Affichage des articles dont le libellé est Essonne. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Essonne. Afficher tous les articles

mercredi 9 novembre 2022

EAU OUEST ESSONNE :
LA RÉGIE QUI A DU CHIEN !


Comme les lecteurs du blog le savent, j'ai conservé une fonction à la régie publique Eau Ouest Essonne, participant au Conseil d'Exploitation. Cela me permet de proposer et de suivre les grandes orientations de la régie, orientations dont le choix reste bien sûr du seul ressort des délégués communaux réunis en conseil syndical. Je donne dans cet article quelques nouvelles plutôt satisfaisantes de la régie intercommunale.

Première bonne nouvelle, malgré la sécheresse de l'été que nous avons connue, la fourniture d'eau a pu être maintenue grâce au travail des agents d'Eau Ouest Essonne. Cependant, la situation a été tendue sur les captages de Saint-Maurice-Montcouronne, à la fois en raison de la baisse du niveau de la nappe, mais aussi en raison de certaines limitations techniques des systèmes de pompage. Néanmoins, le déficit en eau a pu être aisément compensé via l'interconnexion avec le réseau en provenance de l'usine de potabilisation des eaux de l'Essonne, située à Itteville. Parmi les priorités de la régie, le remplacement de ces captages est donc prioritaire, un processus s'inscrivant dans une démarche de sécurisation des approvisionnements engagée depuis plusieurs mois.

Deuxième bonne nouvelle, depuis quelques jours, grâce à une pluviométrie favorable, à un rafraîchisement, et au ralentissement de la photosynthèse des arbres, le niveau de la nappe de Saint-Maurice remonte doucement. Il me semble intéressant de préciser ici que le fait que les pluies d'orage de l'été ou de fin d'été, apportant pourtant beaucoup d'eau, ne rechargent pas les nappes est lié à plusieurs phénomènes. Tout d'abord elles se produisent souvent sur un sol sec et généralement (très) compact sur les parcelles agricoles exploitées de façon conventionnelle. Elles ne pénètrent donc pas le sol et ne percolent pas, générant des ruissellements importants. Deuxièmement, la partie de l'eau qui pénétrerait est très rapidement évaporée par la végétation, un phénomène appelé évapo-transporation. Celui-ci permet aux plantes, entre autres, de tolérer les élévations de températures et de résister aux chaleurs de cette saison. On estime que plus de 95% de l'eau absorbée par les racines est « transpirée » par un arbre. À titre d'illustration, un hectare de forêt (soit grosso modo la surface d'un terrain de football) en région parisienne évapore en moyenne 30 tonnes d'eau par jour, soit 30 m3.

Troisième bonne nouvelle, justifiant le titre original de l'article, la régie lance un programme de détection de fuites en zones agricoles. Il existe plusieurs moyens de rechercher des fuites sur un réseau d'eau potable. Là où le réseau est directement accessible (via des bouches à clef, des vannes, etc.), on peut procéder à une écoute acoustique. Toute fuite d'eau provoque en effet un bruit, plus ou moins aigu ou grave selon l'intensité de la perte d'eau. En utilisant deux capteurs encadrant la zone fuyarde, on peut aussi détecter avec précision la localisation exacte de la fuite. Ces techniques restent cependant difficiles à mettre en oeuvre en zone où les canalisations sont non accessibles, par exemple en zone rurale, où ces tuyaux peuvent être profondément enterrés. Pour traiter ces zones, la régie va avoir recourt à des chiens dressés à la détection du chlore. Ce chlore est ajouté à l'eau potable au niveau du captage, pour en assurer la potabilisation biologique. Cette technique a déjà été utilisée par une entreprise privée avec succès mais Eau Ouest Essonne sera la première régie en France a avoir recours à des chiens spécialement dressés pour ce travail. Celui-ci ne peut être réalisé que hors périodes de fortes chaleurs, le chlore s'évaporant trop vite et la chaleur perturbant les animaux. Il est possible d'explorer 2 km de canalisation par heure. C'est un chiffre très significatif, d'autant qu'il repose sur la mise en oeuvre d'une technique non destructive, et plutôt respectueuse de l'environ-nement. L’expérience se déroulera dans les secteurs de Fontenay-lès-Briis et de Forges-les-Bains fin novembre 2022.

Le savoir-faire de la régie fait que des communes de plus en plus éloignées du « centre historique » envisagent d'avoir recours aux services de la régie, parfois pour gérer une délégation de service publique, parfois pour rejoindre la régie directement. Cette bonne réputation et ce savoir-faire sont d'ailleurs arrivés jusqu'aux oreilles de M. le Sous-Préfet d'Etampes, qui visitera les installations de la Régie prochainement, des captages aux systèmes de télésurveillance et de relève. Il s'agit à mon sens d'une vraie reconnaissance du travail fait par les personnels et les élus pour mettre en place un service public de l'eau potable.


Crédit illustration :


Photo de Lorenzooooo
https://www.shutterstock.com/fr/g/Lorenzo+Patoia

mercredi 17 août 2022

LA RENOUÉE DU JAPON,
UNE ESPÈCE TRÈS INVASIVE !



Je circulais récemment rue du jeu de paume, et j'ai noté que les bas-côtés et le talus dans la descente vers la ferme de Pivot avaient été récemment fauchés. Une bâche sombre y est également installée, et tout me porte à croire qu'il s'agit d'essais pour tenter de limiter l'installation d'une espèce particulièrement invasive, la renouée du Japon.

La renouée du Japon, de son nom scientifique Reynoutria japonica (préalablement Fallopia japonica), appartient à la famille des Polygonaceae qui regroupe des espèces très diverses dont les plus connues du grand public sont sans doute la rhubarbe (Reum spp.), les Rumex, genre auquel appartient l'oseille, ou, parlant à nos amis bretons, le sarrasin (Fagopyrum esculentum), également appelé blé noir. Ce nom est trompeur, car il laisse à penser que le sarrasin pourrait être une céréale, ce qu'il n'est à l'évidence pas.

Très curieusement, la renouée du Japon est arrivée de façon confidentielle en Europe, au Moyen Âge, importée d'Asie à des fins d'alimentation du bétail. Sa véritable importation en masse remonte cependant au XIXe siècle, également à des fins d'alimentation du bétail, mais également comme plante mellifère et d'intérêt horticole. Elle s'est ensuite répandue au XXe siècle dans pratiquement toute l'Europe. Cette propagation massive est liée à la sa capacité reproductive qui repose sur deux phénomènes. Le premier est la reproduction sexuée, qui fait donc intervenir fleurs, puis fruits et graines. L'efficacité de cette reproduction dépend de la nature des sols et surtout du climat. Elle est considérée par les spécialistes de la question comme peu efficace en France. Ce qui rend donc la propagation de la renouée extrêmement problématique dans nos régions, c'est la reproduction dite végétative. Par définition, cette reproduction végétative n'implique pas de fécondation. Elle repose chez les végétaux sur des processus de type bouturage ou greffe, ou, de façon naturelle cette fois, sur le marcottage (une tige se courbe, touche sol, et s'enracine pour former un nouvel individu) ou la formation de stolons (cas des fraises par exemple) ou de bulbes annexes à partir d'un bulbe mère, pour ne citer que quelques exemples.

Chez la renouée, la fonction végétative est associée à son important réseau de racines et de rhizomes. Un petit point de biologie végétale ici, pour préciser que le rhizome, contrairement à une idée reçue, n'est pas une grosse racine. Sa structure l'apparente en effet à une tige souterraine. Cette tige produit dans certains cas des feuilles souterraines, non chlorophylliennes, qui restent « collées » au rhizome, lui donnant un aspect écailleux. Dans le cas de la renouée, une plante d'un mètre de haut peut projeter sous terre un réseau de racines de rhizomes dépassant 10 mètres ! De plus, et c'est bien là le problème majeur, un simple petit morceau de rhizome de quelques grammes peut, dans des conditions favorables , donner naissance à une plante entière. Les rhizomes étant des tiges souterraines, on ne s'étonnera pas d'apprendre qu'un petit morceau de tige feuillée tombé au sol peut aussi s'enraciner, si les conditions sont favorables,et régénérer une plante entière

La renouée est considérée comme une espèce très envahissante et elle fait d'ailleurs partie, au niveau européen, des 100 espèces végétales les plus problématiques. Dans certains pays, son éradication est obligatoire à proximité des constructions. En effet, les racines et les rhizomes de la renouée sont extrêmement puissants et capables de percer les fondations de certaines habitations, y compris celles réalisées en béton. De plus, étant capable de progresser très rapidement, la renouée pose un véritable problème environnemental dans la mesure où sa croissance affecte sensiblement les espèces indigènes dont elle peut même prendre la place, avec les conséquences que l'on peut imaginer sur la chaîne alimentaire et donc la biodiversité locale. Malheureusement, l'éradication de ce végétal est très difficile, voire impossible. Il est donc plus raisonnable de penser « contrôle ». On peut ainsi oublier les désherbants chimiques classiques, sauf à les utiliser en cocktails à doses relativement élevées, une technique souvent difficile à mettre en oeuvre du fait des risques de contaminations environnementales surtout le long des cours d'eau. Des approches biologiques ont été étudiées, en utilisant des insectes très friands de renouées. Le problème est que bien que ces insectes ne montrent pas une appétence forte pour les plantes indigènes d'Europe, ils sont susceptibles de changer de comportement. Néanmoins, au plan biologique, la renouée semble un aliment d'intérêt pour certaines chèvres et moutons. Des approches d'écopâturage ont donc été développées avec succès, particulièrement dans des zones classées espaces naturels sensibles.

Les techniques de contrôle les plus prometteuses restent essentiellement basées sur des méthodes physiques. Celles-ci incluent le repérage rapide des nouvelles zones ou pousserait de la renouée et l'arrachage de la plante, ainsi que le décaissage d'une large zone du sol environnant afin d'éliminer les rhizomes. Pour les zones plus largement contaminées, après l'arrachage de la plante on peut procéder au traitement du sol environnant. Les volumes à traiter sont cependant impressionnants, même si des techniques performantes de retraitement du sol ont été mises en place au cours des 10 dernières années. ces techniques impliquent le broyage extrêmement fin du sol et des rhizomes, empêchant ces derniers de régénérer des plantes entières. Une autre technique est celle mise en œuvre, semble-t-il, dans notre commune, et qui consiste en un bâchage du sol sur la zone de croissance du végétal. Les conditions de réussite sont cependant drastiques puisqu'il faut un bâchage très large de la zone contaminée et un maintien absolu de la bâche au sol pendant des périodes longues (plusieurs mois, voire plusieurs années). Il faut également une bâche extrêmement solide, dont le maintien de l'intégrité doit être assuré faute de quoi la plante pourra de nouveau de développer. On cite parfois le cas de repousses de renouée sur bâche au travers des trous laissés par l'agrafage lors de la fabrication. L'avantage de cette technique est qu'elle est relativement peu coûteuse, économe en énergie, et satisfaisante sur le plan environnemental.

