vendredi 15 avril 2022

SCANDALES SANITAIRES. À QUI LA FAUTE ?



L'actualité récente a mis en lumière un certain nombre d'événements qui constituent, à mon sens, autant de scandales sanitaires. Je pense bien entendu aux dernières contaminations alimentaires bactériennes (listériose, salmonellose, infections à Escherichia coli enterotoxiques) mais également à la maltraitance de nos anciens dans certains EHPAD. Il y a des points communs entre ces affaires.

Ce dernier point a été particulièrement douloureux. Il fait suite à la publication du livre « les fossoyeurs » de Victor Castanet, dans lequel ce dernier rapporte la façon dont sont traités une partie des résidents fragiles des établissements appartenant au groupe ORPEA. Il y décrit les manquements constatés dans les soins d’hygiène, ainsi que les déficiences de la prise en charge médicale de nos anciens. Il décrit également les rationnements dont sont victimes certains de ces résidents, leur repas étant de plus en plus réduits pour améliorer la rentabilité de l'établissement. Après que l'entreprise ait nié l'existence de tels agissements, la situation a semblé suffisamment sérieuse pour qu'enquêtes internes et enquêtes des services de l'Etat soient lancées. Dans ce dernier cas, ce sont même deux procédures qui ont été initiées, l'une, administrative, de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et l'autre, financière, de l'Inspection Générale des Finances (IGF). Les EPHAD incriminés bénéficient, en effet et à divers titres, de soutiens financiers des collectivités et de l'État. Début avril 2022, et après avoir tergiversé en invoquant « le secret des affaires », le gouvernement s'est résolu à rendre le rapport de 500 pages public tout en en masquant certains aspects (1). Ce dernier confirme une nourriture limitée, les grammages étant jugés « sensiblement et systématiquement insuffisants ». Le rapport relève également des problèmes dans la transmission des informations et plus particulièrement une gestion opaque des signalements faits par les personnels, objets de filtrages au niveau des directions de l'entreprise. Au plan budgétaire, ce même rapport pointe des documents financiers « insincères » et des excédents budgétaires dégagés sur les dotations publiques. Ainsi, selon Jade Peychieras, de France-Bleu (2) : « Sur la seule période 2017-2020, Orpea a ainsi dégagé 20 millions d'euros d'excédent sur ces dotations versées. Ces excédents « ne font l'objet d'aucun suivi comptable précis », si bien qu'une partie pourrait, « le cas échéant », être « distribuée aux actionnaires ». Sur la même période, l'entreprise a également, de façon irrégulière, imputé plus de 50 millions d'euros de dépenses sur le forfait soins, payé par l'argent public. Plus de la moitié de cette somme concerne la rémunération des auxiliaires de vie « faisant fonction » d'aides-soignantes, alors qu'elles n'ont pas de diplôme pour exercer ce métier ». D'une façon générale, les enquêteurs indiquent que la gestion des établissements donne la priorité à la performance financière plutôt qu’à des critères de qualité. Tout est dit.

Passons maintenant aux récents problèmes sanitaires rapportés au sein de grandes groupes agroalimentaires, les derniers en date étant les contaminations bactériennes relevées dans des produits des entreprises Buitoni (pizzas) et Ferrero (Kinder). Dans le premier cas, ce sont une cinquantaine d'enfants qui ont été touchés, dont deux sont décédés, en lien avec une toxi-infection à Escherichia coli. Une autre cinquantaine de cas sont en cours d'analyse. L'origine de l'infection a pu être tracée au niveau de l'usine de Cambrai, dont la production est à l'arrêt suite un arrêté préfectoral. Une inspection a révélé des manquements sérieux en termes d'hygiène, notamment la présence de rongeurs dans l'usine, d'aliments non nettoyés au sol, ou de moisissures en quantité importante sur les murs. Ceci posé, l'origine de la bactérie est le plus souvent animale, celle-ci étant présente dans le tube digestif des ruminants. La probabilité qu'elle provienne donc - encore une fois - de viandes mal préparées reste donc élevée. Il faudra cependant attendre des études complémentaires pour identifier avec précision la source de la contamination. Dans le cas des chocolats Kinder, l'origine de la contamination a été tracée dans l'usine d'Arlon, en Belgique. La source des Salmonelles est le plus souvent le lait et ses produits dérivés. Il est donc probable que dans le cas de la chocolaterie industrielle, ces mêmes produits soient en cause. Au total ce sont plus de 150 cas de contamination par des salmonelles qui ont été répertoriées, et ce dans plus de neuf pays européens.

Dans ces deux cas de contamination alimentaire, un élément est choquant. Il réside dans l'espace de temps qui s'est écoulé entre les premiers signalements et l'arrêt de production. Ainsi, selon l'ONG Foodwatch, la première détection de salmonellose a été rapportée fin décembre 2021 au Royaume-Uni (3). Il faudra attendre le 23 mars, pour que les autorités sanitaires de Grande-Bretagne, enquêtant sur une épidémie, préviennent l'entreprise et pointe du doigt l'usine belge. Ce délai, en lui-même, ne me surprend pas, parce qu'une étude épidémiologique destinée à identifier une source de contamination est généralement longue. Ce qui me surprend, en revanche, c'est qu'aucun des tests d'autosurveillance que doit réaliser l'industriel n'ait mis en évidence la présence de salmonelles dans les lignes de production. Je ne suis pas loin de penser qu'il s'agit au mieux d'un manquement de rigueur dans les procédures de suivi qualité internes à l'entreprise, et au pire d'une possible dissimulation. En accord avec cette observation, le 28 mars, Ferrero, pourtant prévenu du risque sanitaire, continuait d'écouler les produits Kinder dans toute l'Europe. Cette distribution des produits contaminés se poursuivra jusqu'au 4 avril (3,4), date à laquelle l'entreprise lance sa première procédure de rappel. Nous sommes pratiquement deux semaines après l'alerte britannique, et, curieusement, à une période où se vendent en grande quantité les chocolats en prévision des fêtes de Pâques. Cet avis est également celui de Foodatch qui écrit « plus les informations arrivent, plus la désinformation organisée par la multinationale Ferrero pour préserver ses affaires saute aux yeux ».

Bien qu'apparemment non liées, ces deux affaires du domaine de l'alimentation et celle concernant le scandale des EHPAD ORPEA présentent pourtant au moins deux traits communs. Le premier est qu'elles ont été rendues possible, au moins partiellement, par des déficiences des services de contrôle de l'Etat. Loin de moi l'idée d'incriminer les agents de ces services qui font ce qu'ils peuvent dans des conditions de travail de plus en plus dégradées, et confrontés à des réductions d'effectifs de plus en plus criantes. Ainsi, dans les ARS, en 6 ans, de 2014 à 2020, « le nombre d’inspecteurs de l’action sanitaire et sociale est passé de 944 à 688 (-27 %), celui des médecins inspecteurs de 297 à 182 (-40 %), et celui des pharmaciens inspecteurs de 137 à 126 (-8 %). Soit une diminution moyenne de l’ensemble de ces personnels de 28 % [...] » (5). Comment s'étonner dès lors que, sur les 700 EHPAD d'Ile de France, seulement 17 aient été contrôlés en un an (données 2019). Le même constat peut être fait pour les services de la DGCCRF et de l'inspection vétérinaire. Selon Foodwatch, « en 2022, les rangs de la répression des fraudes (DGCCRF) comptaient 442 agents de moins que dix ans auparavant. Du côté de la Direction générale de l’alimentation en charge de l’inspection vétérinaire (abattoirs, etc.) et aussi phytosanitaire (pesticides), le nombre des inspections sur la sécurité sanitaire des aliments a diminué de 33% entre 2012 et 2019 » (6). Un constat similaire est fait par la CFDT-finance qui observe qu'entre 2010 et 2017, les effectifs du service sont passés de 3800 agents avant la réforme de l’administration territoriale de l’État (RéATE), à 2800 (7). Dans le même temps, l'activité de ces mêmes agents s'est vue davantage contrainte. Une partie des agents travaillent sous l’autorité de la région, l’autre partie est rattachée au préfet de département, ce qui « pose clairement la question de l'indépendance de leur activité ». Certains agents de la DGCCRF « doivent ainsi obtenir un feu vert préfectoral pour contrôler et sanctionner les entreprises » (7). Ayant eu pendant de nombreuses années le retour d'amis, pour certains assez haut placés dans les services de province de la DGCCRF, je ne peux que confirmer ces dires. Je peux également ajouter, que vu la lourdeur des contrôles, et la pression au rendement exercée par la hiérarchie, il arrivait que les agents de la DGCCRF soient amenés à prévenir les entreprises des dates de leurs visites. Une situation similaire est d'ailleurs décrite pour les contrôles opérés auprès des EHPAD (5).

