vendredi 20 mai 2022

IL Y A QUAND MÊME DES PROBLÈMES AVEC LES FOURNISSEURS D'ACCÈS INTERNET !



Les lecteurs du blog l'auront noté, celui-ci s'est fait quelque peu silencieux au cours des derniers jours. La raison principale est d'ordre technique, et liée à l'arrivée à mon domicile de la fibre optique, comme moyen de connexion au réseau Internet. Or, depuis cette installation il y a quelques semaines, les problèmes se multiplient jusqu'à devenir aujourd'hui quasiment kafkaïens.

Mon domicile a donc été raccordé à la fibre voilà un mois et demi environ. Mon fournisseur d'accès est Orange, via l'offre de services proposée par Sosh. Dès le début, des problèmes sont apparus. Le premier s'est produit le jour même de l'installation, puisque le boîtier numérique de connexion refusait de se connecter au réseau. Après deux ou trois communications avec les « conseillers techniques », l'un d'entre eux, plus malin que les autres, s'est aperçu que les codes de connexion qui m'avait été indiqués étaient erronés ! Le domicile s'est donc retrouvé connecté le lendemain de l'installation.

Tout a ensuite fonctionné normalement pendant une dizaine de jours. Puis des déconnexions de courte durée (10 à 60 secondes) sont apparues, tout d'abord de façon très épisodique, puis de façon récurrente avec en moyenne une coupure toutes les cinq minutes. Une discussion avec l'assistance technique s'avère décevante, puisque cette dernière m'affirme que tout fonctionne normalement et que la ligne ne devrait pas poser de problème. De mon côté, j'avais pris la précaution d'arrêter puis de relancer le boîtier « Livebox ». Comme cela était resté sans effet, j'avais également procédé à une réinitialisation logicielle. J'aurais soufflé dans le boîtier que cela n'aurait pas été plus efficace ! Je rappelle donc de nouveau l'assistance technique pour expliquer la situation et celle-ci détecte cette fois un « problème sur la ligne ». Impossible de savoir lequel malgré mon insistance auprès de l'opérateur, qui m'assure cependant que Orange/Sosh allait procéder à des modifications susceptibles de ralentir le trafic sur mon installation, mais à même d'améliorer la question des micro-coupures quelques jours plus tard.

Après ces quelques jours, et comme les micro-coupures devenaient de plus en plus fréquentes, en dépit de ce qui m'a été annoncé, je rappelle l'assistance en expliquant que le problème est de deux ordres : des micro-coupures sur la ligne elle-même, et un dysfonctionnement du wi-fi au départ du boîtier « Livebox ». Après discussion avec un ami spécialiste de la question, celui-ci m'indique que les problèmes liés wi-fi sont de plus en plus fréquents, peut-être en raison des interférences entre les différents boîtiers du voisinage. La dernière version du boîtier « Livebox » fait d'ailleurs l'objet de fortes critiques en regard des connexions wi-fi qu'il autorise. Le fournisseur d'accès Orange/Sosh met d'ailleurs, si besoin, à disposition de ses abonnés des répétiteurs wi-fi...

Depuis 4 à 5 jours, la situation semblait s'être néanmoins quelque peu améliorée, avec une ou deux coupures par jour. Puis patatras ! Depuis hier c'est tout le réseau fibre qui est en panne. J'appelle donc l'assistance technique qui m'affirme tout d'abord que la ligne fonctionne normalement, mais qui quelques minutes plus tard, devant les explications que je fournis et les retours d'autres clients, me confirme qu'effectivement un problème sérieux semble s'être produit sur le réseau. Je ne suis en effet pas le seul à être affecté. Plusieurs voisins, tous clients Orange ou Sosh, sont également privés de connexion Internet et donc aussi de téléphonie fixe. La panne est collective. L'assistance technique, très aimable, soit dit au passage, promet de me rappeler ce jour, ce qu'elle fait d'ailleurs à l'heure dite, pour me proposer des solutions de secours. La panne ne sera en effet pas réparée avant au mieux le 31 mai (sic !), soit dans 11 jours,  mais sans garantie sur cette date. Mon téléphone fixe est rebasculé gracieusement sur ma ligne portable, et l'opératrice me propose toujours aimablement de me fournir 200 Go gratuits sur mon téléphone portable. Problème n°1 : mon forfait portable n'est pas souscrit auprès d'Orange/Sosh. Dans ces conditions, mon fournisseur d'accès ne peut rien. Je demande donc à l'opérateur de me fournir un boîtier 4G pour la connexion. Problème n°2 : pas possible. Explication : cette option n'est offerte qu'à certains titulaires de contrats « Orange ». Je demande donc ensuite de résilier mon abonnement fibre, pour revenir à l'abonnement ADSL, donc via le réseau « cuivre », qui fonctionnait sans doute plus lentement mais de façon beaucoup plus robuste. Problème n°3 : pas possible non plus. Explication : à partir du moment où le domicile est relié par fibre au réseau, le retour en arrière vers l'ADSL cuivre n'est plus possible. J'ai beau argumenter sur le fait que le domicile n'est plus, de fait, relié au réseau par la fibre, rien n'y fait ! Si je voulais caricaturer la situation, je dirais que pour Orange/Sosh, l'important est qu'il y ait une fibre tirée entre votre maison et l'équivalent d'un sous-répartiteur, mais que celle-ci soit fonctionnelle ou pas n'a aucune importance ! Kafkaïen, je disais ! Il me reste alors deux options. La première est de résilier le contrat Orange/Sosh et de trouver un nouvel opérateur ; la seconde, que j'ai mise en œuvre après avoir insisté avec l'assistance technique pour une prise en charge sous forme de geste commercial, est de me retourner vers mon opérateur de téléphonie mobile pour souscrire un forfait « 100 Giga » et d'utiliser mon téléphone portable comme routeur 4G, via le partage connexion.

Renseignements pris auprès de voisins vigilants connaissant bien mieux que moi le fonctionnement des réseaux, il semblerait que la panne puisse être liée, sans certitude aucune cependant, à l'intervention de prestataires d'autres compagnies dans les armoires de connexion. Si tel est le cas, notre problème ne serait pas isolé. Des cas semblables se sont multipliés au cours des derniers mois, à tel point que Madame Laure de la Raudière, présidente de l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep), s'en est très récemment inquiété, affirmant que l'on « constate aussi que les raccordements ne se passent pas bien. Il y a 20 à 30 % des raccordements qui sont en échec […] il y a des défauts de qualité et c’est tout à fait inacceptable ».

Cette affirmation est importante, d'autant qu'il semble que l'autorité de régulation n'en soit pas restée à ce seul constat. Ainsi, parmi les comportements inacceptables cités par Madame de la Raudière, la façon de procéder de certains des prestataires chargés de raccorder les particuliers au réseau est plus que questionnable. En effet, faute de pouvoir à joindre un interlocuteur chez l'opérateur, certains techniciens de raccordement « débranchent un client pour prendre sa place ». De même, certains de ses techniciens n'hésitent pas à « défoncer les portes d'armoires de connexion pour pouvoir y accéder ». La présidente de l'Arcep conclut d'ailleurs en indiquant que « Malheureusement, ce ne sont pas des pratiques isolées ». Derrière ces pratiques, disons le mot, de voyous, émerge la question de la sous-traitance. Les raccordements aux réseaux ne sont en effet pas effectués par les fournisseurs d'accès mais par des entreprises prestataires qui, elles-mêmes, sous-traitent à d'autres les travaux à effectuer. Une enquête du Monde indiquait qu'il pouvait y avoir jusqu'à 8 niveaux de sous-traitance, les derniers des derniers ne gagnant presque pas d'argent, et se payant en sabotant (littéralement) le travail, surtout le travail des autres. Un des sous-traitants d'Orange est d'ailleurs dans le viseur de la justice... En lien, Madame Marie-Pierre Rixain, députée de notre circonscription, a présenté l'année passée un projet de loi visant « à responsabiliser les opérateurs chargés du déploiement de la fibre ». Elle proposait, entre autres, d’obliger les techniciens  « à détenir une certification délivrée par l’autorité compétente » pour pouvoir intervenir. À dire vrai, ceci me semblerait le minimum. Je m'étonne même qu'il ait été nécessaire de l'imposer ! Et toujours pour dire vrai, il me semblerait beaucoup plus important d'interdire la constitution de ces poupées-gigognes de sous-traitants et de limiter à un seul niveau cette activité de sous-traitance quitte à ce que l'entreprise donneuse d'ordre, c'est-à-dire le fournisseur d'accès, utilise plusieurs sous-traitants selon, par exemple, les secteurs géographiques, ou ses besoins.

L'accès à Internet n'est en effet, de nos jours, plus un luxe mais une nécessité. Nous n'avons d'ailleurs pas, collectivement, réalisé tous les impacts associés à la numérisation à marche forcée de notre société. Certes nous entendons parler de la fracture numérique, mais qu'en est-il de la dématérialisation totale des factures, des bulletins de salaire, et autres pièces administratives que nous conservions jusqu'à présent au format papier et qui nous sont maintenant systématiquement proposés au format numérique ? Nos concitoyens sont-ils parfaitement formés aux stratégies de préservation des données numériques ? Et la technique permettra-t-elle dans 30 ou 40 ans de lire le format des documents que nous conservons aujourd'hui en vue d'un éventuel usage ultérieur ? Je n'en suis pas certain.

Enfin un mot pour dire que nombre de systèmes de sécurité requièrent la présence d'un boîtier Internet et d'une ligne téléphonique fonctionnelle. Je pense à certaines des alarmes de télésurveillance des domiciles, mais également à certains des systèmes d'appel d'urgence mise à disposition de nos anciens en cas de problème de santé. Là aussi, il me semble que des dispositions réglementaires visant à obliger les fournisseurs d'accès à une continuité de service devrait être mises en place et surtout appliquées rapidement.

Il me semble bon de rappeler pour conclure que Bouygues, Free, Orange, SFR, etc., ont tous une obligation de résultat. Ceci implique que la responsabilité du fournisseur d'accès est engagée automatiquement en cas de non exécution du contrat qui les lie à leurs clients,
et notamment dans le cas d'une interruption d'accès à l'Internet, voire même d'un débit très différent du débit contractuel, et ce sans que le client n'ait à prouver quoi que ce soit. À bon entendeur !


Crédit illustration :

Sébastien Dumoulin. Orange embarrassé par la crise de son principal sous-traitant. Les Echos. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/orange-embarrasse-par-la-crise-de-son-principal-sous-traitant-1397947


mercredi 11 mai 2022

LE SIAL, VU DU CONSEIL
MUNICIPAL DE FORGES (2)



En sus des questions évoquées dans l'article précédent, j'ai également été sollicité pour répondre à des affirmations relatives au SIAL que certains conseillers municipaux de notre commune ont reçu par mail, une heure seulement avant le dernier conseil municipal. Certains de ces conseillers ont donc sollicité mon avis sur ces questions. Je leur ai communiqué cet avis que je publie sur mon blog avec leur accord et en toute transparence.

