jeudi 23 juin 2022

FRANCHIR LE RUBICON ?



Franchir le Rubicon ? C'est la question que se posait Jules César, lors de son conflit avec Pompée le Grand et le Sénat romain qui ne souhaitait pas prolonger le mandat du Consul. Pour asseoir sa position, César revenant de Cisalpie (l'actuelle région de Trieste), marche alors sur Rome, et il franchit un petit fleuve côtier, le Rubicon, qui marquait à l'époque la frontière entre la Cisalpie et le coeur de la République romaine. Des exégètes de l'époque lui attribuent la célèbre phrase « Alea jacta est » (le sort en est jeté), signifiant qu'une décision irrévocable et lourde de conséquence était prise.

Et plus près de nous, peut être bien que le pouvoir actuel est en train de franchir un autre Rubicon... Je parle ici des propos tenus par des personnalités de la Macronie, confrontées à l'échec électoral du parti présidentiel associé au Modem et au parti de l'ancien premier ministre, M. Edouard Philippe. Faute de disposer d'une majorité absolue, « Ensemble » va devoir rechercher des appuis de droite et de gauche, et, en l'espèce, plutôt de droite, voire de droite extrême...

Exagération, direz-vous. Mais non ! Voici par exemple les paroles de Mme Cécile Calvez, députée Ensemble des Hauts-de-Seine qui affirme « quand on a besoin d’avoir une majorité, et si c’est bon pour les Français, en fait, on va aller chercher ces voix-là ۛ», entendez les voix du RN. Problème : elle n'est pas la seule à penser que finalement, comme le disait l'inénarrable Jean Yanne, jouant un collaborateur français dans Papy fait de la résistance : « il vaut mieux s'entendre avec les Allemands,; ils sont peut être là pour longtemps »... Le Ministre de la justice, M. Eric Dupont Moretti, lui aussi n'exclut pas la possibilité « d'avancer ensemble » avec le RN à l'Assemblée Nationale. Sans être trop cruel, il me semble opportun de rappeler que ce dernier plaidait, quelques années en arrière, pour l'interdiction du parti de Mme Marine Le Pen. Je pourrais aussi citer Mme Barbara Pompili, ex-ministre de la transition écologique, prête aussi à discuter avec le RN, même si elle précise qu'elle continuera « toujours à combattre leurs idées » tout en affirmant « Maintenant, sur un certain nombre de sujets [...] on ne peut pas se permettre de se refermer. On doit pouvoir discuter avec tout le monde ».

Il est vrai pour être tout à fait complet que d'autres, à droite, seraient prêts à discuter avec le RN. Un point de vue intéressant a été celui de M. Eric Woerth, transfuge Ensemble en provenance des Républicains, et ainsi président de la commission des finances. Il s'inquiétait de la possible direction de cette puissante instance par un membre de LFI au motif que « Les Insoumis ont visiblement en tête de faire du contrôle fiscal. Ce que je n'ai pas entendu au Rassemblement national ». Bref, alors que cette commission a tout pouvoir pour mener des enquêtes autour de l'évasion fiscale, qui représente quelques 80 milliards d'euros par an, il semble clair qu'à Ensemble, on a préféré et on préférerait ne pas trop embêter les tricheurs, et continuer à taxer le citoyen lambda. Au moins, c'est clair !

Pour rester aussi objectif que possible, tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde à Ensemble et heureusement. Ainsi, M. Xavier Iacovelli, sénateur LREM des Hauts de Seine, et transfuge du PS (ceci expliquant peut être cela) affirme haut et fort « Que les 89 députés [Note du rédacteur : députés RN] souhaitent voter des textes qui viennent du gouvernement ou de la majorité pourquoi pas, ils font ce qu’ils veulent. Mais pour moi, il est hors de question d’avoir une compromission avec le RN ». Il ajoute « Qu’on aille négocier avec le RN, pour moi, c’est la ligne rouge ».

Mais, pourriez vous dire, quel problème y a t il à négocier avec le RN ? Pour moi, c'est tout simplement une tromperie inqualifiable. Je pense ainsi à tous les électeurs de centre-gauche, voire de gauche, qui au second tour des présidentielle, et éventuellement au second tour des législatives, ont voté - sans doute à reculons - pour M. Emmanuel Macron et/ou pour le candidat Ensemble. Ce sont ces gens là qui ont faire élire l'actuel président, et nombre de députés Ensemble leur doivent leur siège à l'Assemblé Nationale, tout cela dans une démarche dite de barrage républicain. Que constatent-t-ils ? Que finalement, le barrage... Ensemble n'en n'a plus grand chose à faire après les élections. Il faudra que tous s'en souviennent lors des élections à venir. En incidente, cette position de la Macronie me conforte dans mon choix de ne pas voter au second tour de l'élection présidentielle. Au moins, ne fais-je pas partie des gens roulés dans la farine par l'actuel président ! En attendant, je suis sur la même ligne que M. Fabien Roussel qui conclut « Les masques tombent. Les digues sautent. Les barrages s'écroulent » et je crains fort que M. Olivier Faure, le « patron du PS » ait raison quand il écrit « Quand la boussole indique l’extrême-droite, le naufrage n’est plus qu’à quelques mètres »… De fait !


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Anniversari non tondi - Accadde 2068 anni fa: Cesare passò il Rubicone e cambiò la storia del mondo. Linkiesta.

samedi 18 juin 2022

DEUX DISPARITIONS À FORGES-LES-BAINS


En toute discrétion ou presque, deux éléments de la vie communale ont disparu ou vont disparaître. Le premier est l'éclairage public, le second la caisse des écoles. Le problème ne réside pas dans ces disparitions en elles-mêmes, mais tout ce qui les entoure et qui en dit assez long sur les pratiques et la mentalité municipales...

L'éclairage public est indéniablement un poste de dépense pour la commune. Dans une optique d'économie d'énergie, ainsi que de préservation de l'environnement nocturne, la précédente mandature avait choisi de pratiquer l'extinction des feux de minuit à 5 heures du matin. Je n'ai plus exactement le chiffre des économie réalisées en tête, de l'ordre de plusieurs milliers d'euros par an, mais me rappelle que nous étions quelque peu novateurs dans le territoire, Forges obtenant ainsi son label « village étoilé ». Depuis plusieurs semaines, l'actuelle municipalité a décidé d'éteindre l'éclairage à partir de 22h00. Là où le bas blesse, c'est dans la comparaison des modes opératoires qui ont conduit à ces changements. Après que l'ancienne municipalité ait annoncé ce projet dans son journal local, elle avait organisé au moins deux réunions publiques avec les habitants, en présence également de membres de la brigade de gendarmerie de Limours, une inquiétude se faisant jour (je sais, le jeu de mots est facile) en matière de sécurité ! Nous avions également rediscuté du ressenti après la mise en place de l'extinction, lors de réunions de quartier, pour constater que les inquiétudes s'étaient sinon globalement dissipées, en tous cas amoindries. Et de fait, un après la mise en place du dispositif, plus personne ou presque n'en parlait. Dans le cas de la prolongation de l'extinction, l'actuelle mandature a bien informé les habitants de son projet, indiquant qu'une enquête publique serait menée. Les motifs invoqués sont là aussi les économies d'énergie, ce que je peux entendre. Cependant, problème : où est cette enquête ? Personnellement, je n'ai rien vu passer ! Certes, je fais partie des dinosaures qui n'ont pas d'accès à Facebook ou autres Instagram, Twitter, etc. et je n'ai pas accès à l'application de la commune qui ne semble pas fonctionner sur mon vieux téléphone. Je ne reçois les infos communales que via la lettre électronique et le journal. Je me suis donc dit que j'avais loupé l'enquête. Ben non ! Que nenni ! Les plus jeunes et/ou plus branchés que moi m'ont eux aussi indiqué qu'ils n'avaient pas vu d'enquête. Des spectateurs présents au conseil m'ont d'ailleurs précisé que la question a été posée en conseil municipal, sans obtenir de réponse. Bref, pour parler franchement, sur ce dossier la municipalité n'a pas tenu parole et a décidé... seule.

Deuxième dossier : la caisse des écoles. Avant de rentrer dans le vif du sujet, un point pour préciser qu'il ne faut pas confondre la caisse des écoles et la coopérative scolaire. La caisse des écoles est un établissement public communal, créé en 1867, dont l'objectif était à l'origine de favoriser la fréquentation scolaire. Elle dispose d'un budget propre, indépendant de celui de la commune, même si l'origine des fonds est, à Forges comme ailleurs, très majoritairement communale. Cependant, ce budget est également abondé par des dons individuels. La caisse est placée sous le contrôle d'un conseil d'administration (CA) qui est un comité présidé par le ou la maire, et où siègent de droit un membre désigné par le préfet, l’inspecteur de l’éducation nationale chargé de la circonscription ou son représentant, deux conseillers municipaux désignés par le conseil municipal, et des membres élus par les sociétaires, essentiellement les donateurs, c'est à dire des Forgeois, le plus souvent parents d'élèves, mais pas obligatoirement. Des institutrices et instituteurs ou directeurs et directrices d'établissement y participent également. D'une façon générale, la caisse des écoles intervient en faveur des enfants dans divers domaines de la vie scolaire (social, culturel et éducatif). Elle permet de financer les besoins des écoles en termes de matériels scolaires (ex. livres et manuels, fournitures diverses y compris pour travaux manuels, abonnements pédagogiques, linge pour les maternelles...) et de ne pas faire peser ces dépenses sur les familles. La caisse peut aussi contribuer au financement des sorties scolaires, par exemple via la réservation de bus pour le transport.

Il se trouve que lors de la dernière réunion d'administration, la municipalité a annoncé la dissolution de la caisse des écoles. Le motif invoqué, à Forges comme dans certaines autres communes, est la rationalisation des budgets, sur incitation du Trésor Public qui gère les comptes des communes et établissements communaux ou intercommunaux. C'est possible, je n'ai pas moyen de confirmer ou infirmer. Néanmoins, cette décision aura deux conséquences majeures. La première est qu'il n'y aura donc plus de budget de caisse propre, le budget affecté aux activités de la caisse « retombant » dans le budget municipal. Or pour un citoyen lambda, accéder et lire le budget municipal demande un minimum d'entraînement... Il sera donc très difficile de savoir si ce budget est en hausse, en baisse, ou stable. Deuxième conséquence : alors que les achats, les activités à soutenir, les aides à apporter étaient examinés et priorisés en CA, ces décisions seront alors du seul ressort de la municipalité qui les décidera au mieux en commission scolaire, commission de laquelle les donateurs non élus sont exclus. Or, dans le passé, certains généreux donateurs ont versé plusieurs milliers d'euros à la caisse, et il me semble qu'ils ont dès lors le droit de discuter de l'affectation de leur don. Sans CA, ce ne sera pas possible. La municipalité pourra décider seule, comme pour l'éclairage public, dans l'entre-soi dans lequel elle se complet... A noter, la caisse ne disparaîtra pas demain, mais dans quelques années : il faut en effet qu'aucun budget (aucune recette et aucune dépense) ne soit établi pendant 3 ans avant qu'une telle décision puisse être prise. Ce qui signifie que les recettes générées par l'activité des bénévoles (vente de muguet, de crêpes ou de gâteaux) ne seront plus désormais affectées à la caisse des écoles mais au budget communal et « fondues » dans ce budget, donc utilisables pour n'importe quoi, achat de caméra de sécurité par exemple ! Il reste donc deux ans aux parents d'élèves et aux donateurs pour se mobiliser s'ils le souhaitent.