Le second trait commun que j'évoquais plus haut est que toutes les dérives observées, in fine, proviennent de considérations économiques et financières. L'État pense faire des économies en réduisant le nombre de ses fonctionnaires affectés aux différents services de contrôle, avec les conséquences que l'on voit. Les entreprises de l'agroalimentaire augmentent leurs bénéfices en rognant sur la qualité des produits mis en œuvre et sur la robustesse des procédures, les EHPAD font quasiment la même chose en limitant les dépenses tout en n'oubliant pas de maximiser les recettes. Dans ces deux cas, ce que nous voyons n'est que le revers de la pièce de l'organisation capitaliste de notre société, dont on vante régulièrement l'efficacité. Et contrairement à une idée bien ancrée chez les néolibéraux, toutes les affaires démontrent que lorsque l'État « oublie » (parfois volontairement) de jouer son rôle de contrôle et de régulation, ce n'est pas la main invisible du marché qui le remplace. Bien au contraire.


Références :

1. Jean-Philippe de Saint-Martin et coll. Mission sur la gestion des établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (EHPAD) du groupe Orpea.
Inspection générale des finances. Inspection générale des affaire sociales. Mars 2022.
Consultable en ligne :
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/vff040422_2022-m-012-06_rapport_definitif_orpea_publiable.pdf

2. Jade Peychieras. Ehpad : le gouvernement publie un rapport d'enquête accablant pour Orpea. France-Bleu. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/ehpad-le-gouvernement-publie-un-rapport-d-enquete-accablant-pour-orpea-1649169439

3. Anonyme. Scandale Kinder : deux nouvelles révélations de foodwatch. Foodwatch.org. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2022/scandale-kinder-ferrero-deux-nouvelles-revelations-de-foodwatch

4. Anonyme. Rappels des chocolats Kinder et pizzas Buitoni : les questions qui fâchent. Foodwatch.org. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2022/rappels-des-chocolats-kinder-et-pizzas-buitoni-les-questions-qui-fachent

5. Luc Peillon. Comment sont contrôlés les EHPAD en France ? Libération. Février 2022.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/checknews/comment-son-controles-les-ehpad-en-france-20220205_L4OR46EOO5GIRO6ZVNPZDOTCGU

6. Anonyme. Œufs Kinder, pizzas Buitoni et fromages Lactalis contaminés : le système favorise ces scandales alimentaires pourtant évitables. Foodwatch.org. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.foodwatch.org/fr/communiques-de-presse/2022/oeufs-kinder-pizzas-buitoni-et-fromages-lactalis-contamines-le-systeme-favorise-ces-scandales-alimentaires-pourtant-evitables-selon-foodwatch

7. Marie-Nadine Eltchaninoff. DGCCRF : des missions mises à mal. CFDT.fr. Avril 2018.
Consultable en ligne :
https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/vie-professionnelle/retraite/orpea-l-etat-a-t-il-suffisamment-controle-les-ehpad_4938159.html


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Dessin de T. Soulcié pour Foodwatch
https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2022/rappels-des-chocolats-kinder-et-pizzas-buitoni-les-questions-qui-fachent/


mardi 5 avril 2022

RECOMPOSITION POLITIQUE :
À QUI LE TOUR ?


En termes de politique générale française, la non-campagne électorale actuelle semble néanmoins conforter un certain nombre d'éléments qui s'étaient fait jour au cours des deux quinquennats précédents. Ceux-ci suggèrent l'existence d'une recomposition politique, recomposition qui pourrait se poursuivre également sur un ou deux quinquennats à venir.

En regard de la situation politique actuelle, je listerai trois observations que l'on peut faire sans, je le pense, crier au manque d'objectivité du propos. La première est la perte de vitesse sensible de ce qu'il est convenu d'appeler « la gauche ». La seconde est la montée en puissance de partis ou de personnalités d'extrême-droite, la dernière est la poursuite d'une perte de confiance dans le politique, annonciatrice d'une abstention possiblement forte dans les semaines et mois à venir.

Ce dernier point mériterait à mon sens un article complet tant les raisons qui poussent à ce désintérêt chez nos concitoyens sont nombreuses. Je me limiterai donc à parcourir quelques unes de ces raisons, dans le désordre et sans hiérarchisation. La première raison me semble être le brouillage, voulu par certains, des notions de droite et de gauche, que des politiques tel l'actuel président M. Emmanuel Macron décrivent comme obsolètes. Ce floutage conduit à penser que quelle que soit la-dite politique, qu'elle soit conduite par l'un ou l'autre, elle restera toujours la même… Ce mode de pensée est conforté par le fait que depuis 20 ans, tous gouvernements confondus, ces politiques sont restées effectivement et globalement les mêmes, avec leur lot de régressions sociales, de privatisations à tout va, et de perte de sens, principalement dans le monde du travail. La deuxième raison, liée est la précédente, est le « déclassement » vécu par nombre de nos concitoyens, passés d'une classe moyenne qui vivait décemment à une classe moyenne qui épuise son budget au 20 de chaque mois. Là aussi, depuis 20 ans, les inégalités ne se sont pas sensiblement réduites en France. La fortune des plus riches a enflé d'une façon quasi indécente. Elle a quintuplé entre 2009 et 2020, et explosé tous les records durant les deux dernières années. Dans le même temps, la classe moyenne, à l'exception de la classe moyenne supérieure, connaissait des jours difficiles. La fonction publique d’État a perdu, en 10 ans, plus de 10% de pouvoir d'achat du fait du gel du point d'indice. Et en France, les retraités pauvres sont légion. Est-il besoin de rappeler qu'en 2021 l'INSEE indiquait que 9,2 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en France métropolitaine, ce qui correspond à un taux de pauvreté de l'ordre de 15%. Ce nombre de pauvres dépasse les 10 millions si on inclut les DOM- TOM. Nombre de ces déclassés peuvent donc légitimement penser que la réélection probable de M. Emmanuel Macron ne changera pas leur quotidien, et qu'ils seront sans doute plus visibles et efficaces en jaune sur des ronds-points qu'au travers d'un bulletin glissé dans l'urne. Enfin, les scandales politiques qui ont affecté le plus haut niveau de l’État continuent d'alimenter la petite ritournelle du « tous pourris ». Il vrai que des ministres et deux présidents de la République de notre Ve République ont été soit assassinés, soit, plus récemment, mis en examen et condamnés au moins en première instance pour des fraudes fiscales, des détournements d'argent divers, de l'emploi fictif, quand il ne s'agit pas d'un chef d'accusation d'association de malfaiteurs. On comprend alors que l'exemplarité en prenne un coup et que le dégoût soit au coin de la rue…