Je liste donc ci-dessous les affirmations qui m'ont été communiquées, en italiques, et en conservant le texte comme tel, donc avec fautes d'orthographe et formulation complexe. Mes réponses apparaissent en caractères droits, en dessous.

« Le SIAL a-t-il répondu aux questions posées par le rapport de la cour des comptes régionale en date du 27/07/2021 ? A ce rien jour n’a été fait ? »

N'étant pas délégué au SIAL, je ne peux répondre à cette question. Je suggère aux conseillers de se rapprocher du président du SIAL ou de leurs représentants communaux qui doivent être mieux informés que je le suis.

« La station d’épuration attend depuis près de 5 ans des travaux de maintenance malgré les demandes répétés du délégataire !? A ce jour aucun chantier n’est prévu malgré les risques avérés de catastrophe écologique, voir plus loin. Des travaux estimé à 900 000 € il y a 5 ans sont aujourd’hui à 1 500 000 € et à mon sens pour avoir été un des rares à examiner la station de 3 millions vu le nombre important d’inconnu, par exemple le bassin contenant les 1 000 tonnes de boues est fissuré. Une simple constatation visuelle qui ne devrait pas échapper à ceux qui vont sur le terrain ! »

J'avoue ne pas avoir compris l'intégralité du propos. Effectivement, des travaux sur la station sont nécessaires. Ces travaux ont été débattus au comité syndical il y a quelques années mais leur importance était moins pressante qu'aujourd'hui. De plus, à cette époque et de mémoire, le SIAL était en procédure avec le constructeur de la station pour une malfaçon majeure. Le comité syndical avait alors décidé de ne pas faire ces travaux immédiatement, de façon à provisionner les sommes qu'il aurait fallu mettre en jeu pour effectuer les interventions nécessaires dans l'hypothèse où la justice n'aurait pas suivi le SIAL sur le dossier des malfaçons. La défense du SIAL a été suffisamment efficace pour avoir convaincu le tribunal du bien fondé de son action. Ceci a permis au SIAL de récupérer des indemnités très importantes qu'il est possible maintenant d'affecter aux différents travaux à réaliser. J'ai ainsi cru comprendre que le changement des membranes de filtration était acté.

« Les membranes s’usent prématurément depuis près de 10 ans sans que rien du tout ne soit fait car elle reçoivent 1 000 000 de M3 au lieu des 500 000 M3 prévus, tellement les réseaux d’eau sont fuyant, réseau gérer par les mêmes qui crient au scandale ! Aujourd’hui elle sont dans un état alarmant et la station à rejeté près de 10 000 de boues non traités dans la rivière de la Prédecelle et à ce jour à ma connaissance aucun travaux n’est prévu malgré la demande même de la cour des comptes ».

Beaucoup d'erreurs factuelles entachent ce propos. Tout d'abord, non, les membranes ne s'usent pas prématurément. Sur ce type de station, en fonction des effluents, la durée de vie des membranes oscille entre 6 et 10 ans. Certes, après douze années de fonctionnement, ces membranes sont « au bout », mais elles ne sont pas usées prématurément, bien au contraire. Un mot de technique. Ces membranes dite d'ultrafiltration sont en général composées de matériau synthétique percé de trous très fins - on parle de pores - d'un diamètre homogène et calibré. Celui-ci peut varier de quelques dizaine de microns, à moins de 0,1 micron, arrêtant ainsi pratiquement toutes les bactéries et de très nombreux virus. Des ultra-membranes de porosité plus fine existent aussi, capables de bloquer des macromolécules, mais elles ne sont mises en oeuvre qu'en usage médical ou de recherche. Dans le cas de la StEp, les membranes peuvent être lavées par différents procédés pour éviter que les pores se bouchent de façon permanente. Néanmoins, ce phénomène de colmatage est inévitable à terme et contribue, avec d'autres facteurs, au vieillissement de ces membranes.

En ce qui concerne les débits, le volume d'entrée en station est bien de l'ordre de 1 000 000 de m3/an, mais de mémoire le débit de référence autorisée (débit max) par la police de l'eau est, lui, d'environ 4 100 m3/jour soit 1 500 000 m3/an. Concernant les réseaux, il existe effectivement des « fuites », ou plutôt des entrées d'eau non usées (dites eaux claires) dans le réseau d'assainissement. Celles-ci sont de deux types, les eaux claires permanentes (entrées d'eau de nappe ou de source) et les eaux claires dites météoriques (entrées liées aux précipitations). Le SIAL n'est pas responsable de toutes ces arrivées d'eau puisque certaines se produisent non pas sur le réseau interco, mais sur les réseaux de chaque commune adhérente. C'est pour cela qu'il existait à Forges, avant que nous n'adhérions au syndicat de l'Orge qui gère notre réseau communal, un budget dit M49 dédié à l'entretien du réseau d'assainissement. Notre commune a toujours fait le maximum pour maintenir son réseau d'assainissement en état, et elle continue de le faire, comme je l'indiquais plus tôt, via le syndicat de l'Orge qui dispose des compétences et des moyens financiers appropriés pour cela. Le problème lié aux entrées d'eaux parasites d'origine pluviale est qu'en cas de très fortes pluies, le volume des effluents arrivant en station peut dépasser les spécifications de la StEp, obligeant l'ouverture de by-passes, dispositifs renvoyant dans le milieu naturel de l'eau non épurée. En 2020, ces volumes ont représenté 7 000 m3 environ, soit à peu près 0,7% des volumes traités. C'est sans doute encore trop mais cela reste tolérable en regard de ce qu'est une installation industrielle soumise à des aléas de fonctionnement. Certains de ces déversements ont en effet été rendus nécessaires par des interventions techniques non programmables sur l'un ou l'autre des équipements de la station.

Dernier point, le rejet de boues non traitées. Là, on nage en eaux très, très troubles si je peux me permettre ce jeu de mots. Je ne vois nulle part dans le rapport du délégataire de rejet de boues non traitées, et c'est tant mieux. Il est en effet interdit de rejeter des boues non traitées dans quelque milieu que ce soit. Ce type de rejet constituerait, a minima, un délit environnemental puisque les filières d'élimination des boues sont très cadrées, comme je l'expliquais précédemment. Je ne sais pas qui propage ce genre d'informations, mais elles me semblent à la limite du dénigrement de l'activité du SIAL. Je pense que l'actuelle gouvernance pourrait considérer celles-ci parfaitement mensongères et diffamatoires.

« Concernant les conventions avec les sociétés d’eaux réglant les modalités de paiements entre le SIAL assurant une prestation d’assainissement quid depuis près de 10 ans. Sur quelle base juridique facturait donc l’usager sachant que certaine régie parle de près de 30% d’impayé les usagers payants ont donc réglés la note pour ceux qui ne payaient pas cela représente des centaines de milliers d’euros non perçus que seul un audit sur les 10 ans passés pourrait confirmer le rapport de la cour des comptes mentionné seulement 100 000 € récupéré sur une seul année alors que ces dettes dates pour certaines de plus de 3 ans ?! »

J'ai eu du mal à comprendre tout le propos qui m'a paru alambiqué. Voici néanmoins quelques éléments en lien avec les questions évoquées. Effectivement, c'est la régie Eau Ouest Essonne qui collecte, pour le SIAL, les redevances d'assainissement qu'elle lui reverse, en tous cas pour les communes dont la fourniture d'eau est assurée par la régie (soit Forges et une petite partie de Briis). Avant la création de la région, en 2017, c'était le délégataire de service public (DSP) en charge de la fourniture d'eau qui le faisait. C'est sans aucun doute ce qui se passe toujours pour Limours et Pecqueuse dont la fourniture d'eau est assurée en DSP. De mémoire, cette collecte était cadrée par une convention signée entre le SIAL et le délégataire. Il me semble, mais ce point reste à vérifier, que la régie et le SIAL devait re-signer une convention pour cette collecte. En l'absence de celle-ci, la collecte s'est faite avec l'assentiment de la trésorerie qui gère les flux financiers des deux établissements.

En ce qui concerne les impayés, il faut savoir que la régie Eau Ouest Essonne a du réaliser un énorme travail de remise en état des bases « abonnés » fournies par le délégataire au moment de la transition, car celles-ci étaient fausses effectivement à 35%. Cependant, cela ne signifie pas que 35% des montants dus étaient impayés car il est probable que les données transmises par le délégataire ne correspondaient pas à la dernière version de sa base de données. Et je ne vois pas le délégataire s'asseoir sur 35% de ses revenus, très honnêtement ! Donc non, les payeurs n'ont pas payé pour les tricheurs pendant des années... Quoi qu'il en soit, en un an et demi de travail (il y avait environ 20 000 points de comptages à contrôler), la régie Eau Ouest Essonne a réussi à corriger ces erreurs. À ce jour le montant des impayés ne représente plus que quelques pour cent des factures d'eau. La régie a d'ailleurs reversé, là aussi avec l'accord des autorités préfectorales et financières, la totalité des sommes qu'elle avait collectées pour le SIAL depuis les élections municipales, puisque tout contact semblait interrompu entre cette régie et le SIAL, et qu'aucun budget approuvé n'avait été présenté depuis la mise en place de la nouvelle gouvernance.

Je précise pour terminer ce long texte que je n'ai aucune information sur l'origine du mail, ni sur ses tenants et ses aboutissants. A titre personnel, je trouve néanmoins étrange que des éléments complémentaires qui se veulent factuels - et qui sont pour certains pourtant totalement erronés, voire mensongers - tombent à quelques minutes d'une réunion importante du conseil municipal. Je ne sais à qui « profite le crime » mais c'est, à mon sens, une action démocratiquement très critiquable.


Crédit illustration :

Des jardins filtrants pour la station d'épuration de Bris. Le Moniteur. Octobre 2011.

https://www.lemoniteur.fr/article/jardins-filtrants-pour-la-station-d-epuration.962014


mardi 10 mai 2022

LE SIAL, VU DU CONSEIL
MUNICIPAL DE FORGES (1)



Le SIAL est le syndicat intercommunal d'assainissement qui gère pour les communes de Pecqeuse, Limours, Briis-Sous-Forges, et Forges-Les-Bains le réseau intercommunal et la station d'épuration de Briis-Sous-Forges. J'ai déjà conté sur ce site les mésaventures de ce syndicat, qui a été présidé pendant une année et demi par un élu forgeois, et qui a été, suite à cette administration défaillante, mis sous tutelle préfectorale. Ce dossier est revenu à l'ordre du jour du dernier conseil municipal de Forges. Je viens d'être récemment sollicité pour fournir quelques informations complémentaires que je détaille ci-dessous et dans l'article suivant.

