lundi 7 juin 2021

VOUS AVEZ AIMÉ LA PANNE DES NUMÉROS D’APPEL D’URGENCE ?


Alors vous allez adorer la fin du réseau téléphonique commuté !

Le réseau téléphonique commuté, ou RTC, c’est le réseau historique de téléphonie fixe. Il fait que chaque téléphone fixe est relié, essentiellement par fil de cuivre, au commutateur installé dans un central téléphonique. Chaque appel d’un fixe vers un autre téléphone passe par cette ligne, qui renvoie du commutateur local sur un autre commutateur si l’appel est à destination d’un téléphone fixe, ou vers un autre commutateur et une antenne-relais si l’appel est à destination d’un portable.

L’intérêt du RTC est sa robustesse et le fait que les téléphones fixes qui reçoivent l’appel n’ont pas besoin d’être alimentés en énergie. Le courant d’appel, celui qui fait « sonner » le téléphone est en effet fourni par la ligne RTC, et les appareils de téléphone sont autonomes. Or le RTC vit ses dernières années. Il est ainsi impossible depuis peu de faire ouvrir une ligne fixe utilisant cette technologie et déjà plusieurs communes de France sont passées du RTC à la nouvelle norme, appelée « voix sur IP ». Dans ce système, votre voix captée par le micro fourni un signal analogique qui doit être transformé en signal numérique, seule information transportable dans un système voix sur IP. Le signal numérique sera acheminé jusqu’au correspondant, chez qui il sera décodé et transformé de nouveau en signal analogique, seul signal audible par notre oreille. Pour ceux qui souhaiteraient en savoir davantage sur tous ces points, la lecture des pages wikipédia en référence pourrait s’avérer d’intérêt (1).

La voix sur IP offre bien entendu des avantages tels qu’une meilleure compatibilité avec l’acheminement des autres signaux numériques sur nos lignes, et donc une limitation des équipements destinés à acheminer d’un côté la voix, et de l’autre l’internet, la télé, etc. Cette simplification doit a priori entraîner une réduction des coûts des communications, mais celui-ci pourrait être obéré par la mise en service de la fibre optique. Egalement, le numérique est en théorie au moins, moins sensible aux sons parasites. En réalité, la plupart des avantages de la voix sur IP se trouvent plutôt du côté de l’opérateur, plus que de l’utilisateur qui, lui, ne devrait pas voir de changement majeur pour son quotidien. C’est en tous cas le discours tenu par l’autorité de régulation et par les opérateurs. Car au final, il faut préciser que les anciens téléphones dont nombre de foyers sont encore équipés ne seront plus fonctionnels en voix sur IP. Il faudra donc changer certains de nos appareils et je ne suis pas sur que cela sera pris en charge par l’opérateur.

Ceci dit, le vrai problème que pose cette migration est à mon sens lié au fait que cette technologie ne fonctionne que si les téléphones sont alimentés en énergie. En cas de panne de courant, il n’y aura plus de liaison téléphone, un peu à l’image de ce qui se passe aujourd’hui pour l’accès internet via la « box » familiale. Si la panne est courte, pas de problème. Il sera d’ailleurs toujours possible d’utiliser les téléphones portables, en tous cas pour ceux qui en ont, soit environ 90 à 95 % de la population. Là où l’affaire se compliquera, ce sera lors d’événements climatiques mettant à mal l’alimentation électrique de nos domiciles, et celle des antennes relais. En moyenne, un téléphone portable dispose d’une autonomie de 24 heures, 48 heures au mieux si on coupe les fonctions wi-fi, bluetooth et « data » (2G-4G) et on éteint l’écran. Les antennes relais disposent, elles, d’une autonomie de 2 à 24 heures, très rarement plus, qui dépendra aussi de l’intensité de leur utilisation. Plus il y aura d’appels, moins l’autonomie des antennes sera importante. Cela veut dire que si une région est soumise à une tempête violente, avec des coupures d’alimentation électrique, il sera impossible de téléphoner en fixe lors de la coupure, et par le portable si celle ci-dure plus de 24/36 heures. Pour mémoire, certaines régions de France ont été privées d’électricité pendant 3, 4, voire 5 à 7 jours, encore récemment suite à des aléas climatiques d’importance. À Forges par exemple, la tempête de 2000 avait produit des coupures d’une durée de l’ordre de 5 jours dans certains des secteurs de la commune. Dans ces conditions - où l’ancien réseau en RTC aurait continuer de fonctionner - il sera impossible d’appeler les secours, alors que la probabilité d’en avoir le besoin s’accroîtra. Je rappelle aussi que nombre de dispositifs, tels que télésurveillance des biens et personnes y compris personnes âgées, ou système d’appels de secours des ascenseurs, fonctionnent toujours via le RTC (1)...

Nos sociétés sont des géants aux pieds d’argile, et parfois le progrès ne va pas dans le sens de la résilience, d’autant que la fréquence des événements climatiques violents est, selon toute probabilité, amenée à augmenter...



Références :

1. Pages Wikipédia
Réseau téléphonique commuté :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_t%C3%A9l%C3%A9phonique_commut%C3%A9

Boucle locale
https://fr.wikipedia.org/wiki/Boucle_locale_en_France

Commutateurs téléphoniques
https://fr.wikipedia.org/wiki/Commutateur_t%C3%A9l%C3%A9phonique

Crédit illustration :

Telephone Socotel S63
Vu sur Etsy :
https://img1.etsystatic.com/053/0/10014352/il_fullxfull.748091713_k3ej.jpg

 


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