mardi 28 mars 2023

QUAND MADAME LA MAIRE DÉRAPE…


 

Voila un mois que je n’ai pas publié d’article sur ce blog. La raison en est simple. Je suis très occupé par ailleurs avec une nouvelle association qui se développe, la préparation d’une conférence sur l’eau à venir, et surtout, par des échanges de courrier surréalistes avec Madame la maire de Forges qui semble avoir dérapé assez largement dans sa dernière missive. Je reviendrai sur la question de l’eau plus tard, pour me concentrer ici sur les seuls échanges avec la mairie.

Les lecteurs de ce blog suivent de près, je le sais, les péripéties de la relation compliquée, pour ne pas dire impossible, entre la mairie et le monde associatif. Pour ceux qui auraient manqué des épisodes, je ne peux que vous renvoyer à la lecture de plusieurs de mes articles précédents (1). La situation s’est tellement dégradée, qu’une dizaine d’associations ont décidé d’envoyer tout début février une lettre à Madame la maire, pour lui demander une clarification de la politique de son équipe vis-à-vis du monde associatif, et au-delà, de préciser sa vision de l’interaction entre son équipe et les associations. Dans le même temps, en ma qualité de président de l’association l’Autre Bureau, j’avais été dans l’obligation d’écrire à Madame la maire, au sujet de menaces qu’elle avait émises à deux reprises vis-à-vis du matériel associatif situé dans le local que l’association utilisait. Elle se proposait, dans l’hypothèse où nous ne le déménagerions pas, de s’en débarrasser en le donnant à d’autres associations. Cette action est parfaitement illégale, et j’avais donc mis en garde Madame la maire contre une telle opération, qui m’aurait contraint à engager des poursuites pénales.

Mi-mars, les associations signataires de la lettre collective reçoivent une magnifique missive de Madame la maire qui vaut son pesant de cacahuètes, puisqu’adressée à l’Autre Bureau, puis à Mesdames et Messieurs, et à moi, nommément. Personne dans le monde associatif ne comprend ce qui se passe. On m’appelle, on échange, bref, on en déduit que quelque chose a du « beuguer », quelque part. C'est d'autant plus surprenant que je ne suis en rien à l'origine de la lettre collective, mais bon, faut bien une "tête de Turc" ! Tout cela serait sans importance si la lettre adressée par Madame la maire à une dizaine d’associations ne contenant pas des propos erronés, et d’autres, possiblement diffamatoires. Je vais passer sur la plupart des propos erronés, qui montrent qu’en 3 ans de mandat, l’actuelle équipe n’a pas pris la mesure de nombre de dossiers municipaux, pour me concentrer sur ce qui m’est reproché.

Le premier reproche qui m’est fait est d’avoir décidé de transformer le haut de la salle polyvalente à destination de l’association l’Autre Bureau, association dont j’aurais favorisé la création, et que j’ai ensuite présidé à la fin de mon mandat, le tout pour un montant estimé à plusieurs de dizaines de milliers d’euros. Tout cela est un amalgame assez grossier. En effet, je n’ai pas favorisé la création de l’association l’Autre Bureau, comme on peut s’en convaincre en regardant les PV de création. C’est l’association qui a décidé de contacter la mairie pour proposer son projet de site de coworking, nuance. Également, je n’ai pas décidé de transformer la salle pour cette seule association. Le lieu était défraîchi, et nous avons donc envisagé collectivement en commission travaux et en conseil municipal, de retaper ces locaux de façon à pouvoir offrir aux associations un lieu complémentaire pour leur activité. De nombreuses associations, dont l'Autre Bureau, tout comme des particuliers forgeois, ont ainsi pu bénéficier de cette salle rénovée et ont pu y tenir des réunions. Le tout, bien en tendu gratuitement et sans limitation de durée, donc totalement à l’opposé de ce que propose l’actuelle municipalité… Quant au coût, il s’élève à 10 000 euros environ de mémoire, ces travaux ayant été réalisés en régie. Enfin, maniant le pathos et paraissant soucieuse de nos employés municipaux qui ont du mal à se loger, Madame la maire me reproche aussi d’avoir supprimé un logement communal, en raison de la transformation de la salle. Là, elle se moque du monde, puisque le logement était inoccupé depuis 2008, et que nous avons dans la précédente mandature recréé un autre logement municipal, plus grand, ailleurs dans la commune. Enfin, elle omet consciencieusement de préciser que sa propre équipe va supprimer deux logements municipaux lors des travaux de l’école sur lesquelles je reviendrai… Bref, on voit bien que les arguments présentés, et l’amalgame fait par Madame la maire sont a minima erronés, et qu’ils constituent ni plus ni moins qu’une réécriture de l’histoire.

Autre reproche, adressé sans la nommer à l’ancienne maire de Forges et de nouveau à moi, celui d’avoir décidé d’une subvention de plusieurs dizaines de milliers d’euros à l’association Monde en Marge, Monde en Marche. Nouvel amalgame : notre ancienne maire est devenue directrice de l’association en question à l’issue de son mandat. Sous-entendu non énoncé tel quel : cela sent le conflit d’intérêt… Le propos est de nouveau erroné, et lui aussi possiblement diffamatoire, puisqu’en aucun cas la précédente mandature n’a attribué de subvention de plusieurs dizaines de milliers d’euros à ladite association. Il s’est en réalité agi de décider d’instaurer une surcharge foncière, opération blanche pour la commune puisque payée par le promoteur Pierreval lors de l’achat des terrains. Ceci permet de mobiliser des fonds complémentaires de l’Etat pour un programme social, ce qui nous a permis de faire rénover les deux bâtiments patrimoniaux du secteur Vitalis. Nous sommes donc très loin de l’éventuel conflit d’intérêt… Par ailleurs, l'actuelle maire oublie toujours aussi consciencieusement de préciser qu’elle avait alors donné son accord pour cette opération à coût zéro, décidé en conseil municipal, alors qu'elle était adjointe au maire dans la précédente mandature. Dernier point, à mon avis le plus grave, sa diatribe permet de révéler le peu de compréhension des élus majoritaires de Forges vis-à-vis de l’aide nécessaire aux plus défavorisées. Elle et son équipe n‘ont, en effet, pas hésité à refuser très élégamment le prêt d’une salle municipale à Forges pour le Noël de ces populations (2). Cette navrante histoire, combinée au courrier assez lamentable adressée par Madame la maire aux associations, mélangeant approximations, sous-entendus, et attaques personnelles montre à quel point de déliquescence intellectuelle et - je le pense - morale, la commune est parvenue en seulement trois ans de mandature. Des associations méprisées, moquées, un traitement de faveur de certains et pas d’autres, bref tout cela me conduit à penser que Madame la maire et une partie de son équipe n’ont en aucun cas pris la mesure de la tâche et du rôle qui leur incombent.



Références :

1. On pourra consulter cette série de billets :

Côté association : du bon et du moins bon ! Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2022/05/cote-association-du-bon-et-du-moins-bon.html

Associations : Quand La Mairie Se Moque Du Monde (1)... Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2022/09/asociations-quand-la-mairie-se-moque-du.html 

Associations : Quand La Mairie Se Moque Du Monde (2)... Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2022/09/associations-quand-la-mairie-se-moque.html

Associations : Quand La Mairie Se Moque Du Monde (3)... Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2022/10/associations-quand-la-mairie-se-moque.html 

Associations : Quand La Mairie Se Moque Du Monde (4)... Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2022/10/associations-quand-la-mairie-se-moque_21.html

Un Certain Mépris Pour Le Monde Associatif. Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/05/un-certain-mepris-pour-le-monde.html



2. Pour Noël, les forgeois fragiles sont priés d'aller se faire voir... Ailleurs. Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2022/12/pour-noel-les-forgeois-fragiles-sont.html



Crédit illustration :

Imitville.com. Image libre de droits.

lundi 27 février 2023

ÇA SE PASSE À FORGES...



Je reprends ici, volontairement, le titre d'un groupe Facebook qui vient de se créer. Ne connaissant pas bien ce monde, je me fie aux informations données par des personnes de confiance qui ont contribué à sa création, ou qui en assurent la modération. À la différence d'autres groupes Facebook forgeois, soumis à une véritable censure par leurs administrateurs dont certains sont des élus ou des proches d'élus, le groupe « ça se passe à Forges » entend, lui, proposer une parole ouverte et libre à nos concitoyens. On ne peut donc que s'en féliciter, même si à titre personnel, j'aurais préféré que le groupe s'appelle « Cela se passe à Forges ».

Pour expliciter mon propos, je reproduis plus bas, in extenso, le message laissé sur ce groupe par un contributeur (ou plus probablement une, vu les adjectifs au féminin utilisés), qui publie sous le pseudonyme de Fifi Adamantium. Ce pseudo me rappelle mon adolescence, époque heureuse durant laquelle je lisais les « comics » de l'univers Marvel. Dans ce monde merveilleux, l'adamantium était le métal imaginaire le plus dur qui existait, et qui protégeait ainsi nombre de super-héros, et nombre de leur pendants maléfiques, les super-vilains ! 

Pour revenir au groupe Facebook en question, le message reprend telles que j'aurais pu les formuler, une partie des critiques qui me sont venues à l'esprit à la lecture du dernier opus du « Petit Forgeois », en particulier en regard de l'éditorial de Madame la maire. Ses propos me semblent tellement éloignés de notre quotidien, que j'en arrive à penser que non seulement l'équipe municipale vit dans un entre-soi délétère, comme je l'écrivais plus tôt, mais également dans ce qu'il est convenu d'appeler « une réalité alternative », un peu à l'image des complotistes antivax, ou d'un Donald Trump persuadé d'être entouré de satanistes... Voici donc, en italiques, ce texte qui analyse de façon assez chirurgicale la communication sur papier glacé de la municipalité, et qui en démontre (voire démonte) les approximations, pour ne pas dire les mensonges. Je n'ai modifié que quelques mots et erreurs typographiques et j'ai rajouté en caractères droits, entre crochets et après mes initiales YD, quelques remarques complémentaires.   