C'est par le biais d'une décision modificative des statuts du syndicat intercommunal que le dossier SIAL a refait surface en conseil municipal. Il s'agissait d'élire un second vice-président à ce syndicat dont la gouvernance est habituellement assurée par un président et un seul vice-président. Les raisons données pour justifier de cette modification ne m'ont pas paru franchement claires, relevant d'une forme alambiquée de diplomatie locale. Cette modification a néanmoins donné lieu à un « débat » intéressant au sein de la liste majoritaire Forges-Les-Bains. Il se trouve que le second vice-président pressenti pour le SIAL n'est autre que Madame la maire de Forges-Les-Bains, qui vient s'adjoindre au premier vice-président délégué aux finances, élu de Limours, et au président actuel, le maire de la commune de Briis-Sous-Forges.

Au cours de ce débat, un élu forgeois de la majorité, également porte-parole de l'ancien président du SIAL, s'est montré particulièrement critique - pour rester neutre dans le propos - envers l'action du vice-président délégué aux finances. Il a également émis un certain nombre d'affirmations dont l'exactitude reste discutable. Ainsi, contrairement à ce qu'il a annoncé, il ne semble pas que cette décision implique des surcoûts liés à d'éventuelles indemnités complémentaires à verser aux responsables du SIAL. Également, et toujours contrairement à ce qui a été annoncé, si surcoût il y avait, celui-ci ne serait pas, de toutes façons, à la charge du contribuable. Dans la tête de nombreuses personnes, une confusion entre contribuable et usagers (ou bénéficiaires) existe. Ainsi, le financement du SIAL n'est pas assuré par une imposition mais par une redevance imputée sur la facture d'eau. Cette différence peut paraître subtile à première vue, mais dans le cas de l'eau elle est réelle. Contrairement à l'impôt, prélevé sans contrepartie immédiate, la redevance est une somme versée en échange d'un accès à un service public, en l'occurrence l'assainissement. De plus, et contrairement à la taxe, le montant de la redevance est proportionnel au service rendu que seuls les usagers ayant profité directement du service paient. Ainsi, si vous utilisez de l'eau pour l'arrosage de votre jardin via une arrivée munie d'un compteur spécifiquement dédié à cet usage, vous ne serez pas soumis au paiement d'une redevance d'assainissement. Il en est de même pour les usagers qui ne bénéficient pas de l'assainissement collectif et dont l'épuration des eaux est assurée localement par un système de type fosse septique. Ceux-ci ne sont pas soumis à la redevance d'assainissement collectif. En incidente, il est remarquable que cette confusion entre impôts et taxes ait été faite par un élu qui se présente comme membre actif d'une association de contribuables locaux, soi-disant spécialiste de ces questions ! Il se trouve que cette même association avait, au moment de la création de la régie publique Eau Ouest Essonne, propagé des informations erronées, pour ne pas dire tendancieuses, sur les réseaux sociaux. Ces affirmations avaient d'ailleurs valu aux responsables de cette association d'être invités par les responsables de la régie à une « mise au point » polie mais ferme. Depuis, le dénigrement semble s'être calmé. Il n'est pas inutile de rappeler aux lecteurs que cette association est également proche de l'actuelle majorité municipale forgeoise.

D'autres affirmations ont surpris certains membres d'une liste minoritaire du conseil municipal. C'est pour cette raison aussi que mon avis a été sollicité. La principale d'entre elles porte sur la possibilité de valoriser financièrement les boues de la station d'épuration (ou StEp). Avant de développer ma réponse, je souhaite préciser ce que sont ces boues. Dans le principe, une StEp a pour objectif de purifier les eaux dites usées avant leur rejet dans l'environnement naturel. Elle produit donc d'un côté de l'eau « propre », rejetée dans notre cas dans la Prédecelle, et des résidus, des déchets. Ce sont les boues. Celles-ci se présentent sous une forme plus ou moins liquide. Sans entrer dans le détail (car on distingue plusieurs types de boues en sortie de StEp), ces déchets sont constitués en majeure partie de matières organiques, dont les micro-organismes vivants ou morts qui ont agi comme épurateur de l'eau rejetée dans le milieu naturel. Les boues ne sont en général pas utilisables ou éliminables directement : elles sont souvent beaucoup trop liquides et il est nécessaire de les assécher afin d'en assurer la stabilité biologique. À Briis, le séchage se fait de deux façons : soit sur roselières, soit par pressage. Une fois sèches et stables, les boues peuvent être éliminées. Il existe plusieurs filières telle que la filière « mise en décharge », la filière « énergie » (méthanisation ou incinération) ou la filière « compostage » (ex. épandage). On voit donc que l'on peut considérer ces boues de deux façons : soit comme des déchets qu'il faut éliminer, soit comme des ressources dans le cadre du développement d'une économie circulaire. Dans ce cadre, d'autres procédés de valorisation sont à l'étude, dont l'utilisation par exemple comme matériaux de construction en association avec du béton, ou comme « minerai ». Je reviendrai un jour, si j'en ai le temps, sur ce dernier point .

Il découle de ce qui précède que la valorisation des boues des StEp est une question complexe, particulièrement au niveau financier. On n'est pas dans le « yakafaukon » ! Néanmoins, de façon générale, l'opération n'est pas rentable car les coûts associés à la filière de traitement considérée dans sa globalité sont élevés. Le séchage des boues par pressage a un prix énergétique fort auquel s'ajoutent les coûts importants de stockage de long terme. De plus, la mise en décharge revient, elle, à environ 100 € par tonne. Dans le cas de recherche de valorisation, par exemple en filière agricole, il faut procéder à l'analyse préalable de la qualité de ces boues. Celle-ci doit en effet être contrôlée avant épandage, ce dernier étant très cadré par un plan d'épandage, limité dans le temps et validé - me semble-t-il - au niveau préfectoral. Il est également nécessaire de mettre en place un plan de suivi de l'épandage, faisant là aussi appel à des analyses coûteuses. Pour mémoire, en France, plus des 2/3 des boues dépuration sont épandues mais ce niveau devrait être amené à diminuer dans le temps en raison de l'accroissement de la sévérité des normes d'épandage. Il est possible de vendre une partie des boues pour produire de l'énergie ou comme adjuvant de compost auprès d'entreprises spécialisées, pour autant que des clients se présentent, ce qui n'est pas toujours le cas. L'installation d'équipement de valorisation tels les méthaniseurs reste d'ailleurs confidentielle et présente des temps de retour sur investissement longs, estimés à plus de 10 ans en 2019 par l'ADEME.

Afin de compléter cet avis, j'ai contacté le syndicat de l'Orge pour savoir dans quelle mesure il était possible de vendre des boues d'épuration et d'en dégager un bénéfice. Sans rentrer dans le détail dans le détail de la discussion, la personne très au fait de ces questions avec laquelle j'ai échangé m'a indiquée que l'élimination des boues d'épuration représentait « en coût consolidé » un poste de dépenses et non pas de recettes, et ce dans tous les secteurs géographiques dans lesquelles le syndicat avait en charge l'épuration des eaux usées, sans exception. Pour terminer sur une note humoristique, il me semble qu'en termes de valorisation, il y a encore loin de la coupe au lèvres, ce qui dans le cas des boues d'épuration n'est peut être pas plus mal !

Crédit illustration :

Site de la ville de Briis-Sous-Forges
http://www.briis.fr/intercommunalite/


mercredi 4 mai 2022

QUAND FORGES ÉNERVE
LES COMMUNES VOISINES...


Comme je l'écrivais récemment, il faut des années pour bâtir une réputation et souvent très peu de temps pour la détruire. Depuis deux années, l'image de la commune dans l'intercommunalité s'est sensiblement dégradée. Outre la fâcheuse gestion du SIAL par un élu forgeois, gestion sur laquelle je reviendrai, on pourrait aussi citer le positionnement erratique de la commune au syndicat d'adduction d'eau Eau Ouest Essonne. Or, c'est maintenant auprès de la CCPL que la commune se fait remarquer.

L'affaire concerne l'arrivé de migrants ou de réfugiés - comme vous voulez car je me refuse à faire une différence dans cette détresse - en provenance d'Ukraine. Il semblerait en effet que les représentants de la majorité communale aient, voilà peu, insisté « fortement » auprès de la CCPL pour que celle-ci s'implique davantage dans cet accueil. Sur le fond, c'est très bien. L'aide aux personnes en grande difficulté ne peut être discutée. Là où les choses ont « un peu coincé », c'est dans le fait que la démarche a été perçue comme un reproche, à demi-mot, fait à la communauté de communes en regard d'une certaine inaction... Un des élus d'une commune de la CCPL m'en avait parlé en me disant qu'il s'étonnait de cette prise de conscience tardive des élus Forgeois, considérant les actes passés de certains d'entre eux vis à vis de personnes dans le besoin. Je parle ici des réfugiés d'Afghanistan. Cet élu, qui n'était pas de Limours, vient d'être rejoint dans son appréciation par les élus d'opposition de Limours qui s'étonnent également de cette démarche. Avec leur autorisation, je recopie ci-dessous, sans en changer une virgule, le texte qu'ils viennent de faire paraître dans le journal de leur commune. Il est sévère pour Forges. Ce texte s'intitule « Pour la solidarité internationale, pour la paix ! ».

« La guerre déclenchée en Ukraine constitue un crime contre l’intégrité territoriale d’un pays. Les images que nous voyons quotidiennement nous font frémir car nous nous sentons proches de ces gens qui fuient une guerre totalement inacceptable. Dans ce cauchemar vécu par le peuple ukrainien, l’accueil et l’aide aux réfugiés est devenue une cause européenne. On ne peut que partager cet élan de solidarité !

La mise en place rapide d’une "protection temporaire"en application d’une directive européenne montre que l’accueil de réfugiés est possible, contrairement à tous les discours isolationnistes qui incitent depuis des années à repousser les migrants hors des frontières de l’Union européenne. Comment ne pas faire le lien avec les milliers de personnes déplacées par les guerres en Afghanistan, en Syrie et les conflits locaux en Afrique ? Avec tous ces réfugiés politiques ou économiques que l’Europe laisse mourir dans les eaux de la Méditerranée ou de la Manche, à qui l’administration retarde pendant des années l’obtention de papiers qui leur permettraient de travailler et de s’insérer dans notre pays ?

Deux poids, deux mesures ! Au niveau de l’Europe, de la France mais aussi près de nous. Les communes de la CCPL se sont mobilisées, chacune à leur manière pour l’accueil de réfugiés ukrainiens, se rangeant vite aux directives départementales et nationales pour une meilleure efficacité. La commune de Forges s’est illustrée, lançant un appel rempli de compassion aux élus de la CCPL. Manifestement, les nouveaux élus de cette commune découvrent aujourd’hui la solidarité alors que cette majorité s’est aussi construite sur le terreau de la haine des migrants afghans chassés de leur pays en 2016 par la guerre et les persécutions politiques, qui étaient logés dans le centre d’accueil de Forges. Faut-il dissocier réfugiés que l’on pense temporaires et migrants qui ont peu de chance de voir une issue rapide à la situation de leur pays ? Pour nous, la solidarité c’est partout et pour tous !

