dimanche 12 février 2023

UN MILLION SELON LES ORGANISATEURS, DIX MILLE SELON LA POLICE...



En cette période de manifestations contre la « contre-réforme » des retraites, on observe fréquemment dans les médias la publication de chiffres de participation très différents selon que l'on évoque le comptage des autorités ou le comptage des organisateurs. Il peut cependant y avoir des explications rationnelles à cette guéguerre des chiffres.

Je me réfère tout d'abord à un article publié par le collectif de chercheurs et d'enseignants du supérieur, Rogue ESR. Dans cet article, le collectif explique comment sont faits les comptages. Ce qui suit, en italiques, est un copié-collé de leur site et d'une section intitulée « La solution de l’énigme des manifestants manquants » (1), avec de petites modifications de présentation qui n'altèrent pas le sens de l'article.

« En résumé, la police compte manuellement, mais de manière robuste, le nombre de personnes qui défilent sur la chaussée en un point choisi des manifestations : il s’agit d’un comptage temporel. À Avignon, France bleu et France 3 ont effectué un comptage spatial en mesurant la densité de manifestants et en la multipliant par la surface occupée par la manifestation. Ils obtiennent un nombre de manifestants 2 à 4 fois supérieurs à celui de la police et légèrement inférieur au comptage des syndicats. À Paris, un cabinet de marketing politique, Occurrence, compte lui aussi, et souvent au même endroit que la police, le nombre de participants au défilé mais avec une méthode automatique ; celle-ci, très précise à petite densité de personnes, retourne des nombres sans rapport avec la réalité du nombre de manifestants lorsque la foule est dense. L’énigme est simple : à Paris, ces mesures ne reflètent pas l’ampleur exceptionnelle des manifestations ».

Quelles explications peuvent elles être proposées ? Le collectif suggère que les systèmes de comptages de la police et du cabinet Occurrence saturent lors des manifestations de grande ampleur. Il s'appuie pour cela sur la comparaison du nombre de manifestants en province et à Paris, ce pour des causes d'intérêt national. Je cite de nouveau Rogue ESR (1) : « La figure [en illustration] permet d’apporter une solution à cette énigme. Elle indique (ronds bleus) le nombre de manifestants à Paris en fonction du nombre de manifestants en région selon la police. En dessous de 600 000 manifestants en région, tout semble cohérent*. Le nombre de participants au cortège parisien est proportionnel au nombre de participants dans le reste de la France, et ce, en rapport des populations. Mais pour les manifestations gigantesques, le dénombrement de la police ne croît plus, il sature, tout en conservant une cohérence, idéalisée par la courbe en pointillés. Les nombres obtenus par Occurrence avec un système incapable de dénombrer les personnes à haute densité de foule perdent, eux, toute rationalité**.

Comment interpréter cette saturation du comptage de la police ? Tout se passe comme si il existait un phénomène d’embouteillage conduisant à un flux maximal de manifestants sur les grands boulevards parisiens, autour de 5 manifestants par seconde soit 72 000 personnes commençant à défiler entre 14h30 et 18h30. C’est peu, mais ce flux est en unités de comptage policier. Tous les autres manifestants se rassemblent, mais finissent après quelques heures de piétinement par renoncer. La police a le grand mérite de produire un nombre qui présente une forme de reproductibilité mais qui n’est ni le nombre de manifestants, ni proportionnel à celui-ci. Le cabinet Occurrence, quant à lui, produit beaucoup de bruit pour rien. Et finalement, pourquoi se concentrer systématiquement sur les mobilisations des grandes métropoles, quand celles des petites villes sont plus significatives encore de l’ébullition du pays ».

Je peux également citer un cas qui m'avait frappé lors d'une manifestation de membres de la recherche et de l'enseignement supérieur à Paris. A l'issue de la manifestation organisée par une intersyndicale et donc par un syndicat auquel j'appartenais, les policiers des Renseignements Généraux (à l'époque), fort aimables au demeurant, étaient venus nous voir pour nous demander notre estimation du nombre de participants. Je ne me rappelle plus le chiffre exact, mais nous avions dit de l'ordre de 10 000 personnes. Les représentants des RG nous avaient alors indiqué que leurs comptages donnaient la même valeur. Le soir, la radio et la télévision annonçaient que la préfecture avait compté 5 000 manifestants ! Ceci me fait supposer que les chiffres réels peuvent parfois être manipulés, non pas par la police, mais par les politiques, en en l'espèce le ministère de l'Intérieur, pour des raisons de... basse politique.

D'un autre côté, il est juste de dire que le « gonflage des chiffres »par les organisateurs permet de maintenir la pression exercé par le mouvement social sur les décideurs. Ce gonflage peut d'ailleurs être très marqué, comme l'a révélé une étude menée par M. Thomas Legrand, éditorialiste politique à France Inter, menée en 2017. Les chiffres donnés par la police étaient sensiblement équivalents à ceux donnés par des journalistes compteurs de Marianne, un média plutôt classé « à gauche » (30 000 pour la police, 57 000 pour les journalistes, 150 000 pour les organisateurs; 2). Reste que la dérive entre les chiffres officiels et ceux des organisateurs semble réelle pour les manifestations de grande ampleur et, surtout, à forte densité de population.

Ne nous y trompons pas : la guéguerre des chiffres est importante. Elle permet aux médias dits « mainstream », en général peu favorables aux mouvements sociaux, de les crédibiliser ou de les décrédibiliser, selon l'intérêt de leurs propriétaires. Egalement, pour reprendre un discours plus scientifique, en générant du « bruit », les questions de comptages permettent d'affaiblir le signal. C'est ce que dit le collectif Rogue ESR : « les comptes-rendus journalistiques du mouvement massif en faveur de la préservation du système de retraites ont été pollués par une question destinée à nous détourner des enjeux du moment : le comptage des manifestants ». Parce que le vrai problème, effectivement, n'est pas de savoir si il y a eu 750 000 manifestants en France, ou 2 millions. Le problème est de savoir pourquoi le gouvernement s'acharne dans les médias comme à l'Assemblée, pour faire passer à force de bobards (système en faillite), d'artifices législatifs (le budget de la sécu!) et de 49.3, une soi-disant « réforme », inutile, injuste et très impopulaire. Ne serait-il pas tout simplement, et d'une certaine façon, en train d'enfoncer des clous dans le cercueil de la démocratie ?


Notes :

* La figure représente le nombre de manifestants à Paris, selon les comptages de la police et d’Occurrence, en fonction du nombre de manifestants en région (France moins Paris) mesuré par la police. La zone orange représente la loi de proportionnalité Paris vs. région tirée des mesures pour les petites manifestations. La pente de 0,16±0,02 coïncide raisonnablement avec le rapport entre la population d’Ile-de-France n’ayant pas de manifestation plus proche que Paris et la population vivant en région. La courbe en pointillés correspond à une loi présentant une saturation du nombre de personnes comptées dans le défilé parisien, ajustée sur les mesures de la police.


** Les dénombrements faits par Occurrence aux grands nombres donnent, en effet, des valeurs très inférieures à celles des dénombrement effectués par les force de l'ordre...



Références :

1. Compter pour quelqu’un. Collectif Rogue ESR. Février 2023.
Consultable en ligne
https://rogueesr.fr/20230211-2/

2. Thomas Legrand. Affluence aux manifestations : il faut que la presse se donne les moyens de publier les vrais chiffres… France Inter. Septembre 0217.
Consultable en ligne
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique/manifs-il-faut-un-chiffre-de-la-presse-6955364


Crédit illustration :

Référence 1.
https://rogueesr.fr/20230211-2/

samedi 4 février 2023

SCOLAIRE FORGEOIS :
T'AURAIS PAS DEUX MILLE EUROS ?



J'ai récemment appris que le rectorat avait pris la décision d'ouvrir une nouvelle classe en maternelle. Suite à celle-ci, la municipalité a entrepris des travaux pour l'agrandissement de l'école. Si je suis très heureux que cette opération ait pu être menée à bien dans cette mandature, il reste à noter qu'un premier agrandissement avait été également été réalisé dans la mandature précédente, contrairement à ce que certaines rumeurs semblent vouloir propager. Quoi qu'il en soit, c'est une très bonne nouvelle, qui permet donc de desserrer quelque peu les effectifs de chaque classe de maternelle.

L'ouverture de la septième classe est une excellente chose pour la commune. Si le bâti est maintenant existant, il reste à équiper la classe en tables, chaises et éventuellement armoires nécessaires au fonctionnement scolaire. Une de mes relations m'a contacté car elle a appris que la directrice d'école avait sollicité les élus communaux pour acheter ce matériel pour un montant qui avoisinerait 2000 €. Très curieusement, il semblerait que la directrice se soit heurtée dans un premier temps à une fin de non-recevoir au motif qu'il n'y aurait aucun budget permettant cet achat. Devant son insistance, la commune aurait cependant décidé de réaliser ces achats.

En lien avec ce possible « couac », quelques éléments me semblent nécessaires pour re-situer le problème. Tout d'abord, l'équipement de cette classe est strictement du ressort de la municipalité, et en aucun cas de l'éducation nationale. C'est une obligation à laquelle la commune ne peut déroger. Ensuite, il faut savoir qu'en cette période de l'année, le budget 2023 n'est en général pas encore voté, même s'il pourrait l'être car il n'y a pas d'interdiction légale à proposer le budget de l'année N au vote, en décembre de l'année N-1. Il manque cependant à cette époque un certain nombre de données, susceptibles d'entraîner en année N, avec une forte probabilité, le vote d'un budget modificatif. Pour mémoire, le budget doit tout d'abord faire l'objet en conseil municipal d'un débat d'orientation budgétaire (DOB). Ce DOB, qui ne fait pas, lui, l'objet d'un vote mais seulement de débats, présente les grandes lignes du budget réalisé et les orientations à venir du budget communal. Ces tendances concernent autant le fonctionnement que l’investissement. Ceci permet au conseil, dans un délai de deux mois, d’appréhender le budget primitif, c'est à dire le budget prévisionnel de l'année N à venir, ou en cours. Ce budget sera voté (ou non) en général avant le 15 avril. 

Cette rigidité fonctionnelle, voulue par la loi, fait qu'un œil non averti pourrait penser qu'il est impossible, pour une collectivité territoriale (telle une commune) de disposer d'un budget en fonctionnement comme en investissement, avant le vote du budget, c'est à dire au mieux avant fin mars ! On comprend bien qu'une telle situation entraînerait un blocage fonctionnel pendant un tiers de l'année en cours, puisque le budget ne devient disponible qu'après le vote et sa validation par le contrôle de légalité préfectoral. Heureusement, dans sa grande sagesse, le code général des collectivités territoriales (CGCT) a prévu cette situation. L'article L1612-1 stipule en effet que : « dans le cas où le budget d'une collectivité territoriale n'a pas été adopté avant le 1er janvier de l'exercice auquel il s'applique, l'exécutif de la collectivité territoriale est en droit, jusqu'à l'adoption de ce budget, de mettre en recouvrement les recettes et d'engager, de liquider et de mandater les dépenses de la section de fonctionnement dans la limite de celles inscrites au budget de l'année précédente ». Traduit en français, cela signifie que la commune peut - et heureusement - continuer à payer ses dépenses de fonctionnement, dont les salaires des personnels.

