mardi 21 septembre 2021

LE SYNDROME DE BARCELONE



En vacances dans la région de Narbonne, j’envisageais de passer quelques jours à Barcelone. Souhaitant éviter d’utiliser la voiture comme mode de transport, j’ai opté pour le train avec quelques surprises…

Première surprise : la durée des trajets. Alors qu’il faut environ 2 heures et demi pour aller de Narbonne à Barcelone en voiture par l’autoroute, il faut plus de 5 heures en train TER avec une importante attente pouvant atteindre 45 minutes à la frontière. Il existe une autre possibilité : prendre un train grande vitesse de la SNCF ou de la RENFE, l’homologue espagnol de la compagnie nationale française. Dans ce cas, la durée du trajet est de 2 heures.

Deuxième surprise : les coûts. L’aller-retour Narbonne-Barcelone par train rapide s’élevait à environ 120 euros par personne. Cher pour passer quelques jours sur place ! Je décide par curiosité de regarder les tarifs par avion au départ de Paris-Orly. Coût pour un voyage en octobre : 69 euros par personne en aller-retour, soit grosso modo 2 fois moins cher que le train… sur un trajet 5 fois plus long en distance environ.

Troisième surprise : l’option voiture. Renonçant donc au train, je me rabat sur l’option voiture. Entre le péage de l’autoroute et le carburant, on se trouverait autour de 65/70 euros pour deux personnes, soit environ 35 euros par personne, stationnement en parc gardé inclus à Barcelone pour 4 ou 5 jours. Mais problème : Barcelone et quelques unes de ses banlieues sont passées en zone à faibles émissions (ZFE). Tous les véhicules, même les véhiculés étrangers, doivent utiliser une vignette spécifique qu’il faut obtenir auprès du conseil de Barcelone, même si votre voiture est aux normes « Euro X » appropriées. Aucune des vignettes équivalentes européennes ne fonctionne, et donc la vignette crit’air française n’est ni reconnue, ni admise. Il faut de plus deux semaines entre la date de la demande de vignette et l’enregistrement de votre véhicule parmi les véhicules autorisés à circuler dans cette région.

J’ai donc décidé de ne pas aller à Barcelone.

Attention, pour que je sois clair, je précise que je ne râle pas ici sur le fait de ne pas avoir pu visiter la capitale de la Catalogne au départ de ma retraite occitane. Si c’était cela, ce serait ridicule ! Un simple problème de riche ! Le but de cet article n’est pas, non plus, de critiquer la gestion de cette ville, ni la mise en place de zones à faible émission, loin de là. Ce que je décris ici comme le « syndrome de Barcelone » - parce qu’il me fallait trouver un titre - c’est un double paradoxe. Le premier concerne les ZFE. Voulues en grande partie par l’Europe, il me semble incompréhensible que chaque État, voire chaque ville concernée, bidouille dans son coin son système d’autorisation sans que cela ne semble poser le moindre problème à l’Union Européenne. Pourquoi ne pas mettre en place un système européen qui autoriserait ou non la circulation dans chacune des villes en ZFE ? Trop compliqué ou absence de volonté politique, une fois de plus ?

Second paradoxe, un trajet en avion en court ou moyen-courrier sur cette destination est environ 4 à 5 fois moins cher que le trajet en train. Pourtant en termes de pollution, et en particulier en termes d’émission de CO2 par km par passager transporté, il n’y a pas photo entre le train et l’avion. On est en moyenne dans un rapport de 30 à 50 entre ces deux modes de transport… A un moment où les conséquences du réchauffement climatique commencent à se faire sentir, cette différence tarifaire est une incitation à la dépense de CO2 à outrance, et elle est donc - à mon sens - aujourd’hui inadmissible. La seule solution serait une taxation écologique des moyens de transports polluants permettant de réduire les coût des transports environnementalement satisfaisant.
Je me suis fait la même remarque face aux quelques 10 à 15 000 camions qui utilisent chaque jour l'autoroute A9 en provenance d'Espagne, et dont certains rejoignent le nord de la France, ou le nord de l'Europe... A quand le développement d'un système de ferroutage - ou de remise sur les rails des marchandises transportées - digne de ce nom ? Je ne sais pas pourquoi, mais je ne crois que peu à ce développement massif, ni à la taxation écologique, ni au niveau européen, ni d’ailleurs au niveau national, en tous cas pas tant que des politiques de rupture avec le modèle économique dominant n’auront été mises en place. En attendant, comme le disait un président précédent, la maison brûle...


Crédit photo :

Jean-Marc De Jaeger. Train ou avion : quel transport choisir pour ses voyages en Europe ?
Le Figaro. Novembre 2020.
https://www.lefigaro.fr/voyages/conseils/train-ou-avion-quel-transport-choisir-pour-ses-voyages-en-europe-20201118

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