vendredi 29 avril 2022

LE SECOND TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE DANS LES COMMUNES DE LA CCPL


M. Emmanuel Macron vient donc d'être élu à la présidence de la République. Les commentaires politiques sur cette élection très particulière ont été nombreux et il ne me semble pas nécessaire de revenir longtemps sur ceux-ci, au niveau national. Il reste néanmoins intéressant de regarder quels ont été les résultats de ce second tour dans les communes de la CCPL.

Je m'appuie pour cette analyse sur les documents que m'a envoyés M. Bernard Morin, élu de la minorité à Limours. La première analyse que l'on peut proposer est la comparaison des résultats obtenus par la candidate du RN, Mme Marine Le Pen, et du candidat de LREM, M. Emmanuel Macron, au niveau national et au niveau local. En France, le résultat final de ce second tour montre que 58,5% suffrages exprimés se sont portés sur M. E. Macron et 41,5% sur Mme M. Le Pen. L'abstention s'est élevée à 28% des inscrits, et les votes blancs et nuls à 8,6%. Si l'on exprime les résultats obtenus par les deux candidats non plus en pourcentage des suffrages exprimés mais en pourcentage des inscrits, les résultats deviennent alors 38,5% pour M. E. Macron, 27,3% pour Mme M. Le Pen et 6,2% pour les blancs et nuls. Sachant que plus de 40% des personnes ayant voté pour M. E. Macron l'ont fait « pour faire barrage à l'extrême droite » (1), il ressort que l'adhésion aux propositions du nouveau président de la République n'est le fait que d'environ 22% de la population nationale en âge de voter. C'est très faible, mais cela ne retire rien à la légitimité de l'élection. Le président réélu semble en avoir pris conscience, déclarant « Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Ce vote m’oblige pour les années à venir » (1). Reste à voir combien de temps cette évidence restera dans son esprit et également dans celui de ses proches. Il est en effet utile de rappeler que ce 25 avril, c'est à dire dès le lendemain de l'élection, M. Bruno Le Maire n'excluait pas un recours au 49.3 pour faire passer en force la loi modifiant les conditions d'accès à la retraite (2). L'inquiétude est donc légitime.

Au niveau départemental, l'Essonne avait porté M. Jean-Luc Mélenchon en tête des candidats au premier tour. Le score de ce dernier a sans aucun doute résulté des votes majoritaires dont il a bénéficié dans des communes considérées comme défavorisées, et fortement peuplées. Les communes plus « riches », c'est à dire - et pour « faire simple » - celles du nord-ouest et de l'ouest du département, ont voté pour le nouveau président. Dans nombre d'entre elles, cependant, M. J.-L. Mélenchon est arrivé juste derrière M. Emmanuel Macron. Le score de Mme. M. Le Pen résulte de votes préférentiels, voire majoritaires pour elle, dans les communes très rurales du sud et sud-est de l'Essonne. On retrouve cette division géographique, pour ne pas dire ce clivage, dans les résultats du second tour, les communes du sud ayant assez systématiquement placé Mme M. Le Pen devant M. E. Macron. En termes de pourcentages, le score de M. E. Macron dans l'Essonne est sensiblement supérieur à celui qu'il a obtenu au niveau national, à savoir 65,5% des suffrages exprimés. L'abstention dans le département est à peine plus élevée qu'au niveau national, représentant 29,3% des inscrits. Quant aux votes blancs et nuls, ils sont comparables mais légèrement en retrait de ceux observés sur la France entière, atteignant 7,5%. L'ensemble abstention plus blancs et nuls est, lui, tout à fait comparable en Essonne aux valeurs nationales, soit respectivement 37,8% et 36,6% des inscrits.

Au niveau de la CCPL, les communes où l'abstention a été la plus marquée sont Gometz-la-Ville (abstention : 24,5%) et Courson (23,5%), et celles où l'on a le plus voté, Janvry (abstention : 15,6%) et Boullay (15,9%). La moyenne de la CCPL est de 21,3% d'abstention, très inférieure aux valeurs départementale (29,3%) et nationale (28%). On peut également agréger abstention, blancs et nuls, ce permet de repérer les communes qui ont le plus exprimé de suffrages pour l'une ou l'autre des candidats. Dans ce cas, on retrouve Janvry et Boullay en tête, où, respectivement, 78,4% et 75,1% des inscrits ont exprimé un choix. A l'inverse, les communes les plus « taiseuses » ont été Courson, et ex-aequo Gometz et Briis, où respectivement, 66,6% et 68,3% des inscrits n'ont pas exprimé un choix. M. E. Macron réalise ses meilleurs scores Aux Molières, comme au premier tour d'ailleurs, avec 78% des suffrages exprimés, puis à Boullay avec 76,3% et à Gometz (75,3%). Ses moins bon scores sont observés à Angervilliers (57,3%), à Vaugrigneuse (57,5%) puis à Courson (59,6%). Les scores de Madame Le Pen sont bien entendu les compléments par rapport à 100, ces dernières valeurs étant comptabilisées en suffrages exprimés. Enfin, c'est à Forges-Les-Bains que les résultats de ce second tour sont les plus semblables à ceux enregistrés sur la totalité de la CCPL, avec une abstention de 22,5% (CCPL : 21,3%), non exprimés (abstention + blancs+ nuls) de 30,4% (CCPL 29,4%) et un vote pour M. E. Macron à hauteur de 67,5% (CCPL 68,4%).

Ces résultats confirment en grande partie les résultats du premier tour, avec un vote pour Mme. M. Le Pen plus marqué dans les communes rurales du sud de notre territoire. La ruralité n'est sans doute pas le seul facteur explicatif. On peut ainsi considérer que ces différences assez sensibles entre communes du nord (Gometz, Boullay ou Les Molières) et du sud (Angervilliers et Vaugrigneuse) sont possiblement liées aux catégories socio-professionnelles qui caractérisent la population de chacune d'entre elles. La comparaison du coût de l'immobilier dans ces communes est d'ailleurs possiblement significative. Pour un logement individuel, il varie de 2600 euros/m2 à Angervilliers et Vaugrigneuse à 3400 euros/m2 aux Molières et 3500 euros/m2 à Gometz (selon 3). Comme dans bien d'autres régions de France, il semble y avoir une corrélation entre vote pour Mme M. Le Pen et coût de l'immobilier, ce dernier point traduisant probablement les différences de catégories socio-professionnelles que j'évoquais plus haut. En ce sens, le « microcosme CCPL » apparaît bien comme une zone de transition entre les territoires nord et sud de l'Essonne.


Références :

1. Luc Chemla. Présidentielle : 42% des électeurs d'Emmanuel Macron ont voté pour lui pour faire barrage à Marine Le Pen. France-Inter politique. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.franceinter.fr/politique/presidentielle-42-des-electeurs-d-emmanuel-macron-ont-vote-pour-lui-pour-faire-barrage-a-marine-le-pen

2. Anonyme. Retraites : Le Maire n’exclut pas un recours au 49-3, Mélenchon et Roussel vent debout. Le Parisien. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.leparisien.fr/politique/retraites-le-maire-nexclut-pas-un-recours-au-49-3-melenchon-et-roussel-vent-debout-25-04-2022-34NY7CXGEBF45GP4VRD6PDB4UY.php

3. Selon le site meilleurs agents.com
Consultable en ligne :
https://www.meilleursagents.com/prix-immobilier/essonne-91/


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Fichier de M. B. Morin


vendredi 22 avril 2022

CHARYBDE ET SCYLLA, PESTE ET CHOLÉRA



Il n'a échappé à personne, je pense, qu'il reste encore un tour avant de connaître le résultat de l'élection présidentielle. Ce denier tour ressemble au dernier tour de la précédente élection, opposant M. Emmanuel Macron à Mme. Marine Le Pen. La question qu'une part non négligeable des électeurs se pose est clairement comment voter lorsqu'aucun des programmes des candidats en lice ne vous satisfait. Ma réponse n'engage que moi.

Je ne vais pas tourner autour du pot. Je n'ai confiance ni en Madame Marine Le Pen, ni en Monsieur Emmanuel Macron.

