas à insulter un député qu'il avait invité à son émission, et qui avait mis en cause le comportement du patron de la chaîne sur laquelle officie M. Cyril Hanouna. Ce dernier est M. Vincent Bolloré, le milliardaire bien connu. Mais il y a plus grave, et c'est une collègue du CNRS qui le dit, chiffres à l'appui...

Je ne reviens que brièvement sur l'affaire qui a défrayé la chronique, récemment. Il est en effet impossible d'avoir échappé à l'info : M. Cyril Hanouna, dans un épisode de l'émission de divertissement qu'il anime, n'a pas hésite à insulter M. Louis Boyard, député de « La France Insoumise » après que ce dernier ait critiqué en direct sur l'antenne les activités de M. Vincent Bolloré en Afrique. Il affirmait ainsi que « Les cinq personnes les plus riches, ce sont les mêmes qui appauvrissent la France et l’Afrique. Et je vais vous donner l’exemple de Bolloré qui a déforesté le Cameroun », en référence aux activité d'une entreprise qui produit de l'huile de palme, et dont M. Vincent Bolloré est actionnaire. Le ton est vite monté, après que le député, qui fut avant son activité de parlementaire, un des invités fréquents et appointés financièrement de l'émission, ait accusé l'animateur de faire la part belle aux idées de l'extrême-droite, et particulièrement à celles propagées par M. Eric Zemmour. La « discussion » s'est alors envenimée, les noms d'oiseaux et les insultes pleuvant alors sur le député, traité d’« abruti », de « tocard », de « bouffon », à qui l'animateur excédé demandait de « fermer sa gueule »... La grande classe, quoi !

Je ne peux dire si les propos du député sur l'activité de M. Vincent Bolloré en Afrique sont exacts ou non, je n'ai pas eu le temps de parcourir la presse qui a sans doute enquêté sur le sujet. Le principal n'est pas là, de toutes façons. En revanche, il me semble que la participation de grands groupes dans les entreprises de presse et télévisuels pose un très sérieux problème démocratique. Ce n'est en effet pas la première fois qu'une certaine forme de censure - puisqu'il faut appeler les choses par leur nom - s'exerce lorsque le patron d'un groupe de presse (écrite ou télévisuelle) est susceptible d'être mis en cause dans une enquête portant sur ses autres activités. On peut ainsi citer le cas de l'excellent film de M. François Ruffin, « Merci Patron », que le journal Le Parisien avait passé sous silence, interdisant à ses chroniqueurs cinéma d'en parler. Il est vrai que M. Bernard Arnault, le propriétaire du journal Le Parisien était alors au centre du film de M. François Ruffin, qui y dénonçait la casse sociale organisée pour le plus grand profit de ses actionnaires... De même, on pourrait évoquer le scandale des Panama papers, où apparaît le nom de M. Patrick Drahi, actionnaire majoritaire de BFM-TV, RMC,et ayant des participations dans Libération, l'Express et l'Expansion. Ce dernier semble avoir échafaudé un montage opaque de sociétés, de trusts, qui conduisent en grande partie vers des paradis fiscaux connus : Luxembourg, Suisse, Iles anglo-normandes, etc. Il faut alors se remémorer la réaction d'un animateur vedette de BFM, qui déclarait alors : « Vous avez vu la réaction des gens qui ont été cités ? Ils se défendent c’est normal. Patrick Drahi, par exemple, qui reconnaît avoir une société, mais rien d’illégal. […] Est-ce que finalement c’est la bonne méthode de jeter en pâture des noms de personnalités, sans qu’elles aient vraiment la possibilité de se défendre ? »... Parfois, les responsables de rédaction ou de chaîne avouent même leur ingérence dans les enquêtes menées par les journalistes. C'est le cas de M. Nicolas de Tavernost, patron de M6, qui reconnaissait avoir agi pour ne pas contrarier des clients, entendez les patrons de la chaîne et/ou les annonceurs. Il indiquait avoir, entre autres, déprogrammé un numéro de Capital traitant du sujet des fournisseurs de téléphonie. Enfin, au titre des grands intervenants, on retrouve bien sur M. Vincent Bolloré. Propriétaire de Canal+, ce dernier avait oeuvré pour interdire la diffusion d'une enquête sur le Crédit Mutuel dans « Spécial investigation ». De fait, dès que l'on parle d'Afrique et des activités des entreprises de son groupe, les oreilles de ce milliardaire semblent tinter. Il n'a pas hésité à poursuivre en justice plus d'une trentaine de journalistes qui enquêtaient sur ce thème pour ce qu'il estime être de la diffamation. Quant à ses actions après le rachat d'Itélé, devenue CNews, ou d'Europe 1, plus récemment, elles ont assez systématiquement conduit au départ de très nombreux journalistes qui s'estimaient empêchés de travailler... On notera aussi un virage éditorial sensible, puisque ces chaînes, et surtout CNews, devenu une sorte de Fox News à la française, se sont fait une spécialité des discours proches de ceux de l'extrême-droite. Rien d'étonnant, donc, à ce que M. Cyril Hanouna ait réagi de façon agressive aux propos du député qui soulignait d'ailleurs ce point.