En ce qui concerne « la gauche », le constat est sans appel. Malgré des rebonds divers, celle-ci a perdu au cours des 5 dernières années une très grande partie de son poids politique, à l'exception notable de bastions régionaux, départementaux ou communaux où elle subsiste. Au niveau national, le PS, longtemps parti dominant de la vie politique en France, a « explosé ». Il est devenu à peine l'ombre de ce qu'il était. L'exact et même constat peut être fait pour le PCF. bien que les raisons qui ont conduit à ces laminages diffèrent d'un parti à l'autre. En ce qui concerne le PS, il apparaît clairement que ce parti se trouvait au milieu de la ligne de clivage entre une gauche dite de gouvernement pour reprendre les vocables actuels et une gauche disons sociale. Ainsi, qui a-t-il de commun entre des personnalités et les projets de Ms. François Hollande, Manuel Vals, Gérard Collomb, Jean-Yves Le Drian ou Mmes. Marisol Tourraine et Elisabeth Guigou, et ceux de Mmes. et Ms. Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Arnaud Montebourg ? Les premiers ont creusé le sillon qui a permis l'avènement de M. Emmanuel Macron, qu'ils ont biberonné à leur sein, et avec lequel certains ont même activement collaboré en quittant le PS, puis en appelant à voter ou en rejoignant LREM. Les seconds, conscients de la dérive droitière du PS ont fondé d'autres structures, dont la visibilité très limitée n'a pas permis une refondation à gauche du PS. À y regarder de plus près, le clivage que j'évoque délimite non pas deux gauches irréconciliables, comme le disait M. Manuel Vals, mais en réalité la gauche et la droite, certes pour cette droite, dans sa conception centriste. Ainsi, en aucun cas les lois El Khomri, voulues par Ms. Hollande, Vals, et Macron ne sont des lois de progrès social. En aucun cas, la politique menée durant le quinquennat de M. François Hollande n'a favorisé le développement de services publics. En aucun cas, la politique menée durant le quinquennat de M. François Hollande n'a tenté de s'affranchir de la domination de la finance ou de réduire l'impact de la mondialisation sur la population française. Au contraire. Cette politique n'a de fait coché aucune des cases, marqueurs d'une politique de gauche. Cette fracture est révélatrice du fait que le PS, probablement depuis une vingtaine d'années, ne tient ensemble que par la présence « d'agrafes », de points de suture, susceptibles de, non pas faire la synthèse entre tendances, pour reprendre le vocable socialiste, mais de maintenir ensemble les composantes d'une aile véritablement sociale, et celles d'un centre penchant de plus en plus à droite. Ces agrafes ont été des épisodes durant lesquels des dirigeants du PS ont assuré de hautes fonctions à la tête de l’État, mais une fois ces personnalités et ces fonctions évanouies, la suture a cédé, et le parti a explosé en vol. Il ne s'agit pas, d'ailleurs, que d'une seule question de personnes, mais plutôt du fait que l'opportunité de gouverner a cimenté une coalition faite, finalement, de bric et de broc. Il faudra donc bien plus qu'une personnalité providentielle pour que le PS se relève et redevienne un parti majeur en France, pour autant que cela soit encore possible.

Le point remarquable est que les évènements que je décris, qui ont conduit à l'affaiblissement (et c'est un euphémisme) du PS sont également à l'oeuvre de l'autre côté du « Pantone » politique. Chez les Républicains, une ligne de fracture sépare de façon de plus en plus évidente l'aile conservatrice du parti de l'aile réactionnaire, sans doute plus proche de l'extrême droite que de la droite républicaine. Sur nombre de sujets, les discours de personnalités tels que Ms. Eric Cioti, Laurent Wauquiez, ou, moins connu, Patrick Buisson, sont dans la droite ligne de ceux que l'on entend à la fois au Rassemblement National (qui paraît même parfois plus social) ou dans la bouche de M. Eric Zemmour. Cette « porosité » tendancielle semble s'être accrue depuis le quinquennat de M. Nicolas Sarkozy, ce dernier n'hésitant pas d'ailleurs à aller labourer les terres du rassemblement national possiblement plus par calcul politique que par adhésion thématique. À l'inverse, les positions de personnalités tels que Mme Valérie Pécresse, M. Jean-Pierre Raffarin, ou dans une moindre mesure M. Michel Barnier paraissent plus distantes de celles de l'extrême droite, et possiblement plus compatibles avec celles de M. Emmanuel Macron. Le départ d'un certain nombre de caciques des Républicains vers LREM, dont Ms. Raffarin, Woerth, et Muselier confirme cette tendance. Si les Républicains ont survécu jusqu'ici, ils le doivent aussi à l'existence également des points de suture ou « des agrafes » évoquées plus haut, et qui revêtent les exactes mêmes formes qu'au PS. Les dissensions internes à LR lors du quinquennat de M. Nicolas Sarkozy étaient ainsi bien moins visibles qu'aujourd'hui, la présence du Président, futur repris de justice, ayant néanmoins assuré la soudure entre les plaques tectoniques qui constituent le parti. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le risque que LR explose en vol est réel, même si ce parti bénéficie de soutiens financiers et médiatiques bien supérieurs à ceux du PS. En ce sens, les résultats des LR aux législatives s'annoncent cruciaux pour l'avenir du parti.

In fine, l'éclatement possible des LR pourrait conduire à une recomposition politique forte en France, qui nous ferait connaître une situation comparable à celle des Etats-Unis. Nous aurions ainsi trois factions, dont deux majoritaires. Tout d'abord, une extrême droite, « de Zemmour à Cioti », que l'on pourrait assimiler aux Républicains américains, et dont l'idéologie serait celle qui a été incarnée par d'ex-présidents états-uniens tels Ms. George W. Bush ou Donald J. Trump. Ensuite, nous aurions un camp apparenté aux démocrates américains, regroupant autour de LREM l'aile droite du PS et l'aile la moins à droite des LR, menant une politique s'affichant comme plus sociale, mais ne différant finalement qu'assez peu de celles des Républicains. En accord, M. Emmanuel Macron semble s'être largement inspiré de propositions de Mme Valérie Pécresse, qu'il pourrait même, dit-il, nommer comme première ministre. Enfin, nous aurions une troisième composante, plus faible que les précédentes, structurée autour de la gauche du PS, du PC, des écologistes et de LFI, pour autant que ces quatre composantes puissent s'entendre, ce dont je doute. Cette composante ressemblerait alors partiellement aux « libéraux » américains débarrassés de leur aile « libertaire ». Si une telle recomposition se produit, ce serait une très mauvaise nouvelle pour les forces de gauche et leurs soutiens, car elle impliquerait de facto la reproduction à l'identique et pour longtemps du dernier second tour des élections présidentielles qui a vu s'opposer les candidats de l'extrême-droite et de la droite républicaine, signant ainsi la mise en œuvre de politiques systématiquement défavorables à la très grande majorité des salariés, des fonctionnaires et plus généralement des plus défavorisés. C'est inquiétant.

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Les bases du dessin et de la peinture
https://abc-dessin.over-blog.com/article-4544117.html







jeudi 31 mars 2022

RSA : IL VAUT MIEUX TAPER
TOUJOURS SUR LES MÊMES…


Cette devise shadok que j'avais affichée sur la porte de mon bureau en signe d'avertissement m'a toujours amusé. Elle prend cependant, au cours de cette « campagne » électorale, une signification particulière en regard de ce que certains candidats mijotent à destination des personnes les plus fragiles ou vulnérables.

La campagne électorale qui se déroule en ce moment est une quasi non campagne. Entre un président qui s'estime sans doute trop jupitérien pour débattre avec d'autres candidats, une guerre en Ukraine déclenchée par un dirigeant autoritaire et possiblement paranoïaque mais armé jusqu'aux dents et prêt à bondir (comme aurait dit Coluche), et une « crise » économique, énergétique et alimentaire qui s'annonce, la place pour le nécessaire débat politique est quasi inexistante. Bien sûr, les éléments que je listais ci-dessus jouent-ils un rôle, mais le diable se cache peut-être ailleurs. Je suis en effet assez consterné par le niveau des propositions des uns et des autres, et tout particulièrement par l'absence d'une vision globale de société, explicite et débattable, à l'exception sans doute du projet écologiste porté par M. Yannick Jadot et du projet de la France Insoumise, porté par M. Jean-Luc Mélenchon. Ceci ne signifie pas que je soutienne ces candidats, ni que d'autres candidats n'aient aucun programme, au contraire. Malheureusement ceux-ci ressemblent souvent et à première vue à une accumulation de mesures plus qu'à un véritable projet. Peut être est-ce d'ailleurs là le danger ! Car derrière ces mesures, qui prises les unes près des autres s'assemblent en un catalogue à la Prévert, je perçois, selon la ou le porteur, la poursuite de programmes néolibéraux, et pour certains antisociaux, quand elles ne nous promettent pas des dérives tout simplement racistes, xénophobes, voire, et c'est un mot que je n'utilise presque jamais, quasi fascistes.