On pourra bien sur me répondre que la commission scolaire où seraient évoquées ces questions pourrait être ouverte. Malheureusement, la municipalité ne pratique pas trop l'ouverture. Une première commission ouverte n'a ainsi jamais conduit à la production d'un compte-rendu (depuis plus d'un an !), et ses décisions restent pour certaines lettre morte. Une autre commission, dite ouverte, a été réservée voila peu à seulement deux très proches de l'actuelle municipalité, dont un membre de la famille d'un élu. Belle diversité ! En fait, dans notre commune, tout se passe comme si la municipalité décidait seule, sans la concertation qu'elle avait pourtant promise dans les grandes longueurs lors de la campagne électorale. Pense-t-on donc, en haut lieu, avoir « la science infuse » ? Méprise-t-on le citoyen pour le tenir ainsi à distance ? Ou aurait-on peur de lui, comme de tout ce qui est « autre », novateur ou débatable ? J'écrivais plus haut « entre-soi ». J'y reviendrai dans un autre article. En attendant, c'est aujourd'hui le meilleur terme que je puisse trouver pour définir ce qui se passe sur notre commune.   


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Super SJV on Deviant Art
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mardi 14 juin 2022

LÉGISLATIVES 2022 :
UN ENTRE DEUX TOURS TENDU !


Le premier tour des élections législatives de 2022 a eu lieu hier dimanche 12 juin. Il confirme globalement les évolutions politiques déjà perçues lors de l'élection présidentielle. Tout cela annonce d'ailleurs un second tour indécis, et un entre deux tours tendu !

Le vainqueur de l'élection, si l'on peut utiliser ce terme, reste l'abstention largement majoritaire, puisque dépassant hier légèrement 52 %. De toute l'histoire de la Ve République, ce taux d'abstention est le plus élevé pour un premier tour des législatives, et il n'est seulement dépassé par le taux d'abstention du second tour des législatives de 2017, qui culminait à plus de 57 %. Dans un article précédent, j'avais brièvement discuté de certaines des raisons qui pouvaient expliciter ces chiffres. J'ajoute que nombre d'analystes politiques se rejoignent sur le constat que cette abstention est surtout le fait des catégories socioprofessionnelles défavorisées et des tranches les plus jeunes de la population en âge de voter.

Au-delà de cette observation, et même s'il ne faut pas comparer élections présidentielles et législatives, il me semble que cette élection conforte et amplifie les tendances qui se sont fait jour lors de l'élection présidentielle. À mon sens, de droite à gauche, les faits saillants sont les suivants :

1. La disparition de « Reconquête », le parti de M. Éric Zemmour, dont aucun des candidats ne sera présent second tour. Lui-même a été éliminé directement, et, je ne m'en cache pas, cette situation me réjouit !

2. La confirmation de la « poussée » du Rassemblement National, qui qualifie ces candidats au second tour dans quelques 208 circonscriptions. Dans la moitié des cas environ, ces candidats sont d'ailleurs arrivés en tête au premier tour. Les régions qui ont porté le vote d'extrême-droite sont les fiefs habituels du Rassemblement, à savoir la partie sud de la région PACA, une partie du Languedoc-Roussillon, et grosso-modo le quart nord-est de la France.

3. L'affaiblissement des Républicains, dont les candidats ne seront présents au second tour que dans un peu plus de 90 circonscriptions, et où ils ne sont arrivés en tête que dans la moitié d'entre elles. Ces circonscriptions sont celles ce parti était déjà fortement implanté.

4. Un affaiblissement de la République en Marche, prise dans son alliance « Ensemble », qui pourra néanmoins maintenir ses candidats dans 417 circonscriptions (sur 577), et dont la moitié est arrivée en tête du premier tour. Le parti présidentiel perd ainsi une centaine de circonscriptions par rapport à ses résultats de 2017. Les régions qui ont le plus soutenu Ensemble sont la façade atlantique, et les quartiers favorisés des grandes villes et de leur périphérie.

5. Une poussée le la NUPES, dont les candidats seront présents dans 380 circonscriptions, la moitié d'entre eux étant arrivés en tête dans ces zones. Par rapport à 2017, en agrégeant les résultats des partis constituant cette alliance, le gain en nombre de candidats qualifiés pour le second tour est de l'ordre de 230. Les zones qui ont le plus voté pour la NUPES sont les traditionnelles « terres de gauche » : le Limousin, les Cévennes, et plus généralement le Massif central, ainsi qu'une partie de l'Occitanie, et une grande partie de Paris de la petite et de la grande couronnes.

En Essonne, on peut d'ailleurs noter la forte progression du vote pour l'alliance des gauches, puisque toutes circonscriptions confondues, la NUPES arrive en tête dans le département avec 32,5% des suffrages suivie de Ensemble, 27,4%, le RN, 13,7% et les Républicains 7,8%. Le candidat de la NUPES est arrivé en tête dans 8 des 10 circonscriptions du département. Les deux exceptions sont la VIIIe, où M. Dupont-Aignan, le régional de l'étape est premier devant le candidat de l'Alliance des gauches, et la IVe, celle de Forges, Limours, Briis, etc., où la sortante, Mme. Marie-Pierre Rixain est en tête (31,7%), là aussi devant le candidat de la NUPES, M. Amadou Deme (27,5%). Dans notre circonscription, le troisième, non qualifié pour le second tour, est M. Alain Boutaleb, du RN, avec 15,9% des suffrages. Enfin, à Forges, les trois mêmes candidats sont arrivés dans le même ordre avec des résultats différents, respectivement environ 38%, 24% et 14%. Rappelons que compte tenu du taux d'abstention, autour de 50%, les deux premiers candidats qui seront les seuls à pouvoir se maintenir au second tour n'ont reçu en Essonne qu'au mieux un peu plus de 15% des voix des inscrits, ce qui doit absolument questionner en termes de représentativité, tous partis confondus d'ailleurs.

Les projections en sièges sont difficiles à prévoir. Tout au plus, peut-on estimer qu'une grande partie des voix qui sont allées à l'extrême-droite zémourienne pourraient se reporter sur l'extrême-droite lepéniste, susceptible de glaner aussi quelques voix du côté des Républicains. Ensemble dispose sans doute d'un réservoir de voix que pourrait lui apporter les Républicains. Ceci correspond d'ailleurs plus ou moins à la stratégie mise en place par l'ancien président de la république, M. Nicolas Sarkozy, dont on se rappelle l'absence de soutien à la candidate de son camp, Mme Valérie Pecresse. Ensemble pourrait aussi tenter de récupérer les voix qui se seraient portées sur les candidats épars de « centre-gauche », ce dernier repport me paraissant néanmoins minime. Enfin côté NUPES, le réservoir de voix pour le second tour semble être à rechercher principalement parmi les abstentionnistes. C'est d'ailleurs le message qu'a tenté de faire passer hier M. Jean-Luc Mélenchon lors de son discours de soirée électorale.

Ces incertitudes font qu'un climat tendu est perceptible dans cet entre deux tours. Je citerai le cas de l'ancien ministre, M Jean-Michel Blanquer,
battu dès le premier tour dans le Loiret. Avec 18,9% des voix, il est en effet arrivé derrière le candidat NUPES (Bruno Nottin, 19,4%) et derrière celui du RN (Thomas Ménagé, 31,5%). Dès le résultat connu, il a accusé son adversaire de la NUPES d'avoir « violé plusieurs règles électorales pendant la campagne ». Sans doute un coup des islamo-gauchistes qu'il voit partout... Plus près de nous, on peut aussi citer le cas de l'inénarrable candidate Ensemble, Mme. Amélie de Montchalin, qui a accusé, sans le citer, son adversaire dans la VIe de l'Essonne, M. Jérôme Guedj, d'antisémitisme, alors que lui même est de culture israélite. Je la cite «...ces candidats, qui se sont alliés dans un accord électoral mais qui n’est pas un accord de fond. Et qui promet aux Français le désordre et la soumission. La soumission à la Russie. La soumission à des idées antisémites. Quand vous voyez que certains qui étaient au parti socialiste, responsables des enjeux de laïcité, des valeurs républicaines, aujourd’hui sont estampillés Nupes [note du rédacteur : il s'agit de M. J. Guedj]». A l'unisson d'Ensemble, la même candidate n'hésite pas à s'en prendre à tous les candidats NUPES qui « en se repeignant de vert et rose, sont des anarchistes d’extrême gauche. Et qui ont, pour quelques circonscriptions, laissé de côté leurs valeurs républicaines...». Bref, cela sent légèrement le pétage de plombs. Et la prochaine étape, ce sera sans doute l'inversion du sens de rotation de la Terre si la NUPES emporte la majorité, ce qui, pour le moment, n'est d'ailleurs pas l'hypothèse théorique la plus probable, même si elle reste du domaine du possible...