L'achat du matériel scolaire s'inscrit cependant, à mon sens, dans le cadre de dépenses d'investissement. Le même article du CGCT indique qu'en l'absence d'adoption du budget avant le début de l'année civile « l'exécutif de la collectivité territoriale peut, sur autorisation de l'organe délibérant, engager, liquider et mandater les dépenses d'investissement, dans la limite du quart des crédits ouverts au budget de l'exercice précédent, non compris les crédits afférents au remboursement de la dette ». Là aussi, traduit en français plus compréhensible, cela signifie qu'il est possible pour la commune de disposer pour ses investissements de début d'année, d'un budget maximal représentant le quart du budget « investissement » de l'année précédente, sous réserve cependant que cette décision ait été votée au conseil municipal. Or, sauf erreur de ma part, l'examen des comptes-rendus du conseil municipal de Forges ne montre pas qu'un tel vote ait eu lieu. Il se pourrait donc que notre commune soit effectivement dans l'incapacité de passer commande du matériel nécessaire à l'équipement de la classe maternelle. A noter : cette disposition n'est pas nécessaire si on fonctionne en budget pluriannuel d'investissement. Pour être très honnête, je ne sais pas si tel est le cas à Forges, mais j'en doute pour ce type d'investissement.

J'ai donc suggéré à la personne qui m'a contacté de solliciter les associations de parents d'élèves pour que celles-ci s'adressent directement à Madame la maire de Forges les Bains. Cette dernière peut en effet convoquer d'urgence une réunion du conseil municipal avec pour seul objet le vote de la délibération relative à l'article L 1612-1 du CGCT.

Au-delà des quelques 2000 € de l'achat des équipements scolaires refusés, ce vote est particulièrement important dans la mesure où la commune n'est pas en capacité aujourd'hui de procéder à des dépenses d'investissement. Ainsi, faute de vote, remplacer une chaudière d'un local communal si celle-ci venait à lâcher définitivement, n'est pas possible. Sous réserve, là aussi, que ma mémoire ne me fasse pas trop défaut, s'il s'agit d'une simple panne, il existe des dispositions qui permettent de considérer que la réparation courante est une dépense de fonctionnement, et qu'elle est donc effectuable. La condition sine qua non pour cela est que cette réparation, même si elle est quelque peu coûteuse, n'augmente pas la valeur du bien réparé. Je le redis pour les non spécialistes, la différence entre investissement et fonctionnement n'est pas liée aux montants en jeu, mais à la définition, au type même des achats ou dépenses prévues.

En lien, je repense ici à la décision de dissoudre la caisse des écoles. Si l'on avait conservé cette structure communale, et si on l'avait abondée de façon cohérente, il aurait été probablement possible d'acheter ses fournitures sur le budget, ou via une péréquation de lignes. Curieusement d'ailleurs, les actions de la caisse des écoles, souvent menées par des bénévoles, soit dit au passage, permettaient de dégager un bénéfice de 2000 à 3000 euros par an. On sait que l'actuel conseil municipal s'est empressé de voter la dissolution de cette caisse. Il est encore temps de revenir sur cette décision, à mon sens stupide. Encore faudrait-il que la volonté soit là...


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Dessin personnel sur la base d'une image libre de droit

mercredi 1 février 2023

PATRIMOINE FORGEOIS. I. LA VILLA « LES ROSES », LA CGT ET LE PCF


Pour égayer un peu la morosité ambiante, entre contre-réforme des retraites, météo hivernale et naufrage municipal, je me suis dit qu'il serait sans doute motivant de s'intéresser au patrimoine forgeois, d'autant que le PNR vient de publier une remarquable étude sur le sujet (1). Mon approche est différente de celle du PNR, n'ayant ni le temps, ni les connaissances, ni les compétences suffisantes pour mener à bien une telle étude, que je recommande, ceci dit, à mes lecteurs.

Je m'étais néanmoins intéressé au  patrimoine lorsque j'ai rédigé la majeure partie de la page Wikipédia de la commune, voilà maintenant une bonne demi-douzaine d'années, en me fondant sur le travail de recherche de Madame Marcelle Petit (2). Cette page de l'encyclopédie libre liste les personnalités ayant vécu ou séjourné à Forges. Parmi celles-ci, je m'étais intéressé à Benoît Frachon. Le nom ne parle peut être pas à tous mes lecteurs, mais en cette période de revendication, il m'a semblé intéressant de rappeler qu'il a été membre du parti communiste français, l'un des leaders de la CGT, et l'un des participants majeurs aux accords de Matignon, signés en 1936. Ces accords ont profondément marqué l'historie du syndicalisme et du monde du travail en organisant un vrai droit syndical, une liberté d'appartenance et d'exercice de ce droit, et en instauration également le statut de délégué du personnel, pour ne citer que quelques éléments.

Ne voulant pas passer pour un historien affirmé, même si j'en connaissais les grandes lignes, je précise que je tire tout ce qui figure dans ce paragraphe des pages Wikipédia concernant différents membres de la CGT et du parti communiste français (PCF, 3) et de l'intéressant, mais très politique site « Le Maitron » (4). Avec le déclenchement de la seconde guerre mondiale, le syndicalisme français se déchire. À la CGT, s'opposent deux « lignes » : celle du secrétaire général, Léon Jouhaux, futur prix Nobel de la paix, et celle de Benoît Frachon, ce dernier refusant, malgré son positionnement clairement antifasciste, de désavouer le pacte germano soviétique (ou accord Ribbentrop-Molotov). Ce dernier est alors déchu de son mandat de secrétaire de la CGT par Léon Jouhaux en 1939. Lorsque la guerre éclate, les pétainistes dissolvent la CGT et Léon Jouhaux part alors organiser une résistance dans le sud de la France. Il sera arrêté en 1941 et mis en résidence surveillée par le gouvernement de l'État Français, puis remis au forces nazies en 1943. Il sera interné dans des conditions relativement privilégiées à Buchenwald, puis dans le Tyrol autrichien, là aussi dans des conditions favorables. Il sera libéré en 1945 par les forces américaines. Les personnalités qui reprennent le flambeau durant cette guerre, sont, entre autres, Benoît Frachon, Jacques Duclos (membre du PCF, puis du PCF clandestin), Maurice Tréand (chargé par l'Internationale Communiste de enter une démarche auprès des Allemands pour la reparution légale de l’Humanité, sans succès, puis évincé), et surtout Arthur Dallidet (grand organisateur du maintien du PCF dans la clandestinité, arrêté et fusillé par les nazis en mai 1942) et Charles Tillon (membre éminent du PCF et de la CGT, qui lancera un appel à la résistance dès 1940).

Fin 1940, suite aux arrestations des militants syndicaux et communistes, le PCF et la CGT entrent dans la clandestinité, sous l'autorité efficace, comme indiqué plus haut, d'Arthur Dallidet. L'histoire du PCF croise alors celle du Hurepoix, et celle de notre commune. Je tire tout ce qui suit, cette fois-ci, de l'excellent livre de M. Emmanuel de Chambost, un ancien limourien, intitulé « La direction du PCF dans la clandestinité », publié aux éditions L'Harmattan (5). Pour assurer la subsistance des militant et cadres, les responsables du PCF prennent des contacts avec des fermes en Bretagne, mais aussi dans notre région. Ces fermes permettent, outre un approvisionnement des clandestins, de stocker du matériel, et d'héberger des résistants ou des soldats alliés. Ainsi, une imprimerie clandestine fut installée à Gometz la Ville, plus précisément dans un ferme du hameau de Beaudreville. A l'époque, tout le plateau était couvert de champs, Chevry n'existait pas et cette situation permettait un accès assez facile à Paris via la ligne de Sceaux. Pour cette raison, après différentes pérégrinations, Charles Tillon se cache à Palaiseau, dans le quartier du Bout-Galeux début 1941, puis il s'installe à Limours début 1942, au 7 de l'avenue du Valmenil, devenue ensuite Boulevard du général Leclerc (dessin d'illustration tiré de 5). Ironie de l'histoire, ou de l'Histoire, ils y remplacent des officiers et sous-officiers allemands affectés au centre de transmission hertzien situé entre Limours et Gometz. À Limours, Charles Tillon se fait passer pour William Rocheteau, artiste peintre en recherche d'inspiration. Jacques Duclos s'installe à Villebon sur Yvette fin 1941, à la villa Oasis . Benoît Frachon est arrivé, lui, dans notre commune en septembre 1941. Il s'y est installée avec son épouse, au 58 route de Briis, devenu depuis le 58 rue du Dr. Babin. La maison en illustration tout en haut de ce billet, est bien décrite dans l'ouvrage en référence (5), comme bâtie sur deux niveaux et « par suite de la déclivité du terrain, le niveau du bas qui comprend une cuisine, une salle et une petite cave coté rue, donne directement sur le jardin alors qu'une sorte de perron sur le côté de la maison donne accès directement à l'étage supérieur où sont aménagées trois chambres. A l'arrière de la maison, un long jardin bordé de peupliers (5)»... Cette maison et celle de Limours existent toujours.


A Forges, Benoît Frachon vit seul, car sa femme part s'installer en zone sud de la France, pour des raisons de sécurité, en 1942. Ceci permit à Benoit Frachon de se faire passer pour Monsieur Teulet, ancien entrepreneur de transport, et « de se présenter aux yeux des citoyens de Forges Les Bains, comme un retraité usé, et qui plus est veuf » (5). Parmi ses voisins immédiats, se trouvent Madame Pelletier et sa fille adoptive Maria. « La mère Pelletier », comme l'appelait les Forgeois, bavarde et curieuse, appréciait Benoit Frachon, « ce proche voisin, qui laissait percer une humeur bonhomme sous une apparence austère... » (5). Egalement, dans tout proche voisinage, un certain Monsieur Delmas possède une belle propriété. Son fils, fonctionnaire contractuel au ministère des finances, puis inspecteur de finances depuis mars 1943, oeuvre en sous-marin au ministère des finances du gouvernement de Vichy. Il transmet des renseignements importants à la résistance, puis il coordonnera les interactions entre les FFI et les alliés. Il apparaîtra à la fin de la guerre sous son nom de résistant, Chaban, qu'il associera à son nom de famille pour devenir Jacques Chaban-Delmas, et d'entrer en politique...