Le RN et précédemment le FN ont trop frayé avec l'extrême droite identitaire, avec les jeunes aux cheveux aussi courts que leurs idées, le racisme, la violence, les discriminations de tous ordres - du droit des femmes à l'identité sexuelle - pour accepter qu'un ou une présidente issue de ses rangs dirige un jour notre République. Et puis, il y a toutes les déclarations, plus récentes, de la campagne actuelle. Mme. Marine Le Pen et ses partisans tiennent des propos ségrégationnistes, au sens large. Ces propos ne font pas, par exemple, clairement le distinguo entre islam et islamisme. Elle disait ainsi : « Le voile est un uniforme islamiste et pas musulman, c’est l’uniforme d’une idéologie, pas d’une religion », proposant dès lors l'interdiction du port du voile dans l'espace public. En incidente, il faudra alors penser aussi à interdire les kippas et les croix, ainsi que les médailles des tous les saints ou de Marie également. Or, ce n'est pas cela la laïcité. La laïcité, c'est de permettre à tous d'exercer ses convictions, ses préférences religieuses, des athées aux croyants, sans empêcher son voisin de le faire également. Le seul endroit où ces préférences ne doivent pas être visibles, c'est dans la marche de l'Etat. Ainsi, l'interdiction du port ou de l'expression de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique me parait nécessaire et justifiée, comme symbole de la neutralité, et paradoxalement de la bienveillance de l'Etat en la matière. Pour revenir à Mme. Marine Le Pen, elle propose aussi des mesures discriminatoires lorsqu'elle annonce vouloir mettre fin au regroupement familial, ou réserver les allocations familiales aux nationaux. Dans cette logique, un étranger légalement établit en France, y payant ses impôts depuis des années n'aurait-il donc pas les mêmes droits qu'un Français ? Et un Français marié à une étrangère ne pourrait-il la faire s'installer définitivement en France. Quel délire ! Et son programme environnemental ? Certes, celui de M. Emmanuel Macron est quasi-inexistant, mais que dire, alors que la crise climatique s'amplifie et qu'elle continuera de s'amplifier pendant des décennies en raison de l'inertie de notre biosphère, de sa proposition d'un moratoire sur le solaire ? Ou du démantèlement des éoliennes, défendant ainsi une position complètement orthogonale aux accords de Paris. Enfin, en matière de politique internationale, que dire de ses accointances avec M. Vladimir Poutine, dont elle encensait encore voilà peu, le comportement et la politique nationale. Autre temps, autres moeurs, certes, mais quoiqu'il en soit, je n'ai aucune envie de voir cette personne représenter la France et ses valeurs. Elle ne peut le faire. Elle en est même à l'opposée. 

Quant à M. Emmanuel Macron, j'ai bien explicité dans différents articles de ce blog ses actions et celles des marcheurs, dont les godillots (c'est le terme approprié) ont assez systématiquement approuvé les décisions à l'assemblée nationale. A commencer par la possibilité que cette majorité a offerte au gouvernement de décider par ordonnance, supprimant ainsi le contrôle parlementaire sur les décisions proposées. Or ces décisions, et donc la politique menée par M. Emmanuel Macron, a conduit à une division encore plus accentuée des Français. Au cours du quinquennat, la fortune des plus riches a explosé, merci entre autres à la suppression de l'ISF, et à l'instauration de la flat tax. En même temps, pour reprendre la phraséologie en cours, « la France qui rame » a assez systématiquement fait l'objet de mesures la défavorisant : laminage du droit du travail, blocage des salaires, et pour les plus défavorisés, réduction des APL ou réduction de facto des aides aux handicapés, pour ne citer que quelques mesures. J'y ajoute la poursuite de la casse des services publics, l'hôpital en tête. Je ne sais pas d'ailleurs si celui-ci survivra : il était malade au début du quinquennat, il est maintenant agonisant. Tout cela, combiné aux augmentations du coût de la vie, a conduit à la crise des gilets jaunes, qui n'est à mon sens pas une crise. Une crise présente en effet une durée limitée dans le temps. Or celle-ci se poursuit plus de trois ans après son commencement, et elle n'a disparu des radars, écrans et infos que parce qu'une crise sanitaire sans précédent qui perdure lui a succédé. Tout cela a pour conséquence le fait qu'un Français sur quatre (27%) avouait ne pas manger à sa faim, un chiffre encore en augmentation, et que 20% déclaraient voilà peu devoir sauter certains repas. Cette France d'en bas, terme que je n'aime pas, est en fait celle de l'exclusion. C'est la France exclue des centres villes, des métropoles, de l'emploi pérenne, des services publics. C'est celle qui fait a fait l'objet de toutes railleries de l'ancien président. C'est celle qui coûte un pognon de dingue, qui n'a qu'à traverser la rue pour trouver du boulot, celle qui croise dans les gares des gens qui réussissent, alors qu'eux ne sont rien. Qualifié d'arrogance, la pensée macronienne et la politique qu'il a menée sont en réalité totalement engagées dans un processus de lutte des classes, terme que certains voudraient faire passer pour désuet, obsolète, mais qui fournit pourtant, volens nolens, une grille de lecture pertinente du dernier quinquennat. M. Emmanuel Macron n'est pas que le candidat des riches ou des banques, comme cela a été dit. C'est aussi le candidat d'un apartheid social, différent de celui proposé par son opposante, mais tout aussi pitoyable et impitoyable. Pour s'en convaincre, voici quelques propos qu'il a tenus, lors de discours, de visites, ou d'interviews. Je cite : « les salariés français sont trop payés », « les salariés doivent pouvoir travailler plus, sans être payés plus si les syndicats majoritaires sont d’accord », « la meilleure façon de se payer un costard c’est de travailler ». D'autres citations montrent toute l'étendue du mépris de classe de l'ex-président, vis à vis d'une partie non négligeable des Français, qu'il devrait, pourtant défendre en priorité. Je cite toujours : « les Britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher », « je ne suis pas là pour défendre les jobs existants », « le chômage de masse en France c’est parce que les travailleurs sont trop protégés », ou « 35 h pour un jeune, ce n’est pas assez ». Restent également des propos très inquiétants et, curieusement, très peu relevés dans la presse tels que « je suis pour une société sans statuts » et « La France est en deuil d’un roi ». Jupitérien, vous avez dit Jupitérien?

J'arrête là la démonstration. Tout cela indique qu'avec M. Emmanuel Macron, comme avec Mme Marine Le Pen, la France pourra faire le deuil de sa devise « liberté, égalité, fraternité ». Se pose donc la question du vote du second tour, dimanche. L'option logique serait donc le vote blanc, aucun des candidats ne satisfaisant aux critères minimaux que j'exige à titre personnel pour obtenir mon suffrage. A ce stade, que l'on vienne pas me parler de front républicain. Ce n'est pas moi qui a installé ce choix invraissemblable entre un représentant de l'extrême droite et un représentant de la finance et des ultras riches, entre un programme raciste et xénophobe, et un programme de casse sociale généralisée. J'ai d'ailleurs voté pour M. Jacques Chirac contre M. Jean-Marie Le Pen quand il l'a fallu, j'ai rejeté la candidature de Mme Le Pen en 2017, tout cela pour constater que le président élu a ensuite très rapidement oublié la pluralité des opinons politiques des citoyens qui l'avaient porté au pouvoir. Malheureusement, le vote blanc, bien que comptabilisé, passera rapidement aux oubliettes. Il me semble donc, que l'action la plus visible et forte reste l'abstention. Celle-ci sera en effet bien plus discutée et bien plus significative si, comme je l'espère, elle tutoie ou dépasse la barre des 40%. C'est donc l'option la plus raisonnable vers laquelle je me dirige dans le cadre d'un choix impossible entre Charybde ou Scylla, peste ou choléra...


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Rallye lecture. Charybde et Scylla
https://rallye-lecture.fr/charybde-et-scylla-niveau-3/



mardi 19 avril 2022

LE PREMIER TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE DANS LES COMMUNES DE LA CCPL



Rendons à César ce qui appartient à César ! M. Baptiste Bonnet est élu à Forges comme conseiller municipal, de l'opposition. Il m'a fait parvenir récemment un fichier « excel » dans lequel il a compilé les données des votes au premier tour de l'élection présidentielle, pour toutes les communes de la CCPL et m'a autorisé à en détailler les résultats sur mon blog.

Les données transmises ne prennent en compte que les suffrages exprimés. Je me suis néanmoins intéressé en premier lieu au taux abstention, disponible sur le site du ministère de l'intérieur. Pour la France, ce taux est d'environ 26%, ce qui représente le deuxième taux le plus élevé pour un premier tour d'une présidentielle depuis le début de la Ve République. Seule l'élection de 2002 avait connu un taux supérieur. Dans la CCPL, l'abstention varie de 14 à 21% (valeurs arrondies) selon les communes, avec une moyenne à 18% environ, une valeur assez sensiblement inférieure à la valeur moyenne observée en France pour ce premier tour. Les communes où cette abstention a été la plus forte ont été Briis-sous-Forges et Fontenay-Lès-Briis, et celles où la participation a été la plus élevée, Saint-Jean-de-Beauregard et Gometz-la-Ville.

Sur la totalité de la CCPL, les trois candidats arrivés « en tête» sont : M. Emmanuel Macron, 34,9%, suivi de M. Jean-Luc Mélenchon, 17,7% et Mme. Marine Le Pen; 17,4%. Ce trio est suivi par un autre trio dont les scores sont proches : Mme. Valérie Pécresse, 6,8%, M. Eric Zemmour, 6,6% et M. Yannick Jadot, 6,4%. Tous les autres candidats sont crédités de scores au dessous de 3%.  Globalement, au niveau de la CCPL, on a donc voté à peu près comme le reste de la France. Cependant, si on regarde de façon fine, on peut observer dans nos communes une sur-représentation du « vote Macron» et une sous-représentation des votes Mélenchon et Le Pen, dont les scores restent, comme au niveau national assez voisins.