Cette accusation de favoritisme de l'extrême-droite dans l'émission de M. Cyril Hanouna tient-elle la route ? Il semble que oui, absolument, si je me réfère pour le dire à une étude récente dont le premier volet a été publié en début d'année par Madame Claire Sécail, chercheuse du CNRS. Elle vient d'affiner ses résultats en publiant la suite de ses travaux, c'est à dire l'analyse de l'émission sur la période couvrant la campagne électorale présidentielle (janvier-avril 2022). Prenant en compte les temps de parole, la présence ou non de contradicteurs, les choix thématiques, cette intéressante analyse révèle, je cite les conclusions de l'auteure, « un fort déséquilibre de traitement persistant entre les candidats de l’élection présidentielle 2022 » dont l'analyse quantitative des temps d’antenne/parole démontre « que l’émission a largement favorisé les candidats d’extrême droite et toujours en particulier Éric Zemmour », assez systématiquement présenté sous le statut de victime. Pour être plus précis, la chercheuse indique aussi que l’extrême droite a bénéficié de presque 49 % du temps d’antenne politique de l'émission du 8 au 27 mars, malgré l'exigence d'équité de temps de parole imposée par la loi à cette période. Les marcheurs et la majorité présidentielle ont, eux, occupé 25 % de l'antenne, et les différents partis de gauche et écologistes, tout juste 20 %. Elle conclut de cela, je cite l'étude, que « le cadre de régulation du pluralisme pendant la campagne électorale n’a eu quasiment aucun effet correcteur sur les disparités observées dans [l'émission], quelle que soit la période concernée », conduisant ainsi à « une bipolarisation du débat qui favorise l’expression de l’extrême droite ». Cette observation est renforcée par l'analyse de la contradiction, qui révèle que, je cite toujours, « les candidats de droite (LR), de gauche (PS, PCF) et écologistes ont été invisibilisés quantitativement et parfois disqualifiés qualitativement. Si le RN est quantitativement resté derrière Éric Zemmour, il a gagné qualitativement en normalisation, [alors que] Jean-Luc Mélenchon (LFI) a fait l’objet d’un traitement particulièrement désavantageux par C8 durant la période d’égalité [de temps de parole] ».

On peut bien entendu reprocher aux politiques de se rendre dans l'émission de M. Hanouna. C'est d'ailleurs ce que je fais de nouveau ici, car le rôle d'un député n'est pas le divertissement, pour autant que l'on puisse utiliser ce terme pour cette émission. Je suis donc en total désaccord avec M. Jean-Luc Mélenchon, lorsqu'il tente d'exonérer les politiques de leur responsabilité s'ils s'affichent dans cette émission. Oui, c'est bien en partie « de votre fait », Mesdames, Messieurs, pour reprendre les propos du leader de la France Insoumise, si ces évènements se produisent. En revanche je partage son constat lorsqu'il indique que lorsque « neuf milliardaires possèdent 90% des médias, il y a un ruissellement de médiocrité et d'obéissance ». C'est, à mon sens, une raison de plus pour ne pas se rendre sur ces chaînes ! C'est aussi à mon sens, une raison pour légiférer au plus vite sur ce sujet...


Note ajoutée le 23/11/2022

Je relaye ici un article du site d'informations en ligne "Blast" parlant des tentatives de censure d'une presse indépendante, en provenance du groupe Drahi :

"Le groupe de Patrick Drahi a réussi à obtenir une censure conservatoire, en détournant la loi de 1881 sur la liberté de la presse [...]  En août 2022, des informations financières et fiscales sur Altice, 3ème groupe media privé français ont été publiées sur internet par des hackers. Début septembre, Reflets.info a publié une série d'articles concernant les montages financiers et fiscaux d'Altice, lui permettant de ne payer quasiment aucun impôt malgré son activité [...] Par une décision du 6 octobre 2022, le tribunal de commerce n’a pas ordonné à Reflets.info de dépublier ses articles, car les informations qui y sont révélées ne violent pas le secret des affaires. En revanche, le tribunal a interdit à Réflets.info de publier d’autres articles sur Altice ce qui est une violation intolérable de la liberté de la presse."

https://www.blast-info.fr/articles/2022/le-secret-se-propage-la-liberte-recule-par-le-collectif-stopbollore-Vh8UoUskSUu7kiYBr0uwYQ

mercredi 9 novembre 2022

EAU OUEST ESSONNE :
LA RÉGIE QUI A DU CHIEN !


