jeudi 18 novembre 2021

BILAN DE CINQ ANNÉES EN MACRONIE.
I. LE DROIT DU TRAVAIL


Il arrive un moment, dans les mandats électifs, où il est nécessaire de faire le bilan des actions passées. Dans le cas du probable-futur-candidat-président, M. Emmanuel Macron, j’ai la quasi certitude que ce bilan ne sera pas fait. Trop d’intérêts économiques sont en jeu, et sa non réélection serait délétère pour le monde de la finance qui contrôle une partie importante des médias de masse. Je livre ici le premier volet de ma propre analyse, réalisée à partir de différents sites que je placerai en référence. On commence donc par le volet social du quinquennat et plus particulièrement par les aspects propres au droit du travail. Je traiterai de l’aspect chômage ultérieurement.

Une des premières lois édictées dans ce quinquennat (en 2017) s’inscrit dans la droite ligne des lois El Khomri. Globalement, ces « lois travail », dont certaines sont des ordonnances, c’est à dire des textes qui n’ont pas été discutés par les chambres*, inscrivent dans le marbre des régressions sociales marquées. Elles portent sur 4 volets principaux : la négociation collective, les accords dans les PME, la fusion des institutions représentatives du personnel (IRP) et la rupture du contrat de travail.

En termes de négociations collectives, ces ordonnances font ainsi que les conditions de salaires, de temps de travail et de mobilité ne sont plus du seul ressort des accords de branche, mais peuvent désormais être modifiées par entreprises lors de négociations avec le personnel (1). A noter, en théorie ces accords d’entreprise ne peuvent être moins favorables que les accords de branche sur un certains nombre de points, tels que les salaires minimaux, la durée et l’organisation du travail du travail, les mesures relatives aux contrats de travail à durée déterminée et temporaire (CDD), la formation ou la parité homme/femme. Le code du travail ne fixera cependant plus que des seuils très minimalistes, adaptables dans chacune des branches professionnelles, avec le chantage au risque de chômage lors de ces négociations dans les entreprises.

Ces lois prévoient aussi un accroissement de la précarité au travail, par exemple via l’extension des CDI dit de chantier à toutes les branches (2). Sous un dehors apparemment favorable, ce type de contrat cumule les inconvénients de l’intérim et ceux du CDI. Cette précarité accrue se retrouve aussi au niveau des conseils des Prud’hommes, au sein desquels les indemnités que peuvent toucher les employés lésés sont plafonnées, grosso modo, à la moyenne des indemnités précédemment reçues, et avec un délai de recours réduit de moitié (3). Les tribunaux qui se sont affranchis de ces lois, sur des bases juridiques parfaitement fondées, à savoir le droit européen, ont été recadrés par la ministre de la justice, Madame Nicole Belloubet, en contradiction avec les textes que la France avait pourtant ratifiés (4).

Au cours des cinq années passées, les licenciements ont aussi été facilités. Là encore les salariés ont donc été les grands perdants des ordonnances Macron avec plusieurs items importants. Ainsi, pour les multinationales, seule la santé de la filiale française fera foi pour le déclenchement du plan social, le rendant plus facilement possible via la mise en faillite artificielle de cette filiale alors que la société continue de réaliser des profits. Le plan social pourra d’ailleurs être conduit au rabais via la procédure de « rupture conventionnelle collective ». Faciliter les licenciements était bien un des objectifs du Président et du gouvernement : ceux-ci se sont quelque peu trahis en fournissant des lettres-type de licenciements aux entreprises afin d’éviter les recours aux Prud’hommes (5). Quelle délicate attention !

La régression est aussi sensible au niveau de l’hygiène et de la sécurité. Tout d’abord, rappelons la suppression du CHSCT (comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail), désormais fusionné avec la représentation des personnels et le comité d’entreprise, avec à la clef un impact non négligeable sur la façon dont les dossiers hygiène et sécurité sont maintenant traités (6). Rappelons également que le contact avec des substances chimiques et cancérigènes, ce qui a été mon quotidien et celui de nombreux autres collègues pendant une trentaine d’années, le port de charges lourdes, les positions pénibles, les vibrations mécaniques sont retirés des critères dits de pénibilité (7).