Bien que d'interprétation difficile, il peut être intéressant de regarder s'il existe des différences notables entre chacune des communes de la CCPL. Commençons par celles où les candidats ont fait leur meilleur score. M. Emmanuel Macron a obtenu son meilleur résultat aux Molières (arrondi à 42%), puis à Gometz la Ville (40%), puis à Boullay (38%). M. Jean-Luc Mélenchon a fait de même à St.-Jean-de-B. (arrondi à 26%), Briis (21%) et Limours (20%). Ces « bons » scores dans deux des communes les plus peuplées de la CCPL expliquent en partie le résultat final de ce candidat sur la CCPL, car ils « tirent »  la statistique vers le haut. Mme Marine Le Pen a, quant à elle, mieux réussi à Angervilliers (27%), Vaugrigneuse (25%) et Fontenay-Lès-Briis (24%). Ces résultats, dans des communes moins peuplées de la CCPL, expliquent le fait qu'elle soit arrivée en 3ème position sur l'ensemble du territoire. On peut également regarder à quels endroits les candidats du trio de tête ont fait leur moins bon score. Pour M. Emmanuel Macron, c'est à Saint-Jean-de-Beauregard (28%), pour M. Jean-Luc Mélenchon, c'est à Pecqueuse (12%) et pour Mme Le Pen, c'est aux Molières (10%). L'analyse de ces scores à Saint-Jean comme à Pecqueuse doit être très prudente, ceux-ci pouvant être biaisés compte tenu du fait que ces communes sont à faible effectif. Une petite variation du nombre de voix peut dès lors entraîner un effet important en pourcentage sans que celui-ci ne soit réellement significatif.

En lien, et comme je l'indiquais plus haut, l'exploitation de ces résultats et leur interprétation restent difficiles, et les explications proposées peuvent donc être erronées. Tout au plus, je me risquerai à des constatations et des hypothèses. Je reprends la constatation explicitée plus haut concernant la sur-représentation du « vote Macron » et la sous-représentation des votes Mélenchon et Le Pen. Mon hypothèse explicative est la typologie sociale des habitants des communes de la CCPL. En globalité, ceux-ci appartiennent plutôt aux classes moyennes supérieures, voires supérieures, classes qui votent plus pour M. Emmanuel Macron que d'autres. Dans ces catégories, le vote « globalement protestataire » en faveur de Mme Marine Le Pen ou de M. Jean-Luc Mélenchon (même si ces candidats ne recueillent pas uniquement ce type de votes) est moins fréquent. En lien, un des représentants des forces de l'ordre me disait voilà quelques mois que cette typologie sociale expliquait sans doute en grande partie pourquoi la région n'avait pas vu beaucoup de gilets jaunes sur les ronds-points... Deuxième constat, Mme Marine Le Pen recueille les plus forts pourcentages de suffrages dans les communes du sud de la CCPL, à l'exception de Fontenay-Lès-Briis. Je n'ai pas d'explication précise relative au « bon » résultat de cette candidate dans cette commune, mais il faut cependant le relativiser. Il reste en effet très voisin du score qu'elle a obtenu au niveau national. La sur-représentation du « vote Le Pen » à Vaugrigneuse et Angervilliers est, elle, à considérer dans une vision plus globale, départementale, où l'on observe que le vote pour cette candidate est très caractéristique du sud-Essonne, plus rural que le nord. Ainsi, Mme Marine Le Pen est arrivée en tête dans la quasi-totalité des communes du sud de notre département avec des scores de 35% des suffrages à Arrancourt ou à Pussay par exemple. Cette même vision départementale est également à prendre en compte pour le « vote Mélenchon ». Rappelons que ce candidat est arrivé en tête en Essonne, avec plus de 28,1% des voix, juste devant M. Emmanuel Macron (27,6%). Ce « bon » résultat de M. Jean-Luc Mélenchon provient majoritairement des ses scores élevés dans les communes très peuplées et/ou pour certaines défavorisées. Il obtient ainsi 57% des voix à Grigny, 50% à Evry, 46% des voix aux Ulis, et 41% à Fleury-Mérogis. Néanmoins, ses résultats dans l'Essonne s'expliquent aussi par le fait qu'il est arrivé deuxième derrière M. Emmanuel Macron dans bon nombre de communes du département, également peuplées. Hypothèse : ces suffrages ne correspondraient pas à un vote protestataire mais possiblement davantage, soit à un vote dit « utile », soit à un vote d'adhésion, émanant d'Essonniens appartenant aux catégories professionnelles intellectuelles (enseignants, universitaires, chercheurs, cadres intermédiaires du privé). En accord, le « vote Mélenchon » est sensible dans des communes proches du plateau de Saclay, telles que Palaiseau, Orsay, Bures, Gometz-La-Ville, et même Gif-sur-Yvette. Dans le secteur de la CCPL, il est possible que l'effet « plateau de Saclay » que j'évoque plus haut se soit aussi fait sentir, à Limours comme à Briis-sous-Forges.

Il reste bien entendu le second tour pour départager les deux candidats arrivés en tête. Au delà du résultat, il sera, là aussi, intéressant de suivre la répartition des votes par communes, au niveau de la CCPL, comme au niveau départemental.


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Baptiste Bonnet. Extrait Tableur Excel.

vendredi 15 avril 2022

SCANDALES SANITAIRES. À QUI LA FAUTE ?



L'actualité récente a mis en lumière un certain nombre d'événements qui constituent, à mon sens, autant de scandales sanitaires. Je pense bien entendu aux dernières contaminations alimentaires bactériennes (listériose, salmonellose, infections à Escherichia coli enterotoxiques) mais également à la maltraitance de nos anciens dans certains EHPAD. Il y a des points communs entre ces affaires.

Ce dernier point a été particulièrement douloureux. Il fait suite à la publication du livre « les fossoyeurs » de Victor Castanet, dans lequel ce dernier rapporte la façon dont sont traités une partie des résidents fragiles des établissements appartenant au groupe ORPEA. Il y décrit les manquements constatés dans les soins d’hygiène, ainsi que les déficiences de la prise en charge médicale de nos anciens. Il décrit également les rationnements dont sont victimes certains de ces résidents, leur repas étant de plus en plus réduits pour améliorer la rentabilité de l'établissement. Après que l'entreprise ait nié l'existence de tels agissements, la situation a semblé suffisamment sérieuse pour qu'enquêtes internes et enquêtes des services de l'Etat soient lancées. Dans ce dernier cas, ce sont même deux procédures qui ont été initiées, l'une, administrative, de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et l'autre, financière, de l'Inspection Générale des Finances (IGF). Les EPHAD incriminés bénéficient, en effet et à divers titres, de soutiens financiers des collectivités et de l'État. Début avril 2022, et après avoir tergiversé en invoquant « le secret des affaires », le gouvernement s'est résolu à rendre le rapport de 500 pages public tout en en masquant certains aspects (1). Ce dernier confirme une nourriture limitée, les grammages étant jugés « sensiblement et systématiquement insuffisants ». Le rapport relève également des problèmes dans la transmission des informations et plus particulièrement une gestion opaque des signalements faits par les personnels, objets de filtrages au niveau des directions de l'entreprise. Au plan budgétaire, ce même rapport pointe des documents financiers « insincères » et des excédents budgétaires dégagés sur les dotations publiques. Ainsi, selon Jade Peychieras, de France-Bleu (2) : « Sur la seule période 2017-2020, Orpea a ainsi dégagé 20 millions d'euros d'excédent sur ces dotations versées. Ces excédents « ne font l'objet d'aucun suivi comptable précis », si bien qu'une partie pourrait, « le cas échéant », être « distribuée aux actionnaires ». Sur la même période, l'entreprise a également, de façon irrégulière, imputé plus de 50 millions d'euros de dépenses sur le forfait soins, payé par l'argent public. Plus de la moitié de cette somme concerne la rémunération des auxiliaires de vie « faisant fonction » d'aides-soignantes, alors qu'elles n'ont pas de diplôme pour exercer ce métier ». D'une façon générale, les enquêteurs indiquent que la gestion des établissements donne la priorité à la performance financière plutôt qu’à des critères de qualité. Tout est dit.