Dernier point, la renouée, jeune, est comestible. Néanmoins, cette espèce présente des capacités marquées de bioaccumulation des métaux, et particulièrement de certains métaux lourds. Ceci rend sa consommation potentiellement dangereuse, à moins de la limiter aux secteurs dont l'historique est bien connu, et dans lesquels toute trace de contamination métallique peut être exclue. Des essais ont également été menés pour utiliser la renouée comme ressource biomasse, soit pour la production de biogaz, soit pour la production d'un composé qu'elle biosynthétise en quantités relativement importantes, le resvératrol, très utilisé par l'industrie cosmétique ou comme complément alimentaire.

Comme le ragondin, introduit volontairement pour exploiter sa fourrure, les coccinelles asiatiques supposer lutter contre les pucerons, ou le lapin importés aux Kerguelen pour servir d'aliment carné, la renouée s'ajoute à la longue liste de ces apparentes bonnes idées d'introduction d'espèce allochtones, qui ont finalement mal tourné. Cependant, pour finir sur une note optimiste, il faut préciser que bon nombre d'introductions volontaires d'espèces étrangères ne se sont pas traduites par un désastre écologique, au contraire : personne en plein été ne trouve à redire à la production de tomates, de courgettes ou d'haricots (en provenance des Amériques) ou d'aubergines (en provenance d'Inde). Notre alimentation serait ainsi bien triste si on ne se limitait aux espèces européennes indigènes. Même s'il est pertinent de favoriser la culture d'espèces indigènes, peut-être en serait-il de même aussi pour nos jardins : pour ne citer que deux espèces emblématiques, le rosier vient d'Asie centrale, de Perse probablement, et le lilas vient d'Asie orientale ou d'Inde...   

Crédit illustration : 

Régis Thomas, David Busti et Margarethe Maillart. La Renouée du Japon à la conquête du monde.
ENS Lyon.
Cliché R. Thomas.
http://biologie.ens-lyon.fr/ressources/Biodiversite/Documents/la-plante-du-mois/la-renouee-du-japon-a-la-conquete-du-monde


mercredi 3 août 2022

USAGE DE L'EAU : UN NOUVEL ARRÊTÉ
PAS PLUS CLAIR QUE LE PRÉCÉDENT !



Une responsable d'association m'a signalé ce jour l'existence d'un nouvel arrêté préfectoral relatif aux usages de l'eau. Malheureusement, ce dernier n'est pas beaucoup plus clair que son prédécesseur.

L'arrêté 2022-DDT-SE-293 en référence (1), en date du 28 juillet, reprend une grande partie des propos tenus dans l'arrêté du 13 juillet précédent. Il renforce également les restrictions relatives à l'usage de l'eau.

On retrouve cependant dans ce nouvel arrêté des termes qui rendent son interprétation délicate. Ce nouvel arrêté instaure en effet « des mesures de restriction ou de limitation temporaire d'usage de l'eau dans les communes rattachées à la zone d'alerte de l'Orge et de ses affluents ». Forges Les Bains fait partie de cette zone ; la commune est d'ailleurs citée dans les tableaux en annexe. Si l'on se limite à cette information, les restrictions s'appliqueraient dans notre commune. En conséquence, l'arrosage des pelouses et massifs fleuris est maintenant totalement interdit aux particuliers, de même que l'arrosage du potager entre 8 heures et 20 heures, le remplissage et la vidange des piscines privées contenant plus de 1 m³, ainsi que le lavage des véhicules, le nettoyage des toitures et trottoirs, et les travaux sur les cours d'eau que j'ai mentionnés dans mon article précédent (2).

Néanmoins, l'article 3 de l'arrêté du 28 juillet indique que « l'utilisation de l'eau du réseau public de distribution dans les communes de la zone interconnectée de l'agglomération parisienne n'est pas réglementée par le précédent arrêté ». Selon l'annexe de cet arrêté, il se trouve que Forges fait partie des communes incluses dans la zone interconnectée de l'agglomération parisienne. Si mon interprétation de l'arrêté est correcte, Forges n'est donc pas concernée par les mesures de restriction d'eau à partir du moment où l'eau utilisée a pour origine le réseau de distribution d'eau potable.

Je suis peut-être quelque peu obtus, mais je pense que vu l'importance du sujet, ces arrêtés préfectoraux gagneraient à être rédigés de façon un peu plus claire.


Références :

1. Arrêté 2022-DDT-SE-293.
Consultable en ligne :
https://ume.asso.fr/IMG/pdf/arrete_2022-293_crise_orge_20220728.pdf

2. Usage de l'eau : un arrêté difficilement compréhensible !
Ce blog :
https://dessaux.blogspot.com/2022/07/usage-de-leau-un-arrete-difficilement.html





mardi 2 août 2022

DE BONNES NOUVELLES
DE LA RÉGIE EAU OUEST ESSONNE



Il y a plusieurs réalisations municipales ou intercommunales dont je suis raisonnablement heureux ou fier, en particulier pour avoir contribué à leur mise en place. Parmi celles-ci, je citerai principalement la création de la maison médicale, projet porté dans la mandature 2008–2014, et la reprise en régie publique de la distribution de l'eau potable, projet ayant vu le jour en 2017 après plusieurs années d'études préparatoires.

J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer sur ce blog les arguments qui ont présidé à la création de la régie publique. Je les présente à nouveau dans cet article, tant la création de cette régie a donné lieu, sur différents réseaux sociaux, à une avalanche d'absurdités quand il ne s'est pas agi de propos mensongers.

Je le dis donc tout de suite, tout net : la régie publique n'a jamais été créée pour faire baisser le prix de l'eau potable. L'argument majeur que nous avons présenté lors des réunions publiques, au moment de sa création, est que cette régie nous permet, en tant qu'élus et en tant que citoyens, de reprendre la main sur la distribution de l'eau potable. L'eau est en effet un bien public, donc a priori un bien non-marchand. Cependant, comme je l'ai expliqué à plusieurs reprises, si la ressource en elle-même est quasiment gratuite, le captage, la potabilisation, la distribution et la facturation sont autant de postes de dépenses qui engendrent des frais. Ceux-ci sont imputés aux consommateurs sur leur facture, au prorata de leur consommation. Il existe également d'autres postes de dépenses. Ceux-ci concernent l'entretien du réseau, sa fiabilisation ainsi que la sécurisation des approvisionnements, vis-à-vis de la ressource en elle-même ou vis-à-vis des risques de rupture de distribution. Là aussi, les coûts engendrés se retrouvent dans la facture des consommateurs. La différence majeure entre une régie est une entreprise privée se situe dans le fait que l'ensemble des sommes perçues au titre de la facturation sont réinvesties soit directement dans le fonctionnement de la régie, comme je l'ai expliqué plus haut, soit dans les investissements nécessaires à la pérennisation de la fourniture d'eau. Il n'y a donc aucun actionnaire à rémunérer, et « tout repart dans les tuyaux », pour schématiser. C'est là une des forces des régies publiques. Nous comptons donc sur cette capacité d'investissements massifs pour également améliorer progressivement le rendement du réseau de distribution. C'est ce que la régie fait depuis maintenant 2 ans, les investissements d'urgence ayant mobilisé le disponible financier lors des premières années. Il s'agit clairement d'une nécessité à l'heure où nos sociétés vont devoir faire face au changement climatique et à ses conséquences en termes de sécheresse, donc d'approvisionnement en eau !

De façon remarquable, la « vente » de l'eau potable est sans doute une des rares activités qui inclut au moment de l'achat le coût de la dépollution engendrée par la fourniture du produit. C'est ce coût de dépollution que l'on retrouve sous la forme des redevances d'assainissement, constitutives d'une partie de la facture de l'eau. À ce sujet, je trouve tout à fait regrettable le dernier article publié dans le Petit Forgeois, qui indique que ce coût de l'eau est fixé par le syndicat Eau Ouest Essonne. Je précise donc à nouveau que la régie publique, agissant d'ailleurs en conformité avec les décisions prises par les élus des différentes communes qui la constituent, ne fixe que le prix de l'eau potable. Ce dernier, constitué de l'abonnement et de la consommation volumétrique, n'a pas évolué entre 2017 (date de la création de la régie) et début 2022. Il est de plus écologiquement responsable, puisque plus l'on consomme, plus le prix de l'eau augmente. S'ajoute à la facture de consommation d'eau, les taxes de type TVA, et la redevance d'assainissement mentionnée plus haut, fixée, elle, par les syndicats intercommunaux assurant l'épuration de l'eau. Le prix de l'eau qui apparaît sur la facture n'est donc pas du seul ressort de la régie Eau Ouest Essonne. Enfin, donner un prix moyen comme indiqué dans le dernier opus du journal communal n'a pas tout son sens tant que l'on ne précise pas s'il s'agit que du prix de l'eau potable, abonnement inclus ou non, et pour quelle consommation moyenne, ou du prix incluant l'assainissement dont le montant équivaut, grosso modo, à celui de la seule fourniture d'eau.

Ces explications redonnées, voyons maintenant plus directement les bonnes nouvelles en provenance de la régie. Premier point : la régie à assuré de nouveau cette année un renouvellement important des canalisations qui constituent son réseau, pour une longueur légèrement supérieure à 2 km. Cela correspond à l'objectif fixé à la création, puisque cette longueur représente un renouvellement d'environ 1% de la longueur totale du réseau dont les canalisations ont une durée de vie estimée à une petite centaine d'années. Deuxième point : la régie a terminé la mise en place l'outil de télésurveillance du réseau, ce qui lui permet de contrôler directement depuis son siège forgeois le fonctionnement des pompes, des vannes, ainsi que les hauteurs d'eau dans les différents réservoirs situés dans le périmètre de la régie. Dans le même temps, elle a poursuivi un ambitieux programme de détection des fuites, fondé sur les analyses de ces données, mais également sur des dispositifs d'écoute sonore du réseau en heures creuses, c'est-à-dire de nuit. Troisième bonne nouvelle : la régie formalise actuellement ses projets de sécurisation des approvisionnements. Il faut savoir qu'Eau Ouest Essonne est quasiment autonome en termes de ressource. Ceci signifie que, généralement, les captages de Saint Cyr sous Dourdan et de Saint Maurice Montcouronne produisent des volumes d'eau suffisants pour alimenter tout le secteur couvert par la régie. Néanmoins, lors de certaines opérations de maintenance de ces captages, ou en période caniculaire ou de sécheresse, la régie doit procéder à quelques achats d'eau complémentaires via l'interconnexion nous alimentant en eau de la rivière Essonne, via l'usine de potabilisation d'Itteville. Dans ces conditions, nous sommes directement exposés au risque de panne de l'usine. De plus, certains de nos captages sont vieillissants et débitent donc moins au fil des ans ; il devient impératif de les renouveler. De nouveaux captages vont donc être forés à proximité des précédents qui seront eux inactivés. Ceci limitera les coûts de forage (aucune nécessité de forages d'essai, connaissance de la nappe, etc.) et la complexité des procédures administratives associées. Enfin, une alimentation grand débit, au nord de notre secteur, via notre réservoir principal de Butte Brûlée via « Eau du Sud Parisien » et la canalisation principale de Marcoussis est quasiment actée. Toujours dans ce domaine, la régie réfléchit à différents scénarios d'évolution à échéance 2060 afin d'être en mesure, dès la fin de notre décennie actuelle, d'anticiper les décisions à prendre pour sécuriser les approvisionnements en eau de nos concitoyens. Dans mon esprit comme dans celui des personnels de la régie, et même si je suis un ardent défenseur des services publics, il n'est pas question d'opposer secteur public et secteur privé. Une des forces de la gestion publique est de pouvoir réfléchir sur le très long terme (2060 est dans 40 ans !), mais il ne reste pas moins vrai que les entreprises privées disposent d'un savoir-faire et d'une technicité indéniables qu'il serait trop coûteux de développer en régie. Pour cette raison, Eau Ouest Essonne fait très régulièrement appel aux grandes entreprises de l'eau (Veolia, Suez ou Sade) pour les travaux sur ses réseaux.