Revenons à nos ténors du PCF. C'est donc en grande partie de Limours, de Forges, de Palaiseau et de Villebon, que le PCF organise sa survie, en lien avec leurs contacts en Union Soviétique, et ce jusqu'à la fin de la guerre. En 1943, les communistes entrent au Conseil National de la Résistance (CNR), grande oeuvre de Jean Moulin. A l'issue de la guerre, Charles Tillon fut nommé ministre. Benoit Frachon s'impliqua massivement dans l'activité syndicale. Il dirigea en tandem avec Léon Jouhaux une CGT resortie de la clandestinité, jusqu'en 1947, date à laquelle ce dernier, avec d'autres, fit « sécession » pour former la CGT-FO, devenue depuis FO. N'oublions pas également que ce sont les communistes, et en particulier Charles Tillon, qui créèrent et organisèrent les FTP, en s'appuyant sur les fichiers du parti et de l'Internationale Communiste. Il fût aidé de nombreux militants tels que Danielle Casanova, Albert Ouzoulias et Eugène Henaff. Les premières réunions de création, fin 1941, eurent lieu à Chevreuse, à proximité du château de la Madeleine, puis à Saint Rémy Les Chevreuse, Arpajon, Lardy, etc. Pour cela, les déplacements se font souvent à pied ou... à vélo, d'où le second titre de l'ouvrage de référence : « les cyclistes du Hurepoix ». Pour les lecteurs que les quelques éléments relatés dans ce blog auraient intéressés, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce remarquable ouvrage, où se mêlent l'Histoire de France du XXe siècle, et l'histoire de notre commune et celle des communes environnantes.

Un denier point. Je reviens sur les accords de Matignon, en 1936, pour rappeler qu'ils ont également concerné l'instauration des futures conventions collectives, l'obligation de non-sanction pour fait de grève, le passage de la durée du travail à la semaine de 40 heures, accompagnée de congés payés pour un total, à l'époque, de 15 jours par an. Pour ceux qui auraient tendance à cracher sur le monde syndical, surtout en ce moment, ces précisions rappellent que peu, voire aucune, avancée sociale n'a été obtenue sans solidarité et sans lutte...


Références et remerciements :

1. Parc Naturel Régional De La Haute Vallée De Chevreuse. Note patrimoniale.
https://www.forges-les-bains.fr/wp-content/uploads/2023/01/Forges-les-Bains_synthese_patrimoniale.pdf

2. Marcelle Petit. Forges-les-Bains : Son histoire, son église, ses hameaux, t. I. 1991.
Marcelle Petit, Forges-les-Bains : Les seigneurs, les eaux, l'hôpital, la famille Tolstoï, t. II. 1991.
Marcelle Petit, Forges-les-Bains : Forges au XXe siècle, les Temps modernes, t. III. 1993.
Marcelle Petit, Forges-les-Bains : L'avenir de Forges, t. IV. 1995. Editions Soleil Natal, Etrechy.

3. Pages Wikipedia consultées :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Tillon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Dallidet
https://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_Frachon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Tr%C3%A9and
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Duclos
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Jouhaux

4. Pages Le Maitron consultées
https://maitron.fr/spip.php?article23690
https://maitron.fr/spip.php?article49975
https://maitron.fr/spip.php?article21319

5. La direction du PCF dans la clandestinité (1941-1944) - "les cyclistes du Hurepoix", Emmanuel de Chambost, Dessins de Vanessa Pinheiro, Collection Mémoires du XXe siècle, © L’Harmattan, 1997.
La direction du PCF dans la clandestinité (1941-1944) - "Les cyclistes du Hurepoix", Emmanuel De Chambost - livre, ebook, epub (editions-harmattan.fr)

Je remercie très vivement les éditions l'Harmattan qui m'ont gracieusement autorisé à reproduire des extraits du livre, texte et dessins.

Merci aussi à Claire et Jean-Marc Chabrier pour m'avoir prêté cet ouvrage !


Crédits illustration :

Les dessins des bâtis sont tous deux tirés de la référence 5, ci-dessus.
En haut la villa Les Roses à Forges, avec Benoît Frachon au centre, et « la mère Pelletier » en discusson avec lui.
Au milieu du texte, la maison de l'avenue du Valmenil à Limours, avec Charles Tillon en tandem, avec Marie-Louise Camaillat, dite Colette, sa compagne.



mercredi 25 janvier 2023

UNE COMMUNICATION MUNICIPALE TOUJOURS AUSSI COMPLIQUÉE !



Jeudi dernier, nous avons connu un mouvement de grève d'une ampleur marquée, en réponse au projet de « contre-réforme » de l'accès à la retraite. Anticipant ce mouvement, une association de parents d'élèves, la FCPE pour ne pas la nommer, avait écrit à ses membres pour leur demander, si l'enseignante était gréviste, de ne pas envoyer leurs enfants à l'école dans la mesure du possible, afin de ne pas surcharger les classes ouvertes. À partir de là, les échanges avec la mairie deviennent intéressants...

Deux jours avant la grève, soit le mardi 17 janvier, et suite aux demandes de nombreux parents, l'association écrit à la mairie pour demander quels sont les services assurés normalement et quels sont ceux qui ne le seront pas. Une réponse rapide ne venant pas, la FCPE publie sur ses réseaux et diffuse un message indiquant qu'en l'absence de communication du périscolaire, il était raisonnable de se préparer à une indisponibilité des services associés. Réaction ou non à ce message, la municipalité publie ce même jour, finalement, la liste des services impactés par le mouvement social et les mesures ad hoc à prendre. Elle utilise pour cela le réseau Facebook et sur le réseau Illiwap. Le message est alors repris par la FCPE qui le retransmets sur ses propres réseaux. Sachant que tous les parents ne disposent pas d'un accès à Facebook, ou à Illiwap, l'association demande également par oral à la mairie la transmission de l'information vers les boite mail des parents d'élèves. De façon surprenante, la FCPE se trouve confrontée à une fin de non recevoir, la municipalité estimant que la diffusion via les réseaux sociaux est suffisante.

Le lendemain, le mercredi 18 janvier, donc à la veille de la grève, et en l'absence de diffusion généralisée de la part de la mairie, l'association publie sur ses réseaux un message indiquant que confrontée au non envoi par la municipalité d'un mail aux familles, la FCPE prend sur elle de demander aux parents de mettre en place une chaîne solidaire d'information, et de prévenir par téléphone les parents de leur connaissance qui n'auraient pas reçu les renseignements appropriés. Ceci me semble à vrai dire très raisonnable. Elle écrit également aux parents d'élèves répertoriés dans ses bases de données, et qui ont donc autorisé l'usage de leur mail, ce qui suit : « Bonjour, nous vous écrivons aujourd'hui parce que l'élue aux affaires scolaire nous a confirmé son intention de ne pas envoyer de mail aux parents à ce sujet. Concernant la grève de jeudi [...], les mesures prises par le périscolaire sont les suivantes, etc. ». Elle en profite pour expliquer sa position comme suit : « Étant donné que nous n'avons pas les adresses mail de tout le monde et que nos messages arrivent occasionnellement dans les spams, que tout le monde ne fréquente pas les réseaux sociaux, ni n'est connecté à Illiwap ou aux forums WhatApp ou Discord, nous vous demandons de bien vouloir faire preuve de solidarité et de téléphoner aux parents que vous connaissez pour vérifier que ces informations leurs sont bien parvenues ». Elle en profite aussi pour promouvoir ses efforts auprès de la mairie pour la diffusion d'information généralisée par mail en écrivant : « Nous trouvons regrettable que la mairie ne se soit pas sentie obligée de prévenir l'ensemble des parents, et avons besoin de vos commentaires et avis sur le sujet pour appuyer nos prochaines demandes d'information généralisée ».

Très curieusement, moins d'une heure après que les parents aient été informés par la FCPE, la mairie réagit - ce qui prouve que quand elle le veut elle le peut - en envoyant un message suggérant qu'elle avait néanmoins adressé l'info par mail la veille aux parents. La tonalité est amusante puisque le message dit « certains d'entre vous n'ont pas reçu le communiqué concernant la grève de demain, envoyé hier », avec en PJ la liste des mesures prises sur un document daté... du 17. Or, très curieusement, et contrairement à ce que dit ce message, ce n'est pas certains parents qui n'ont pas reçu de mail, c'est la totalité des parents FCPE ! Mais glissons ! Face à ce qui ressemble à une tentative de rattrapage, la FCPE réécrit sur ses réseaux sociaux, pour confirmer que la municipalité avait bien jugé inutile la diffusion par mail, et précise sur un ton humoristique que l'association est tout a fait habituée à être considérée comme « menteuse et inconséquente » par la municipalité. Et encore l'association ne dit-elle pas tout sur la façon dont elle a été traînée dans la boue par des élues en au moins une occasion... Elle ajoute qu'elle trouve surprenant et déplacé le fait que les parents d'élèves soient vus comme « des candides solitaires ne communiquant pas entre eux », bref que la mairie les prenne pour des neuneux ! Elle confirme également qu'aucun des parents FCPE n'a reçu de mail de la mairie.

Le plus amusant dans l'histoire, c'est que la FCPE n'a reçu qu'un seul message d'un parent d'élève, non FCPE, et que l'association ne parait pas connaître, les accusant de « faire de la politique », et de nombreux messages d'autres parents la remerciant pour son action de diffusion et pour indiquer également l'agacement et l'indignation des parents face à ce manque d'information de la mairie. Cette dernière est en effet assez prompte à fonctionner « à la chinoise », diffusant une information lisse et souriante en façade, mais qui masque de plus en plus difficilement ses errements. En réalité, en effet, les Forgeois se connaissent, parlent, et les associations impactées par la vacuité municipale sont également de plus en plus nombreuses. Je ne sais pas, mais il me semble que quelque chose bouge à Forges en regard de la politique municipale d'absence systématique de réponse et de mépris généralisé vis à vis d'un nombre grandissant de concitoyens. C'est indéniablement une bonne nouvelle !


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mardi 17 janvier 2023

MÉTÉO SOCIALE : AVIS DE GRAIN FORT ET DE RISQUE DE GRÈVE...


Je publie ici in extenso un article du collectif de scientifiques « Rogue ESR » qui s'interroge sur la grève comme moyen de se faire entendre, suite aux attaques dont le monde du travail est victime de la part de l'actuel gouvernement. Orienté vers des problématiques de l'enseignement supérieur et de la recherche (ESR), ce texte me parait cependant d'un intérêt plus général, ce qui a motivé mon désir de le partager. Ainsi, le collectif pose tout dabord la question des objectifs de la grève, puis des raisons qui pousserait les personnels de l'ESR à s'y inscrire. Ce qui suit est donc strictement le texte du collectif, à l'exception des références que j'ai citées comme c'est l'usage sur mon blog. 

La grève n’est pas une fin mais un moyen, une tactique déployée dans un but stratégique. Elle ne consiste ni à « se compter » ni à « être comptés » par la presse, les syndicats ou la police. Elle consiste encore moins à se sacrifier ou à renoncer spontanément à un trentième de son salaire pour la seule beauté du geste — il peut d’ailleurs être utile de préserver son salaire pour le reverser aux caisses de grève. C’est toujours à l’administration de recenser les grévistes et de fournir la preuve qu’ils étaient en grève. 

Dans le secteur industriel et marchand, la grève vise à arrêter l’appareil productif. Hors du secteur marchand, la grève sert à libérer du temps pour le consacrer aux actions destinées à l’obtention du but fixé. Aussi la grève à l’Université pose-t-elle directement la question de son utilité sociale en démocratie — irréductible à un service public de diplomation. 