Comment également passer sous silence, les différents décomptes en nombre de voix global effectués par le Ministère de l'Intérieur et la NUPES, chacun donnant des résultats différents ? L'Alliance des gauches indique que le ministère aurait « oublié » de décompter des voies de ses candidats, favorisant alors Ensemble et lui permettant de l'afficher en tête du scrutin. Le ministère se retranche derrière l'étiquette du candidat et de sa suppléante lors du dépôt de sa candidature en préfecture. En ce sens, de factoaucun des candidats de l'Outre Mer n'était effectivement inclus dans l'accord de la NUPES, et ceux-ci ne peuvent donc pas être comptabilisés comme tel. En revanche que penser du cas de M. Hervé Saulignac (arrivé premier dans la Ière de l'Ardèche), étiqueté « divers gauche » ? Celui-ci ne comprend pas ce classement, car il a bien été investi par la Nupes. Idem pour Joël Aviragnet, arrivé en tête dans la VIIIe de Haute-Garonne. Classé aussi « divers gauche » par le ministère « en raison de la candidature dissidente d'Annabelle Fauvernier, qui a clairement indiqué par voie de presse qu'elle avait le soutien de La France insoumise ». Et qu'importe que ce candidat déclare être le « candidat unique pour le PS dans la circonscription dans le cadre de l'accord de la Nupes ». Rien qu'avec ces deux candidats, ce sont plus de 28 000 voix qui ont été retirées à l'Alliance des gauches alors que le Ministère a placé Ensemble devant la NUPES avec 21 000 voix d'avance. Bref, même si il est impossible de savoir qui a raison, mais on ne peut qu'objectivement constater qu'au moins deux des candidats présentés et soutenus par la NUPES pendant toute la campagne ont très étrangement été catalogués comme divers gauche. Le doute sur la sincérité des résultats est d'ailleurs largement permis, car le ministre de l'Intérieur lui-même, M. Gérald Darmanin avait tenté d'empêcher l'enregistrement des candidats au nom de la NUPES dans toute la France. Le ministère avait néanmoins du s'y résoudre à la suite d'une décision de Conseil d'Etat. Il est également nécessaire de rappeler que plusieurs candidats de l'Alliance des gauches ont constaté l'absence de leur profession de foi ou de leur bulletin de vote dans le matériel électoral envoyés aux électeurs. Tout cela, dans le contexte tendu de l'entre deux tours, ne peut qu'alimenter la petite musique du tripatouillage électoral.


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Illustration personnelle d'après :
http://grincheuxmarrant.canalblog.com/archives/2012/06/19/24531038.html



samedi 11 juin 2022

QUAND LA MAIRIE SE PREND
LES PIEDS DANS LES PIÈCES D'IDENTITÉ

Un mail émanant de la marie, hier, indique que la carte d'identité est nécessaire pour voter demain dimanche, pour les législatives. Il me semble qu'il y a un petit malentendu autour de cette information...

Une erreur semble en effet s'être glissée dans ce message récent reçu de la mairie au sujet des élections de demain dimanche 12 juin 2022.

Contrairement à ce qui est dit, la carte d'identité n'est pas indispensable pour voter. La carte d'electeur non plus, mais pour avoir tenu des bureaux de vote pendant des années, merci de faire l'effort de la présenter aux bénévoles car cela facilite grandement les opérations de vote. En, ce qui concerne votre identité, vous devez néanmoins pouvoir en justifier. Pour cela, selon le Ministère de l'Intérieur, les documents suivants sont recevables :

. Carte nationale d'identité (valide ou périmée depuis moins de 5 ans)
. Passeport (valide ou périmé depuis moins de 5 ans)
. Carte d'identité de parlementaire (en cours de validité) avec photographie, délivrée par le président d'une assemblée parlementaire
. Carte d'identité d'élu local (en cours de validité) avec photographie, délivrée par le représentant de l’État
. Carte vitale avec photographie
. Carte du combattant (en cours de validité) avec photographie, délivrée par l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre
. Carte d'invalidité (en cours de validité) avec photographie ou carte de mobilité inclusion (en cours de validité) avec photographie
. Carte d'identité de fonctionnaire de l’État avec photographie
. Carte d'identité avec photographie ou carte de circulation (en cours de validité) avec photographie, délivrée par les autorités militaires
. Permis de conduire (en cours de validité)
. Récépissé valant justification de l'identité (en cours de validité), délivré en échange des pièces d'identité en cas de contrôle judiciaire
. Permis de chasser (en cours de validité) avec photographie, délivré par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Le permis de chasse délivré par l'Office national de la biodiversité n'est pas valable.

Attention cependant, vous devrez présenter l'original du document. Une photographie sur téléphone ou une photocopie ne sont pas acceptées.

En incidente, un peu plus d'attention aux messages envoyés par l'autorité municipale aux Forgeois pourrait ne pas nuire ! 


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Pour éviter toute publicité pour une ou un candidat plutôt que l'autre...

https://www.dorffer-patrick.com/2015/12/humour-elections-regionales-si-vous-ne-savez-pas-pour-qui-voter.html

lundi 6 juin 2022

IL Y A QUAND MÊME DES PROBLÈMES
AVEC LES FOURNISSEURS D'ACCÈS INTERNET (2) !

 

Dans un article précédent, j'ai fait part aux lecteurs de ce blog des problèmes de réseaux Internet qui ont affecté mon quartier, privant plusieurs foyers d'Internet pendant une dizaine de jours. J'ai la chance d'avoir pu bénéficier d'une réparation, mais pour d'autres, la situation n'est pas encore débloquée. Par ailleurs, je constate que les promesses orales des services commerciaux ne semblent pas engager mon fournisseur d'accès. Tout cela devient assez lamentable.

Le problème auquel j'ai été confronté et que j'ai conté plus tôt (1) est donc maintenant résolu. Mon domicile est de nouveau relié à Internet et mon téléphone fixe fonctionne de nouveau. Néanmoins, lors des échanges avec le service commercial d'Orange/Sosh, celui-ci m'avait fait un certain nombre de promesses, à savoir : la déduction du montant de mon forfait pendant toute la durée de la panne, un geste commercial (remise de 30% sur mon abonnement à venir) transfert gratuit des communications de mon téléphone fixe vers mon portable et prise en charge de augmentation de mon abonnement de mon portable chez mon opérateur mobile, puisque celui ci n'appartient pas au groupe Orange. Il se trouve que j'ai reçu samedi ma facture pour le mois de juin, et, ô surprise, celle-ci ne fait apparaître aucune des remises et remboursements promis. Pire que cela, le renvoi des appels de ma ligne fixe vers mon portable a été allègrement facturé. À 0,23 euro le renvoi, cela n'est vraiment pas donné ! Je contacte donc mon fournisseur d'accès Internet (FAI), Orange/Sosh, où l'opératrice me dit, après plus d'une heure d'attente, n'avoir aucune trace de mon dossier ! Tout juste voit-elle que mon domicile s'est trouvé impacté par une panne de 10 jours ; point à la ligne ! Elle me promet un rendez vous téléphonique avec un responsable, mais pas avant 15 jours. Belle consolation !

Pas trop content de la situation, je décide donc de raconter l'histoire sur le forum de l'opérateur, car je sais que c'est un moyen de pression efficace quand on veut obtenir quelque chose. J'y raconte mes mésaventures, de façon honnête et polie, en disant que je compte saisir le médiateur des télécoms, et faire valoir mes droits en justice si nécessaire. Le truc fonctionne ! Deux heures plus tard, message de l'assistance Orange / Sosh me proposant officiellement ce qui a été promis, gratuité des renvoi incluse. Cependant, l'assistance exclut la prise en compte de mon abonnement de portable. Après discussion, cette même assistance (ou est-ce le service commercial, car on ne sait jamais à qui on a affaire) me dit que cette prise en compte n'est pas possible. Je négocie néanmoins un petit geste commercial supplémentaire, par principe. Finalement, le problème se règle comme cela sur le plan financier. Ceci dit, il m'aura fallu, pour arriver à une solution, une heure d'entretien avec l'assistance technique (AT) au moment de la panne, puis plus d'une heure et demi après réception de ma facture de nouveau avec l'AT, puis encore une heure avec soit l'AT, soit le service commercial pour y arriver. Et encore, cette solution n'est pas conforme à ce qui a été promis... J'avoue donc à ce stade ne pas comprendre ce qui se passe chez Orange/Sosh, mais tout cela semble osciller entre pagaille générale, désorganisation, et inattention envers les « petits clients ». Une expérience récente avec une autre « grand » FAI m'avait déjà échaudé. Le problème dans ces entreprises est le même : les petits clients ne semblent absolument pas intéresser ces FAI, qui préfèrent sans doute les comptes pro ou les grands comptes.  

Curieusement, les problèmes dans mon quartier perdurent. Une de mes voisines  n'a récupéré son accès Internet qu'après moi, et un de mes voisins est toujours en panne avec une date de remise en service à fin juin ! Comme je l'expliquais plus tôt (1), les « travaux réseau » sont souvent sous-traités par les FAI à des entreprises tierces, et il semble que les agendas de ces entreprises soient fortement remplis par les travaux de connexion à la fibre de nouveaux foyers. L'impression que j'ai est donc que les réparations sur le réseau des petits clients se font sur le mode « quand on pourra ». J'expliquais aussi dans mon précédent article que ces pannes à répétition sont souvent liées à des problèmes de manque de sérieux chez les entreprises sous-traitantes, dont certaines agissent même comme des crapules, n'hésitant pas à saboter le travail des autres intervenants, une pratique très courante selon la présidente de  l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep).    

Sabotage est d'ailleurs le mot qui convient, car en sus des dégradations oeuvres d'installateurs-voyous, l'Arcep comme les FAI s'inquiètent  d'une recrudescence d'actes de pure malveillance sur les réseaux. Il ne s'agirait plus d'actes motivés par le seul vol de matériel, cuivre en tête, car il n'y a aucun intérêt à voler de la fibre. La situation est telle que la DGSI se penche même sur le sujet, car nous pourrions être en présence de cas de cyber-terrorisme. On lira avec intérêt les articles qui se rapportent à cette question (2-4).  

Par ailleurs, j'ai appris qu'une partie du centre bourg de Forges a été affectée par une coupure Internet et téléphone fixe, pénalisant les particuliers, mais également les commerçants dont les terminaux de carte bancaire ne fonctionnent plus. Sont également affectés, semble-t-il, la mairie de Forges et le bureau de poste où le DAB était, aujourd'hui encore, inopérant. Il semblerait que nous soyons là, pour le coup, dans un cas de vol de cuivre utilisé pour la téléphonie fixe (réseau commuté) et pour l'accès Internet en ADSL. Bref, comme le disait l'inénarrable président de la République, M. Jacques Chirac : « les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ». De fait !