« Cela n'intéresse peut être que moi, mais je vais vous donner mes impressions sur le Petit Forgeois de cette dernière période :

Passons sur le ton auto-congratulatoire. Qui d'autre pourrait l'utiliser s'ils ne le font pas eux-même ?

- Tout d'abord Mme la Maire nous rappelle ses vœux en édito ce qui est louable puisque tout le monde n'a pas pu ou souhaité être présent lors de la cérémonie. Je suis tout de même dubitative devant cette phrase :  « être bienveillant et non moralisateur »... C'est un souhait que Mme Martin et son équipe devrait s'appliquer au premier chef étant données les preuves du contraire qu'ils donnent aux associations et une partie de leurs administrés ! [YD : c'est effectivement un point qui a fait bondir les représentants d'associations présents à la cérémonie, associations qui ont d'ailleurs été complétement oubliées par Madame la maire dans ses voeux, contrairement à ce qui se fait dans toutes les autres communes de la CCPL, démontrant ainsi le peu de cas fait à Forges de ces activités].

- Je trouve malheureusement regrettable le couac de distribution qui a fait atterrir le Petit Forgeois dans nos boites aux lettres au milieu de la première semaine des vacances scolaires alors qu'il indiquait le programme des activités de l'escapade culturelle pour celle-ci. il n'y a pas dû y avoir grand monde pour fêter mardi gras...

- Le projet d'une mutuelle communale est une très bonne idée ! Je vous encourage tous à répondre au questionnaire à ce sujet que vous trouverez sur le site de Forges.

- L'article indiquant les consignes d'urgences en cas d'accident d'un mineur est pour le moins inquiétant. On nous indique que les urgences pédiatriques du coin sont dans un tel état de délabrement qu'il vaut mieux encombrer le numéro d'appel d'urgence (15) que d'emmener son enfant à l'hôpital ! C'est une situation dont la mairie n'est en rien responsable mais qui ne doit, ne peut pas durer ! Il existe des collectifs de protection des hôpitaux alentours, il faut, à mon avis que nous nous investissions tous selon nos possibilités pour lutter contre le délabrement de nos services hospitaliers et particulièrement d'urgence ! [YD : c'est une excellente remarque, mais je pense qu'elle mérite d'être développée. Nous sommes ici dans ce que j'appelle le symptôme de la Poste. Une bonne partie de ceux qui se plaignent de la fermeture des hôpitaux ou des services publics, en général, sont les mêmes que ceux qui soutiennent au niveau national cette politique néfaste, en votant, ou appelant à voter pour ceux qui mettront en place des mesures libérales, visant à dégrader encore plus ces services publics].  

- La commune nous indique dans un petit encart de que le carrefour des solidarités a besoin de dons pour pouvoir continuer à fonctionner normalement et à venir en aide à ses bénéficiaires. Si cela paraît généreux de la part de la municipalité d'encourager les dons aux associations caritatives, c'est un peu vite oublier que celle-ci refuse depuis plusieurs années au carrefour des solidarités de tenir un stand de vente de jouets sur le marché de Noël de Forges et que les subventions de notre ville envers cette association n'ont fait que diminuer au fil des années de cette mandature (tout comme pour presque toutes les associations solidaires d'ailleurs)... [YD : pour la baisse des sub., je n'en sais rien ; il faudrait vérifier. Pour le marché, c'est une autre excellente remarque, mais qui sait que la municipalité a décidé d'exclure le monde associatif, y compris le monde à vocation caritative, des marchés de Noël, à part les lecteurs de ce blog] ?

- Que dire de l'article prônant la « modernisation des inscriptions aux évènements des aînés » ? Il semble que, comme toutes les administrations françaises, Forges ne fasse pas exception pour ce qui est de la numérisation à marche forcée. Sans vouloir faire de discrimination ou de généralité, il sont de nombreux retraités à ne rien comprendre à l'informatique. Or on nous annonce que les inscriptions aux évènements à destination de nos aînés leur seront « désormais communiquées par mail aux adresses transmises lors des colis de Noël ». Il ne me semble pas inutile de rappeler que certaines personnes fournissent une adresse mail aux administrations et autres parce que cela est demandé mais qu'elles ne les consultent pas ou très peu. Il me semble donc optimiste de penser que les aînés de Forges fassent exception à cette situation. Remarquez, la mairie pense que tous les parents d'élèves consultent préférentiellement Illiwap et Facebook ! [YD : je commence à me sentir concerné ! Même si je suis à l'aise avec l'informatique - je viens de me remonter un PC ce qui explique en partie le silence de ce blog - je ne comprends pas grand chose à Facebook, et surtout je ne comprends pas l'intérêt de mes concitoyens pour ces applications qui propagent nombre de mensonges... Ne disposant que d'un smartphone ancien, il semble que Illiwap ne fonctionne pas sur mon téléphone non plus. Bref, je fais partie des exclus de la com. municipale. Mais je ne m'en plains pas, à vrai dire].

- La double page sur le « plan de sobriété énergétique communal » est très intéressante. En effet, elle nous indique (avec des chiffres que nous devons croire sur parole) à quel point notre municipalité est écologique et travaille à la réduction des dépenses énergétiques et leur équivalent en gaz à effets de serre. Si la sobriété énergétique est indispensable dans l'administration publique et les travaux d'isolation de ses bâtiments incontournable, il ne faut pas oublier de dire que « l'optimisation de l'occupation des locaux municipaux » est passée par l'expulsion de nombre d'associations des salles qu'elles occupaient depuis de nombreuses années pour leur fonctionnement. Que dans les locaux qui sont encore prêtés, les chauffages sont interdits d'accès et les bénévoles et leurs bénéficiaires sont transis de froid en plein hiver. Que certains élèves de maternelle ont travaillé au moins une journée en manteaux dans leur classe où il faisait 13° au prétexte que les capteurs reliés à la mairie n'indiquaient pas cette température. Je suis personnellement inquiète quand on me dit que la municipalité compte aller encore plus loin durant les prochaines années en matière d'économies d'énergie... Qui devra en pâtir ? [YD : on peut aussi ajouter que l'installation de chaudières à gaz, à deux ans de distance de leur interdiction dans les collectifs, est un mauvais calcul]... 

- Il est très agréable de voir les artisans et les entreprises locales mises en avant dans le Petit Forgeois ! 

- Je déplore tout de même deux absents dans notre magasine municipal : d'une part, pas un mot n'est prononcé pour les milliers de morts et de déplacés turcs et syriens à cause des tremblements de terre. On aurait pu espérer qu'une municipalité qui a fait tant d'actions pour les réfugiés ukrainiens (et contre l'établissement du centre d’accueil et d’orientation) aurait remué ciel et terre pour ces pauvres gens traumatisés et sans abri [YD : pas le bon profil, ces braves gens, pour être aidés, et pas trop vendeur, pour le journal local sans doute] ! D'autre part, et c'est plus étonnant, pas un mot non plus n'est prononcé en hommage à Christiane Jullien. Cette forgeoise impliquée dans la vie de la commune comme peu de gens s'impliquent dans une vie, qui a accompagné nombre de jeunes et inspiré tellement de nos concitoyens n'a droit qu'à une ligne sous son nom de naissance dans la rubrique nécrologique de notre journal. Seuls les élus minoritaires d'une vision pour Forges ont préféré lui rendre hommage plutôt que d'utiliser les rares lignes qui leurs sont octroyées légalement pour parler politique locale. Merci à eux ! Village Forgeois, après nous avoir indiqué qu'il ne servait à rien d'essayer s'opposer à la municipalité actuelle consacre tout de même 4 lignes à un petit éloge à la mémoire de Christiane. Heureusement que les élus de l'opposition sont là pour rendre hommage aux bénévoles associatifs » [YD : c'est bien pour cette raison que j'avais consacré à Christiane tout un article de ce blog].

On peut bien sur être d'accord ou pas avec ce qui est écrit au dessus par le contributeur ou la contributrice. Au moins, est-ce possible sur ce groupe Facebook, et on ne peut que se réjouir qu'un espace de liberté démocratique s'ouvre, alors que ceux-ci se réduisent de plus en plus dans notre commune, avec la diminution de la place laissée à l'opposition dans le journal, ou le refus de prêt de salle à certaines associations au motif qu'elles seraient politiques ou militantes... Ha, j'oubliais : bienveillance parait-il !




lundi 13 février 2023

CONTRE RÉFORME DES RETRAITES :
DES PISTES EXPLICATIVES


Dans deux articles récents de ce blog, je m'étonnais de l'obstination gouvernementale à vouloir faire passer « quoi qu'il en coûte » une contre-réforme des retraites injuste et inutile, au vu des justifications proposées. Ainsi, contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, plusieurs éléments me laissent penser que l'objectif final n'est pas réellement la préservation du système de retraite  « à la française ».