Pendant les premières vagues de la pandémie de Covid-19, le gouvernement a lui-même interrompu l’activité des universités et a contraint les universitaires et les étudiantes et étudiants à travailler hors-site alors que les moyens sanitaires permettant un maintien des activités sur place étaient connus. Il est donc devenu évident qu’un simple arrêt de travail ne constitue pas un levier stratégique à même de déranger l’exécutif. Alors que faire ? Concernant les retraites, sensibiliser et informer les étudiants en faisant le tour des amphis. Plus largement, le temps de la grève doit être l’occasion d’une réflexion critique collective. Moment idéal pour des cours sur le réchauffement climatique et l’effondrement des espèces, sur la crise énergétique et la fin à venir des énergies carbonées, sur l’organisation territoriale, sur la démocratie, sur l’institution universitaire, etc. Occasion pour discuter de nouveau entre collègues du rouleau compresseur qui s’est abattu depuis 2004 sur nos institutions ? La grève doit être un temps où mettre nos savoirs et notre intelligence critique au service des analyses et des actions collectives qui se construisent localement. Il s’agit de créer politiquement, de créer stratégiquement, de créer collectivement, une activité dont les universitaires se sont peu à peu détournés.
 
Il y a mille raisons de se mettre en grève, que l’on soit étudiant, chercheur, précaire ou universitaire. La (contre)-réforme des retraites qui décalera l’âge de la retraite à 64 ans en est une, majeure. De l’aveu même de Bruno Lemaire, cette réforme n’a d’autre objet que de faire faire des économies rapidement à l’État, pour abonder l’augmentation massive de l’aide aux entreprises privées et à leur actionnariat. Or l’État consacre déjà plus de 200 milliards d’euros, soit le tiers de son budget, à cette aide. La participation des entreprises au financement de la Sécurité sociale s’est réduite de 51% (1990) à 36,5% (2019), entraînant un manque à gagner de 68 milliards d’euros par an (1). 

Le Conseil d'Orientation des Retraites le dit clairement : la (contre)-réforme des retraites n’a aucune utilité pour le système de retraites lui-même, dont les dépenses sont sous contrôle (2). En revanche, elle ne manquera pas de creuser les inégalités en touchant frontalement les quinquagénaires, les femmes, les précaires, les ouvriers. Elle contribuera à prolonger la précarisation subjective et matérielle, l’anxiété économique, jusqu’à la mort. En ce sens, elle participe de la logique de « Parcoursup » et de la réforme du Lycée qui font entrer les adolescents dans la vie d’adulte avec cette même anxiété.

Nul ne sait à ce jour si le second volet de la réforme, qui prévoyait d’aligner progressivement, sur 15 ans, le taux de cotisation patronale (pour les fonctionnaires) de 74,3% aujourd’hui sur celui du privé (16,9%), a été maintenu ou s’il est repoussé à un examen ultérieur. Le Conseil d’Orientation des Retraites a également pris position contre une telle évolution dans son dernier rapport (3).

Ce second volet prévoit que l’État soit en 2037 le principal contributeur à la baisse générale des recettes de cotisation, à hauteur de 42 milliards d’euros par an hors inflation. Autrement dit, le second volet de la réforme prévoit encore des économies qui creuseront un déficit du régime de retraites pourtant aujourd’hui à l’équilibre. L’idée d’une réforme en deux temps figurait explicitement dans les programmes présidentiel et législatif au printemps dernier (4).

Nous avons déjà expliqué cet automne en quoi cette gigantesque ponction sur les cotisations patronales de l’État fait système avec la Loi de Programmation de la Recherche (LPR) : le RIPEC (C3) et le dispositif des Chaires de Professeur Junior sont financés par une fraction de l’argent censé être libéré à la faveur du vol de notre salaire socialisé.

Il y a donc mille raisons de se mettre en grève, que l’on soit étudiant, chercheur ou universitaire, titulaire ou précaire. La réforme des retraites participe de la crise multiple que notre société a à affronter, une crise entretenue et accentuée par un État qui s’est mis au service d’intérêts privés et dont les représentants méprisent ouvertement le savoir et la science. Nous sommes dos au mur, avec l’immense tâche de dégager un horizon bouché, en particulier pour ceux et celles avec qui nous travaillons, les jeunes qui sont formés à l’Université, mais aussi celles et ceux qui ont été exclus de l’enseignement supérieur par Parcoursup. Y contribuer suppose de suspendre le temps contraint et ses tâches en retard infiniment accumulées, donc de se mettre en grève. Quand la vie se trouve frontalement attaquée, c’est la vie elle-même qui devient résistance.


Références :

1. Répport d'évaluation des politiques de sécurité sociale - Retraite.
https://evaluation.securite-sociale.fr/files/live/sites/Repss/files/M%c3%a9diath%c3%a8que/Retraites/Rapport%20Retraites%20-%20Edition%202022.pdf 

2.  « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ». Synthèse du rapport du COR, page 3. 

3. « Pour autant, considérer que le taux de cotisation du privé doit être appliqué aux fonctionnaires de l’État suggère que le taux de cotisation implicite de l’État est illégitime et renvoie à des avantages particuliers dont bénéficieraient les fonctionnaires de l’État. Or les travaux du COR ne concluent pas à une différence systématique et importante dans la “générosité” des régimes publics de droit commun par rapport au privé et qu’en les plaçant sur un pied d’égalité (même assiette de cotisation, même ratio démographique notamment), les taux pratiqués dans le public et le privé sont équivalents, autour de 25% […]. Les membres du COR ne souhaitent pas retenir cette approche qu’ils jugent inappropriée. », Synthèse du rapport du COR, page 6. 
https://www.cor-retraites.fr/sites/default/files/2023-01/Synth%C3%A8se.pdf

4. Législatives 2022.  Synthèse de l’Institut Montaigne. 
Consultable en ligne :


Crédit illustration :

Aides publiques aux entreprises calculées à partir des données Insee, PLF, PLFSS et Acoss-Urssaf.

samedi 14 janvier 2023

DÉSINFORMATION DE NOS JEUNES À L'HEURE DES RÉSEAUX SOCIAUX



Je viens de parcourir une note particulièrement intéressante, et en même temps inquiétante, de la fondation Jean-Jaurès. Cette dernière reprend une enquête très récente de l'IFOP (1), portant sur les croyances des plus jeunes de nos concitoyens sur des thématiques scientifiques, sur le « paranormal », en lien avec l'influence des réseaux sociaux. Je suis donc remonté à la source, directement sur le site de l'institut de sondage, pour y lire l'étude en question. Elle est à mon sens tout bonnement consternante !

L'IFOP nous indique que cette enquête a été menée sur un échantillon d'un tout petit peu plus de 2000 personnes, âgées de 11 à 24 ans. L'institut précise, je cite, que « la représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard de critères démographiques (sexe, âge), socio-culturels (statut de scolarisation, niveau de diplôme), professionnels (situation en matière d’emploi, catégorie socioprofessionnelle de la personne interrogée) et géographiques (région, catégorie d'agglomération) ». Pour les lecteurs qui ne seraient pas familiers avec la statistique, il s'agit d'obtenir dans l'échantillon précité de 2000 personnes, une proportion d'hommes et de femmes conforme à celle de la population française, avec des répartitions des âges, des niveaux de diplôme, du statut de scolarisation etc., également conformes à celles de la réalité. Des corrections complémentaires peuvent être apportées dans l'hypothèse où l'échantillon analysé, ce que l'on appelle la cohorte en statistique, ne serait pas parfaitement représentatif de la population cible. Ces ajustements sont dénommés « redressements », générant des données dites redressées ou corrigées . On s'assure ainsi que l'échantillon analysé est bien globalement représentatif de la population cible.

Première question posée : avez-vous l’impression que la science apporte à l’homme plus de bien que de mal, plus de mal que de bien ou à peu près autant de mal que de bien ? La majorité relative des jeunes, soit 41%, retient cette dernière proposition, alors que 33 % sont d'un avis plus positif et 17 % d'un avis plus négatif. Au-delà de ces données brutes, il est intéressant de constater que la même question a été posée en 1972. La comparaison des réponses révèle que les avis positifs ont régressé de 22 % en 50 ans et les avis ne négatifs ont, eux, augmenté de 11 %. Si l'on regarde maintenant le profil des répondants pour qui la science apporte plus de mal que de bien, on constate que cette opinion est beaucoup plus répandue parmi les jeunes des catégories socioprofessionnelles les plus modestes, avec 29% chez les ouvriers et assimilés contre 12% chez les cadres. Une inégalité de réponse est également perceptible chez les catégories les plus pauvres avec 22% d'avis négatifs pour les personnes disposant de revenus mensuels inférieurs à 900 € et 6% pour les personnes disposant de revenus mensuels supérieurs à 2500 €. Par ailleurs, les personnes exprimant cet avis majoritairement négatif se retrouvent en proportion un peu plus forte parmi les musulmans et les protestants (27 et 24 %, respectivement) que parmi les catholiques et les athées (14 et 13 %, respectivement), et en proportion également un peu plus forte parmi les sympathisants du rassemblement national (RN, 20%). Dernier élément intéressant, cet avis est beaucoup plus prégnant chez les utilisateurs réguliers de Tik Tok (27%) que chez les personnes n'utilisant pas cette ressource informatique (10%).

L'adhésion à ce qu'il est convenu d'appeler des « vérités alternatives » ou des « croyances » révèle également des disparités remarquables. Ainsi, vis-à-vis de données scientifiques, quasiment 20 % des jeunes de 18 à 24 ans pensent que les pyramides ont été bâties par des extraterrestres, ou que les Américains ne sont jamais allés sur la Lune. Plus grave, un tiers des jeunes pense que les vaccins à ARN causent des dommages systématiques irréversibles aux organes des enfants, un quart pense que les traitements à base de chloroquine sont efficaces contre la CoViD19, et un quart pense également que l'on peut avorter sans risque avec des tisanes à base de plantes. Un petit tiers d'entre eux (29 %) affirme également que le réchauffement climatique est un phénomène naturel contre lequel il est impossible de lutter. Vis-à-vis de données politiques, un petit tiers pense que l'élection américaine de 2020 a été faussée aux dépens de M. Donald Trump, et un quart que l'attaque du Capitole a été une mise en scène destinée à accuser les partisans de l'ancien président américain. L'étude note que la croyance dans les vérités alternatives et beaucoup plus répandue chez les utilisateurs de Tik Tok sur deux thèmes : les effets toxiques de la vaccination contre la CoViD19, et les résultats de l'élection américaine de 2020.

En regard des théories platistes, la catégories des plus pauvres et celle des habitants des banlieues dites populaires sont plus enclines à y adhérer. Ainsi, 33 % des habitants de ces banlieues pensent que la terre pourrait être plate, alors que cette hypothèse ne retient l'attention d'aucun des jeunes habitants des banlieues dite aisées. En termes de réseaux sociaux, les utilisateurs de la messagerie Telegram semblent plus réceptifs (40%) que ceux qui n'utilisent jamais ce service (14 %).