Passons maintenant aux récents problèmes sanitaires rapportés au sein de grandes groupes agroalimentaires, les derniers en date étant les contaminations bactériennes relevées dans des produits des entreprises Buitoni (pizzas) et Ferrero (Kinder). Dans le premier cas, ce sont une cinquantaine d'enfants qui ont été touchés, dont deux sont décédés, en lien avec une toxi-infection à Escherichia coli. Une autre cinquantaine de cas sont en cours d'analyse. L'origine de l'infection a pu être tracée au niveau de l'usine de Cambrai, dont la production est à l'arrêt suite un arrêté préfectoral. Une inspection a révélé des manquements sérieux en termes d'hygiène, notamment la présence de rongeurs dans l'usine, d'aliments non nettoyés au sol, ou de moisissures en quantité importante sur les murs. Ceci posé, l'origine de la bactérie est le plus souvent animale, celle-ci étant présente dans le tube digestif des ruminants. La probabilité qu'elle provienne donc - encore une fois - de viandes mal préparées reste donc élevée. Il faudra cependant attendre des études complémentaires pour identifier avec précision la source de la contamination. Dans le cas des chocolats Kinder, l'origine de la contamination a été tracée dans l'usine d'Arlon, en Belgique. La source des Salmonelles est le plus souvent le lait et ses produits dérivés. Il est donc probable que dans le cas de la chocolaterie industrielle, ces mêmes produits soient en cause. Au total ce sont plus de 150 cas de contamination par des salmonelles qui ont été répertoriées, et ce dans plus de neuf pays européens.

Dans ces deux cas de contamination alimentaire, un élément est choquant. Il réside dans l'espace de temps qui s'est écoulé entre les premiers signalements et l'arrêt de production. Ainsi, selon l'ONG Foodwatch, la première détection de salmonellose a été rapportée fin décembre 2021 au Royaume-Uni (3). Il faudra attendre le 23 mars, pour que les autorités sanitaires de Grande-Bretagne, enquêtant sur une épidémie, préviennent l'entreprise et pointe du doigt l'usine belge. Ce délai, en lui-même, ne me surprend pas, parce qu'une étude épidémiologique destinée à identifier une source de contamination est généralement longue. Ce qui me surprend, en revanche, c'est qu'aucun des tests d'autosurveillance que doit réaliser l'industriel n'ait mis en évidence la présence de salmonelles dans les lignes de production. Je ne suis pas loin de penser qu'il s'agit au mieux d'un manquement de rigueur dans les procédures de suivi qualité internes à l'entreprise, et au pire d'une possible dissimulation. En accord avec cette observation, le 28 mars, Ferrero, pourtant prévenu du risque sanitaire, continuait d'écouler les produits Kinder dans toute l'Europe. Cette distribution des produits contaminés se poursuivra jusqu'au 4 avril (3,4), date à laquelle l'entreprise lance sa première procédure de rappel. Nous sommes pratiquement deux semaines après l'alerte britannique, et, curieusement, à une période où se vendent en grande quantité les chocolats en prévision des fêtes de Pâques. Cet avis est également celui de Foodatch qui écrit « plus les informations arrivent, plus la désinformation organisée par la multinationale Ferrero pour préserver ses affaires saute aux yeux ».

Bien qu'apparemment non liées, ces deux affaires du domaine de l'alimentation et celle concernant le scandale des EHPAD ORPEA présentent pourtant au moins deux traits communs. Le premier est qu'elles ont été rendues possible, au moins partiellement, par des déficiences des services de contrôle de l'Etat. Loin de moi l'idée d'incriminer les agents de ces services qui font ce qu'ils peuvent dans des conditions de travail de plus en plus dégradées, et confrontés à des réductions d'effectifs de plus en plus criantes. Ainsi, dans les ARS, en 6 ans, de 2014 à 2020, « le nombre d’inspecteurs de l’action sanitaire et sociale est passé de 944 à 688 (-27 %), celui des médecins inspecteurs de 297 à 182 (-40 %), et celui des pharmaciens inspecteurs de 137 à 126 (-8 %). Soit une diminution moyenne de l’ensemble de ces personnels de 28 % [...] » (5). Comment s'étonner dès lors que, sur les 700 EHPAD d'Ile de France, seulement 17 aient été contrôlés en un an (données 2019). Le même constat peut être fait pour les services de la DGCCRF et de l'inspection vétérinaire. Selon Foodwatch, « en 2022, les rangs de la répression des fraudes (DGCCRF) comptaient 442 agents de moins que dix ans auparavant. Du côté de la Direction générale de l’alimentation en charge de l’inspection vétérinaire (abattoirs, etc.) et aussi phytosanitaire (pesticides), le nombre des inspections sur la sécurité sanitaire des aliments a diminué de 33% entre 2012 et 2019 » (6). Un constat similaire est fait par la CFDT-finance qui observe qu'entre 2010 et 2017, les effectifs du service sont passés de 3800 agents avant la réforme de l’administration territoriale de l’État (RéATE), à 2800 (7). Dans le même temps, l'activité de ces mêmes agents s'est vue davantage contrainte. Une partie des agents travaillent sous l’autorité de la région, l’autre partie est rattachée au préfet de département, ce qui « pose clairement la question de l'indépendance de leur activité ». Certains agents de la DGCCRF « doivent ainsi obtenir un feu vert préfectoral pour contrôler et sanctionner les entreprises » (7). Ayant eu pendant de nombreuses années le retour d'amis, pour certains assez haut placés dans les services de province de la DGCCRF, je ne peux que confirmer ces dires. Je peux également ajouter, que vu la lourdeur des contrôles, et la pression au rendement exercée par la hiérarchie, il arrivait que les agents de la DGCCRF soient amenés à prévenir les entreprises des dates de leurs visites. Une situation similaire est d'ailleurs décrite pour les contrôles opérés auprès des EHPAD (5).

Le second trait commun que j'évoquais plus haut est que toutes les dérives observées, in fine, proviennent de considérations économiques et financières. L'État pense faire des économies en réduisant le nombre de ses fonctionnaires affectés aux différents services de contrôle, avec les conséquences que l'on voit. Les entreprises de l'agroalimentaire augmentent leurs bénéfices en rognant sur la qualité des produits mis en œuvre et sur la robustesse des procédures, les EHPAD font quasiment la même chose en limitant les dépenses tout en n'oubliant pas de maximiser les recettes. Dans ces deux cas, ce que nous voyons n'est que le revers de la pièce de l'organisation capitaliste de notre société, dont on vante régulièrement l'efficacité. Et contrairement à une idée bien ancrée chez les néolibéraux, toutes les affaires démontrent que lorsque l'État « oublie » (parfois volontairement) de jouer son rôle de contrôle et de régulation, ce n'est pas la main invisible du marché qui le remplace. Bien au contraire.


Références :

1. Jean-Philippe de Saint-Martin et coll. Mission sur la gestion des établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (EHPAD) du groupe Orpea.
Inspection générale des finances. Inspection générale des affaire sociales. Mars 2022.
Consultable en ligne :
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/vff040422_2022-m-012-06_rapport_definitif_orpea_publiable.pdf

2. Jade Peychieras. Ehpad : le gouvernement publie un rapport d'enquête accablant pour Orpea. France-Bleu. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/ehpad-le-gouvernement-publie-un-rapport-d-enquete-accablant-pour-orpea-1649169439

3. Anonyme. Scandale Kinder : deux nouvelles révélations de foodwatch. Foodwatch.org. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2022/scandale-kinder-ferrero-deux-nouvelles-revelations-de-foodwatch

4. Anonyme. Rappels des chocolats Kinder et pizzas Buitoni : les questions qui fâchent. Foodwatch.org. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2022/rappels-des-chocolats-kinder-et-pizzas-buitoni-les-questions-qui-fachent

5. Luc Peillon. Comment sont contrôlés les EHPAD en France ? Libération. Février 2022.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/checknews/comment-son-controles-les-ehpad-en-france-20220205_L4OR46EOO5GIRO6ZVNPZDOTCGU

6. Anonyme. Œufs Kinder, pizzas Buitoni et fromages Lactalis contaminés : le système favorise ces scandales alimentaires pourtant évitables. Foodwatch.org. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.foodwatch.org/fr/communiques-de-presse/2022/oeufs-kinder-pizzas-buitoni-et-fromages-lactalis-contamines-le-systeme-favorise-ces-scandales-alimentaires-pourtant-evitables-selon-foodwatch

7. Marie-Nadine Eltchaninoff. DGCCRF : des missions mises à mal. CFDT.fr. Avril 2018.
Consultable en ligne :
https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/vie-professionnelle/retraite/orpea-l-etat-a-t-il-suffisamment-controle-les-ehpad_4938159.html


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Dessin de T. Soulcié pour Foodwatch
https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2022/rappels-des-chocolats-kinder-et-pizzas-buitoni-les-questions-qui-fachent/


mardi 5 avril 2022

RECOMPOSITION POLITIQUE :
À QUI LE TOUR ?


En termes de politique générale française, la non-campagne électorale actuelle semble néanmoins conforter un certain nombre d'éléments qui s'étaient fait jour au cours des deux quinquennats précédents. Ceux-ci suggèrent l'existence d'une recomposition politique, recomposition qui pourrait se poursuivre également sur un ou deux quinquennats à venir.

En regard de la situation politique actuelle, je listerai trois observations que l'on peut faire sans, je le pense, crier au manque d'objectivité du propos. La première est la perte de vitesse sensible de ce qu'il est convenu d'appeler « la gauche ». La seconde est la montée en puissance de partis ou de personnalités d'extrême-droite, la dernière est la poursuite d'une perte de confiance dans le politique, annonciatrice d'une abstention possiblement forte dans les semaines et mois à venir.