 

Références :

1. Il y a quand même des problèmes avec les fournisseurs d'accès internet ! Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2022/05/il-y-quand-meme-des-problemes-avec-les.html

2. Pierre Manière. D’importants sabotages de fibres optiques perturbent le réseau Internet. La Tribune. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.latribune.fr/technos-medias/telecoms/d-importants-sabotages-de-fibres-optiques-perturbent-le-reseau-internet-915641.html

3. Anonyme. Enquête pénale, « cyberterrorisme »… ce que l’on sait du mystérieux sabotage des câbles de fibre optique. L'Obs. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.nouvelobs.com/justice/20220427.OBS57747/enquete-penale-terrorisme-numerique-ce-que-l-on-sait-du-mysterieux-sabotage-des-cables-de-fibre-optique.html

4. Manon Aublanc. Internet : Le sabotage de câbles de fibre optique, un acte de cyberterrorisme ? 20 minutes. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.20minutes.fr/justice/3279547-20220428-internet-sabotage-cables-fibre-optique-acte-cyberterrorisme

 

Crédit Illustration :

Le Chat de Ph. Geluck
https://lechat.com/

 

 

dimanche 5 juin 2022

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES :
FOCUS SUR NOTRE ACTUELLE DÉPUTÉE



Comme je l'écrivais dans un article précédent, je suis quelque peu atterré du silence assourdissant qui entoure les prochaines élections législatives. Je sens beaucoup de désintérêt ou d'indifférence autour de moi, comme si l'élection présidentielle avait été l'alpha et l'oméga de la vie politique en France.

Il est vrai que notre régime présidentiel ressemble parfois à une monarchie dans laquelle le président de la République déciderait de tout, un sentiment renforcé à mon humble avis par le comportement de l'actuel président, et par le fait que la grande majorité des députés LREM de l'actuelle mandature se sont largement comportés comme des députés « godillots ». Je n'en veux pour preuve que les autorisations données à l'exécutif de légiférer par ordonnances sur des sujets qui auraient pourtant mérité débats et amendements, ou le fonctionnement de certaines commissions d'enquête qui ont davantage joué le rôle de fossoyeur que de promoteur des investigations. Je pense particulièrement à la commission d'enquête lancée dans le cadre de l'affaire Benalla, présidée par Mme. Yaël Braun-Pivet, dont l'action s'est révélée totalement soumise à de probables instructions en provenance de l'Élysée...

À l'approche des élections, il peut être également utile de consulter sur différents sites (1,2) l'activité de notre actuelle députée, Mme Marie-Pierre Rixain. J'ai tout d'abord évalué son niveau de présence à l'Assemblée Nationale. L'assiduité de notre députée a été dans une honnête moyenne jusqu'à fin décembre 2019. Ensuite, notre députée s'est faite rare, voire très rare, et ce jusqu'à début 2022 où elle semble de nouveau être présente sur les bancs du Palais-Bourbon. La courbe de ses interventions en séance comme celle de sa participation en commission sont calquées sur celle de sa présence en séance, avec un silence de plus en plus prégnant en session, et des absences de plus en plus fréquentes en commission tout au long des années 2020 et de 2021 (3). Au ttire des sujets abordés, ses interventions ont concerné principalement l'égalité économique et professionnelle, le renforcement du droit à l'avortement et la question de la démocratie représentative, responsable et efficace.

Pour être aussi honnête que possible, il est nécessaire de préciser que notre actuelle députée n'est pas restée inactive. Elle a été membre et rapporteur de la commission permanente des affaires sociales et présidente d'une mission parlementaire, celle de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Elle a co-signé une quinzaine de rapports sur les quelques 50 mois couverts par l'actuelle mandature. Ceci n'est pas une production extraordinaire, mais cela la place néanmoins parmi les 150 députés les plus actifs en la matière. Son appartenance au parti majoritaire l'a conduit, en revanche, à signer peu d'amendements, son activité en la matière la plaçant, cette fois-ci, dans le groupe des 150 députés les moins actifs.

En lien avec ce qui précède, je me suis également intéressé aux textes qui ont été votés, ou rejetés par notre actuelle députée. Force est de constater que Mme M.-P. Rixain a soutenu nombre de lois antisociales (2). Elle a ainsi voté en faveur de la loi transformant l'ISF en IFI (projet de loi de finances rectificative pour 2017), en faveur de la « réforme » du code du travail (loi ratifiant les ordonnances Macron de dites de flexisécurité), et la loi réformant la SNCF (statut du cheminot, ouverture à la concurrence, etc.). Dans la même ligne, elle était absente lors de vote de lois possiblement plus favorables au bon peuple de France, ou tout au moins à certaines et certains d'entre nous. Elle n'a donc pas participé au vote de mesures supprimant de manière progressive la taxe d'habitation (loi de finances 2020), ni validé les textes confortant les « accords de Ségur » (valorisation du travail des soignants en France), ni soutenu les mesures dites de « reste à charge zéro » (loi de financement de la Sécurité sociale 2019). Bref, de ce côté là, son bilan peut être considéré comme mauvais !

Voilà pour le tour d'horizon succinct de son activité au Palais Bourbon. Se pose ensuite la question de sa présence sur le territoire qui l'a portée à la députation. À ce sujet j'ai eu la semaine dernière, à la foire organisée par la CCPL à Soucy, d'intéressantes discussions avec des élus locaux autour de cette question. Effectivement, les divergences d'appréciation du rôle d'un député peuvent apparaître selon que l'on considère qu'il ou elle est avant tout « faiseur de lois », ou qu'il ou elle doit également, voire surtout, représenter son territoire et en défendre l'intérêt. En la matière, un certain nombre des élus locaux (la majorité de ceux avec qui j'ai échangé d'ailleurs) considèrent que notre députée n'a pas fait preuve, pour le dire de façon polie, d'une présence forte sur le terrain. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que l'activité parlementaire d'un député est très fortement encadrée par les textes de loi, mais que son activité locale ne l'est pratiquement pas, laissant à chacun d'entre elles ou eux le soin de décider si elle ou il doit être l'ambassadeur de sa circonscription auprès du Parlement. À titre personnel, il me semble que le fonctionnement de notre démocratie attribuerait plutôt ce rôle aux sénateurs, puisque le Sénat se veut le défenseur des collectivités territoriales, communes et départements en tête.

En complément, il me semble cependant que le député devrait être, a minima, à l'écoute de sa circonscription. Comment, effectivement, élaborer des dispositions législatives pertinentes, qui affecteront la vie de tous les Français, si les membres de l'organe délibérant ne s'intéressent aucunement au ressenti de leurs concitoyens ? Cette écoute est sans aucun doute ce qui a fait le plus défaut aux députés LREM de l'actuelle mandature, mais également au gouvernement. C'est d'ailleurs ce que dit le bientôt ex-député LREM M. Cédric Villani, élu dans la 5e de l'Essonne, qui vient comme d'autres de quitter LREM. Au delà du manque d'ambitions environnementales de l'exécutif comme du législatif, qu'il pointe du doigt, je cite ses propos sur l'écoute de ses collègues et du gouvernement : « à chaque fois qu’on voulait enrichir le projet de loi Climat et résilience avec les propositions de la convention citoyenne, très peu présentes, les amendements étaient tous rejetés, évacués ou déclarés irrecevables. Sans parler du temps de parole ridicule » (4). Le même constat a été fait par M. Sébastien Nadot, finalement exclu des marcheurs, quant il dit qu'à l'assemblée nationale « il parlait dans le vide ». Au total ce sont d'ailleurs une grosse trentaine de députés qui ont quitté LREM, de leur fait ou par exclusion depuis 2017. Ce manque d'écoute, et de prise en compte de ce qui a été dit, on l'a bien perçu au travers des différentes lois affectant la protection sociale, au sens large, ou le monde du travail, lors de l'élaboration desquelles les avis des corps intermédiaires ont été vaguement écoutés, mais pas entendus. La crise des gilets jaunes, qui repartira dès que la pandémie aura régressé, n'en est, in fine, qu'un des avatars les plus visibles.


Références

1. Nos députés : observatoire citoyen de l'activité parlementaire.
Consultable en ligne :
https://www.nosdeputes.fr/

2. Fabien Dabert. Le députomètre : votre député a-t-il voté les réformes d'Emmanuel Macron ? Linternaute.com. Mai 2022.
Consultable en ligne :
https://www.linternaute.com/actualite/politique/2631497-le-deputometre-ce-que-votre-depute-a-vote-sur-les-principales-reformes-de-macron

3. L'activité de Mme Marie-Pierre Rixain :
Consultable en ligne :
https://www.nosdeputes.fr/marie-pierre-rixain/graphes/legislature

4. Emmanuel Clévenot. « Je parlais dans le vide » : ces députés déçus de la Macronie. Reporterre. Mai 2022.
Consultable en ligne :
https://reporterre.net/Je-parlais-dans-le-vide-ces-deputes-decus-de-la-Macronie


Crédit illustration :

Site de l'assemblée nationale



dimanche 29 mai 2022

VARIOLE DU SINGE :
C'EST GRAVE, DOCTEUR ?


La presse papier, la radio et la télévision, ainsi que les réseaux internet, se font les échos d'une « épidémie » de variole du singe, et certains articles m'ont paru outrageusement alarmistes, eu égard à ce qui est connu de cette maladie. Une petite mise au point s'impose.


La variole du singe est une maladie provoquée par un virus de la famille des Poxviridae, et plus précisément du genre Orthopoxvirus, qui regroupe plusieurs pathogènes connus comme le virus de la variole ou celui de la vaccine. La vaccine est une maladie qui touche les bovins essentiellement, transmissible à l'homme, chez lequel elle entraîne des symptômes atténués par rapport à la variole, essentiellement l'apparition de fièvre, fatigue et pustules (ou vésicules) sur la peau. Très tôt, le médecin britannique Jenner réalise que l'on pouvait protéger les humains de la variole en leur inoculant des vésicules de vaccine. Le nom de la maladie est depuis devenu celui du procédé : la vaccination. Ce procédé à permis depuis l'éradication totale de la variole et il constitue sans doute l'un des exemples les plus probants de l'efficacité de la technique.

La variole du singe est également transmissible à l'homme où elle entraîne aussi, en général, des symptômes très atténués par rapport à ceux de la variole, dont je rappelle qu'elle était associée à un taux de mortalité de 'ordre de 20 à 40% des cas ! La transmission du virus se fait essentiellement d'un animal contaminé à l'Homme. Il s'agit donc, comme pour la CoViD, d'une zoonose. Le singe n'est d'ailleurs probablement pas le réservoir principal du virus. Ce dernier serait plutôt à rechercher parmi les rongeurs. Dans la nature,le virus n'a d'ailleurs été isolé que du singe ou de l'écureuil d'Afrique. La transmission entre humains est possible. Elle peut se faire par voie aérosol à très courte distance, et par contact, particulièrement avec les fluides corporels, ou les vêtements des personnes contaminées. La plupart du temps, les symptômes de la variole du singe chez l'homme commencent par une fièvre modérée, des maux de tête, de la fatigue, puis se poursuivent par une inflammation des ganglions lymphatiques, et enfin par l'apparition de pustules sur le corps qui peuvent parfois être douloureuses. Ces symptômes dépendent de l'état du patient et de son statut vaccinal. Les personnes vaccinées contre la variole, et qui ont effectué les rappels, sont en général protégées d'une infection sévère par le virus de la variole du singe. La maladie peut cependant être grave chez les personnes immunodéprimées (1).