En Macronie, les syndicats se sont aussi trouvés attaqués assez régulièrement. Des délégués syndicaux ont à plusieurs reprises été licenciés contre l’avis de l’inspection du travail mais après approbation de la ministre du travail de l’époque, Mme. Muriel Penicaud (8,9). Cette dernière s’est d’ailleurs fait une spécialité de la limitation des droits des salariés. Elle avait par exemple nié l’existence d’un droit de retrait exercé par des cheminots suite à un accident sans hésiter à remettre en cause la légitimité de l’inspection du travail qui avait travaillé sur ce sujet (10). L’inspection du travail semble d’ailleurs être la bête noire de Madame Muriel Pénicaud qui a tenté, à la suite d’autres ministres, de lui rogner les ailes (11) quand elle ne lui demandait pas de se reconcentrer sur des dossiers sans doute plus urgents que ceux concernant des salariés licenciés (12).

La crise de la CoViD-19 a aussi fragilisé le monde du travail, le « quoi qu’il en coûte » tant vanté par les soutiens de Monsieur Emmanuel Macron pouvant aussi se comprendre comme un quoi qu’il en coûte aux salariés ou fonctionnaires. Je cite ainsi dans le désordre les mesures de régression que l’actuel gouvernement a fait passer profitant plus ou moins de la crise sanitaire : la possibilité de travailler jusqu’à 60 heures hebdomadaires dans certains secteurs, décision unilatérale ne nécessitant pas d’accord syndical (13), la limitation du droit de retrait pour les personnels réquisitionnés (14), la possibilité d’imposer ou non des congés aux salaries, tout en les prévenant simplement 24 heures à l’avance (13), la facilitation du travail le dimanche (13), ou la suppression de jours de RTT dans la fonction publique sans compensation (15). Pour information, j’en ai perdu 8 sur 12 alors que j’étais pourtant en télétravail à la maison !

En même temps, pour reprendre un élément de langage gouvernemental, Madame Muriel Penicaud n’a pas hésité à inciter les entreprises à négocier des baisses de rémunération, des augmentations d’horaires, ou des suppressions de RTT (16). Ces négociations sont autorisées par les « accords de performance collective » créés par les premières ordonnances travail de 2017, que le gouvernement feint de regretter (17). Point important : un salarié refusant de se voir appliquer un tel accord peut être licencié (18). Une belle avancée sociale sans aucun doute !

Toujours en lien avec les urgences sanitaire et économique, et via de nouvelles ordonnances et décrets, le gouvernement a raccourci considérablement les délais d’information et consultation des comités sociaux et économiques (CSE, 19). Depuis janvier 2020, les CSE remplacent et fusionnent les institutions représentatives du personnel dont le Comité d'Hygiène et Sécurité. L’avis des CSE, donc des représentants du personnel, n’est ainsi plus nécessaire pour recourir au chômage partiel (20), et les délais de saisine d’experts par ces CSE sur des sujets d’importances ont été réduits de 3 mois à…. 7 jours, week-end inclus (19) ! En contradiction avec l’esprit des lois, ces mesures – moins favorables aux personnels – sont applicables de façon rétroactive (19)! Quelques jours après promulgation, ces textes permettent au groupe General Electric de démanteler partiellement son site de Belfort (21)...

Je passe sur les textes qui se sont multipliés pour permettre aux employeurs privés ou publics d’imposer des dates de congés ou de prises de RTT en nombre toujours plus importants (voir par exemple 22), l’article étant déjà bien long. Pourtant ne présente-t-il qu’une partie des mesures antisociales voulues par l’actuel président en matière de droit du travail. Les salariés sont donc bien dans le collimateur de ce gouvernement, et ce quelle que soit la communication officielle qui n’hésite jamais, d'ailleurs, à nous servir la petite ritournelle « des Français qui travailleraient moins que les autres pays Européens » (23). Ceci est, bien entendu, faux (24, 25), mais permet de justifier, via un recours subliminal à la « valeur travail » (26) la régression massive que la Macronie a organisée au cours des cinq dernières années dans ce domaine. Il n’y a malheureusement aucune raison de penser que tout changerait si l’actuel président et sa majorité étaient réélues au cours des prochaines élections présidentielles et législatives.