Nombreux aussi sont ceux qui découvrent la galère administrative à laquelle se heurtent les réfugiés ukrainiens alors même que leur accueil est privilégié ! Les particuliers, les communes se démènent pour trouver des solutions (logement, traduction, école, santé, …) mais le support de l’Etat manque. Les associations se battent depuis des années contre ces barrières, pour les moyens humains et financiers nécessaires pour offrir un véritable asile à des gens qui ont affronté l’horreur dans leur pays et sur la route de l’exil. Humainement et humanitairement, cette situation est insupportable !

Enfin, au-delà du devoir d’aide aux réfugiés, il est impératif de s’interroger sur une situation mondiale extrêmement grave. Après 77 ans de paix en Europe, ce conflit montre les limites dangereuses atteintes par les relations internationales, économiques et militaires. La sécurité telle qu’elle a été construite ne peut garantir la paix. Il est urgent d’amorcer une dynamique de paix, en particulier de travailler sur un désarmement nucléaire global. Relever les défis écologiques qui s’imposent aujourd’hui n’est pas compatible avec le maintien d’immenses ressources dans la course aux armements » !


Crédit illustration :

Les devises Shadock de Jacques
Rouxel


lundi 2 mai 2022

CÔTÉ ASSOCIATION :
DU BON ET DU MOINS BON !


J'ai expliqué à plusieurs reprises les relations difficiles que l'actuelle municipalité entretient avec nombre d'associations forgeoises. Récemment, il y a eu du bon et du moins bon dans notre commune, le reproche principal que l'on peut faire à nos élus actuels étant de considérer les associations comme des entreprises. Or, cette disposition intellectuelle oublie totalement la vocation première de ces associations, dont la quasi-totalité est régie par le statut de 1901.

Je rappelle donc ici, en citant le site vie-publique.fr, qu'une association dite loi de 1901 regroupe des « personnes volontaires réunies autour d'un projet commun ou partageant des activités, mais sans chercher à réaliser de bénéfices ». Qui dit pas de bénéfice, dit pas une entreprise. Ceci posé, les associations peuvent poursuivre des buts très divers. On distingue au moins quatre secteurs d'activité, ou fonctions remplies, par les associations : le partage d'un loisir ou d'un projet (sportif, intellectuel), la défense des intérêts des membres (association de locataires, de quartier, de parents d'élèves, etc.), l'action caritative ou humanitaire (aide aux personnes en difficulté, que cette difficulté soit sociale ou financière, aide au développement), et l'expression, la diffusion et la promotion d'idées (comme peuvent le faire des partis politiques). La vie associative communale couvre d'ailleurs tous ces domaines, et elle constitue une richesse contribuant à la qualité de vie locale. Le rôle de la municipalité est d'accompagner cette richesse locale, et si possible de faciliter le développement du monde associatif, dans une vision gagnant-gagnant. Force est de constater qu'en dépit des promesses de campagne, les associations forgeoises, depuis deux ans, n'ont pas toutes et pas toujours été soutenues, malheureusement.

Au titre des aides importantes que les municipalités apportent, y compris à Forges, il est nécessaire de citer les subventions. Celles-ci, votées en Conseil Municipal, ne sont en aucun cas une obligation ou un dû. Néanmoins, pour un coût minime, elle permettent aux associations de faire plus pour leur membres, donc pour les citoyens. C'est de nouveau une stratégie gagnant-gagnant, puisque ces subventions exercent un effet de levier sur le fonctionnement associatif. J'entends par là que bien qu'étant de montants modestes (en tous cas, le plus souvent), elles constituent des aides extrêmement utiles pour les associations, quand elles ne leur sont pas indispensables pour atteindre leurs objectifs. A Forges, les récentes subventions décidées en Conseil Municipal, se montent à 52 000 euros pour 2022, en baisse par rapport à 2021 (environ 64 000 euros). Cette baisse a des causes variées, et certaines ne sont pas du fait de la municipalité : des associations n'ont, en effet, pas demandé de subvention cette année, d'autres ont demandé moins et d'autres ont changé de statut. En tous cas officiellement, car il se pourrait qu'une partie de chiffres présentés dans les publications locales soit erronée. D'une façon générale, le point positif est qu'à l'exception de deux ou trois associations, les subventions aux associations forgeoises ont été reconduites cette année. Reste à savoir pourquoi certaines associations ont néanmoins vu leur subvention réduite par rapport au passé... 

Au chapitre des déconvenues, deux aspects sont à mentionner. Le premier est le fait qu'une partie des subventions est attribuée sur projet. En d'autres termes, la municipalité « réserve » une part des sommes demandées pour la réalisation d'un projet au bénéfice de la communauté. Je suis personnellement totalement opposé à cette démarche, et ce pour deux raisons. La première est fonctionnelle et liée à la méconnaissance du fonctionnement quotidien des associations. En effet, les responsables des associations, les bureaux, les bénévoles passent déjà beaucoup de temps dans ces associations dont on a vu que les actions bénéficiaient à tous. Une subvention sur projet, c'est un moyen assez malsain de demander aux bénévoles d'en faire encore plus... La deuxième raison est démocratique. Demander aux associations de proposer des projets qui seront ou non validés par la municipalité constitue une ingérence dans le fonctionnement des associations. Dans une certaine mesure, on pourrait estimer que la commune agit comme un donneur d'ordre, considérant les associations comme des prestataires de service. Mon sentiment est qu'en l'espèce, la municipalité outrepasse là ses droits.

La seconde déconvenue concerne la façon dont le monde associatif est regardé, encore et toujours, par certains des élus. Je me réfère à la réunion de mi-mars entre municipalité et associations, intitulée bilans et projets. Afin de préparer cette réunion, plusieurs associations ont demandé un ordre du jour, demande restée sans réponse des élus. De plus, de nombreuses associations avaient été conviées à cette réunion, mais certaines l'avaient été avec retard (le mardi pour le vendredi de la même semaine!), empêchant leur participation. La réunion s'est révélée à la fois décevante et instructive. Décevante, parce qu'en matière de bilans et de projets, le monde associatif n'a pratiquement rien vu. Certes la municipalité a fait part de son satisfecit du fonctionnement des associations. Cependant, les projets se sont limités à la présentation de l'installation des capteurs thermiques dans les bâtiments (une bonne idée, ceci dit) et à celle des nouvelles dispositions régissant la communication des associations sur les supports communaux. Ces dispositions, rigides, ont conduit les représentants des associations à demander des aménagements qui, pour certains, ont été acceptés et d'autres non. Ainsi la demande de commuinication des activités associatives via l'application Facebook, sur le réseau de Forges-Les-Bains a été refusée au motif qu'il sagissait d'un réseau social (sic). J'avoue ne rien comprendre à la logique municipale, parfois ! L'aspect instructif de la réunion est lié aux dossiers de demandes de subventions de la commune, que les associations devaient remettre très en avance de phase à la mairie, à savoir mi-octobre de l'année n-1. Les associations ont eu droit a un discours musclé des élus expliquant aux représentants associatifs que cette avance de phase marquée était due à l'incapacité des associations à rendre des dossiers complets en temps voulu avec quelques remarques désobligeantes de la part de ces élus sur le mode « les associations agissent de façon non responsable » et « on est bien gentils de vous envoyer des rappels à ce sujet ». Il a fallu que plusieurs représentants associatifs redressent un peu la vision biaisée de la commune sur le sujet en expliquant que les bilans financiers n'étaient pour certains pas disponibles avant la fin de l'année civile, et pour d'autres, que les attestations d'assurance n'étaient délivrées également qu'en fin d'année. Tout ceci fait que les associations ne peuvent, de toutes façons, pas fournir de dossier avant mi-janvier au mieux. Il a aussi fallu pousser un peu les élus dans leurs retranchements pour leur faire admettre que les dossiers de demande de subventions n'étaient examinés que fin mars ! La conséquence de tout cela a aussi été assez négative puis qu'il est maintenant « proposé » aux associations de rendre les dossiers complets au 31 janvier mais en échange de cette « concession », la municipalité a annoncé, de façon quasi-punitive, qu'elle ne fera plus aucun rappel aux associations... Si le dossier est incomplet, tant pis pour les associations selon le discours municipal ! S'y ajoutent un certain nombre d'assertions assénées avec un aplomb sans faille par les élus majoritaires, assertions que je qualifierai, pour rester très poli, d'assez éloignées de la réalité, en particulier sur les attributions de salles aux associations. En lien, quand je relis les promesses de campagne où l'actuelle équipe municipale majoritaire se décrivait comme un facilitateur (sic !) de l'activité associative, je me demande si il n'y aurait pas comme un peu d'amnésie collective en son sein. Il y a donc encore de gros progrès à faire dans les relations entre municipalité et monde associatif, mais je crains que cela ne soit pas gagné, et ce malgré la marge de progression possible.


Crédit illustration :

https://ville-mezeray.fr/actualite/1/4093/Tour-de-table-avec-nos-associations-communales



vendredi 29 avril 2022

LE SECOND TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE DANS LES COMMUNES DE LA CCPL


M. Emmanuel Macron vient donc d'être élu à la présidence de la République. Les commentaires politiques sur cette élection très particulière ont été nombreux et il ne me semble pas nécessaire de revenir longtemps sur ceux-ci, au niveau national. Il reste néanmoins intéressant de regarder quels ont été les résultats de ce second tour dans les communes de la CCPL.

Je m'appuie pour cette analyse sur les documents que m'a envoyés M. Bernard Morin, élu de la minorité à Limours. La première analyse que l'on peut proposer est la comparaison des résultats obtenus par la candidate du RN, Mme Marine Le Pen, et du candidat de LREM, M. Emmanuel Macron, au niveau national et au niveau local. En France, le résultat final de ce second tour montre que 58,5% suffrages exprimés se sont portés sur M. E. Macron et 41,5% sur Mme M. Le Pen. L'abstention s'est élevée à 28% des inscrits, et les votes blancs et nuls à 8,6%. Si l'on exprime les résultats obtenus par les deux candidats non plus en pourcentage des suffrages exprimés mais en pourcentage des inscrits, les résultats deviennent alors 38,5% pour M. E. Macron, 27,3% pour Mme M. Le Pen et 6,2% pour les blancs et nuls. Sachant que plus de 40% des personnes ayant voté pour M. E. Macron l'ont fait « pour faire barrage à l'extrême droite » (1), il ressort que l'adhésion aux propositions du nouveau président de la République n'est le fait que d'environ 22% de la population nationale en âge de voter. C'est très faible, mais cela ne retire rien à la légitimité de l'élection. Le président réélu semble en avoir pris conscience, déclarant « Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Ce vote m’oblige pour les années à venir » (1). Reste à voir combien de temps cette évidence restera dans son esprit et également dans celui de ses proches. Il est en effet utile de rappeler que ce 25 avril, c'est à dire dès le lendemain de l'élection, M. Bruno Le Maire n'excluait pas un recours au 49.3 pour faire passer en force la loi modifiant les conditions d'accès à la retraite (2). L'inquiétude est donc légitime.