Devant ce tableau relativement peu inquiétant, on peut se demander pourquoi tout ce bruit autour de cette maladie. Une des réponses pourrait être que la variole et son virus, bien qu'éradiqués, restent sur la liste des pathologies et micro-organismes « utilisables » à des fins de bioterrorisme. Encore faut-il pourvoir s'en procurer ! Il existait officiellement, voilà une vingtaine d'années, deux sites de références où le virus était conservé : le Center for Disease Control (CDC) à Atlanta, Etats-Unis, et le Centre Nationale de Recherche en Virologie et Biotechnologie russe de Koltsovo, ville située en Sibérie, proche de Novosibirsk. En réalité, des lots pourraient aussi avoir été oubliés dans les congélateurs d'autres instituts, comme cela a été le cas à Bethesda, dans le Maryland,, où des préparations virales ont été retrouvées dans un laboratoire de la Food and Drug Administration (FDA), voila 7 ou 8 ans. Mais comme je l'écrivais plus haut, la variole du singe, elle, ne présente pas la dangerosité de la variole. Des traitements sont d'ailleurs disponibles, au delà des traitements à visée d'allégement des symptômes ; il s'agit d'antiviraux déjà approuvés en usage thérapeutique. L'un d'entre eux, le Tecnovirimat, a récemment été utilisé avec succès au Royaume-Uni sur un patient. L'article a été publié le 24 mai dans The Lancet - Infectious Diseases (2). Il reste bien sur à étendre cette étude à davantage de patients pour en vérifier les résultats. La vaccination mettant en œuvre le vaccin contre la variole est également efficace car il confère, en raison de la proximité génétique des virus, une immunité croisée avec la variole du singe. Les personnes âgées de plus de 60 ans ont bénéficié de cette vaccination, et on peut considérer que cette population habituellement « à risque » est donc plutôt protégée. La vaccination est aussi systématiquement proposée aux personnes, cas contact des malades actuels. À noter : on utilise pour cela des vaccins dits de troisième génération, beaucoup plus surs que les vaccins qui ont été utilisés précédemment (première et seconde générations) qui pouvaient entraîner, très rarement, des complications vaccinales sérieuses de type encéphalite ou pathologie cardiaque. Sans que cela soit vérifiable, car ce chiffre est une donnée classifiée, on estime que le nombre de doses de vaccin antivariolique en France est au moins équivalent au nombre de Françaises et Français, soit plus de 70 millions, permettant de répondre rapidement en cas d'attaque terroriste par une primo injection. 

Ce qui surprend dans l'apparition des cas de variole du singe, c'est le fait que l'émergence se fait dans plusieurs pays « en même temps ou presque ». C'est aussi et surtout que certaines des personnes malades ne se sont pas rendues récemment dans des zones où la maladie est endémique, ou n'ont pas eu de contact avec des personnes revenant des ces régions. La zone d'endémisme se situe en Afrique, essentiellement au Nigeria, Cameroun, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo (RDC), mais également au Bénin, Gabon, Côte d'Ivoire, Liberia, Sierra Leone, et Sud-Soudan. En RDC, l'OMS comptabilisait début mai plus de 1 200 cas de variole du singe depuis début 2022, avec un nombre cumulé de décès de 57, soit un taux de mortalité de l'ordre de 5 % (3). Hors zones endémiques, des cas de variole du singe ont été rapportés dans plus de 20 pays, essentiellement en Europe mais également aux États-Unis, au Canada, en Israël et aux États Arabes Unis. En Europe, le nombre de cas confirmés était de 118 au 25 mai 2022, la grande majorité au Portugal et en Espagne (88 cas pour ces deux pays; 4). Dans la plupart des cas, la transmission s'est faite par voie sexuelle. Le même schéma épidémiologique impliquant une contamination par voie sexuelle se retrouve aux Etats-Unis. A ce jour, l'origine de l'infection n'est donc pas tracée.

Au regard de ces données, il n'y a cependant pas de raison de paniquer. Certes, il est pour le moment impossible de dire comment évoluera la maladie. Celle-ci reste de toutes façons largement traitable, tout au moins en Europe. D'ailleurs, sur la centaine de cas rapportés dans l'UE, aucun décès n'a été enregistré. Les agences de santé internationales (CDC, OMS, ECDC) n'ont pas lancé de mise en garde de grande échelle, même si le CDC est en alerte de niveau 2 (« mesures de protection renforcées ») pour les séjours en zones endémiques.

Il reste néanmoins nécessaire de remonter l'origine des clusters de contamination en zone non-endémique. Une source possible existe, et elle a d'ailleurs été à l'origine d'une « mini-épidémie » de variole du singe en 2003 aux États-Unis. À l'époque, des écureuils et des rats de Gambie avaient été importés d'Afrique aux États-Unis, et certains étaient porteurs du virus qui a ensuite infecté des chiens de prairie. Or ces petits animaux faisaient à l'époque l'objet d'une vogue certaine en tant qu’animaux de compagnie. Ils ont dans de rares cas pu ainsi infecter l'Homme (5). Des campagnes de dépistage, des investigations épidémiologiques et les traitements subséquents ont permis de circonscrire très rapidement la maladie aux Etats-Unis, mais on ne peut exclure qu'un schéma identique puisse en partie expliquer l'émergence de cette maladie en Europe. Il reste également nécessaire d'obtenir les séquences de l'ADN viral pour pouvoir la comparer à celle des virus de variole du singe précédemment isolés, et rechercher de possibles mutations susceptibles d'expliquer une contagiosité plus élevée ou une modification du spectre d'hôtes potentiels. Ces travaux sont sans aucun doute déjà en cours, mais il n'en n'est pas encore fait état dans les publications scientifiques. Lorsque ces données seront disponibles, nous y verrons plus clair dans les raisons de cette réémergence de la maladie en zones non endémiques. En attendant, d'autres cas se déclareront mais sans que cela ne puisse, à ce jour, indiquer que nous serions au début d'une nouvelle épidémie comparable à celle de la CoViD, toujours présente.

Note ajoutée le 15 juin 2022 :

Le nombre de cas, hors zone endémique, se situe ce jour autour de 1300. Aucun décès n'a été signalé. En France, la quasi totalité des cas (autour de 130) sont des hommes, et l'on note une forte corrélation entre contamination et relations sexuelles. La variole du singe n'est cependant pas jusqu'à présent une maladie reconnue comme une MST.  


Références :

1. Marlyn Moore et Farah Zahra. Monkeypox. StatPearls Publishing. Dernière mise à jour 22 mai 2022.
Consultable en ligne :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK574519/

2. Hugh Adler et coll. Clinical features and management of human monkeypox: a retrospective observational study in the UK. The Lancet - Infectious diseases.
DOI: https://doi.org/10.1016/S1473-3099(22)00353-X
Mai 2022.

3. Donnée de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS/WHO).
Consultable en ligne :
https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON385

4. Donnée du Centre Européen de Contrôle et la Prévention des Maladies (ECDC).
Consultable en ligne :
https://www.ecdc.europa.eu/en/news-events/epidemiological-update-monkeypox-multi-country-outbreak#:~:text=A%20multi%2Dcountry%20outbreak%20of,sex%20with%20men%20(MSM).

5. A.-J. Georges, T.Matton, M.-C. Courbot-Georges. Le monkey-pox, un paradigme de maladie émergente puis réémergente. Médecine et Maladies Infectieuses 34, 12-19. Janvier 2004.


Crédit illustration :

Incidence de la maladie hors zone endémique au 25 mai.
Modifié d'après la source ECDC -Voir Ref.4.


mardi 24 mai 2022

LES CANDIDATS DE LA LEGISLATIVE
DANS LA «4e DE L'ESSONNE»


L'élection législative approche, et, comme pour la présidentielle d'ailleurs, à un mois du premier tour les débats - et j'oublie là les invectives faciles et inutiles - ne sont qu'à peine lancés. Je me demande d'ailleurs qui connaît les candidats de notre circonscription... Ce billet a pour vocation de parcourir, ou plutôt de survoler, les candidatures et leurs porteuses ou porteurs.

Les noms des candidats, présentés par ordre alphabétique avec leur couleur politique entre parenthèses, sont les suivants : Alain Boutaleb (RN), Jean-Pierre Coquelet (PA), Amadou Deme (PCF - NUPES), Miriam Djabali (SE), François La Selve (REC), Jérémy Martin (LR), Juliette Plouin (LO) et Marie-Pierre Rixain (LREM - ENS - sortante) *.

M. Alain Boutaleb, candidat du Rassemblement National, est ingénieur en conception de signalisation ferroviaire, selon son profil LinkedIn, et travaille pour Hitachi Rail France depuis deux ans, après 8 ans comme auto-entrepreneur expert, en maintenance informatique et électronique. Au cours de cette période, il a finalisé une formation en génie industriel : électronique embarquée et systèmes de communication sanctionnée par un master obtenu à Paris-Nanterre. Il a été candidat aux départementales en 2021 à Ballainvilliers où il a recueilli 29,3% des suffrages exprimés (env. 7,5% des inscrits).

M. Jean-Pierre Coquelet, candidat du parti animaliste (cela ne s'invente pas !), a fait ses études à l'école nationale vétérinaire de Toulouse où il a obtenu un doctorat en la matière en 1978. Il a complété cette formation par un DEA en océanographie biologique, à la station marine d'Endoume. Il exerce depuis des année et sans surprise la profession de vétérinaire, actuellement à Marcoussis au sein du cabinet Coquelet. La « toile » ne fournit sur lui que peu d'information.

A la différence du précédent, internet est riche de données relatives à M. Amadou Deme, 53 ans, candidat de la NUPES, affilié PCF, dont il est le secrétaire départemental depuis 2016. Longtemps militant du PC à Grigny, M. Amadou Deme a été responsable du collectif « quartiers populaires » au PCF. Il habite à Saulx-Les-Chatreux depuis 2008 et travaille comme fonctionnaire territorial en Essonne.

Mme. Miriam Djabali se présente comme une candidate « sans étiquette et totalement indépendante ». Habitant à Longjumeau, professeur en IUT, elle a cependant figuré sur une liste affiliée à LREM aux dernières élections municipales dans cette commune. Elle assure avoir retiré son nom après des désaccords avec ses colistiers et face à la rigidité du parti. Elle revendique pour les législatives le portage d'un « programme adapté aux enjeux du territoire ».

