samedi 11 décembre 2021

SI VOUS PENSEZ QUE L’ÉDUCATION COÛTE TROP CHER, ESSAYEZ L’IGNORANCE !

Cette phrase, attribuée au président américain Abraham Lincoln, résonne curieusement dans notre commune. Explications.

« Ça chauffe » quelque peu à l’école maternelle de Forges Les Bains ! Une animatrice en charge de la surveillance des petiots durant leur sieste de l’après midi vient et effet de rejoindre un autre service du périscolaire. Depuis la rentrée de la Toussaint, les enseignantes sont donc seules face aux enfants après leur repas, ce qui ne leur permet pas d’assurer un service satisfaisant. Impossible, par exemple, de sortir s’occuper d’un petit pendant que les autres dorment.

La municipalité, interrogée par les enseignantes durant un conseil d’école, indique après quelques tergiversations, qu’effectivement cette personne n’assurera plus ce service à la maternelle. Cette même municipalité ne souhaite en effet ni embaucher une nouvelle personne, ni payer d’heures supplémentaires à un des personnels municipaux pour assurer le suivi de la sieste des enfants. Devant le tollé suscité chez les enseignantes, la municipalité a fait partiellement marche arrière et a décidé d’affecter quelqu’un à cette surveillance, mais uniquement jusqu’aux congés de Noël.

Inutile de dire que les deux associations de parents d’élèves, prévenues de la situation, sont très mécontentes de cette décision. L'une estime néfaste le regroupement contraint des enfants dans un seul dortoir, pour des raisons de sécurité, l'autre dit que la situation est difficile pour les enseignantes et problématique pour le repos des enfants, et regrette une ingérence de la commune dans certains choix pédagogiques, hors du ressort de la mairie. De plus, la « concertation » avec la dite mairie n’a pas été, disons... fluide et transparente ! Ainsi la municipalité a récemment proposé aux parents - dont nombre travaillent - une réunion en semaine à... 14H00, avec les enseignantes d'ailleurs, qui ne pourront donc y participer à moins d'être remplacées ! Par ailleurs, ces enseignantes sont aussi très remontées, considérant que la mairie rejette sur elles le problème, en arguant de leur mauvaise organisation. Je ne peux que rappeler que cette même mairie parlait de preneur d'otages au sujet des enseignantes considérées comme personnes fragiles, et donc placées en arrêt de travail (1).

De mon côté, je me suis renseigné sur les besoins réels de la maternelle. Ceux-ci s’élèvent à environ 1 personne pendant 1h30 par jour. Sur 4 jours de surveillance par semaine, cela fait 6 heures hebdomadaires, sur 4 semaines et demi par mois, cela correspond grosso modo à 26 heures mensuelles. Si je compte un coût horaire de l’ordre de 20 euros, incluant les cotisations sociales, le coût de ces heures de travail manquantes ressort à environ 550 euros mensuels. Et même si cela se trouvait imputé comme « heures supplémentaires » pour un des personnels municipaux, on tournerait à moins de 650 euros/mois. Comme je compte environ 8 mois d’activité scolaire, le coût annuel pour le budget communal serait de l’ordre de 5500 euros. Or le discours de la mairie est que l’école serait largement dotée en ATSEM et personnel périscolaire, mais cette conviction a été infirmée, vite fait bien fait, par le représentant du rectorat. Forges est « dans la moyenne » sans plus ! Autre volet du discours local, cela serait trop cher ! Comment, dans ce cas, ne pas rappeler que cette même municipalité s’apprête à dépenser 150 000 euros sur 3 ans pour des caméras de sécurité, dont l’efficacité reste à très largement à démontrer. Un rapide calcul montre que ces 150 000 euros représentent, grosso modo, presque 30 ans de salaire du personnel à remplacer... Peut être, la mairie envisage-t-elle de placer une caméra dans le dortoir. On saurait ensuite qui n'a pas dormi et qui n'a pas été sage avec ses petits camarades !

Plus sérieusement, j'admets que le titre de l’article est un peu caricatural. Certes. Ceci dit, entre une dépense inutile, principalement motivée par une idéologie sécuritaire, et une dépense utile aux enfants et aux enseignantes, gage d’un repos, donc d’un apprentissage de qualité, on voit bien où se porte le choix et la priorité de l’actuelle municipale ! C'est, à mon sens, à la fois lamentable et très significatif !


Note ajoutée le 23/12:
Le Républicain publie ce jour un article sur la situation dégradée du périscolaire à Forges, raccord avec mon article:
Pour ceux qui se poseraient la question, je ne suis pour rien dans la production de l'article du Républicain, n'ayant pas de contact avec la presse.


Référence :

1. Un professeur malade (ou gréviste) n’est pas un preneur d’otages !

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Installer les classes les une après les autres pour éviter le brassage... entasser des dizaines d'enfants côte à côte sans gestes barrières dans une pièce peu ventilée, ça vaut tout les brassages du monde! Enfin je ne dis rien, je crains qu'au lieu de faire dormir les enfants séparément, on les oblige à se tartiner de gel hydroalcolique et à porter des masques pendant la sieste..
Je partage votre vision, la petite enfance n'est pas une priorité de la mairie.

Unknown a dit…

Un grand merci de votre article que j'ai partagé!

Anonyme a dit…

Les rapports avec la maire et son adjointe au scolaire sont très difficiles. Elles sont enfermées dan leur discours et l'on ne sent aucune volonté coté mairie de faire en sorte que les choses aillent mieux.

Anonyme a dit…

Sans parler du malaise des personnels périscolaires en grève demain.

Anonyme a dit…

Heureux que le Républicain parle de cette situation que vous avez parfaitement évoquée. Le problème, c'est clairement à la mairie qu'il se trouve, entre arrogance et incompétence de certains élus!