Autant le dire tout de suite, je ne suis pas un spécialiste pointu des retraites. En revanche, je suis tout à fait capable de lire des rapports. J'ai donc parcouru ceux du conseil d'orientation des retraites (COR) et je constate que quelles que soient les options retenues, et à moins d'un effondrement général de l'économie, il n'y a pas un péril majeur en la demeure. Certes, le système présente un déficit léger entre maintenant et 2030, plus creusé entre 2030 et 2050, date d'un retour à l'équilibre, mais celui-ci est compensable par plusieurs mesures sans contrainte sur l'âge de départ imposé. Si l'on se limite aux aspects techniques, il existe au moins deux autres façons de réduire ce déficit limité. La première est la baisse des pensions. Cette option ne peut cependant être retenue pour les retraités modestes ou pauvres, particulièrement dans un contexte inflationniste dont on ignore la magnitude et la durée. La seconde possibilité est la hausse des cotisations, option qui semblerait être favorisée par une majorité de Français, selon un sondage récent (1), et qui présente l'avantage d'être modulable en fonction des revenus salariaux. En d'autres termes on pourrait, pour les petits et les moyens salaires, proposer une augmentation très limitée de la cotisation retraite (de l'ordre de 10 € par mois coté salarié et côté patronal), et une augmentation plus forte pour les revenus supérieurs (jusqu'à 150 ou 200 euros mensuels pour des revenus supérieurs à 5000 euros mensuels à partager entre employeurs et employés). Cette option mise en avant par les économistes tel que M. Michaël Zemmour (2) est également proposée par le club des « économistes atterrés » (3).

En termes de recettes, il existe aussi au moins deux autres options envisageables. La première consiste à faire cotiser l'ensemble des revenus salariaux. N'oublions pas que de très nombreux revenus font l'objet d'exonérations de cotisations sociales. Les heures supplémentaires et complémentaires des salariés sont, je cite ATTAC : « exonérées de cotisations sociales salariales d’assurance vieillesse-veuvage et de retraite complémentaire dans la limite de 11,31 %. Existe aussi une déduction forfaitaire patronale pour heures supplémentaires : 1,50 % de déduction forfaitaire par heure supplémentaire ou 10,50 € par jour de repos auquel il est renoncé [...] Les estimations d’exonérations de cotisations sociales sont de l’ordre de 75 milliards € par an, dont 17 milliards concernent les cotisations vieillesse. Cela représente un potentiel de cotisations sociales supplémentaires pour toutes les branches de la Sécurité sociale. D’autre part, les cotisations vieillesse disparaissent au-dessus du plafond de la Sécurité sociale. En ce qui concerne l’assurance vieillesse, ces 17 milliards couvriraient largement le défit annoncé (4)». Dans le même ordre d'idées, ATTAC propose également de réfléchir à l'option de faire cotiser à l'assurance vieillesse, à taux identique à celui des revenus salariaux, les sommes issues de l’intéressement et de la participation. Selon leurs chiffres, les montants récupérables seraient de l'ordre de 6,5 milliards d'euros. Si on ajoute cette somme aux 17 milliards mentionnés plus haut, on disposerait de 23,5 milliards de rentrées complémentaires pour la caisse nationale d'assurance vieillesse. ATTAC indique que cette somme permettrait de combler près de deux fois le déficit annoncé (4).

La seconde option de recettes complémentaires vise à faire cotiser les dividendes reçus par les actionnaires. Là aussi, ATTAC a fait ses calculs. Se fondant sur le montant des profits distribués en 2019 et 2021, et « si on appliquait le taux de cotisation vieillesse de 28,1 %, ce sont respectivement pour ces deux années 31,9 et 31 milliards qui s’ajouteraient au montant des cotisations » (4). L'association précise que cette proposition ne fait pas consensus au sein du mouvement social pour plusieurs raisons. À titre personnel, cependant, j'y vois une logique, puisque les bénéfices distribués sont bien issus du travail des salariés, et qu'ils devraient dès lors cotiser comme tels. En d'autres termes, comme le dit ATTAC, « l’idée principale de l’élargissement de l’assiette des cotisations sociales est donc qu’il ne rompt pas le lien entre le travail et la cotisation ; simplement, il accroît la masse salariale et son poids relatif dans la valeur ajoutée nette par un déplacement du curseur au sein de celle-ci ». 

À ce stade, on observe donc qu'il existe une multitude de pistes - et encore en n'ai-je exploré qu'une partie - qui permettraient d'assurer un financement pérenne du système de retraite pour les 30 années à venir. Il faut donc revenir à la question que je posais en en-tête pour essayer de comprendre pourquoi ces propositions ne sont pas retenues. Ma réponse à la question est qu'il ne s'agit en aucun cas de sauver le système de retraite, mais de faire de grosses économies sur le dos des retraités, afin d'assurer des financements complémentaires au budget national. Les sommes ainsi dégagées du PIB pourront alors être réaffectées à d'autres usages, et en particulier aux aides massives aux entreprises. Rappelons, d'ores et déjà, les sommes en jeu. En 2018, le montant de ces aides évoqué par des représentants de l'État se montait à 140 milliards d'euros, ce qui représentaient alors « l’équivalent de 5,6 % du PIB, en augmentation de 215 % sur un tout petit peu plus de 10 ans, soit une croissance annuelle moyenne de 7,2 % par an » (5). En 2021, et selon l'Institut de Recherches Économiques et Sociales (IRES), ces aides ont atteint la somme incroyable de 157 milliards d'euros. La loi de finances 2023 apporte également son lot de défiscalisations supplémentaires, en particulier au travers de la suppression définitive de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, et ce sur les deux ans à venir. Cette suppression représente à elle seule un manque à gagner annuel d'environ 15 milliards d'euros soit à peu près l'équivalent du déficit prévu des retraites jusqu'en 2030...Comment donc ne pas être d'accord toujours avec Michaël Zemmour quand il parle d'une stratégie délibérée de mise en déficit du système des retraites (6)

Tout se passe donc comme si l'actuel gouvernement était en train de transférer une part du salaire différé qu'est la retraite pour le reverser sous forme de nouvelles exonérations aux entreprises. La contre réforme des retraites ne constitue donc, ni plus ni moins, qu'une privatisation des revenus des salariés - et des fonctionnaires - au bénéfice d'intérêts privés. Le tout pour des montants qui constituent, eux, véritablement « un pognon de dingue » !


Références :


1. Grégoire Poussielgue. Retraites : les Français favorables à une réforme, mais pas à celle d'Emmanuel Macron. Les Echos. Janvier 2023.
Consultable en ligne :
https://www.lesechos.fr/politique-societe/emmanuel-macron-president/sondage-exclusif-retraites-les-francais-favorables-a-une-reforme-mais-pas-a-celle-demmanuel-macron-1897646

2. Michaël Zemmour. Combien de cotisations faudrait-il pour équilibre le système en 2027 ?
Alternatives économiques. Octobre 2022.
Consultable en ligne :
https://blogs.alternatives-economiques.fr/zemmour/2022/10/27/combien-de-cotisations-faudrait-il-pour-equilibre-le-systeme-en-2027

3. Les économistes atterrés. Dossier retraite.
Consultable en ligne:
https://www.atterres.org/themes/retraites/

4. Jean-Marie Harribey. Faire cotiser… Attac. Février 2023.
Consultable en ligne:
https://france.attac.org/nos-publications/petites-fiches/article/fiche-faire-cotiser

5. Maxime Combes. Plus de 140 milliards d’euros par an : la hausse exponentielle des aides aux entreprises. LVSL. Juillet 2022.
Consultable en ligne:
https://lvsl.fr/plus-de-140-milliards-deuros-par-an-la-hausse-exponentielle-des-aides-aux-entreprises/
 
6. Jules Brion. Il y a une stratégie de mise en déficit du système de retraites - Entretien avec Michaël Zemmour. Avril 2022.
Consultable en ligne:
https://lvsl.fr/il-y-a-une-strategie-de-mise-en-deficit-du-systeme-de-retraites-entretien-avec-michael-zemmour/


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Dessin personnel sur une affcihe vue en manifestation








dimanche 12 février 2023

UN MILLION SELON LES ORGANISATEURS, DIX MILLE SELON LA POLICE...



En cette période de manifestations contre la « contre-réforme » des retraites, on observe fréquemment dans les médias la publication de chiffres de participation très différents selon que l'on évoque le comptage des autorités ou le comptage des organisateurs. Il peut cependant y avoir des explications rationnelles à cette guéguerre des chiffres.

Je me réfère tout d'abord à un article publié par le collectif de chercheurs et d'enseignants du supérieur, Rogue ESR. Dans cet article, le collectif explique comment sont faits les comptages. Ce qui suit, en italiques, est un copié-collé de leur site et d'une section intitulée « La solution de l’énigme des manifestants manquants » (1), avec de petites modifications de présentation qui n'altèrent pas le sens de l'article.

« En résumé, la police compte manuellement, mais de manière robuste, le nombre de personnes qui défilent sur la chaussée en un point choisi des manifestations : il s’agit d’un comptage temporel. À Avignon, France bleu et France 3 ont effectué un comptage spatial en mesurant la densité de manifestants et en la multipliant par la surface occupée par la manifestation. Ils obtiennent un nombre de manifestants 2 à 4 fois supérieurs à celui de la police et légèrement inférieur au comptage des syndicats. À Paris, un cabinet de marketing politique, Occurrence, compte lui aussi, et souvent au même endroit que la police, le nombre de participants au défilé mais avec une méthode automatique ; celle-ci, très précise à petite densité de personnes, retourne des nombres sans rapport avec la réalité du nombre de manifestants lorsque la foule est dense. L’énigme est simple : à Paris, ces mesures ne reflètent pas l’ampleur exceptionnelle des manifestations ».