Comme les lecteurs du blog le savent, j'ai conservé une fonction à la régie publique Eau Ouest Essonne, participant au Conseil d'Exploitation. Cela me permet de proposer et de suivre les grandes orientations de la régie, orientations dont le choix reste bien sûr du seul ressort des délégués communaux réunis en conseil syndical. Je donne dans cet article quelques nouvelles plutôt satisfaisantes de la régie intercommunale.

Première bonne nouvelle, malgré la sécheresse de l'été que nous avons connue, la fourniture d'eau a pu être maintenue grâce au travail des agents d'Eau Ouest Essonne. Cependant, la situation a été tendue sur les captages de Saint-Maurice-Montcouronne, à la fois en raison de la baisse du niveau de la nappe, mais aussi en raison de certaines limitations techniques des systèmes de pompage. Néanmoins, le déficit en eau a pu être aisément compensé via l'interconnexion avec le réseau en provenance de l'usine de potabilisation des eaux de l'Essonne, située à Itteville. Parmi les priorités de la régie, le remplacement de ces captages est donc prioritaire, un processus s'inscrivant dans une démarche de sécurisation des approvisionnements engagée depuis plusieurs mois.

Deuxième bonne nouvelle, depuis quelques jours, grâce à une pluviométrie favorable, à un rafraîchisement, et au ralentissement de la photosynthèse des arbres, le niveau de la nappe de Saint-Maurice remonte doucement. Il me semble intéressant de préciser ici que le fait que les pluies d'orage de l'été ou de fin d'été, apportant pourtant beaucoup d'eau, ne rechargent pas les nappes est lié à plusieurs phénomènes. Tout d'abord elles se produisent souvent sur un sol sec et généralement (très) compact sur les parcelles agricoles exploitées de façon conventionnelle. Elles ne pénètrent donc pas le sol et ne percolent pas, générant des ruissellements importants. Deuxièmement, la partie de l'eau qui pénétrerait est très rapidement évaporée par la végétation, un phénomène appelé évapo-transporation. Celui-ci permet aux plantes, entre autres, de tolérer les élévations de températures et de résister aux chaleurs de cette saison. On estime que plus de 95% de l'eau absorbée par les racines est « transpirée » par un arbre. À titre d'illustration, un hectare de forêt (soit grosso modo la surface d'un terrain de football) en région parisienne évapore en moyenne 30 tonnes d'eau par jour, soit 30 m3.

Troisième bonne nouvelle, justifiant le titre original de l'article, la régie lance un programme de détection de fuites en zones agricoles. Il existe plusieurs moyens de rechercher des fuites sur un réseau d'eau potable. Là où le réseau est directement accessible (via des bouches à clef, des vannes, etc.), on peut procéder à une écoute acoustique. Toute fuite d'eau provoque en effet un bruit, plus ou moins aigu ou grave selon l'intensité de la perte d'eau. En utilisant deux capteurs encadrant la zone fuyarde, on peut aussi détecter avec précision la localisation exacte de la fuite. Ces techniques restent cependant difficiles à mettre en oeuvre en zone où les canalisations sont non accessibles, par exemple en zone rurale, où ces tuyaux peuvent être profondément enterrés. Pour traiter ces zones, la régie va avoir recourt à des chiens dressés à la détection du chlore. Ce chlore est ajouté à l'eau potable au niveau du captage, pour en assurer la potabilisation biologique. Cette technique a déjà été utilisée par une entreprise privée avec succès mais Eau Ouest Essonne sera la première régie en France a avoir recours à des chiens spécialement dressés pour ce travail. Celui-ci ne peut être réalisé que hors périodes de fortes chaleurs, le chlore s'évaporant trop vite et la chaleur perturbant les animaux. Il est possible d'explorer 2 km de canalisation par heure. C'est un chiffre très significatif, d'autant qu'il repose sur la mise en oeuvre d'une technique non destructive, et plutôt respectueuse de l'environ-nement. L’expérience se déroulera dans les secteurs de Fontenay-lès-Briis et de Forges-les-Bains fin novembre 2022.

Le savoir-faire de la régie fait que des communes de plus en plus éloignées du « centre historique » envisagent d'avoir recours aux services de la régie, parfois pour gérer une délégation de service publique, parfois pour rejoindre la régie directement. Cette bonne réputation et ce savoir-faire sont d'ailleurs arrivés jusqu'aux oreilles de M. le Sous-Préfet d'Etampes, qui visitera les installations de la Régie prochainement, des captages aux systèmes de télésurveillance et de relève. Il s'agit à mon sens d'une vraie reconnaissance du travail fait par les personnels et les élus pour mettre en place un service public de l'eau potable.