Enfin, dernier point, le secteur géographique couvert par la régie va s'étendre considérablement. Selon les informations dont je dispose, en provenance de la régie publique où je continue à participer au conseil de surveillance (il s'agit donc là de ma source, sans jeux de mots), Eau-Ouest-Essonne devrait assurer le suivi de la délégation de service public (DSP) de la commune de Dourdan. Un des objectifs est d'aider cette commune quelque peu fragile en termes de ressources en eau, à réfléchir aux politiques à mettre en œuvre dans un avenir proche pour la sécurisation de l'approvisionnement de ses habitants. Le point flatteur pour la régie est que le choix fait par la commune de Dourdan a été de préférer la proposition de notre régie à d'autres propositions concurrentes, validant ainsi, à mon sens, le sérieux du savoir-faire d'eau Ouest Essonne et de ses personnels.


Crédil illustration :

Régie eau Ouest Essonne


vendredi 29 juillet 2022

USAGE DE L'EAU : UN ARRÊTÉ DIFFICILEMENT COMPRÉHENSIBLE !


Je viens de recevoir le lien en référence (1) renvoyant vers le site de la préfecture de l'Essonne. Ce site indique qu'afin « de préserver les ressources en eau, des mesures de restrictions des usages de l'eau s'appliquent aux communes rattachées à la zone de l'Orge et des ses affluents, à l'exception de l'Yvette et des affluents ». Pour comprendre les implications, il faut alors se référer à l'arrêté préfectoral lui-même (2), mais, pour le dire familièrement, cette compréhension n'est pas évidente.

Cet arrêté indique que le débit de certaines rivières de l'Essonne est passé en dessous du seuil d'alerte, impliquant dès lors la mise en place de restrictions d'usage de l'eau. La rivière concernée par l'arrêté est la Rémarde, un affluent de l'Orge. Le débit de cette rivière est actuellement de 0,18 m³/s, le seuil d'alerte situant à 0,19 m³/s. Pour mémoire le débit moyen en cette période de l'année devrait s'établir autour de 0,40 m³/s. Compte tenu de ces chiffres, les services de la préfecture indiquent qu'il devient « nécessaire d'instaurer dans la zone d'alerte de l'Orge et de ses affluents, à l'exception de l'Yvette et de ses affluents, des mesures de restrictions temporaires, proportionnées et adaptées au seuil critique ». Les communes de ce périmètre d'alerte sont citées en annexe de l'arrêté, de même que sont citées les mesures implémentées qui varient selon que sont concernés des particuliers, des entreprises ou des collectivités. La commune de Forges figure dans la liste des communes concernées.

L'arrêté impose des restrictions aux usages domestiques, agricoles, commerciaux ou industriels de l'eau lorsqu'elle provient directement des rivières, des plans d'eau ou du sous-sol. Ceci signifie que sont visés les usages de toute eau qui a pour origine un captage à partir de puits ou de forages. Ceci devrait donc a priori concerner l'eau distribuée par la régie Eau Ouest Essonne à Forges les Bains car elle provient très majoritairement de captages souterrains. Or, première complication, tous les secteurs de la commune ne seraient pas concernés. En effet, si j'interprète correctement l'arrêté préfectoral, les hameaux de Chardonnet et de Malassis, alimentés eux en eau de la Seine, sont hors zone Orge et donc hors du périmètre de l'arrêté.

Deuxième complication, et disposition orthogonale à ce qui précède, l'arrêté stipule que « l'utilisation d'eau du réseau public de distribution dans les communes de la zone interconnectée de l'agglomération parisienne n'est pas réglementée par le présent arrêté ». Or, il se trouve que Forges se situe dans la zone interconnectée de l'agglomération parisienne, selon le tableau fourni en annexe par les services de la préfecture. La commune dans sa globalité ne serait donc pas concernée  par cet arrêté dès lors que l'on s'intéresse à l'usage de l'eau distribuée. La situation est donc difficilement compréhensible. 

Quoiqu'il en soit, il me semble pertinent de limiter les usages de l'eau et d'appliquer de façon volontaire et non contraignante les dispositions indiquées dans l'arrêté préfectoral. Pour les particuliers, celles-ci impliquent de ne pas arroser les pelouses et les massifs fleuris entre 8 heures et 20 heures, de ne pas arroser les potagers entre 11 heures et 18 heures, de ne plus remplir et vider les piscines d'une contenance supérieure à 1 m³, de ne plus laver sa voiture chez des professionnels sauf si ces derniers sont équipés de matériel haute pression combiné à un système de recyclage d'eau, de ne pas nettoyer les façades toiture et trottoir à l'eau (sauf risque sanitaire immédiat), de ne plus alimenter les fontaines d'ornements, et, si l'on est riverain d'un cours d'eau, de ne pas perturber l'écoulement des eaux et de ne pas effectuer de travaux sur le ru ou sur la rivière.


Références :

1. Sécheresse : mesures de restriction des usages de l'eau en Essonne. Préfecture de l'Essonne. Consultable en ligne :
https://www.essonne.gouv.fr/Actualites/Secheresse-mesures-de-restriction-des-usages-de-l-eau-en-Essonne

2. Arrêté préfectoral 2022-DDT-SE-276. Préfecture de l'Essonne.
Consultable en ligne :
https://www.essonne.gouv.fr/content/download/36283/274300/file/arrete_2022-276_alerte_orge_20220713.pdf

samedi 23 juillet 2022

COUPS DE GUEULE EN SÉRIE



Comme les lecteurs le savent, ce blog - contrairement aux réseaux sociaux - n'est en aucun cas un lieu où se propagent insultes et invectives. Certes, j'y tiens parfois des propos parfois sévères, mais ceux-ci restent, à mon sens, parfaitement polis, et surtout, ils sont le reflet de réalités. Je n'ai donc pas l'habitude de pousser des « coups de gueule » mais exceptionnellement, aujourd'hui, je vais déroger à la régle.

Premier coup de gueule : le comportement de nombre de mes concitoyens sur la route, ne serait-ce qu'à Forges et dans les environs ! Je le dis tout de suite, mon estimation est qu'au moins les 3/4 de mes concitoyens se comportent raisonnablement sur la route. Ils font donc ce qu'ils peuvent pour respecter les règles et surtout, élément majeur, partager la route. Sur les 25 % restant, la moitié est à la limite du hors jeu, et l'autre moitié franchement dans le rouge. Je suis fatigué de leur comportement, des stops allégrement grillés, du non-respect des priorités et des coups de klaxon parce que l'on ne roule pas assez vite en zone 30. Je suis tout autant fatigué des dépassements dangereux, y compris sur les lignes continues, surtout en cette période de moissons où les routes sont très fréquentées par les engins agricoles... Je suis fatigué de voir le comportement puéril de ceux qui, roulant très au-dessus des limites de vitesse passent devant un radar 10 km/h en dessous de la vitesse limite, ce qui vous conduit à les dépasser, et qui se collent ensuite derrière vous avec force appels de phares dès le radar franchi... Je suis désolé de le dire abruptement, mais je pense que ces 10 ou 15% des conducteurs n'ont rien à faire sur la route. Ils sont dangereux pour eux mêmes mais aussi pour les autres.

En matière de conduite automobile, le hiatus provient à mon avis du fait que la voiture est assimilable au domaine privé, donc à sa maison, y compris en termes légaux, même si les récentes lois « sécurité » ont amoindri cette notion d'extension du domicile. Or, cet espace privé est, lui, amené à partager un espace public, la route. Si l'on peut faire à peu près ce que l'on veut chez soi, on ne peut agir de même dans l'espace public. Certains ne le comprennent pas. Je pense aussi que notre société porte également une grosse part de responsabilité. L'individualisme se développe sur le mode « parce que je le vaux bien », et nombre de nos concitoyens se laissent piéger par cette stimulation malsaine de leur ego, et pas seulement sur la route. Pour revenir à une de mes petites fixations, le développement des réseaux sociaux, où l'on se met en scène avec force « selfies » et autres détails sur une vie privée embellie, procède probablement de ce travers. Également, notre monde capitaliste privilégie la performance, la vitesse, sans mesurer les « externalités négatives » associées à ce mode de vie, par exemple en termes de pollution, ou de dégradation de la santé morale ou physique des acteurs. Au plan philosophique, j'associe cette valorisation outrancière de la vitesse avec la peur d'un futur incertain dans lesquels ces usagers irrespectueux seraient pressés d'arriver, pour lever l'incertitude... Ceux qui ont lu « la lenteur » de Milan Kundera seront sans doute d'accord avec lui, quand il dit « la source de la peur est dans l'avenir, et qui est libéré de l'avenir n'a rien à craindre ».

Deuxième coup de gueule, toujours lié au comportement d'un petit nombre de mes concitoyens de l'espèce Homo circulans, le jet de mégots ! Revenant de Normandie, récemment, j'ai constaté avec effroi que des usagers n'hésitent pas à jeter par la fenêtre de leur voiture des mégots. Je n'ai pas eu le temps de voir si ceux-ci étaient enflammés ou pas, certes, mais la fréquence de ce geste m'inquiète : il s'est en effet reproduit en 4 ou 5 occasions sur un trajet de 100 km environ. Je n'ai aucune raison de croire que je sois tombé sur les seuls 4 ou 5 débiles profonds qui se seraient livrés à cet exercice. Je me dis donc que ce sont des centaines de mégots qui sont jetés tous les jours sur ces 100 km ! J'avais d'ailleurs lu, il y a quelques mois, une enquête d'une société d'autoroute qui disait avoir ramassé, sur des secteurs tests, 20 000 (vingt mille) mégots par kilomètre ! Quand on connaît le niveau du risque incendie en France aujourd'hui, y compris dans des régions comme la Normandie, le nord de la France, voire dans notre secteur lui même - récemment affecté par un important feu de chaumes ayant détruit deux habitations et entraîné l'évacuation d'un centre d'accueil pour autistes - je me dis que ce comportement relève a minima de l'inconscience la plus totale et au pire de l'acte criminel. Malheureusement, comme beaucoup d'autres, je me sens totalement démuni devant ce genre de comportement débile. Je ne sais que faire, et suis bien conscient que ce coup de gueule ne servira, bien sur, à rien. Tout ce que je sais, c'est qu'il est temps, dans ce domaine aussi, que les comportements changent, et vite !