Ce dernier point mériterait à mon sens un article complet tant les raisons qui poussent à ce désintérêt chez nos concitoyens sont nombreuses. Je me limiterai donc à parcourir quelques unes de ces raisons, dans le désordre et sans hiérarchisation. La première raison me semble être le brouillage, voulu par certains, des notions de droite et de gauche, que des politiques tel l'actuel président M. Emmanuel Macron décrivent comme obsolètes. Ce floutage conduit à penser que quelle que soit la-dite politique, qu'elle soit conduite par l'un ou l'autre, elle restera toujours la même… Ce mode de pensée est conforté par le fait que depuis 20 ans, tous gouvernements confondus, ces politiques sont restées effectivement et globalement les mêmes, avec leur lot de régressions sociales, de privatisations à tout va, et de perte de sens, principalement dans le monde du travail. La deuxième raison, liée est la précédente, est le « déclassement » vécu par nombre de nos concitoyens, passés d'une classe moyenne qui vivait décemment à une classe moyenne qui épuise son budget au 20 de chaque mois. Là aussi, depuis 20 ans, les inégalités ne se sont pas sensiblement réduites en France. La fortune des plus riches a enflé d'une façon quasi indécente. Elle a quintuplé entre 2009 et 2020, et explosé tous les records durant les deux dernières années. Dans le même temps, la classe moyenne, à l'exception de la classe moyenne supérieure, connaissait des jours difficiles. La fonction publique d’État a perdu, en 10 ans, plus de 10% de pouvoir d'achat du fait du gel du point d'indice. Et en France, les retraités pauvres sont légion. Est-il besoin de rappeler qu'en 2021 l'INSEE indiquait que 9,2 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en France métropolitaine, ce qui correspond à un taux de pauvreté de l'ordre de 15%. Ce nombre de pauvres dépasse les 10 millions si on inclut les DOM- TOM. Nombre de ces déclassés peuvent donc légitimement penser que la réélection probable de M. Emmanuel Macron ne changera pas leur quotidien, et qu'ils seront sans doute plus visibles et efficaces en jaune sur des ronds-points qu'au travers d'un bulletin glissé dans l'urne. Enfin, les scandales politiques qui ont affecté le plus haut niveau de l’État continuent d'alimenter la petite ritournelle du « tous pourris ». Il vrai que des ministres et deux présidents de la République de notre Ve République ont été soit assassinés, soit, plus récemment, mis en examen et condamnés au moins en première instance pour des fraudes fiscales, des détournements d'argent divers, de l'emploi fictif, quand il ne s'agit pas d'un chef d'accusation d'association de malfaiteurs. On comprend alors que l'exemplarité en prenne un coup et que le dégoût soit au coin de la rue…

En ce qui concerne « la gauche », le constat est sans appel. Malgré des rebonds divers, celle-ci a perdu au cours des 5 dernières années une très grande partie de son poids politique, à l'exception notable de bastions régionaux, départementaux ou communaux où elle subsiste. Au niveau national, le PS, longtemps parti dominant de la vie politique en France, a « explosé ». Il est devenu à peine l'ombre de ce qu'il était. L'exact et même constat peut être fait pour le PCF. bien que les raisons qui ont conduit à ces laminages diffèrent d'un parti à l'autre. En ce qui concerne le PS, il apparaît clairement que ce parti se trouvait au milieu de la ligne de clivage entre une gauche dite de gouvernement pour reprendre les vocables actuels et une gauche disons sociale. Ainsi, qui a-t-il de commun entre des personnalités et les projets de Ms. François Hollande, Manuel Vals, Gérard Collomb, Jean-Yves Le Drian ou Mmes. Marisol Tourraine et Elisabeth Guigou, et ceux de Mmes. et Ms. Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Arnaud Montebourg ? Les premiers ont creusé le sillon qui a permis l'avènement de M. Emmanuel Macron, qu'ils ont biberonné à leur sein, et avec lequel certains ont même activement collaboré en quittant le PS, puis en appelant à voter ou en rejoignant LREM. Les seconds, conscients de la dérive droitière du PS ont fondé d'autres structures, dont la visibilité très limitée n'a pas permis une refondation à gauche du PS. À y regarder de plus près, le clivage que j'évoque délimite non pas deux gauches irréconciliables, comme le disait M. Manuel Vals, mais en réalité la gauche et la droite, certes pour cette droite, dans sa conception centriste. Ainsi, en aucun cas les lois El Khomri, voulues par Ms. Hollande, Vals, et Macron ne sont des lois de progrès social. En aucun cas, la politique menée durant le quinquennat de M. François Hollande n'a favorisé le développement de services publics. En aucun cas, la politique menée durant le quinquennat de M. François Hollande n'a tenté de s'affranchir de la domination de la finance ou de réduire l'impact de la mondialisation sur la population française. Au contraire. Cette politique n'a de fait coché aucune des cases, marqueurs d'une politique de gauche. Cette fracture est révélatrice du fait que le PS, probablement depuis une vingtaine d'années, ne tient ensemble que par la présence « d'agrafes », de points de suture, susceptibles de, non pas faire la synthèse entre tendances, pour reprendre le vocable socialiste, mais de maintenir ensemble les composantes d'une aile véritablement sociale, et celles d'un centre penchant de plus en plus à droite. Ces agrafes ont été des épisodes durant lesquels des dirigeants du PS ont assuré de hautes fonctions à la tête de l’État, mais une fois ces personnalités et ces fonctions évanouies, la suture a cédé, et le parti a explosé en vol. Il ne s'agit pas, d'ailleurs, que d'une seule question de personnes, mais plutôt du fait que l'opportunité de gouverner a cimenté une coalition faite, finalement, de bric et de broc. Il faudra donc bien plus qu'une personnalité providentielle pour que le PS se relève et redevienne un parti majeur en France, pour autant que cela soit encore possible.

Le point remarquable est que les évènements que je décris, qui ont conduit à l'affaiblissement (et c'est un euphémisme) du PS sont également à l'oeuvre de l'autre côté du « Pantone » politique. Chez les Républicains, une ligne de fracture sépare de façon de plus en plus évidente l'aile conservatrice du parti de l'aile réactionnaire, sans doute plus proche de l'extrême droite que de la droite républicaine. Sur nombre de sujets, les discours de personnalités tels que Ms. Eric Cioti, Laurent Wauquiez, ou, moins connu, Patrick Buisson, sont dans la droite ligne de ceux que l'on entend à la fois au Rassemblement National (qui paraît même parfois plus social) ou dans la bouche de M. Eric Zemmour. Cette « porosité » tendancielle semble s'être accrue depuis le quinquennat de M. Nicolas Sarkozy, ce dernier n'hésitant pas d'ailleurs à aller labourer les terres du rassemblement national possiblement plus par calcul politique que par adhésion thématique. À l'inverse, les positions de personnalités tels que Mme Valérie Pécresse, M. Jean-Pierre Raffarin, ou dans une moindre mesure M. Michel Barnier paraissent plus distantes de celles de l'extrême droite, et possiblement plus compatibles avec celles de M. Emmanuel Macron. Le départ d'un certain nombre de caciques des Républicains vers LREM, dont Ms. Raffarin, Woerth, et Muselier confirme cette tendance. Si les Républicains ont survécu jusqu'ici, ils le doivent aussi à l'existence également des points de suture ou « des agrafes » évoquées plus haut, et qui revêtent les exactes mêmes formes qu'au PS. Les dissensions internes à LR lors du quinquennat de M. Nicolas Sarkozy étaient ainsi bien moins visibles qu'aujourd'hui, la présence du Président, futur repris de justice, ayant néanmoins assuré la soudure entre les plaques tectoniques qui constituent le parti. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le risque que LR explose en vol est réel, même si ce parti bénéficie de soutiens financiers et médiatiques bien supérieurs à ceux du PS. En ce sens, les résultats des LR aux législatives s'annoncent cruciaux pour l'avenir du parti.

In fine, l'éclatement possible des LR pourrait conduire à une recomposition politique forte en France, qui nous ferait connaître une situation comparable à celle des Etats-Unis. Nous aurions ainsi trois factions, dont deux majoritaires. Tout d'abord, une extrême droite, « de Zemmour à Cioti », que l'on pourrait assimiler aux Républicains américains, et dont l'idéologie serait celle qui a été incarnée par d'ex-présidents états-uniens tels Ms. George W. Bush ou Donald J. Trump. Ensuite, nous aurions un camp apparenté aux démocrates américains, regroupant autour de LREM l'aile droite du PS et l'aile la moins à droite des LR, menant une politique s'affichant comme plus sociale, mais ne différant finalement qu'assez peu de celles des Républicains. En accord, M. Emmanuel Macron semble s'être largement inspiré de propositions de Mme Valérie Pécresse, qu'il pourrait même, dit-il, nommer comme première ministre. Enfin, nous aurions une troisième composante, plus faible que les précédentes, structurée autour de la gauche du PS, du PC, des écologistes et de LFI, pour autant que ces quatre composantes puissent s'entendre, ce dont je doute. Cette composante ressemblerait alors partiellement aux « libéraux » américains débarrassés de leur aile « libertaire ». Si une telle recomposition se produit, ce serait une très mauvaise nouvelle pour les forces de gauche et leurs soutiens, car elle impliquerait de facto la reproduction à l'identique et pour longtemps du dernier second tour des élections présidentielles qui a vu s'opposer les candidats de l'extrême-droite et de la droite républicaine, signant ainsi la mise en œuvre de politiques systématiquement défavorables à la très grande majorité des salariés, des fonctionnaires et plus généralement des plus défavorisés. C'est inquiétant.