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Photo de Lorenzooooo
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samedi 5 novembre 2022

LE BOUFFON NE FAIT PLUS RIRE



Cela fait pas loin de 40 ans que je vis sans télévision. Celle que j'avais dans les années 80 est tombée en panne, et je ne l'ai jamais réparée ou remplacée. Ceci fait que je ne regarde jamais ou presque les émissions télévisées, sauf lors de mes séjours à l'étranger, ou lors de mes vacances si un poste est disponible sur site. J'avoue ne pas m'en porter mal, et quelques événements récents me confortent dans ce ressenti.

Autant le dire tout de suite, je suis globalement atterré du niveau moyen des spectacles que nous offre la télévision lorsque je la regarde. En particulier je trouve totalement délirante la place que prend la publicité sur les chaînes. Je ne vois pas non plus d'intérêt aux énièmes rediffusions de films, et je trouve globalement médiocres, pour rester plutôt gentil, nombre d'émissions dite de divertissement. Je n'ai rien, ceci dit, contre les divertissements. J'aime beaucoup ce que propose Culture Box, avec une belle variété d'émissions proposées, et pour éviter de passer pour un bêcheur, je précise que regarde aussi de temps en temps des émissions plus « légères », comme Pawn Stars, Vintage Mecanic ou Wheeler Dealer. Quant aux émissions plus sérieuses, de type enquête ou documentaires, je dois dire que j'ai été très agréablement surpris par la qualité de la chaîne parlementaire LCP.

Malgré ces quelques perles, comment ne pas également évoquer au titre des regrets les journaux « d'information» télévisés dans lesquels, très souvent, la dite information ne fait l'objet que d'un survol. Plus grave à mon sens, la plupart de ces journaux ne montrent qu'une très faible, sinon aucune hiérarchisation de l'information, particulièrement lors des émissions de mi-journée. Je suis également assez critique de la qualité de la production des chaînes dites d'information en continu. À l'exception possiblement de France-Info, je suis catastrophé par leur pauvreté, par la répétition des séquences et des images montées en boucle, et par la faiblesse des commentaires des journalistes, particulièrement de ceux envoyés sur le terrain. Tout se passe comme si il fallait diffuser pour diffuser, point à la ligne. Parmi ces chaînes, une me semble poser un problème plus sérieux. Je suis outré par les propos tenus de façon répétée et fréquente par les journalistes et intervenant de CNews, tant ceux-ci - entre faits non vérifiés et propos xénophobes et racistes - pourraient à mon sens faire l'objet de poursuites pénales. Vous me direz que si ces émissions ne me plaisent pas, il reste la possibilité de ne pas les regarder. C'est bien ce que je fais, mais je ne peux que m'inquiéter de l'impact de certains propos nauséabonds tenus sur ces chaînes, et la mansuétude dont ils bénéficient...

A ce sujet, j'ai été, comme d'autres, profondément écoeuré par les propos tenus par M. Cyril Hanouna dans son émission « Touche pas à mon poste». Ce dernier « commentait » à l'antenne le meurtre terrible d'une jeune fille en région parisienne, meurtre dont est suspectée une femme en situation d'obligation de quitter le territoire français. Il estimait ainsi que « Si on a toutes les preuves, c’est perpétuité direct. Je suis désolé. Il n’y a pas d’altération ni de non-discernement », ajoutant « C’est le genre de cas où, fou ou pas fou, elle doit être en prison. Elle ne doit pas être soignée. Pas consciente de ses actes ? C’est une loi qui doit être révisée aussi. […] Entendre ce discours en France, j’en peux plus de ça, c’est insupportable et les lois doivent changer », avait-il conclu. J'avoue ne pas être un fan de notre actuel Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, M. Eric Dupont-Moretti, mais je ne peux que souscrire à ce qu'il disait quand il réagissait à ces propos en les qualifiant de « négation de l'Etat de Droit ». Sur France-Inter, l'humoriste Mme. Sophia Aram avait été plus violente et plus critique en affirmant « qu'en appelant à une justice expéditive Hanouna démontre qu’il n’est qu’un barbare [...] Un barbare populiste, joyeux, souvent couillon, mais un barbare au service d’un multimilliardaire dédiant ses antennes aux thèses d’extrême droite ». Je laisse à cette humoriste la responsabilité de ses propos, mais ne peux que constater qu'effectivement, la chaîne diffusant l'émission de M. Cyril Hanouna (C8) appartient au groupe Canal +, dont le conseil de surveillance a été longtemps dirigé par Vincent Bolloré, milliardaire français, proche des milieux intégristes catholiques.