Crédit illustration :


Capture d'écran en provenance de ma caméra de bord.




mardi 14 juin 2022

LÉGISLATIVES 2022 :
UN ENTRE DEUX TOURS TENDU !


Le premier tour des élections législatives de 2022 a eu lieu hier dimanche 12 juin. Il confirme globalement les évolutions politiques déjà perçues lors de l'élection présidentielle. Tout cela annonce d'ailleurs un second tour indécis, et un entre deux tours tendu !

Le vainqueur de l'élection, si l'on peut utiliser ce terme, reste l'abstention largement majoritaire, puisque dépassant hier légèrement 52 %. De toute l'histoire de la Ve République, ce taux d'abstention est le plus élevé pour un premier tour des législatives, et il n'est seulement dépassé par le taux d'abstention du second tour des législatives de 2017, qui culminait à plus de 57 %. Dans un article précédent, j'avais brièvement discuté de certaines des raisons qui pouvaient expliciter ces chiffres. J'ajoute que nombre d'analystes politiques se rejoignent sur le constat que cette abstention est surtout le fait des catégories socioprofessionnelles défavorisées et des tranches les plus jeunes de la population en âge de voter.

Au-delà de cette observation, et même s'il ne faut pas comparer élections présidentielles et législatives, il me semble que cette élection conforte et amplifie les tendances qui se sont fait jour lors de l'élection présidentielle. À mon sens, de droite à gauche, les faits saillants sont les suivants :

1. La disparition de « Reconquête », le parti de M. Éric Zemmour, dont aucun des candidats ne sera présent second tour. Lui-même a été éliminé directement, et, je ne m'en cache pas, cette situation me réjouit !

2. La confirmation de la « poussée » du Rassemblement National, qui qualifie ces candidats au second tour dans quelques 208 circonscriptions. Dans la moitié des cas environ, ces candidats sont d'ailleurs arrivés en tête au premier tour. Les régions qui ont porté le vote d'extrême-droite sont les fiefs habituels du Rassemblement, à savoir la partie sud de la région PACA, une partie du Languedoc-Roussillon, et grosso-modo le quart nord-est de la France.

3. L'affaiblissement des Républicains, dont les candidats ne seront présents au second tour que dans un peu plus de 90 circonscriptions, et où ils ne sont arrivés en tête que dans la moitié d'entre elles. Ces circonscriptions sont celles ce parti était déjà fortement implanté.

4. Un affaiblissement de la République en Marche, prise dans son alliance « Ensemble », qui pourra néanmoins maintenir ses candidats dans 417 circonscriptions (sur 577), et dont la moitié est arrivée en tête du premier tour. Le parti présidentiel perd ainsi une centaine de circonscriptions par rapport à ses résultats de 2017. Les régions qui ont le plus soutenu Ensemble sont la façade atlantique, et les quartiers favorisés des grandes villes et de leur périphérie.

5. Une poussée le la NUPES, dont les candidats seront présents dans 380 circonscriptions, la moitié d'entre eux étant arrivés en tête dans ces zones. Par rapport à 2017, en agrégeant les résultats des partis constituant cette alliance, le gain en nombre de candidats qualifiés pour le second tour est de l'ordre de 230. Les zones qui ont le plus voté pour la NUPES sont les traditionnelles « terres de gauche » : le Limousin, les Cévennes, et plus généralement le Massif central, ainsi qu'une partie de l'Occitanie, et une grande partie de Paris de la petite et de la grande couronnes.

En Essonne, on peut d'ailleurs noter la forte progression du vote pour l'alliance des gauches, puisque toutes circonscriptions confondues, la NUPES arrive en tête dans le département avec 32,5% des suffrages suivie de Ensemble, 27,4%, le RN, 13,7% et les Républicains 7,8%. Le candidat de la NUPES est arrivé en tête dans 8 des 10 circonscriptions du département. Les deux exceptions sont la VIIIe, où M. Dupont-Aignan, le régional de l'étape est premier devant le candidat de l'Alliance des gauches, et la IVe, celle de Forges, Limours, Briis, etc., où la sortante, Mme. Marie-Pierre Rixain est en tête (31,7%), là aussi devant le candidat de la NUPES, M. Amadou Deme (27,5%). Dans notre circonscription, le troisième, non qualifié pour le second tour, est M. Alain Boutaleb, du RN, avec 15,9% des suffrages. Enfin, à Forges, les trois mêmes candidats sont arrivés dans le même ordre avec des résultats différents, respectivement environ 38%, 24% et 14%. Rappelons que compte tenu du taux d'abstention, autour de 50%, les deux premiers candidats qui seront les seuls à pouvoir se maintenir au second tour n'ont reçu en Essonne qu'au mieux un peu plus de 15% des voix des inscrits, ce qui doit absolument questionner en termes de représentativité, tous partis confondus d'ailleurs.

Les projections en sièges sont difficiles à prévoir. Tout au plus, peut-on estimer qu'une grande partie des voix qui sont allées à l'extrême-droite zémourienne pourraient se reporter sur l'extrême-droite lepéniste, susceptible de glaner aussi quelques voix du côté des Républicains. Ensemble dispose sans doute d'un réservoir de voix que pourrait lui apporter les Républicains. Ceci correspond d'ailleurs plus ou moins à la stratégie mise en place par l'ancien président de la république, M. Nicolas Sarkozy, dont on se rappelle l'absence de soutien à la candidate de son camp, Mme Valérie Pecresse. Ensemble pourrait aussi tenter de récupérer les voix qui se seraient portées sur les candidats épars de « centre-gauche », ce dernier repport me paraissant néanmoins minime. Enfin côté NUPES, le réservoir de voix pour le second tour semble être à rechercher principalement parmi les abstentionnistes. C'est d'ailleurs le message qu'a tenté de faire passer hier M. Jean-Luc Mélenchon lors de son discours de soirée électorale.

Ces incertitudes font qu'un climat tendu est perceptible dans cet entre deux tours. Je citerai le cas de l'ancien ministre, M Jean-Michel Blanquer,
battu dès le premier tour dans le Loiret. Avec 18,9% des voix, il est en effet arrivé derrière le candidat NUPES (Bruno Nottin, 19,4%) et derrière celui du RN (Thomas Ménagé, 31,5%). Dès le résultat connu, il a accusé son adversaire de la NUPES d'avoir « violé plusieurs règles électorales pendant la campagne ». Sans doute un coup des islamo-gauchistes qu'il voit partout... Plus près de nous, on peut aussi citer le cas de l'inénarrable candidate Ensemble, Mme. Amélie de Montchalin, qui a accusé, sans le citer, son adversaire dans la VIe de l'Essonne, M. Jérôme Guedj, d'antisémitisme, alors que lui même est de culture israélite. Je la cite «...ces candidats, qui se sont alliés dans un accord électoral mais qui n’est pas un accord de fond. Et qui promet aux Français le désordre et la soumission. La soumission à la Russie. La soumission à des idées antisémites. Quand vous voyez que certains qui étaient au parti socialiste, responsables des enjeux de laïcité, des valeurs républicaines, aujourd’hui sont estampillés Nupes [note du rédacteur : il s'agit de M. J. Guedj]». A l'unisson d'Ensemble, la même candidate n'hésite pas à s'en prendre à tous les candidats NUPES qui « en se repeignant de vert et rose, sont des anarchistes d’extrême gauche. Et qui ont, pour quelques circonscriptions, laissé de côté leurs valeurs républicaines...». Bref, cela sent légèrement le pétage de plombs. Et la prochaine étape, ce sera sans doute l'inversion du sens de rotation de la Terre si la NUPES emporte la majorité, ce qui, pour le moment, n'est d'ailleurs pas l'hypothèse théorique la plus probable, même si elle reste du domaine du possible...

Comment également passer sous silence, les différents décomptes en nombre de voix global effectués par le Ministère de l'Intérieur et la NUPES, chacun donnant des résultats différents ? L'Alliance des gauches indique que le ministère aurait « oublié » de décompter des voies de ses candidats, favorisant alors Ensemble et lui permettant de l'afficher en tête du scrutin. Le ministère se retranche derrière l'étiquette du candidat et de sa suppléante lors du dépôt de sa candidature en préfecture. En ce sens, de factoaucun des candidats de l'Outre Mer n'était effectivement inclus dans l'accord de la NUPES, et ceux-ci ne peuvent donc pas être comptabilisés comme tel. En revanche que penser du cas de M. Hervé Saulignac (arrivé premier dans la Ière de l'Ardèche), étiqueté « divers gauche » ? Celui-ci ne comprend pas ce classement, car il a bien été investi par la Nupes. Idem pour Joël Aviragnet, arrivé en tête dans la VIIIe de Haute-Garonne. Classé aussi « divers gauche » par le ministère « en raison de la candidature dissidente d'Annabelle Fauvernier, qui a clairement indiqué par voie de presse qu'elle avait le soutien de La France insoumise ». Et qu'importe que ce candidat déclare être le « candidat unique pour le PS dans la circonscription dans le cadre de l'accord de la Nupes ». Rien qu'avec ces deux candidats, ce sont plus de 28 000 voix qui ont été retirées à l'Alliance des gauches alors que le Ministère a placé Ensemble devant la NUPES avec 21 000 voix d'avance. Bref, même si il est impossible de savoir qui a raison, mais on ne peut qu'objectivement constater qu'au moins deux des candidats présentés et soutenus par la NUPES pendant toute la campagne ont très étrangement été catalogués comme divers gauche. Le doute sur la sincérité des résultats est d'ailleurs largement permis, car le ministre de l'Intérieur lui-même, M. Gérald Darmanin avait tenté d'empêcher l'enregistrement des candidats au nom de la NUPES dans toute la France. Le ministère avait néanmoins du s'y résoudre à la suite d'une décision de Conseil d'Etat. Il est également nécessaire de rappeler que plusieurs candidats de l'Alliance des gauches ont constaté l'absence de leur profession de foi ou de leur bulletin de vote dans le matériel électoral envoyés aux électeurs. Tout cela, dans le contexte tendu de l'entre deux tours, ne peut qu'alimenter la petite musique du tripatouillage électoral.


