samedi 3 octobre 2020

POURQUOI NE ME SUIS-JE PAS REPRÉSENTÉ AUX DERNIÈRES ÉLECTIONS MUNICIPALES ?


Cet article reprend en grande partie le texte que j’ai lu lors de la dernière session du conseil municipal de Forges à laquelle j’ai participé, au printemps dernier. Il explique les raisons pour lesquelles j’ai décidé de ne pas me présenter au sein d’une liste existante aux dernières élections municipales.

 

« Je termine ce soir 12 ans d’engagement municipal, tout d’abord comme conseiller délégué à l’assainissement et à la fourniture d’eau potable puis comme adjoint au maire et vice-président du syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable. Je voulais tout de suite remercier les personnes qui m’ont fait confiance, Antoine Lestien en premier lieu, notre précédent maire, puis Marie Lespert-Chabrier. Je voulais également remercier l’ensemble des conseils municipaux, conseillers de la majorité comme conseillers de la minorité, qui ont très souvent soutenu les propositions que j’avais présentées et défendues. J’espère avoir été digne de cette confiance et ne jamais l’avoir trahie.

 

Je ne reviendrai pas sur la très célèbre phrase d’Antoine Lestien qui nous avait indiqué que le mandat municipal, c’était au pire « une réunion par mois »... En effet au cours de la semaine précédente , je crois avoir eu environ 6 ou 7 réunions au total, soit une au moins tous les jours, sauf le dimanche. Je ne suis pas un cas isolé. Les très nombreux élus que j’ai rencontrés au cours de ses 12 ans d’activité sont, bien loin des idées reçues aux relents poujadistes, des gens impliqués et désintéressés, et en aucun cas des « permanents de la vie politique ». Bien sûr, un petit nombre d’élus ne rentrent pas dans cette définition. Il s’agit pour la plupart de « mâles alpha » comme on dit en éthologie (la science du comportement), qui, pour certains, se détestent cordialement. Cette détestation a d’ailleurs fortement nui au cours des années passées au fonctionnement de notre communauté de communes. Ceux d’entre vous qui sont familiarisés avec l’intercommunalité reconnaîtront tout de suite les personnes auxquelles je pense.

 

L’expérience de la vie communale a été très enrichissante, non seulement au niveau des contacts humains mais également parce qu’elle donne la possibilité d’agir au niveau local, à partir d’une réflexion qui se veut - en tout cas pour moi - globale. L’échelon communal est à mon sens l’échelon le plus pertinent de la vie politique, car il permet réellement d’agir dans l’intérêt général, tout en restant au contact des personnes qui vous ont élu. Alors pourquoi m’arrêtè-je ? Tout simplement parce que je suis fatigué. Fatigué, tout d’abord physiquement. Les deux mandats précédents auront été menés rondement avec nombre d’actions auquel j’aurai plus ou moins contribué, de la création de la maison de santé pluridisciplinaire à celle du centre technique municipal, de l’implantation de nouveaux locaux sportifs à celle de la maison des associations, de la réfection de l’église à la création de liaisons douces, et de la mise sur pied de la régie Ouest Essonne à l’extension des réseaux d’assainissement, le tout sans compter les astreintes de nuit et de week-end.  Atteint d’une affection chronique, j’ai dû supporter un traitement long et très éprouvant lors du premier mandat, qui m’a néanmoins permis d’éradiquer la maladie. J’ai également eu d’assez lourdes responsabilités au niveau professionnel, tout d’abord comme assistant de la directrice scientifique du département écologie et environnement du CNRS à Paris (institut regroupant plus de 1000 personnes), à ma fonction plus récente de codirecteur d’un département de recherche environ 135 personnes à Gif-sur-Yvette. Même si la quasi-totalité de mes collègues sont gens de qualité, nous œuvrons malheureusement dans un environnement très dégradé au plan financier, ce qui implique qu’il faille jour après jour faire des choix douloureux pour gérer des pénuries de plus en plus prégnantes. C’est usant ! Enfin, récemment un autre souci de santé s’est révélé, qui m’a valu une hospitalisation d’urgence. Je considère ce dernier événement comme un signal d’alarme qui m’indique, à quelques mois de la retraite, qu’il est temps que je lève totalement le pied.

 

Je suis également fatigué moralement, en raison des incivilités que je rencontre dans la commune. Celles-ci vont du stationnement quotidien des véhicules sur les trottoirs malgré des demandes réitérées de ne pas procéder de la sorte, à l’emprunt assez systématique de sens interdits, aux dépôts d’ordures dans les bois, au dégradations de bâtiments publics, mais également aux réflexions, quand ce sont pas des insultes, auxquels nous faisons face quand nous faisons remarquer - même gentiment - à certains de nos concitoyens que leur comportement est particulièrement incivique. Ceci s’inscrit finalement dans « l’air du temps », parfaitement résumée par le slogan publicitaire « parce que je le vaux bien »... Cette forme marquée d’égoïsme avait atteint son paroxysme lors du pénible épisode des migrants, au cours duquel de trop nombreux Forgeois ont démontré leur incapacité à partager, même de façon très temporaire et fragmentaire, l’espace communal avec des personnes ayant fui les horreurs de la guerre. À leur décharge, leurs inquiétudes avaient été alimentées par un petit groupe d’individus qui ont jeté de huile sur le feu, masquant difficilement derrière un paravent de respectabilité, leurs sentiments racistes et xénophobes. Cet accueil était pourtant, à mon sens, une obligation morale indiscutable. Les événements nous auront donné raison. Cet hébergement aura ainsi permis de donner un peu de paix et de repos à 90 personnes pendant 2 ans, et, comme nous l’avions annoncé, il n’a donné lieu pendant tout ce temps, à aucun, strictement aucun, incident avec nos concitoyens.

 

Même si je souhaite arrêter mes fonctions d’élu municipal, je pense conserver un certain investissement dans la commune, au travers par exemple de ma participation aux actions de « Forges en transition » telle que le café zéro déchet et le « repair café ». J’envisage également de poursuivre mon engagement en faveur du centre de télétravail, qui représente, pour moi un paradigme de ce que doit être le développement durable*. Encore une fois j’ai été très heureux de pouvoir œuvrer pendant 12 ans bénéfice de la commune. Je vous remercie de nouveau pour la confiance accordée et vous remercie, ce soir, pour avoir bien voulu m’écouter jusqu’au bout. »

 

* je reviendrai sur ce sujet prochainement

 

Crédit illustration :
http://www.otoradio.com/sondage-10ans-avis-des-auditeurs-stop-ou-encore

 

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