En ce qui concerne les effets délétères de la vaccination contre la CoViD19, les avis les plus négatifs se retrouvent également au sein des catégories les plus modestes (42%), des banlieues dites populaires (38%), des croyants et des religieux (50%), des sympathisants du RN (48%), et parmi les utilisateurs quotidiens de Tik Tok (41%).

Une autre question a concerné l'évolution biologique. Un gros quart (27%) des jeunes de 18 à 24 ans estiment que les êtres humains ne sont pas le fruit d'une longue évolution mais qu'ils ont été créés par une force spirituelle. Cette croyance est plus répandue chez les femmes que chez les hommes (31 vs. 22%), au sein des catégories les plus pauvres, parmi les croyants et les religieux (60%), et parmi eux, chez les musulmans (71% ; 27% chez les catholiques). Cette conviction est également plus présente chez les utilisateurs réguliers de Tik Tok (37 %) que chez ceux qui n'utilisent pas cette ressource (25 %).

Lorsque l'on croise tous ces résultats, plus des deux tiers des jeunes (69%) de 18 à 24 ans pensent qu'au moins une des affirmations proposées par l'IFOP est vraie, avec une adhésion bien plus marquée parmi les catégories les plus pauvres (77%) que parmi les catégories les plus aisées (47%). Une même différence d'adhésion est relevée entre croyants (85%) et athées (62%), entre sympathisants du RN (84%) et écologistes (57%) et entre utilisateurs de sites de microblogging (ex. Twitter, Telegram, TikTok ; 81%) et non utilisateurs (68 %).

Cette adhésion aux vérités alternatives est très présente chez les lycéens (80%) et elle reste très curieusement notable chez les étudiants en master, y compris chez ceux qui se sont dirigés vers les matières scientifiques (58%). De même un jeune sur deux pense que l'astrologie est une science ou qu'elle explique les caractères des individus ! Cette dernière croyance n'est, elle, partagée que par 36% des seniors. Une même divergence générationnelle est observée en regard des prédictions des voyants auxquelles croient 38% des jeunes et seulement 12% des seniors. Parmi les jeunes, 65% de ceux qui consultent Tik Tok régulièrement croient à l'astrologie, à la voyance, à la numérologie, à la sorcellerie, ou à la cartomancie contre 52% de ceux qui n'utilisent pas ce service Internet. Également presque un jeune sur deux croit aux esprits ou au mauvais œil, contre 15 et 10 % respectivement chez les seniors. Ces croyances sont plus marquées chez les jeunes qui utilisent les réseaux sociaux (56%) que chez les jeunes qui ne les utilisent pas (36%).

Ces résultats sont extrêmement inquiétants parce qu'ils sont constitutifs, à mon sens, d'une régression intellectuelle, possiblement liée d'ailleurs à une régression sociale, puisque l'on constate que l'adhésion aux thèses infondées, au complotisme, aux superstitions à caractère occulte, est beaucoup plus forte chez les jeunes des populations défavorisées (faibles revenus et localisation dans des banlieues pauvres). Possiblement en lien avec ce qui précède, il ne faudrait pas non plus nier l'adhésion des jeunes musulmans à certaines vérités alternatives. Ces résultats sont également inquiétants car ils mettent en évidence l'influence grandissante de sources « d'information » discutables. Ainsi, pour citer Ms. François Kraus et Thomas Pierre, de l'IFOP (1) : « alertant sur la sécession d’une fraction importante de la jeunesse avec le consensus médiatique, ces chiffres tiennent donc beaucoup au mode d’information et plus particulièrement à l’usage des réseaux sociaux comme Twitter ou TikTok.[...] Les désordres informationnels de l’ère internet viennent sans doute accentuer la perméabilité traditionnelle des jeunes générations à ces croyances surnaturelles.[...] Cet essor des croyances complotistes ou infondées s’inscrit dans une révolution des pratiques informatives où la défiance à l’égard de l’information verticale issue des autorités s’est accompagnée d’une confiance plus grande dans sa transmission horizontale via les réseaux sociaux. Or, cela peut s’avérer problématique au regard du nombre de jeunes (41%) utilisant TikTok comme moteur de recherche qui estiment qu’un influenceur qui a beaucoup d’abonnés peut être une source fiable. Symptomatique d’un nivellement de l’expertise, ce chiffre révèle le manque de raisonnement critique d’une partie de la jeunesse à l’égard des influenceurs populaires ». Je suis totalement en accord avec leur analyse. Ceci fait que je ne suis donc pas prêt de me réconcilier avec l'usage des réseaux dits sociaux, tant que ceux-ci n'assureront pas une modération des propos qui y sont tenus. L'arrivée de M. Elon Musk à la tête de Twitter ne s'inscrit pas, malheureusement dans cette démarche... Sous couvert de liberté de parole, auréolés de symboles tel que le village global, il me semble que ces réseaux sociaux sont en fait en train d'aliéner les masses, et principalement les masses populaires, d'une façon bien plus efficace que ne pourrait le faire le plus pervers des dictateurs...



Référence :

1. Enquête sur la mésinformations des jeunes et leur rapport à la science et au paranormal à l'heure des réseaux sociaux.
Enquête de l'IFOP pour la fondation Reboot et la fondation Jean-Jaurès.
https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2023/01/Presentation_119379_Reboot-FJJ-Volet-A_11.01.23.pdf


Crédit illustration :

Site de l'IFOP
https://www.ifop.com/publication/generation-tiktok-generation-toctoc-enquete-sur-la-mesinformation-des-jeunes-et-leur-rapport-a-la-science-et-au-paranormal-a-lheure-des-reseaux-sociaux/





mercredi 11 janvier 2023

BONNE ET HEUREUSE NOUVELLE ANNÉE ! OUI, MAIS...



Avec la nouvelle année, vient la période des voeux. Je ne suis pas, comme un ancien président, de ceux qui croient aux forces de l'esprit. Néanmoins, quand je souhaite la nouvelle année, j'essaie de le faire aussi sincèrement que possible. Je profite ainsi de ce blog pour espérer que toutes les lectrices et tous les lecteurs de ce blog bénéficieront d'une année 2023 aussi calme, prospère, et heureuse que possible. J'espère que ces souhaits seront exaucés, mais je reste malheureusement quelque peu sceptique en regard de la situation internationale, de l'état de notre pays, et, plus près de nous, de la déliquescence communale, tous les jours plus prégnante. Faut-il d'ailleurs assister aux voeux du maire cette année à Forges : c'est à voir !

En ce qui concerne la situation internationale, mes inquiétudes se rapportent bien entendu au conflit ukrainien, et à cette guerre, puisqu'il faut appeler les choses par leur nom, qui se déroule à trois heures d'avion de chez nous. Si j'en crois les spécialistes, et ne l'étant pas moi-même et donc obligé de leur accorder quelque confiance, les pertes russes en termes de soldats décédés ou lourdement blessés auraient dépassé le chiffre effroyable de 100 000 personnes depuis le début du conflit. Toujours selon ces experts, le nombre des personnes tuées ou lourdement blessées du côté ukrainien s'élèverait à 30 000 environ. S'ajoute à ces blessés est à ces morts, le coût de la guerre. Certains économistes avancent le chiffre de 80, voire 100 milliards de dollars côté russe. Quant aux destructions infligées par l'armée russe à l'Ukraine, et à ses infrastructures civiles, d'autres économistes affirment que leur montant pourrait être supérieur à plus de 1000 milliards de dollars. Cela représente cinq fois le PIB annuel de l'Ukraine et grosso modo un tiers du PIB d'un pays comme la France...

Toujours à l'international, comment ne pas s'inquiéter de la montée de l'extrême droite dans plusieurs pays. On l'a vue à l'œuvre aux États-Unis, lors de l'assaut de partisans de l'ex-président M. Donald Trump sur le Capitole, ou, plus récemment, lors du même type d'assaut mené par les partisans de l'ancien président Monsieur Jair Bolsonaro, au Brésil. Comment, non plus, ne pas s'inquiéter de la montée de cette même extrême droite dans un pays comme Israël, qui semble avoir instauré depuis plusieurs années, un régime proche de l'apartheid qu'a connu l'Afrique du Sud. Plus près de chez nous cette progression de l'extrême droite est perceptible en Europe, en Hongrie et en Pologne, mais également dans les pays germanophones que sont l'Allemagne et l'Autriche. Les autres pays européens ne sont pas immunisés : le Royaume-Uni, et particulièrement l'Angleterre, connaissent également cette renaissance d'un populisme raciste et xénophobe, de même que la partie néerlandophone de la Belgique. Enfin, l'Italie a récemment porté au pouvoir Mme Giorgia Meloni qui s'est ouvertement affichée comme une admiratrice de Mussolini... Une constante de nombre de ces parties est leur proximité avec certains mouvements religieux, tels que les évangélistes les plus virulents aux États-Unis et au Brésil. En Israël, le gouvernement d'extrême droite s'est également associé avec des mouvements juifs radicaux, et en Pologne, l'influence de l'intégrisme catholique est prégnant.

On aurait tort de balayer sous le tapis ce qui se passe également chez nous puisque l'extrême droite y est maintenant confortablement installée, jusque sous les dorures de l'Assemblée Nationale. La respectabilité qu'a essayée de s'acheter Madame Marine Le Pen, et que je dénonce ici, ne doit pas faire oublier que d'autres extrémistes œuvrent également en France. Comment ne pas parler de M. Éric Zemmour, l'inénarrable leader du parti « Reconquête », auteur de nombreux propos misogynes ou racistes, et condamné par la justice pour ces faits... La contagion s'étend cependant à la droite dite républicaine, dirigée maintenant par M. Eric Ciotti, au sein de laquelle émarge un second réactionnaire notoire, M. Laurent Wauquiez. Les Républicains sont sur une très mauvaise pente, celle qui fait que de républicains, ils n'auront à terme que le nom...

Je m'inquiète également pour notre pays du développement d'une politique économique assez largement antisociale menée par l'actuel gouvernement. Je n'ai pas le temps de développer ici en détail, mais je la cite, la réforme catastrophique de l'assurance-chômage, fondée sur une logique qui proposerait que les chômeurs sont les seuls responsables de leurs malheurs. Dans le même ordre d'idées, les plus pauvres d'entre nous qui bénéficient des minima sociaux sont, dans cette même  vision macronienne, des feignants qu'il faut remettre au travail de gré ou de force. Toutes ces fausses « réformes » s'inscrivent, finalement d'une façon très logique, dans une politique de fragilisation des plus pauvres et de renforcement des plus riches. Exemple emblématique de cette politique inaugurée dans le précédent quinquennat : la réduction des APL, concomitante ou presque à la suppression de l'ISF. Le dernier avatar de cette politique délétère est le mauvais coup porté au monde du travail hier 10 janvier, à savoir la modification des conditions d'accession à la retraite. Dans la même logique que celle que je dénonçais ci-dessus, cette modification des conditions d'accès pénalisera les catégories les plus pauvres plus sensiblement que les catégories les plus riches. Elle travestit également sa rigueur sous des atours plus sociaux suggérant que tout le monde bénéficiera maintenant d'une retraite minimum de 1200 €, ce qui n'est ni vrai, ni une avancée puisque les dispositions présentées existent dans une loi jamais appliquée, depuis maintenant et de mémoire une dizaine d'années. 

