samedi 21 novembre 2020

JEAN-LUC MÈLENCHON
ET LA MACHINE À PERDRE


À presque un an et demi du terme, M. Jean-Luc Mélenchon s’est déclaré la semaine dernière candidat à la présidence de la République pour les élections de 2022. Cette candidature est bien entendue légitime, tout comme l’est le fait de se demander si elle ne correspond pas à la mise en route d’une machine à perdre... 

 
Lors de la dernière campagne électorale présidentielle, M. Jean-Luc Mélenchon avait réalisé un score quasiment identique à celui de Mme Marine Le Pen et de M. François Fillon (autour de 20 %), et en tout état de cause le meilleur score des partis de gauche. Il le devait à la fois à un programme qui avait su agréger les considérations sociales et environnementales fortes, mais également à ses qualités reconnues de tribun, bien mises en valeur par l’utilisation des nouvelles technologies numériques.

Bien malin serait celui qui pourra prédire le résultat susceptible d’être réalisé par le leader de la France Insoumise aux élections de 2022, s'il maintient sa candidature. Néanmoins et à moins de se lancer dans de la politique fiction il est hautement improbable que M. Jean-Luc Mélenchon puisse, en l’état des forces en présence dans le pays, se retrouver au second tour de cette élection. Si l’on en croit les sondages (1) réalisés en 2020, proposition qui est bien entendu discutable, ce second tour pourrait de nouveau opposer l’actuel Président de la République, M. Emmanuel Macron (LREM) et la représentante du Rassemblement national (RN), Mme Marine Le Pen.

L’élection de l’un ou de l’autre de ces deux probables futurs candidats représenterait une véritable catastrophe, particulièrement au plan social. On ne peut en effet que constater la formidable régression des droits résultant de la politique du parti au pouvoir, au travers des lois sécuritaires, des lois travail détricotant les protections des salariés, de la réforme des Prud'hommes, des indemnités chômage, du système de retraite, de la suppression d’allocations, le tout accompagnés de cadeaux de quelques 5 milliards aux plus riches via la suppression partielle de l’ISF et la création du prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital.

Si l’on veut donc échapper à un nouveau désastre social, il est indispensable d’envisager une candidature unique des forces de gauche permettant l’accession au second tour de la présidentielle. Cette candidature doit rassembler largement du Parti Socialiste, du moins des personnalités situées à son aile gauche, aux communistes, aux écologistes et à la France Insoumise. Pour que cela soit possible, la première des conditions est une adhésion à un programme partagé, inspiré fortement du triptyque du développement durable, donc constitué d’une composante environnementale forte mais également de composantes sociales et économiques. Ce programme, en l’état actuel, n’existe pas ou n’a pas encore été dévoilé. La deuxième condition, et elle est essentielle dans le cadre d’une élection à la présidence de la République, est le portage de ce projet par une personnalité, homme ou femme, suffisamment consensuelle pour satisfaire l’ensemble des forces en présence. Je ne pense pas, mais peut-être me trompais-je, que la candidature de M. Jean-Luc Mélenchon remplisse ce dernier critère. Bien au contraire, malgré les qualités que je lui reconnais, son expérience politique et sa grande culture générale, M. Jean-Luc Mélenchon reste une personnalité clivante. On peut cependant espérer que l’annonce de cette candidature soit un acte politique destiné à réveiller une gauche politique éparpillée, mais on peu aussi et au contraire craindre que celle-ci finisse par renforcer les divisions qui y existent. Ce dernier cas, la candidature annoncée du candidat de la France Insoumise obérerait le portage d’un programme commun de gauche, et toute chance pour son candidat d’être élu, ouvrant ainsi un boulevard encore plus grand aux forces antisociales déjà largement à l’oeuvre dans notre pays.


Note

1. Derniers sondages parus

Sondage IFOP (juin 2020) :
Mme. Le Pen 27/28% ; M. Macron 26/28% ; M. Mélenchon 11/12%, M. Baroin ou M. Bertrand 12% ; M. Jadot 8%

Sondage Harris (juillet 2020)
M. Macron 27/32% ; Mme. Le Pen 25/27% ; M. Mélenchon 12/13%, M. Baroin ou M. Bertrand ou Mme Pécresse ou M. Retailleau 6 à 14% ; M. Jadot 8/9%

Sondage IFOP (octobre 2020)
Mme. Le Pen 24/27% ; M. Macron 23/26% ; M. Mélenchon 10/15%, M. Baroin ou M. Bertrand ou Mme Pécresse ou Mme Dati ou M. Retailleau 8 à 19% ; M. Jadot 13% : Mme Hidalgo 13% 


Crédit photo

Le journal du Diamnche et Reuters. Fécrier 2017.
https://www.lejdd.fr/Politique/TRIBUNE-Les-communistes-qui-soutiennent-Melenchon-se-mobilisent-847682


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