Dans la série des mesures antisociales proposées par les représentants de la droite de gouvernement (entendre macroniste), des conservateurs (Mme. V. Pécresse) et de l'extrême droite (M. E. Zemmour), on parle de plus en plus de soumettre le revenu de solidarité active (RSA) à contreparties, ou de supprimer cette allocation à certains. Ces contreparties pourraient revêtir la forme soit d'un travail d’intérêt général, soit d'une formation dirigée vers le retour à l'emploi. Le point achoppement est que ces dispositions deviendraient obligatoires, au risque pour le bénéficiaire qui ne s’y conformerait pas d’entraîner la perte de l'allocation. Autant le dire tout de suite, je trouve cette mesure démagogique et antisociale. Elle est démagogique car elle sous-entend que les bénéficiaires du RSA sont des fainéants improductifs qui profitent de la sueur de ceux qui se lèvent tôt et de leurs impôts, et qu'il convient dès lors de les remettre « dans le droit chemin ». Elle est antisociale car elle conduirait à proposer à des personnes de travailler quelques 15 heures par semaine pour 7 euros de l'heure environ, bien en dessous des minima sociaux ! Elle est aussi antisociale, car elle méconnaît quelques éléments cruciaux si on veut comprendre ce qui fait que certains d'entre nous se retrouvent à ne disposer que du RSA comme revenu. Je vais donc rappeler quelques uns de ces éléments.

Le premier élément - et le plus important à mon sens - est que de nombreux bénéficiaires du RSA n’en bénéficient justement pas. Cette population des plus défavorisées est celle qui vit dans la très grande pauvreté, à la rue parfois, qui méconnaît ses droits et/ou qui est dans incapacité de les faire valoir. On estime ainsi qu'un tiers des foyers éligibles au RSA ne le demande pas (1), évitant ainsi à la collectivité le versement de quelques 750 millions d'euros.

Second élément : de nombreux bénéficiaires du RSA sont des gens qui ne sont pas « employables ». Je compte parmi eux les allocataires, seniors en particulier, en fin de droits chômage ou les personnes malades chroniques licenciées ou incapables de travailler, non reconnues handicapées. Cette « non employabilité » de récipiendaires du RSA est également soulignée par l'économiste Henri Sterdiniak (2). En lien, le nombre de radiés de pôle emploi, majoritairement en fin de droits, a ainsi augmenté de presque 50% au cours de la dernière année (2). De plus, ce sont, en France, 15 millions de personnes qui sont concernées par une maladie chronique invalidante d’après le Ministère de la Santé, dont la moitié serait encore en activité professionnelle quand survient la maladie (3).

Troisième élément à prendre en compte, le RSA comporte déjà aujourd'hui une composante d'accompagnement vers le retour à l'emploi, pour ceux qui le peuvent. Cependant, selon un rapport récent de la Cour des Comptes, cet accompagnement est largement déficient en termes à la fois de moyens et de résultats (4), et ferait l'objet de, je cite, « dysfonctionnements majeurs » et de « graves lacunes ». Ainsi, selon ce rapport, le taux de retour à l’emploi des allocataires RSA est de 3,9 % par mois en 2019, très inférieur à la moyenne des demandeurs d’emploi (8,2 %). De même, le rapport pointe l'instabilité des allocataires liée au déficit d'accompagnement : « Les sorties en emploi des bénéficiaires du RSA sont de surcroît plus précaires. En cas de reprise d’emploi, les non bénéficiaires du RSA sont 68 % à accéder à un emploi durable […] alors que les bénéficiaires du RSA ne sont que 56 % dans ce cas ». La sortie du RSA se fait d'ailleurs souvent dans des conditions chaotiques en raison de cette instabilité des anciens allocataires. Toujours selon la Cour des Comptes (4) : « Cette instabilité, attendue compte tenu de la tendance générale au développement des alternances entre chômage et emploi, est particulièrement marquée pour les anciens allocataires, qui sont 41 % à revenir au RSA après en être sortis. Au total, sept ans après l’entrée au RSA d’une cohorte d’allocataires, seuls 34 % en sont sortis et sont en emploi – et parmi ceux-ci, seul un tiers est en emploi de façon stable. [...] Enfin, 42 % sont encore au RSA ».

Dernier élément : qui sont les bénéficiaires ? A l'évidence des personnes en grande difficulté. Ainsi, lors du dernier pointage de 2019, 1,90 million de foyers bénéficiaient du RSA. « Avec les conjoints et les enfants à charge, 3,85 millions de personnes sont couvertes par le RSA, soit presque 6 % de la population. La moitié des foyers bénéficiaires correspondent à des personnes seules et sans enfant, un tiers sont des familles monoparentales » (5). Plutôt que culpabiliser les bénéficiaires du RSA, peut être faudrait-il enfin réfléchir sérieusement à un revenu universel qui permette aux plus fragiles de subsister. Rappelons que le RSA, c'est, pour une personne seule sans enfant, environ 575 euros par mois. Or, pour ce même type de personne, le seuil de pauvreté correspond à un revenu de 1 100 euros par mois. Je ne peux pour conclure que répéter les propos tenus par l'association ATD Quart Monde, déplorant (2) : « une logique qui se nourrit de préjugés aussi faux que tenaces », selon laquelle « les allocataires des minima sociaux seraient des « assistés » qui « profitent du système », alors qu’une majorité d’entre eux se démènent chaque jour », j'ajouterai « se démènent chaque jour » bien loin des arguments électoraux tenus par des femmes et hommes politiques aussi ambitieux que cyniques.


Références :


1. Solveig Godeluck. Pauvreté : un tiers des foyers éligibles au RSA ne le demandent pas. Les Echos. Février 2022.
Consultable en ligne :
https://tinyurl.com/m94myutm

2. Florent Le Du. Le RSA sous condition, nouvelle arme antisociale de Macron. L'Humanité. Mars 2022.
Consultable en ligne :
https://www.humanite.fr/politique/presidentielle-2022/le-rsa-sous-condition-nouvelle-arme-antisociale-de-macron-742766

3. Anonyme. Les maladies chronique invalidantes.Talenteo.fr. Octobre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.talenteo.fr/maladies-chroniques-invalidantes-1-personne-5-touchee/

4. Le revenu de solidarité active. Synthèse. Cour des comptes. Janvier 2022.
Consultable en ligne :
https://www.ccomptes.fr/system/files/2022-01/20220113-RSA-synthese.pdf

5. Anonyme. Les bénéficiaires du RSA. Synthèse de la DREES.
Consultable en ligne :
https://tinyurl.com/2p8kf8w9


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Jacques Rouxel. Les shadocks.


jeudi 24 mars 2022

DES PROBLÈMES AU PÉRISCOLAIRE :
LA SUITE...


 
J'ai rédigé voilà peu de temps un article sur deux problèmes qui ont semblé se faire jour dans le service périscolaire. L'un de ces problèmes concerne la restauration qui ne fait pas l'unanimité chez les parents de l'école élémentaire. L'autre concernait des investigations menées au sein du périscolaire. Je ne pensais pas que l'affaire prendrait de l'ampleur, mais je viens d'être alerté par plusieurs parents d'élèves d'une réponse de la municipalité aux dits parents, suite à cet article. Et là on marche sur la tête. D'où le bandeau !

Première remarque : quand je vois le temps que met cette même municipalité pour répondre à un certain nombre de demandes ou de courriels, je constate que sa réactivité peut quand même, quand elle le veut, être au rendez-vous. Ceci posé, que dit la réponse de la municipalité ? Tout d'abord, elle ne remet pas en cause ce que j'écrivais au sujet du problème de restauration. Ces informations viennent d'ailleurs d'une association de parents d'élèves et elles ont largement été partagées. L'intérêt de l'article est de les porter à connaissance au delà du cercle des parents d'élèves. Je profite de cet article pour indiquer, en incidente, que la question des tarifs de la restauration scolaire sera débattue lors du prochain conseil municipal, le 30 mars prochain. Il serait intéressant de savoir si les associations de parents ont été prévenues de cette réflexion ou non. 