Quelles explications peuvent elles être proposées ? Le collectif suggère que les systèmes de comptages de la police et du cabinet Occurrence saturent lors des manifestations de grande ampleur. Il s'appuie pour cela sur la comparaison du nombre de manifestants en province et à Paris, ce pour des causes d'intérêt national. Je cite de nouveau Rogue ESR (1) : « La figure [en illustration] permet d’apporter une solution à cette énigme. Elle indique (ronds bleus) le nombre de manifestants à Paris en fonction du nombre de manifestants en région selon la police. En dessous de 600 000 manifestants en région, tout semble cohérent*. Le nombre de participants au cortège parisien est proportionnel au nombre de participants dans le reste de la France, et ce, en rapport des populations. Mais pour les manifestations gigantesques, le dénombrement de la police ne croît plus, il sature, tout en conservant une cohérence, idéalisée par la courbe en pointillés. Les nombres obtenus par Occurrence avec un système incapable de dénombrer les personnes à haute densité de foule perdent, eux, toute rationalité**.

Comment interpréter cette saturation du comptage de la police ? Tout se passe comme si il existait un phénomène d’embouteillage conduisant à un flux maximal de manifestants sur les grands boulevards parisiens, autour de 5 manifestants par seconde soit 72 000 personnes commençant à défiler entre 14h30 et 18h30. C’est peu, mais ce flux est en unités de comptage policier. Tous les autres manifestants se rassemblent, mais finissent après quelques heures de piétinement par renoncer. La police a le grand mérite de produire un nombre qui présente une forme de reproductibilité mais qui n’est ni le nombre de manifestants, ni proportionnel à celui-ci. Le cabinet Occurrence, quant à lui, produit beaucoup de bruit pour rien. Et finalement, pourquoi se concentrer systématiquement sur les mobilisations des grandes métropoles, quand celles des petites villes sont plus significatives encore de l’ébullition du pays ».

Je peux également citer un cas qui m'avait frappé lors d'une manifestation de membres de la recherche et de l'enseignement supérieur à Paris. A l'issue de la manifestation organisée par une intersyndicale et donc par un syndicat auquel j'appartenais, les policiers des Renseignements Généraux (à l'époque), fort aimables au demeurant, étaient venus nous voir pour nous demander notre estimation du nombre de participants. Je ne me rappelle plus le chiffre exact, mais nous avions dit de l'ordre de 10 000 personnes. Les représentants des RG nous avaient alors indiqué que leurs comptages donnaient la même valeur. Le soir, la radio et la télévision annonçaient que la préfecture avait compté 5 000 manifestants ! Ceci me fait supposer que les chiffres réels peuvent parfois être manipulés, non pas par la police, mais par les politiques, en en l'espèce le ministère de l'Intérieur, pour des raisons de... basse politique.

D'un autre côté, il est juste de dire que le « gonflage des chiffres »par les organisateurs permet de maintenir la pression exercé par le mouvement social sur les décideurs. Ce gonflage peut d'ailleurs être très marqué, comme l'a révélé une étude menée par M. Thomas Legrand, éditorialiste politique à France Inter, menée en 2017. Les chiffres donnés par la police étaient sensiblement équivalents à ceux donnés par des journalistes compteurs de Marianne, un média plutôt classé « à gauche » (30 000 pour la police, 57 000 pour les journalistes, 150 000 pour les organisateurs; 2). Reste que la dérive entre les chiffres officiels et ceux des organisateurs semble réelle pour les manifestations de grande ampleur et, surtout, à forte densité de population.

Ne nous y trompons pas : la guéguerre des chiffres est importante. Elle permet aux médias dits « mainstream », en général peu favorables aux mouvements sociaux, de les crédibiliser ou de les décrédibiliser, selon l'intérêt de leurs propriétaires. Egalement, pour reprendre un discours plus scientifique, en générant du « bruit », les questions de comptages permettent d'affaiblir le signal. C'est ce que dit le collectif Rogue ESR : « les comptes-rendus journalistiques du mouvement massif en faveur de la préservation du système de retraites ont été pollués par une question destinée à nous détourner des enjeux du moment : le comptage des manifestants ». Parce que le vrai problème, effectivement, n'est pas de savoir si il y a eu 750 000 manifestants en France, ou 2 millions. Le problème est de savoir pourquoi le gouvernement s'acharne dans les médias comme à l'Assemblée, pour faire passer à force de bobards (système en faillite), d'artifices législatifs (le budget de la sécu!) et de 49.3, une soi-disant « réforme », inutile, injuste et très impopulaire. Ne serait-il pas tout simplement, et d'une certaine façon, en train d'enfoncer des clous dans le cercueil de la démocratie ?


Notes :

* La figure représente le nombre de manifestants à Paris, selon les comptages de la police et d’Occurrence, en fonction du nombre de manifestants en région (France moins Paris) mesuré par la police. La zone orange représente la loi de proportionnalité Paris vs. région tirée des mesures pour les petites manifestations. La pente de 0,16±0,02 coïncide raisonnablement avec le rapport entre la population d’Ile-de-France n’ayant pas de manifestation plus proche que Paris et la population vivant en région. La courbe en pointillés correspond à une loi présentant une saturation du nombre de personnes comptées dans le défilé parisien, ajustée sur les mesures de la police.


** Les dénombrements faits par Occurrence aux grands nombres donnent, en effet, des valeurs très inférieures à celles des dénombrement effectués par les force de l'ordre...



Références :

1. Compter pour quelqu’un. Collectif Rogue ESR. Février 2023.
Consultable en ligne
https://rogueesr.fr/20230211-2/

2. Thomas Legrand. Affluence aux manifestations : il faut que la presse se donne les moyens de publier les vrais chiffres… France Inter. Septembre 0217.
Consultable en ligne
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique/manifs-il-faut-un-chiffre-de-la-presse-6955364


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Référence 1.
https://rogueesr.fr/20230211-2/

samedi 4 février 2023

SCOLAIRE FORGEOIS :
T'AURAIS PAS DEUX MILLE EUROS ?



J'ai récemment appris que le rectorat avait pris la décision d'ouvrir une nouvelle classe en maternelle. Suite à celle-ci, la municipalité a entrepris des travaux pour l'agrandissement de l'école. Si je suis très heureux que cette opération ait pu être menée à bien dans cette mandature, il reste à noter qu'un premier agrandissement avait été également été réalisé dans la mandature précédente, contrairement à ce que certaines rumeurs semblent vouloir propager. Quoi qu'il en soit, c'est une très bonne nouvelle, qui permet donc de desserrer quelque peu les effectifs de chaque classe de maternelle.

L'ouverture de la septième classe est une excellente chose pour la commune. Si le bâti est maintenant existant, il reste à équiper la classe en tables, chaises et éventuellement armoires nécessaires au fonctionnement scolaire. Une de mes relations m'a contacté car elle a appris que la directrice d'école avait sollicité les élus communaux pour acheter ce matériel pour un montant qui avoisinerait 2000 €. Très curieusement, il semblerait que la directrice se soit heurtée dans un premier temps à une fin de non-recevoir au motif qu'il n'y aurait aucun budget permettant cet achat. Devant son insistance, la commune aurait cependant décidé de réaliser ces achats.

En lien avec ce possible « couac », quelques éléments me semblent nécessaires pour re-situer le problème. Tout d'abord, l'équipement de cette classe est strictement du ressort de la municipalité, et en aucun cas de l'éducation nationale. C'est une obligation à laquelle la commune ne peut déroger. Ensuite, il faut savoir qu'en cette période de l'année, le budget 2023 n'est en général pas encore voté, même s'il pourrait l'être car il n'y a pas d'interdiction légale à proposer le budget de l'année N au vote, en décembre de l'année N-1. Il manque cependant à cette époque un certain nombre de données, susceptibles d'entraîner en année N, avec une forte probabilité, le vote d'un budget modificatif. Pour mémoire, le budget doit tout d'abord faire l'objet en conseil municipal d'un débat d'orientation budgétaire (DOB). Ce DOB, qui ne fait pas, lui, l'objet d'un vote mais seulement de débats, présente les grandes lignes du budget réalisé et les orientations à venir du budget communal. Ces tendances concernent autant le fonctionnement que l’investissement. Ceci permet au conseil, dans un délai de deux mois, d’appréhender le budget primitif, c'est à dire le budget prévisionnel de l'année N à venir, ou en cours. Ce budget sera voté (ou non) en général avant le 15 avril. 

Cette rigidité fonctionnelle, voulue par la loi, fait qu'un œil non averti pourrait penser qu'il est impossible, pour une collectivité territoriale (telle une commune) de disposer d'un budget en fonctionnement comme en investissement, avant le vote du budget, c'est à dire au mieux avant fin mars ! On comprend bien qu'une telle situation entraînerait un blocage fonctionnel pendant un tiers de l'année en cours, puisque le budget ne devient disponible qu'après le vote et sa validation par le contrôle de légalité préfectoral. Heureusement, dans sa grande sagesse, le code général des collectivités territoriales (CGCT) a prévu cette situation. L'article L1612-1 stipule en effet que : « dans le cas où le budget d'une collectivité territoriale n'a pas été adopté avant le 1er janvier de l'exercice auquel il s'applique, l'exécutif de la collectivité territoriale est en droit, jusqu'à l'adoption de ce budget, de mettre en recouvrement les recettes et d'engager, de liquider et de mandater les dépenses de la section de fonctionnement dans la limite de celles inscrites au budget de l'année précédente ». Traduit en français, cela signifie que la commune peut - et heureusement - continuer à payer ses dépenses de fonctionnement, dont les salaires des personnels.