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Les bases du dessin et de la peinture
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jeudi 31 mars 2022

RSA : IL VAUT MIEUX TAPER
TOUJOURS SUR LES MÊMES…


Cette devise shadok que j'avais affichée sur la porte de mon bureau en signe d'avertissement m'a toujours amusé. Elle prend cependant, au cours de cette « campagne » électorale, une signification particulière en regard de ce que certains candidats mijotent à destination des personnes les plus fragiles ou vulnérables.

La campagne électorale qui se déroule en ce moment est une quasi non campagne. Entre un président qui s'estime sans doute trop jupitérien pour débattre avec d'autres candidats, une guerre en Ukraine déclenchée par un dirigeant autoritaire et possiblement paranoïaque mais armé jusqu'aux dents et prêt à bondir (comme aurait dit Coluche), et une « crise » économique, énergétique et alimentaire qui s'annonce, la place pour le nécessaire débat politique est quasi inexistante. Bien sûr, les éléments que je listais ci-dessus jouent-ils un rôle, mais le diable se cache peut-être ailleurs. Je suis en effet assez consterné par le niveau des propositions des uns et des autres, et tout particulièrement par l'absence d'une vision globale de société, explicite et débattable, à l'exception sans doute du projet écologiste porté par M. Yannick Jadot et du projet de la France Insoumise, porté par M. Jean-Luc Mélenchon. Ceci ne signifie pas que je soutienne ces candidats, ni que d'autres candidats n'aient aucun programme, au contraire. Malheureusement ceux-ci ressemblent souvent et à première vue à une accumulation de mesures plus qu'à un véritable projet. Peut être est-ce d'ailleurs là le danger ! Car derrière ces mesures, qui prises les unes près des autres s'assemblent en un catalogue à la Prévert, je perçois, selon la ou le porteur, la poursuite de programmes néolibéraux, et pour certains antisociaux, quand elles ne nous promettent pas des dérives tout simplement racistes, xénophobes, voire, et c'est un mot que je n'utilise presque jamais, quasi fascistes.

Dans la série des mesures antisociales proposées par les représentants de la droite de gouvernement (entendre macroniste), des conservateurs (Mme. V. Pécresse) et de l'extrême droite (M. E. Zemmour), on parle de plus en plus de soumettre le revenu de solidarité active (RSA) à contreparties, ou de supprimer cette allocation à certains. Ces contreparties pourraient revêtir la forme soit d'un travail d’intérêt général, soit d'une formation dirigée vers le retour à l'emploi. Le point achoppement est que ces dispositions deviendraient obligatoires, au risque pour le bénéficiaire qui ne s’y conformerait pas d’entraîner la perte de l'allocation. Autant le dire tout de suite, je trouve cette mesure démagogique et antisociale. Elle est démagogique car elle sous-entend que les bénéficiaires du RSA sont des fainéants improductifs qui profitent de la sueur de ceux qui se lèvent tôt et de leurs impôts, et qu'il convient dès lors de les remettre « dans le droit chemin ». Elle est antisociale car elle conduirait à proposer à des personnes de travailler quelques 15 heures par semaine pour 7 euros de l'heure environ, bien en dessous des minima sociaux ! Elle est aussi antisociale, car elle méconnaît quelques éléments cruciaux si on veut comprendre ce qui fait que certains d'entre nous se retrouvent à ne disposer que du RSA comme revenu. Je vais donc rappeler quelques uns de ces éléments.

Le premier élément - et le plus important à mon sens - est que de nombreux bénéficiaires du RSA n’en bénéficient justement pas. Cette population des plus défavorisées est celle qui vit dans la très grande pauvreté, à la rue parfois, qui méconnaît ses droits et/ou qui est dans incapacité de les faire valoir. On estime ainsi qu'un tiers des foyers éligibles au RSA ne le demande pas (1), évitant ainsi à la collectivité le versement de quelques 750 millions d'euros.

Second élément : de nombreux bénéficiaires du RSA sont des gens qui ne sont pas « employables ». Je compte parmi eux les allocataires, seniors en particulier, en fin de droits chômage ou les personnes malades chroniques licenciées ou incapables de travailler, non reconnues handicapées. Cette « non employabilité » de récipiendaires du RSA est également soulignée par l'économiste Henri Sterdiniak (2). En lien, le nombre de radiés de pôle emploi, majoritairement en fin de droits, a ainsi augmenté de presque 50% au cours de la dernière année (2). De plus, ce sont, en France, 15 millions de personnes qui sont concernées par une maladie chronique invalidante d’après le Ministère de la Santé, dont la moitié serait encore en activité professionnelle quand survient la maladie (3).

Troisième élément à prendre en compte, le RSA comporte déjà aujourd'hui une composante d'accompagnement vers le retour à l'emploi, pour ceux qui le peuvent. Cependant, selon un rapport récent de la Cour des Comptes, cet accompagnement est largement déficient en termes à la fois de moyens et de résultats (4), et ferait l'objet de, je cite, « dysfonctionnements majeurs » et de « graves lacunes ». Ainsi, selon ce rapport, le taux de retour à l’emploi des allocataires RSA est de 3,9 % par mois en 2019, très inférieur à la moyenne des demandeurs d’emploi (8,2 %). De même, le rapport pointe l'instabilité des allocataires liée au déficit d'accompagnement : « Les sorties en emploi des bénéficiaires du RSA sont de surcroît plus précaires. En cas de reprise d’emploi, les non bénéficiaires du RSA sont 68 % à accéder à un emploi durable […] alors que les bénéficiaires du RSA ne sont que 56 % dans ce cas ». La sortie du RSA se fait d'ailleurs souvent dans des conditions chaotiques en raison de cette instabilité des anciens allocataires. Toujours selon la Cour des Comptes (4) : « Cette instabilité, attendue compte tenu de la tendance générale au développement des alternances entre chômage et emploi, est particulièrement marquée pour les anciens allocataires, qui sont 41 % à revenir au RSA après en être sortis. Au total, sept ans après l’entrée au RSA d’une cohorte d’allocataires, seuls 34 % en sont sortis et sont en emploi – et parmi ceux-ci, seul un tiers est en emploi de façon stable. [...] Enfin, 42 % sont encore au RSA ».

Dernier élément : qui sont les bénéficiaires ? A l'évidence des personnes en grande difficulté. Ainsi, lors du dernier pointage de 2019, 1,90 million de foyers bénéficiaient du RSA. « Avec les conjoints et les enfants à charge, 3,85 millions de personnes sont couvertes par le RSA, soit presque 6 % de la population. La moitié des foyers bénéficiaires correspondent à des personnes seules et sans enfant, un tiers sont des familles monoparentales » (5). Plutôt que culpabiliser les bénéficiaires du RSA, peut être faudrait-il enfin réfléchir sérieusement à un revenu universel qui permette aux plus fragiles de subsister. Rappelons que le RSA, c'est, pour une personne seule sans enfant, environ 575 euros par mois. Or, pour ce même type de personne, le seuil de pauvreté correspond à un revenu de 1 100 euros par mois. Je ne peux pour conclure que répéter les propos tenus par l'association ATD Quart Monde, déplorant (2) : « une logique qui se nourrit de préjugés aussi faux que tenaces », selon laquelle « les allocataires des minima sociaux seraient des « assistés » qui « profitent du système », alors qu’une majorité d’entre eux se démènent chaque jour », j'ajouterai « se démènent chaque jour » bien loin des arguments électoraux tenus par des femmes et hommes politiques aussi ambitieux que cyniques.


Références :


1. Solveig Godeluck. Pauvreté : un tiers des foyers éligibles au RSA ne le demandent pas. Les Echos. Février 2022.
Consultable en ligne :
https://tinyurl.com/m94myutm

2. Florent Le Du. Le RSA sous condition, nouvelle arme antisociale de Macron. L'Humanité. Mars 2022.
Consultable en ligne :
https://www.humanite.fr/politique/presidentielle-2022/le-rsa-sous-condition-nouvelle-arme-antisociale-de-macron-742766

3. Anonyme. Les maladies chronique invalidantes.Talenteo.fr. Octobre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.talenteo.fr/maladies-chroniques-invalidantes-1-personne-5-touchee/

4. Le revenu de solidarité active. Synthèse. Cour des comptes. Janvier 2022.
Consultable en ligne :
https://www.ccomptes.fr/system/files/2022-01/20220113-RSA-synthese.pdf

5. Anonyme. Les bénéficiaires du RSA. Synthèse de la DREES.
Consultable en ligne :
https://tinyurl.com/2p8kf8w9


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Jacques Rouxel. Les shadocks.


jeudi 24 mars 2022

DES PROBLÈMES AU PÉRISCOLAIRE :
LA SUITE...