Crédit illustration :

Illustration personnelle d'après :
http://grincheuxmarrant.canalblog.com/archives/2012/06/19/24531038.html



mardi 24 mai 2022

LES CANDIDATS DE LA LEGISLATIVE
DANS LA «4e DE L'ESSONNE»


L'élection législative approche, et, comme pour la présidentielle d'ailleurs, à un mois du premier tour les débats - et j'oublie là les invectives faciles et inutiles - ne sont qu'à peine lancés. Je me demande d'ailleurs qui connaît les candidats de notre circonscription... Ce billet a pour vocation de parcourir, ou plutôt de survoler, les candidatures et leurs porteuses ou porteurs.

Les noms des candidats, présentés par ordre alphabétique avec leur couleur politique entre parenthèses, sont les suivants : Alain Boutaleb (RN), Jean-Pierre Coquelet (PA), Amadou Deme (PCF - NUPES), Miriam Djabali (SE), François La Selve (REC), Jérémy Martin (LR), Juliette Plouin (LO) et Marie-Pierre Rixain (LREM - ENS - sortante) *.

M. Alain Boutaleb, candidat du Rassemblement National, est ingénieur en conception de signalisation ferroviaire, selon son profil LinkedIn, et travaille pour Hitachi Rail France depuis deux ans, après 8 ans comme auto-entrepreneur expert, en maintenance informatique et électronique. Au cours de cette période, il a finalisé une formation en génie industriel : électronique embarquée et systèmes de communication sanctionnée par un master obtenu à Paris-Nanterre. Il a été candidat aux départementales en 2021 à Ballainvilliers où il a recueilli 29,3% des suffrages exprimés (env. 7,5% des inscrits).

M. Jean-Pierre Coquelet, candidat du parti animaliste (cela ne s'invente pas !), a fait ses études à l'école nationale vétérinaire de Toulouse où il a obtenu un doctorat en la matière en 1978. Il a complété cette formation par un DEA en océanographie biologique, à la station marine d'Endoume. Il exerce depuis des année et sans surprise la profession de vétérinaire, actuellement à Marcoussis au sein du cabinet Coquelet. La « toile » ne fournit sur lui que peu d'information.

A la différence du précédent, internet est riche de données relatives à M. Amadou Deme, 53 ans, candidat de la NUPES, affilié PCF, dont il est le secrétaire départemental depuis 2016. Longtemps militant du PC à Grigny, M. Amadou Deme a été responsable du collectif « quartiers populaires » au PCF. Il habite à Saulx-Les-Chatreux depuis 2008 et travaille comme fonctionnaire territorial en Essonne.

Mme. Miriam Djabali se présente comme une candidate « sans étiquette et totalement indépendante ». Habitant à Longjumeau, professeur en IUT, elle a cependant figuré sur une liste affiliée à LREM aux dernières élections municipales dans cette commune. Elle assure avoir retiré son nom après des désaccords avec ses colistiers et face à la rigidité du parti. Elle revendique pour les législatives le portage d'un « programme adapté aux enjeux du territoire ».

M. François La Selve, 28 ans, est le candidat de « Reconquête ». Il a poursuivi des études en histoire à l'Université de Paris - Panthéon Sorbonne, et a été responsable de section à l'UNI (mouvement étudiant proche de la droite conservatrice). Il a été responsable jeunes du Mouvement Conservateur. Conseiller national au parti des Républicains, il a exercé des fonctions de collaborateur au Sénat et est actuellement chef de cabinet à la mairie du Plessis-Robinson.

Candidat des Républicains, M. Jérémy Martin a fait également des études d'histoire à l'Université de Paris - Panthéon Sorbonne. Agent de la fonction publique territoriale à Longjumeau, il est ensuite devenu attaché parlementaire de M. Guy Malherbe, député-maire d'Épinay-sur-Orge. Il revendique sa proximité avec Mme N. Kosciusko-Morizet dont il a été attaché parlementaire. Il est actuellement le 1er adjoint au maire à Longjumeau où il réside. Il est directeur de cabinet de l'actuel maire de Breuillet.

Mme. Juliette Plouin, 47 ans, est la candidate Lutte Ouvrière. Elle a fait ses études à l'Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de Paris, puis en physique à l'université Paris XI, Orsay. Elle obtient un doctorat en ingénierie des tubes micro-ondes en 2004. Elle exerce depuis au CEA de Saclay comme ingénieure de recherche dans le domaine des hyperfréquences. Elle s'est déjà présentée aux législatives, en 2012 dans la 7e de Seine Maritime et en 2017, dans la 6e de l'Essonne.

Enfin, Mme Marie-Pierre Rixain, 45 ans, députée sortante, est la candidate LREM. Sa fiche Wikipédia indique qu'elle « est diplômée de l'Institut d'études politiques de Toulouse (promotion 1999)». Elle a travaillé « avec le député Jacques Barrot puis devient consultante indépendante sur les réseaux de santé ». Elue députée, elle se présente à la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes de l’Assemblée Nationale, qu'elle préside depuis.

Voila pour ce petit tour rapide et sans prétention. Il serait maintenant plus que temps que ces candidats agissent en candidat et nous présentent leur projet, ou, plus probablement pour la majorité d'entre eux, le projet qu'elles ou ils porteront pour la prochaine mandature.


* Note ajoutée le 31/05/22

Cette liste était celle connue au moment de la publication de l'article, et établie selon les données du ministère de l'intérieur. La liste finale comporte quelques noms complémentaires, par ordre alphabétique : Dimitri Dumont (divers gauche), Agathe Scache (divers centre), Martin Loizillon (divers) et Iliane Polizzo (écologiste hors NUPES).


Crédit illustration :

Wikipedia. Quatrième circonscription de l'Essonne

mardi 19 avril 2022

LE PREMIER TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE DANS LES COMMUNES DE LA CCPL



Rendons à César ce qui appartient à César ! M. Baptiste Bonnet est élu à Forges comme conseiller municipal, de l'opposition. Il m'a fait parvenir récemment un fichier « excel » dans lequel il a compilé les données des votes au premier tour de l'élection présidentielle, pour toutes les communes de la CCPL et m'a autorisé à en détailler les résultats sur mon blog.

Les données transmises ne prennent en compte que les suffrages exprimés. Je me suis néanmoins intéressé en premier lieu au taux abstention, disponible sur le site du ministère de l'intérieur. Pour la France, ce taux est d'environ 26%, ce qui représente le deuxième taux le plus élevé pour un premier tour d'une présidentielle depuis le début de la Ve République. Seule l'élection de 2002 avait connu un taux supérieur. Dans la CCPL, l'abstention varie de 14 à 21% (valeurs arrondies) selon les communes, avec une moyenne à 18% environ, une valeur assez sensiblement inférieure à la valeur moyenne observée en France pour ce premier tour. Les communes où cette abstention a été la plus forte ont été Briis-sous-Forges et Fontenay-Lès-Briis, et celles où la participation a été la plus élevée, Saint-Jean-de-Beauregard et Gometz-la-Ville.

Sur la totalité de la CCPL, les trois candidats arrivés « en tête» sont : M. Emmanuel Macron, 34,9%, suivi de M. Jean-Luc Mélenchon, 17,7% et Mme. Marine Le Pen; 17,4%. Ce trio est suivi par un autre trio dont les scores sont proches : Mme. Valérie Pécresse, 6,8%, M. Eric Zemmour, 6,6% et M. Yannick Jadot, 6,4%. Tous les autres candidats sont crédités de scores au dessous de 3%.  Globalement, au niveau de la CCPL, on a donc voté à peu près comme le reste de la France. Cependant, si on regarde de façon fine, on peut observer dans nos communes une sur-représentation du « vote Macron» et une sous-représentation des votes Mélenchon et Le Pen, dont les scores restent, comme au niveau national assez voisins.

Bien que d'interprétation difficile, il peut être intéressant de regarder s'il existe des différences notables entre chacune des communes de la CCPL. Commençons par celles où les candidats ont fait leur meilleur score. M. Emmanuel Macron a obtenu son meilleur résultat aux Molières (arrondi à 42%), puis à Gometz la Ville (40%), puis à Boullay (38%). M. Jean-Luc Mélenchon a fait de même à St.-Jean-de-B. (arrondi à 26%), Briis (21%) et Limours (20%). Ces « bons » scores dans deux des communes les plus peuplées de la CCPL expliquent en partie le résultat final de ce candidat sur la CCPL, car ils « tirent »  la statistique vers le haut. Mme Marine Le Pen a, quant à elle, mieux réussi à Angervilliers (27%), Vaugrigneuse (25%) et Fontenay-Lès-Briis (24%). Ces résultats, dans des communes moins peuplées de la CCPL, expliquent le fait qu'elle soit arrivée en 3ème position sur l'ensemble du territoire. On peut également regarder à quels endroits les candidats du trio de tête ont fait leur moins bon score. Pour M. Emmanuel Macron, c'est à Saint-Jean-de-Beauregard (28%), pour M. Jean-Luc Mélenchon, c'est à Pecqueuse (12%) et pour Mme Le Pen, c'est aux Molières (10%). L'analyse de ces scores à Saint-Jean comme à Pecqueuse doit être très prudente, ceux-ci pouvant être biaisés compte tenu du fait que ces communes sont à faible effectif. Une petite variation du nombre de voix peut dès lors entraîner un effet important en pourcentage sans que celui-ci ne soit réellement significatif.

