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vendredi 29 juillet 2022

USAGE DE L'EAU : UN ARRÊTÉ DIFFICILEMENT COMPRÉHENSIBLE !


Je viens de recevoir le lien en référence (1) renvoyant vers le site de la préfecture de l'Essonne. Ce site indique qu'afin « de préserver les ressources en eau, des mesures de restrictions des usages de l'eau s'appliquent aux communes rattachées à la zone de l'Orge et des ses affluents, à l'exception de l'Yvette et des affluents ». Pour comprendre les implications, il faut alors se référer à l'arrêté préfectoral lui-même (2), mais, pour le dire familièrement, cette compréhension n'est pas évidente.

Cet arrêté indique que le débit de certaines rivières de l'Essonne est passé en dessous du seuil d'alerte, impliquant dès lors la mise en place de restrictions d'usage de l'eau. La rivière concernée par l'arrêté est la Rémarde, un affluent de l'Orge. Le débit de cette rivière est actuellement de 0,18 m³/s, le seuil d'alerte situant à 0,19 m³/s. Pour mémoire le débit moyen en cette période de l'année devrait s'établir autour de 0,40 m³/s. Compte tenu de ces chiffres, les services de la préfecture indiquent qu'il devient « nécessaire d'instaurer dans la zone d'alerte de l'Orge et de ses affluents, à l'exception de l'Yvette et de ses affluents, des mesures de restrictions temporaires, proportionnées et adaptées au seuil critique ». Les communes de ce périmètre d'alerte sont citées en annexe de l'arrêté, de même que sont citées les mesures implémentées qui varient selon que sont concernés des particuliers, des entreprises ou des collectivités. La commune de Forges figure dans la liste des communes concernées.

L'arrêté impose des restrictions aux usages domestiques, agricoles, commerciaux ou industriels de l'eau lorsqu'elle provient directement des rivières, des plans d'eau ou du sous-sol. Ceci signifie que sont visés les usages de toute eau qui a pour origine un captage à partir de puits ou de forages. Ceci devrait donc a priori concerner l'eau distribuée par la régie Eau Ouest Essonne à Forges les Bains car elle provient très majoritairement de captages souterrains. Or, première complication, tous les secteurs de la commune ne seraient pas concernés. En effet, si j'interprète correctement l'arrêté préfectoral, les hameaux de Chardonnet et de Malassis, alimentés eux en eau de la Seine, sont hors zone Orge et donc hors du périmètre de l'arrêté.

Deuxième complication, et disposition orthogonale à ce qui précède, l'arrêté stipule que « l'utilisation d'eau du réseau public de distribution dans les communes de la zone interconnectée de l'agglomération parisienne n'est pas réglementée par le présent arrêté ». Or, il se trouve que Forges se situe dans la zone interconnectée de l'agglomération parisienne, selon le tableau fourni en annexe par les services de la préfecture. La commune dans sa globalité ne serait donc pas concernée  par cet arrêté dès lors que l'on s'intéresse à l'usage de l'eau distribuée. La situation est donc difficilement compréhensible. 

Quoiqu'il en soit, il me semble pertinent de limiter les usages de l'eau et d'appliquer de façon volontaire et non contraignante les dispositions indiquées dans l'arrêté préfectoral. Pour les particuliers, celles-ci impliquent de ne pas arroser les pelouses et les massifs fleuris entre 8 heures et 20 heures, de ne pas arroser les potagers entre 11 heures et 18 heures, de ne plus remplir et vider les piscines d'une contenance supérieure à 1 m³, de ne plus laver sa voiture chez des professionnels sauf si ces derniers sont équipés de matériel haute pression combiné à un système de recyclage d'eau, de ne pas nettoyer les façades toiture et trottoir à l'eau (sauf risque sanitaire immédiat), de ne plus alimenter les fontaines d'ornements, et, si l'on est riverain d'un cours d'eau, de ne pas perturber l'écoulement des eaux et de ne pas effectuer de travaux sur le ru ou sur la rivière.


Références :

1. Sécheresse : mesures de restriction des usages de l'eau en Essonne. Préfecture de l'Essonne. Consultable en ligne :
https://www.essonne.gouv.fr/Actualites/Secheresse-mesures-de-restriction-des-usages-de-l-eau-en-Essonne

2. Arrêté préfectoral 2022-DDT-SE-276. Préfecture de l'Essonne.
Consultable en ligne :
https://www.essonne.gouv.fr/content/download/36283/274300/file/arrete_2022-276_alerte_orge_20220713.pdf

mercredi 11 mai 2022

LE SIAL, VU DU CONSEIL
MUNICIPAL DE FORGES (2)



En sus des questions évoquées dans l'article précédent, j'ai également été sollicité pour répondre à des affirmations relatives au SIAL que certains conseillers municipaux de notre commune ont reçu par mail, une heure seulement avant le dernier conseil municipal. Certains de ces conseillers ont donc sollicité mon avis sur ces questions. Je leur ai communiqué cet avis que je publie sur mon blog avec leur accord et en toute transparence.

Je liste donc ci-dessous les affirmations qui m'ont été communiquées, en italiques, et en conservant le texte comme tel, donc avec fautes d'orthographe et formulation complexe. Mes réponses apparaissent en caractères droits, en dessous.

« Le SIAL a-t-il répondu aux questions posées par le rapport de la cour des comptes régionale en date du 27/07/2021 ? A ce rien jour n’a été fait ? »

N'étant pas délégué au SIAL, je ne peux répondre à cette question. Je suggère aux conseillers de se rapprocher du président du SIAL ou de leurs représentants communaux qui doivent être mieux informés que je le suis.

« La station d’épuration attend depuis près de 5 ans des travaux de maintenance malgré les demandes répétés du délégataire !? A ce jour aucun chantier n’est prévu malgré les risques avérés de catastrophe écologique, voir plus loin. Des travaux estimé à 900 000 € il y a 5 ans sont aujourd’hui à 1 500 000 € et à mon sens pour avoir été un des rares à examiner la station de 3 millions vu le nombre important d’inconnu, par exemple le bassin contenant les 1 000 tonnes de boues est fissuré. Une simple constatation visuelle qui ne devrait pas échapper à ceux qui vont sur le terrain ! »

J'avoue ne pas avoir compris l'intégralité du propos. Effectivement, des travaux sur la station sont nécessaires. Ces travaux ont été débattus au comité syndical il y a quelques années mais leur importance était moins pressante qu'aujourd'hui. De plus, à cette époque et de mémoire, le SIAL était en procédure avec le constructeur de la station pour une malfaçon majeure. Le comité syndical avait alors décidé de ne pas faire ces travaux immédiatement, de façon à provisionner les sommes qu'il aurait fallu mettre en jeu pour effectuer les interventions nécessaires dans l'hypothèse où la justice n'aurait pas suivi le SIAL sur le dossier des malfaçons. La défense du SIAL a été suffisamment efficace pour avoir convaincu le tribunal du bien fondé de son action. Ceci a permis au SIAL de récupérer des indemnités très importantes qu'il est possible maintenant d'affecter aux différents travaux à réaliser. J'ai ainsi cru comprendre que le changement des membranes de filtration était acté.