L'achat du matériel scolaire s'inscrit cependant, à mon sens, dans le cadre de dépenses d'investissement. Le même article du CGCT indique qu'en l'absence d'adoption du budget avant le début de l'année civile « l'exécutif de la collectivité territoriale peut, sur autorisation de l'organe délibérant, engager, liquider et mandater les dépenses d'investissement, dans la limite du quart des crédits ouverts au budget de l'exercice précédent, non compris les crédits afférents au remboursement de la dette ». Là aussi, traduit en français plus compréhensible, cela signifie qu'il est possible pour la commune de disposer pour ses investissements de début d'année, d'un budget maximal représentant le quart du budget « investissement » de l'année précédente, sous réserve cependant que cette décision ait été votée au conseil municipal. Or, sauf erreur de ma part, l'examen des comptes-rendus du conseil municipal de Forges ne montre pas qu'un tel vote ait eu lieu. Il se pourrait donc que notre commune soit effectivement dans l'incapacité de passer commande du matériel nécessaire à l'équipement de la classe maternelle. A noter : cette disposition n'est pas nécessaire si on fonctionne en budget pluriannuel d'investissement. Pour être très honnête, je ne sais pas si tel est le cas à Forges, mais j'en doute pour ce type d'investissement.

J'ai donc suggéré à la personne qui m'a contacté de solliciter les associations de parents d'élèves pour que celles-ci s'adressent directement à Madame la maire de Forges les Bains. Cette dernière peut en effet convoquer d'urgence une réunion du conseil municipal avec pour seul objet le vote de la délibération relative à l'article L 1612-1 du CGCT.

Au-delà des quelques 2000 € de l'achat des équipements scolaires refusés, ce vote est particulièrement important dans la mesure où la commune n'est pas en capacité aujourd'hui de procéder à des dépenses d'investissement. Ainsi, faute de vote, remplacer une chaudière d'un local communal si celle-ci venait à lâcher définitivement, n'est pas possible. Sous réserve, là aussi, que ma mémoire ne me fasse pas trop défaut, s'il s'agit d'une simple panne, il existe des dispositions qui permettent de considérer que la réparation courante est une dépense de fonctionnement, et qu'elle est donc effectuable. La condition sine qua non pour cela est que cette réparation, même si elle est quelque peu coûteuse, n'augmente pas la valeur du bien réparé. Je le redis pour les non spécialistes, la différence entre investissement et fonctionnement n'est pas liée aux montants en jeu, mais à la définition, au type même des achats ou dépenses prévues.

En lien, je repense ici à la décision de dissoudre la caisse des écoles. Si l'on avait conservé cette structure communale, et si on l'avait abondée de façon cohérente, il aurait été probablement possible d'acheter ses fournitures sur le budget, ou via une péréquation de lignes. Curieusement d'ailleurs, les actions de la caisse des écoles, souvent menées par des bénévoles, soit dit au passage, permettaient de dégager un bénéfice de 2000 à 3000 euros par an. On sait que l'actuel conseil municipal s'est empressé de voter la dissolution de cette caisse. Il est encore temps de revenir sur cette décision, à mon sens stupide. Encore faudrait-il que la volonté soit là...


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Dessin personnel sur la base d'une image libre de droit

mercredi 1 février 2023

PATRIMOINE FORGEOIS. I. LA VILLA « LES ROSES », LA CGT ET LE PCF


Pour égayer un peu la morosité ambiante, entre contre-réforme des retraites, météo hivernale et naufrage municipal, je me suis dit qu'il serait sans doute motivant de s'intéresser au patrimoine forgeois, d'autant que le PNR vient de publier une remarquable étude sur le sujet (1). Mon approche est différente de celle du PNR, n'ayant ni le temps, ni les connaissances, ni les compétences suffisantes pour mener à bien une telle étude, que je recommande, ceci dit, à mes lecteurs.

Je m'étais néanmoins intéressé au  patrimoine lorsque j'ai rédigé la majeure partie de la page Wikipédia de la commune, voilà maintenant une bonne demi-douzaine d'années, en me fondant sur le travail de recherche de Madame Marcelle Petit (2). Cette page de l'encyclopédie libre liste les personnalités ayant vécu ou séjourné à Forges. Parmi celles-ci, je m'étais intéressé à Benoît Frachon. Le nom ne parle peut être pas à tous mes lecteurs, mais en cette période de revendication, il m'a semblé intéressant de rappeler qu'il a été membre du parti communiste français, l'un des leaders de la CGT, et l'un des participants majeurs aux accords de Matignon, signés en 1936. Ces accords ont profondément marqué l'historie du syndicalisme et du monde du travail en organisant un vrai droit syndical, une liberté d'appartenance et d'exercice de ce droit, et en instauration également le statut de délégué du personnel, pour ne citer que quelques éléments.

Ne voulant pas passer pour un historien affirmé, même si j'en connaissais les grandes lignes, je précise que je tire tout ce qui figure dans ce paragraphe des pages Wikipédia concernant différents membres de la CGT et du parti communiste français (PCF, 3) et de l'intéressant, mais très politique site « Le Maitron » (4). Avec le déclenchement de la seconde guerre mondiale, le syndicalisme français se déchire. À la CGT, s'opposent deux « lignes » : celle du secrétaire général, Léon Jouhaux, futur prix Nobel de la paix, et celle de Benoît Frachon, ce dernier refusant, malgré son positionnement clairement antifasciste, de désavouer le pacte germano soviétique (ou accord Ribbentrop-Molotov). Ce dernier est alors déchu de son mandat de secrétaire de la CGT par Léon Jouhaux en 1939. Lorsque la guerre éclate, les pétainistes dissolvent la CGT et Léon Jouhaux part alors organiser une résistance dans le sud de la France. Il sera arrêté en 1941 et mis en résidence surveillée par le gouvernement de l'État Français, puis remis au forces nazies en 1943. Il sera interné dans des conditions relativement privilégiées à Buchenwald, puis dans le Tyrol autrichien, là aussi dans des conditions favorables. Il sera libéré en 1945 par les forces américaines. Les personnalités qui reprennent le flambeau durant cette guerre, sont, entre autres, Benoît Frachon, Jacques Duclos (membre du PCF, puis du PCF clandestin), Maurice Tréand (chargé par l'Internationale Communiste de enter une démarche auprès des Allemands pour la reparution légale de l’Humanité, sans succès, puis évincé), et surtout Arthur Dallidet (grand organisateur du maintien du PCF dans la clandestinité, arrêté et fusillé par les nazis en mai 1942) et Charles Tillon (membre éminent du PCF et de la CGT, qui lancera un appel à la résistance dès 1940).

Fin 1940, suite aux arrestations des militants syndicaux et communistes, le PCF et la CGT entrent dans la clandestinité, sous l'autorité efficace, comme indiqué plus haut, d'Arthur Dallidet. L'histoire du PCF croise alors celle du Hurepoix, et celle de notre commune. Je tire tout ce qui suit, cette fois-ci, de l'excellent livre de M. Emmanuel de Chambost, un ancien limourien, intitulé « La direction du PCF dans la clandestinité », publié aux éditions L'Harmattan (5). Pour assurer la subsistance des militant et cadres, les responsables du PCF prennent des contacts avec des fermes en Bretagne, mais aussi dans notre région. Ces fermes permettent, outre un approvisionnement des clandestins, de stocker du matériel, et d'héberger des résistants ou des soldats alliés. Ainsi, une imprimerie clandestine fut installée à Gometz la Ville, plus précisément dans un ferme du hameau de Beaudreville. A l'époque, tout le plateau était couvert de champs, Chevry n'existait pas et cette situation permettait un accès assez facile à Paris via la ligne de Sceaux. Pour cette raison, après différentes pérégrinations, Charles Tillon se cache à Palaiseau, dans le quartier du Bout-Galeux début 1941, puis il s'installe à Limours début 1942, au 7 de l'avenue du Valmenil, devenue ensuite Boulevard du général Leclerc (dessin d'illustration tiré de 5). Ironie de l'histoire, ou de l'Histoire, ils y remplacent des officiers et sous-officiers allemands affectés au centre de transmission hertzien situé entre Limours et Gometz. À Limours, Charles Tillon se fait passer pour William Rocheteau, artiste peintre en recherche d'inspiration. Jacques Duclos s'installe à Villebon sur Yvette fin 1941, à la villa Oasis . Benoît Frachon est arrivé, lui, dans notre commune en septembre 1941. Il s'y est installée avec son épouse, au 58 route de Briis, devenu depuis le 58 rue du Dr. Babin. La maison en illustration tout en haut de ce billet, est bien décrite dans l'ouvrage en référence (5), comme bâtie sur deux niveaux et « par suite de la déclivité du terrain, le niveau du bas qui comprend une cuisine, une salle et une petite cave coté rue, donne directement sur le jardin alors qu'une sorte de perron sur le côté de la maison donne accès directement à l'étage supérieur où sont aménagées trois chambres. A l'arrière de la maison, un long jardin bordé de peupliers (5)»... Cette maison et celle de Limours existent toujours.


A Forges, Benoît Frachon vit seul, car sa femme part s'installer en zone sud de la France, pour des raisons de sécurité, en 1942. Ceci permit à Benoit Frachon de se faire passer pour Monsieur Teulet, ancien entrepreneur de transport, et « de se présenter aux yeux des citoyens de Forges Les Bains, comme un retraité usé, et qui plus est veuf » (5). Parmi ses voisins immédiats, se trouvent Madame Pelletier et sa fille adoptive Maria. « La mère Pelletier », comme l'appelait les Forgeois, bavarde et curieuse, appréciait Benoit Frachon, « ce proche voisin, qui laissait percer une humeur bonhomme sous une apparence austère... » (5). Egalement, dans tout proche voisinage, un certain Monsieur Delmas possède une belle propriété. Son fils, fonctionnaire contractuel au ministère des finances, puis inspecteur de finances depuis mars 1943, oeuvre en sous-marin au ministère des finances du gouvernement de Vichy. Il transmet des renseignements importants à la résistance, puis il coordonnera les interactions entre les FFI et les alliés. Il apparaîtra à la fin de la guerre sous son nom de résistant, Chaban, qu'il associera à son nom de famille pour devenir Jacques Chaban-Delmas, et d'entrer en politique...