Au niveau départemental, l'Essonne avait porté M. Jean-Luc Mélenchon en tête des candidats au premier tour. Le score de ce dernier a sans aucun doute résulté des votes majoritaires dont il a bénéficié dans des communes considérées comme défavorisées, et fortement peuplées. Les communes plus « riches », c'est à dire - et pour « faire simple » - celles du nord-ouest et de l'ouest du département, ont voté pour le nouveau président. Dans nombre d'entre elles, cependant, M. J.-L. Mélenchon est arrivé juste derrière M. Emmanuel Macron. Le score de Mme. M. Le Pen résulte de votes préférentiels, voire majoritaires pour elle, dans les communes très rurales du sud et sud-est de l'Essonne. On retrouve cette division géographique, pour ne pas dire ce clivage, dans les résultats du second tour, les communes du sud ayant assez systématiquement placé Mme M. Le Pen devant M. E. Macron. En termes de pourcentages, le score de M. E. Macron dans l'Essonne est sensiblement supérieur à celui qu'il a obtenu au niveau national, à savoir 65,5% des suffrages exprimés. L'abstention dans le département est à peine plus élevée qu'au niveau national, représentant 29,3% des inscrits. Quant aux votes blancs et nuls, ils sont comparables mais légèrement en retrait de ceux observés sur la France entière, atteignant 7,5%. L'ensemble abstention plus blancs et nuls est, lui, tout à fait comparable en Essonne aux valeurs nationales, soit respectivement 37,8% et 36,6% des inscrits.

Au niveau de la CCPL, les communes où l'abstention a été la plus marquée sont Gometz-la-Ville (abstention : 24,5%) et Courson (23,5%), et celles où l'on a le plus voté, Janvry (abstention : 15,6%) et Boullay (15,9%). La moyenne de la CCPL est de 21,3% d'abstention, très inférieure aux valeurs départementale (29,3%) et nationale (28%). On peut également agréger abstention, blancs et nuls, ce permet de repérer les communes qui ont le plus exprimé de suffrages pour l'une ou l'autre des candidats. Dans ce cas, on retrouve Janvry et Boullay en tête, où, respectivement, 78,4% et 75,1% des inscrits ont exprimé un choix. A l'inverse, les communes les plus « taiseuses » ont été Courson, et ex-aequo Gometz et Briis, où respectivement, 66,6% et 68,3% des inscrits n'ont pas exprimé un choix. M. E. Macron réalise ses meilleurs scores Aux Molières, comme au premier tour d'ailleurs, avec 78% des suffrages exprimés, puis à Boullay avec 76,3% et à Gometz (75,3%). Ses moins bon scores sont observés à Angervilliers (57,3%), à Vaugrigneuse (57,5%) puis à Courson (59,6%). Les scores de Madame Le Pen sont bien entendu les compléments par rapport à 100, ces dernières valeurs étant comptabilisées en suffrages exprimés. Enfin, c'est à Forges-Les-Bains que les résultats de ce second tour sont les plus semblables à ceux enregistrés sur la totalité de la CCPL, avec une abstention de 22,5% (CCPL : 21,3%), non exprimés (abstention + blancs+ nuls) de 30,4% (CCPL 29,4%) et un vote pour M. E. Macron à hauteur de 67,5% (CCPL 68,4%).

Ces résultats confirment en grande partie les résultats du premier tour, avec un vote pour Mme. M. Le Pen plus marqué dans les communes rurales du sud de notre territoire. La ruralité n'est sans doute pas le seul facteur explicatif. On peut ainsi considérer que ces différences assez sensibles entre communes du nord (Gometz, Boullay ou Les Molières) et du sud (Angervilliers et Vaugrigneuse) sont possiblement liées aux catégories socio-professionnelles qui caractérisent la population de chacune d'entre elles. La comparaison du coût de l'immobilier dans ces communes est d'ailleurs possiblement significative. Pour un logement individuel, il varie de 2600 euros/m2 à Angervilliers et Vaugrigneuse à 3400 euros/m2 aux Molières et 3500 euros/m2 à Gometz (selon 3). Comme dans bien d'autres régions de France, il semble y avoir une corrélation entre vote pour Mme M. Le Pen et coût de l'immobilier, ce dernier point traduisant probablement les différences de catégories socio-professionnelles que j'évoquais plus haut. En ce sens, le « microcosme CCPL » apparaît bien comme une zone de transition entre les territoires nord et sud de l'Essonne.


Références :

1. Luc Chemla. Présidentielle : 42% des électeurs d'Emmanuel Macron ont voté pour lui pour faire barrage à Marine Le Pen. France-Inter politique. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.franceinter.fr/politique/presidentielle-42-des-electeurs-d-emmanuel-macron-ont-vote-pour-lui-pour-faire-barrage-a-marine-le-pen

2. Anonyme. Retraites : Le Maire n’exclut pas un recours au 49-3, Mélenchon et Roussel vent debout. Le Parisien. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.leparisien.fr/politique/retraites-le-maire-nexclut-pas-un-recours-au-49-3-melenchon-et-roussel-vent-debout-25-04-2022-34NY7CXGEBF45GP4VRD6PDB4UY.php

3. Selon le site meilleurs agents.com
Consultable en ligne :
https://www.meilleursagents.com/prix-immobilier/essonne-91/


Crédit illustration :

Fichier de M. B. Morin


vendredi 22 avril 2022

CHARYBDE ET SCYLLA, PESTE ET CHOLÉRA



Il n'a échappé à personne, je pense, qu'il reste encore un tour avant de connaître le résultat de l'élection présidentielle. Ce denier tour ressemble au dernier tour de la précédente élection, opposant M. Emmanuel Macron à Mme. Marine Le Pen. La question qu'une part non négligeable des électeurs se pose est clairement comment voter lorsqu'aucun des programmes des candidats en lice ne vous satisfait. Ma réponse n'engage que moi.

Je ne vais pas tourner autour du pot. Je n'ai confiance ni en Madame Marine Le Pen, ni en Monsieur Emmanuel Macron.

Le RN et précédemment le FN ont trop frayé avec l'extrême droite identitaire, avec les jeunes aux cheveux aussi courts que leurs idées, le racisme, la violence, les discriminations de tous ordres - du droit des femmes à l'identité sexuelle - pour accepter qu'un ou une présidente issue de ses rangs dirige un jour notre République. Et puis, il y a toutes les déclarations, plus récentes, de la campagne actuelle. Mme. Marine Le Pen et ses partisans tiennent des propos ségrégationnistes, au sens large. Ces propos ne font pas, par exemple, clairement le distinguo entre islam et islamisme. Elle disait ainsi : « Le voile est un uniforme islamiste et pas musulman, c’est l’uniforme d’une idéologie, pas d’une religion », proposant dès lors l'interdiction du port du voile dans l'espace public. En incidente, il faudra alors penser aussi à interdire les kippas et les croix, ainsi que les médailles des tous les saints ou de Marie également. Or, ce n'est pas cela la laïcité. La laïcité, c'est de permettre à tous d'exercer ses convictions, ses préférences religieuses, des athées aux croyants, sans empêcher son voisin de le faire également. Le seul endroit où ces préférences ne doivent pas être visibles, c'est dans la marche de l'Etat. Ainsi, l'interdiction du port ou de l'expression de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique me parait nécessaire et justifiée, comme symbole de la neutralité, et paradoxalement de la bienveillance de l'Etat en la matière. Pour revenir à Mme. Marine Le Pen, elle propose aussi des mesures discriminatoires lorsqu'elle annonce vouloir mettre fin au regroupement familial, ou réserver les allocations familiales aux nationaux. Dans cette logique, un étranger légalement établit en France, y payant ses impôts depuis des années n'aurait-il donc pas les mêmes droits qu'un Français ? Et un Français marié à une étrangère ne pourrait-il la faire s'installer définitivement en France. Quel délire ! Et son programme environnemental ? Certes, celui de M. Emmanuel Macron est quasi-inexistant, mais que dire, alors que la crise climatique s'amplifie et qu'elle continuera de s'amplifier pendant des décennies en raison de l'inertie de notre biosphère, de sa proposition d'un moratoire sur le solaire ? Ou du démantèlement des éoliennes, défendant ainsi une position complètement orthogonale aux accords de Paris. Enfin, en matière de politique internationale, que dire de ses accointances avec M. Vladimir Poutine, dont elle encensait encore voilà peu, le comportement et la politique nationale. Autre temps, autres moeurs, certes, mais quoiqu'il en soit, je n'ai aucune envie de voir cette personne représenter la France et ses valeurs. Elle ne peut le faire. Elle en est même à l'opposée. 

Quant à M. Emmanuel Macron, j'ai bien explicité dans différents articles de ce blog ses actions et celles des marcheurs, dont les godillots (c'est le terme approprié) ont assez systématiquement approuvé les décisions à l'assemblée nationale. A commencer par la possibilité que cette majorité a offerte au gouvernement de décider par ordonnance, supprimant ainsi le contrôle parlementaire sur les décisions proposées. Or ces décisions, et donc la politique menée par M. Emmanuel Macron, a conduit à une division encore plus accentuée des Français. Au cours du quinquennat, la fortune des plus riches a explosé, merci entre autres à la suppression de l'ISF, et à l'instauration de la flat tax. En même temps, pour reprendre la phraséologie en cours, « la France qui rame » a assez systématiquement fait l'objet de mesures la défavorisant : laminage du droit du travail, blocage des salaires, et pour les plus défavorisés, réduction des APL ou réduction de facto des aides aux handicapés, pour ne citer que quelques mesures. J'y ajoute la poursuite de la casse des services publics, l'hôpital en tête. Je ne sais pas d'ailleurs si celui-ci survivra : il était malade au début du quinquennat, il est maintenant agonisant. Tout cela, combiné aux augmentations du coût de la vie, a conduit à la crise des gilets jaunes, qui n'est à mon sens pas une crise. Une crise présente en effet une durée limitée dans le temps. Or celle-ci se poursuit plus de trois ans après son commencement, et elle n'a disparu des radars, écrans et infos que parce qu'une crise sanitaire sans précédent qui perdure lui a succédé. Tout cela a pour conséquence le fait qu'un Français sur quatre (27%) avouait ne pas manger à sa faim, un chiffre encore en augmentation, et que 20% déclaraient voilà peu devoir sauter certains repas. Cette France d'en bas, terme que je n'aime pas, est en fait celle de l'exclusion. C'est la France exclue des centres villes, des métropoles, de l'emploi pérenne, des services publics. C'est celle qui fait a fait l'objet de toutes railleries de l'ancien président. C'est celle qui coûte un pognon de dingue, qui n'a qu'à traverser la rue pour trouver du boulot, celle qui croise dans les gares des gens qui réussissent, alors qu'eux ne sont rien. Qualifié d'arrogance, la pensée macronienne et la politique qu'il a menée sont en réalité totalement engagées dans un processus de lutte des classes, terme que certains voudraient faire passer pour désuet, obsolète, mais qui fournit pourtant, volens nolens, une grille de lecture pertinente du dernier quinquennat. M. Emmanuel Macron n'est pas que le candidat des riches ou des banques, comme cela a été dit. C'est aussi le candidat d'un apartheid social, différent de celui proposé par son opposante, mais tout aussi pitoyable et impitoyable. Pour s'en convaincre, voici quelques propos qu'il a tenus, lors de discours, de visites, ou d'interviews. Je cite : « les salariés français sont trop payés », « les salariés doivent pouvoir travailler plus, sans être payés plus si les syndicats majoritaires sont d’accord », « la meilleure façon de se payer un costard c’est de travailler ». D'autres citations montrent toute l'étendue du mépris de classe de l'ex-président, vis à vis d'une partie non négligeable des Français, qu'il devrait, pourtant défendre en priorité. Je cite toujours : « les Britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher », « je ne suis pas là pour défendre les jobs existants », « le chômage de masse en France c’est parce que les travailleurs sont trop protégés », ou « 35 h pour un jeune, ce n’est pas assez ». Restent également des propos très inquiétants et, curieusement, très peu relevés dans la presse tels que « je suis pour une société sans statuts » et « La France est en deuil d’un roi ». Jupitérien, vous avez dit Jupitérien?