« Les membranes s’usent prématurément depuis près de 10 ans sans que rien du tout ne soit fait car elle reçoivent 1 000 000 de M3 au lieu des 500 000 M3 prévus, tellement les réseaux d’eau sont fuyant, réseau gérer par les mêmes qui crient au scandale ! Aujourd’hui elle sont dans un état alarmant et la station à rejeté près de 10 000 de boues non traités dans la rivière de la Prédecelle et à ce jour à ma connaissance aucun travaux n’est prévu malgré la demande même de la cour des comptes ».

Beaucoup d'erreurs factuelles entachent ce propos. Tout d'abord, non, les membranes ne s'usent pas prématurément. Sur ce type de station, en fonction des effluents, la durée de vie des membranes oscille entre 6 et 10 ans. Certes, après douze années de fonctionnement, ces membranes sont « au bout », mais elles ne sont pas usées prématurément, bien au contraire. Un mot de technique. Ces membranes dite d'ultrafiltration sont en général composées de matériau synthétique percé de trous très fins - on parle de pores - d'un diamètre homogène et calibré. Celui-ci peut varier de quelques dizaine de microns, à moins de 0,1 micron, arrêtant ainsi pratiquement toutes les bactéries et de très nombreux virus. Des ultra-membranes de porosité plus fine existent aussi, capables de bloquer des macromolécules, mais elles ne sont mises en oeuvre qu'en usage médical ou de recherche. Dans le cas de la StEp, les membranes peuvent être lavées par différents procédés pour éviter que les pores se bouchent de façon permanente. Néanmoins, ce phénomène de colmatage est inévitable à terme et contribue, avec d'autres facteurs, au vieillissement de ces membranes.

En ce qui concerne les débits, le volume d'entrée en station est bien de l'ordre de 1 000 000 de m3/an, mais de mémoire le débit de référence autorisée (débit max) par la police de l'eau est, lui, d'environ 4 100 m3/jour soit 1 500 000 m3/an. Concernant les réseaux, il existe effectivement des « fuites », ou plutôt des entrées d'eau non usées (dites eaux claires) dans le réseau d'assainissement. Celles-ci sont de deux types, les eaux claires permanentes (entrées d'eau de nappe ou de source) et les eaux claires dites météoriques (entrées liées aux précipitations). Le SIAL n'est pas responsable de toutes ces arrivées d'eau puisque certaines se produisent non pas sur le réseau interco, mais sur les réseaux de chaque commune adhérente. C'est pour cela qu'il existait à Forges, avant que nous n'adhérions au syndicat de l'Orge qui gère notre réseau communal, un budget dit M49 dédié à l'entretien du réseau d'assainissement. Notre commune a toujours fait le maximum pour maintenir son réseau d'assainissement en état, et elle continue de le faire, comme je l'indiquais plus tôt, via le syndicat de l'Orge qui dispose des compétences et des moyens financiers appropriés pour cela. Le problème lié aux entrées d'eaux parasites d'origine pluviale est qu'en cas de très fortes pluies, le volume des effluents arrivant en station peut dépasser les spécifications de la StEp, obligeant l'ouverture de by-passes, dispositifs renvoyant dans le milieu naturel de l'eau non épurée. En 2020, ces volumes ont représenté 7 000 m3 environ, soit à peu près 0,7% des volumes traités. C'est sans doute encore trop mais cela reste tolérable en regard de ce qu'est une installation industrielle soumise à des aléas de fonctionnement. Certains de ces déversements ont en effet été rendus nécessaires par des interventions techniques non programmables sur l'un ou l'autre des équipements de la station.

Dernier point, le rejet de boues non traitées. Là, on nage en eaux très, très troubles si je peux me permettre ce jeu de mots. Je ne vois nulle part dans le rapport du délégataire de rejet de boues non traitées, et c'est tant mieux. Il est en effet interdit de rejeter des boues non traitées dans quelque milieu que ce soit. Ce type de rejet constituerait, a minima, un délit environnemental puisque les filières d'élimination des boues sont très cadrées, comme je l'expliquais précédemment. Je ne sais pas qui propage ce genre d'informations, mais elles me semblent à la limite du dénigrement de l'activité du SIAL. Je pense que l'actuelle gouvernance pourrait considérer celles-ci parfaitement mensongères et diffamatoires.

« Concernant les conventions avec les sociétés d’eaux réglant les modalités de paiements entre le SIAL assurant une prestation d’assainissement quid depuis près de 10 ans. Sur quelle base juridique facturait donc l’usager sachant que certaine régie parle de près de 30% d’impayé les usagers payants ont donc réglés la note pour ceux qui ne payaient pas cela représente des centaines de milliers d’euros non perçus que seul un audit sur les 10 ans passés pourrait confirmer le rapport de la cour des comptes mentionné seulement 100 000 € récupéré sur une seul année alors que ces dettes dates pour certaines de plus de 3 ans ?! »

J'ai eu du mal à comprendre tout le propos qui m'a paru alambiqué. Voici néanmoins quelques éléments en lien avec les questions évoquées. Effectivement, c'est la régie Eau Ouest Essonne qui collecte, pour le SIAL, les redevances d'assainissement qu'elle lui reverse, en tous cas pour les communes dont la fourniture d'eau est assurée par la régie (soit Forges et une petite partie de Briis). Avant la création de la région, en 2017, c'était le délégataire de service public (DSP) en charge de la fourniture d'eau qui le faisait. C'est sans aucun doute ce qui se passe toujours pour Limours et Pecqueuse dont la fourniture d'eau est assurée en DSP. De mémoire, cette collecte était cadrée par une convention signée entre le SIAL et le délégataire. Il me semble, mais ce point reste à vérifier, que la régie et le SIAL devait re-signer une convention pour cette collecte. En l'absence de celle-ci, la collecte s'est faite avec l'assentiment de la trésorerie qui gère les flux financiers des deux établissements.

En ce qui concerne les impayés, il faut savoir que la régie Eau Ouest Essonne a du réaliser un énorme travail de remise en état des bases « abonnés » fournies par le délégataire au moment de la transition, car celles-ci étaient fausses effectivement à 35%. Cependant, cela ne signifie pas que 35% des montants dus étaient impayés car il est probable que les données transmises par le délégataire ne correspondaient pas à la dernière version de sa base de données. Et je ne vois pas le délégataire s'asseoir sur 35% de ses revenus, très honnêtement ! Donc non, les payeurs n'ont pas payé pour les tricheurs pendant des années... Quoi qu'il en soit, en un an et demi de travail (il y avait environ 20 000 points de comptages à contrôler), la régie Eau Ouest Essonne a réussi à corriger ces erreurs. À ce jour le montant des impayés ne représente plus que quelques pour cent des factures d'eau. La régie a d'ailleurs reversé, là aussi avec l'accord des autorités préfectorales et financières, la totalité des sommes qu'elle avait collectées pour le SIAL depuis les élections municipales, puisque tout contact semblait interrompu entre cette régie et le SIAL, et qu'aucun budget approuvé n'avait été présenté depuis la mise en place de la nouvelle gouvernance.