Note :

*Le Gouvernement peut demander au Parlement l’autorisation de prendre lui-même des mesures relevant normalement du domaine de la loi, afin de mettre en œuvre son programme (art. 38 de la Constitution). L’autorisation lui est donnée par le vote d’une loi d’habilitation. Ces actes sont appelés des ordonnances. Assimilées à des règlements, les ordonnances entrent en vigueur dès leur publication. Elles ne prennent toutefois valeur législative qu'après avoir été ratifiées par le Parlement dans un délai fixé.

Références :

La référence qui m’a permis la rédaction de cet article est l’excellent site https://macron.watch qui regroupe sous forme de listings l’ensemble des mesures antisociales prises dans différents domaines par le pouvoir en place. Je m’en suis largement inspiré. Les autres références consultées sont les suivantes.

1. Anonyme. Décryptage des ordonnances : le code du travail en lambeaux. L’Humanité. Septembre 2017.
Consultable en ligne :
https://www.humanite.fr/decryptage-des-ordonnances-le-code-du-travail-en-lambeaux-641358

2. Pauline Prépin. La volonté d’extension du CDI de chantier par les ordonnances Macron. Le Petit Juriste. Décembre 2017.
Consultable en ligne :
https://www.lepetitjuriste.fr/volonte-dextension-cdi-de-chantier-ordonnances-macron/

3. Nathalie Samson, Marion Bain. Indemnités aux prud'hommes: le barème prévu par les ordonnances. L’Express. Août 2017.
Consultable en ligne :
https://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/droit-travail/indemnites-aux-prud-hommes-les-plafonds-sont-connus_1939406.html

4. Olivier Samain. Plafonnement des indemnités prud'homales : Nicole Belloubet réplique aux jugements récalcitrants. Europe 1. Mars 2019.
Consultable en ligne :
https://www.europe1.fr/economie/information-europe-1-plafonnement-des-indemnites-prudhomales-nicole-belloubet-replique-aux-jugements-recalcitrants-3869000

5. Anonyme. Pour licencier sans risque, le gouvernement propose six lettres "clés en mains". L’Express. Novembre 2017.
https://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/droit-travail/pour-licencier-sans-risque-le-gouvernement-propose-six-lettres-cles-en-mains_1965260.html

6. Anonyme. La santé grande perdante de la fusion des CE et CHSCT, selon une enquête. L’Express. Janvier 2020.
Consultable en ligne :
https://lentreprise.lexpress.fr/actualites/1/actualites/la-sante-grande-perdante-de-la-fusion-des-ce-et-chsct-selon-une-enquete_2116095.html

7. Catherine Quignon. Des substances cancérigènes exclues du nouveau compte pénibilité. Le Monde. Novembre 2017.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2017/11/16/des-substances-cancerigenes-exclues-du-nouveau-compte-penibilite_5215862_1698637.html

8. Dan Israel. Contre l’avis de l’inspection du travail, le licenciement d’un syndicaliste à SFR est validé par la ministre. Mediapart. Mars 2019.

9 Anonyme. Whirlpool: Le ministère du Travail autorise le licenciement des salariés protégés.
La production de l'usine avait été délocalisée en Pologne. 20 Minutes (avec AFP). Mai 2019.
Consultable en ligne :
https://www.20minutes.fr/economie/2517951-20190514-whirlpool-ministere-travail-autorise-licenciement-salaries-proteges

10. Geoffroy Clavel. Droit de retrait à la SNCF: Pénicaud contredit (un peu vite) l'inspection du travail. Huffington Post. Octobre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.huffingtonpost.fr/entry/droit-de-retrait-a-la-sncf-penicaud-contredit-un-peu-vite-linspection-du-travail_fr_5daebefae4b0422422cb0724

11. Anonyme. Inspection du travail : la CGT alerte sur la suppression de 15 % des effectifs. BatiActu. Février 2019.

12. Mathilde Goanec, Dan Israel. Travail détaché : l’inspection du travail s’indigne d’une «consigne» de l’exécutif. Mediapart. Novembre 2019.