Au-delà, en quoi les propos de M. Cyril Hanouna posent-t-ils problème ? Il a sans doute le droit de s'exprimer comme tout citoyen, après tout, non? Certes, mais il ne doit pas oublier que contrairement à tout citoyen, ses propos sont entendus par des millions d'auditeurs. Il a donc, à mon sens, une obligation morale de tenir un discours équilibré et non caricatural, si possible tirant vers le haut le débat autour des questions de justice. Or, M. Cyril Hanouna fait tout le contraire... On pourrait parler de dérapage malheureux si verbe avait dépassé la pensée mais je crains que là ne soit pas la vérité. Au risque de surprendre, je suis de nouveau en accord avec M. le Garde des Sceaux lorsqu'il dit que cette manière de faire « appar-tenait au Moyen-Âge », tout en ajoutant « Balayer l’état de droit pour faire de l’audience, c’est quelque chose que je ne peux pas accepter ». Je crains en effet qu'il s'agisse plutôt d'un dérapage très contrôlé, visant avant tout à faire parler de l'émission. En lien, et comme par hasard, deux ou trois jours plus tard, constatant les records d'audience de l'émission suite aux polémiques, M. Cyril Hanouna a organisé une fête privée avec les personnels de son émission, puis une fête télévisée d'assez mauvais goût, invitant, si j'en crois le compte-rendu qu'en fait Télé Sept Jours « le dirigeant de C8 Franck Apietto à venir faire la fête sur le plateau. Ce dernier est donc venu remettre un trophée à Cyril Hanouna pour l'occasion, vêtu d'un déguisement bling-bling : lunettes de soleil, faux collier en or, fausse fourrure... À l'écran, des faux feux d'artifices ont été ajoutés tandis que dans le studio, des confettis dorés pleuvaient sur une musique digne d'un club à Ibiza. Accompagnés de danseuses brésiliennes, ils ont dansé pendant près d'une minute dans une ambiance explosive ». Puis-je rappeler qu'à l'origine de tout cela, on parlait quand même du meurtre épouvantable d'une toute jeune fille ? M. Cyril Hanouna n'en n'a visiblement cure, puisque selon lui, les réserves et les propos tenus sur l'indécence de cette fête ne sont que le fait de jaloux à qui il conseille sans honte d'arrêter « de trouver des trucs pour essayer de chercher des poux dans la tête »... On est bien au delà de la bêtise ! A ce niveau, je ne peux que me réjouir du fait que le gendarme de la communication audiovisuelle et numérique, l'ARCOM, saisi par de nombreux téléspectateurs, ait décidé d'ouvrir une instruction visant à déterminer  si les propos tenus sont constitutifs « d'éventuels manquements au sens du droit ».

Pour moi, les propos de M. Hanouna, constituent une négation de la pensée construite, et une forme de contestation de valeurs sociétales et, quelque part, civilisationelles, même si ce dernier vocable peut paraître fort. J'inclus dans ces valeurs la présomption d'innocence, le droit à une défense juste et équitable, ou, de façon plus technique les notions de discernement dans la définition de la responsabilité pénale. Le bouffon ne fait donc plus rire, pour autant qu'il n'y soit jamais parvenu... Je suis également très remonté vis à vis des politiques de tous bords, de droite, du centre et de gauche, qui profitent de l'audience malsaine de cette mission pour s'y montrer, quelle que soit la légitimité de la cause qu'ils défendent. Car, comme le résume très bien M. Fred Valet dans le média en ligne Watson « Sans même prendre le soin de déguiser le populisme (qui l'a rendu puissant) en fête foraine télévisuelle (qui l'a rendu riche), [...] Cyril Hanouna est peut-être devenu simplement dangereux ».


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Cantin Dumay - Creative Commons


mercredi 2 novembre 2022

DÉCÈS DE CHRISTIANE JULLIEN



J'ai appris avant-hier le décès d'une Forgeoise qui a compté dans la commue, Christiane Jullien. Elle habitait à Ardillières depuis des années, et elle a beaucoup oeuvré pour notre commune. Je ne sais si elle aura droit à quelques mots de remerciements dans le journal local, mots qu'elle mérite largement pourtant, et qu'elle n'a que très rarement reçus, pour ne pas dire jamais. Alors, je prends les devants. Merci à tous ceux qui m'ont aidé lors de la préparation de l'article en partageant photos et souvenirs !