J'arrête là la démonstration. Tout cela indique qu'avec M. Emmanuel Macron, comme avec Mme Marine Le Pen, la France pourra faire le deuil de sa devise « liberté, égalité, fraternité ». Se pose donc la question du vote du second tour, dimanche. L'option logique serait donc le vote blanc, aucun des candidats ne satisfaisant aux critères minimaux que j'exige à titre personnel pour obtenir mon suffrage. A ce stade, que l'on vienne pas me parler de front républicain. Ce n'est pas moi qui a installé ce choix invraissemblable entre un représentant de l'extrême droite et un représentant de la finance et des ultras riches, entre un programme raciste et xénophobe, et un programme de casse sociale généralisée. J'ai d'ailleurs voté pour M. Jacques Chirac contre M. Jean-Marie Le Pen quand il l'a fallu, j'ai rejeté la candidature de Mme Le Pen en 2017, tout cela pour constater que le président élu a ensuite très rapidement oublié la pluralité des opinons politiques des citoyens qui l'avaient porté au pouvoir. Malheureusement, le vote blanc, bien que comptabilisé, passera rapidement aux oubliettes. Il me semble donc, que l'action la plus visible et forte reste l'abstention. Celle-ci sera en effet bien plus discutée et bien plus significative si, comme je l'espère, elle tutoie ou dépasse la barre des 40%. C'est donc l'option la plus raisonnable vers laquelle je me dirige dans le cadre d'un choix impossible entre Charybde ou Scylla, peste ou choléra...


Crédit illustration :

Rallye lecture. Charybde et Scylla
https://rallye-lecture.fr/charybde-et-scylla-niveau-3/



mardi 19 avril 2022

LE PREMIER TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE DANS LES COMMUNES DE LA CCPL



Rendons à César ce qui appartient à César ! M. Baptiste Bonnet est élu à Forges comme conseiller municipal, de l'opposition. Il m'a fait parvenir récemment un fichier « excel » dans lequel il a compilé les données des votes au premier tour de l'élection présidentielle, pour toutes les communes de la CCPL et m'a autorisé à en détailler les résultats sur mon blog.

Les données transmises ne prennent en compte que les suffrages exprimés. Je me suis néanmoins intéressé en premier lieu au taux abstention, disponible sur le site du ministère de l'intérieur. Pour la France, ce taux est d'environ 26%, ce qui représente le deuxième taux le plus élevé pour un premier tour d'une présidentielle depuis le début de la Ve République. Seule l'élection de 2002 avait connu un taux supérieur. Dans la CCPL, l'abstention varie de 14 à 21% (valeurs arrondies) selon les communes, avec une moyenne à 18% environ, une valeur assez sensiblement inférieure à la valeur moyenne observée en France pour ce premier tour. Les communes où cette abstention a été la plus forte ont été Briis-sous-Forges et Fontenay-Lès-Briis, et celles où la participation a été la plus élevée, Saint-Jean-de-Beauregard et Gometz-la-Ville.

Sur la totalité de la CCPL, les trois candidats arrivés « en tête» sont : M. Emmanuel Macron, 34,9%, suivi de M. Jean-Luc Mélenchon, 17,7% et Mme. Marine Le Pen; 17,4%. Ce trio est suivi par un autre trio dont les scores sont proches : Mme. Valérie Pécresse, 6,8%, M. Eric Zemmour, 6,6% et M. Yannick Jadot, 6,4%. Tous les autres candidats sont crédités de scores au dessous de 3%.  Globalement, au niveau de la CCPL, on a donc voté à peu près comme le reste de la France. Cependant, si on regarde de façon fine, on peut observer dans nos communes une sur-représentation du « vote Macron» et une sous-représentation des votes Mélenchon et Le Pen, dont les scores restent, comme au niveau national assez voisins.

Bien que d'interprétation difficile, il peut être intéressant de regarder s'il existe des différences notables entre chacune des communes de la CCPL. Commençons par celles où les candidats ont fait leur meilleur score. M. Emmanuel Macron a obtenu son meilleur résultat aux Molières (arrondi à 42%), puis à Gometz la Ville (40%), puis à Boullay (38%). M. Jean-Luc Mélenchon a fait de même à St.-Jean-de-B. (arrondi à 26%), Briis (21%) et Limours (20%). Ces « bons » scores dans deux des communes les plus peuplées de la CCPL expliquent en partie le résultat final de ce candidat sur la CCPL, car ils « tirent »  la statistique vers le haut. Mme Marine Le Pen a, quant à elle, mieux réussi à Angervilliers (27%), Vaugrigneuse (25%) et Fontenay-Lès-Briis (24%). Ces résultats, dans des communes moins peuplées de la CCPL, expliquent le fait qu'elle soit arrivée en 3ème position sur l'ensemble du territoire. On peut également regarder à quels endroits les candidats du trio de tête ont fait leur moins bon score. Pour M. Emmanuel Macron, c'est à Saint-Jean-de-Beauregard (28%), pour M. Jean-Luc Mélenchon, c'est à Pecqueuse (12%) et pour Mme Le Pen, c'est aux Molières (10%). L'analyse de ces scores à Saint-Jean comme à Pecqueuse doit être très prudente, ceux-ci pouvant être biaisés compte tenu du fait que ces communes sont à faible effectif. Une petite variation du nombre de voix peut dès lors entraîner un effet important en pourcentage sans que celui-ci ne soit réellement significatif.

En lien, et comme je l'indiquais plus haut, l'exploitation de ces résultats et leur interprétation restent difficiles, et les explications proposées peuvent donc être erronées. Tout au plus, je me risquerai à des constatations et des hypothèses. Je reprends la constatation explicitée plus haut concernant la sur-représentation du « vote Macron » et la sous-représentation des votes Mélenchon et Le Pen. Mon hypothèse explicative est la typologie sociale des habitants des communes de la CCPL. En globalité, ceux-ci appartiennent plutôt aux classes moyennes supérieures, voires supérieures, classes qui votent plus pour M. Emmanuel Macron que d'autres. Dans ces catégories, le vote « globalement protestataire » en faveur de Mme Marine Le Pen ou de M. Jean-Luc Mélenchon (même si ces candidats ne recueillent pas uniquement ce type de votes) est moins fréquent. En lien, un des représentants des forces de l'ordre me disait voilà quelques mois que cette typologie sociale expliquait sans doute en grande partie pourquoi la région n'avait pas vu beaucoup de gilets jaunes sur les ronds-points... Deuxième constat, Mme Marine Le Pen recueille les plus forts pourcentages de suffrages dans les communes du sud de la CCPL, à l'exception de Fontenay-Lès-Briis. Je n'ai pas d'explication précise relative au « bon » résultat de cette candidate dans cette commune, mais il faut cependant le relativiser. Il reste en effet très voisin du score qu'elle a obtenu au niveau national. La sur-représentation du « vote Le Pen » à Vaugrigneuse et Angervilliers est, elle, à considérer dans une vision plus globale, départementale, où l'on observe que le vote pour cette candidate est très caractéristique du sud-Essonne, plus rural que le nord. Ainsi, Mme Marine Le Pen est arrivée en tête dans la quasi-totalité des communes du sud de notre département avec des scores de 35% des suffrages à Arrancourt ou à Pussay par exemple. Cette même vision départementale est également à prendre en compte pour le « vote Mélenchon ». Rappelons que ce candidat est arrivé en tête en Essonne, avec plus de 28,1% des voix, juste devant M. Emmanuel Macron (27,6%). Ce « bon » résultat de M. Jean-Luc Mélenchon provient majoritairement des ses scores élevés dans les communes très peuplées et/ou pour certaines défavorisées. Il obtient ainsi 57% des voix à Grigny, 50% à Evry, 46% des voix aux Ulis, et 41% à Fleury-Mérogis. Néanmoins, ses résultats dans l'Essonne s'expliquent aussi par le fait qu'il est arrivé deuxième derrière M. Emmanuel Macron dans bon nombre de communes du département, également peuplées. Hypothèse : ces suffrages ne correspondraient pas à un vote protestataire mais possiblement davantage, soit à un vote dit « utile », soit à un vote d'adhésion, émanant d'Essonniens appartenant aux catégories professionnelles intellectuelles (enseignants, universitaires, chercheurs, cadres intermédiaires du privé). En accord, le « vote Mélenchon » est sensible dans des communes proches du plateau de Saclay, telles que Palaiseau, Orsay, Bures, Gometz-La-Ville, et même Gif-sur-Yvette. Dans le secteur de la CCPL, il est possible que l'effet « plateau de Saclay » que j'évoque plus haut se soit aussi fait sentir, à Limours comme à Briis-sous-Forges.

Il reste bien entendu le second tour pour départager les deux candidats arrivés en tête. Au delà du résultat, il sera, là aussi, intéressant de suivre la répartition des votes par communes, au niveau de la CCPL, comme au niveau départemental.


Crédit illustration :

Baptiste Bonnet. Extrait Tableur Excel.

vendredi 15 avril 2022

SCANDALES SANITAIRES. À QUI LA FAUTE ?



L'actualité récente a mis en lumière un certain nombre d'événements qui constituent, à mon sens, autant de scandales sanitaires. Je pense bien entendu aux dernières contaminations alimentaires bactériennes (listériose, salmonellose, infections à Escherichia coli enterotoxiques) mais également à la maltraitance de nos anciens dans certains EHPAD. Il y a des points communs entre ces affaires.

