La sagesse populaire veut que l’on tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. J’essaye donc en général de ne pas réagir « à chaud » sur des sujets sensibles. Ceci dit, certaines bêtises dites sont tellement grosses qu’on ne peut laisser passer…
Parmi les dernières énormités entendues, je souhaite revenir sur la polémique qui entoure la traduction aux Pays-Bas des poèmes de l’américaine Amanda Gorman, femme noire, par la traductrice et également auteure reconnue Marieke Lucas Rijneveld, jeune lauréate du « international booker » pour son roman « L’inconfort du soir ». Curieusement, et point important, Marieke Lucas Rijneveld avait été choisie par l’éditeur et également par l’équipe d’Amanda Gorman. Cependant, sous la pression d’activistes et des réseaux sociaux, une polémique a enflé sur le thème : pourquoi choisir une femme blanche pour traduire une auteure noire ? Cette polémique conduira à l’abandon du projet de traduction par Marieke Lucas Rijneveld et par la maison d’édition.
Je le dis tout net, nous frôlons là la bêtise la plus crasse, d’autant que certains des activistes ont affirmé que le projet de traduction représentait une forme de suprématie « de la pensée blanche ». Comment peut on affirmer cela alors que tout le but de la traduction était de rendre visible une jeune auteure américaine noire, peu connue du grand public européen ? Elle sera heureusement traduite dans d’autres langues par des hommes et des femmes, noirs ou non, choisis pour leur compétence reconnue, seul critère de choix valable. Au delà, et en poussant le raisonnement à l’absurde, faut-il alors être une femme pour traduire un roman écrit par une femme ? Faut-il être américain pour traduire - en français - un roman américain ? Et pour le latin, et les autres langues mortes, comment fait-on ? On réveille les morts ? Enfin, pour ceux qui traduisent la musique écrite en sons, les musiciens, on ne pourra faire jouer du Beethoven que par des hommes blancs, sourds et allemands ? On voit bien là toute l’absurdité de l’histoire et du pseudo-raisonnement qui la soutient.
Autre coup de gueule, suite à la déclaration d’une actrice se déclarant « féministe », entendue sur une radio de service publique, suggérant que depuis que l’on s’est aperçu que le CoViD était une maladie grave, on serait passé de « le CoViD » à « la CoViD ». Déclaration doublement stupide ! Tout d’abord, dois-je rappeler que si l’on dit effectivement la rougeole, la rubéole, la varicelle, la méningite, etc., on dit l’accident vasculaire cérébral, l’infarctus du myocarde, le choléra, le tétanos, et le cancer, que des pathologies qui se soignent à l’aspirine sans doute ! Plus grave, plaquer un débat sur le genre des mots – toujours discutable – conduit à éluder les vrais problèmes que l’on aurait pu évoquer, par exemple autour de la féminisation des professions du soin, et d’une façon plus générale de la féminisation des professions « dévalorisées » (ou de la dévalorisation des professions féminisées).
Les combats contre le racisme, le sexisme, l'homophobie, sont en fait un seul et même combat : celui de l'opprimé contre l'oppresseur. Ce combat est également si on y réfléchi celui des minorités contre un système (je n'aime pas ce terme) organisé autour de pouvoirs qui impliquent l'argent et/ou la domination des individus. Le plus triste dans les histoires que j'ai décrites plus haut, c’est donc qu’elles desservent les causes - justes - qu’elles pensent défendre. Les événements rapportés correspondent en effet à des prises de position (au sens large) qui se veulent radicales, mais leurs auteurs ne réalisent pas qu'elles deviennent, dès lors, facilement critiquables, contre-productives et intellectuellement indéfendables, même si elles ne sont qu'une réaction violente à une autre violence. Ainsi, comme l’écrivait le grand traducteur professionnel Michel Volkovitch : « Je trouve indigne que l’on veuille interdire à quelqu’un de traduire à cause de son sexe ou de sa couleur. Un tas de livres écrits par des hommes ont été traduits par des femmes, qui sont d’ailleurs majoritaires dans la profession ». Je partage également son analyse sur le fait que ces évènements constituent donc des mouvements de balancier extrêmes, une « poussée de fièvre liée à un mouvement profondément légitime et nécessaire, l’antiracisme, mais qui génère des excès ». Lutter contre le racisme, le sexisme, l'homophobie et finalement contre toutes formes de ségrégations, est en effet indispensable, mais cela ne peut se faire en instaurant ce qui s’apparente in fine à une autre forme de racisme sauf à donner raison aux machos et autres tenants des séparatismes...