Je précise pour terminer ce long texte que je n'ai aucune information sur l'origine du mail, ni sur ses tenants et ses aboutissants. A titre personnel, je trouve néanmoins étrange que des éléments complémentaires qui se veulent factuels - et qui sont pour certains pourtant totalement erronés, voire mensongers - tombent à quelques minutes d'une réunion importante du conseil municipal. Je ne sais à qui « profite le crime » mais c'est, à mon sens, une action démocratiquement très critiquable.


Crédit illustration :

Des jardins filtrants pour la station d'épuration de Bris. Le Moniteur. Octobre 2011.

https://www.lemoniteur.fr/article/jardins-filtrants-pour-la-station-d-epuration.962014


mardi 10 mai 2022

LE SIAL, VU DU CONSEIL
MUNICIPAL DE FORGES (1)



Le SIAL est le syndicat intercommunal d'assainissement qui gère pour les communes de Pecqeuse, Limours, Briis-Sous-Forges, et Forges-Les-Bains le réseau intercommunal et la station d'épuration de Briis-Sous-Forges. J'ai déjà conté sur ce site les mésaventures de ce syndicat, qui a été présidé pendant une année et demi par un élu forgeois, et qui a été, suite à cette administration défaillante, mis sous tutelle préfectorale. Ce dossier est revenu à l'ordre du jour du dernier conseil municipal de Forges. Je viens d'être récemment sollicité pour fournir quelques informations complémentaires que je détaille ci-dessous et dans l'article suivant.

C'est par le biais d'une décision modificative des statuts du syndicat intercommunal que le dossier SIAL a refait surface en conseil municipal. Il s'agissait d'élire un second vice-président à ce syndicat dont la gouvernance est habituellement assurée par un président et un seul vice-président. Les raisons données pour justifier de cette modification ne m'ont pas paru franchement claires, relevant d'une forme alambiquée de diplomatie locale. Cette modification a néanmoins donné lieu à un « débat » intéressant au sein de la liste majoritaire Forges-Les-Bains. Il se trouve que le second vice-président pressenti pour le SIAL n'est autre que Madame la maire de Forges-Les-Bains, qui vient s'adjoindre au premier vice-président délégué aux finances, élu de Limours, et au président actuel, le maire de la commune de Briis-Sous-Forges.

Au cours de ce débat, un élu forgeois de la majorité, également porte-parole de l'ancien président du SIAL, s'est montré particulièrement critique - pour rester neutre dans le propos - envers l'action du vice-président délégué aux finances. Il a également émis un certain nombre d'affirmations dont l'exactitude reste discutable. Ainsi, contrairement à ce qu'il a annoncé, il ne semble pas que cette décision implique des surcoûts liés à d'éventuelles indemnités complémentaires à verser aux responsables du SIAL. Également, et toujours contrairement à ce qui a été annoncé, si surcoût il y avait, celui-ci ne serait pas, de toutes façons, à la charge du contribuable. Dans la tête de nombreuses personnes, une confusion entre contribuable et usagers (ou bénéficiaires) existe. Ainsi, le financement du SIAL n'est pas assuré par une imposition mais par une redevance imputée sur la facture d'eau. Cette différence peut paraître subtile à première vue, mais dans le cas de l'eau elle est réelle. Contrairement à l'impôt, prélevé sans contrepartie immédiate, la redevance est une somme versée en échange d'un accès à un service public, en l'occurrence l'assainissement. De plus, et contrairement à la taxe, le montant de la redevance est proportionnel au service rendu que seuls les usagers ayant profité directement du service paient. Ainsi, si vous utilisez de l'eau pour l'arrosage de votre jardin via une arrivée munie d'un compteur spécifiquement dédié à cet usage, vous ne serez pas soumis au paiement d'une redevance d'assainissement. Il en est de même pour les usagers qui ne bénéficient pas de l'assainissement collectif et dont l'épuration des eaux est assurée localement par un système de type fosse septique. Ceux-ci ne sont pas soumis à la redevance d'assainissement collectif. En incidente, il est remarquable que cette confusion entre impôts et taxes ait été faite par un élu qui se présente comme membre actif d'une association de contribuables locaux, soi-disant spécialiste de ces questions ! Il se trouve que cette même association avait, au moment de la création de la régie publique Eau Ouest Essonne, propagé des informations erronées, pour ne pas dire tendancieuses, sur les réseaux sociaux. Ces affirmations avaient d'ailleurs valu aux responsables de cette association d'être invités par les responsables de la régie à une « mise au point » polie mais ferme. Depuis, le dénigrement semble s'être calmé. Il n'est pas inutile de rappeler aux lecteurs que cette association est également proche de l'actuelle majorité municipale forgeoise.

D'autres affirmations ont surpris certains membres d'une liste minoritaire du conseil municipal. C'est pour cette raison aussi que mon avis a été sollicité. La principale d'entre elles porte sur la possibilité de valoriser financièrement les boues de la station d'épuration (ou StEp). Avant de développer ma réponse, je souhaite préciser ce que sont ces boues. Dans le principe, une StEp a pour objectif de purifier les eaux dites usées avant leur rejet dans l'environnement naturel. Elle produit donc d'un côté de l'eau « propre », rejetée dans notre cas dans la Prédecelle, et des résidus, des déchets. Ce sont les boues. Celles-ci se présentent sous une forme plus ou moins liquide. Sans entrer dans le détail (car on distingue plusieurs types de boues en sortie de StEp), ces déchets sont constitués en majeure partie de matières organiques, dont les micro-organismes vivants ou morts qui ont agi comme épurateur de l'eau rejetée dans le milieu naturel. Les boues ne sont en général pas utilisables ou éliminables directement : elles sont souvent beaucoup trop liquides et il est nécessaire de les assécher afin d'en assurer la stabilité biologique. À Briis, le séchage se fait de deux façons : soit sur roselières, soit par pressage. Une fois sèches et stables, les boues peuvent être éliminées. Il existe plusieurs filières telle que la filière « mise en décharge », la filière « énergie » (méthanisation ou incinération) ou la filière « compostage » (ex. épandage). On voit donc que l'on peut considérer ces boues de deux façons : soit comme des déchets qu'il faut éliminer, soit comme des ressources dans le cadre du développement d'une économie circulaire. Dans ce cadre, d'autres procédés de valorisation sont à l'étude, dont l'utilisation par exemple comme matériaux de construction en association avec du béton, ou comme « minerai ». Je reviendrai un jour, si j'en ai le temps, sur ce dernier point .