Ensuite, la réponse municipale parle de rumeurs que mon blog alimenterait. Malheureusement, s'il s'agissait de rumeurs, le problème serait vite réglé. Non, soyons sérieux deux secondes, sur ce blog, il n'y a pas de rumeurs, il n'y a que des faits avérés. Je mentionnais ainsi une ouverture d'enquête : je remercie Madame la maire, puisque c'est elle qui signe ce courrier, de confirmer qu'effectivement, comme je l'écrivais, une enquête a bien été ouverte et qu'une inspection surprise des services de la Préfecture a eu lieu voilà peu. Nous sommes donc loin d'éventuelle rumeur, non? À ce stade, je ne peux que redire ce que j'écrivais : ce dossier est à suivre car ce genre de service ne se déplace pas comme cela, "au hasard". Le courrier municipal évoque d'ailleurs des faits graves sans précision. 

De plus, j'apprends, en lisant le courrier municipal, que ces inspections font suite à un courriel de dénonciation des faits par un agent communal. J'ignorais ce point, mais il est intéressant. Il fait en effet porter sur un seul agent la responsabilité de la procédure, et sous-entend qu'il n'y a aucune preuve à ce stade de la véracité des propos. Je vais être très clair : l'agent en question est peut être le seul à avoir fait un signalement, je ne le connais pas, et je n'en sais strictement rien, mais ce signalement conforte les informations concordantes que j'ai et qui provenaient, elles, de différentes sources. Quant à la visite surprise, elle m'a été rapportée par des personnes présentes à l'école à l'heure où elle a été diligentée... L'intérêt du blog, et l'intérêt d'avoir laissé - semble-t-il - de bons souvenirs dans la commune est que les informations m'arrivent sans que j'ai besoin d'aller les chercher, le plus souvent. Je n'ai plus qu'à les vérifier, ce que j'ai fait là encore. Je ne suis, de plus, pas loin de penser que si je n'avais pas relaté l'existence d'une enquête en cours sur le blog, la mairie aurait possiblement évité d'évoquer ce fait et aurait, comme le disait un des commentateurs du blog, continué à « cacher la poussière sous le tapis ». 

D'une façon plus générale, je constate que, fidèle à sa stratégie, l'actuelle municipalité tente de « botter en touche » en essayant de transformer un problème disons organisationnel  (en l'occurrence ici un souci au périscolaire) en pseudo-problème politique. Elle le fait en sous-entendant la responsabilité de la précédente mandature. Deux ans ou presque après son élection, il va falloir songer à changer de discours... Elle dit aussi que je jette en pâture la réputation d'agents municipaux. Désolé, mais ceci n'est pas crédible, c'est même ridicule ! Tout d'abord je n'ai accusé personne, strictement personne, dans le premier article de blog. J'ai simplement signalé l'existence de deux problèmes, le premier, non nié par la municipalité, et le second, confirmé par le courrier de la mairie. Ensuite, je crois avoir démontré en 12 ans de mandat tout le respect que j'ai pour le personnel municipal, particulièrement pour ceux que j'ai côtoyés pendant des années aux services techniques, y compris la nuit, le week-end, lors d'événements communaux, d'astreinte, d'incidents ou d'accidents. Ce que je sais, cependant, c'est que dans la vie personnelle, professionnelle, ou municipale, il ne faut pas faire l'autruche et se cacher la tête dans le sable. Quand il y a un problème potentiel quelque part, la seule réponse qui vaille est de s'asseoir autour d'une table et d'en parler, pas de rejeter sur d'autres la responsabilité du problème, et particulièrement pas sur les messagers. La récente réaction municipale est, à mon sens, constitutive d'un comportement puéril, inconséquent et non acceptable quand on est « en responsabilité ». 

 

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Ville de Challes Les Eaux Note : cette commune n'a aucune relation avec les problèmes évoqués dans l'article.
http://www.ville-challesleseaux.fr/Loisirs%20periscolaire


dimanche 20 mars 2022

DES PROBLÈMES AU PÉRISCOLAIRE



J'ai déjà eu l'occasion de signaler aux lecteurs les mauvaises conditions de sieste des enfants de la maternelle, liées, entre autres, à des réaffectations de personnel municipal (1). Cette affaire avait fait « du bruit » puisqu'elle avait même été relatée par la presse régionale (2). Cependant, d'autres dysfonctionnements pourraient avoir eu lieu dans ce service. Il me semble donc que plusieurs clignotants sont aujourd'hui allumés et qu'il va falloir se retrousser les manches...

L'histoire commence avec un message reçu de plusieurs parents d'élèves signalant leur mécontentement vis à vis de la prestation restauration des enfants scolarisés en élémentaire. Le problème semble suffisamment sérieux pour qu'une des associations de parents d'élèves ait lancé un sondage au moins auprès de ses adhérents. Et, surprise, ce sondage fait ressortir nombre de problèmes. Tout d'abord, les 3/4 des parents ayant répondu au sondage sont mécontents de la qualité de la restauration à l'élémentaire, ce qui contraste - il faut le dire pour pondérer - avec les 2/3 des parents satisfaits de ce même service à la maternelle. En incidente, ceci indique que, non, il n'y a pas que les mécontents qui ont répondu à cette enquête ! Les raisons de ce mécontentement des parents sont principalement le mauvais équilibre des repas, avec peu de fruits et légumes, possiblement en lien avec le retrait d'un "périphérique" (i.e. entrée, ou fromage ou dessert) de la composition du plateau. Selon les parents, et sans que je puisse le vérifier, on constaterait aussi un manque de choix au second service et des plats parfois trop originaux qui rebutent les écoliers. Conséquence unanimement partagée : les enfants se plaignent souvent d'avoir faim l'après midi. Et le goûter proposé ne semble pas améliorer les choses, avec là aussi, un manque de fruits souvent mis en avant. Bref, il y a de la marge de progression, c'est le moins que l'on puisse dire.

Ceci posé, même si la cantine est un élément important de la vie scolaire, des problèmes bien plus graves peuvent se faire jour, qu'il convient également de traiter. Je rappellerai le regrettable oubli d'un enfant dans un car scolaire, voila plus d'un an (3). Plus perturbant, j'ai appris voilà peu que des signalements avaient été faits auprès des services ad hoc, en lien avec - disons pour le moment - des « brusqueries » dont auraient été victimes des enfants de la maternelle. Ces possibles brusqueries n'ont pas été  le fait du personnel de l'éducation nationale et elles pourraient avoir été physiques ou morales. Suite à ces événements que je qualifierai - s'ils sont bien vérifiés - de déplorables, j'ai appris qu'une enquête de la PMI (protection Maternelle et Infantile) a été diligentée auprès du service périscolaire. J'ai également appris que les services de la préfecture de l'Essonne se sont également rendu voilà très peu de temps à l'école maternelle pour une "inspection" du service périscolaire. Or il est rare que ces services se déplacent sans motif valable.

Je ne sais pas ce qui sortira de ces investigations, mais entre les problèmes de cantine et les problèmes de brusqueries, la municipalité a clairement du pain du planche si je peux me permettre cette expression. Plutôt que d'invectiver les enseignantes, les rendant responsables de problèmes qui ne relèvent que de la mairie, il va falloir sérieusement se mettre au travail et écouter, entre autres, les remarques des parents. Il faudra, là aussi, éviter de les traiter en contrevenants (4). Vu l'autisme municipal sur nombre de sujets, mon sentiment est que cela n'est pas gagné d'avance.