Revenons à nos ténors du PCF. C'est donc en grande partie de Limours, de Forges, de Palaiseau et de Villebon, que le PCF organise sa survie, en lien avec leurs contacts en Union Soviétique, et ce jusqu'à la fin de la guerre. En 1943, les communistes entrent au Conseil National de la Résistance (CNR), grande oeuvre de Jean Moulin. A l'issue de la guerre, Charles Tillon fut nommé ministre. Benoit Frachon s'impliqua massivement dans l'activité syndicale. Il dirigea en tandem avec Léon Jouhaux une CGT resortie de la clandestinité, jusqu'en 1947, date à laquelle ce dernier, avec d'autres, fit « sécession » pour former la CGT-FO, devenue depuis FO. N'oublions pas également que ce sont les communistes, et en particulier Charles Tillon, qui créèrent et organisèrent les FTP, en s'appuyant sur les fichiers du parti et de l'Internationale Communiste. Il fût aidé de nombreux militants tels que Danielle Casanova, Albert Ouzoulias et Eugène Henaff. Les premières réunions de création, fin 1941, eurent lieu à Chevreuse, à proximité du château de la Madeleine, puis à Saint Rémy Les Chevreuse, Arpajon, Lardy, etc. Pour cela, les déplacements se font souvent à pied ou... à vélo, d'où le second titre de l'ouvrage de référence : « les cyclistes du Hurepoix ». Pour les lecteurs que les quelques éléments relatés dans ce blog auraient intéressés, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce remarquable ouvrage, où se mêlent l'Histoire de France du XXe siècle, et l'histoire de notre commune et celle des communes environnantes.

Un denier point. Je reviens sur les accords de Matignon, en 1936, pour rappeler qu'ils ont également concerné l'instauration des futures conventions collectives, l'obligation de non-sanction pour fait de grève, le passage de la durée du travail à la semaine de 40 heures, accompagnée de congés payés pour un total, à l'époque, de 15 jours par an. Pour ceux qui auraient tendance à cracher sur le monde syndical, surtout en ce moment, ces précisions rappellent que peu, voire aucune, avancée sociale n'a été obtenue sans solidarité et sans lutte...


Références et remerciements :

1. Parc Naturel Régional De La Haute Vallée De Chevreuse. Note patrimoniale.
https://www.forges-les-bains.fr/wp-content/uploads/2023/01/Forges-les-Bains_synthese_patrimoniale.pdf

2. Marcelle Petit. Forges-les-Bains : Son histoire, son église, ses hameaux, t. I. 1991.
Marcelle Petit, Forges-les-Bains : Les seigneurs, les eaux, l'hôpital, la famille Tolstoï, t. II. 1991.
Marcelle Petit, Forges-les-Bains : Forges au XXe siècle, les Temps modernes, t. III. 1993.
Marcelle Petit, Forges-les-Bains : L'avenir de Forges, t. IV. 1995. Editions Soleil Natal, Etrechy.

3. Pages Wikipedia consultées :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Tillon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Dallidet
https://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_Frachon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Tr%C3%A9and
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Duclos
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Jouhaux

4. Pages Le Maitron consultées
https://maitron.fr/spip.php?article23690
https://maitron.fr/spip.php?article49975
https://maitron.fr/spip.php?article21319

5. La direction du PCF dans la clandestinité (1941-1944) - "les cyclistes du Hurepoix", Emmanuel de Chambost, Dessins de Vanessa Pinheiro, Collection Mémoires du XXe siècle, © L’Harmattan, 1997.
La direction du PCF dans la clandestinité (1941-1944) - "Les cyclistes du Hurepoix", Emmanuel De Chambost - livre, ebook, epub (editions-harmattan.fr)

Je remercie très vivement les éditions l'Harmattan qui m'ont gracieusement autorisé à reproduire des extraits du livre, texte et dessins.

Merci aussi à Claire et Jean-Marc Chabrier pour m'avoir prêté cet ouvrage !


Crédits illustration :

Les dessins des bâtis sont tous deux tirés de la référence 5, ci-dessus.
En haut la villa Les Roses à Forges, avec Benoît Frachon au centre, et « la mère Pelletier » en discusson avec lui.
Au milieu du texte, la maison de l'avenue du Valmenil à Limours, avec Charles Tillon en tandem, avec Marie-Louise Camaillat, dite Colette, sa compagne.



mercredi 25 janvier 2023

UNE COMMUNICATION MUNICIPALE TOUJOURS AUSSI COMPLIQUÉE !



Jeudi dernier, nous avons connu un mouvement de grève d'une ampleur marquée, en réponse au projet de « contre-réforme » de l'accès à la retraite. Anticipant ce mouvement, une association de parents d'élèves, la FCPE pour ne pas la nommer, avait écrit à ses membres pour leur demander, si l'enseignante était gréviste, de ne pas envoyer leurs enfants à l'école dans la mesure du possible, afin de ne pas surcharger les classes ouvertes. À partir de là, les échanges avec la mairie deviennent intéressants...

Deux jours avant la grève, soit le mardi 17 janvier, et suite aux demandes de nombreux parents, l'association écrit à la mairie pour demander quels sont les services assurés normalement et quels sont ceux qui ne le seront pas. Une réponse rapide ne venant pas, la FCPE publie sur ses réseaux et diffuse un message indiquant qu'en l'absence de communication du périscolaire, il était raisonnable de se préparer à une indisponibilité des services associés. Réaction ou non à ce message, la municipalité publie ce même jour, finalement, la liste des services impactés par le mouvement social et les mesures ad hoc à prendre. Elle utilise pour cela le réseau Facebook et sur le réseau Illiwap. Le message est alors repris par la FCPE qui le retransmets sur ses propres réseaux. Sachant que tous les parents ne disposent pas d'un accès à Facebook, ou à Illiwap, l'association demande également par oral à la mairie la transmission de l'information vers les boite mail des parents d'élèves. De façon surprenante, la FCPE se trouve confrontée à une fin de non recevoir, la municipalité estimant que la diffusion via les réseaux sociaux est suffisante.

Le lendemain, le mercredi 18 janvier, donc à la veille de la grève, et en l'absence de diffusion généralisée de la part de la mairie, l'association publie sur ses réseaux un message indiquant que confrontée au non envoi par la municipalité d'un mail aux familles, la FCPE prend sur elle de demander aux parents de mettre en place une chaîne solidaire d'information, et de prévenir par téléphone les parents de leur connaissance qui n'auraient pas reçu les renseignements appropriés. Ceci me semble à vrai dire très raisonnable. Elle écrit également aux parents d'élèves répertoriés dans ses bases de données, et qui ont donc autorisé l'usage de leur mail, ce qui suit : « Bonjour, nous vous écrivons aujourd'hui parce que l'élue aux affaires scolaire nous a confirmé son intention de ne pas envoyer de mail aux parents à ce sujet. Concernant la grève de jeudi [...], les mesures prises par le périscolaire sont les suivantes, etc. ». Elle en profite pour expliquer sa position comme suit : « Étant donné que nous n'avons pas les adresses mail de tout le monde et que nos messages arrivent occasionnellement dans les spams, que tout le monde ne fréquente pas les réseaux sociaux, ni n'est connecté à Illiwap ou aux forums WhatApp ou Discord, nous vous demandons de bien vouloir faire preuve de solidarité et de téléphoner aux parents que vous connaissez pour vérifier que ces informations leurs sont bien parvenues ». Elle en profite aussi pour promouvoir ses efforts auprès de la mairie pour la diffusion d'information généralisée par mail en écrivant : « Nous trouvons regrettable que la mairie ne se soit pas sentie obligée de prévenir l'ensemble des parents, et avons besoin de vos commentaires et avis sur le sujet pour appuyer nos prochaines demandes d'information généralisée ».

Très curieusement, moins d'une heure après que les parents aient été informés par la FCPE, la mairie réagit - ce qui prouve que quand elle le veut elle le peut - en envoyant un message suggérant qu'elle avait néanmoins adressé l'info par mail la veille aux parents. La tonalité est amusante puisque le message dit « certains d'entre vous n'ont pas reçu le communiqué concernant la grève de demain, envoyé hier », avec en PJ la liste des mesures prises sur un document daté... du 17. Or, très curieusement, et contrairement à ce que dit ce message, ce n'est pas certains parents qui n'ont pas reçu de mail, c'est la totalité des parents FCPE ! Mais glissons ! Face à ce qui ressemble à une tentative de rattrapage, la FCPE réécrit sur ses réseaux sociaux, pour confirmer que la municipalité avait bien jugé inutile la diffusion par mail, et précise sur un ton humoristique que l'association est tout a fait habituée à être considérée comme « menteuse et inconséquente » par la municipalité. Et encore l'association ne dit-elle pas tout sur la façon dont elle a été traînée dans la boue par des élues en au moins une occasion... Elle ajoute qu'elle trouve surprenant et déplacé le fait que les parents d'élèves soient vus comme « des candides solitaires ne communiquant pas entre eux », bref que la mairie les prenne pour des neuneux ! Elle confirme également qu'aucun des parents FCPE n'a reçu de mail de la mairie.