Il découle de ce qui précède que la valorisation des boues des StEp est une question complexe, particulièrement au niveau financier. On n'est pas dans le « yakafaukon » ! Néanmoins, de façon générale, l'opération n'est pas rentable car les coûts associés à la filière de traitement considérée dans sa globalité sont élevés. Le séchage des boues par pressage a un prix énergétique fort auquel s'ajoutent les coûts importants de stockage de long terme. De plus, la mise en décharge revient, elle, à environ 100 € par tonne. Dans le cas de recherche de valorisation, par exemple en filière agricole, il faut procéder à l'analyse préalable de la qualité de ces boues. Celle-ci doit en effet être contrôlée avant épandage, ce dernier étant très cadré par un plan d'épandage, limité dans le temps et validé - me semble-t-il - au niveau préfectoral. Il est également nécessaire de mettre en place un plan de suivi de l'épandage, faisant là aussi appel à des analyses coûteuses. Pour mémoire, en France, plus des 2/3 des boues dépuration sont épandues mais ce niveau devrait être amené à diminuer dans le temps en raison de l'accroissement de la sévérité des normes d'épandage. Il est possible de vendre une partie des boues pour produire de l'énergie ou comme adjuvant de compost auprès d'entreprises spécialisées, pour autant que des clients se présentent, ce qui n'est pas toujours le cas. L'installation d'équipement de valorisation tels les méthaniseurs reste d'ailleurs confidentielle et présente des temps de retour sur investissement longs, estimés à plus de 10 ans en 2019 par l'ADEME.

Afin de compléter cet avis, j'ai contacté le syndicat de l'Orge pour savoir dans quelle mesure il était possible de vendre des boues d'épuration et d'en dégager un bénéfice. Sans rentrer dans le détail dans le détail de la discussion, la personne très au fait de ces questions avec laquelle j'ai échangé m'a indiquée que l'élimination des boues d'épuration représentait « en coût consolidé » un poste de dépenses et non pas de recettes, et ce dans tous les secteurs géographiques dans lesquelles le syndicat avait en charge l'épuration des eaux usées, sans exception. Pour terminer sur une note humoristique, il me semble qu'en termes de valorisation, il y a encore loin de la coupe au lèvres, ce qui dans le cas des boues d'épuration n'est peut être pas plus mal !

Crédit illustration :

Site de la ville de Briis-Sous-Forges
http://www.briis.fr/intercommunalite/


mardi 15 mars 2022

LE GAG DES CAMÉRAS DE SURVEILLANCE

 


J'ai déjà explicité dans ce blog les raisons qui font que je doute fortement de l'utilité des caméras de vidéosurveillance que la municipalité souhaite installer dans la commune. Parmi celles-ci, les études et rapports que j'ai commentés, et qui confirmaient la quasi-inutilité de ces caméras, faisaient ressortir le peu d'intérêt des images produites dans la résolution des affaires, surtout lorsque ces images ne sont pas exploitées en direct, par des vigiles, ou des membres des forces de l'ordre.

La régie publique Eau Ouest Essonne, comme le centre technique municipal (CTM) de la commune, sont équipés de plusieurs caméras de vidéosurveillance. Lors d'un vol récent de matériel au CTM, les caméras qui avaient enregistré l'évènement, ont produit des images inutilisables. Les raisons : véhicule impliqué garé trop loin, luminosité faible au moment du vol, personnes sur site masquées et protégées par des bonnets ou des cagoules. Tout juste, le mode opératoire a-t-il pu être repéré. Bref, un rendement très faible. 

Il se trouve que tout récemment la Régie Publique a également été victime d'un vol de matériel. Là aussi les caméras installées sur site ont produit des images inutilisables. Les voleurs avaient probablement repérés les lieux, et ils s'y sont introduits le visage équipé d'un masque anti-CoViD et la tête protégée par des bonnets ou des capuches. Leur véhicule était, par ailleurs, garé hors du champ de ces caméras. Bref, de nouveau chou blanc pour la vidéosurveillance !

Il se trouve cependant qu'un témoin du vol a repéré les voleurs, simplement parce qu'il passait sur site en voiture précisément au moment du vol. Il a pu voir le type de voiture, et a enregistré le début de la plaque d'immatriculation du véhicule. Le gag, c'est qu'il dispose d'un véhicule équipe d'une petite « dash cam », caméra qui enregistre le défilement de la route devant la voiture, qui a pu fournir aussi aux forces de l'ordre des éléments intéressants. Cependant, la caméra n'aurait - en elle-même - servi à rien si la personne n'était pas passée par là, et si elle n'avait pu faire, par un hasard incroyable, le rapprochement avec le vol. Tout ceci confirme ce que je disais. Sauf à avoir du personnel « derrière » les caméras en continu, ou « du bol », la vidéosurveillance ne sert, globalement parlant, à pas grand chose. On remerciera donc vivement la municipalité qui s'apprête à dépenser autour de 150 000 euros pour... rien ou presque. Et promis, j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur les caméras de vidéosurveillance. Sauf évènement exceptionnel, je ne reviendrai pas sur le sujet.             


Crédit illustration :

Document Google maps

jeudi 26 août 2021

LE SIAL, SAISON 2.



C’est la rentrée (enfin pas pour tout le monde !) et les nouvelles séries télévisées arrivent. La nouvelle saison des aventures extraordinaires du SIAL arrive aussi. Suspens garanti !

Nous en étions restés à la fin de la saison 1 au fait que le syndicat d’assainissement n’avait pas mis en place de budget pour l’année 2021. Celui-ci ayant du être prêt au 15 avril et n’étant pas disponible fin mai, je craignais donc une reprise en main du SIAL par les services de M. le Préfet. La saison 2 commence donc sous le signe de la « mise sous tutelle préfectorale » du SIAL, confirmée, avec un scoop (attention « spoiler » !) : l’entrée dans la danse de la chambre régionale des comptes. Celle-ci a rendu son rapport sur la gestion du SIAL. Cette chambre, dans une de ses séances de juillet, confirme le bien fondé de la mise sous tutelle et propose donc un budget pour 2021. Reconnaissant que l’année 2020 a été plutôt « une année blanche » en raison des élections et de la crise sanitaire, elle analyse l’année 2019 comme une année normale d’exécution du budget et ne formule pas de remarque péjorative sur la façon dont les précédentes mandatures ont géré le SIAL. C’était là un des arguments présentés par la nouvelle mandature. Il vient donc de retomber comme un soufflé !

En accord avec ce qui précède, la chambre régionale des comptes valide, sans le dire de la sorte, la nécessité de procéder au renouvellement des membranes d’ultrafiltration de la station de Briis, et en accord elle précise que les recettes prévues en 2021 devraient permettre de procéder à ce changement en 2022. Elle dit aussi que le reversement des redevances d’assainissement par la régie de l’eau attend la mise en place d’une convention, convention que la régie Eau Ouest Essonne a demandée au SIAL depuis des mois, à plusieurs reprises, là aussi sans succès. Mais comme je l’expliquais plus tôt, le SIAL s’est fait une spécialité de ne répondre à rien !