Références :


1. Si vous pensez que l’éducation coûte trop cher, essayez l’ignorance !
Ce blog:
https://dessaux.blogspot.com/2021/12/si-vous-pensez-que-leducation-coute.html

2. Mélina Fritsch. A Forges-les-Bains, une soixantaine d’enfants « collés comme du bétail » pour la sieste. Le Républicain. Décembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.le-republicain.fr/a-la-une/a-forges-les-bains-une-soixantaine-denfants-colles-comme-du-betail-pour-la-sieste

3. À Forges Les Bains, un grave dysfonctionnement du ramassage scolaire.
Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2020/09/a-forges-un-grave-dysfonctionnement-du.html

4. Arrachez-moi ces banderoles que je ne saurais voir !
Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2021/06/arrachez-moi-ces-banderoles-que-je-ne.html


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Ville de Challes Les Eaux 
Note : cette commune n'a aucune relation avec les problèmes évoqués dans l'article.
http://www.ville-challesleseaux.fr/Loisirs%20periscolaire


mardi 15 mars 2022

LE GAG DES CAMÉRAS DE SURVEILLANCE

 


J'ai déjà explicité dans ce blog les raisons qui font que je doute fortement de l'utilité des caméras de vidéosurveillance que la municipalité souhaite installer dans la commune. Parmi celles-ci, les études et rapports que j'ai commentés, et qui confirmaient la quasi-inutilité de ces caméras, faisaient ressortir le peu d'intérêt des images produites dans la résolution des affaires, surtout lorsque ces images ne sont pas exploitées en direct, par des vigiles, ou des membres des forces de l'ordre.

La régie publique Eau Ouest Essonne, comme le centre technique municipal (CTM) de la commune, sont équipés de plusieurs caméras de vidéosurveillance. Lors d'un vol récent de matériel au CTM, les caméras qui avaient enregistré l'évènement, ont produit des images inutilisables. Les raisons : véhicule impliqué garé trop loin, luminosité faible au moment du vol, personnes sur site masquées et protégées par des bonnets ou des cagoules. Tout juste, le mode opératoire a-t-il pu être repéré. Bref, un rendement très faible. 

Il se trouve que tout récemment la Régie Publique a également été victime d'un vol de matériel. Là aussi les caméras installées sur site ont produit des images inutilisables. Les voleurs avaient probablement repérés les lieux, et ils s'y sont introduits le visage équipé d'un masque anti-CoViD et la tête protégée par des bonnets ou des capuches. Leur véhicule était, par ailleurs, garé hors du champ de ces caméras. Bref, de nouveau chou blanc pour la vidéosurveillance !

Il se trouve cependant qu'un témoin du vol a repéré les voleurs, simplement parce qu'il passait sur site en voiture précisément au moment du vol. Il a pu voir le type de voiture, et a enregistré le début de la plaque d'immatriculation du véhicule. Le gag, c'est qu'il dispose d'un véhicule équipe d'une petite « dash cam », caméra qui enregistre le défilement de la route devant la voiture, qui a pu fournir aussi aux forces de l'ordre des éléments intéressants. Cependant, la caméra n'aurait - en elle-même - servi à rien si la personne n'était pas passée par là, et si elle n'avait pu faire, par un hasard incroyable, le rapprochement avec le vol. Tout ceci confirme ce que je disais. Sauf à avoir du personnel « derrière » les caméras en continu, ou « du bol », la vidéosurveillance ne sert, globalement parlant, à pas grand chose. On remerciera donc vivement la municipalité qui s'apprête à dépenser autour de 150 000 euros pour... rien ou presque. Et promis, j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur les caméras de vidéosurveillance. Sauf évènement exceptionnel, je ne reviendrai pas sur le sujet.             


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Document Google maps

mercredi 9 mars 2022

DIS-MOI QUI TU PARRAINES...



M. Bernard Morin fait partie de mes relations. Il est élu à Limours, et très intéressé par l’analyse du territoire de la CCPL et, au-delà, du territoire essonnien. Il m’a fait parvenir voilà peu les résultats de son examen des parrainages en Essonne. Je trouve son document intéressant, j’ai donc décidé avec son autorisation, d’en faire mention dans ce blog.

Les données analysées sont tirées des données publiées par le Conseil Constitutionnel (1). Le premier niveau d’analyse est le territoire de la CCPL. Sur les 14 communes qui la composent, seuls 5 maires (soit un gros tiers) ont parrainé un candidat à l’élection. Les 5 parrainages ont concerné (ordre alphabétique) M. François Asselineau (M. F. Frontera, Saint-Jean-De-Beauregard), M. Nicolas Dupont-Aignant (M. C. Schoettl, Janvry), Mme Marine Le Pen (M. J.-M. Delaitre, Pecqueuse), Mme Valérie Pécresse (Mme E. Huot-Marchand, Gometz-La-Ville) et M. Fabien Roussel (M. E. Dassa, Briis-Sous-Forges). On peut ajouter à cette liste un autre parrainage de la candidate des Républicains, Mme V. Pécresse, oeuvre de notre sénateur local M. J.-R. Hugonnet. A noter, notre conseillère départementale, Mme D. Boyer, maire d’Angervilliers et présidente de la CCPL n’a pas délivré de parrainage. On constate à partir de cette analyse que les parrainages locaux vont très majoritairement à des candidats de droite, voire d’extrême-droite, un sur six (soit environ 17%) concernant un candidat classé à gauche.

Le second niveau d’examen est le département de l’Essonne. Dans ce cadre, on relève 119 parrainages validés dans le département en agrégeant 191 communes, 10 circonscriptions, 21 cantons et 5 sénateurs (soit 227 parrains possibles). Le taux de parrainage ressort donc à u peu plus de 50%. La répartition des parrainages est la suivante (ordre alphabétique) : M. F. Asselineau (2 ; soit 1,7 % des parrainages), M. N. Dupont-Aignan (5 ; 4,2%), Mme A. Hidalgo (5 ;4,2%), M. Y. Jadot (14 ; 11,8%), Mme M. Le Pen (4 ; 3,4%) ; M. E. Macron (19, 16%), M. J.-L. Mélenchon (4 ; 3,4%), Mme. V. Pécresse (53 ; 44,5%), M. P. Poutou (5 ; 4,2%) et M. F. Roussel (6 ; 5%). Le reste (environ 1,6%) se répartissant sur deux autres candidats non qualifiés par manque de parrainages.

Difficile de ne pas remarquer la forte mobilisation des parrainages en faveur de M. V. Pécresse (presque un parrainage sur deux), très éloigné de son soutien électoral actuel (entre 12 et 14%), du moins si on en croit les instituts de sondage. On notera aussi l’assez faible nombre des signatures validant la candidature de M. Emmanuel Macron, et le très faible nombre des parrainages validant la candidature de M. J.-L. Mélenchon, là aussi assez éloigné des intentions de vote, si on en croit les sondages (autour de 11%). Enfin, pour conclure ce tour d’horizon rapide, difficile de ne pas noter l’absence complète de signatures validant la candidature de M. Eric Zemmour, et, de façon également concomitante, le très faible nombre des signatures validant les candidature des deux autres candidats de la droite extrême, Mme M. Le Pen, et M. N. Dupont-Aignan.

Au delà de ces simples constats, se pose à mon sens la question de la publicité des parrainages. Y-a-t-il une plus value à cette publicité ? Ne vaudrait-il pas mieux revenir à des parrainages « à bulletins secrets » ou, peut-être, ne faudrait-il pas changer de système. Là les idées ne manquent pas : avoir au moins 50, 100, 250 mille personnes signant des listes de « parrainages citoyens », organiser des primaires par parti, etc. Quelle que soit l’option, il me semble important de préciser que dans le système actuel, parrainage ne veut en aucun cas dire soutien au sens politique du terme. L’honnêteté intellectuelle que je revendique me pousse cependant à me poser la même question que mon interlocuteur limourien : aurais-je pu cautionner un candidat avec lequel je serais en désaccord, au prétexte de faire vivre la démocratie ? Ma réponse est oui, à la condition expresse que ladite ou ledit candidat ne soit pas un danger potentiel pour cette démocratie et le « vivre-ensemble », ce qui m’aurait donc conduit à éliminer immédiatement plusieurs d’entre eux dont certains ont néanmoins reçu une validation de la part d'élus de la CCPL.


Référence :

1. Conseil Constitutionnel. Élections présidentielle 2022.
Consultable en ligne.
https://presidentielle2022.conseil-constitutionnel.fr/les-parrainages/tous-les-parrainages-valides.html

Merci à B. Morin pour les éléments d'analyse.

Crédit illustration :

Présidentielle 2022 : la liste des parrainages validés.
Vie publique


samedi 5 mars 2022

UNE SOLIDARITÉ
À GÉOMÉTRIE TRÈS VARIABLE


Cet article est, sans doute, assez peu politiquement correct. Impossible cependant de ne pas faire de lien entre la guerre en Ukraine et les centaines de milliers de personnes déplacées, avec la guerre en Afghanistan ou avec les conflits locaux en Afrique.