M. François La Selve, 28 ans, est le candidat de « Reconquête ». Il a poursuivi des études en histoire à l'Université de Paris - Panthéon Sorbonne, et a été responsable de section à l'UNI (mouvement étudiant proche de la droite conservatrice). Il a été responsable jeunes du Mouvement Conservateur. Conseiller national au parti des Républicains, il a exercé des fonctions de collaborateur au Sénat et est actuellement chef de cabinet à la mairie du Plessis-Robinson.

Candidat des Républicains, M. Jérémy Martin a fait également des études d'histoire à l'Université de Paris - Panthéon Sorbonne. Agent de la fonction publique territoriale à Longjumeau, il est ensuite devenu attaché parlementaire de M. Guy Malherbe, député-maire d'Épinay-sur-Orge. Il revendique sa proximité avec Mme N. Kosciusko-Morizet dont il a été attaché parlementaire. Il est actuellement le 1er adjoint au maire à Longjumeau où il réside. Il est directeur de cabinet de l'actuel maire de Breuillet.

Mme. Juliette Plouin, 47 ans, est la candidate Lutte Ouvrière. Elle a fait ses études à l'Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de Paris, puis en physique à l'université Paris XI, Orsay. Elle obtient un doctorat en ingénierie des tubes micro-ondes en 2004. Elle exerce depuis au CEA de Saclay comme ingénieure de recherche dans le domaine des hyperfréquences. Elle s'est déjà présentée aux législatives, en 2012 dans la 7e de Seine Maritime et en 2017, dans la 6e de l'Essonne.

Enfin, Mme Marie-Pierre Rixain, 45 ans, députée sortante, est la candidate LREM. Sa fiche Wikipédia indique qu'elle « est diplômée de l'Institut d'études politiques de Toulouse (promotion 1999)». Elle a travaillé « avec le député Jacques Barrot puis devient consultante indépendante sur les réseaux de santé ». Elue députée, elle se présente à la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes de l’Assemblée Nationale, qu'elle préside depuis.

Voila pour ce petit tour rapide et sans prétention. Il serait maintenant plus que temps que ces candidats agissent en candidat et nous présentent leur projet, ou, plus probablement pour la majorité d'entre eux, le projet qu'elles ou ils porteront pour la prochaine mandature.


* Note ajoutée le 31/05/22

Cette liste était celle connue au moment de la publication de l'article, et établie selon les données du ministère de l'intérieur. La liste finale comporte quelques noms complémentaires, par ordre alphabétique : Dimitri Dumont (divers gauche), Agathe Scache (divers centre), Martin Loizillon (divers) et Iliane Polizzo (écologiste hors NUPES).


Crédit illustration :

Wikipedia. Quatrième circonscription de l'Essonne

vendredi 20 mai 2022

IL Y A QUAND MÊME DES PROBLÈMES AVEC LES FOURNISSEURS D'ACCÈS INTERNET !



Les lecteurs du blog l'auront noté, celui-ci s'est fait quelque peu silencieux au cours des derniers jours. La raison principale est d'ordre technique, et liée à l'arrivée à mon domicile de la fibre optique, comme moyen de connexion au réseau Internet. Or, depuis cette installation il y a quelques semaines, les problèmes se multiplient jusqu'à devenir aujourd'hui quasiment kafkaïens.

Mon domicile a donc été raccordé à la fibre voilà un mois et demi environ. Mon fournisseur d'accès est Orange, via l'offre de services proposée par Sosh. Dès le début, des problèmes sont apparus. Le premier s'est produit le jour même de l'installation, puisque le boîtier numérique de connexion refusait de se connecter au réseau. Après deux ou trois communications avec les « conseillers techniques », l'un d'entre eux, plus malin que les autres, s'est aperçu que les codes de connexion qui m'avait été indiqués étaient erronés ! Le domicile s'est donc retrouvé connecté le lendemain de l'installation.

Tout a ensuite fonctionné normalement pendant une dizaine de jours. Puis des déconnexions de courte durée (10 à 60 secondes) sont apparues, tout d'abord de façon très épisodique, puis de façon récurrente avec en moyenne une coupure toutes les cinq minutes. Une discussion avec l'assistance technique s'avère décevante, puisque cette dernière m'affirme que tout fonctionne normalement et que la ligne ne devrait pas poser de problème. De mon côté, j'avais pris la précaution d'arrêter puis de relancer le boîtier « Livebox ». Comme cela était resté sans effet, j'avais également procédé à une réinitialisation logicielle. J'aurais soufflé dans le boîtier que cela n'aurait pas été plus efficace ! Je rappelle donc de nouveau l'assistance technique pour expliquer la situation et celle-ci détecte cette fois un « problème sur la ligne ». Impossible de savoir lequel malgré mon insistance auprès de l'opérateur, qui m'assure cependant que Orange/Sosh allait procéder à des modifications susceptibles de ralentir le trafic sur mon installation, mais à même d'améliorer la question des micro-coupures quelques jours plus tard.

Après ces quelques jours, et comme les micro-coupures devenaient de plus en plus fréquentes, en dépit de ce qui m'a été annoncé, je rappelle l'assistance en expliquant que le problème est de deux ordres : des micro-coupures sur la ligne elle-même, et un dysfonctionnement du wi-fi au départ du boîtier « Livebox ». Après discussion avec un ami spécialiste de la question, celui-ci m'indique que les problèmes liés wi-fi sont de plus en plus fréquents, peut-être en raison des interférences entre les différents boîtiers du voisinage. La dernière version du boîtier « Livebox » fait d'ailleurs l'objet de fortes critiques en regard des connexions wi-fi qu'il autorise. Le fournisseur d'accès Orange/Sosh met d'ailleurs, si besoin, à disposition de ses abonnés des répétiteurs wi-fi...

Depuis 4 à 5 jours, la situation semblait s'être néanmoins quelque peu améliorée, avec une ou deux coupures par jour. Puis patatras ! Depuis hier c'est tout le réseau fibre qui est en panne. J'appelle donc l'assistance technique qui m'affirme tout d'abord que la ligne fonctionne normalement, mais qui quelques minutes plus tard, devant les explications que je fournis et les retours d'autres clients, me confirme qu'effectivement un problème sérieux semble s'être produit sur le réseau. Je ne suis en effet pas le seul à être affecté. Plusieurs voisins, tous clients Orange ou Sosh, sont également privés de connexion Internet et donc aussi de téléphonie fixe. La panne est collective. L'assistance technique, très aimable, soit dit au passage, promet de me rappeler ce jour, ce qu'elle fait d'ailleurs à l'heure dite, pour me proposer des solutions de secours. La panne ne sera en effet pas réparée avant au mieux le 31 mai (sic !), soit dans 11 jours,  mais sans garantie sur cette date. Mon téléphone fixe est rebasculé gracieusement sur ma ligne portable, et l'opératrice me propose toujours aimablement de me fournir 200 Go gratuits sur mon téléphone portable. Problème n°1 : mon forfait portable n'est pas souscrit auprès d'Orange/Sosh. Dans ces conditions, mon fournisseur d'accès ne peut rien. Je demande donc à l'opérateur de me fournir un boîtier 4G pour la connexion. Problème n°2 : pas possible. Explication : cette option n'est offerte qu'à certains titulaires de contrats « Orange ». Je demande donc ensuite de résilier mon abonnement fibre, pour revenir à l'abonnement ADSL, donc via le réseau « cuivre », qui fonctionnait sans doute plus lentement mais de façon beaucoup plus robuste. Problème n°3 : pas possible non plus. Explication : à partir du moment où le domicile est relié par fibre au réseau, le retour en arrière vers l'ADSL cuivre n'est plus possible. J'ai beau argumenter sur le fait que le domicile n'est plus, de fait, relié au réseau par la fibre, rien n'y fait ! Si je voulais caricaturer la situation, je dirais que pour Orange/Sosh, l'important est qu'il y ait une fibre tirée entre votre maison et l'équivalent d'un sous-répartiteur, mais que celle-ci soit fonctionnelle ou pas n'a aucune importance ! Kafkaïen, je disais ! Il me reste alors deux options. La première est de résilier le contrat Orange/Sosh et de trouver un nouvel opérateur ; la seconde, que j'ai mise en œuvre après avoir insisté avec l'assistance technique pour une prise en charge sous forme de geste commercial, est de me retourner vers mon opérateur de téléphonie mobile pour souscrire un forfait « 100 Giga » et d'utiliser mon téléphone portable comme routeur 4G, via le partage connexion.

Renseignements pris auprès de voisins vigilants connaissant bien mieux que moi le fonctionnement des réseaux, il semblerait que la panne puisse être liée, sans certitude aucune cependant, à l'intervention de prestataires d'autres compagnies dans les armoires de connexion. Si tel est le cas, notre problème ne serait pas isolé. Des cas semblables se sont multipliés au cours des derniers mois, à tel point que Madame Laure de la Raudière, présidente de l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep), s'en est très récemment inquiété, affirmant que l'on « constate aussi que les raccordements ne se passent pas bien. Il y a 20 à 30 % des raccordements qui sont en échec […] il y a des défauts de qualité et c’est tout à fait inacceptable ».

Cette affirmation est importante, d'autant qu'il semble que l'autorité de régulation n'en soit pas restée à ce seul constat. Ainsi, parmi les comportements inacceptables cités par Madame de la Raudière, la façon de procéder de certains des prestataires chargés de raccorder les particuliers au réseau est plus que questionnable. En effet, faute de pouvoir à joindre un interlocuteur chez l'opérateur, certains techniciens de raccordement « débranchent un client pour prendre sa place ». De même, certains de ses techniciens n'hésitent pas à « défoncer les portes d'armoires de connexion pour pouvoir y accéder ». La présidente de l'Arcep conclut d'ailleurs en indiquant que « Malheureusement, ce ne sont pas des pratiques isolées ». Derrière ces pratiques, disons le mot, de voyous, émerge la question de la sous-traitance. Les raccordements aux réseaux ne sont en effet pas effectués par les fournisseurs d'accès mais par des entreprises prestataires qui, elles-mêmes, sous-traitent à d'autres les travaux à effectuer. Une enquête du Monde indiquait qu'il pouvait y avoir jusqu'à 8 niveaux de sous-traitance, les derniers des derniers ne gagnant presque pas d'argent, et se payant en sabotant (littéralement) le travail, surtout le travail des autres. Un des sous-traitants d'Orange est d'ailleurs dans le viseur de la justice... En lien, Madame Marie-Pierre Rixain, députée de notre circonscription, a présenté l'année passée un projet de loi visant « à responsabiliser les opérateurs chargés du déploiement de la fibre ». Elle proposait, entre autres, d’obliger les techniciens  « à détenir une certification délivrée par l’autorité compétente » pour pouvoir intervenir. À dire vrai, ceci me semblerait le minimum. Je m'étonne même qu'il ait été nécessaire de l'imposer ! Et toujours pour dire vrai, il me semblerait beaucoup plus important d'interdire la constitution de ces poupées-gigognes de sous-traitants et de limiter à un seul niveau cette activité de sous-traitance quitte à ce que l'entreprise donneuse d'ordre, c'est-à-dire le fournisseur d'accès, utilise plusieurs sous-traitants selon, par exemple, les secteurs géographiques, ou ses besoins.

