mercredi 3 mars 2021

Y AURA-T-IL ENCORE UNE FÊTE DE LA CHÂTAIGNE À FORGES ?





Cet article ne fait pas référence à l’impact de la CoViD-19 sur nos vies ou plus précisément sur la vie communale et l’organisation des différents d’événements qui la rythment. Je m’inquiète ici de la santé des châtaigniers qui occupent une grande partie des espaces forestiers de notre commune.


Notre région, et plus particulièrement la commune de Forges, héberge plusieurs plantations de châtaigniers. Contrairement à une idée reçue, ces arbres dans nos forêts ne sont pas là par hasard. De très nombreux individus ont en effet été plantés à des fins alimentaires. Les premiers individus auraient été installés il y a plus de 300 ans dans nos régions, probablement par des forestiers venus de l’Ardèche. À l’époque, les récoltes de céréales étaient aléatoires. La plantation de ces châtaigniers permettait donc de compenser par le biais de la production des châtaignes, elle relativement constante, les mauvaises récoltes de blé. Ces plantations sont reconnaissables de 2 façons. Tout d’abord les arbres qui la constituent ont en général été plantés alignés, permettant une gestion plus simple du « verger ». Ensuite, ces arbres sont tous des arbres greffés que l’on peut repérer à l’existence du bourrelet de greffage se situant à la partie supérieure du tronc, en dessous du point d’apparition des branches.

Il se trouve que depuis quelques années, le châtaignier en Île-de-France (et de façon plus large dans tout le nord-ouest de la France) est victime de la maladie de l’encre, résultant de l’attaque d’un micro-organisme longtemps classé comme champignon, et qui provoque progressivement son dépérissement. Les coupables s’appellent Phytophthora cambivora et Phytophthora cinnamomi. Ils appartiennent à une classe de micro-organismes filamenteux renommés oomycètes, qui regroupe plusieurs pathogènes de végétaux dont les agents du mildiou, ou ceux de maladies globalement appelées « fonte des semis » (1).

En dépit de son manque de moyens humains criants, l’Office national des forêts (ONF) suit l’évolution de la situation sur plusieurs sites, de façon très fine. À l’aide de relevés satellitaires, l’office détermine ainsi les zones où il sera nécessaire de procéder à l’abattage des arbres (2). En effet, aujourd’hui, il n’existe pas de traitement miracle permettant d’enrayer la progression de la maladie. La solution dont disposent les forestiers est essentiellement celle de la suppression des individus malades et leur remplacement par des espèces non sensibles aux pathogènes. Un des sites très surveillés est la forêt de Montmorency au nord-ouest de Paris. Dans cette forêt, plus de 60 % des surfaces où le châtaignier est présent hébergent des individus malades et environ 20%, des zones où châtaigniers sont très gravement atteints, voire déjà morts (2). La maladie a également été repérée dans les forêts de la Malmaison et de Marly le Roi. La forêt de Rambouillet semble être moins touchée car le nombre de châtaigniers est beaucoup plus limité.

La crainte pour Forges résulte du fait que certaines zones forestières sont très largement plantées en châtaigniers, et du fait que la proximité des individus facilitent la propagation de la maladie. Celle-ci semble également aggravée par différentes caractéristiques liées au changement climatique tel qu’hivers plus doux, forte pluviosité printanière favorisant le développement et les mouvements du pathogène, et sécheresse estivale affaiblissant les arbres, autant d’événements dont nous vous avons pu constater l’occurrence au cours des années passées. Par ailleurs la plupart des zones forestières de notre commune relèvent du domaine privé et certaines appartiennent à des propriétaires qui n’en assurent pas l’entretien. Il suffit de se promener sur les chemins ruraux et pour constater l’état de chablis de certaines de ces zones, et la présence d’individus jeunes dans des zones fortement dominées par nombre d’individus à maturité dont la présence suggère l’absence de gestion forestière rationnelle. Il y a donc un risque non négligeable de voir se développer la maladie de l’encre dans les forêts alentour. Espérons que nous n’en arriverons pas à la situation des forêts de Montmorency ou de Marly le Roi dans lesquelles, et à certains endroits, plus de 80 % des châtaigniers devront être abattus. Si tel devait être le cas, les prochaines fêtes de la châtaigne (pour autant qu’elles soient maintenues par la nouvelle municipalité) pourraient sembler bien tristes...


Références :

1. Les oomycètes. Au jardin.
https://www.aujardin.info/fiches/oomycetes.php

2. Pour plus d’informations sur la maladie de l’encre, voir les articles suivants sur le site de l’ONF :
https://www.onf.fr/onf/+/a1c::les-chataigniers-dile-de-france-sous-surveillance-spatiale-quand-la-technologie-se-met-au-service-des-forets.html
https://www.onf.fr/onf/+/a0a::face-lencre-du-chataignier-des-coupes-et-des-reboisements-necessaires-en-foret-de-montmorency.html
https://www.onf.fr/onf/+/989::la-foret-domaniale-de-lamalmaison-touchee-par-la-maladie-de-lencre.html
https://www.onf.fr/onf/+/878::la-foret-domaniale-de-marly-touchee-par-la-maladie-de-lencre.html

Crédit illustration :


Ysatys Nadji - ONF
https://www.onf.fr/onf/+/878::la-foret-domaniale-de-marly-touchee-par-la-maladie-de-lencre.html



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