En lien, et comme je l'indiquais plus haut, l'exploitation de ces résultats et leur interprétation restent difficiles, et les explications proposées peuvent donc être erronées. Tout au plus, je me risquerai à des constatations et des hypothèses. Je reprends la constatation explicitée plus haut concernant la sur-représentation du « vote Macron » et la sous-représentation des votes Mélenchon et Le Pen. Mon hypothèse explicative est la typologie sociale des habitants des communes de la CCPL. En globalité, ceux-ci appartiennent plutôt aux classes moyennes supérieures, voires supérieures, classes qui votent plus pour M. Emmanuel Macron que d'autres. Dans ces catégories, le vote « globalement protestataire » en faveur de Mme Marine Le Pen ou de M. Jean-Luc Mélenchon (même si ces candidats ne recueillent pas uniquement ce type de votes) est moins fréquent. En lien, un des représentants des forces de l'ordre me disait voilà quelques mois que cette typologie sociale expliquait sans doute en grande partie pourquoi la région n'avait pas vu beaucoup de gilets jaunes sur les ronds-points... Deuxième constat, Mme Marine Le Pen recueille les plus forts pourcentages de suffrages dans les communes du sud de la CCPL, à l'exception de Fontenay-Lès-Briis. Je n'ai pas d'explication précise relative au « bon » résultat de cette candidate dans cette commune, mais il faut cependant le relativiser. Il reste en effet très voisin du score qu'elle a obtenu au niveau national. La sur-représentation du « vote Le Pen » à Vaugrigneuse et Angervilliers est, elle, à considérer dans une vision plus globale, départementale, où l'on observe que le vote pour cette candidate est très caractéristique du sud-Essonne, plus rural que le nord. Ainsi, Mme Marine Le Pen est arrivée en tête dans la quasi-totalité des communes du sud de notre département avec des scores de 35% des suffrages à Arrancourt ou à Pussay par exemple. Cette même vision départementale est également à prendre en compte pour le « vote Mélenchon ». Rappelons que ce candidat est arrivé en tête en Essonne, avec plus de 28,1% des voix, juste devant M. Emmanuel Macron (27,6%). Ce « bon » résultat de M. Jean-Luc Mélenchon provient majoritairement des ses scores élevés dans les communes très peuplées et/ou pour certaines défavorisées. Il obtient ainsi 57% des voix à Grigny, 50% à Evry, 46% des voix aux Ulis, et 41% à Fleury-Mérogis. Néanmoins, ses résultats dans l'Essonne s'expliquent aussi par le fait qu'il est arrivé deuxième derrière M. Emmanuel Macron dans bon nombre de communes du département, également peuplées. Hypothèse : ces suffrages ne correspondraient pas à un vote protestataire mais possiblement davantage, soit à un vote dit « utile », soit à un vote d'adhésion, émanant d'Essonniens appartenant aux catégories professionnelles intellectuelles (enseignants, universitaires, chercheurs, cadres intermédiaires du privé). En accord, le « vote Mélenchon » est sensible dans des communes proches du plateau de Saclay, telles que Palaiseau, Orsay, Bures, Gometz-La-Ville, et même Gif-sur-Yvette. Dans le secteur de la CCPL, il est possible que l'effet « plateau de Saclay » que j'évoque plus haut se soit aussi fait sentir, à Limours comme à Briis-sous-Forges.

Il reste bien entendu le second tour pour départager les deux candidats arrivés en tête. Au delà du résultat, il sera, là aussi, intéressant de suivre la répartition des votes par communes, au niveau de la CCPL, comme au niveau départemental.


Crédit illustration :

Baptiste Bonnet. Extrait Tableur Excel.

mercredi 9 mars 2022

DIS-MOI QUI TU PARRAINES...



M. Bernard Morin fait partie de mes relations. Il est élu à Limours, et très intéressé par l’analyse du territoire de la CCPL et, au-delà, du territoire essonnien. Il m’a fait parvenir voilà peu les résultats de son examen des parrainages en Essonne. Je trouve son document intéressant, j’ai donc décidé avec son autorisation, d’en faire mention dans ce blog.

Les données analysées sont tirées des données publiées par le Conseil Constitutionnel (1). Le premier niveau d’analyse est le territoire de la CCPL. Sur les 14 communes qui la composent, seuls 5 maires (soit un gros tiers) ont parrainé un candidat à l’élection. Les 5 parrainages ont concerné (ordre alphabétique) M. François Asselineau (M. F. Frontera, Saint-Jean-De-Beauregard), M. Nicolas Dupont-Aignant (M. C. Schoettl, Janvry), Mme Marine Le Pen (M. J.-M. Delaitre, Pecqueuse), Mme Valérie Pécresse (Mme E. Huot-Marchand, Gometz-La-Ville) et M. Fabien Roussel (M. E. Dassa, Briis-Sous-Forges). On peut ajouter à cette liste un autre parrainage de la candidate des Républicains, Mme V. Pécresse, oeuvre de notre sénateur local M. J.-R. Hugonnet. A noter, notre conseillère départementale, Mme D. Boyer, maire d’Angervilliers et présidente de la CCPL n’a pas délivré de parrainage. On constate à partir de cette analyse que les parrainages locaux vont très majoritairement à des candidats de droite, voire d’extrême-droite, un sur six (soit environ 17%) concernant un candidat classé à gauche.

Le second niveau d’examen est le département de l’Essonne. Dans ce cadre, on relève 119 parrainages validés dans le département en agrégeant 191 communes, 10 circonscriptions, 21 cantons et 5 sénateurs (soit 227 parrains possibles). Le taux de parrainage ressort donc à u peu plus de 50%. La répartition des parrainages est la suivante (ordre alphabétique) : M. F. Asselineau (2 ; soit 1,7 % des parrainages), M. N. Dupont-Aignan (5 ; 4,2%), Mme A. Hidalgo (5 ;4,2%), M. Y. Jadot (14 ; 11,8%), Mme M. Le Pen (4 ; 3,4%) ; M. E. Macron (19, 16%), M. J.-L. Mélenchon (4 ; 3,4%), Mme. V. Pécresse (53 ; 44,5%), M. P. Poutou (5 ; 4,2%) et M. F. Roussel (6 ; 5%). Le reste (environ 1,6%) se répartissant sur deux autres candidats non qualifiés par manque de parrainages.

Difficile de ne pas remarquer la forte mobilisation des parrainages en faveur de M. V. Pécresse (presque un parrainage sur deux), très éloigné de son soutien électoral actuel (entre 12 et 14%), du moins si on en croit les instituts de sondage. On notera aussi l’assez faible nombre des signatures validant la candidature de M. Emmanuel Macron, et le très faible nombre des parrainages validant la candidature de M. J.-L. Mélenchon, là aussi assez éloigné des intentions de vote, si on en croit les sondages (autour de 11%). Enfin, pour conclure ce tour d’horizon rapide, difficile de ne pas noter l’absence complète de signatures validant la candidature de M. Eric Zemmour, et, de façon également concomitante, le très faible nombre des signatures validant les candidature des deux autres candidats de la droite extrême, Mme M. Le Pen, et M. N. Dupont-Aignan.

Au delà de ces simples constats, se pose à mon sens la question de la publicité des parrainages. Y-a-t-il une plus value à cette publicité ? Ne vaudrait-il pas mieux revenir à des parrainages « à bulletins secrets » ou, peut-être, ne faudrait-il pas changer de système. Là les idées ne manquent pas : avoir au moins 50, 100, 250 mille personnes signant des listes de « parrainages citoyens », organiser des primaires par parti, etc. Quelle que soit l’option, il me semble important de préciser que dans le système actuel, parrainage ne veut en aucun cas dire soutien au sens politique du terme. L’honnêteté intellectuelle que je revendique me pousse cependant à me poser la même question que mon interlocuteur limourien : aurais-je pu cautionner un candidat avec lequel je serais en désaccord, au prétexte de faire vivre la démocratie ? Ma réponse est oui, à la condition expresse que ladite ou ledit candidat ne soit pas un danger potentiel pour cette démocratie et le « vivre-ensemble », ce qui m’aurait donc conduit à éliminer immédiatement plusieurs d’entre eux dont certains ont néanmoins reçu une validation de la part d'élus de la CCPL.


Référence :

1. Conseil Constitutionnel. Élections présidentielle 2022.
Consultable en ligne.
https://presidentielle2022.conseil-constitutionnel.fr/les-parrainages/tous-les-parrainages-valides.html

Merci à B. Morin pour les éléments d'analyse.

Crédit illustration :

Présidentielle 2022 : la liste des parrainages validés.
Vie publique


mercredi 23 février 2022

LA CCPL À LA CROISÉE DES CHEMINS



Cela fait quelque temps que le fonctionnement de la CCPL m’inquiète. Entre petites querelles d’ego et guéguerres d’influence, cet établissement de coopération intercommunale ne me semble pas remplir toutes ses fonctions, s’étant contenté de se comporter comme une agence de redistribution, de péréquation de subsides. Il y a pourtant des raisons d’espérer ; encore faut-il agir.

Le jugement que je porte sur la CCPL, résumé ci-dessus, est sans doute sévère, mais je le pense non dénué d’exactitude. Pour être très clair, je n’ai rien de personnel contre les élus de la CCPL, maires et adjoints en tête. Je les ai côtoyés pendant des années, et connais au moins un peu leurs qualités, réelles, et les travers de certains, tout aussi réels. Non ; à de rares exceptions près, les problèmes ne sont pas les individus ! Ce sont les réalisations et les projets, et ce sont ces réalisations et ces projets qui détermineront l’avenir, à moyen terme, de notre communauté de communes.

Alors que peut-on espérer ? Tout d’abord, il faut dire que la communauté de communes a traversé et continue de traverser une phase délicate en termes de personnels. La CCPL a connu de nombreux départs, certains liés aux retraites d’agents, et plusieurs arrivées. Il reste cependant des secteurs dans lesquels le fonctionnement en personnel n’est pas optimum. Je sais qu’un audit a été lancé par l’actuelle présidente, Mme Dany Boyer, à l’origine au service enfance. Étendu à tous les services de la CCPL, cet audit est une excellente chose pour autant qu’il prenne en compte l’efficacité des services, le bien-être des personnels et débouche sur de nouvelles propositions organisationnelles. Si j’en crois les informations qui filtrent, cela pourrait bien être le cas. Premier motif d’espoir donc.

Un autre motif d’espoir pourrait être les projets structurants en cours, qui vont dans le bon sens. J’en connais deux, de notoriété publique. Le premier est la création d’une nouvelle gare autoroutière à Forges, au niveau de Bajolet et l’Alouetterie, sur le site ECT, une fois la carrière comblée. Ce projet, suivi par la CCPL, est davantage un projet porté par l’Etat, la Région et le gestionnaire d’autoroute. Quoi qu’il en soit, la CCPL peut - et doit - être consultée pour l’aménagement du site. La connaissance du territoire qu’ont les élus les rend les plus à même d’aider dans la définition fine du projet qui vise, entre autres, à dédoubler le site de Briis, à quasi saturation. Si des élus de la CCPL lisent ce blog, ce que je crois, j’en profite pour glisser à leur oreille la possibilité de demander l’installation d’un mur antibruit (autoroute + TGV) dans ce secteur et dans le secteur de Bois d’Ardeau en même temps que seront lancés les travaux de cette nouvelle gare.

Le second projet dont j’ai entendu parler concerne la création d’un espace de type « tiers-lieu », à proximité des locaux de la CCPL à Briis. Il s’agirait d’accueillir des entreprises et des télétravailleurs dans des locaux où ils pourraient aussi possiblement profiter de service de conciergerie. C’est un beau projet, qui pourrait voir le jour d’ici 3 à 4 ans et qui s’inscrit dans le concept de développement durable, pour autant qu’un volet social y figure. En incidente, je me demande quel sera la position des élus Forgeois sur ce dossier, leur engagement quotidien dans les projets communaux de développement durable étant quasi inexistant...