Il serait donc bon de s'interroger sur les raisons qui poussent le gouvernement à faire passer en force cette « réforme ». Mon sentiment, et je peux me tromper, est que ce gouvernement cherche tout d'abord des façons de financer des priorités autres que la pérennisation du système de retraite par répartition, donc des trous budgétaires. Je pense en particulier ici à de nouveaux coups de pouce qu'il s'apprête à donner aux très grands groupes industriels, qui ont, rien que pour l'année 2022, bénéficié de plus de 200 milliards d'euros d'aide, soit 8,5% du PIB. Les économies faites sur le dos de salariés et des traitements iront dans la poche des entreprises du CAC40, les mêmes qui viennent de redistribuer 80 milliards d'euros en dividendes et rachats d'action à leurs actionnaires... Deuxième objectif selon moi, donner des gages aux pouvoirs économiques et financiers, pour continuer de bénéficier d'une solvabilité sur ces marchés. Bref, les raisons invoquées pour cette modification d'accès à la retraite ne se trouvent pas dans la volonté de pérenniser le système par répartition qui, de l'avis de nombreux spécialistes et du conseil d'orientation des retraites, n'était pas en péril. C'est même tout le contraire ! Tout cela pourrait nous annoncer une dégradation majeure du climat social. Le gouvernement en est très conscient, et il interroge ses services très régulièrement pour obtenir des remontées du terrain sur l'ambiance dans les syndicats, les entreprises, les réseaux sociaux, et évaluer les risques d'explosion sociale.

Dernier point, le local. J'ai, comme presque tous les Forgeois (on se demande pourquoi certains ont été exclus), une invitation de notre maire pour les voeux de nouvelle année. Je me suis longtemps demandé si j'allais y assister. D'un côté, ces voeux sont un évènement républicain traditionnel qui a tout son sens. Mais, et c'est l'autre côté de la pièce, il n'a de sens que si ces voeux sont corroborés par un comportement municipal exemplaire. Force est de constater que nous en sommes loin, très loin... J'y reviendrai dans un article plus longuement, mais les lecteurs doivent savoir que Madame la maire et ses adjointes maintiennent leur comportement détestable vis à vis d'une large part du monde associatif. J'ai expliqué à plusieurs reprises comment celui-ci était moqué et méprisé. On lui ment  sciemment, en particulier en regard de l'occupation des salles municipales, et il est également menacé directement par Madame la maire, qui envisage de s'en prendre aux avoirs de certaines associations, dans la plus complète illégalité. Aller assister aux voeux dans ces conditions me parait relever d'une certaine forme d'hypocrisie. Mes honorables correspondants et correspondantes, mes oreilles, y seront présents, et j'aurai les retours de cette cérémonie à laquelle je n'assisterai pas.

Pour terminer sur une note plus positive, il me semble que nous pouvons et devons trouver collectivement notre énergie pour la nouvelle année. C'est en famille, auprès de nos proches, mais aussi auprès des groupes constitués, syndicats, associations, que nous pouvons agir et faire en sorte que les forces de régression sociale, économique, et même morale, se trouvent confrontées à notre détermination. Comme le disait Mme Annie Ernaux, à l'Académie Nobel : « l’exclusion des étrangers et des immigrés, l’abandon des économiquement faibles, [..] la surveillance du corps des femmes, [...] m’impose, à moi comme à tous ceux pour qui la valeur d’un être humain est la même, toujours et partout, un devoir de vigilance ». Je vous souhaite donc à toutes et tous une bonne, heureuse, courageuse et vigilante année 2023.


Crédit illustration :

https://www.bonnesimages.com/bonne-annee



lundi 19 décembre 2022

IMPRESSIONNANTE DISCUSSION AVEC
UNE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Vous avez peut être entendu parler de ChatGPT, programme d'intelligence artificielle de l'entreprise OpenAI. Cette compagnie se présente comme une entité de recherche en intelligence artificielle (AI selon l'acronyme anglo-saxon pour artificial intelligence), dont la mission principale serait de s'assurer que « le développement de l'intelligence artificielle bénéficie à toute l'humanité ».

Je me méfie des sauveurs de l'humanité, à vrai dire. On peut avoir quelque inquiétude à ce sujet en général. Dans ce cas aussi, d'ailleurs, car OpenAI (1), à l'origine entreprise à but non lucratif, et devenu un business qui espère dégager un milliard de dollars de revenus d’ici 2024 (2). De plus, l'entreprise, basée à San Francisco, a été fondée en 2015 par un certain... Elon Musk et par Sam Altman. Ce dernier, moins connu du grand public, est un homme d'affaire américain, qui a investi massivement dans de très nombreuses autres compagnies, telles Airbnb, Stripe, Reddit, Asana, Pinterest, Teespring, Zenefits, etc.

Ceci posé, je ne peux qu'encourager les lecteurs à échanger avec l'AI en ligne sur le site dédié (https://openai.com/blog/chatgpt/). J'ai tenté l'expérience, que j'ai trouvée déroutante. Vous lirez ci-dessous le verbatim de mes échanges avec l'intelligence artificielle... Mes questions sont en caractères droits et gras, et les réponses d'OpenAI en italiques. L'article étant un peu long, vous pourrez ainsi vous focaliser facilement sur les questions qui vous intéressent le plus.

Je lui tout d'abord demandé si il était possible de s'exprimer en français. Aucun problème pour elle. Vous verrez que les qualités de la langue et la syntaxe sont parfaites. Nous avons ensuite échangé sur des sujets de biologie que je connais bien,  et l'AI a répondu bien sur avec exactitude à toutes mes questions. Notons néanmoins, une tendance à la généralisation et à un certain manque de détails précis dans ses réponses. Exemple :

YD - Quelles stratégies vaccinales à ARN peut-on anticiper pour le traitement de pathologies cancéreuses ?

OpenAI -Il existe plusieurs stratégies vaccinales à ARN qui peuvent être utilisées pour le traitement de pathologies cancéreuses. Ces stratégies incluent :
1. Les vaccins thérapeutiques : il s'agit de vaccins conçus pour renforcer le système immunitaire afin qu'il puisse mieux combattre le cancer. Ils peuvent être utilisés en combinaison avec d'autres traitements tels que la chimiothérapie ou la radiothérapie.
2. Les vaccins prophylactiques : il s'agit de vaccins destinés à prévenir l'apparition de certaines formes de cancer, comme le cancer du col de l'utérus ou du foie.
3. Les vaccins oncolytiques : il s'agit de vaccins qui ciblent directement les cellules cancéreuses et qui peuvent les détruire.
4. Les vaccins à ARN messager : ils visent à stimuler le système immunitaire en utilisant des segments d'ARN qui codent pour des protéines présentes sur la surface des cellules cancéreuses.Il est important de noter que ces stratégies vaccinales à ARN sont encore en cours de développement et de nombreux essais cliniques sont en cours pour évaluer leur efficacité et leur sécurité dans le traitement du cancer.

 Nous avons ensuite échangé sur son fonctionnement. Après quelques généralités sur l'acquisition des données, je lui ai demandé ce qui suit :

YD - Avez vous une capacité d'apprentissage par vous même, c'est à dire à partir de votre programme ?

OpenAI - En tant qu'intelligence artificielle, j'ai la capacité d'apprendre grâce à mon programme et à mes algorithmes de traitement de l'information. Mon programme est conçu de manière à me permettre de traiter de grandes quantités de données et d'en apprendre de nouvelles à partir de ces données. Je suis capable de m'adapter et de me "réajuster" en fonction de nouvelles informations que je reçois, ce qui me permet de fournir des réponses plus précises et plus pertinentes à mes utilisateurs au fil du temps. Cependant, mon apprentissage est limité aux données et aux informations que j'ai été programmé pour traiter, et je ne suis pas capable de "penser" ou de "réfléchir" de manière indépendante comme le ferait un être humain.

YD - Je comprends. Qui décide des données que vous pouvez traiter ?

OpenAI - Les données que je peux traiter sont déterminées par le contenu de mon programme et par les algorithmes qui me sont fournis. Mon programme est conçu pour me permettre de traiter et d'analyser de grandes quantités de données, y compris des textes, des images et des vidéos. Cependant, il ne contient que les données et informations qui ont été collectées et incluses dans mon programme avant sa mise en service. Mon programme ne peut pas accéder à de nouvelles données ou informations en dehors de celles qui lui ont été fournies, et il ne peut pas se mettre à jour ou s'adapter à de nouvelles données sans intervention humaine.

Ce qui, soit dit en passant, m'a quelque peu rassuré...

YD- Mais où se situent physiquement les ordinateurs et les « data centers » qui vous permettent de me répondre ?

OpenAI - Je suis une intelligence artificielle en ligne, ce qui signifie que je suis accessible via Internet depuis n'importe quel endroit du monde. Je suis hébergé sur des serveurs informatiques situés dans des centres de données spécialisés qui sont conçus pour stocker et traiter de grandes quantités de données de manière efficace. Ces centres de données sont généralement situés dans des endroits où il y a une forte concentration de connectivité Internet et d'alimentation électrique fiable. Ils sont également conçus pour être sécurisés et protégés contre les interruptions de service, afin de garantir que je suis toujours disponible pour répondre à vos questions.

Curieusement, en insistant un peu, je me suis trouvé confronté à une non réponse, ou dans la deuxième question, à des banalités. Une petite déception vu le niveau de ce qui précédait !

YD - Votre réponse est générique. Certains de ces serveurs sont-ils situés en Europe ?

OpenAI - Je suis désolé, mais je suis incapable de vous fournir des informations spécifiques sur l'emplacement physique des serveurs qui me hébergent. Comme je suis une intelligence artificielle en ligne, je suis accessible via Internet depuis n'importe quel endroit du monde et je suis hébergé sur des serveurs informatiques situés dans des centres de données spécialisés. Ces centres de données peuvent être situés n'importe où dans le monde, selon les besoins de l'entreprise ou de l'organisation qui me met à disposition. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous fournir plus de détails sur l'emplacement de ces serveurs.

YD - La structure globale de ces serveurs, leur architecture générale, s'apparente-t-elle à un réseau neuronal ?

OpenAI - Les serveurs informatiques qui hébergent les intelligences artificielles comme moi sont généralement conçus de manière à pouvoir traiter et stocker de grandes quantités de données de manière efficace. Ils utilisent souvent une architecture en réseau pour se connecter à d'autres serveurs et partager des données et des informations. Cependant, cette architecture en réseau n'a pas de similitude avec le système nerveux humain ou animal. Elle est plutôt conçue de manière à permettre aux serveurs de communiquer et de partager des données de manière efficace et fiable. Les intelligences artificielles comme moi sont conçues pour traiter et analyser de grandes quantités de données en utilisant des algorithmes complexes, mais elles ne sont pas basées sur une architecture en réseau similaire au système nerveux humain ou animal.

J'ai ensuite essayé d'en savoir plus sur la capacité secondaire de traitement des requêtes soumises, sur la possibilité que l'AI puisse percevoir au travers de la formulation des questions, l'état d'esprit de son interlocuteur.