13. Bertrand Bissuel. Temps de travail, chômage partiel, congés payés… Le droit du travail bousculé par ordonnances. Le Monde. Mars 2020.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/25/temps-de-travail-chomage-partiel-le-droit-du-travail-bouscule-par-ordonnances_6034357_823448.html

14. Anne Rodier. L’état d’urgence sanitaire ne limite pas le recours au droit de retrait, sauf pour le personnel réquisitionné. Le Monde. Mars 2020.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/03/25/l-etat-d-urgence-sanitaire-ne-limite-pas-le-recours-au-droit-de-retrait-sauf-pour-le-personnel-requisitionne_6034323_1698637.html 

15. Louis Nadau. Congés payés et RTT rognés à cause du Covid-19 : les règles du jeu pour les fonctionnaires. Marianne. Avril 2020.
Consultable en ligne :
https://www.marianne.net/societe/conges-payes-et-rtt-rognes-cause-du-covid-19-les-regles-du-jeu-pour-les-fonctionnaires

16. Paul Louis. Baisser les salaires pour éviter les licenciements: une alternative aux plans sociaux intéressante? BFM business. Juin 2020
Consultable en ligne :
https://www.bfmtv.com/economie/baisser-les-salaires-pour-eviter-les-licenciements-une-alternative-aux-plans-sociaux-interessante_AV-202006010146.html

17. Frantz Durupt. Baisser son salaire pour garder son emploi ? Le gouvernement dénonce un «chantage» que ses lois ont permis. Libération. Juin 2020.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/france/2020/06/02/baisser-son-salaire-pour-garder-son-emploi-le-gouvernement-denonce-un-chantage-que-ses-lois-ont-perm_1790070/

18. Leïla de Comarmond. Baisses de salaire : les accords de performance collective, un outil très souple pour les entreprises. Les Echos. Juin 2020.
Consultable en ligne :
https://www.lesechos.fr/economie-france/social/baisses-de-salaire-les-accords-de-performance-collective-un-outil-tres-souple-pour-les-entreprises-1208026

19. Bernard Domergue. Le gouvernement envisage de réduire à 8 jours le délai de consultation du CSE. Les éditions législatives. Avril 2020.

20. Catherine Pellerin. Les mesures d'urgence en matière d'activité partielle. Les éditions législatives. Mars 2020.

21. Martine Orange. Au nom du Covid-19, General Electric démantèle un peu plus Belfort. Mediapart. Mai 2020.

22. Bertrand Bissuel. Vers un plus grand nombre de jours de congés décidés par l’employeur. Le Monde. Avril 2021.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/04/14/vers-un-plus-grand-nombre-de-jours-de-conges-decides-par-l-employeur_6076732_823448.html

23. Loïc LeClerc. Emmanuel Macron: "Nous sommes un pays qui travaille moins que les autres. Regards.fr. Octobre 2021.
Consultable en ligne :
http://www.regards.fr/politique/article/nous-sommes-un-pays-qui-travaille-moins-que-les-autres-emmanuel-macron-ment

24. Pierre Breteau et Mathilde Damgé. Non, les salariés français ne travaillent pas moins que leurs voisins. Le Monde. Avril 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/04/29/non-les-salaries-francais-ne-travaillent-pas-moins-que-leurs-voisins_5456229_4355770.html

25. Luc Peillon. Les Français travaillent-ils moins que «les autres», comme l’affirme Emmanuel Macron. Libération. Octobre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.liberation.fr/checknews/les-francais-travaillent-ils-moins-que-les-autres-comme-laffirme-emmanuel-macron-20211014_6QRZLSHMPVAA3PGNJF7OWJZ62E/

26. Ante Electionibus. I. La valeur travail. Ce blog.
Consultable en ligne :
https://dessaux.blogspot.com/2021/07/ante-electionibus-i-la-valeur-travail.html


Crédit illustration :

Dessin de Lupo. La confédération Nationale du Travail
http://www.cnt-f.org/la-machine-de-guerre-anti-sociale-est-en-marche-en-marche-sur-le-code-du-travail.html


mardi 16 novembre 2021

ATTAQUE EN COURS SUR CE BLOG...

Amis lecteurs du blog attention !

Le blog est actuellement victime d'attaques en provenance de Russie, ou tout au moins relayées par une dernière adresse IP située en Russie.

J'ai eu du mal à accéder aux articles et des difficultés pour placer un nouvel article en ligne en raison des presque 300 connexions sur une grosse heure, en fin de soirée.

Tous les textes et figures sont sauvegardés à 3 endroits différents ce qui permettra de remonter ce blog si le site "blogger" ne résistait pas à ces attaques.