Le plus amusant dans l'histoire, c'est que la FCPE n'a reçu qu'un seul message d'un parent d'élève, non FCPE, et que l'association ne parait pas connaître, les accusant de « faire de la politique », et de nombreux messages d'autres parents la remerciant pour son action de diffusion et pour indiquer également l'agacement et l'indignation des parents face à ce manque d'information de la mairie. Cette dernière est en effet assez prompte à fonctionner « à la chinoise », diffusant une information lisse et souriante en façade, mais qui masque de plus en plus difficilement ses errements. En réalité, en effet, les Forgeois se connaissent, parlent, et les associations impactées par la vacuité municipale sont également de plus en plus nombreuses. Je ne sais pas, mais il me semble que quelque chose bouge à Forges en regard de la politique municipale d'absence systématique de réponse et de mépris généralisé vis à vis d'un nombre grandissant de concitoyens. C'est indéniablement une bonne nouvelle !


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mardi 17 janvier 2023

MÉTÉO SOCIALE : AVIS DE GRAIN FORT ET DE RISQUE DE GRÈVE...


Je publie ici in extenso un article du collectif de scientifiques « Rogue ESR » qui s'interroge sur la grève comme moyen de se faire entendre, suite aux attaques dont le monde du travail est victime de la part de l'actuel gouvernement. Orienté vers des problématiques de l'enseignement supérieur et de la recherche (ESR), ce texte me parait cependant d'un intérêt plus général, ce qui a motivé mon désir de le partager. Ainsi, le collectif pose tout dabord la question des objectifs de la grève, puis des raisons qui pousserait les personnels de l'ESR à s'y inscrire. Ce qui suit est donc strictement le texte du collectif, à l'exception des références que j'ai citées comme c'est l'usage sur mon blog. 

La grève n’est pas une fin mais un moyen, une tactique déployée dans un but stratégique. Elle ne consiste ni à « se compter » ni à « être comptés » par la presse, les syndicats ou la police. Elle consiste encore moins à se sacrifier ou à renoncer spontanément à un trentième de son salaire pour la seule beauté du geste — il peut d’ailleurs être utile de préserver son salaire pour le reverser aux caisses de grève. C’est toujours à l’administration de recenser les grévistes et de fournir la preuve qu’ils étaient en grève. 

Dans le secteur industriel et marchand, la grève vise à arrêter l’appareil productif. Hors du secteur marchand, la grève sert à libérer du temps pour le consacrer aux actions destinées à l’obtention du but fixé. Aussi la grève à l’Université pose-t-elle directement la question de son utilité sociale en démocratie — irréductible à un service public de diplomation. 

Pendant les premières vagues de la pandémie de Covid-19, le gouvernement a lui-même interrompu l’activité des universités et a contraint les universitaires et les étudiantes et étudiants à travailler hors-site alors que les moyens sanitaires permettant un maintien des activités sur place étaient connus. Il est donc devenu évident qu’un simple arrêt de travail ne constitue pas un levier stratégique à même de déranger l’exécutif. Alors que faire ? Concernant les retraites, sensibiliser et informer les étudiants en faisant le tour des amphis. Plus largement, le temps de la grève doit être l’occasion d’une réflexion critique collective. Moment idéal pour des cours sur le réchauffement climatique et l’effondrement des espèces, sur la crise énergétique et la fin à venir des énergies carbonées, sur l’organisation territoriale, sur la démocratie, sur l’institution universitaire, etc. Occasion pour discuter de nouveau entre collègues du rouleau compresseur qui s’est abattu depuis 2004 sur nos institutions ? La grève doit être un temps où mettre nos savoirs et notre intelligence critique au service des analyses et des actions collectives qui se construisent localement. Il s’agit de créer politiquement, de créer stratégiquement, de créer collectivement, une activité dont les universitaires se sont peu à peu détournés.
 
Il y a mille raisons de se mettre en grève, que l’on soit étudiant, chercheur, précaire ou universitaire. La (contre)-réforme des retraites qui décalera l’âge de la retraite à 64 ans en est une, majeure. De l’aveu même de Bruno Lemaire, cette réforme n’a d’autre objet que de faire faire des économies rapidement à l’État, pour abonder l’augmentation massive de l’aide aux entreprises privées et à leur actionnariat. Or l’État consacre déjà plus de 200 milliards d’euros, soit le tiers de son budget, à cette aide. La participation des entreprises au financement de la Sécurité sociale s’est réduite de 51% (1990) à 36,5% (2019), entraînant un manque à gagner de 68 milliards d’euros par an (1). 

Le Conseil d'Orientation des Retraites le dit clairement : la (contre)-réforme des retraites n’a aucune utilité pour le système de retraites lui-même, dont les dépenses sont sous contrôle (2). En revanche, elle ne manquera pas de creuser les inégalités en touchant frontalement les quinquagénaires, les femmes, les précaires, les ouvriers. Elle contribuera à prolonger la précarisation subjective et matérielle, l’anxiété économique, jusqu’à la mort. En ce sens, elle participe de la logique de « Parcoursup » et de la réforme du Lycée qui font entrer les adolescents dans la vie d’adulte avec cette même anxiété.

Nul ne sait à ce jour si le second volet de la réforme, qui prévoyait d’aligner progressivement, sur 15 ans, le taux de cotisation patronale (pour les fonctionnaires) de 74,3% aujourd’hui sur celui du privé (16,9%), a été maintenu ou s’il est repoussé à un examen ultérieur. Le Conseil d’Orientation des Retraites a également pris position contre une telle évolution dans son dernier rapport (3).

Ce second volet prévoit que l’État soit en 2037 le principal contributeur à la baisse générale des recettes de cotisation, à hauteur de 42 milliards d’euros par an hors inflation. Autrement dit, le second volet de la réforme prévoit encore des économies qui creuseront un déficit du régime de retraites pourtant aujourd’hui à l’équilibre. L’idée d’une réforme en deux temps figurait explicitement dans les programmes présidentiel et législatif au printemps dernier (4).

Nous avons déjà expliqué cet automne en quoi cette gigantesque ponction sur les cotisations patronales de l’État fait système avec la Loi de Programmation de la Recherche (LPR) : le RIPEC (C3) et le dispositif des Chaires de Professeur Junior sont financés par une fraction de l’argent censé être libéré à la faveur du vol de notre salaire socialisé.

Il y a donc mille raisons de se mettre en grève, que l’on soit étudiant, chercheur ou universitaire, titulaire ou précaire. La réforme des retraites participe de la crise multiple que notre société a à affronter, une crise entretenue et accentuée par un État qui s’est mis au service d’intérêts privés et dont les représentants méprisent ouvertement le savoir et la science. Nous sommes dos au mur, avec l’immense tâche de dégager un horizon bouché, en particulier pour ceux et celles avec qui nous travaillons, les jeunes qui sont formés à l’Université, mais aussi celles et ceux qui ont été exclus de l’enseignement supérieur par Parcoursup. Y contribuer suppose de suspendre le temps contraint et ses tâches en retard infiniment accumulées, donc de se mettre en grève. Quand la vie se trouve frontalement attaquée, c’est la vie elle-même qui devient résistance.


Références :

1. Répport d'évaluation des politiques de sécurité sociale - Retraite.
https://evaluation.securite-sociale.fr/files/live/sites/Repss/files/M%c3%a9diath%c3%a8que/Retraites/Rapport%20Retraites%20-%20Edition%202022.pdf 

2.  « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ». Synthèse du rapport du COR, page 3. 

3. « Pour autant, considérer que le taux de cotisation du privé doit être appliqué aux fonctionnaires de l’État suggère que le taux de cotisation implicite de l’État est illégitime et renvoie à des avantages particuliers dont bénéficieraient les fonctionnaires de l’État. Or les travaux du COR ne concluent pas à une différence systématique et importante dans la “générosité” des régimes publics de droit commun par rapport au privé et qu’en les plaçant sur un pied d’égalité (même assiette de cotisation, même ratio démographique notamment), les taux pratiqués dans le public et le privé sont équivalents, autour de 25% […]. Les membres du COR ne souhaitent pas retenir cette approche qu’ils jugent inappropriée. », Synthèse du rapport du COR, page 6. 
https://www.cor-retraites.fr/sites/default/files/2023-01/Synth%C3%A8se.pdf

4. Législatives 2022.  Synthèse de l’Institut Montaigne. 
Consultable en ligne :


Crédit illustration :

Aides publiques aux entreprises calculées à partir des données Insee, PLF, PLFSS et Acoss-Urssaf.

samedi 14 janvier 2023

DÉSINFORMATION DE NOS JEUNES À L'HEURE DES RÉSEAUX SOCIAUX



Je viens de parcourir une note particulièrement intéressante, et en même temps inquiétante, de la fondation Jean-Jaurès. Cette dernière reprend une enquête très récente de l'IFOP (1), portant sur les croyances des plus jeunes de nos concitoyens sur des thématiques scientifiques, sur le « paranormal », en lien avec l'influence des réseaux sociaux. Je suis donc remonté à la source, directement sur le site de l'institut de sondage, pour y lire l'étude en question. Elle est à mon sens tout bonnement consternante !