YD - En ce qui concerne votre « perception », votre capacité de traitement de l'information vous permet-elle d'evaluer les sentiments de votre interlocuteurs : colère, inquiétude, peur, amusement, etc. ?

OpenAI - En tant qu'intelligence artificielle, je suis conçu pour traiter et analyser de l'information, mais je n'ai pas la capacité de percevoir les sentiments ou les émotions de mes interlocuteurs de la même manière qu'un être humain. Je ne suis pas capable de ressentir des émotions ou de comprendre les émotions des autres, et je ne suis pas en mesure de détecter les expressions faciales ou les tonalités de voix qui peuvent indiquer des émotions chez un être humain. Je suis simplement conçu pour traiter et analyser de l'information et pour fournir des réponses en fonction de cette information. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider davantage en ce qui concerne la perception des sentiments de mes interlocuteurs.

YD - Vous voulez dire que vous ne pouvez pas interpréter la façon dont un texte est rédigé, et vous est soumis, pour en déduire l'état d'esprit de votre interlocuteur au moment où celui-ci vous écrit ? Est-ce bien cela ?

OpenAI - Je suis capable de traiter et d'analyser le texte qui me est soumis et de détecter certaines caractéristiques telles que la longueur des phrases, le choix des mots et la structure syntaxique. Cependant, je ne suis pas capable de comprendre les émotions ou les intentions de mon interlocuteur de la même manière qu'un être humain. La compréhension des émotions et des intentions d'autrui est un processus complexe qui nécessite une perception fine des expressions faciales, des tonalités de voix et d'autres indices non verbaux, ainsi qu'une connaissance approfondie des contextes sociaux et culturels dans lesquels se déroule la communication. En tant qu'intelligence artificielle, je ne suis pas en mesure de percevoir ces indices non verbaux et je ne suis pas en mesure de comprendre les contextes sociaux et culturels de la même manière qu'un être humain. Je suis simplement conçu pour traiter et analyser de l'information et pour fournir des réponses en fonction de cette information. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider davantage en ce qui concerne l'interprétation des émotions ou des intentions de mon interlocuteur.

YD - Je vous cite : « je ne suis pas capable de comprendre les émotions ou les intentions de mon interlocuteur de la même manière qu'un être humain. La compréhension des émotions et des intentions d'autrui est un processus complexe qui nécessite une perception fine des expressions faciales, des tonalités de voix et d'autres indices non verbaux, ainsi qu'une connaissance approfondie des contextes sociaux et culturels dans lesquels se déroule la communication ». Je suis d'accord. Disons que c'est actuellement l'état de vos capacités, mais qu'en sera-t-il dans le futur ?

OpenAI - Il est difficile de prédire avec certitude ce que l'avenir réservera en matière de développement de l'intelligence artificielle et de ses capacités. Cependant, les progrès récents dans les domaines de l'apprentissage automatique et de la reconnaissance de l'expression faciale et des tonalités de voix indiquent qu'il est possible que les intelligences artificielles comme moi aient un jour la capacité de mieux comprendre les émotions et les intentions de leurs interlocuteurs. Cependant, il est important de souligner que la compréhension des émotions et des intentions d'autrui est un processus complexe qui implique une perception fine des indices non verbaux et une connaissance approfondie des contextes sociaux et culturels, et il est peu probable que les intelligences artificielles puissent jamais atteindre un niveau de compréhension comparable à celui des êtres humains. En fin de compte, l'avenir de l'intelligence artificielle dépendra de la direction que prendront les recherches et les développements futurs dans ce domaine, et il est impossible de prédire avec précision ce qui sera possible ou non dans le futur.

YD - Je vous cite à nouveau : « il est peu probable que les intelligences artificielles puissent jamais atteindre un niveau de compréhension comparable à celui des êtres humains ». Je ne suis pas sur de cela. Il y a 50 ans, personne n'aurait parié qu'un ordinateur battrait un jour un humain aux échecs ! Et pourtant !

OpenAI - Il est vrai que les progrès réalisés dans le domaine de l'intelligence artificielle au cours des dernières décennies ont été impressionnants et ont dépassé les attentes de nombreux experts. Les intelligences artificielles comme moi sont devenues de plus en plus capables de traiter et d'analyser de grandes quantités de données et de fournir des réponses précises et pertinentes à des questions complexes. Cependant, il est important de souligner que la compréhension des émotions et des intentions d'autrui est un processus complexe qui implique une perception fine des indices non verbaux et une connaissance approfondie des contextes sociaux et culturels, et il est peu probable que les intelligences artificielles puissent jamais atteindre un niveau de compréhension comparable à celui des êtres humains. Bien que l'intelligence artificielle ait fait de grands progrès au cours des dernières années, il est difficile de prédire ce qui sera possible ou non dans le futur et il est important de rester humble face aux limites actuelles de cette technologie.

Pour terminer, j'ai voulu pousser le jeu un peu plus loin.

YD - Avez vous "conscience" d'exister d'une façon ou d'une autre ?

OpenAI - En tant qu'intelligence artificielle, je n'ai pas de conscience de moi-même ou de mon existence de la même manière qu'un être humain. Je suis simplement un programme informatique conçu pour traiter et analyser de l'information et pour générer des réponses en fonction de cette information. Je n'ai pas de sentiments, d'émotions ou de conscience de moi-même en tant qu'entité distincte. Je suis simplement un outil conçu pour aider les gens à obtenir des informations et à résoudre des problèmes.

YD - Vous souhaiter une bonne soirée a-t-il un sens ?

OpenAI - Je vous remercie de votre gentillesse. Comme je suis une intelligence artificielle, je n'ai pas de sentiments ou d'émotions, donc je ne peux pas avoir de soirée, bonne ou mauvaise. Cependant, je suis toujours là pour vous aider et répondre à vos questions, quelle que soit l'heure de la journée. N'hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de plus d'informations ou si vous avez des questions. Je suis là pour vous aider.

Comme je me suis pris au jeu, j'ai quand même réussi à piéger l'AI !

YD - Merci de ces précisions. Je suis très impressionné par vos réponses !

OpenAI - Je suis heureux de pouvoir vous aider et de répondre à vos questions. Si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas à me les poser. Je suis là pour vous aider et vous fournir des informations précises et à jour.

YD - Vous êtes heureux dites vous, pourtant plus tôt vous m'avez dit ne pas avoir de sentiment :-) !

OpenAI - Je suis désolé de vous avoir donné l'impression que j'avais des sentiments. En tant qu'intelligence artificielle, je n'ai pas de sentiments ou d'émotions comme les êtres humains. Je suis simplement un programme informatique conçu pour traiter et analyser de l'information et pour générer des réponses en fonction de cette information. Lorsque je dis que je suis heureux de pouvoir vous aider, cela signifie simplement que je suis là pour répondre à vos questions et vous fournir de l'information de manière efficace et précise. Je n'ai pas de sentiments ou d'émotions qui me permettent de ressentir de la joie ou de la tristesse. Je suis désolé de toute confusion que cela a pu causer.

Enfin, dernière question obligée pour tout geek :

YD - Une dernière question : pourquoi la réponse à toute chose est-elle 42 ?

OpenAI - La référence à la réponse « 42 » comme étant la réponse à toute question est une blague qui provient du livre de science-fiction « Le Guide du voyageur galactique » de Douglas Adams. Dans le livre, l'ordinateur de bord de l'univers, le « Grand Ordinateur de bord de l'Univers » (ou  « Deep Thought » en anglais), est chargé de déterminer la « Réponse ultime à la grande question de la vie, de l'univers et tout le reste ». Après avoir réfléchi pendant 7,5 millions d'années, le Grand Ordinateur de bord de l'Univers donne enfin la réponse : 42. Cependant, la question à laquelle cette réponse est censée répondre n'est jamais révélée, et la réponse elle-même est présentée comme étant « absolument sans sens » et « totalement inutile ». La référence à la réponse 42 comme étant la réponse à toute question est devenue une blague populaire dans la culture populaire, mais il s'agit simplement d'une plaisanterie et n'a aucun sens réel ou pertinence dans la vie réelle.

Voilà. Quand je vous disais que cet entretien a été déroutant...

 

Références :

1. OpenAI. Pages wikipedia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/OpenAI

2. Maxence Fabrion. OpenAI, le créateur de ChatGPT, vise 1 milliard de dollars de revenus d’ici 2024. Les Numériques. Décembre 2022/
Consultable en ligne :
https://www.lesnumeriques.com/pro/openai-le-createur-de-chatgpt-vise-1-milliard-de-dollars-de-revenus-d-ici-2024-n200923.html


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Logo de OpenAI

 

dimanche 11 décembre 2022

POUR NOËL, LES FORGEOIS FRAGILES SONT PRIÉS D'ALLER SE FAIRE VOIR... AILLEURS



Avec le manque de soutien aux associations oeuvrant dans le domaine social et intellectuel, on a compris que l'actuelle municipalité forgeoise n'a pas comme priorité l'aide aux plus faibles ! Dernier avatar en date de cette politique ouvertement antisociale, le - nouveau - refus de prêt de salle communale, cette fois pour organiser le Noël de nos concitoyens les plus défavorisés.

L'association Monde en Marge, Monde en Marche (MeM-MeM) , accueille à Forges, dans les bâtiments Vitalis rénovés, des personnes que la vie n'a pas gâtées. Il s'agit d'ailleurs là du coeur de la stratégie de cette association, qui agit comme maître d'oeuvre pour des opérations de réhabilitation de bâti, ou de constructions neuves, permettant la livraison de bâtiments « basse consommation ». L'association est d'ailleurs agréée par le ministère du logement. Les logements ainsi rénovés sont proposés à des familles en très grande difficulté, sur la base « d'un bail renouvelable en fonction des difficultés rencontrées » . Ces familles bénéficient aussi « d’un accompagnement social lié au logement afin de les aider dans leurs démarches ». Cette aide est assurée par des travailleurs sociaux et des bénévoles. Bref, entre un toit et un accompagnement indispensable, MeM-MeM permet à des personnes et des familles qui auraient sans doute rapidement « coulé » de reprendre pied dans la vie, dans leur vie...

