Un des premiers des arguments est que les divisions de parcelles et les constructions d’habitations conduisent un accroissement du risque d’inondation par ruissellement. Cet argument du risque de ruissellement lié aux constructions a d’ailleurs été mis en avant à plusieurs reprises par l’actuelle municipalité pour lancer une étude d’impact de la construction en centre bourg. Bien que cette étude ne soit pas terminée (semble-t-il), je suis surpris de constater qu’une conclusion d’un risque associé constitue d’ores et déjà un des attendus de la révision !
Le risque de ruissellement évoqué ci-dessus serait réel dans la mesure où les eaux de pluie ne seraient pas traitées à la parcelle. Or, les préconisations puis les indications de l’ancien syndicat hydraulique (SIHA), maintenant partie intégrante du syndicat de l’Orge (SYORP), exigent la rétention des eaux pluviales à la parcelle, puis infiltration dans le milieu naturel ou rejet, à débit régulé, dans le réseau d’eaux pluviales. À Forges, de tels systèmes de stockage sont visibles au bas du lotissement de la rue Alice Millat ou dans le secteur du pré aux chevaux. Ils se révèlent très efficaces pour contenir des pluies d’occurrence comprise entre le vingtennal jusqu’au cinquantennal. Par ailleurs, si on se penche sur les zones de la commune soumises à un fort risque de ruissellement en cas de pluie, on ne peut que constater que celles-ci se trouvent en aval de zones majoritairement à usage agricole, telles que la vallée Maréchal donnant sur la route neuve, ou la zone de la ferme d’Adelaiau donnant sur la rue du même nom, où aucune construction n’est visible. De même, le bas de Malassis est soumis au risque de débordement de la gloriette (ou Ruisseau Blin) qui envahit alors la départementale et les terrains attenants, malgré l’entretien réalisé par les services techniques de la mairie de Forges, puis, possiblement maintenant, par le SYORP. Dans notre commune, le lien entre construction de logements et ruissellement reste donc largement à démontrer. Par ailleurs, sur ces questions, un avis circonstancié du SYORP devra être obtenu pour justifier de modification du PLU.
Une deuxième affirmation surprenante nous a été présentée lors de cette réunion. Il semblerait que l’analyse du bâti fasse ressortir l’existence dans les centres bourg d’installations de type pavillonnaire. Le raisonnement logique est qu’il faudrait préserver cette implantation pavillonnaire au détriment d’une densification forte par exemple de type maison de ville. C’est d’ailleurs ce que prévoit le projet de révision du PLU puisque les nouveaux règlements d’urbanisme des zones AU vise à interdire la construction de maisons accolées l’une à l’autre. Or, il n’est pas besoin d’être grand spécialiste d’urbanisme, pour constater que ce sont justement ces bâtis construit « à touche-touche », qui caractérisent les centres des bourgs ou le centre des hameaux (voir illustration). À Forges, on pourrait citer par exemple une grande partie du bâti de la rue de vaux Nord et une partie de la rue de vaux Sud, une section entière de la rue du Docteur Babin, le centre du hameau de Chardonnet, le secteur de la rue Sainte-Catherine dans le hameau de bois d’Ardeau, une liste non limitative. Et si l’on regarde les communes alentours, où les centralités sont justement mieux définies qu’à Forges, on ne peut que constater que les coeurs de Limours ou de Briis sous Forges, par exemple, ne sont constitués qu’essentiellement de maisons de ville. Cette analyse est d’ailleurs reprise dans certains des documents du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse qui préconisent une forte identification des centres, et une densification de plus en plus desserrée au fur et à mesure que l’on s’éloigne des centres des bourgs. Il serait d'ailleurs aussi intéressant de savoir si l'avis du PNR a été sollicité pour justifier des modifications proposées. L’argument présenté en la matière ne me paraît donc pas réellement solide et il constitue la meilleure façon pour déstructurer un centre ville déjà faiblement identifié sur notre commune.
Je passe sur les mesures techniques qui seront détaillées ultérieurement par la mairie, telle que les impossibilités de constructions sur deux limites séparatives, la limitation des faîtages à 10 m et 6,5 m à l’égout en zone UA, ce qui va à l’encontre, là aussi des futures règles de construction qui préconisent 2,75 m en hauteur sous plafond. Il sera donc difficile de construire en R+1+comble en bâtiment très basse consommation compte tenu de l’épaisseur des couches d’isolants thermiques. Par ailleurs, la limitation des surfaces constructibles par parcelles va rendre très souvent difficile, voire impossible, les agrandissements des maisons, lesquelles ne constituent pas des divisions. Les Forgeois qui ont des projets d'agrandissement vont donc devoir s'assurer qu'ils seront bien réalisables dans le nouveau PLU.
Un troisième point évoqué pour justifier du projet communal est sa supposée cohérence avec le schéma directeur régional d’Île-de-France (SDRIF). Il nous a été indiqué que le futur schéma, en préparation, vise le zéro artificialisation des sols (ou ZAN). Sous-entendu subliminal : de nouvelles constructions constituent une artificialisation des sols, ce qui ne correspond pas aux souhaits du futur SDRIF. Cette présentation est malheureusement tendancieuse, voire fausse. En effet, si le futur SDRIF vise effectivement la non-artificialisation des sols, cet objectif se traduira dans les faits par la non-ouverture à l’urbanisation de zones agricoles ou forestières, une excellente mesure (ceci dit) que nous mettons en œuvre dans la commune depuis plus de 12 ans. Or, le corollaire de cette mesure sera clairement le renforcement des objectifs de densification (en langue administrative, densification se dit intensification des tissus urbains), si j’en crois les récents rapports de l'Institut Paris-Région, qui travaille pour notre région Ile-de-France. Je cite : « Densifier le tissu urbain pour attirer de nouveaux ménages et augmenter la population globale de la commune permet de lutter contre des phénomènes de dévitalisation comme la fermeture de classes, la délocalisation des services ou la disparition des commerces et des aménités du centre-bourg. Par ailleurs, la densification dans les centres-bourgs et les petites villes de grande couronne apparaît comme un moyen de limiter les extensions urbaines et ainsi préserver les sols et les nombreuses fonctionnalités qui y sont associées ». N’oublions pas, non plus, la révision de la charte du PNR qui devrait intervenir dans les années à venir et qui vise aussi la densification des centres. Le projet communal, destiné avant tout à protéger l’entre soi local - et social - comme je l’expliquais dans un article précédent, est donc en totale contradiction avec les objectifs actuels et futurs du SDRIF et de sa politique de « 0 artificialisation ».
On le voit, les prémisses du raisonnement communal sont fausses, donc les conclusions le sont aussi ! De toutes façons, il s’agissait surtout, dans l’exercice qui nous a été présenté, de trouver des arguments justifiant a posteriori une décision déjà arrêtée. Qu’importe donc l’exactitude du raisonnement... Enfin, et je n’ai pas posé la question lors de la réunion pour éviter de polémiquer, il reste une considération éthique, importante à mes yeux. Plusieurs des élus de l’actuelle majorité municipale ont soit divisé leur terrain à des fins de vente, soit bénéficié de divisions de terrain pour construire à Forges, possibilités offertes par l’actuel PLU. Comment dès lors justifier, au plan moral, le souhait de ces élus de vouloir, aujourd’hui, limiter l’arrivée de nouveaux arrivants, maintenant qu’eux se sont installés sur la commune ?
La densification sous contrainte : bâtir des immeubles dans le périurbain francilien. Géoconfluences. Avril 2020.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/france-espaces-ruraux-periurbains/articles-scientifiques/densification-ile-de-france
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