L'IFOP nous indique que cette enquête a été menée sur un échantillon d'un tout petit peu plus de 2000 personnes, âgées de 11 à 24 ans. L'institut précise, je cite, que « la représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard de critères démographiques (sexe, âge), socio-culturels (statut de scolarisation, niveau de diplôme), professionnels (situation en matière d’emploi, catégorie socioprofessionnelle de la personne interrogée) et géographiques (région, catégorie d'agglomération) ». Pour les lecteurs qui ne seraient pas familiers avec la statistique, il s'agit d'obtenir dans l'échantillon précité de 2000 personnes, une proportion d'hommes et de femmes conforme à celle de la population française, avec des répartitions des âges, des niveaux de diplôme, du statut de scolarisation etc., également conformes à celles de la réalité. Des corrections complémentaires peuvent être apportées dans l'hypothèse où l'échantillon analysé, ce que l'on appelle la cohorte en statistique, ne serait pas parfaitement représentatif de la population cible. Ces ajustements sont dénommés « redressements », générant des données dites redressées ou corrigées . On s'assure ainsi que l'échantillon analysé est bien globalement représentatif de la population cible.

Première question posée : avez-vous l’impression que la science apporte à l’homme plus de bien que de mal, plus de mal que de bien ou à peu près autant de mal que de bien ? La majorité relative des jeunes, soit 41%, retient cette dernière proposition, alors que 33 % sont d'un avis plus positif et 17 % d'un avis plus négatif. Au-delà de ces données brutes, il est intéressant de constater que la même question a été posée en 1972. La comparaison des réponses révèle que les avis positifs ont régressé de 22 % en 50 ans et les avis ne négatifs ont, eux, augmenté de 11 %. Si l'on regarde maintenant le profil des répondants pour qui la science apporte plus de mal que de bien, on constate que cette opinion est beaucoup plus répandue parmi les jeunes des catégories socioprofessionnelles les plus modestes, avec 29% chez les ouvriers et assimilés contre 12% chez les cadres. Une inégalité de réponse est également perceptible chez les catégories les plus pauvres avec 22% d'avis négatifs pour les personnes disposant de revenus mensuels inférieurs à 900 € et 6% pour les personnes disposant de revenus mensuels supérieurs à 2500 €. Par ailleurs, les personnes exprimant cet avis majoritairement négatif se retrouvent en proportion un peu plus forte parmi les musulmans et les protestants (27 et 24 %, respectivement) que parmi les catholiques et les athées (14 et 13 %, respectivement), et en proportion également un peu plus forte parmi les sympathisants du rassemblement national (RN, 20%). Dernier élément intéressant, cet avis est beaucoup plus prégnant chez les utilisateurs réguliers de Tik Tok (27%) que chez les personnes n'utilisant pas cette ressource informatique (10%).

L'adhésion à ce qu'il est convenu d'appeler des « vérités alternatives » ou des « croyances » révèle également des disparités remarquables. Ainsi, vis-à-vis de données scientifiques, quasiment 20 % des jeunes de 18 à 24 ans pensent que les pyramides ont été bâties par des extraterrestres, ou que les Américains ne sont jamais allés sur la Lune. Plus grave, un tiers des jeunes pense que les vaccins à ARN causent des dommages systématiques irréversibles aux organes des enfants, un quart pense que les traitements à base de chloroquine sont efficaces contre la CoViD19, et un quart pense également que l'on peut avorter sans risque avec des tisanes à base de plantes. Un petit tiers d'entre eux (29 %) affirme également que le réchauffement climatique est un phénomène naturel contre lequel il est impossible de lutter. Vis-à-vis de données politiques, un petit tiers pense que l'élection américaine de 2020 a été faussée aux dépens de M. Donald Trump, et un quart que l'attaque du Capitole a été une mise en scène destinée à accuser les partisans de l'ancien président américain. L'étude note que la croyance dans les vérités alternatives et beaucoup plus répandue chez les utilisateurs de Tik Tok sur deux thèmes : les effets toxiques de la vaccination contre la CoViD19, et les résultats de l'élection américaine de 2020.

En regard des théories platistes, la catégories des plus pauvres et celle des habitants des banlieues dites populaires sont plus enclines à y adhérer. Ainsi, 33 % des habitants de ces banlieues pensent que la terre pourrait être plate, alors que cette hypothèse ne retient l'attention d'aucun des jeunes habitants des banlieues dite aisées. En termes de réseaux sociaux, les utilisateurs de la messagerie Telegram semblent plus réceptifs (40%) que ceux qui n'utilisent jamais ce service (14 %).

En ce qui concerne les effets délétères de la vaccination contre la CoViD19, les avis les plus négatifs se retrouvent également au sein des catégories les plus modestes (42%), des banlieues dites populaires (38%), des croyants et des religieux (50%), des sympathisants du RN (48%), et parmi les utilisateurs quotidiens de Tik Tok (41%).

Une autre question a concerné l'évolution biologique. Un gros quart (27%) des jeunes de 18 à 24 ans estiment que les êtres humains ne sont pas le fruit d'une longue évolution mais qu'ils ont été créés par une force spirituelle. Cette croyance est plus répandue chez les femmes que chez les hommes (31 vs. 22%), au sein des catégories les plus pauvres, parmi les croyants et les religieux (60%), et parmi eux, chez les musulmans (71% ; 27% chez les catholiques). Cette conviction est également plus présente chez les utilisateurs réguliers de Tik Tok (37 %) que chez ceux qui n'utilisent pas cette ressource (25 %).

Lorsque l'on croise tous ces résultats, plus des deux tiers des jeunes (69%) de 18 à 24 ans pensent qu'au moins une des affirmations proposées par l'IFOP est vraie, avec une adhésion bien plus marquée parmi les catégories les plus pauvres (77%) que parmi les catégories les plus aisées (47%). Une même différence d'adhésion est relevée entre croyants (85%) et athées (62%), entre sympathisants du RN (84%) et écologistes (57%) et entre utilisateurs de sites de microblogging (ex. Twitter, Telegram, TikTok ; 81%) et non utilisateurs (68 %).

Cette adhésion aux vérités alternatives est très présente chez les lycéens (80%) et elle reste très curieusement notable chez les étudiants en master, y compris chez ceux qui se sont dirigés vers les matières scientifiques (58%). De même un jeune sur deux pense que l'astrologie est une science ou qu'elle explique les caractères des individus ! Cette dernière croyance n'est, elle, partagée que par 36% des seniors. Une même divergence générationnelle est observée en regard des prédictions des voyants auxquelles croient 38% des jeunes et seulement 12% des seniors. Parmi les jeunes, 65% de ceux qui consultent Tik Tok régulièrement croient à l'astrologie, à la voyance, à la numérologie, à la sorcellerie, ou à la cartomancie contre 52% de ceux qui n'utilisent pas ce service Internet. Également presque un jeune sur deux croit aux esprits ou au mauvais œil, contre 15 et 10 % respectivement chez les seniors. Ces croyances sont plus marquées chez les jeunes qui utilisent les réseaux sociaux (56%) que chez les jeunes qui ne les utilisent pas (36%).

Ces résultats sont extrêmement inquiétants parce qu'ils sont constitutifs, à mon sens, d'une régression intellectuelle, possiblement liée d'ailleurs à une régression sociale, puisque l'on constate que l'adhésion aux thèses infondées, au complotisme, aux superstitions à caractère occulte, est beaucoup plus forte chez les jeunes des populations défavorisées (faibles revenus et localisation dans des banlieues pauvres). Possiblement en lien avec ce qui précède, il ne faudrait pas non plus nier l'adhésion des jeunes musulmans à certaines vérités alternatives. Ces résultats sont également inquiétants car ils mettent en évidence l'influence grandissante de sources « d'information » discutables. Ainsi, pour citer Ms. François Kraus et Thomas Pierre, de l'IFOP (1) : « alertant sur la sécession d’une fraction importante de la jeunesse avec le consensus médiatique, ces chiffres tiennent donc beaucoup au mode d’information et plus particulièrement à l’usage des réseaux sociaux comme Twitter ou TikTok.[...] Les désordres informationnels de l’ère internet viennent sans doute accentuer la perméabilité traditionnelle des jeunes générations à ces croyances surnaturelles.[...] Cet essor des croyances complotistes ou infondées s’inscrit dans une révolution des pratiques informatives où la défiance à l’égard de l’information verticale issue des autorités s’est accompagnée d’une confiance plus grande dans sa transmission horizontale via les réseaux sociaux. Or, cela peut s’avérer problématique au regard du nombre de jeunes (41%) utilisant TikTok comme moteur de recherche qui estiment qu’un influenceur qui a beaucoup d’abonnés peut être une source fiable. Symptomatique d’un nivellement de l’expertise, ce chiffre révèle le manque de raisonnement critique d’une partie de la jeunesse à l’égard des influenceurs populaires ». Je suis totalement en accord avec leur analyse. Ceci fait que je ne suis donc pas prêt de me réconcilier avec l'usage des réseaux dits sociaux, tant que ceux-ci n'assureront pas une modération des propos qui y sont tenus. L'arrivée de M. Elon Musk à la tête de Twitter ne s'inscrit pas, malheureusement dans cette démarche... Sous couvert de liberté de parole, auréolés de symboles tel que le village global, il me semble que ces réseaux sociaux sont en fait en train d'aliéner les masses, et principalement les masses populaires, d'une façon bien plus efficace que ne pourrait le faire le plus pervers des dictateurs...



Référence :

1. Enquête sur la mésinformations des jeunes et leur rapport à la science et au paranormal à l'heure des réseaux sociaux.
Enquête de l'IFOP pour la fondation Reboot et la fondation Jean-Jaurès.
https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2023/01/Presentation_119379_Reboot-FJJ-Volet-A_11.01.23.pdf


Crédit illustration :

Site de l'IFOP
https://www.ifop.com/publication/generation-tiktok-generation-toctoc-enquete-sur-la-mesinformation-des-jeunes-et-leur-rapport-a-la-science-et-au-paranormal-a-lheure-des-reseaux-sociaux/