Le développement durable pourrait d’ailleurs être un des fils conducteurs des projets CCPL, voire le projet mis en avant. Cela aurait du sens, à l’heure où l’on constate les premiers effets du réchauffement climatique. Dans ce domaine, plusieurs plans sont en cours d’élaboration ou de réalisation, tel le Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET). Il s’agit, à partir d’un diagnostic de l’existant, a priori déjà réalisé, de définir des objectifs et une stratégie permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’implémenter des mesures en ce sens sur nos territoires. De même, le Plan Alimentaire Territorial (PAT) vise, toujours à partir d’un diagnostic de l’existant, à développer des outils pour une alimentation saine. La chance de notre territoire est d’être un territoire rural de production agricole. Le PAT pourrait donc y permettre d’y développer une agriculture locale, incluant possiblement de nouveaux modes de production agro-écologiques. Le PAT comporte aussi un volet de promotion d’une alimentation saine et durable, et un volet de lutte contre le gaspillage et la précarité alimentaire. Tout cela est très bien sur le papier. Nous verrons comment cela se traduira en matière de moyens humains  - pour le moment assez limités - mis en oeuvre, puis dans les réalisations, car là sont les points d’achoppement actuels, et à venir.

Néanmoins, comme je l’écrivais dans le titre, la CCPL me semble aujourd’hui à la croisée des chemins. Le risque est que la CCPL ne puisse perdurer en l’état si « rien ne s’y passe ». Si tel était le cas, deux scénarios au moins sont envisageables. Le premier est le rattachement total de la CCPL à un autre établissement de coopération intercommunale (EPCI). Dans ce cadre, le rattachement à la communauté d’agglomérations du plateau de Saclay (CAPS) pourrait être une option. Le second, qui comporte les mêmes risques, est un rattachement individuel des communes de la CCPL à d’autres EPCI. On irait donc vers un éclatement de la CCPL. Certaines communes pourraient de fait rejoindre la CAPS, et d’autres le Dourdannais ou Rambouillet territoire.

Si un avenir tel que celui-décrit ci-dessus se dessinait, il faudrait alors faire très attention aux choix. La CAPS comme Rambouillet territoire sont des communautés d’agglomérations, alors que le Dourdannais est une communauté de communes. Or les prérogatives de ces communautés (c’est à dire les compétences obligatoires déléguées) ne sont pas les mêmes. Des communes comme les nôtres sont de petite taille par rapport à celles, par exemple, de la CAPS (ex. Gif 21 000 habitants, Chilly-mazarin 21 000, Palaiseau 33 000, sans parler de Massy 48 000), avec un risque de perte de poids politique au moment des décisions. De plus, appartenir à une telle communauté d’agglomérations entraînera la perte au niveau local des décisions relatives à l’aménagement du territoire, ceci faisant partie des compétences obligatoires des communautés d’agglomérations. Même si il existe des garde-fous, ce sera à la communauté d’agglomérations de décider des objectifs d’aménagement de long terme, via un schéma de cohérence territoriale qu’elle mettra en œuvre. De même, rejoindre une communauté d’agglomérations aura des implications en regard de la loi SRU. Ainsi, « Les communes de plus de 3 500 habitants – et de 1 500 habitants dans l’agglomération parisienne – appartenant à des agglomérations ou intercommunalités de plus de 50 000 habitants comprenant au moins une commune de plus de 15 000 habitants doivent disposer de 25 % de logements sociaux, en regard des résidences principales, d’ici 2025. Toutefois, dans les communes appartenant à des territoires dont la situation locale ne justifie pas un renforcement des obligations de production, cette obligation est fixée à 20 % de logements sociaux ». Ceci signifie qu’une commune comme Forges, intégrée dans une communauté d’agglomérations, devrait disposer de 20% de logements sociaux au moins, soit environ 300 logements. Quand je vois la réaction quasi psychotique et la crise de nerf de certains Forgeois, aujourd’hui élus, lors de la création d’une vingtaine ou trentaine de tels logements à Forges, je me dis que l’on n’a pas fini de rire !

Pour revenir à notre point de départ, il faut donc faire attention à ce que la CCPL puisse perdurer, car c’est « maintenant ou jamais ». Je crois avoir décrit les risques associés à un délitement de notre communauté de communes dans l’hypothèse d’une absence de projets et de réalisations. L’objectif n’est cependant pas de perdurer pour perdurer. Il y a une vraie cohérence de notre territoire, pris entre le Nord, plus urbain et générant un tropisme journalier lié aux activités professionnelles, et le sud, plus rural, auquel nous ressemblons finalement davantage. Nous sommes aussi très différents de l’Arpajonnais ; peut être moins des communes du coeur du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse auquel nous appartenons assez logiquement. Ceci posé, il reste quelques mois aux élus pour agir et mettre en place des projets structurants. Ceci permettrait de les voir émerger dans cette mandature car leur réalisation prendra du temps. Sinon, je crains le pire pour l’après 2026...


Crédit illustration :

Younes Yousfi. Les musulmans de France à la croisée des chemins. Saphir news.
https://www.saphirnews.com/Les-musulmans-de-France-a-la-croisee-des-chemins_a21769.html


mardi 2 novembre 2021

LE CARREFOUR DES SOLIDARITÉS
A BESOIN DE VOUS !



Je relaie ici un message d’un des bénévoles du carrefour des solidarités (CDS) de Limours. Bien que nous vivions dans des communes globalement favorisées, la pauvreté alentour existe, et elle n’est pas toujours visible. L’aide est non seulement une nécessité sociale, c’est une obligation morale.


Le carrefour reçoit de 300 à 350 familles sur une année et, malheureusement, les besoins augmentent comme le nombre de bénéficiaires. Les moyens nécessaires pour répondre à cette demande croissante doivent donc eux aussi augmenter en conséquence, « tant sur la quantité des produits stockés et proposés [...] que sur les surfaces de stockages qui deviennent insuffisantes », je cite là le bénévole qui m’a contacté. Au total, en 2020, ce sont 80 tonnes de produits alimentaires (tous confondus) qui ont été traités auxquels il faut rajouter la braderie/vente de vêtements. 

Le CDS envisage donc de s'étendre. Pour cela, « Le CDS a donc besoin de vous car, bien qu’en parti subventionné, il finance sur fond propre la plus grande partie de la réalisation de son extension. Les travaux ont commencés début juillet, la campagne de financement servira en partie pour la construction et également pour l'aménagement des locaux ».

Vous trouverez plus d'informations sur le lien suivant : La solidarité gagne du terrain

Je rappelle ici les coordonnées du carrefour.

Carrefour des Solidarités
3 rue du Bac
91470 LIMOURS
Tel : 01 64 91 26 38
www.carrefourdessolidarites91.org

J'apprends aussi que le carrefour ne sera pas présent au prochain marché de Noël de Forges Les Bains, l'actuelle municipalité semblant refuser la participation des associations...

dimanche 9 mai 2021

QUAND ON VEUT, ON PEUT !




Un court article pour faire suite à mes remarques sur le fait que les conseils municipaux récents de Forges n’ont pas été rendus publics...

De très nombreuses communes françaises, tels que Mulhouse, Ivry, Antony, Dinard, Brest Fleurance, etc. sont parvenus à retransmettre leur conseil durant le confinement en vidéo. A Forges, pas possible ! L’argument présenté par la liste majoritaire est qu’il est impossible pour la commune de retransmettre les séances en visioconférence, au motif que cela coûterait trop cher, le chiffre de 15 000 euros ayant été avancé comme coût de ces retransmissions...

Au delà de la question du coût de la démocratie, je pense tout d'abord que ce chiffre est « bidon »... Et je pense ensuite que l’actuelle majorité n’avait pas très envie que le débat d’orientation budgétaire, comme le vote du budget, bénéficient d’une audience importante, révélant l'impréparation de l'équipe majoritaire face au budget. L’absence de réponse de la liste majoritaire aux questions précise de la minorité sur certains points budgétaires me conforte dans cette opinion.

En accord avec ce sentiment, certaines communes aux moyens plus limités que Forges n’ont pas fait le même choix. Une de mes lectrices me signale le cas de la commune de Dieulefit (3000 habitants) en Drome provençale qui retransmet ses conseils en vidéo et en direct...

Même remarque pour des communes plus proches et bien plus "petites" que Forges, tel Vaugrigneuse (1300 habitants), où les séances du conseil sont également retransmises en vidéo, démontrant que lorsque l’on veut, on peut !


Note ajoutée le 10 mai :

Une autre lectrice du blog me signale que la commune de Limours retransmettait également ses conseils municipaux en vidéoconférence.

samedi 1 mai 2021

M. LE PRÉFET ME RÉPOND AU SUJET
DU CARACTÈRE NON PUBLIC DES
CONSEILS MUNICIPAUX


Dans un courrier du 11 mars 2021, je m’inquiétais auprès des services de la Préfecture, du caractère non public des conseils municipaux de Forges. Je demandais donc que la publicité des débats soit assurée par la retransmission des conseils en visioconférence. Les services de M. Le Préfet, par l’intermédiaire de M. le Sous-Préfet, ont bien voulu répondre à mes questionnements mais la réponse, alambiquée, me laisse dubitatif en regard du droit commun...

Pour résumer la réponse des services préfectoraux à ma question, ceux ci me précise que l’interdiction de présence du public au conseil ne relève pas d’un choix de la mairie mais du décret 2020-1310 du 20 octobre 2020, et qu’en conséquence « la commune n’a pas besoin de recourir au dispositif du titre II de l’article 6 de la loi du 14 novembre 2020 ». Par voie de conséquence la commune « n’a pas obligation de retransmettre la séance par voie électronique » puisque « c’est le droit commun qui s’applique », et particulièrement « l’article L2121-18 du code général des collectivités territoriales (CGCT) qui dispose que la retransmission n’est qu’une simple faculté ».

La réponse est habile mais elle interroge. Je publie donc ci-dessous des extraits du courrier que je viens de renvoyer en sous-préfecture.

« [...] Je partage votre analyse des éléments que vous m’avez fournis, concernant les dispositions du décret 2020-1310 relatif aux mesures générales permettant de faire face en urgence à l’épidémie de CoViD-19. Effectivement, pour des séances tenues lors du couvre-feu, la commune n’a pas besoin de recourir au dispositif de l’article 6 de la loi 2020-1379 du 14 novembre 2020. Je peux donc entendre votre opinion relative au fait qu’en l’espèce le droit commun s’applique, et en particulier l’article L2121-8 du CRCT. Or ce droit commun stipule que les séances des conseils sont publiques.

Cet esprit de la loi se retrouve d’ailleurs dans les dispositions des alinéas I et II de l’article 6 de la loi précitée, qui s’applique hors couvre-feu, et donc au dernier conseil en date du 10 avril 2021. Celle-ci indique : [...] Aux fins de lutter contre la propagation de l'épidémie de covid-19, le maire, le président de l'organe délibérant d'une collectivité territoriale ou le président d'un groupement de collectivités territoriales peut décider, pour assurer la tenue de la réunion de l'organe délibérant dans des conditions conformes aux règles sanitaires en vigueur, que celle-ci se déroulera sans que le public soit autorisé à y assister ou en fixant un nombre maximal de personnes autorisées à y assister. Le caractère public de la réunion est réputé satisfait lorsque les débats sont accessibles en direct au public de manière électronique.