Enfin, la chambre des comptes suggère que soit menée une réflexion sur le rapprochement du SIAL et du syndicat de l'Orge (SYORP). Comme je l’écrivais également plus tôt, c’est une bonne idée, mais un tel rapprochement doit évidemment être préparé conjointement avec la CCPL, et guidée comme l'écrit la chambre « avec le souci de la qualité du service rendu » et de « l’efficience de la politique d’assainissement compte tenu des enjeux environnementaux et sanitaires ». J’en suis bien d’accord. Il est simplement dommage que ces enjeux environnementaux d’assainissement ne paraissent pas aussi évidents à certains des élus forgeois...


Note ajoutée le 27 août :

Un lecteur me demandait si la redevance d'assainissement allait augmenter comme j'en avais mentionné le risque précédemment. La réponse semble être non car ceci ne figure pas dans le rapport de la chambre des comptes. Ceci confirme que les finances du SIAL sont globalement saines. Il aurait donc juste suffi de préparer un budget fondé sur l'existant pour fonctionner mais cela n'a pas été fait... C'est bien bêta !



Crédit illustration :

Merci à Franquin !

jeudi 29 juillet 2021

LE SIAL : SAISON 1, EPISODE 4 !



J’ai enfin eu accès au « rapport des délégataires », document contractuel qui fournit aux élus et aux citoyens qui en ferait la demande (en théorie) les informations sur la façon dont fonctionnent les services publics délégués à des entreprises privées. J’en ai fait une lecture attentive ; je la retranscrits ici.

Cela n’a pas été simple puisque le SIAL, présidé par un élu forgeois, n’a jamais répondu à mes demandes, même après la saisine de la CADA (commission d’accès aux documents administratifs) et de nouvelles demandes. J’ai donc eu recours à des artifices, parfaitement légaux ceci dit, pour obtenir ce document. Il faut savoir que cette non réponse est une des marques de fabrique du SIAL, le syndicat ne répondant pas, non plus, aux courriers des administrés demandant un remboursement des sommes perçues par anticipation au titre de l’assainissement, lors de l’émission de la facture d’eau. Avant d’examiner le rapport, quelques mots donc sur ces remboursements. Lorsque vous payez votre facture d’eau par prélèvements mensuels, vous faites en réalité une avance sur votre consommation. Le montant correspond à peu près à la moyenne des consommations des quatre années antérieures. Si des variations à la hausse ou à la baisse ont été constatées avant la facturation annuelle, celles-ci apparaîtront sur la facture sous forme de compléments à payer ou, au contraire, de sommes à rembourser. Cependant, la régie eau Ouest Essonne ne fait que collecter les montants relatifs à l'assainissement qu'elle reverse intégralement aux entités publiques ou privées qui assurent l'assainissement de chaque commune. Ainsi dans le cas d'une rupture de contrat, par exemple lors d'un déménagement, la régie ne rembourse que la partie fourniture d'eau potable, de son ressort. Dans le cas de la commune de Forges, il convient de se retourner auprès du SIAL pour le remboursement de la partie SIAL et du délégataire SUEZ de l’assainissement. Or, selon le témoignage de certains particuliers, que j’ai pu vérifier, le SIAL refuse de rembourser les sommes dues. C'est anormal !

Passons au rapport des délégataires. Comme je l’indiquais dans les précédents articles sur le sujet (1, 2), le rapport confirme que les membranes d'ultrafiltration doivent être changées. Le rapport relève aussi la présence d'eaux claires parasites dans les eaux usées traités. Comme je l'expliquais plutôt, ces eaux claires proviennent soit d'entrées d'eau des nappes dans le réseau d'assainissement au niveau de canalisations endommagées (souvent par des racines d'arbres ou de petits mouvements de terrain), soit du branchement de gouttières dans le réseau d'eaux usées, alors que celle-ci devraient être dirigées vers le réseau d'eaux pluviales. La conséquence de cela est que l'usine fonctionne pour épurer des eaux qui n'ont pas besoin de l'être. Ceci fatigue certains composants de la station, tels que pompes et membranes, et surtout cela accroît les consommations électriques de l’usine. Il faut cependant regarder les chiffres qui sont indiqués dans ce rapport. Le volume d’eau claire parasite arrivant à la station de Briis est estimé à 30/33 % des eaux traitées de la station. Donné comme cela, ce chiffre peut paraître important mais il doit être comparé aux valeurs que l’on retrouve en moyenne sur d’autres réseaux d’assainissement. Dans une étude menée sur plus de 30 stations du land de Bade-Wurtemberg, des auteurs montrent que sur certaines stations, par temps de pluie, l’arrivée d’eau claire parasite représente 700 % (sept cents pour cent) des arrivées d’eaux usées (3). D'autres auteurs indiquent que sur l’ensemble de ces stations, sur l’ensemble de l’année, 65% des eaux traitées sont des eaux claires parasites (4). En Suisse, dans le Valais, les valeurs moyennes se situent autour de 60 % d’entrée d’eaux claires parasites alors que la moyenne suisse se situe autour de 32% (5). En France, de mémoire et n’arrivant pas à retrouver la référence, la plupart des valeurs sont comprises entre 30 et 80%. Certains considèrent même que 30 % d’entrée d’eau claire parasite est une valeur négligeable (6). A mon sens, dans notre territoire, il faut néanmoins viser une réduction de cette valeur de 30%, tout en sachant qu’il sera difficile d’arriver à des pourcentages d’entrée d’eaux claires à un chiffre, sauf à dépenser des dizaines de millions en travaux qu’il faudra imputer sur les factures d’eau. Il y a donc là un équilibre économique et environnemental à trouver...

Le deuxième point que met en avant le rapport des délégataires est que la station de Briis fonctionne bien en termes de réduction de la charge organique des eaux usées, que ce soit sur les paramètres carbone, azote, phosphore et matières en suspension. Les rendements d’épuration sont en moyenne au delà de 95% (certains « tutoient » même les 98%), sauf pour le phosphore, mais pour ce dernier composant, les rendements épuratoires restent largement dans les normes. Il y a eu quelques déversements dans le milieu naturel (moins de 1% des volumes), liés à des pannes ou aux périodes de grand froid qui réduisent la vitesse et donc l’efficacité de traitement des eaux. Ces déversements restent tolérables, même si l'on doit viser le 0 défaut, ce qui est de toutes façons toujours difficile à atteindre dans une usine comme la station d'épuration de Briis.

Globalement, il est donc urgent de changer les membranes. C’est d’ailleurs ce que préconise le délégataire. Malgré les lavages par refoulement, ou à l’hypochlorite ou à l’acide, leurs capacités de filtration sont sensiblement réduites. Ces membranes ont maintenant presque 11 ans (de mémoire), alors que leur durée de vie est estimée entre 4 et 8 ans par le fabricant... Il est important de noter que le fait d’avoir différé le changement des membranes ne résulte pas d’une décision du seul président de la précédente mandature. Il s'agit d'une décision collective de l’ensemble des délégués des communes composant le SIAL. La décision concernant le changement futur de membranes, comme celle concernant les renouvellements de certains équipements de la station de Briis comme préconisés dans le rapport des délégataires, devront donc faire l’objet d’une décision, là aussi collective, au sein du SIAL. Cela ne peut se produire que sous deux conditions. La première est qu’il y ait bien des réunions du comité intersyndical, ce qui ne semble pas vraiment à l’ordre du jour. La seconde est que le SIAL dispose d’un budget, ce qui n’est toujours pas le cas.