Ce dernier point a été particulièrement douloureux. Il fait suite à la publication du livre « les fossoyeurs » de Victor Castanet, dans lequel ce dernier rapporte la façon dont sont traités une partie des résidents fragiles des établissements appartenant au groupe ORPEA. Il y décrit les manquements constatés dans les soins d’hygiène, ainsi que les déficiences de la prise en charge médicale de nos anciens. Il décrit également les rationnements dont sont victimes certains de ces résidents, leur repas étant de plus en plus réduits pour améliorer la rentabilité de l'établissement. Après que l'entreprise ait nié l'existence de tels agissements, la situation a semblé suffisamment sérieuse pour qu'enquêtes internes et enquêtes des services de l'Etat soient lancées. Dans ce dernier cas, ce sont même deux procédures qui ont été initiées, l'une, administrative, de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et l'autre, financière, de l'Inspection Générale des Finances (IGF). Les EPHAD incriminés bénéficient, en effet et à divers titres, de soutiens financiers des collectivités et de l'État. Début avril 2022, et après avoir tergiversé en invoquant « le secret des affaires », le gouvernement s'est résolu à rendre le rapport de 500 pages public tout en en masquant certains aspects (1). Ce dernier confirme une nourriture limitée, les grammages étant jugés « sensiblement et systématiquement insuffisants ». Le rapport relève également des problèmes dans la transmission des informations et plus particulièrement une gestion opaque des signalements faits par les personnels, objets de filtrages au niveau des directions de l'entreprise. Au plan budgétaire, ce même rapport pointe des documents financiers « insincères » et des excédents budgétaires dégagés sur les dotations publiques. Ainsi, selon Jade Peychieras, de France-Bleu (2) : « Sur la seule période 2017-2020, Orpea a ainsi dégagé 20 millions d'euros d'excédent sur ces dotations versées. Ces excédents « ne font l'objet d'aucun suivi comptable précis », si bien qu'une partie pourrait, « le cas échéant », être « distribuée aux actionnaires ». Sur la même période, l'entreprise a également, de façon irrégulière, imputé plus de 50 millions d'euros de dépenses sur le forfait soins, payé par l'argent public. Plus de la moitié de cette somme concerne la rémunération des auxiliaires de vie « faisant fonction » d'aides-soignantes, alors qu'elles n'ont pas de diplôme pour exercer ce métier ». D'une façon générale, les enquêteurs indiquent que la gestion des établissements donne la priorité à la performance financière plutôt qu’à des critères de qualité. Tout est dit.

Passons maintenant aux récents problèmes sanitaires rapportés au sein de grandes groupes agroalimentaires, les derniers en date étant les contaminations bactériennes relevées dans des produits des entreprises Buitoni (pizzas) et Ferrero (Kinder). Dans le premier cas, ce sont une cinquantaine d'enfants qui ont été touchés, dont deux sont décédés, en lien avec une toxi-infection à Escherichia coli. Une autre cinquantaine de cas sont en cours d'analyse. L'origine de l'infection a pu être tracée au niveau de l'usine de Cambrai, dont la production est à l'arrêt suite un arrêté préfectoral. Une inspection a révélé des manquements sérieux en termes d'hygiène, notamment la présence de rongeurs dans l'usine, d'aliments non nettoyés au sol, ou de moisissures en quantité importante sur les murs. Ceci posé, l'origine de la bactérie est le plus souvent animale, celle-ci étant présente dans le tube digestif des ruminants. La probabilité qu'elle provienne donc - encore une fois - de viandes mal préparées reste donc élevée. Il faudra cependant attendre des études complémentaires pour identifier avec précision la source de la contamination. Dans le cas des chocolats Kinder, l'origine de la contamination a été tracée dans l'usine d'Arlon, en Belgique. La source des Salmonelles est le plus souvent le lait et ses produits dérivés. Il est donc probable que dans le cas de la chocolaterie industrielle, ces mêmes produits soient en cause. Au total ce sont plus de 150 cas de contamination par des salmonelles qui ont été répertoriées, et ce dans plus de neuf pays européens.

Dans ces deux cas de contamination alimentaire, un élément est choquant. Il réside dans l'espace de temps qui s'est écoulé entre les premiers signalements et l'arrêt de production. Ainsi, selon l'ONG Foodwatch, la première détection de salmonellose a été rapportée fin décembre 2021 au Royaume-Uni (3). Il faudra attendre le 23 mars, pour que les autorités sanitaires de Grande-Bretagne, enquêtant sur une épidémie, préviennent l'entreprise et pointe du doigt l'usine belge. Ce délai, en lui-même, ne me surprend pas, parce qu'une étude épidémiologique destinée à identifier une source de contamination est généralement longue. Ce qui me surprend, en revanche, c'est qu'aucun des tests d'autosurveillance que doit réaliser l'industriel n'ait mis en évidence la présence de salmonelles dans les lignes de production. Je ne suis pas loin de penser qu'il s'agit au mieux d'un manquement de rigueur dans les procédures de suivi qualité internes à l'entreprise, et au pire d'une possible dissimulation. En accord avec cette observation, le 28 mars, Ferrero, pourtant prévenu du risque sanitaire, continuait d'écouler les produits Kinder dans toute l'Europe. Cette distribution des produits contaminés se poursuivra jusqu'au 4 avril (3,4), date à laquelle l'entreprise lance sa première procédure de rappel. Nous sommes pratiquement deux semaines après l'alerte britannique, et, curieusement, à une période où se vendent en grande quantité les chocolats en prévision des fêtes de Pâques. Cet avis est également celui de Foodatch qui écrit « plus les informations arrivent, plus la désinformation organisée par la multinationale Ferrero pour préserver ses affaires saute aux yeux ».

Bien qu'apparemment non liées, ces deux affaires du domaine de l'alimentation et celle concernant le scandale des EHPAD ORPEA présentent pourtant au moins deux traits communs. Le premier est qu'elles ont été rendues possible, au moins partiellement, par des déficiences des services de contrôle de l'Etat. Loin de moi l'idée d'incriminer les agents de ces services qui font ce qu'ils peuvent dans des conditions de travail de plus en plus dégradées, et confrontés à des réductions d'effectifs de plus en plus criantes. Ainsi, dans les ARS, en 6 ans, de 2014 à 2020, « le nombre d’inspecteurs de l’action sanitaire et sociale est passé de 944 à 688 (-27 %), celui des médecins inspecteurs de 297 à 182 (-40 %), et celui des pharmaciens inspecteurs de 137 à 126 (-8 %). Soit une diminution moyenne de l’ensemble de ces personnels de 28 % [...] » (5). Comment s'étonner dès lors que, sur les 700 EHPAD d'Ile de France, seulement 17 aient été contrôlés en un an (données 2019). Le même constat peut être fait pour les services de la DGCCRF et de l'inspection vétérinaire. Selon Foodwatch, « en 2022, les rangs de la répression des fraudes (DGCCRF) comptaient 442 agents de moins que dix ans auparavant. Du côté de la Direction générale de l’alimentation en charge de l’inspection vétérinaire (abattoirs, etc.) et aussi phytosanitaire (pesticides), le nombre des inspections sur la sécurité sanitaire des aliments a diminué de 33% entre 2012 et 2019 » (6). Un constat similaire est fait par la CFDT-finance qui observe qu'entre 2010 et 2017, les effectifs du service sont passés de 3800 agents avant la réforme de l’administration territoriale de l’État (RéATE), à 2800 (7). Dans le même temps, l'activité de ces mêmes agents s'est vue davantage contrainte. Une partie des agents travaillent sous l’autorité de la région, l’autre partie est rattachée au préfet de département, ce qui « pose clairement la question de l'indépendance de leur activité ». Certains agents de la DGCCRF « doivent ainsi obtenir un feu vert préfectoral pour contrôler et sanctionner les entreprises » (7). Ayant eu pendant de nombreuses années le retour d'amis, pour certains assez haut placés dans les services de province de la DGCCRF, je ne peux que confirmer ces dires. Je peux également ajouter, que vu la lourdeur des contrôles, et la pression au rendement exercée par la hiérarchie, il arrivait que les agents de la DGCCRF soient amenés à prévenir les entreprises des dates de leurs visites. Une situation similaire est d'ailleurs décrite pour les contrôles opérés auprès des EHPAD (5).

Le second trait commun que j'évoquais plus haut est que toutes les dérives observées, in fine, proviennent de considérations économiques et financières. L'État pense faire des économies en réduisant le nombre de ses fonctionnaires affectés aux différents services de contrôle, avec les conséquences que l'on voit. Les entreprises de l'agroalimentaire augmentent leurs bénéfices en rognant sur la qualité des produits mis en œuvre et sur la robustesse des procédures, les EHPAD font quasiment la même chose en limitant les dépenses tout en n'oubliant pas de maximiser les recettes. Dans ces deux cas, ce que nous voyons n'est que le revers de la pièce de l'organisation capitaliste de notre société, dont on vante régulièrement l'efficacité. Et contrairement à une idée bien ancrée chez les néolibéraux, toutes les affaires démontrent que lorsque l'État « oublie » (parfois volontairement) de jouer son rôle de contrôle et de régulation, ce n'est pas la main invisible du marché qui le remplace. Bien au contraire.


Références :

1. Jean-Philippe de Saint-Martin et coll. Mission sur la gestion des établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (EHPAD) du groupe Orpea.
Inspection générale des finances. Inspection générale des affaire sociales. Mars 2022.
Consultable en ligne :
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/vff040422_2022-m-012-06_rapport_definitif_orpea_publiable.pdf

2. Jade Peychieras. Ehpad : le gouvernement publie un rapport d'enquête accablant pour Orpea. France-Bleu. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/ehpad-le-gouvernement-publie-un-rapport-d-enquete-accablant-pour-orpea-1649169439

3. Anonyme. Scandale Kinder : deux nouvelles révélations de foodwatch. Foodwatch.org. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2022/scandale-kinder-ferrero-deux-nouvelles-revelations-de-foodwatch

4. Anonyme. Rappels des chocolats Kinder et pizzas Buitoni : les questions qui fâchent. Foodwatch.org. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2022/rappels-des-chocolats-kinder-et-pizzas-buitoni-les-questions-qui-fachent

5. Luc Peillon. Comment sont contrôlés les EHPAD en France ? Libération. Février 2022.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/checknews/comment-son-controles-les-ehpad-en-france-20220205_L4OR46EOO5GIRO6ZVNPZDOTCGU

6. Anonyme. Œufs Kinder, pizzas Buitoni et fromages Lactalis contaminés : le système favorise ces scandales alimentaires pourtant évitables. Foodwatch.org. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.foodwatch.org/fr/communiques-de-presse/2022/oeufs-kinder-pizzas-buitoni-et-fromages-lactalis-contamines-le-systeme-favorise-ces-scandales-alimentaires-pourtant-evitables-selon-foodwatch

7. Marie-Nadine Eltchaninoff. DGCCRF : des missions mises à mal. CFDT.fr. Avril 2018.
Consultable en ligne :
https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/vie-professionnelle/retraite/orpea-l-etat-a-t-il-suffisamment-controle-les-ehpad_4938159.html


Crédit illustration :

Dessin de T. Soulcié pour Foodwatch
https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2022/rappels-des-chocolats-kinder-et-pizzas-buitoni-les-questions-qui-fachent/


mardi 5 avril 2022

RECOMPOSITION POLITIQUE :
À QUI LE TOUR ?