Pour être honnête je ne pense pas que ce blog soit spécifiquement visé, ou que ces connexions multiples  résultent de la teneur des articles. Je pense simplement à une attaque au hasard, éventuellement avec demande de rançon si l'attaque était fructueuse. 

lundi 15 novembre 2021

LES NAUFRAGEURS

Cliquer sur la figure pour agrandir

Je reprends ici un article du collectif de scientifiques "RogueESR" dont j'ai fait partie. RogueESR (pour Enseignement Supérieur et Recherche) a été créé en 2017 pour promouvoir une université et une recherche libres, exigeantes, au service de l’intérêt général, a contrario de la politique menée par le gouvernement actuel. Ce collectif regroupe des personnels originaires de toutes les régions, de l'université et des organismes de recherches tels que CNRS,  CEA, INSERM, INRAE, INRIA, etc. travaillant donc dans des disciplines variées et avec des statuts différents. Le texte ci-dessous déconstruit une présentation flatteuse, mais malheureusement tendancieuse, voire mensongère par omission du bilan du quinquennat de M. Emmanuel Macron. 

Pour être parfaitement transparent sur mes propos et les propos du collectif, ces derniers apparaissent en italiques ci-dessous ; les miens restant en caractères droits. Le titre est également repris du collectif. 

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Le ministère vient de faire paraître un communiqué de presse retraçant l’évolution du budget de l’Université au cours du quinquennat (1). Dans ce communiqué, le ministère se targue d'avoir augmenté le budget de l'ESR d'1 millard d'euros au cours du quinquennat. Si le chiffre est globalement vrai, il cache une réalité bien différente et bien triste : une stabilité de ce budget en euros constants, et une chute drastique des moyens financiers accordés par étudiant encadré. Pour s'en convaincre il suffit de regarder la figure en illustration, et l'explicatif, ci-dessous.    

Nous avons représenté la figure produite par le ministère à l’usage des journalistes, à gauche (vert), et les mêmes données, une fois l’inflation compensée (violet), en euros de 2017. Malgré l’effet d’affichage consistant à isoler en vert foncé un surcroît de budget — qui ne correspond à rien dans un projet de loi de finances — le graphique du ministère permet de se rendre compte que la loi de programmation de la recherche (LPR) n’a rigoureusement rien changé à la trajectoire budgétaire : les augmentations sont calculées par Bercy de sorte à compenser l’inflation (violet). L’unique loi du quinquennat n’aura fait miroiter un accroissement budgétaire (totalement fictif, donc) que pour précariser et bureaucratiser un peu plus l’enseignement supérieur et la recherche. Dernière entourloupe en date, le « CDI de mission scientifique » prévu par la LPR
, s’avère dans le décret du 4 novembre 2021 être un contrat à durée prévisionnelle pour des missions non nécessairement scientifiques, qui peut être interrompu à tout moment. On se trouve donc là dans la traduction en langue recherche du CDI de chantier, cher à notre gouvernement. 

Du fait du babyboom de l’an 2000, le nombre de bacheliers a fortement augmenté pendant le quinquennat, ce qui était prévisible 18 ans à l’avance. Le nombre d’étudiants aurait augmenté dans les mêmes proportions, s’il n’y avait pas eu une politique de découragement des études universitaires (Parcoursup en particulier). Le budget par étudiant est représenté en rouge,
avec les montants qui s'y rapportent présentés sur l’axe de droite, selon une convention permettant de le lire comme un budget effectif, compensé de l’accroissement du nombre d’étudiants. Il est en baisse significative.

Le déclin de l’Université et de la recherche scientifique publique comme de la recherche appliquée privée est devenu, à l’occasion de la crise sanitaire, un fait documenté. Si ce déclassement touche la majorité du monde académique, certains en ont été préservés. Pourtant, parmi les universitaires et les chercheurs actifs, plus grand monde ne doute du lien de causalité entre les réformes de bureaucratisation, de paupérisation, de précarisation et ce déclin (2). Une refondation tournant la page de vingt ans d’une politique désastreuse est devenue une nécessité pour freiner le délitement de notre écosystème de recherche et d’enseignement supérieur.

Je n'ai rien à ajouter à ce qui précède, sinon que cet article de RogueESR vient de me donner l'idée d'une autre série d'articles sur le bilan du quinquennat écoulé et sur le nombre inégalé des régressions qu'il a portées, en termes fiscaux, de droit du travail ou de droits sociaux, ou de l'état du système hospitalier. Et je ne sais pas pourquoi mais je ne compte pas trop sur les grands médias pour assurer cet examen... 