J'aimais beaucoup Christiane Jullien. Christiane, c'était d'abord une image d'Ardillières. Très attachée à « son » hameau, je me rappelle ses sollicitations nombreuses pour telle ou telle intervention qu'elle me transmettait lorsque j'étais élu aux travaux, au sujet de la voirie, de l'éclairage, ou du nettoyage du lavoir auquel elle tenait tant. Cette liste est d'ailleurs non limitative ! Nous avions, avec elle et à sa demande, envisagé de remettre le lavoir en eau, mais un problème technique engendrant des coûts de remise en état important ont conduit à l'arrêt du projet. La commune n'a pu faire tout ce que Christiane souhaitait pour le hameau, mais au moins elle aura toujours répondu (même par la négative) aux demandes de cette forgeoise, une politesse qui semble se perdre aujourd'hui...

Même si Christiane, c'était d'Ardillières, Christiane c'était aussi Forges. Son attachement à la commune se traduisait par un engagement important dans le monde associatif. De nombreux enfants de Forges l'ont connue, à la MCL, où ses « cours » d'arts plastique ont fait le bonheur de plusieurs générations de jeunes, devenus adultes aujourd'hui. Ma fille, graphiste professionnelle, se rappelle bien d'elle, et de son enthousiasme communicatif. Je serais curieux de savoir combien de Forgeoises et Forgeois, entre 15 et 40 ans partagent ces souvenirs. Ceux ci sont, pour citer Mme. Fanny Brisson, aussi ceux « d'une époque où sous la présidence de René Giraud [...] les MJC (ou MCL) représentaient vraiment quelque chose de social et de culturel, tourné vers la jeunesse... À cette époque s'est créé le club des jeunes de Forges. Sans Christiane, il n'aurait pas existé. Céline y était animatrice, moi, je faisais des stages d'impro théâtrale et notre Christiane était bénévole perpétuelle et pleine d'idées... Confidente de la jeunesse Forgeoise, celle qui pardonnait tout, écoutait tout, faisait tout avec rien, mais avait aussi des idées bien précises de ce qui se faisait et ce qui ne se faisait pas ».

Son énergie, Christiane la mettait aussi au service de plusieurs associations, dont Danaya. Comme le dit M. Bernard Terris, fondateur de l'association : « Christiane faisait partie du conseil d'administration de Danaya depuis de nombreuses années, et elle était parmi les fidèles dans notre association : présente à tous les conseils d'administration, à toutes les AG et bien sûr à toutes nos fêtes africaines, avec son dynamisme et sa bonne humeur tellement agréable ». Du temps où les Forgeois organisaient une « vraie » fête de la Châtaigne, Christiane faisait régulièrement partie du volant de bénévoles communaux, participant aux préparatifs et au service. Elle aussi était membre de la commission ouverte Environnement et Développement Durable de la précédente mandature, à une époque où il existait des commissons ouvertes, et pas seulement aux copains ! Son intérêt pour ces thématiques l'avait aussi conduite à aider aux actions de « Forges en Transition », comme on le voit sur la photo d'illustration prise lors d'une sortie vélo organisée par cette association. 

Christiane était aussi là, très régulièrement, lors des conseils municipaux, comme conseillère en fin du mandat de M. Antoine Lestien, puis comme citoyenne assistant à presque toutes les séances. Partie prenante de la vie locale, elle intervenait lors des réunions de quartier comme référente pour le hameau d'Ardillières. Elle aidait aussi quasi-systématiquement aux opérations de vote lors de différents scrutins. Avec M. Pierre Audonneau, nous l'avions repérée car elle avait mis en place une technique d'ouverture des enveloppes redoutablement efficace qui nous permettait de « plier », avec le reste de l'équipe, le dépouillement de presque 1000 votes en deux heures environ, sans erreur ! 

Un souvenir plus personnel me revient : Christiane était « tombée » sur mon blog il y a quelque temps, et elle faisait partie des personnes qui l'appréciait et me transmettait ses retours. Il s'agissait d'avis mais également de suggestions, de corrections orthographiques, car oui, il reste bien sûr des coquilles malgré le soin de la relecture. Nous avions d'ailleurs un jour discuté de l'origine de ce mot de coquille, qui remonterait aux temps anciens de l'imprimerie. Une des étapes du processus faisait alors intervenir du blanc d'oeuf dans lequel il restait parfois de petits morceaux coquilles, rendant illisible une lettre après l'impression. Il existerait une version plus grivoise que je vous laisse rechercher, n'étant pas d'humeur aujourd'hui à vous la proposer. À la suite de cette discussion, Christiane m'avait gentiment offert un petit dictionnaire des expressions françaises, dédicacé, que je garde précieusement. Merci pour cela Christiane, et merci, surtout, pour tout ce que tu as fait pour les autres, urbi et orbi !

En cette période de fête des morts, je ne suis sans doute pas seul à me demander s'il existe une transcendance post-mortem. Je n'en sais rien. Il me semble simplement que la probabilité de cette existence, même si elle ne peut être démontrée comme nulle, est très (très) faible. Ce que je sais, en revanche, c'est que Christiane va nous manquer, ou, bien résumé par M. Antoine Lestien, un de nos précédents maires, que « si le monde n'était composé que de personnes comme Christiane Jullien, la vie serait belle ». Tellement vrai, particulièrement dans les contextes communal et national actuels !