 
J'ai rédigé voilà peu de temps un article sur deux problèmes qui ont semblé se faire jour dans le service périscolaire. L'un de ces problèmes concerne la restauration qui ne fait pas l'unanimité chez les parents de l'école élémentaire. L'autre concernait des investigations menées au sein du périscolaire. Je ne pensais pas que l'affaire prendrait de l'ampleur, mais je viens d'être alerté par plusieurs parents d'élèves d'une réponse de la municipalité aux dits parents, suite à cet article. Et là on marche sur la tête. D'où le bandeau !

Première remarque : quand je vois le temps que met cette même municipalité pour répondre à un certain nombre de demandes ou de courriels, je constate que sa réactivité peut quand même, quand elle le veut, être au rendez-vous. Ceci posé, que dit la réponse de la municipalité ? Tout d'abord, elle ne remet pas en cause ce que j'écrivais au sujet du problème de restauration. Ces informations viennent d'ailleurs d'une association de parents d'élèves et elles ont largement été partagées. L'intérêt de l'article est de les porter à connaissance au delà du cercle des parents d'élèves. Je profite de cet article pour indiquer, en incidente, que la question des tarifs de la restauration scolaire sera débattue lors du prochain conseil municipal, le 30 mars prochain. Il serait intéressant de savoir si les associations de parents ont été prévenues de cette réflexion ou non. 

Ensuite, la réponse municipale parle de rumeurs que mon blog alimenterait. Malheureusement, s'il s'agissait de rumeurs, le problème serait vite réglé. Non, soyons sérieux deux secondes, sur ce blog, il n'y a pas de rumeurs, il n'y a que des faits avérés. Je mentionnais ainsi une ouverture d'enquête : je remercie Madame la maire, puisque c'est elle qui signe ce courrier, de confirmer qu'effectivement, comme je l'écrivais, une enquête a bien été ouverte et qu'une inspection surprise des services de la Préfecture a eu lieu voilà peu. Nous sommes donc loin d'éventuelle rumeur, non? À ce stade, je ne peux que redire ce que j'écrivais : ce dossier est à suivre car ce genre de service ne se déplace pas comme cela, "au hasard". Le courrier municipal évoque d'ailleurs des faits graves sans précision. 

De plus, j'apprends, en lisant le courrier municipal, que ces inspections font suite à un courriel de dénonciation des faits par un agent communal. J'ignorais ce point, mais il est intéressant. Il fait en effet porter sur un seul agent la responsabilité de la procédure, et sous-entend qu'il n'y a aucune preuve à ce stade de la véracité des propos. Je vais être très clair : l'agent en question est peut être le seul à avoir fait un signalement, je ne le connais pas, et je n'en sais strictement rien, mais ce signalement conforte les informations concordantes que j'ai et qui provenaient, elles, de différentes sources. Quant à la visite surprise, elle m'a été rapportée par des personnes présentes à l'école à l'heure où elle a été diligentée... L'intérêt du blog, et l'intérêt d'avoir laissé - semble-t-il - de bons souvenirs dans la commune est que les informations m'arrivent sans que j'ai besoin d'aller les chercher, le plus souvent. Je n'ai plus qu'à les vérifier, ce que j'ai fait là encore. Je ne suis, de plus, pas loin de penser que si je n'avais pas relaté l'existence d'une enquête en cours sur le blog, la mairie aurait possiblement évité d'évoquer ce fait et aurait, comme le disait un des commentateurs du blog, continué à « cacher la poussière sous le tapis ». 

D'une façon plus générale, je constate que, fidèle à sa stratégie, l'actuelle municipalité tente de « botter en touche » en essayant de transformer un problème disons organisationnel  (en l'occurrence ici un souci au périscolaire) en pseudo-problème politique. Elle le fait en sous-entendant la responsabilité de la précédente mandature. Deux ans ou presque après son élection, il va falloir songer à changer de discours... Elle dit aussi que je jette en pâture la réputation d'agents municipaux. Désolé, mais ceci n'est pas crédible, c'est même ridicule ! Tout d'abord je n'ai accusé personne, strictement personne, dans le premier article de blog. J'ai simplement signalé l'existence de deux problèmes, le premier, non nié par la municipalité, et le second, confirmé par le courrier de la mairie. Ensuite, je crois avoir démontré en 12 ans de mandat tout le respect que j'ai pour le personnel municipal, particulièrement pour ceux que j'ai côtoyés pendant des années aux services techniques, y compris la nuit, le week-end, lors d'événements communaux, d'astreinte, d'incidents ou d'accidents. Ce que je sais, cependant, c'est que dans la vie personnelle, professionnelle, ou municipale, il ne faut pas faire l'autruche et se cacher la tête dans le sable. Quand il y a un problème potentiel quelque part, la seule réponse qui vaille est de s'asseoir autour d'une table et d'en parler, pas de rejeter sur d'autres la responsabilité du problème, et particulièrement pas sur les messagers. La récente réaction municipale est, à mon sens, constitutive d'un comportement puéril, inconséquent et non acceptable quand on est « en responsabilité ». 

 

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Ville de Challes Les Eaux Note : cette commune n'a aucune relation avec les problèmes évoqués dans l'article.
http://www.ville-challesleseaux.fr/Loisirs%20periscolaire


dimanche 20 mars 2022

DES PROBLÈMES AU PÉRISCOLAIRE



J'ai déjà eu l'occasion de signaler aux lecteurs les mauvaises conditions de sieste des enfants de la maternelle, liées, entre autres, à des réaffectations de personnel municipal (1). Cette affaire avait fait « du bruit » puisqu'elle avait même été relatée par la presse régionale (2). Cependant, d'autres dysfonctionnements pourraient avoir eu lieu dans ce service. Il me semble donc que plusieurs clignotants sont aujourd'hui allumés et qu'il va falloir se retrousser les manches...

L'histoire commence avec un message reçu de plusieurs parents d'élèves signalant leur mécontentement vis à vis de la prestation restauration des enfants scolarisés en élémentaire. Le problème semble suffisamment sérieux pour qu'une des associations de parents d'élèves ait lancé un sondage au moins auprès de ses adhérents. Et, surprise, ce sondage fait ressortir nombre de problèmes. Tout d'abord, les 3/4 des parents ayant répondu au sondage sont mécontents de la qualité de la restauration à l'élémentaire, ce qui contraste - il faut le dire pour pondérer - avec les 2/3 des parents satisfaits de ce même service à la maternelle. En incidente, ceci indique que, non, il n'y a pas que les mécontents qui ont répondu à cette enquête ! Les raisons de ce mécontentement des parents sont principalement le mauvais équilibre des repas, avec peu de fruits et légumes, possiblement en lien avec le retrait d'un "périphérique" (i.e. entrée, ou fromage ou dessert) de la composition du plateau. Selon les parents, et sans que je puisse le vérifier, on constaterait aussi un manque de choix au second service et des plats parfois trop originaux qui rebutent les écoliers. Conséquence unanimement partagée : les enfants se plaignent souvent d'avoir faim l'après midi. Et le goûter proposé ne semble pas améliorer les choses, avec là aussi, un manque de fruits souvent mis en avant. Bref, il y a de la marge de progression, c'est le moins que l'on puisse dire.

Ceci posé, même si la cantine est un élément important de la vie scolaire, des problèmes bien plus graves peuvent se faire jour, qu'il convient également de traiter. Je rappellerai le regrettable oubli d'un enfant dans un car scolaire, voila plus d'un an (3). Plus perturbant, j'ai appris voilà peu que des signalements avaient été faits auprès des services ad hoc, en lien avec - disons pour le moment - des « brusqueries » dont auraient été victimes des enfants de la maternelle. Ces possibles brusqueries n'ont pas été  le fait du personnel de l'éducation nationale et elles pourraient avoir été physiques ou morales. Suite à ces événements que je qualifierai - s'ils sont bien vérifiés - de déplorables, j'ai appris qu'une enquête de la PMI (protection Maternelle et Infantile) a été diligentée auprès du service périscolaire. J'ai également appris que les services de la préfecture de l'Essonne se sont également rendu voilà très peu de temps à l'école maternelle pour une "inspection" du service périscolaire. Or il est rare que ces services se déplacent sans motif valable.

