lundi 28 juin 2021

PETIT RETOUR SUR L’ABSTENTION...


Beaucoup l’ont constaté, le vainqueur des élections régionales et départementales n’est pas le sortant, LREM, RN, PS, PC ou LR... LE vainqueur est clairement le parti de l’abstention. Plusieurs analystes politiques ont tenté de décrypter ce mouvement, mais peu pour ne pas dire aucun ont évoqué les éléments que je développe ici. Ceci ne signifie bien sur ni que j’ai raison, ni que j’ai tort dans mon propos.

Premier élément d’explication : mes concitoyens ne savent pas vraiment quelles sont les attributions des régions et des départements. Pour être honnête, je partage ce point de vue qui a, lui, été présenté par nombre de commentateurs politiques. En effet, si la commune est proche, et si le maire, ses adjoints sont généralement proches de leurs concitoyens (même si il existe des exceptions), et si la présidentielle est une élection emblématique de la vie politique, tant notre régime ressemble à une monarchie, les élections dites intermédiaires (département et région) semblent pour bon nombre de Français trop techniques, trop éloignées de leur préoccupations quotidiennes.

Deuxième élément explication : le brouillage des cartes autour des valeurs politiques, droite/gauche en particulier. Les notions de droite et de gauche semblent s’estomper dans la population, au point que j’entends nombre de mes relations ou connaissances dire que « droite et gauche, c’est pareil ». Je ne souscris en aucun cas à cette analyse. Il existe des valeurs de droite et des valeurs de gauche. Je reviendrai sur ce point dans un autre article. En revanche, force est de constater que plusieurs politiques ont de facto brouillé le message. Dans ce contexte, la palme revient à mon avis - haut la main - à Ms. François Hollande, Manuel Valls et Emmanuel Macron. Ce dernier s’est en effet fait élire avec pour positionnement politique, un « ni de gauche, ni de droite» revendiqué. Malheureusement, quelques années plus tard, le ni de droite ni de gauche s’est transformé en « ni de gauche, ni de gauche », tant le dialogue social est à l’arrêt, et tant les « réformes » voulues par l’actuel exécutif se sont révélées être foncièrement antisociales (réforme de l’ISF, des allocations logements, de l’indemnisation des chômeurs, et à venir, réforme des retraites, pour n’en citer que quelques unes). Il faut dire que ce positionnement s’inscrit dans la droite ligne de ce que nous avons pu constater lors du quinquennat de M. François Hollande, se présentant comme « l’ennemi de la finance », mais mettant en place les lois travail délétères pour les employés, considérant les protections des salariés comme un « coût » pour l’économie, qu’il conviendrait de réduire... Le tout dans une ambiance de véritable haro sur le code du travail ! Dans ce contexte, on comprend mieux la notion de deux gauches irréconciliables proposée par M. Manuel Valls. En réalité, ce ne sont pas deux gauches irréconciliables, mais une gauche et une droite (certes modérée) qui s’opposent, M. Valls ne réalisant pas que son positionnement est plus proche du centre droit que de la gauche. C’est là, à mon avis, la raison du déclin du PS. La ligne de fracture gauche-droite passant au milieu de ce parti, les positions de Ms. Hollande, Valls, ou Strauss-Khan (à l’époque) n’avaient pas grand chose à voir avec celles de Mme Christiane Taubira, ou Ms. Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon, ce qui ne pouvait que conduire à terme à l'éclatement de ce parti.

Accuser le seul PS de ce brouillage serait cependant trop facile. Celui-ci se poursuit en effet lorsque M. Gérald Darmanin accuse Mme. Marine Le Pen d’être trop à gauche... Cette confusion de valeurs s’inscrit, à droite, dans le rapprochement des idées entre l’extrême-droite et certains républicains, tel que Ms. Eric Ciotti, ou Laurent Wauquiez dont les propos ne s’éloignent de ceux de Mme. Marine Le Pen que par l’épaisseur d’une feuille de papier d’un discours de M. Patrick Buisson. Tout cela ne fait que renforcer l’idée que droite et extrême-droite, ou droite et gauche, c’est pareil, ce qui est gravissime à mon sens, car ce sentiment me parait être le terreau dans lequel le « tous pourris » se développera.

Dernier élément explicatif : la couleuvre du vote sur les traités européens. Rappelons les faits. En 2005, le référendum sur le traité établissant une constitution pour l'Europe conduit à un vote « non », majoritaire (un peu moins de 55% des votants) malgré la campagne médiatique très en faveur du « oui » (plus de 70% du temps de parole télévisé !). J’ai voté contre ce traité, non pas par conviction anti-européenne, au contraire (je comptais en ECU dans mes collaborations européennes plus de 5ou 6 ans avant le passage à l’Euro), mais parce que ce traité ne faisait la part belle qu’à l’économie, et à l’économie envisagée sous son seul angle libéral, oubliant largement les intérêts des peuples et les notions de solidarité. Que s’est-il ensuite passé ? Après une réécriture partielle et l’éclatement du traité dans d’autres accords européens non soumis à référendum, le gouvernement français, sous la présidence de M. Nicolas Sarkozy, a, in fine et contre l’avis du peuple français, ratifié le traité par voie parlementaire en 2008. Une véritable trahison ! A quoi sert le vote dans ce cas, on se le demande encore... C’était il y a 13 ans, mais les Français n’ont pas tous la mémoire courte. Qu’on se le dise !



Crédit illustration :


D’après « les municipales, une mascarade ? »:
https://www.deridet.com/Les-municipales-une-mascarade_a5759.html

2 commentaires:

  1. Bonjour Yves,

    Il y a également un autre élément que tu ne mentionnes pas (et que d'ailleurs quasiment personne n'évoque) : le droit de voter c'est également le droit de ne pas voter. Cela peut être difficilement entendable pour ceux qui n'ont pas le droit de voter et pour ceux qui se sont battus pour l'obtenir. Mais c'est un fait, sinon d'ailleurs on n’appellerait ça une obligation de voter !

    Le problème, c'est que dans le non-vote tout est brouillé, où plutôt le non-vote recoupe plein d'intentions, ou de non-intentions, de natures différentes.

    Mais point positif, ce non-vote (appelé également abstention.... :)....) a été tellement important qu'il a conduit Richard Ferrand a lancé une mission d'information.... Peut-être que cela conduira enfin à une reconnaissance effective du vote blanc, à savoir attribuer à cette expression une fonction dans le scrutin (par exemple au-delà d'un certain pourcentage reconduire l'élection). Je n'apprécie pas trop Mélenchon mais les principes de "sa" 6ème République vont bien dans ce sens.

    C'était ma contribution du soir, bonsoir !

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  2. Bonjour Antoine,
    Merci de ton retour. L'article rédigé reste superficiel, car je pense qu'il y a bien d'autres cause à l'abstention, dont certaines ont d'ailleurs été analysées par les commentateurs politiques. Le CoViD en est une à mon avis.
    Ta remarque sur le droit de votre est pertinente même si, comme tu le dis, elle est peu entendable pour ceux qui se sont battus pour, ou ne disposent pas de ce droit. C'est d'ailleurs ce que j'ai voulu dire au travers du dessin humoristique d'illustration .

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