En termes de politique générale française, la non-campagne électorale actuelle semble néanmoins conforter un certain nombre d'éléments qui s'étaient fait jour au cours des deux quinquennats précédents. Ceux-ci suggèrent l'existence d'une recomposition politique, recomposition qui pourrait se poursuivre également sur un ou deux quinquennats à venir.

En regard de la situation politique actuelle, je listerai trois observations que l'on peut faire sans, je le pense, crier au manque d'objectivité du propos. La première est la perte de vitesse sensible de ce qu'il est convenu d'appeler « la gauche ». La seconde est la montée en puissance de partis ou de personnalités d'extrême-droite, la dernière est la poursuite d'une perte de confiance dans le politique, annonciatrice d'une abstention possiblement forte dans les semaines et mois à venir.

Ce dernier point mériterait à mon sens un article complet tant les raisons qui poussent à ce désintérêt chez nos concitoyens sont nombreuses. Je me limiterai donc à parcourir quelques unes de ces raisons, dans le désordre et sans hiérarchisation. La première raison me semble être le brouillage, voulu par certains, des notions de droite et de gauche, que des politiques tel l'actuel président M. Emmanuel Macron décrivent comme obsolètes. Ce floutage conduit à penser que quelle que soit la-dite politique, qu'elle soit conduite par l'un ou l'autre, elle restera toujours la même… Ce mode de pensée est conforté par le fait que depuis 20 ans, tous gouvernements confondus, ces politiques sont restées effectivement et globalement les mêmes, avec leur lot de régressions sociales, de privatisations à tout va, et de perte de sens, principalement dans le monde du travail. La deuxième raison, liée est la précédente, est le « déclassement » vécu par nombre de nos concitoyens, passés d'une classe moyenne qui vivait décemment à une classe moyenne qui épuise son budget au 20 de chaque mois. Là aussi, depuis 20 ans, les inégalités ne se sont pas sensiblement réduites en France. La fortune des plus riches a enflé d'une façon quasi indécente. Elle a quintuplé entre 2009 et 2020, et explosé tous les records durant les deux dernières années. Dans le même temps, la classe moyenne, à l'exception de la classe moyenne supérieure, connaissait des jours difficiles. La fonction publique d’État a perdu, en 10 ans, plus de 10% de pouvoir d'achat du fait du gel du point d'indice. Et en France, les retraités pauvres sont légion. Est-il besoin de rappeler qu'en 2021 l'INSEE indiquait que 9,2 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en France métropolitaine, ce qui correspond à un taux de pauvreté de l'ordre de 15%. Ce nombre de pauvres dépasse les 10 millions si on inclut les DOM- TOM. Nombre de ces déclassés peuvent donc légitimement penser que la réélection probable de M. Emmanuel Macron ne changera pas leur quotidien, et qu'ils seront sans doute plus visibles et efficaces en jaune sur des ronds-points qu'au travers d'un bulletin glissé dans l'urne. Enfin, les scandales politiques qui ont affecté le plus haut niveau de l’État continuent d'alimenter la petite ritournelle du « tous pourris ». Il vrai que des ministres et deux présidents de la République de notre Ve République ont été soit assassinés, soit, plus récemment, mis en examen et condamnés au moins en première instance pour des fraudes fiscales, des détournements d'argent divers, de l'emploi fictif, quand il ne s'agit pas d'un chef d'accusation d'association de malfaiteurs. On comprend alors que l'exemplarité en prenne un coup et que le dégoût soit au coin de la rue…

En ce qui concerne « la gauche », le constat est sans appel. Malgré des rebonds divers, celle-ci a perdu au cours des 5 dernières années une très grande partie de son poids politique, à l'exception notable de bastions régionaux, départementaux ou communaux où elle subsiste. Au niveau national, le PS, longtemps parti dominant de la vie politique en France, a « explosé ». Il est devenu à peine l'ombre de ce qu'il était. L'exact et même constat peut être fait pour le PCF. bien que les raisons qui ont conduit à ces laminages diffèrent d'un parti à l'autre. En ce qui concerne le PS, il apparaît clairement que ce parti se trouvait au milieu de la ligne de clivage entre une gauche dite de gouvernement pour reprendre les vocables actuels et une gauche disons sociale. Ainsi, qui a-t-il de commun entre des personnalités et les projets de Ms. François Hollande, Manuel Vals, Gérard Collomb, Jean-Yves Le Drian ou Mmes. Marisol Tourraine et Elisabeth Guigou, et ceux de Mmes. et Ms. Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Arnaud Montebourg ? Les premiers ont creusé le sillon qui a permis l'avènement de M. Emmanuel Macron, qu'ils ont biberonné à leur sein, et avec lequel certains ont même activement collaboré en quittant le PS, puis en appelant à voter ou en rejoignant LREM. Les seconds, conscients de la dérive droitière du PS ont fondé d'autres structures, dont la visibilité très limitée n'a pas permis une refondation à gauche du PS. À y regarder de plus près, le clivage que j'évoque délimite non pas deux gauches irréconciliables, comme le disait M. Manuel Vals, mais en réalité la gauche et la droite, certes pour cette droite, dans sa conception centriste. Ainsi, en aucun cas les lois El Khomri, voulues par Ms. Hollande, Vals, et Macron ne sont des lois de progrès social. En aucun cas, la politique menée durant le quinquennat de M. François Hollande n'a favorisé le développement de services publics. En aucun cas, la politique menée durant le quinquennat de M. François Hollande n'a tenté de s'affranchir de la domination de la finance ou de réduire l'impact de la mondialisation sur la population française. Au contraire. Cette politique n'a de fait coché aucune des cases, marqueurs d'une politique de gauche. Cette fracture est révélatrice du fait que le PS, probablement depuis une vingtaine d'années, ne tient ensemble que par la présence « d'agrafes », de points de suture, susceptibles de, non pas faire la synthèse entre tendances, pour reprendre le vocable socialiste, mais de maintenir ensemble les composantes d'une aile véritablement sociale, et celles d'un centre penchant de plus en plus à droite. Ces agrafes ont été des épisodes durant lesquels des dirigeants du PS ont assuré de hautes fonctions à la tête de l’État, mais une fois ces personnalités et ces fonctions évanouies, la suture a cédé, et le parti a explosé en vol. Il ne s'agit pas, d'ailleurs, que d'une seule question de personnes, mais plutôt du fait que l'opportunité de gouverner a cimenté une coalition faite, finalement, de bric et de broc. Il faudra donc bien plus qu'une personnalité providentielle pour que le PS se relève et redevienne un parti majeur en France, pour autant que cela soit encore possible.

Le point remarquable est que les évènements que je décris, qui ont conduit à l'affaiblissement (et c'est un euphémisme) du PS sont également à l'oeuvre de l'autre côté du « Pantone » politique. Chez les Républicains, une ligne de fracture sépare de façon de plus en plus évidente l'aile conservatrice du parti de l'aile réactionnaire, sans doute plus proche de l'extrême droite que de la droite républicaine. Sur nombre de sujets, les discours de personnalités tels que Ms. Eric Cioti, Laurent Wauquiez, ou, moins connu, Patrick Buisson, sont dans la droite ligne de ceux que l'on entend à la fois au Rassemblement National (qui paraît même parfois plus social) ou dans la bouche de M. Eric Zemmour. Cette « porosité » tendancielle semble s'être accrue depuis le quinquennat de M. Nicolas Sarkozy, ce dernier n'hésitant pas d'ailleurs à aller labourer les terres du rassemblement national possiblement plus par calcul politique que par adhésion thématique. À l'inverse, les positions de personnalités tels que Mme Valérie Pécresse, M. Jean-Pierre Raffarin, ou dans une moindre mesure M. Michel Barnier paraissent plus distantes de celles de l'extrême droite, et possiblement plus compatibles avec celles de M. Emmanuel Macron. Le départ d'un certain nombre de caciques des Républicains vers LREM, dont Ms. Raffarin, Woerth, et Muselier confirme cette tendance. Si les Républicains ont survécu jusqu'ici, ils le doivent aussi à l'existence également des points de suture ou « des agrafes » évoquées plus haut, et qui revêtent les exactes mêmes formes qu'au PS. Les dissensions internes à LR lors du quinquennat de M. Nicolas Sarkozy étaient ainsi bien moins visibles qu'aujourd'hui, la présence du Président, futur repris de justice, ayant néanmoins assuré la soudure entre les plaques tectoniques qui constituent le parti. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le risque que LR explose en vol est réel, même si ce parti bénéficie de soutiens financiers et médiatiques bien supérieurs à ceux du PS. En ce sens, les résultats des LR aux législatives s'annoncent cruciaux pour l'avenir du parti.

In fine, l'éclatement possible des LR pourrait conduire à une recomposition politique forte en France, qui nous ferait connaître une situation comparable à celle des Etats-Unis. Nous aurions ainsi trois factions, dont deux majoritaires. Tout d'abord, une extrême droite, « de Zemmour à Cioti », que l'on pourrait assimiler aux Républicains américains, et dont l'idéologie serait celle qui a été incarnée par d'ex-présidents états-uniens tels Ms. George W. Bush ou Donald J. Trump. Ensuite, nous aurions un camp apparenté aux démocrates américains, regroupant autour de LREM l'aile droite du PS et l'aile la moins à droite des LR, menant une politique s'affichant comme plus sociale, mais ne différant finalement qu'assez peu de celles des Républicains. En accord, M. Emmanuel Macron semble s'être largement inspiré de propositions de Mme Valérie Pécresse, qu'il pourrait même, dit-il, nommer comme première ministre. Enfin, nous aurions une troisième composante, plus faible que les précédentes, structurée autour de la gauche du PS, du PC, des écologistes et de LFI, pour autant que ces quatre composantes puissent s'entendre, ce dont je doute. Cette composante ressemblerait alors partiellement aux « libéraux » américains débarrassés de leur aile « libertaire ». Si une telle recomposition se produit, ce serait une très mauvaise nouvelle pour les forces de gauche et leurs soutiens, car elle impliquerait de facto la reproduction à l'identique et pour longtemps du dernier second tour des élections présidentielles qui a vu s'opposer les candidats de l'extrême-droite et de la droite républicaine, signant ainsi la mise en œuvre de politiques systématiquement défavorables à la très grande majorité des salariés, des fonctionnaires et plus généralement des plus défavorisés. C'est inquiétant.

Crédit illustration :

Les bases du dessin et de la peinture
https://abc-dessin.over-blog.com/article-4544117.html