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Christiane, sous le lavoir d''Ardillières.
Cliché M-H Huzé.
Document de l'association Forges en Transition




vendredi 28 octobre 2022

DROIT DE GRÈVE : UNE LIBERTÉ MISE À MAL



En théorie, le droit de grève est un droit reconnu à tous les salariés et fonctionnaires, à de très rares exceptions près. Parmi celles-ci, on peut citer les forces armées qui ne disposent pas de ce droit, ni du droit de se syndiquer d'ailleurs. Certains secteurs publics, telle que l'administration pénitentiaire, disposent de droit de grève restreint. La grève consiste en une cessation d'activité concertée et collective qui s'inscrit, en général, dans le cadre d'un litige entre employés et employeurs. Depuis une quinzaine d'années, ce droit est mis à mal dans notre pays, d'une façon parfaitement insidieuse. Á Forges aussi, nous n'échappons pas à ces dérives.

Si le droit de grève est un droit constitutionnel, la loi l'entoure de dispositions plus ou moins contraignantes. Dans la fonction publique, il est ainsi nécessaire de déposer un préavis de grève cinq jours francs (hors fêtes et week-end) auprès des tutelles. Cette obligation n'existe pas à ma connaissance dans le secteur privé, sauf si l'entreprise participe à une mission de service public. Des employés du privé peuvent donc déclencher une grève à tout moment, sans préavis. A noter également, point souvent méconnu, qu'une grève ne peut être déclenchée que pour des raisons professionnelles (exemple : rémunération) ou sociales (exemple : durée des congés ou conditions de la retraite), et pas pour des motifs politiques, sauf si ceux-ci sont consubstantiels aux motifs professionnels, ou accessoires par rapport à l'objet professionnel de la grève. A noter aussi que la notion d'action concertée signifie qu'au moins deux personnes dans une entreprise doivent se déclarer grévistes pour que la grève soit licite.

En termes de droit de grève, nous venons de loin. Il est en effet nécessaire de rappeler que faire grève était interdit au début du XIXe siècle et que cette possibilité n'a été autorisée, de façon limitée, que sous Napoléon III. Elle s'est trouvée progressivement étendue au cours des premières années du XXe siècle, par exemple au personnel de la fonction publique qui ne pouvait s'y référer à l'époque pour cesser le travail. Ce n'est qu'en 1946, dans la mouvance des avancées sociales d'après guerre, que ce doit a été reconnu droit constitutionnel.

Or, depuis une vingtaine d'années, le droit de grève fait l'objet d'une retour en arrière marqué, et ce de façon insidieuse et détournée, même si les premiers contre feux avaient été allumé dès les années 80. A cette date, le conseil constitutionnel stipulait, dans son arrêté 79-105 que des limitations pouvaient être imposées, et que « ces limitations peuvent aller jusqu'à l'interdiction du droit de grève aux agents dont la présence est indispensable pour assurer le fonctionnement des éléments du service dont l'interruption porterait atteinte aux besoins essentiels du pays ». On le voit, la définition était déjà à l'époque suffisamment vague pour autoriser des interprétations plus ou moins larges du texte.

Une des attaques les plus frontales au droit de grève a été menée sous la présidence de M. Nicolas Sarkozy. Lors de sa campagne électorale, puis lors de son mandat, ce dernier avait en effet défendu l'idée de la mise en place d'un service minimum, puis l'avait imposé dans les secteurs de l'éducation nationale et des transports, entre autres. Son souhait était alors résumé par sa phrase : « Désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit ». Cette limitation revêtait deux aspects : l'un parfaitement discutable - et à mon sens anticonstitutionnel - dans le cas des transports publics, l'autre illogique dans le cas de l'éducation nationale. Dans le cas des transports publics, les arguments mis en avant par les tenants du service minimum étaient en effet fallacieux : il s'agissait de la liberté d'aller et venir et de la liberté de travailler. Or, si l'on veut bien considérer chacun de ces droits, les grèves de la SNCF ne remettait en réalité aucunement en cause ces droits fondamentaux. Sans métro ou train, on peut toujours sortir de chez soi, aller et venir, aller travailler. Il faut simplement utiliser d'autres moyens de transport ! Par ailleurs, certains des élus libéraux et de droite ont fait valoir un argument particulièrement médiocre : la liberté d'accès au service public. Il convient là de rappeler que ce sont ces mêmes élus libéraux qui organisaient sans état d'âme, à la même époque, la disparition des bureaux de poste, ou la fermeture des lits d'hôpitaux. Dans le cas des écoles, le problème réside dans le fait que la loi impose au communes d'organiser un accueil des enfants. Cette disposition est illogique car autant les services périscolaires sont du ressort de la mairie, autant le temps éducatif est du ressort du ministère et donc de l'État. Ce n'est donc certainement pas aux communes d'intervenir dans un litige entre l'État et ses fonctionnaires, et donc de suppléer, même au travers de la seule mesure d'accueil dans les services scolaires, aux carences de cet État.