Je dois être un peu un dinosaure, intellectuellement parlant, mais je ne cesse de m’étonner - avec bonheur - depuis quelques jours, de ce qui se passe en matière d’accueil des réfugiés ukrainiens chassés de chez eux par la guerre qui sévit dans leur pays. A tous les niveaux, européen, français, et même local, à Forges, des opérations en soutien aux populations déplacées se sont mises en place avec une célérité indéniable. Afin que mes propos ne soient pas mal interprétés, il me faut être clair. Ce déploiement d’aide, de bonnes volontés, ne me choque pas, bien au contraire. Comme beaucoup d’autres citoyens, je suis infiniment triste de constater que des centaines de milliers de personnes ont dû fuir leur domicile, leurs biens, leurs familles pour sauver leurs vies. Par conséquent, je me réjouis sans arrière-pensée des aides locale, nationale et internationale qui pourront leur être apportées.

Ce qui me choque très fort, en revanche, c’est l’énorme différence qui existe entre le traitement de ces populations venues de Kiev, de Marioupol, de Kharkiv, et celui des populations venues d’autres régions du monde. Je pense aux déplacés d’Afrique sub-saharienne, qui tentent d’échapper aux djihadistes d’Ansar Dine ou de Boko Haram. Je pense aux citoyens de nombreux pays centre-africains ou d’Afrique de l’Est, tels le Soudan, la Somalie, l’Érythrée, le Congo ou la Centrafrique fuyant les guerres civiles et les famines. Je pense aux Irakiens et aux Syriens, pour les mêmes raisons, auxquelles on peut ajouter l'exposition aux bombes chimiques. « Curieusement », tous ces réfugiés n’ont pas eu la chance de bénéficier des mêmes soutiens. L’UE, si prompte à déployer de l’aide pour l’Ukraine, s’est contentée pendant des années de payer des centaines de millions d’euros, voire quelques milliards à des pays tels la Turquie pour qu’elle « stocke » (je ne trouve pas d’autres mot à part « parquer » !) ces personnes dans des camps autorisant tout juste leur survie. Elle n’a rien fait pour éviter les quelques 20 000 migrants disparus en Méditerranée depuis une dizaine d’années malgré les alertes à répétitions des ONG, malgré le travail remarquable de plusieurs journalistes, malgré leurs articles, reportages et photos qui ne nous autorisent pas à dire « on ne savait pas ». Enfin si, elle a fait quelque chose, l’UE ! Elle a regardé ailleurs laissant des pays comme l'Italie gérer seule l'afflux de migrants à Lampedusa ! Et ici, en France, les autorités refusent l’arrivé d’un bateau d’une ONG qui s’est porté au secours de ces personnes au prétexte de ne pas trouver de port d’accueil... Tout en laissant croire que ces ONG sont des complices des passeurs, sans aucune honte. Idem pour les associations caritatives qui soutiennent ces pauvres gens au travers de la fourniture de draps, ou des tentes et de couvertures à Calais ou dans l’arrière-pays niçois, que l’on cherche même à criminaliser. Pourtant, en quelques jours, ces mêmes autorités viennent de mettre en place des dispositifs de visa automatique et prolongé, et planchent sur la gratuité de transport à destination des réfugiés d’Ukraine.

Comment, également, ne pas évoquer l’accueil des réfugiés afghans ici à Forges ? Ces gens venus du bout du monde, « à pied, à cheval et en voiture », ont fait l’objet de propos menaçants, insultants parfois, accusés d’être au mieux des « nuisibles » (propos entendus dans la rue), voire de futurs violeurs (propos entendus en réunion). Comment ne pas rappeler que nombre d’élus forgeois actuels n’ont pas hésité à défiler au côté d’un parti politique réactionnaire et xénophobe, pour dénoncer cette arrivée imposée des migrants ? Ce sont les mêmes, qui aujourd’hui, et encore une fois je m’en réjouis, souhaitent aider les migrants ukrainiens. Mais fondamentalement, où sont les différences ? Est-il plus dangereux de prendre sur sa maison un obus russe ou un obus syrien ? Perdre un bras dans un bombardement d'un MIG, est-ce pire que de perdre une main coupée par un djihadiste ? Des magasins vides à Kharkil, est-ce plus insupportable que des magasins vides à Mogadiscio ? Les balles des supplétifs du Dombass sont-elles plus mortelles que les balles des milices centrafricaines ? Un enfant tué à Odessa, est-ce plus horrible qu’un enfant tué à Qandahar ? Et quelle différence entre un réfugié et un migrant, pourquoi, d'ailleurs, ces qualificatifs différents ?

Ou pour toutes nos institutions, comme le disait le moto des X-files, la vérité ne serait-elle pas ailleurs ? Ainsi, un Érythréen serait-il trop bronzé par rapport à un Ukrainien ? Un Malien ne serait-il pas de la « bonne » religion ? Un Syrien vaut-il moins qu’un Européen ? Il faudrait quand même que l’on se pose toutes ces questions. Il faudrait aussi que ceux - aux manettes aux échelons local, national et international - qui ont été si prompts à proposer une aide bienvenue aux réfugiés ukrainiens (et une dernière fois, tant mieux), fassent aujourd’hui leur examen de conscience. Pour autant que ce mot leur parle.


Crédit illustrations :

Haut :    auteur inconnu.
Bas :     dessin de Coco pour "Libération".


jeudi 3 mars 2022

CHRONIQUES FORGEOISES.
II. LA JOURNÉE DE SOLIDARITÉ
ET SES SUITES



Je regroupe dans cet article deux éléments que je souhaitais discuter. Le premier concerne la journée de solidarité du 12 février dernier et le second, partiellement relié au précédent, traite des problèmes d’utilisation des salles communales par les associations.

La municipalité a organisé le 12 février passé une « journée de la solidarité ». L’initiative est intéressante et, qui sait, peut-être encourageante. Cette journée avait en effet pour objectif de regrouper les différentes associations Forgeoises, et au-delà des associations de la communauté de communes du Pays de Limours, en un lieu unique pour faire connaître au public forgeois leurs activités. Au titre des points positifs, il me semble important d’indiquer que l’accueil des associations s’est fait dans les meilleures conditions par les élus Forgeois. La salle était parfaitement installée et les bénévoles ont été aimablement accueillis avec petit-déjeuner et déjeuner. Au titre des points négatifs, la publicité de la journée est restée très limitée, la communication municipale ayant principalement mis l’accent sur le marché de la Saint-Valentin qui se tenait dans la commune le même jour. La conséquence a été un manque de visibilité de l’opération. Malgré leur mobilisation, les associations impliquées dans la solidarité n’ont finalement vu passer que peu de visiteurs. Par ailleurs, les relations de ces associations avec la municipalité restent pour le moins compliquées, comme je l’explique plus en détail ci-dessous. Il ne faudrait donc pas que la journée de solidarité soit une sorte de solde de tout compte permettant à la commune de s’acquitter de ses « obligations morales ». La solidarité, à Forges comme ailleurs, ce ne peut être qu’une journée, ce doit être toute l’année !

J’avais donc espéré, suite à cette journée, que les élus soient dans de meilleures dispositions vis à vis des associations. Je crains de m’être malheureusement trompé. J’en veux pour preuve les problèmes d’utilisation des salles communales, extrêmement récurrents, qui me sont remontés avant et après cette journée. Tout d’abord, plusieurs associations restent quasiment « SDF », obligeant le développement de leurs activités chez des particuliers. D’autres ont bien accès aux salles communales, mais moyennant un processus de réservation kafkaïen qui pourrait facilement être allégé et conserve un aspect aléatoire. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Enfin, et c’est bien plus dérangeant, nombre de demandes de salle sont restées sans réponse ou on fait l’objet de rejets non justifiés, voire illégaux. Il faut en effet savoir que le prêt ou le rejet de prêt de salles communales à des associations est très encadré. La règle de base est l’égalité de traitement des associations. En d’autres termes, et il s’agit là d’un exemple et pas d’un cas concret communal, si une association de boulistes utilise un terrain communal gratuitement, l’association de philatélistes doit aussi pouvoir utiliser la salle mise à leur disposition gratuitement, à volume horaire équivalent. Si le prêt est payant, le montant doit être évalué sur la base de critères objectifs, équivalents pour l’une ou l’autre des associations.