À ce stade il convient donc de tordre le cou à deux éléments de langage qui constituent la ligne de défense de certains élus Forgeois, entendus lors de conseil municipaux. Premièrement, le trou budgétaire du SIAL n’est pas lié au fait que la régie eau Ouest Essonne n’ait pas reversé le montant des taxes d’assainissement dues. Comme je l’expliquais précédemment, la régie est dans une situation assez ubuesque où elle continue, avec l’accord de la trésorerie et de la sous-préfecture, de prélever les taxes d’assainissement, qu’elle ne peut reverser au SIAL précisément en raison de l’absence de budget et de convention. Le reversement intégral interviendra bien sur dès la mise en place du budget d'assainissement. Deuxièmement, ce n’est pas parce que l’on constate des entrées d’eaux claires parasites (de faible intensité et dans les valeurs basses des réseaux, comme je l’ai expliqué) que les membranes sont à changer. Ceci peut avoir contribué à un surcroît d’usure, mais ces membranes sont fatiguées parce qu’elles ont plus de 10 ans, et qu’elles ont largement dépassé maintenant leur durée de vie standard. Accuser des entrées d’eaux claires parasites de tout les maux est une absurdité et une façon pour certains élus de masquer leur incompétence. Elles ne sont en effet pas responsables de l’absence de réunion intersyndicale, pas responsables de l’absence de décision, et pas responsable de l’absence de budget au SIAL.


Références :

1. Histoires d’assainissement. II. Quel avenir pour le SIAL ? Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/04/histoires-dassainissement-ii-quel.html

2. Le SIAL en eaux très, très troubles... Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/05/le-sial-en-eaux-tres-tres-troubles.html

3. Brombach et coll., 2003. Cité dans : De Bénédittis, J. (2004). Mesurage de l’infiltration et de l’exfiltration dans les réseaux d’assainissement. Thèse de doctorat INSA-Lyon.
Consultable en ligne :
http://theses.insa-lyon.fr/publication/2004ISAL0023/these.pdf

4. Weiss et coll., 2004. Cité dans : De Bénédittis, J. (2004). Mesurage de l’infiltration et de l’exfiltration dans les réseaux d’assainissement. Thèse de doctorat INSA-Lyon.
Consultable en ligne :
http://theses.insa-lyon.fr/publication/2004ISAL0023/these.pdf

5. Anonyme. Encore trop d'eau propre dans les stations d'épuration valaisannes. RTS. Août 2016.
Consultable en ligne :
https://www.rts.ch/info/regions/valais/7947322-encore-trop-deau-propre-dans-les-stations-depuration-valaisannes.html

6. Anonyme. Diagnostic et schémas généraux d’assainissement collectif. Syndicat des trois rivières.
Consultable en ligne :
http://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/synth_se_lupe.pdf


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Rapport des délégataires du SIAL. 2020.

lundi 31 mai 2021

LE SIAL EN EAUX TRÈS, TRÈS TROUBLES...



J’ai expliqué dans deux articles précédents comment fonctionnait l’épuration des eaux usées dans notre commune et dans certaines communes avoisinantes qui, comme la notre, ont délégué la gestion intercommunale de ce dossier au syndicat intercommunal d’assainissement de la région de Limours (SIAL) (1). Le problème auquel notre commune et les communes de Briis, Limours et Pecqueuse sont confrontées réside dans l’absence de budget 2021 du SIAL, entraînant de facto le blocage de son fonctionnement.


Depuis, mon dernier article (2), la situation du SIAL s’est sensiblement dégradée. Le débat d’orientation budgétaire (DOB) s’est tenu il y a une quinzaine de jours, dans une ambiance lourde. Les données du DOB, qui permettent à une collectivité (syndicat comme commune) de réfléchir à ses budgets à venir, ont soulevé de nombreuses questions des délégués, dont la plupart sont restées sans réponse de la part du président. Sa démission a été évoquée, mais selon mes informations, ce dernier aurait refusé cette issue honorable. Par voie de conséquence, les délégués ont refusé de prendre acte du DOB, ce point de l’ordre du jour ne donnant pas lieu à vote.

Lors du dernier conseil syndical, le président a néanmoins tenté de présenter un budget pour le SIAL, mais les délégués ont rapidement fait remarquer que le budget était sensiblement erroné tant en recettes qu’en dépenses. Ainsi, les reversements d’assainissement en provenance du SIAEP Eau Ouest Essonne ne semblaient pas y figurer, ni d’ailleurs les sommes à investir pour l’opération de renouvellement des membranes d’ultrafiltration, qui devient très urgente. Assez logiquement, les délégués des communes ont donc décidé de ne pas voter le budget en l’état.

Cette absence de vote peut avoir des conséquences lourdes. La première est financière : le SIAL risque la mise sous tutelle de services préfectoraux qui ne feront aucun cadeau en termes financiers. S’il est nécessaire de lever 1 million d’euros pour le fonctionnement du syndicat, la préfecture recalculera la redevance d’assainissement qu’elle fera imputer sur les factures d’eau. Il n’est pas inenvisageable de voir cette redevance multipliée par 2, ce qui porterait le coût du mètre cube d’eau vendu et épuré autour de 7 euros au lieu de 5 à 5,5 aujourd’hui. Si un tel événement malheureux devait se produire, il faudra que la régie communique en détail, car je pressens que certaines personnes pourraient tenter, sur les réseaux dits sociaux, d’imputer cette hausse à la régie. Soit dit en passant, la régie Eau Ouest Essonne est actuellement impactée par l’absence du budget du SIAL. Elle continue en effet de collecter la redevance d’assainissement pour le compte du SIAL, alors qu’en toute logique elle ne le devrait pas puisque le budget SIAL n’existe pas. Les responsables de la régie ont heureusement pris langue avec les services préfectoraux et le Trésor Public pour gérer au mieux cette situation ubuesque.

Autre problème, technique celui-ci, le risque de voir les membranes de la station se rompre sous l’effet de leur « encrassement ». Il devient en effet nécessaire d’appliquer des différences de pression de plus en plus fortes pour compenser cet encrassement et assurer la filtration, ce qui risque de conduire à une rupture de membrane et donc au déversement dans le milieu naturel d’eaux usées non épurées. Egalement, en cas d’arrêt des pompes et en l’absence de budget permettant leur réparation ou leur échange, on pourrait aussi observer un remplissage anormal des bassins d’aération. Or, comme je le décrivais dans un article précédent, la station est dotée de dispositifs de sécurité, dit « by-passes », qui s’ouvrent en cas de sur-remplissage des bassins. L’effet sera le même que précédemment, à savoir une pollution du milieu naturel par déversement d’eaux non épurées, et cette pollution sera d’autant plus notable que nous arrivons progressivement à l’étiage pour la Prédecelle...