En dépit du respect dû à vos fonctions, j’estime donc que votre conclusion précisant qu’il « n’y a pas d’obligation de retransmettre la séance par voie électronique » est biaisée. En effet, si cette disposition de retransmission n’est pas une obligation mais une option du droit commun, elle ne dispense en aucun cas les communes, ou les EPCI, de faire que les conseils et comités syndicaux soient publics. C’est d’ailleurs le premier alinéa de l’article L2121-8 du CGCT que vous invoquez, qui le stipule « Les séances des conseils municipaux sont publiques ».

Je conclus de ce qui précède que dans les circonstances évoquées, les séances du conseil qui n’ont pas été rendues accessibles au public, ni directement, ni de manière électronique, n’ont donc pas satisfait aux prescriptions légales, entachant d’illégalité les décisions de ces conseils. »

Il est très probable que mon courrier ne permettra pas d’infléchir la position des services préfectoraux, mais elle a au moins le mérite de poser le problème de la publicité des débats à laquelle la municipalité de Forges ne semble pas du tout attachée, même sur des sujets aussi sensibles que le budget. Des conseillers de la minorité ont demandé la retransmission vidéo des conseils. La majorité s’y est opposée sous le prétexte fallacieux d’un coût démesuré (soit disant 15 000 euros, soit le dixième de celui des caméras de vidéo surveillance). Pourtant, et selon les informations dont je dispose, il me semble qu’à la CCPL, la retransmission au public a pu été assurée au moyen d’un simple téléphone portable, utilisé de façon satisfaisante dans la salle des audiences qui ne dispose pourtant pas d’une acoustique exceptionnelle, montrant ainsi que quant on veut, on peut !


Crédit illustration :

IONOS. Start up guide.

lundi 29 mars 2021

ON PARLE DE FORGES DANS LA PRESSE



Ceci sera sans doute le plus court article du blog. On parle de Forges dans la presse quotidienne régionale (Le Républicain)..
.

... et pas en bien, en lien avec les problèmes d’accord cadre entre la mairie et certaines associations forgeoises. Sans commentaires de ma part, ayant dit ce que j’avais à dire dans un article sorti plus tôt (1). 

Note : pour ceux qui supputeraient, je ne suis en aucun cas en relation avec la presse locale.


Référence :



dimanche 31 janvier 2021

COUP DE PUB
POUR « LES JEUX D’ORNICAR »



En ces temps étranges et difficiles, le jeu et particulièrement le jeu de société, peut être - pour reprendre le titre d’un roman du grand écrivain américain de science fiction Ray Bradbury - « un remède à la mélancolie ». Je fais ici un coup de pub pour une boutique que j’aime, où le service rendu est impeccable...


Je suis un amateur de jeux, et particulièrement de jeux de société. Ces jeux combinent de nombreux intérêts. Tout d’abord, ils font fonctionner nos neurones, et ce bien davantage que ne le font les séances de canapé-télévision. En aiguisant la mémoire et le sens de l’observation, le jeu participe donc au maintien en forme du cerveau et, pour les plus jeunes, à son développement. Je n’ai rien contre les jeux vidéos, bien au contraire, mais comparés à ces derniers les jeux de société, parce qu’ils sont de société, sont également intéressants car ils nous forcent au retrait des écrans que nous fréquentons de plus en plus et assurent une forme de sociabilisation. Pour les plus jeunes, ils les aident à accepter des règles, à patienter, et à apprendre à la fois à perdre et à gagner... Enfin, dans le cadre des relations parents-enfants, ils permettent de créer d’autres liens dans lesquels l’enfant se retrouve à égalité avec l’adulte vis à vis du jeu, de la victoire et de la défaite.

Tout cela pour vous dire que je suis un fervent défenseur des jeux de société, un secteur qui a vu en 15 ans une véritable explosion des offres et de leur qualité, avec des jeux allant des plus simples aux plus compliqués, fondés sur des « moteurs » très variés. A tel point qu’il est parfois difficile de faire un choix. Pour cette raison, les conseils des spécialistes sont importants et je ne peux que vous conseiller la boutique des « Jeux d’Ornicar », 29 Grande Rue, à Arpajon.

Particulièrement aimable, Arthur, le gérant, est un spécialiste des jeux. En toute honnêteté, il est de mes relations mais je n’ai aucun intérêt financier dans son affaire, et ce « coup de pub » est entièrement gratuit. Arthur vous proposera en fonctions de vos goûts, du nombre de joueurs attendus et de leur âge, une série de jeux à même de vous satisfaire. Et cerise sur le gâteau, les prix sont comparables à ceux trouvés sur internet, le conseil avisé en plus... Alors n’hésitez pas à le contacter ou à lui rendre visite. Sa boutique fonctionne aussi en cliquer-retirer (« click and collect »), et son site est indiqué en référence. Et puis, lorsque l’épidémie de CoViD-19 sera derrière nous, vous pourrez rejoindre le week-end et le soir son établissement qui reprendra alors son activité de café-salle de jeux...


Références :

Le site du magasin est un compte facebook :
https://www.facebook.com/pg/lesjeuxdornicar/posts/?ref=page_internal

Le contact :
contact@lesjeuxdornicar.com

On parle de lui dans Le Républicain :
https://www.le-republicain.fr/a-la-une/soiree-jeux-a-distance-pour-le-nouvel-an-avec-les-jeux-dornicar-et-le-grenier-ludique?utm_source=dlvr.it&utm_medium=facebook


jeudi 17 décembre 2020

UN CACIQUE DE LA DROITE ESSONNIENNE PRIS LA MAIN DANS LE SAC




M. Jean-Pierre Bechter, ancien maire de Corbeil-Essonnes (LR) vient d’être condamné à deux ans de prison ferme pour achat de votes et financement illégal de campagne électorale, en rapport avec les élections municipales partielles de 2009 et 2010. Lui et des comparses de l’affaire, pour certains élus locaux à Corbeil-Essonne, ont également été condamnés à 5 ans d’inéligibilité.


Cela fait maintenant plusieurs années que l’on parle de toutes les ramifications de l’étrange système que M. Serge Dassault (UMP) avait mis en place à Corbeil-Essonnes, ville qu’il avait dirigée jusqu’en 2009. En l’espèce, la condamnation de M. Jean-Pierre Bechter se rapporte à l’achat de voix pour les partielles de 2009 et 2010. Dans un article publié en 2013, le journal en ligne Mediapart rapportait que l’industriel milliardaire et sénateur UMP admettait dans un enregistrement clandestin réalisé fin 2012 « avoir payé pour s’assurer de la victoire de son successeur à la mairie de Corbeil-Essonnes ». (1). Il s’agissait d’un système de corruption de type pyramidal permettant de rémunérer les responsables d’équipe et les équipes recrutées dans différents quartiers de la ville, pour convaincre les habitants d’aller voter pour la liste de M. Jean-Pierre Bechter, soutenue par M. Serge Dassault. En échange de leur zèle, les membres de ces systèmes recevaient des dons en cash, ou des versements de sommes sur des comptes à l’étranger, ou des avantages en nature du type logement... Selon Le Monde, le système était tellement implanté dans cette ville qu’il a fait dire au représentant du parquet national financier : « On n’a jamais vu en France une ville livrée à un tel degré de corruption et de décomposition civique » (2).


Il est très probable que le système Dassault existait bien avant 2009. Dans un article du journal Libération paru en novembre 2014, le journaliste Yann Philippin relate des informations que M. Gérard Limat, comptable et ami de M. Serge Dassault, avait transmises au juge d’instruction en charge cette affaire. Ce dernier avait alors raconté avoir remis en cash à l’ex-maire de Corbeil depuis 1995 presque 53 millions d’euros, transférés directement de Suisse. Le journaliste précise que « Sur la seule période 2008-2012, qui englobe les trois élections visées par l’enquête, Gérard Limat a livré 7,45 millions d’euros en cash à Dassault. Il a également effectué pour 4,2 millions d’euros de virements suspects, pour l’essentiel à des habitants de Corbeil, dont plusieurs acheteurs de voix présumés » (3). L’argent ne circulait pas nuitamment dans de petites valises entre Suisse et France. Les transferts s’effectuaient de façon électronique, et impliquaient une société de services, Cofinor, basée à Genève et ayant pignon sur rue, dont l’activité se situait dans le domaine du change et de la compensation financière. Ils impliquaient également des banques renommées dans lesquelles Ms. Gérard Limat et Serge Dassault détenaient des comptes, telles que la Raiffeinsen Bank située à Ménier, dans la banlieue de Genève, et les banques UBS de Zurich et Edmond de Rotschild au Luxembourg (3).


M. Serge Dassault présente par ailleurs un parcours de justiciable assez remarquable. Dès 1991 il est condamné pour entrave au fonctionnement du comité d’entreprise de la société des avions Marcel Dassault. En 1998, il est condamné, en Belgique cette fois, à 2 ans de prison avec sursis pour corruption active. En 2017, M. Serge Dassault est condamné à 2 millions d’euros d’amende et à 5 ans d’inéligibilité pour blanchiment. Il décède en 2018 ce qui éteint toute procédure à son encontre. Néanmoins, dans cette affaire d’achats de voix, et de façon tout à fait symbolique, le procureur de la République avait requis à titre posthume une peine de prison de 5 ans à l’encontre de M. Serge Dassault, fustigeant « la dérive mafieuse qui rappelle la tradition palermitaine ou le Chicago des années 1920 » (4).


M. Serge Dassault avait été élevé à la dignité de Grand officier de la Légion d’honneur en 2004, sous la présidence de M Jacques Chirac. En même temps que M. Henri Groues, plus connu sous le nom de l’Abbé Pierre. L’Histoire connait parfois des raccourcis saisissants...




Références

1. Fabrice Arfi, Michaël Hajdenberg, Pascale Pascariello. Serge Dassault : l'aveu de la corruption. Mediapart. Septembre 2013.

2. Anonyme. Achat de votes à Corbeil-Essonnes : Jean-Pierre Bechter, l’ancien maire LR et ex-bras droit de Serge Dassault, condamné à deux ans de prison ferme. Le Monde (avec l’AFP). Décembre 2020.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/17/achat-de-votes-a-corbeil-essonnes-jean-pierre-bechter-l-ancien-maire-lr-et-ex-bras-droit-de-serge-dassault-condamne-a-deux-ans-de-prison-ferme_6063750_3224.html

3. Yann Philippin. Je montais dans le bureau, je posais le sac dans un coin. Libération. Novembre 2014.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/societe/2014/11/17/je-montais-dans-le-bureau-je-posais-le-sac-dans-un-coin_1145029

4. Anonyme. Achat de votes : quatre ans ferme requis contre le successeur de Serge Dassault à Corbeil. Capital. Novembre 2020.


Crédit photo

Association SADUR : les usagers du RER D
https://portail.sadur.org/component/content/article?id=175:codes-gares-ligne-d