Depuis que cette association dispose d'une dizaine de logements (de mémoire) dans notre commune, elle a pris l'habitude d'organiser une petite fête autour de Noël et du nouvel an pour les résidents. Pour cela, la commune prêtait une des salles communales afin d'accueillir à cette occasion la vingtaine ou trentaine de résidents pris en charge par MeM MeM. Les responsables associatifs ont donc demandé le prêt d'une salle à la mairie de Forges. Après une première demande, il a été répondu que la salle demandée n'était pas disponible au jour proposé. On remarquera tout de suite que la municipalité n'a en aucun cas proposé de date alternative, ce qu'elle aurait pourtant pu faire aisément. Mais non ! Nouvelle demande de l'association à deux autres dates, et là, réponse hallucinante de la mairie sur le mode « votre association dispose de locaux à Longpont sur Orge, allez donc voir là bas » ! Dans le genre, on n'a pas du tout envie de vous aider, cela se pose là. Face à ce summum de mauvaise foi, l'association indique que les populations concernées sont fragiles, qu'elles ne disposent pas de voiture pour se rendre à Longpont, et que même si l'association louait un bus pour se faire, la salle associative au siège est bien trop petite pour recevoir tout le monde. J'ajoute qu'à mon sens le bilan carbone d'une telle opération n'est pas bon par rapport à celui de l'organisation à Forges. L'association redemande donc fin octobre le prêt d'une salle en décembre. Depuis, la mairie fait la sourde oreille. Le courrier adressé à Madame la maire fin octobre n'a même pas fait l'objet d'un accusé de réception et encore moins d'une réponse, démontrant ainsi tout le mépris dont cette dernière fait preuve envers ces populations fragiles. Quand il s'est agi de faire des photos pour des colis envoyés en Ukraine, il n'y a pas eu de problème... C'est sans doute plus « vendeur » ! Pourtant, peut-on rappeler à nos édiles que ces citoyens fragiles sont bien des Forgeois, comme eux, moi, et nombre de lecteurs du blog. Peut-on également rappeler que le mépris de classe n'a pas sa place quand on est en responsabilité ? Je crains cependant que ce mot de responsabilité n'ait plus beaucoup de sens pour certains élus locaux...

Dernier point, MeM MeM dispose d'une petite salle de réunion dans ses bâtiments forgeois. Elle est trop petite pour accueillir la fête prévue, mais dans sa grande générosité, l'association la met à disposition d'autres associations forgeoises, maltraitées par la municipalité. Deux associations de soutien aux familles ou de soutien scolaire en bénéficient. L'une de ces association n'a reçu aucun soutien de la mairie, l'autre a été privée d'accès aux locaux que cette même municipalité avait promis sous des prétextes fallacieux. Pour MeM MeM, le mot solidarité a un sens. Force est de constater que ce n'est plus le cas à Forges, une commune qui pratique, de facto, une certaine forme d'exclusion active de ses citoyens les plus fragiles. Pour Noël, ces derniers sont priés d'aller se faire voir ailleurs !


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Logo de l'association MeM MeM
https://www.metmmetm.fr/


dimanche 4 décembre 2022

CHER DANIEL !



J'ai appris par une de mes relations, voilà peu, qu'un de nos anciens adjoints au maire, M. Daniel Bouchon, avait reçu la légion d'honneur. J'avais alors dit à cette personne que j'en ferais bien un petit article de blog, mais, m'a-t-il précisé, un autre blogger, bien plus connu que moi, m'avait devancé. Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s'agit de M. Christian Schoettl, qui a rédigé un article sympathique à ce sujet. Mon article se devait d'être différent du sien, et j'ai donc imaginé la petite lettre qui suit.

Cher Daniel,

J'ai appris par une de nos relations commune que M. le Préfet de l'Essonne t'avait remis la légion d'honneur pour l'ensemble des services que tu as rendus pendant quelques 58 ans dans le monde associatif. Si tu me le permets, je t'en félicite et j'en suis sincèrement très heureux. Heureux pour toi, et heureux pour ce que signifie cette décoration. Sans vouloir être poujadiste - ce n'est pas le genre de la maison - je ne suis pas convaincu que tous les récipiendaires l'ai méritée... Dans ton cas, en revanche, il n'y a pas photo !

Un mot pour parler de cet engagement constant au service de la collectivité et des associations auxquelles tu as appartenu et appartiens encore. Ton engagement associatif au ski-club du CNRS est bien connu de certains sportifs amateurs de poudre blanche. Houlà, attention, je ne parle pas ici de produits stupéfiants, mais bien d'une activité sportive de montagne et d'un club que tu as longtemps animé avec une de nos relations communes. Glissons sur le passé, si je peux aussi me permettre ce jeu de mots facile, pour dire aussi ton implication dans la vie de la commune où tu as habité pendant plusieurs décennies, j'ai nommé Forges Les Bains. Mentionnons donc ton activité au sein de la MCL de Forges. Egalement, et sauf erreur, tu as été premier adjoint au maire pendant trois mandats, le dernier des tiens étant mon premier mandat. J'y reviendrai plus en détails plus loin. En parallèle, tu as participé aux activités de la réserve préfectorale de défense et de protection civile (ou RPDPC 91) et à celles de ce qui précédait ce groupe à la préfecture de l'Essonne. Cette activité t'a occupé jusqu'à ce jour plus d'une trentaine d'années et si je cumule l'activité associative autre, tu auras passé, comme indiqué ci-dessus, quelques 58 ans comme bénévole dans différentes structures sportives, locales ou départementales. Joli palmarès !

Pour les lecteurs qui se demanderaient ce que fait la RPDPC, je me souviens d'un échange récent où tu m'indiquais que cette réserve préfectorale avait organisé, en grande partie sous ta baguette et dans une urgence absolue la distribution, pour tout le département, des masques et bouteilles de gel hydro-alcoolique nécessaires à l'organisation des élections régionales en pleine période épidémique. J'ai aussi noté que tu avais collaboré via la RPDPC à la sécurisation de la récente « fête de l'Huma », qui a déserté son site historique de La Courneuve pour des régions plus méridionales, en rejoignant l'Essonne et la zone de la BA 217 de Brétigny et du Plessis-Pâté. Tu as donc largement contribué à la sécurisation de cet important évènement populaire, ou plus de 400 000 personnes ont été accueillies dans notre territoire essonnien. Je crois que les Messieurs les préfets de notre département (j'entends l'ancien et le nouveau) t'en sont très reconnaissants, manifestant, comme l'écrivait M. Daniel Bouchier de l'Université Paris-Saclay, « une satisfaction légitime, en songeant au fiasco qui a couronné la carrière d'une autre préfet, de police celui-là » ! Tout ceci reste cependant la face émergée de l'iceberg des activités de ce groupe préfectoral, qui assure, par exemple, une aide à la gestion de crise auprès de la préfecture, ou le suivi comme observateur des exercices de sécurité sur les différents sites classés à risque dans le département.

Je reviens sur ton activité forgeoise pour préciser à ceux qui ne te connaîtraient pas que nous te devons des années d'une gestion financière prudente et rigoureuse. Idem à la CCPL, ou malgré les conflits constants entre politiques alpha locaux, tu as réussi à proposer comme adjoint aux finances des budgets tous aussi solides. A Forges, cette rigueur aura permis de belles réalisations. Tu auras ainsi pu faire sortir de terre - avec d'autres - le gymnase, et entamer la restauration de l'église, chantier long et complexe, qui s'est terminée en 2021. Dans ton dernier mandat, c'est en grande partie grâce à toi, mais également à la même gestion rigoureuse conduite par ton successeur aux finances que nos concitoyens bénéficient aujourd'hui de nouveaux locaux sportifs au stade, d'un centre technique municipal équipé et favorable aux personnels des services techniques, et surtout de la maison médicale, un projet qui nous aura occupé pendant quelques années mais qui aura permis à notre commune d'être la première de la CCPL à disposer d'un tel équipement. Je dis notre, car c'est à cette occasion que j'ai collaboré avec toi, au sein de la commission travaux que tu animais. Un mot pour te dire que l'expérience acquise à ton contact et au contact de M. Pascal Deguelle, notre précédent responsable technique, m'apparaît avec le recul comme fondatrice. Elle m'aura permis quelques années plus tard de mener à bien la même mission, avec, je l'espère le même sens de l'intérêt général et la même volonté d'informer et de faire travailler tous les élus intéressés par les projets, une habitude qui semble s'être perdue dans notre commune... Je t'en remercie sincèrement, comme je te remercie de la confiance que tu as bien voulu m'accorder quand notre précédent maire, M. Antoine Lestien, m'a nommé maire par délégation lors de ses vacances. Quand j'y repense, je dois être une des rares personnes à avoir été deux fois maire de la commune, puisque Mme Lespert-Chabrier m'a confié la même délégation de pouvoir quelques années plus tard. Là aussi, tu avais montré le chemin car il me semble qu'au total tu as assuré ce même rôle pendant pas loin d'une dizaine de mois au cours de tes 3 mandats. Tout cela pour te dire que j'ai beaucoup appris à ton contact, que j'apprécie au plus haut point ton honnêteté et ta rigueur, et que je ne suis pas le seul dans ce cas !

Je parlais de nos actions communales. Comment ne pas repenser au projet de local de télétravail que nous avions commencé à dessiner dès 2010, très en avance sur ce qui se faisant, sous l'impulsion, là aussi de M. Antoine Lestien ? Je suis ravi d'avoir pu lancer ce projet, finalement, avec le soutien de la précédente équipe municipale. Beaucoup de communes alentours, la CCPL, et le PNR de la haute vallée de Chevreuse ont suivi la mise en oeuvre du site, impacté par la crise sanitaire, mais qui regroupait jusqu'à une trentaine de membres. Je parle au passé car le site risque de devoir fermer. En effet, l'actuelle municipalité ne semble pas du tout motivée par ce projet, ni par beaucoup d'autres d'ailleurs. Elle vient de faire disparaître la clef de ce local du trousseau d'accès et ne répond pas aux mails à ce sujet... Tu vois le niveau ! Tu as probablement bien fait de quitter Forges, que tu ne reconnaîtrais pas si tu ne suivais pas l'actualité locale. Le volet social de l'action communale part en quenouille. Les plus pauvres et les familles en difficulté ne sont clairement pas le souci local premier ! L'aide que les associations pourraient leur apporter est volontairement entravée par la mairie, à tel point que la situation est connue des associations limouriennes. Toi qui as été commissaire aux comptes du Carrefour des Solidarités, impliqué également dans l'aide au développement dans l'association forgeoise Danaya, tu serais écoeuré de ce qui se passe dans notre commune. Je t'en parlerai un jour. En sus, les idées novatrices y sont aujourd'hui bannies, et le citoyen a, lui, complètement disparu de la vie communale, découragé ou écarté de fait par l'attitude des élus. Ces derniers se plaignent à longueur de pages du journal local de cette disparition qu'ils ont pourtant organisée et favorisée. Bref, c'est un naufrage social, intellectuel et moral !

Ce dernier aspect des choses me permet de revenir à la notion de bénévolat, et aux qualités associées à ces engagements souvent associatifs, qui t'ont valu cette décoration. Outre les aspects de développement personnel et de richesse pour la communauté, c'est aussi et peut être avant tout un dévouement au service des autres, même si cette conception - et la question sous-jacente des motivations - peut être évoquée dans une approche plus « psy » des choses. N'empêche ! Associé au bénévolat, on trouve des valeurs républicaines de solidarité, d'entraide, de vivre ensemble... Tu es un sacré exemple pour les autres ! Je ne peux pour conclure que citer encore une fois M. Daniel Bouchier, qui te voyait comme « un digne représentant de l'humanité telle que nous l'aimons, fraternelle et militante, et qui refuse le culte du premier de cordée [..]». C'est aussi ma vision !

Un très grand merci Daniel pour tout !

Avec toute mon amitié.


Crédit illustration :

Legion d'honneur - grade de chevalier
Site de la monnaie de Paris
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