L'accès à Internet n'est en effet, de nos jours, plus un luxe mais une nécessité. Nous n'avons d'ailleurs pas, collectivement, réalisé tous les impacts associés à la numérisation à marche forcée de notre société. Certes nous entendons parler de la fracture numérique, mais qu'en est-il de la dématérialisation totale des factures, des bulletins de salaire, et autres pièces administratives que nous conservions jusqu'à présent au format papier et qui nous sont maintenant systématiquement proposés au format numérique ? Nos concitoyens sont-ils parfaitement formés aux stratégies de préservation des données numériques ? Et la technique permettra-t-elle dans 30 ou 40 ans de lire le format des documents que nous conservons aujourd'hui en vue d'un éventuel usage ultérieur ? Je n'en suis pas certain.

Enfin un mot pour dire que nombre de systèmes de sécurité requièrent la présence d'un boîtier Internet et d'une ligne téléphonique fonctionnelle. Je pense à certaines des alarmes de télésurveillance des domiciles, mais également à certains des systèmes d'appel d'urgence mise à disposition de nos anciens en cas de problème de santé. Là aussi, il me semble que des dispositions réglementaires visant à obliger les fournisseurs d'accès à une continuité de service devrait être mises en place et surtout appliquées rapidement.

Il me semble bon de rappeler pour conclure que Bouygues, Free, Orange, SFR, etc., ont tous une obligation de résultat. Ceci implique que la responsabilité du fournisseur d'accès est engagée automatiquement en cas de non exécution du contrat qui les lie à leurs clients,
et notamment dans le cas d'une interruption d'accès à l'Internet, voire même d'un débit très différent du débit contractuel, et ce sans que le client n'ait à prouver quoi que ce soit. À bon entendeur !


Crédit illustration :

Sébastien Dumoulin. Orange embarrassé par la crise de son principal sous-traitant. Les Echos. Avril 2022.
Consultable en ligne :
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/orange-embarrasse-par-la-crise-de-son-principal-sous-traitant-1397947


mercredi 11 mai 2022

LE SIAL, VU DU CONSEIL
MUNICIPAL DE FORGES (2)



En sus des questions évoquées dans l'article précédent, j'ai également été sollicité pour répondre à des affirmations relatives au SIAL que certains conseillers municipaux de notre commune ont reçu par mail, une heure seulement avant le dernier conseil municipal. Certains de ces conseillers ont donc sollicité mon avis sur ces questions. Je leur ai communiqué cet avis que je publie sur mon blog avec leur accord et en toute transparence.

Je liste donc ci-dessous les affirmations qui m'ont été communiquées, en italiques, et en conservant le texte comme tel, donc avec fautes d'orthographe et formulation complexe. Mes réponses apparaissent en caractères droits, en dessous.

« Le SIAL a-t-il répondu aux questions posées par le rapport de la cour des comptes régionale en date du 27/07/2021 ? A ce rien jour n’a été fait ? »

N'étant pas délégué au SIAL, je ne peux répondre à cette question. Je suggère aux conseillers de se rapprocher du président du SIAL ou de leurs représentants communaux qui doivent être mieux informés que je le suis.

« La station d’épuration attend depuis près de 5 ans des travaux de maintenance malgré les demandes répétés du délégataire !? A ce jour aucun chantier n’est prévu malgré les risques avérés de catastrophe écologique, voir plus loin. Des travaux estimé à 900 000 € il y a 5 ans sont aujourd’hui à 1 500 000 € et à mon sens pour avoir été un des rares à examiner la station de 3 millions vu le nombre important d’inconnu, par exemple le bassin contenant les 1 000 tonnes de boues est fissuré. Une simple constatation visuelle qui ne devrait pas échapper à ceux qui vont sur le terrain ! »

J'avoue ne pas avoir compris l'intégralité du propos. Effectivement, des travaux sur la station sont nécessaires. Ces travaux ont été débattus au comité syndical il y a quelques années mais leur importance était moins pressante qu'aujourd'hui. De plus, à cette époque et de mémoire, le SIAL était en procédure avec le constructeur de la station pour une malfaçon majeure. Le comité syndical avait alors décidé de ne pas faire ces travaux immédiatement, de façon à provisionner les sommes qu'il aurait fallu mettre en jeu pour effectuer les interventions nécessaires dans l'hypothèse où la justice n'aurait pas suivi le SIAL sur le dossier des malfaçons. La défense du SIAL a été suffisamment efficace pour avoir convaincu le tribunal du bien fondé de son action. Ceci a permis au SIAL de récupérer des indemnités très importantes qu'il est possible maintenant d'affecter aux différents travaux à réaliser. J'ai ainsi cru comprendre que le changement des membranes de filtration était acté.

« Les membranes s’usent prématurément depuis près de 10 ans sans que rien du tout ne soit fait car elle reçoivent 1 000 000 de M3 au lieu des 500 000 M3 prévus, tellement les réseaux d’eau sont fuyant, réseau gérer par les mêmes qui crient au scandale ! Aujourd’hui elle sont dans un état alarmant et la station à rejeté près de 10 000 de boues non traités dans la rivière de la Prédecelle et à ce jour à ma connaissance aucun travaux n’est prévu malgré la demande même de la cour des comptes ».

Beaucoup d'erreurs factuelles entachent ce propos. Tout d'abord, non, les membranes ne s'usent pas prématurément. Sur ce type de station, en fonction des effluents, la durée de vie des membranes oscille entre 6 et 10 ans. Certes, après douze années de fonctionnement, ces membranes sont « au bout », mais elles ne sont pas usées prématurément, bien au contraire. Un mot de technique. Ces membranes dite d'ultrafiltration sont en général composées de matériau synthétique percé de trous très fins - on parle de pores - d'un diamètre homogène et calibré. Celui-ci peut varier de quelques dizaine de microns, à moins de 0,1 micron, arrêtant ainsi pratiquement toutes les bactéries et de très nombreux virus. Des ultra-membranes de porosité plus fine existent aussi, capables de bloquer des macromolécules, mais elles ne sont mises en oeuvre qu'en usage médical ou de recherche. Dans le cas de la StEp, les membranes peuvent être lavées par différents procédés pour éviter que les pores se bouchent de façon permanente. Néanmoins, ce phénomène de colmatage est inévitable à terme et contribue, avec d'autres facteurs, au vieillissement de ces membranes.

En ce qui concerne les débits, le volume d'entrée en station est bien de l'ordre de 1 000 000 de m3/an, mais de mémoire le débit de référence autorisée (débit max) par la police de l'eau est, lui, d'environ 4 100 m3/jour soit 1 500 000 m3/an. Concernant les réseaux, il existe effectivement des « fuites », ou plutôt des entrées d'eau non usées (dites eaux claires) dans le réseau d'assainissement. Celles-ci sont de deux types, les eaux claires permanentes (entrées d'eau de nappe ou de source) et les eaux claires dites météoriques (entrées liées aux précipitations). Le SIAL n'est pas responsable de toutes ces arrivées d'eau puisque certaines se produisent non pas sur le réseau interco, mais sur les réseaux de chaque commune adhérente. C'est pour cela qu'il existait à Forges, avant que nous n'adhérions au syndicat de l'Orge qui gère notre réseau communal, un budget dit M49 dédié à l'entretien du réseau d'assainissement. Notre commune a toujours fait le maximum pour maintenir son réseau d'assainissement en état, et elle continue de le faire, comme je l'indiquais plus tôt, via le syndicat de l'Orge qui dispose des compétences et des moyens financiers appropriés pour cela. Le problème lié aux entrées d'eaux parasites d'origine pluviale est qu'en cas de très fortes pluies, le volume des effluents arrivant en station peut dépasser les spécifications de la StEp, obligeant l'ouverture de by-passes, dispositifs renvoyant dans le milieu naturel de l'eau non épurée. En 2020, ces volumes ont représenté 7 000 m3 environ, soit à peu près 0,7% des volumes traités. C'est sans doute encore trop mais cela reste tolérable en regard de ce qu'est une installation industrielle soumise à des aléas de fonctionnement. Certains de ces déversements ont en effet été rendus nécessaires par des interventions techniques non programmables sur l'un ou l'autre des équipements de la station.

Dernier point, le rejet de boues non traitées. Là, on nage en eaux très, très troubles si je peux me permettre ce jeu de mots. Je ne vois nulle part dans le rapport du délégataire de rejet de boues non traitées, et c'est tant mieux. Il est en effet interdit de rejeter des boues non traitées dans quelque milieu que ce soit. Ce type de rejet constituerait, a minima, un délit environnemental puisque les filières d'élimination des boues sont très cadrées, comme je l'expliquais précédemment. Je ne sais pas qui propage ce genre d'informations, mais elles me semblent à la limite du dénigrement de l'activité du SIAL. Je pense que l'actuelle gouvernance pourrait considérer celles-ci parfaitement mensongères et diffamatoires.

« Concernant les conventions avec les sociétés d’eaux réglant les modalités de paiements entre le SIAL assurant une prestation d’assainissement quid depuis près de 10 ans. Sur quelle base juridique facturait donc l’usager sachant que certaine régie parle de près de 30% d’impayé les usagers payants ont donc réglés la note pour ceux qui ne payaient pas cela représente des centaines de milliers d’euros non perçus que seul un audit sur les 10 ans passés pourrait confirmer le rapport de la cour des comptes mentionné seulement 100 000 € récupéré sur une seul année alors que ces dettes dates pour certaines de plus de 3 ans ?! »

J'ai eu du mal à comprendre tout le propos qui m'a paru alambiqué. Voici néanmoins quelques éléments en lien avec les questions évoquées. Effectivement, c'est la régie Eau Ouest Essonne qui collecte, pour le SIAL, les redevances d'assainissement qu'elle lui reverse, en tous cas pour les communes dont la fourniture d'eau est assurée par la régie (soit Forges et une petite partie de Briis). Avant la création de la région, en 2017, c'était le délégataire de service public (DSP) en charge de la fourniture d'eau qui le faisait. C'est sans aucun doute ce qui se passe toujours pour Limours et Pecqueuse dont la fourniture d'eau est assurée en DSP. De mémoire, cette collecte était cadrée par une convention signée entre le SIAL et le délégataire. Il me semble, mais ce point reste à vérifier, que la régie et le SIAL devait re-signer une convention pour cette collecte. En l'absence de celle-ci, la collecte s'est faite avec l'assentiment de la trésorerie qui gère les flux financiers des deux établissements.