Je ne sais pas quelle solution apporter au problème, même si j’en envisage au moins une. Ce qui est certain, c’est que les communes de Limours et Pecqueuse, ainsi que celle de Forges, à l’exception d’un de ses délégués, qui ont porté l’actuel président du SIAL à ce poste, probablement pour des raisons de basse politique, ont une responsabilité forte dans ce dossier. Elles ont donc l’obligation de trouver une solution au problème. Par ailleurs, je n’aimerais pas que la gestion calamiteuse du SIAL par un membre de l’actuelle majorité municipale conduise à une petite catastrophe environnementale, que les communes voisines ne manqueront pas d’attribuer à Forges...


Références :

1.Histoires d’assainissement. I. Comment cela fonctionne-t-il à Forges ?
Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2021/04/histoires-dassainissement-i-comment.html

2. Histoires d’assainissement. II. Quel avenir pour le SIAL ?
Ce blog :


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samedi 5 décembre 2020

RÉGIE EAU OUEST ESSONNE :
ON PROGRESSE !




Même si je ne suis plus élu, je conserve des contacts parmi les représentants des communes voisines et auprès des syndicats intercommunaux. J’avoue également avoir une affection particulière pour la Régie Ouest Essonne, que j’ai contribué à créer, et qui constitue sans aucun doute une des réalisations dont je suis le plus fier. Les dernières nouvelles en provenance de la régie sont bonnes et je souhaitais donc en faire profiter lecteurs de ce blog.



À la fin du dernier mandat, parmi tous nos projets, nous réfléchissions à la régie à la façon dont nous pourrions sécuriser les approvisionnements en eau. Il s’agit là d’un sujet crucial et prioritaire, l’eau étant indispensable à la vie. A ce jour, l’eau distribuée dans nos communes provient très majoritairement de trois captages situés soit à Saint-Cyr-sous-Dourdan, soit à Saint-Maurice-Montcouronne. Certains de ces captages donnent quelques petits signes de faiblesse, l’un étant même susceptible d’un arrêt de production dans les années qui viennent. C’est pour cette raison que le syndicat intercommunal des eaux de la région d’Angervilliers, prédécesseur du syndicat des Eaux Ouest Essonne, avait mis en place une interconnexion de secours à gros débit permettant de réalimenter les réservoirs en cas de problème sur l’un ou l’autre des captages, ou lors des opérations d’entretien courant. Néanmoins, l’ouverture de cette interconnexion de secours nous conduit à acheter l’eau à un syndicat voisin, ce qui peut représenter un coût non négligeable pour les finances d’Eau Ouest Essonne. Par ailleurs, l’évolution climatique, la progression urbanistique de l’ensemble des communes, et la possible agrégation de nouvelles communes au périmètre d’Eau Ouest Essonne, rendent indispensable une réflexion sur la sécurisation approfondie du réseau.

Pour développer une stratégie de sécurisation pertinente, la régie a fait appel, en sus de ses compétences internes, à des cabinets d’experts. Au vu de leurs avis, cette sécurisation va se poursuivre maintenant selon 2 axes. Le premier axe vise à créer au moins un nouveau forage, possiblement toujours dans la région de Saint-Maurice Montcouronne. L’intérêt est double : tout d’abord la nappe se trouvant dans cette région fournit une eau de relativement bonne qualité, mais en quantité abondante. Ainsi, lors des 2 dernières étés, pourtant chauds et très secs, la régie n’a pas constaté de déjaugeage. Second avantage, les canalisations d’amené d’eau vers les réservoirs de la régie se trouvent à proximité, ce qui limitera les coûts liés au raccordement du nouveau captage. Les études pour la création de ce nouveau captage progressent de façon très satisfaisante et elles ont reçu le soutien de la Préfecture de l’Essonne. Le second axe de sécurisation réside dans la connexion de notre réseau un réseau qui garantit aussi un approvisionnement très sécurisé. Pour cela, la régie réfléchit depuis plusieurs années à la façon dont elle pourrait se raccorder au réseau des Eaux du Sud Parisien, qui capte, traite et distribue de l’eau issue de la Seine au niveau de l’usine de Morsang sur Seine. Là aussi, les études ont beaucoup progressé et la régie semble maintenant envisager un raccordement à ce réseau à partir de Marcoussis pour alimenter le réservoir principal de Bute Brûlée situé à Buyères le Chatel. En menant ces 2 opérations, qui vont sans doute s’étendre sur au moins 2 à 4 années, la régie s’assure de pouvoir fournir à ses abonnés une eau de bonne qualité, en quantité, pour au moins les 15/20 prochaines années. Comme on le constate, une des caractéristiques essentielles de la gestion de l’eau est qu’elle ne s’inscrit pas dans des échelles de durées courtes, ce pour différentes raisons autant techniques qu’administratives. C’est aussi pour cela, à mon sens, que la gestion de l’eau potable doit être impérativement du ressort de la puissance publique.

J’ajoute à ces bonnes nouvelles la mise en place des outils de télésurveillance et de supervision du réseau. Pour les abonnés, cette avancée technique est totalement transparente, et c’est tant mieux, même si elle permettra de les avertir de consommations anormalement élevées quasiment en temps réel. Pour la régie, en revanche, c’est une progression importante qui permet de disposer en temps réel de données quantitatives et qualitatives sur l’état du réseau et sur son fonctionnement.

Dernière bonne nouvelle : j’avais dans un article précédent fait état de la polémique qui s’était développée sur certains réseaux sociaux, alimentée partiellement par des élus Forgeois. Une des personnes très actives sur un des réseaux, non élue elle, était même allée jusqu’à agresser verbalement le personnel de la régie sur site. Elle avait également déposé un recours auprès du Médiateur de l’eau. Après examen complet du dossier, cette autorité indépendante a rejeté le recours, et validé sans réserve la position de la régie Eau Ouest Essonne. Cela devrait donc clore définitivement ce débat, très spécifique de notre commune par ailleurs...



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lundi 21 septembre 2020

ERREURS ET DÉSINFORMATION AUTOUR DE LA FOURNITURE DE L’EAU POTABLE À FORGES LES BAINS

 


J’ai été alerté par une de mes connaissances de propos qui se sont échangés en juin et juillet sur Facebook au sujet de la facturation de l’eau dans notre commune. Ces propos contiennent beaucoup d’exagérations, d’erreurs voire de désinformation (pour le pas dire plus), et, élément encore plus choquant, ils ont été tenus pour certains par des nouveaux élus de Forges, ou par leurs proches...