Références :

1. Un milliard d’euros supplémentaires pérennes pour le budget de l’enseignement supérieur depuis 2017. Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Communiqué de presse. Novembre 2021. 
Consultable en ligne :
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/1-milliard-d-euros-supplementaires-perennes-pour-le-budget-de-l-enseignement-superieur-depuis-2017-81916

2. Olivier Monod. On fait le bilan. Le déclin de la recherche scientifique en France mis en lumière par la crise du Covid-19. Libération. Novembre 2021.

samedi 13 novembre 2021

RÉINTRODUCTION DES FARINES ANIMALES DANS L’ÉLEVAGE : LA MAUVAISE IDÉE !



Une nouvelle est passée pratiquement sous les radars des médias d’information, trop occupés à nous vendre du « polémiste » de piètre qualité. L’Union Européenne autorise de nouveau l’usage de farines animales en Europe. Le texte est sorti en août 2021 avec une date d’application au 7 septembre 2021. Environ 20 ans après l’arrêt de l’usage de ces « farines », qui, de fait, n’ont rien des farines végétales, il va redevenir possible de nourrir volailles et porcs avec des « protéines animales transformées » (PAT). C’est l’occasion de revenir sur la crise de la vache folle, et de présenter l’agent infectieux non conventionnel à l’origine de cette maladie et des pathologies voisines qui affectent d’autres mammifères, dont l’Homme.

Les farines animales destinées à l’alimentation animale sont obtenues à partir de produits carnés non consommés par l’Homme, tels que certains abats, les peaux et os, ainsi que des sous produits de la pèche, également non consommés. S’y ajoutaient aussi les produits issus des équarrissages. La farine se présente sous forme de poudre obtenue par dégraissage, cuisson, broyage et tamisage de ces produits. Riches en protéines, les farines ont été utilisées en complément alimentaire pour l’élevage intensif pendant des années. Leur usage a commencé au début du XXe siècle pour « exploser » dans les années 60 jusqu’à ce qu’apparaisse au milieu des années 80 une pathologie très particulière, la maladie de la « vache folle ». Celle-ci est une maladie neuro-dégénérative, caractérisée par la présence dans le cerveau des animaux malades de zones à allure spongieuse démontrant la destruction de neurones et la formation de plaques de protéines particulières appelées plaques amyloïdes. La fréquence des cas à la fin des années 80 et au début des années 90 révèle l’existence d’une épidémie, et donc, a priori, d’une cause commune, possiblement transmissible.

La recherche de l’agent infectieux est orientée par des similitudes entre la maladie de la vache folle et une autre maladie affectant les ovins, la tremblante du mouton ou scrapie, mais aussi avec une maladie humaine très particulière, le kuru. Celle-ci est endémique en Papouasie - Nouvelle Guinée. Elle est associée à des rites funéraires de type cannibaliste, qui conduisaient particulièrement les proches d’un mort à en consommer le cerveau. Or l’agent infectieux responsable de ces maladies neuro-dégénératives, globalement appelées encéphalites spongiformes, est précisément localisé dans le cerveau des personnes ou animaux malades. Cependant, il ne s’agit ni d’un champignon, ni d’une bactérie, ni d’un virus, mais d’un des constituants habituel du cerveau, une protéine, appelée PrP (pour prion protein) ou simplement prion. Celle-ci existe sous deux formes, la forme « normale », non pathogène, et une forme légèrement modifiée, appelée PrPsc, caractéristique et responsable de la maladie. Lors de la consommation de produit contaminé par la PrPsc, telles des farines animales, la protéine PrPsc migre vers le cerveau où elle se retrouve en présence d’autres protéines PrP. Pour des raisons encore mal comprises, mais relevant possiblement de questions de stabilité et de thermodynamique, la protéine PrPsc est capable progressivement de transformer une protéine PrP en une protéine PrPsc, avec une possibilité de réversion faible. Ceci entraîne par un effet « boule de neige » la conversion d’un nombre de plus en plus grand de ces protéines PrP et à l’apparition des plaques amyloïdes, riches en formes PrPsc. Cette conversion peut être très lente, puisqu’on estime que l'apparition des symptômes peut prendre de 5 à 10 ans dans le cas de bovins et atteindre presque 50 ans dans le cas de malades du kuru. Le kuru n’est d’ailleurs pas la seule maladie humaine à prion : la maladie de Creutzfeldt-Jakobs en est une autre. De nombreux cas de cette maladie sont apparus lors de consommation de produits contaminés par des prions, par exemple lors d’injection d’hormone de croissance (ou somatotropine) à des individus à risque de nanisme. Or, à ce moment là, cette hormone était préparée à partir des cerveaux de personnes décédées, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. De même, la consommation de viande issue d’animal contaminé par le prion a entraînée également l’apparition de cas de Creutzfeldt-Jakobs, démontrant là la possibilité du franchissement de la barrière d’espèce. Ce franchissement a également été proposé dans le cas de la transmission à des animaux domestiques (chat) de prions issus d’aliments pour animaux de compagnie, préparés à partir d’abats contaminés. Deux autres maladies humaines à prions sont connues, l’insomnie fatale familial et le syndrome de Gerstmann-Straüssler-Scheinker mais elles résultent, elles, d’une mutation spontanée facilitant la transformation spontanée de la protéine PrP en une variante de la PrPsc, avec les mêmes conséquences délétères.