Soyons quand même clair, malgré ces dispositions partiellement liberticides, les employés des transports publics, comme les enseignants ont trouvé des parades et des soutiens. Dans les transports, les syndicats ont mis en oeuvre de nouvelles stratégies qui font que les entreprises privées comme publiques se trouvent démunies et incapables d'organiser un service minimum en cas de fortes mobilisations. Ainsi, lors de la grève de 2006 dans les transports lyonnais, les syndicats déposèrent un préavis de 99 jours, puis un préavis illimité, et incitèrent tous les salariés à se déclarer grévistes, même s'ils ne l'étaient pas, ceux-ci annulant le dépôt de préavis 24 heures avant la reprise du travail. Cette stratégie rend impossible l'organisation du service minimum sans pénaliser financièrement les personnel ! L'autre option est la grève tournante de 55 minutes, donc d'une durée inférieure à l'heure de grève engagent la perte de salaire du jour entier. L'effet obtenu a été le même, la désorganisation totale du service minimum. Dans l'éducation nationale, dans les écoles maternelle et primaire, plusieurs communes, dont la notre, ont refusé lors des précédents mandats d'organiser l'accueil des enfants pendant le temps scolaire. Il s'agissait bien entendu d'une position éthique, mais également d'une impossibilité matérielle, la municipalité ne disposant pas des personnels qualifiés pour cela. En effet, il est possible selon la loi de remplacer les personnels communaux par des personnels non communaux, telles qu'assistantes maternelles, animateurs, enseignants retraités, voire étudiants ou parents d’élèves sans que soit précisé le niveau de qualification des « remplaçants ». L'autorité municipale doit seulement s’assurer que tout volontaire possède « les qualités nécessaires pour accueillir et encadrer des enfants ». Or, ceci est bien sur impossible à réaliser car personne dans une commune n’a les moyens de contrôler le sérieux des intervenants, l'accès aux fichiers de police n'étant pas autorisé aux élus.

La situation est semblable lors d'une grève du personnel périscolaire. Nous avons ainsi vu récemment, à Forges, des parents d'élèves et Madame la maire se transformer en personnel d'accueil  pour palier l'absence du personnel municipal gréviste. Outre l'aspect moralement condamnable de cette volonté d'invisibiliser une grève, il est tout a à fait paradoxal de constater que c'est la même tutelle municipale qui agit comme pourfendeur d'un mouvement social, et qui défend dans un discours public rodé la bienveillance collective dont doivent bénéficier, entre autres, les personnels du périscolaire ! Il est vrai qu'à Forges, on n'en n'est plus à une contradiction prête ! Je m'interroge cependant sur le risque encouru par les parents en cas d'incidents ou d'accidents mineurs ou graves, affectant l'un des enfants... 

Au delà de l'anecdote forgeoise, il convient aussi de s'interroger sur cette volonté propre aux partis de droite et aux libéraux, de limiter de façon forte le droit de grève, ce que l'on a encore vu récemment via la réquisition de personnels grévistes. Mon sentiment est que le droit de grève est finalement un droit octroyé à David, contre Goliath. Il permet aux salariés et fonctionnaires de dire non, d'établir un rapport de force avec leur employeur, peu habitué aux situations de désobéissance, ou de remise en cause de leur autorité. Ce droit constitue donc un contre-pouvoir essentiel, à la disposition des salariés. Pour cette raison, il est l’objet de remise en cause permanente par ceux qui détienne le pouvoir, qu'il soit financier ou politique, les deux étant depuis des années intimement liées dans notre pays. Il me semble indispensable de rappeler aux « va-t-en-guerre » habitués du discours « grévistes, preneur d'otage », ainsi qu'aux parents d'élèves et élus locaux, que dans notre société capitaliste, peu d'avancées sociales ont été obtenues sur la seule base de la bonne volonté des employeurs, sans instauration d'un rapport de force favorable au plus grand nombre. Il en est ainsi des congés payés, des arrêts maladies, des congés parentaux, du droit à la retraite, etc., toutes choses qui semblent aujourd'hui naturelles mais qui n'ont été obtenues en grande partie que parce que le droit de grève existe et parce que certains « salauds de grévistes » se sont battus pour tous...



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