Parmi les dernières énormités entendues, je souhaite revenir sur la polémique qui entoure la traduction aux Pays-Bas des poèmes de l’américaine Amanda Gorman, femme noire, par la traductrice et également auteure reconnue Marieke Lucas Rijneveld, jeune lauréate du « international booker » pour son roman « L’inconfort du soir ». Curieusement, et point important, Marieke Lucas Rijneveld avait été choisie par l’éditeur et également par l’équipe d’Amanda Gorman. Cependant, sous la pression d’activistes et des réseaux sociaux, une polémique a enflé sur le thème : pourquoi choisir une femme blanche pour traduire une auteure noire ? Cette polémique conduira à l’abandon du projet de traduction par Marieke Lucas Rijneveld et par la maison d’édition.
Je le dis tout net, nous frôlons là la bêtise la plus crasse, d’autant que certains des activistes ont affirmé que le projet de traduction représentait une forme de suprématie « de la pensée blanche ». Comment peut on affirmer cela alors que tout le but de la traduction était de rendre visible une jeune auteure américaine noire, peu connue du grand public européen ? Elle sera heureusement traduite dans d’autres langues par des hommes et des femmes, noirs ou non, choisis pour leur compétence reconnue, seul critère de choix valable. Au delà, et en poussant le raisonnement à l’absurde, faut-il alors être une femme pour traduire un roman écrit par une femme ? Faut-il être américain pour traduire - en français - un roman américain ? Et pour le latin, et les autres langues mortes, comment fait-on ? On réveille les morts ? Enfin, pour ceux qui traduisent la musique écrite en sons, les musiciens, on ne pourra faire jouer du Beethoven que par des hommes blancs, sourds et allemands ? On voit bien là toute l’absurdité de l’histoire et du pseudo-raisonnement qui la soutient.
Autre coup de gueule, suite à la déclaration d’une actrice se déclarant « féministe », entendue sur une radio de service publique, suggérant que depuis que l’on s’est aperçu que le CoViD était une maladie grave, on serait passé de « le CoViD » à « la CoViD ». Déclaration doublement stupide ! Tout d’abord, dois-je rappeler que si l’on dit effectivement la rougeole, la rubéole, la varicelle, la méningite, etc., on dit l’accident vasculaire cérébral, l’infarctus du myocarde, le choléra, le tétanos, et le cancer, que des pathologies qui se soignent à l’aspirine sans doute ! Plus grave, plaquer un débat sur le genre des mots – toujours discutable – conduit à éluder les vrais problèmes que l’on aurait pu évoquer, par exemple autour de la féminisation des professions du soin, et d’une façon plus générale de la féminisation des professions « dévalorisées » (ou de la dévalorisation des professions féminisées).
Les combats contre le racisme, le sexisme, l'homophobie, sont en fait un seul et même combat : celui de l'opprimé contre l'oppresseur. Ce combat est également si on y réfléchi celui des minorités contre un système (je n'aime pas ce terme) organisé autour de pouvoirs qui impliquent l'argent et/ou la domination des individus. Le plus triste dans les histoires que j'ai décrites plus haut, c’est donc qu’elles desservent les causes - justes - qu’elles pensent défendre. Les événements rapportés correspondent en effet à des prises de position (au sens large) qui se veulent radicales, mais leurs auteurs ne réalisent pas qu'elles deviennent, dès lors, facilement critiquables, contre-productives et intellectuellement indéfendables, même si elles ne sont qu'une réaction violente à une autre violence. Ainsi, comme l’écrivait le grand traducteur professionnel Michel Volkovitch : « Je trouve indigne que l’on veuille interdire à quelqu’un de traduire à cause de son sexe ou de sa couleur. Un tas de livres écrits par des hommes ont été traduits par des femmes, qui sont d’ailleurs majoritaires dans la profession ». Je partage également son analyse sur le fait que ces évènements constituent donc des mouvements de balancier extrêmes, une « poussée de fièvre liée à un mouvement profondément légitime et nécessaire, l’antiracisme, mais qui génère des excès ». Lutter contre le racisme, le sexisme, l'homophobie et finalement contre toutes formes de ségrégations, est en effet indispensable, mais cela ne peut se faire en instaurant ce qui s’apparente in fine à une autre forme de racisme sauf à donner raison aux machos et autres tenants des séparatismes...
Crédit illustration :
https://cafaitgenre.org/2013/02/22/anti-homophobie-et-anti-racisme-la-question-de-lintersectionnalite/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire