lundi 22 février 2021

UNE JOURNÉE DE SOLIDARITÉ À FORGES ?



Selon des informations concordantes, la nouvelle municipalité souhaiterait organiser une journée de solidarité communale, destinée à montrer ce qui se ferait à Forges. Si cette volonté semble démontrer de « bons sentiments » en regard de la solidarité, la proposition de la mairie soulève cependant quelques interrogations et remarques.

En premier lieu, je m’interroge au sujet de la date proposée qui serait celle du 1er mai. Je pense qu’il n’est besoin de rappeler à personne que le 1er mai est la date de ce que l’on appelle couramment « la fête du travail », même si son appellation exacte est la « journée internationale des travailleurs ». À l’origine, puis historiquement, cette date est le symbole des luttes du monde de travail visant à limiter l’aliénation (comme je l’écrivais dans un article précédent - 1) que constitue l’activité salariée (au sens large). Cette journée est fériée en France depuis plus de 100 ans. De nos jours le 1er mai reste l’occasion de rappeler aux détenteurs des pouvoirs politique et économique (qui sont souvent les mêmes) les revendications principalement syndicales, sous forme de manifestations parfois unitaires. Ceux qui comme moi ont participé à quelques défilés auront sans doute noté une certaine propension récente des forces de l’ordre à user de façon disproportionnée de techniques d’encerclement et de tirs de grenades lacrymogènes au milieu de manifestants pacifiques. Dans le même temps les actions de casseurs et autres « black blocks » semblent, elles, rester très curieusement relativement impunies. Tout se passe donc comme si le pouvoir en place s’évertuait à décourager ces manifestations, indépendamment des considérations sanitaires récentes... En lien, je ne peux m’empêcher de voir dans le choix de la date du 1er mai par la municipalité de Forges une certaine forme de mépris pour les revendications du monde du travail. J’avais d’ailleurs déjà eu ce sentiment lorsque le terme de preneur d’otage avait été utilisé par des membres de l’actuelle majorité pour qualifier une enseignante malade de la CoViD ou susceptible de l’être (2).

Ma seconde remarque concerne ce qu’à mon sens est la solidarité et la façon dont elle s’exerce dans une commune. La notion de solidarité est en effet une notion large qui recouvre différents aspects de la vie communale. Il ne s’agit pas seulement du portage des repas aux plus anciens, ou des actions que peut mener le centre communal d’action sociale (CCAS), ou de la mise en place d’un quotient familial pour la cantine ou les sorties scolaires… La solidarité c’est aussi, par exemple et au hasard, de faire en sorte que la commune soit en capacité d’offrir une offre de logement adaptée et diversifiée, avec du logement d’urgence, du logement social, de l’accession aidée à la propriété, et de l’accession privée à la propriété. C'est aussi de ne pas exclure les associations forgeoises du marché de Noël (2). En effet,  la solidarité s’exerce également au niveau associatif. Nous avons la chance ici de disposer d’un important terreau associatif qu’il serait totalement contre-productif de stériliser (voir mon article sur le marché de Noël - 3). Outre les activités sportives et leurs clubs, les activités culturelles et les associations telles que la « MCL », « l’AMM » ou « Coup de pouce » participent également à la création de liens sociaux. Des associations telles que « l’autre bureau » ou « Forges en transition » qui comme je le dis habituellement cochent toutes les cases du développement durable, sont également génératrices de ces liens sociaux, mais aussi de synergies, de vivre-ensemble au quotidien. Tout cela pour dire que la solidarité s’inscrit, dans une commune, « horizontalement » dans toute une série d’actions et « verticalement » dans un temps long, bien loin de la vision « journée de solidarité » proposée. En sus, la solidarité ne se décrète pas, mais elle s’organise non pas au travers de la volonté de piloter d'en haut telle ou telle activité, en en décourageant d'autres, mais en accompagnant au quotidien, sans intention inquisitrice ou prédatrice, les forces vives et associatives de la commune qui sont les véritables acteurs de la solidarité au quotidien... 


Références : 

1. Le travail est une aliénation

2. Un professeur malade (ou gréviste) n’est pas un preneur d’otages !

3. À Forges, le marché de Noël oublie le sens du mot solidarité.


Crédit illustration :

Bernard Vigneron de Milkinz. Blog L'humour libre.
D'après Le Chat de P. Geluck.
http://trop-gonfle-trop-pamphlets.over-blog.com/2017/02/generosite-devant-une-personneu-on-tente.html



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