mardi 6 octobre 2020

« L’AUTRE BUREAU » OU COMMENT LE CO-WORKING RÉENCHANTE DURABLEMENT NOS CAMPAGNES




Je voulais revenir dans cet article sur « L’autre bureau », qui est un des projets de tiers lieu (les autres étant le café zéro déchet, le repair café et l’escapade culturelle) que nous avons développés au cours du mandat précédent à Forges, à partir d’une réflexion commencée au début des années 2010. S’agissant de concepts relativement nouveaux, cet article comporte, et je prie de m’en excuser par avance, un certain nombre de termes anglo-saxons que je n’ai pas cherché à traduire.



Le terme de tiers lieu désigne des espaces ouverts et hybrides (entre domicile, club et lieu de travail) ayant pour principale vocation de faciliter la rencontre entre des acteurs hétérogènes. L’encyclopédie Wikipédia précise qu’ils sont « destinés à être des espaces physiques ou virtuels de rencontres entre personnes et compétences variées qui n'ont pas forcément vocation à se croiser. Mot chapeau au premier abord pour rassembler sous une même et grande famille les espaces de coworking, les FabLab, les HackerSpace, les Repair'Café, les jardins partagés et autres habitats partagés ou entreprises ouvertes, le « Tiers Lieu » (écrit avec des majuscules) est devenu une marque collective ou l'on pense ces singularités nécessaires à condition qu'elles soient imaginées et organisées dans un écosystème global... » 


Voulu par la précédente mandature, s’inscrivant dans la démarche globale « Forges en transition » et « Notre village terre d’avenir », « L’autre bureau » est une association qui gère un espace de co-working où se croisent auto-entrepreneurs, animateurs de start-up, ou employés et cadres de PME de grandes entreprises. Ils œuvrent dans différents secteurs d’activité, de la SSII au coaching sportif, du concepteur logiciel au professeur de langue. Toutes ces personnes trouvent à « L’autre bureau », moyennant une petite cotisation financière (avec réduction pour chômeurs et étudiants), un espace partagé qui met à leur disposition bureau collectif, bureau privatif, une salle de réunion, une salle de vidéoconférence, et des liaisons informatiques et Internet performantes. La gestion du site, du planning d’occupation des salles, des bureaux, comme l’animation du lieu, sont le fait une association de type loi de 1901 (donc que sans but lucratif), gérée par des bénévoles dynamiques et motivés. Pour en savoir plus, voir leur site web (1).


Cette structure coche toutes les cases du développement durable, concept qui repose sur le triptyque environnement, économie, activité sociale. Travailler à proximité de son domicile, en se rendant sur ce lieu de travail à pied ou à vélo, est bon pour la santé et clairement une façon efficace de limiter les déplacements automobiles, donc l’émission de gaz à effet de serre (GES). On peut estimer de façon très grossière que si toutes les personnes actuellement employées télé-travaillaient un jour par semaine nous réduirions de 15 à 20% environ l’émission de dioxyde de carbone du secteur transport. Or, en France, le transport est l’activité qui contribue le plus aux émissions de GES. En 2017, il représentait 30 % des émissions françaises de GES. On a d’ailleurs vu l’impact environnemental du confinement récent sur la qualité de l’air en région parisienne... Économiquement parlant, également, et parce qu’il reporte sur le territoire communal une activité professionnelle, cet espace de co-working est pertinent. Il est également pertinent puisqu’il permet à des personnes qui a priori n’avaient pas vocation à se croiser, de se rencontrer, et possiblement de créer de nouvelles activités. Ainsi l’autre bureau invitera prochainement les artistes locaux à décorer ses espaces au moyen de certaines de leurs œuvres de façon à les faire connaître à un public qui n’aurait pas forcément fait la démarche de rencontrer ces artistes. De plus, il semblerait que le télétravailleur soit plus productif que son alter ego en entreprise, économisant de la fatigue et du temps en raison de l’absence de transport domicile-travail. Enfin, et cela figure dans les statuts de l’association, l’autre bureau a vocation à aider des personnes au chômage à préparer un Curriculum Vitae, ou les entretiens qu’elles auront obtenus lors de leur processus de recherche d’emploi.


Au delà, l’autre bureau m’apparaît comme un écosystème (pour reprendre un mot à la mode) en création puisque nous pourrions envisager à moyen terme son intégration dans un réseau plus large d’autres tiers lieux, et possiblement de FabLabs. Ces derniers sites sont des endroits où il est possible, grâce à la mise a disposition de machines de type scanner 3D, imprimante 3D et parfois découpeuse laser, de réaliser des reproductions de pièces de toutes sortes, voire de petits prototypes... Un véritable plus pour le repair café !


Point majeur, le coût de la création de ce tiers lieu a été très limité pour les finances publiques. La salle a été rénovée pour environ 3 à 4000 euros, et il reste encore environ 2000 euros de travaux de finition à effectuer. Le site appartenant à la commune, le bénéfice de ces travaux de rafraîchissement reste donc dans le giron communal. En pleine capacité, 
« L’autre bureau » peut accueillir une dizaine/douzaine de personnes, la rotation des durées d’usage permettant cependant d’envisager un nombre de bénéficiaires plus important sur la semaine ou le mois. Si l’on compare les montants investis et le nombre de personnes qui télé-travaillent à ce qui a été fait ailleurs, on constate que « L’autre bureau » est un projet à très bas coût - mais pas à basse qualité - et en avance sur ce qui se fait à proximité. Forges est en effet la première commune de la CCPL à bénéficier d’un site dédié au télétravail. J’espère sans trop de certitude que la nouvelle équipe municipale réalisera tout l’intérêt d’avoir un tel lieu sur notre territoire communal.



Référence

1. Site web de « L’autre bureau » :
https://www.lautrebureau.space/page/680170-presentation



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