En sus de ce que j’explique ci-dessus, il faut savoir que seul le maire est compétent pour prêter ou refuser l’usage d’une salle. Cependant, encore une fois, le refus ne peut être motivé que pour trois raisons : l’administration des propriétés communales (ex. la salle est en travaux, ou elle est déjà utilisée ce jour ou louée), le fonctionnement des services (ex. la salle demandée nécessite la présence d’un employé communal malade ou en vacances), ou le maintien de l’ordre public (ex. on pense inviter M. Zemmour à Forges !). Or la motivation de certains refus transmis à des associations forgeoises ne relève aucunement de ces trois possibilités. Premier exemple : une salle annoncée comme occupée, donc non « prêtable » ne l’était pas. Suite au refus municipal, des membres des associations concernées sont passés aux jours et heures où la salle demandée a été refusée pour vérifier son occupation. Personne ! Evidemment, cela peut se produire une fois, suite à une annulation impromptue, mais pas trois ! Autre motivation de refus étonnante : les activités que propose l’association n’intéressent pas les habitants ! Proposition d’autant plus absurde et mensongère que la participation antérieure à l’événement proposé avait été d’une trentaine de personnes. Par ailleurs, en aucun cas la municipalité ne peut décider de ce qui est intéressant ou non pour les habitants. N’entrant dans aucune des catégories des motifs de rejet prévues par la loi, ce dernier refus est donc susceptible de recours en justice. Enfin, le plus remarquable, le refus lié à la nature politique et militante d’une association. Là on nage en pleine irrégularité ! Il faut en effet savoir que les pouvoirs du maire sont limités (et heureusement) par le principe de la liberté de réunion. Refuser de prêter une salle communale à une association en raison de sa nature - politique ou syndicale par exemple - est une atteinte grave à cette liberté de réunion et d’association. Elle est parfaitement contestable devant les tribunaux et les municipalités qui ont tenté d’user de cet argument ont systématiquement été condamnées.

Les bonnes dispositions que je croyais avoir perçues lors de la journée de la solidarité se sont donc évanouies en grande partie. Certaines associations sont toujours baladées, considérées avec mépris. Je veux pourtant ici rappeler les promesses de campagne sur « la transparence et l’équité », qui certes n’engagent que ceux qui les croient, ou l’inénarrable « recréer un climat de confiance [avec les associations], valoriser leurs actions, l’engagement de leurs membres » ainsi que le somptueux « la mairie doit être un facilitateur ». On est, dans les faits, très très loin de tout cela. Ceci tranche avec l’engagement des membres de l’actuelle majorité sur l’équité de traitement en regard de l’accès aux services du village, engagement signé par tous les conseillers majoritaires. Force est donc de constater le peu de valeur que l’équipe majoritaire accorde à ses promesses et à sa signature. A ne pas oublier dans le futur.


Crédit illustration :

Les shadocks de Jean Rouxel.
https://www.centpapiers.com/impot-prelevement-a-la-source-pourquoi-faire-simple-quand-on-peut-faire-complique/


CHRONIQUES FORGEOISES.
I. LE DÉBAT D’ORIENTATION BUDGÉTAIRE



Le débat d’orientation budgétaire (ou DOB) est un élément majeur de la vie démocratique d’une commune, d’une communauté de communes, d’agglomérations ou d’un syndicat intercommunal. Le DOB 2022 de Forges s’est tenu au cours du précédent conseil municipal en date du 16 février 2022 et il comporte un certain nombre d’éléments remarquables.

L’objectif du débat d’orientation budgétaire est d’informer les élus de la situation financière actuelle et à venir de leurs collectivités, afin de les aider à formaliser un avis éclairé sur le budget qui leur sera proposé ultérieurement. C’est aussi un moment où les élus pourront s’exprimer sur les grandes orientations budgétaires envisagées par la collectivité. Ce DOB s’appuie sur la remise d’un rapport préalable aux membres de l’organe délibérant de la collectivité et, de mémoire, il doit être tenu dans les 2 mois précédant le vote du budget. La loi fixe également les éléments qui doivent être produits au cours de ce débat. Pour notre commune, ces éléments sont les évolutions prévisionnelles des dépenses et recettes d’investissement et de fonctionnement associées aux différentes hypothèses permettant la construction du budget. Doivent également être présentés de façon pluriannuelle les engagements financiers de la commune ainsi que toutes les informations relatives à la gestion des dettes, lorsqu’elles existent.

Le dernier DOB communal fait ressortir un certain nombre d’éléments d’intérêt. Avant de les aborder, il me semble important de signaler quelques erreurs et omissions dans les documents remis. Tout d’abord, même s’il s’agit sans aucun doute d’une faute de frappe (celle-ci aurait néanmoins pu être repérée), des éléments du budget sont surestimés d’un facteur… 1000. Certains tableaux récapitulatifs confondent allègrement méga-euros (M€) et kilo-euros (k€). Au titre des omissions, les évolutions prévisionnelles des dépenses et recettes en investissement et fonctionnement sont présentées de façon extrêmement succincte. Particulièrement les évolutions des ressources humaines (en équivalent temps plein), élément qui détermine la masse salariale de la commune, ne sont analysées que pour l’année 2022. A mon sens, celles-ci auraient dû faire l’objet d’une présentation pluriannuelle, comme précisé ci-dessus, et comme indiqué dans la fiche reprenant les grands projets d’investissement.

L’examen de la fiche des investissements est d’ailleurs intéressant puisqu’il indique que la municipalité envisage des travaux importants de rénovation et d’extension des écoles pour des montants de l’ordre de 700 k€ pour la maternelle et de 4500 k€ euros (soit 4,5 M€) pour l’élémentaire. Pour être très clair, je ne remets pas en cause ces travaux, bien au contraire, car ils sont nécessaires pour la pérennité des bâtiments. Je profite cependant de cet article pour redire que contrairement à des affirmations mensongères de certains membre de l’équipe majoritaire actuelle, la commune a régulièrement investi dans les écoles au cours des précédentes mandatures par exemple au travers de la réfection du réfectoire, des toilettes, de salles de classe à l’élémentaire, et de l’extension des locaux à la maternelle. Il serait juste intéressant à ce stade de savoir si les autorités académiques, les instituteurs- institutrices et directrices d’écoles, comme les parents d’élèves ont été informées des projets actuels, ne serait-ce que dans ses grandes lignes, car ceux-ci vont affecter la vie scolaire pendant des mois. Aux dernières nouvelles, cela ne semble pas être le cas.

Les autres projets d’investissements majeurs concernent les inutiles caméras de sécurité (j’y reviendrai encore une dernière fois prochainement), des travaux aux tennis et aux thermes, sans doute nécessaires, ainsi que de la réfection de voirie, toujours nécessaire. En revanche, je ne vois pas de réserve disponible pour des imprévus sérieux. Certes pour le moment le budget est solide, bénéficiant du fond de concours ECT, mais celui-ci doit s’arrêter en 2022 de mémoire. Enfin, au chapitre des recettes, deux points méritent d’être mentionnés. Le premier est l’absence de subventions pour mener à bien les travaux, hormis un soutien du département pour l’année. Le second est le recours à un emprunt pour financer une partie des travaux aux écoles. D’un montant de 1,5 million d’euros affectés au budget 2024, celui-ci conduira à une envolée de la charge de la dette de la commune, qui culminera à 500 k€/an environ en 2024 et 2025. Pour mémoire, celle-ci avait atteint au plus haut 440 k€/an en 2018, une somme que les élus actuels avaient jugé délirante, invoquant une commune au bord de l’asphyxie budgétaire. Autre temps, autres moeurs, semble-t-il, tout ceci démontrant une fois encore que l’actuelle municipalité n’est pas à une contradiction près !


Crédit illustration :

Budget Concept par Kemaltaner