En ce qui concerne les impayés, il faut savoir que la régie Eau Ouest Essonne a du réaliser un énorme travail de remise en état des bases « abonnés » fournies par le délégataire au moment de la transition, car celles-ci étaient fausses effectivement à 35%. Cependant, cela ne signifie pas que 35% des montants dus étaient impayés car il est probable que les données transmises par le délégataire ne correspondaient pas à la dernière version de sa base de données. Et je ne vois pas le délégataire s'asseoir sur 35% de ses revenus, très honnêtement ! Donc non, les payeurs n'ont pas payé pour les tricheurs pendant des années... Quoi qu'il en soit, en un an et demi de travail (il y avait environ 20 000 points de comptages à contrôler), la régie Eau Ouest Essonne a réussi à corriger ces erreurs. À ce jour le montant des impayés ne représente plus que quelques pour cent des factures d'eau. La régie a d'ailleurs reversé, là aussi avec l'accord des autorités préfectorales et financières, la totalité des sommes qu'elle avait collectées pour le SIAL depuis les élections municipales, puisque tout contact semblait interrompu entre cette régie et le SIAL, et qu'aucun budget approuvé n'avait été présenté depuis la mise en place de la nouvelle gouvernance.

Je précise pour terminer ce long texte que je n'ai aucune information sur l'origine du mail, ni sur ses tenants et ses aboutissants. A titre personnel, je trouve néanmoins étrange que des éléments complémentaires qui se veulent factuels - et qui sont pour certains pourtant totalement erronés, voire mensongers - tombent à quelques minutes d'une réunion importante du conseil municipal. Je ne sais à qui « profite le crime » mais c'est, à mon sens, une action démocratiquement très critiquable.


Crédit illustration :

Des jardins filtrants pour la station d'épuration de Bris. Le Moniteur. Octobre 2011.

https://www.lemoniteur.fr/article/jardins-filtrants-pour-la-station-d-epuration.962014


mardi 10 mai 2022

LE SIAL, VU DU CONSEIL
MUNICIPAL DE FORGES (1)



Le SIAL est le syndicat intercommunal d'assainissement qui gère pour les communes de Pecqeuse, Limours, Briis-Sous-Forges, et Forges-Les-Bains le réseau intercommunal et la station d'épuration de Briis-Sous-Forges. J'ai déjà conté sur ce site les mésaventures de ce syndicat, qui a été présidé pendant une année et demi par un élu forgeois, et qui a été, suite à cette administration défaillante, mis sous tutelle préfectorale. Ce dossier est revenu à l'ordre du jour du dernier conseil municipal de Forges. Je viens d'être récemment sollicité pour fournir quelques informations complémentaires que je détaille ci-dessous et dans l'article suivant.

C'est par le biais d'une décision modificative des statuts du syndicat intercommunal que le dossier SIAL a refait surface en conseil municipal. Il s'agissait d'élire un second vice-président à ce syndicat dont la gouvernance est habituellement assurée par un président et un seul vice-président. Les raisons données pour justifier de cette modification ne m'ont pas paru franchement claires, relevant d'une forme alambiquée de diplomatie locale. Cette modification a néanmoins donné lieu à un « débat » intéressant au sein de la liste majoritaire Forges-Les-Bains. Il se trouve que le second vice-président pressenti pour le SIAL n'est autre que Madame la maire de Forges-Les-Bains, qui vient s'adjoindre au premier vice-président délégué aux finances, élu de Limours, et au président actuel, le maire de la commune de Briis-Sous-Forges.

Au cours de ce débat, un élu forgeois de la majorité, également porte-parole de l'ancien président du SIAL, s'est montré particulièrement critique - pour rester neutre dans le propos - envers l'action du vice-président délégué aux finances. Il a également émis un certain nombre d'affirmations dont l'exactitude reste discutable. Ainsi, contrairement à ce qu'il a annoncé, il ne semble pas que cette décision implique des surcoûts liés à d'éventuelles indemnités complémentaires à verser aux responsables du SIAL. Également, et toujours contrairement à ce qui a été annoncé, si surcoût il y avait, celui-ci ne serait pas, de toutes façons, à la charge du contribuable. Dans la tête de nombreuses personnes, une confusion entre contribuable et usagers (ou bénéficiaires) existe. Ainsi, le financement du SIAL n'est pas assuré par une imposition mais par une redevance imputée sur la facture d'eau. Cette différence peut paraître subtile à première vue, mais dans le cas de l'eau elle est réelle. Contrairement à l'impôt, prélevé sans contrepartie immédiate, la redevance est une somme versée en échange d'un accès à un service public, en l'occurrence l'assainissement. De plus, et contrairement à la taxe, le montant de la redevance est proportionnel au service rendu que seuls les usagers ayant profité directement du service paient. Ainsi, si vous utilisez de l'eau pour l'arrosage de votre jardin via une arrivée munie d'un compteur spécifiquement dédié à cet usage, vous ne serez pas soumis au paiement d'une redevance d'assainissement. Il en est de même pour les usagers qui ne bénéficient pas de l'assainissement collectif et dont l'épuration des eaux est assurée localement par un système de type fosse septique. Ceux-ci ne sont pas soumis à la redevance d'assainissement collectif. En incidente, il est remarquable que cette confusion entre impôts et taxes ait été faite par un élu qui se présente comme membre actif d'une association de contribuables locaux, soi-disant spécialiste de ces questions ! Il se trouve que cette même association avait, au moment de la création de la régie publique Eau Ouest Essonne, propagé des informations erronées, pour ne pas dire tendancieuses, sur les réseaux sociaux. Ces affirmations avaient d'ailleurs valu aux responsables de cette association d'être invités par les responsables de la régie à une « mise au point » polie mais ferme. Depuis, le dénigrement semble s'être calmé. Il n'est pas inutile de rappeler aux lecteurs que cette association est également proche de l'actuelle majorité municipale forgeoise.

D'autres affirmations ont surpris certains membres d'une liste minoritaire du conseil municipal. C'est pour cette raison aussi que mon avis a été sollicité. La principale d'entre elles porte sur la possibilité de valoriser financièrement les boues de la station d'épuration (ou StEp). Avant de développer ma réponse, je souhaite préciser ce que sont ces boues. Dans le principe, une StEp a pour objectif de purifier les eaux dites usées avant leur rejet dans l'environnement naturel. Elle produit donc d'un côté de l'eau « propre », rejetée dans notre cas dans la Prédecelle, et des résidus, des déchets. Ce sont les boues. Celles-ci se présentent sous une forme plus ou moins liquide. Sans entrer dans le détail (car on distingue plusieurs types de boues en sortie de StEp), ces déchets sont constitués en majeure partie de matières organiques, dont les micro-organismes vivants ou morts qui ont agi comme épurateur de l'eau rejetée dans le milieu naturel. Les boues ne sont en général pas utilisables ou éliminables directement : elles sont souvent beaucoup trop liquides et il est nécessaire de les assécher afin d'en assurer la stabilité biologique. À Briis, le séchage se fait de deux façons : soit sur roselières, soit par pressage. Une fois sèches et stables, les boues peuvent être éliminées. Il existe plusieurs filières telle que la filière « mise en décharge », la filière « énergie » (méthanisation ou incinération) ou la filière « compostage » (ex. épandage). On voit donc que l'on peut considérer ces boues de deux façons : soit comme des déchets qu'il faut éliminer, soit comme des ressources dans le cadre du développement d'une économie circulaire. Dans ce cadre, d'autres procédés de valorisation sont à l'étude, dont l'utilisation par exemple comme matériaux de construction en association avec du béton, ou comme « minerai ». Je reviendrai un jour, si j'en ai le temps, sur ce dernier point .

Il découle de ce qui précède que la valorisation des boues des StEp est une question complexe, particulièrement au niveau financier. On n'est pas dans le « yakafaukon » ! Néanmoins, de façon générale, l'opération n'est pas rentable car les coûts associés à la filière de traitement considérée dans sa globalité sont élevés. Le séchage des boues par pressage a un prix énergétique fort auquel s'ajoutent les coûts importants de stockage de long terme. De plus, la mise en décharge revient, elle, à environ 100 € par tonne. Dans le cas de recherche de valorisation, par exemple en filière agricole, il faut procéder à l'analyse préalable de la qualité de ces boues. Celle-ci doit en effet être contrôlée avant épandage, ce dernier étant très cadré par un plan d'épandage, limité dans le temps et validé - me semble-t-il - au niveau préfectoral. Il est également nécessaire de mettre en place un plan de suivi de l'épandage, faisant là aussi appel à des analyses coûteuses. Pour mémoire, en France, plus des 2/3 des boues dépuration sont épandues mais ce niveau devrait être amené à diminuer dans le temps en raison de l'accroissement de la sévérité des normes d'épandage. Il est possible de vendre une partie des boues pour produire de l'énergie ou comme adjuvant de compost auprès d'entreprises spécialisées, pour autant que des clients se présentent, ce qui n'est pas toujours le cas. L'installation d'équipement de valorisation tels les méthaniseurs reste d'ailleurs confidentielle et présente des temps de retour sur investissement longs, estimés à plus de 10 ans en 2019 par l'ADEME.

Afin de compléter cet avis, j'ai contacté le syndicat de l'Orge pour savoir dans quelle mesure il était possible de vendre des boues d'épuration et d'en dégager un bénéfice. Sans rentrer dans le détail dans le détail de la discussion, la personne très au fait de ces questions avec laquelle j'ai échangé m'a indiquée que l'élimination des boues d'épuration représentait « en coût consolidé » un poste de dépenses et non pas de recettes, et ce dans tous les secteurs géographiques dans lesquelles le syndicat avait en charge l'épuration des eaux usées, sans exception. Pour terminer sur une note humoristique, il me semble qu'en termes de valorisation, il y a encore loin de la coupe au lèvres, ce qui dans le cas des boues d'épuration n'est peut être pas plus mal !

Crédit illustration :

Site de la ville de Briis-Sous-Forges
http://www.briis.fr/intercommunalite/