Je ne sais pas ce qui sortira de ces investigations, mais entre les problèmes de cantine et les problèmes de brusqueries, la municipalité a clairement du pain du planche si je peux me permettre cette expression. Plutôt que d'invectiver les enseignantes, les rendant responsables de problèmes qui ne relèvent que de la mairie, il va falloir sérieusement se mettre au travail et écouter, entre autres, les remarques des parents. Il faudra, là aussi, éviter de les traiter en contrevenants (4). Vu l'autisme municipal sur nombre de sujets, mon sentiment est que cela n'est pas gagné d'avance.


Références :


1. Si vous pensez que l’éducation coûte trop cher, essayez l’ignorance !
Ce blog:
https://dessaux.blogspot.com/2021/12/si-vous-pensez-que-leducation-coute.html

2. Mélina Fritsch. A Forges-les-Bains, une soixantaine d’enfants « collés comme du bétail » pour la sieste. Le Républicain. Décembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.le-republicain.fr/a-la-une/a-forges-les-bains-une-soixantaine-denfants-colles-comme-du-betail-pour-la-sieste

3. À Forges Les Bains, un grave dysfonctionnement du ramassage scolaire.
Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2020/09/a-forges-un-grave-dysfonctionnement-du.html

4. Arrachez-moi ces banderoles que je ne saurais voir !
Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2021/06/arrachez-moi-ces-banderoles-que-je-ne.html


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Ville de Challes Les Eaux 
Note : cette commune n'a aucune relation avec les problèmes évoqués dans l'article.
http://www.ville-challesleseaux.fr/Loisirs%20periscolaire


mardi 15 mars 2022

LE GAG DES CAMÉRAS DE SURVEILLANCE

 


J'ai déjà explicité dans ce blog les raisons qui font que je doute fortement de l'utilité des caméras de vidéosurveillance que la municipalité souhaite installer dans la commune. Parmi celles-ci, les études et rapports que j'ai commentés, et qui confirmaient la quasi-inutilité de ces caméras, faisaient ressortir le peu d'intérêt des images produites dans la résolution des affaires, surtout lorsque ces images ne sont pas exploitées en direct, par des vigiles, ou des membres des forces de l'ordre.

La régie publique Eau Ouest Essonne, comme le centre technique municipal (CTM) de la commune, sont équipés de plusieurs caméras de vidéosurveillance. Lors d'un vol récent de matériel au CTM, les caméras qui avaient enregistré l'évènement, ont produit des images inutilisables. Les raisons : véhicule impliqué garé trop loin, luminosité faible au moment du vol, personnes sur site masquées et protégées par des bonnets ou des cagoules. Tout juste, le mode opératoire a-t-il pu être repéré. Bref, un rendement très faible. 

Il se trouve que tout récemment la Régie Publique a également été victime d'un vol de matériel. Là aussi les caméras installées sur site ont produit des images inutilisables. Les voleurs avaient probablement repérés les lieux, et ils s'y sont introduits le visage équipé d'un masque anti-CoViD et la tête protégée par des bonnets ou des capuches. Leur véhicule était, par ailleurs, garé hors du champ de ces caméras. Bref, de nouveau chou blanc pour la vidéosurveillance !

Il se trouve cependant qu'un témoin du vol a repéré les voleurs, simplement parce qu'il passait sur site en voiture précisément au moment du vol. Il a pu voir le type de voiture, et a enregistré le début de la plaque d'immatriculation du véhicule. Le gag, c'est qu'il dispose d'un véhicule équipe d'une petite « dash cam », caméra qui enregistre le défilement de la route devant la voiture, qui a pu fournir aussi aux forces de l'ordre des éléments intéressants. Cependant, la caméra n'aurait - en elle-même - servi à rien si la personne n'était pas passée par là, et si elle n'avait pu faire, par un hasard incroyable, le rapprochement avec le vol. Tout ceci confirme ce que je disais. Sauf à avoir du personnel « derrière » les caméras en continu, ou « du bol », la vidéosurveillance ne sert, globalement parlant, à pas grand chose. On remerciera donc vivement la municipalité qui s'apprête à dépenser autour de 150 000 euros pour... rien ou presque. Et promis, j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur les caméras de vidéosurveillance. Sauf évènement exceptionnel, je ne reviendrai pas sur le sujet.             


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Document Google maps

mercredi 9 mars 2022

DIS-MOI QUI TU PARRAINES...



M. Bernard Morin fait partie de mes relations. Il est élu à Limours, et très intéressé par l’analyse du territoire de la CCPL et, au-delà, du territoire essonnien. Il m’a fait parvenir voilà peu les résultats de son examen des parrainages en Essonne. Je trouve son document intéressant, j’ai donc décidé avec son autorisation, d’en faire mention dans ce blog.

Les données analysées sont tirées des données publiées par le Conseil Constitutionnel (1). Le premier niveau d’analyse est le territoire de la CCPL. Sur les 14 communes qui la composent, seuls 5 maires (soit un gros tiers) ont parrainé un candidat à l’élection. Les 5 parrainages ont concerné (ordre alphabétique) M. François Asselineau (M. F. Frontera, Saint-Jean-De-Beauregard), M. Nicolas Dupont-Aignant (M. C. Schoettl, Janvry), Mme Marine Le Pen (M. J.-M. Delaitre, Pecqueuse), Mme Valérie Pécresse (Mme E. Huot-Marchand, Gometz-La-Ville) et M. Fabien Roussel (M. E. Dassa, Briis-Sous-Forges). On peut ajouter à cette liste un autre parrainage de la candidate des Républicains, Mme V. Pécresse, oeuvre de notre sénateur local M. J.-R. Hugonnet. A noter, notre conseillère départementale, Mme D. Boyer, maire d’Angervilliers et présidente de la CCPL n’a pas délivré de parrainage. On constate à partir de cette analyse que les parrainages locaux vont très majoritairement à des candidats de droite, voire d’extrême-droite, un sur six (soit environ 17%) concernant un candidat classé à gauche.

Le second niveau d’examen est le département de l’Essonne. Dans ce cadre, on relève 119 parrainages validés dans le département en agrégeant 191 communes, 10 circonscriptions, 21 cantons et 5 sénateurs (soit 227 parrains possibles). Le taux de parrainage ressort donc à u peu plus de 50%. La répartition des parrainages est la suivante (ordre alphabétique) : M. F. Asselineau (2 ; soit 1,7 % des parrainages), M. N. Dupont-Aignan (5 ; 4,2%), Mme A. Hidalgo (5 ;4,2%), M. Y. Jadot (14 ; 11,8%), Mme M. Le Pen (4 ; 3,4%) ; M. E. Macron (19, 16%), M. J.-L. Mélenchon (4 ; 3,4%), Mme. V. Pécresse (53 ; 44,5%), M. P. Poutou (5 ; 4,2%) et M. F. Roussel (6 ; 5%). Le reste (environ 1,6%) se répartissant sur deux autres candidats non qualifiés par manque de parrainages.

Difficile de ne pas remarquer la forte mobilisation des parrainages en faveur de M. V. Pécresse (presque un parrainage sur deux), très éloigné de son soutien électoral actuel (entre 12 et 14%), du moins si on en croit les instituts de sondage. On notera aussi l’assez faible nombre des signatures validant la candidature de M. Emmanuel Macron, et le très faible nombre des parrainages validant la candidature de M. J.-L. Mélenchon, là aussi assez éloigné des intentions de vote, si on en croit les sondages (autour de 11%). Enfin, pour conclure ce tour d’horizon rapide, difficile de ne pas noter l’absence complète de signatures validant la candidature de M. Eric Zemmour, et, de façon également concomitante, le très faible nombre des signatures validant les candidature des deux autres candidats de la droite extrême, Mme M. Le Pen, et M. N. Dupont-Aignan.

Au delà de ces simples constats, se pose à mon sens la question de la publicité des parrainages. Y-a-t-il une plus value à cette publicité ? Ne vaudrait-il pas mieux revenir à des parrainages « à bulletins secrets » ou, peut-être, ne faudrait-il pas changer de système. Là les idées ne manquent pas : avoir au moins 50, 100, 250 mille personnes signant des listes de « parrainages citoyens », organiser des primaires par parti, etc. Quelle que soit l’option, il me semble important de préciser que dans le système actuel, parrainage ne veut en aucun cas dire soutien au sens politique du terme. L’honnêteté intellectuelle que je revendique me pousse cependant à me poser la même question que mon interlocuteur limourien : aurais-je pu cautionner un candidat avec lequel je serais en désaccord, au prétexte de faire vivre la démocratie ? Ma réponse est oui, à la condition expresse que ladite ou ledit candidat ne soit pas un danger potentiel pour cette démocratie et le « vivre-ensemble », ce qui m’aurait donc conduit à éliminer immédiatement plusieurs d’entre eux dont certains ont néanmoins reçu une validation de la part d'élus de la CCPL.


Référence :

1. Conseil Constitutionnel. Élections présidentielle 2022.
Consultable en ligne.
https://presidentielle2022.conseil-constitutionnel.fr/les-parrainages/tous-les-parrainages-valides.html

Merci à B. Morin pour les éléments d'analyse.

Crédit illustration :

Présidentielle 2022 : la liste des parrainages validés.
Vie publique