 

Ma vision du rôle d’un élu n’est pas d’alimenter des polémiques, mais d’essayer de comprendre les éventuels dysfonctionnements, et d’y remédier. C’est ce que j’ai toujours tenté de faire en 12 ans de mandats communaux. Dans le cas de la fourniture d’eau potable, ceci est d’autant plus facile que la régie Eau Ouest Essonne est installée - et j’y ai largement contribué - à Forges. Il suffit de s’y déplacer avant de s’épandre sur les réseaux sociaux. Il suffit aussi de consulter le site internet de la régie où est expliqué qui décide des taxes et redevances. Plus grave encore, j’ai demandé à une nouvelle élue forgeoise de publier un rectificatif des propos erronés qu’elle a tenus au sujet de la fourniture d'eau, demande restée ce jour sans effet... Difficile donc de ne pas voir dans ces attaques de la régie, une stratégie délibérée, d’autant que ces critiques et les récriminations reçues à Eau Ouest Essonne n’émanent que d’un petit groupe de Forgeois, et pratiquement d’aucune autre commune desservie par la régie, dont les élus sont globalement satisfaits du fonctionnement.

Comme je suis l’une des personnes qui ont porté la création de la régie, ce qui représente pas loin de 7 à 8 ans d’efforts, il me semble qu’il est important que je revienne sur les raisons de cette création, et que je torde rapidement le cou à certaines affirmations erronées. J’ajoute que je connais parfaitement les dossiers dont je parle puisque j’ai assuré le rôle de vice-président d'Eau Ouest Essonne, délégué aux travaux, pendant le mandat 2014-2020.

La régie a été créée en partant du constat que le réseau vieillissait et que les délégataires qui se sont succédé en avaient assuré le fonctionnement, mais pas la pérennité. Les élus ont donc souhaité reprendre ce bien commun pour le moderniser et le fiabiliser. Une première idée reçue, fausse, est donc que la régie aurait été créée pour faire baisser le prix de l’eau. Et bien non ! J’avais même dit en réunion publique que s’il fallait augmenter le prix de l’eau pour assurer l’entretien décent des réseaux, nous le ferions. Ceci n’était pas politiquement correct, mais cela avait le mérite d’être le reflet d’une réalité. Pour information, un kilomètre de canalisation à changer, c’est autour de 400 000 euros de frais.

Depuis juillet 2017, le syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable et sa régie ont fait ce que nous avions dit. La régie ainsi réalisé ce qui suit (liste non limitative) :

- reprise des bases de données Veolia (6 000 points de comptage) erronées à plus de 40% et repérage sur site des compteurs non tournant ou non affectés à un abonné

- relevage de tous les captages et examens des pompes et des puits (3 captages)

- suivi et remplacement des pompes de l’usine de purification et du surpresseur du raccordement de secours

- manipulation et remplacement de toutes les vannes (ou presque) et amortisseurs de pression

- repérage des canalisations et branchements en x/y (par GPS), ainsi que des vannes et bouches à clefs

- installation d’un système d’information géographique permettant de collationner toutes les données x/y (en cours) et le type de matériaux et ‘l’âge de canalisations et branchements

- établissement d’un plan pluriannuel de travaux et budgétisation de ces travaux

- sécurisation partielle de l’approvisionnement de secours et développement de stratégie complémentaire de sécurisation (en cours)

- installation (en cours) de nouveaux compteurs avec tête émettrice (télérelève) et installation des concentrateurs (en cours)

- remplacement de presque 2 km de canalisations et des branchements au plomb à Angervilliers

- remplacement de presque 1,5 km de canalisations dans le secteur Roinville sous Dourdan

- écoute systématique du réseau et recherche de fuites

Bref en 3 ans, nous avons fait plus de remplacement de canalisation que le délégataire en vint ans !

 Toujours depuis 3 ans, Eau Ouest Essonne assure la distribution d’eau potable pour plus de 23 000 habitants, sans rupture de distribution (sauf casse réseau imprévisible - arrêt de distribution locale d’une à quatre heures maxi) et avec une eau de très bonne qualité contrôlée en interne et par l’Autorité Régionale de Santé. Même pendant la crise sanitaire et le confinement, les équipes de la régie, des personnels aux élus, ont assuré 24h/24h et 7j/7j le service de distribution... Eau Ouest Essonne est la seule régie en Essonne - et cela a été souligné par M. le Préfet - qui a le savoir-faire pour assurer le captage, la purification, la distribution, l’entretien du réseau et sa sécurisation, ainsi que la facturation aux abonnés. Et tout cela pour un prix du m3 d’eau potable distribuée qui n’a pas bougé depuis le passage en régie, et qui même est légèrement inférieur au prix pratiqué par l’ancien délégataire.  

Ceci m’amène tout naturellement à la deuxième idée reçue, fausse : le prix de l’eau serait très cher. Non, le prix de l’eau distribuée ressort, pour une consommation annuelle de 125 m3 (qui correspond à la consommation d’une famille de 4 personnes) autour de 2,4 euros/m3 TTC, abonnement inclus, soit 0,24 centime d’euros (un quart de centime !) le litre. Ce prix est à comparer à celui de l'eau de source « entrée de gamme » qui s'achète 50 fois plus cher, à environ 0,12 euros (soit 12 centimes) le litre, et celui de l'eau minérale de marque, 200 fois plus cher, à environ 0,50 euros le litre...

Alors pourquoi, l’eau coûte-t-elle sur facture autour de 5,5 euros/m3 ? Tout simplement parce qu’au prix de l’eau distribuée, s’ajoutent des taxes et des redevances. Or, point crucial, ces taxes et redevances ne sont en aucun cas du ressort de la régie. Les taxes sont imposées par le département, la région et l’Etat. Se plaindre de ces taxes à la régie revient à se plaindre auprès de son boulanger du montant de la TVA sur la baguette ! Quant aux redevances, elles concernent le traitement de l’eau, c’est à dire l’épuration, et elles sont décidées par les syndicats d'épuration... Si la part distribution (donc régie, hors taxe) n’a pas augmenté, les montants de la section assainissement ont eux augmenté au cours des années passées en raison - entre autres - du coût de fonctionnement des usines de purification, et de la nécessité de remplacer les plus vieilles d’entre elles, plus aux normes, par de nouvelles. En aucun cas la régie n’est responsable de cela. Elle ne joue qu’un rôle de collecteur des redevances d’assainissement qui sont intégralement reversées par le Trésor Public aux différents syndicats et intervenants. Ceci est d’ailleurs aussi expliqué sur le site d’Eau Ouest Essonne ! Toute remarque concernant la section assainissement doit donc être transmise aux syndicats qui assurent l’épuration. Ceci sera sans doute d’autant plus facile que la présidence du SIAL, syndicat d’assainissement, est assurée par un élu Forgeois, qui appartient curieusement à la même équipe ceux qui se plaignent du prix de l'eau... 

De ce qui précède il est donc parfaitement incorrect et quelque part parfaitement tendancieux de faire porter le chapeau du coût de l’eau à la régie, à ses personnels, au président et son équipe qui œuvrent depuis 10 ans pour que l’eau redevienne bien public, et que sa disponibilité et sa qualité soient assurées aujourd’hui comme demain.