Il faut que je sois clair tout de suite. Je trouve aberrant que l’on autorise des grandes enseignes nationales à vendre des livres, et pas le libraire de proximité. Je trouve tout aussi aberrant que l’on puisse acheter vêtements et chaussures au supermarché, mais pas dans une galerie commerçante attenante. Je trouve aussi discutable que l’on interdise aux restaurants et aux bars de servir des usagers, pourtant à distance les uns des autres, alors qu’on autorise les mêmes personnes à prendre, entassées les unes sur les autres, le RER ou les lignes de métros 1, 13 ou 14 pour ne citer que les plus bondées...
Ceci posé, je ne comprends pas les maires - ou peut être les comprends-je trop bien - qui prennent des arrêtés autorisant la réouverture des commerces de proximité. Tout d’abord, le ou la maire a un devoir absolu d’exemplarité, me semble-t-il... Ne serait-ce que parce que le ou la maire est le premier magistrat de la commune. Quand les pouvoirs publics demandent un effort à beaucoup d'entre nous, on ne rame à pas à contre courant. Sachant que son arrêté municipal sera instantanément rejeté par le contrôle de légalité en Préfecture, on évite aussi de faire croire à ses administrés que l’on peut aller à l’encontre de décisions préfectorales, surtout lorsqu’il y va de la santé publique. Dans le cas qui nous intéresse, cela ne fait que saper l’autorité du Préfet. Même si le Préfet représente le gouvernement, il représente aussi l’Etat, selon l’article 72 de la Constitution. Ne pas se conformer à une décision préfectorale, es qualité d’élu, participe donc aussi à la décrédibilisation de l’Etat. Comment, dès lors, ne pas voir dans cette « agit-prop », cette politique-spectacle tendance poujadiste, un soupçon, pour ne pas dire une bonne dose d’arrière pensée électoralistes ?
En cas de désaccord, il ne s'agit pas non plus de garder le petit doigt sur la couture du pantalon. Pour un maire comme pour un conseil municipal, il existe plusieurs façons honnêtes et responsables permettant de manifester son mécontentement. On peut se regrouper entre mairies, faire agir les associations départementales ou nationales de maires, se rapprocher des sénateurs et présidents de départements, on peut alerter la presse et les médias en général, on peut aller en délégation en sous préfecture ou en préfecture. Dans le cas de la fermeture des commerces de proximité, ce n’est pas parce que la ou les questions posées sont légitimes que l’on doit s’abaisser à des comportements relevant de la pure démagogie. Cette façon de procéder est en effet la meilleure façon de discréditer l’action politique, qui n'en a pas vraiment besoin...
1 commentaire:
Réflexions d'autant plus intéressantes qu'elles suggèrent des réactions.
Je suis partiellement d'accord avec toi, notamment quand tu parles de démagogie : certes les maires sont les représentants de l'Etat au niveau local, et à ce titre doivent respecter les consignes gouvernementales et les arrêtés préfectoraux, mais leur légitimité tient d'abord au fait qu'ils sont élus, et à ce titre doivent s'attacher à défendre leurs concitoyens et la vie locale.
Le maire de Dieulefit par exemple est tout sauf un démagogue, mais par contre essaye de faire vivre sa commune, dans le respect bien évidemment des règles sanitaires.
Par ailleurs, comment un maire peut exprimer, au nom des ses concitoyens, son désaccord par rapport à des injonctions régaliennes ? Le sujet est évidemment délicat et glissant. Pour autant, on ne peut pas tout accepter dans ces décisions relevant de l'état d'exception, comme par exemple :
considérer que l'activité d'un débit de tabac relève des besoins de base et pas une librairie,
ou, plus anecdotique mais totalement absurde, exiger le port du masque en moto !!!!
Mais le sujet est évidemment trop complexe pour avoir une position tranchée....
Bonne journée à toi.
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