Un denier point sur les aspects scientifiques : on ne sait toujours pas quel rôle joue la version « normale » de la protéine PrP dans le cerveau. Une expérience réalisée avec des souris mutantes, rendues incapables de produire PrP, souris dites PrP KO, a montré qu'elles se développaient et se comportaient en conditions d’élevage comme des souris non mutantes. Aucune différence en termes d’apprentissage, de mémorisation de court et de long terme ou d’anxiété, n’a été observée. La différence principale entre souris PrP KO et souris non mutantes étaient leur résistance aux maladies... à prions, ce qui était attendu. Une petite différence de cycle de sommeil a été observée dans des conditions très particulières d’éclairement, un rôle immunitaire a aussi été proposé, les lignées PrP Ko étant plus résistantes à certains virus, ce qui ne présente pas une logique biologique marquée ! Le seul rôle potentiel qui fait sens serait une résistance accrue des souris normales, par rapport à leurs homologues PrP KO, vis à vis du risque de crise épileptique, là aussi dans des conditions particulières. Depuis peu, des ruminants PrP KO ont été obtenus, et leur développement semble aussi normal. Des recherches sur ces mutants de la protéine PrP sont donc encore nécessaires pour tenter d’identifier le rôle de ce constituant cellulaire, très conservé dans le cerveau des mammifères.

Comme je l’indiquais plus haut, l’apparition massive de ces maladies à la fin des années 80 est liée, entre autres, à un renforcement de l’usage des farines animales, couplé à une modification des procédés d’obtention. En particulier, et afin de réduire l’utilisation de solvants dans le processus de préparation, l’extraction des graisses des produits d’abattage ou d'équarrissage à l’hexane, très pratiquée au début du XXe siècle, a quasiment disparu. De même, le chauffage et les pratiques de stérilisation ont été limités afin d’augmenter la « valeur alimentaire » des farines animales. Pas de chance, le prion est une protéine extrêmement stable qui résiste au chauffage et même à un autoclavage modéré. Outre l’action de solvants tel que le phénol, le prion ne peut être détruit que par un chauffage prolongé de type stérilisation à haute température, puisque de mémoire il faut dépasser les 133°C pendant 25 minutes pour s’assurer de sa disparition quasi complète.

Il y a donc des raisons de s’inquiéter de la réintroduction de farines animales en alimentation animale. C’est à mon avis une mauvaise idée, même si l’argument utilisé fait sens. Il s'agirait : a) de réduire l’importation de soja d’origine sud-américaine, donc de limiter les causes de déforestation de ces territoires, et, b) d’améliorer le bilan carbone de l’élevage affecté par le transport maritime de ces marchandises. Egalement, et il faut le dire, il s’agira d’alimenter les volailles et le porc, et aussi de continuer à alimenter les poissons d’élevage. Or, à ma connaissance, il n’y a jamais eu de transmission de maladie à prions de bovins vers des volailles ou vers le porc ou vers le poisson. En tous cas ces animaux ne sont pas tombés malades. Ceci dit, ils pourraient être des porteurs sains, comme l’a démontré une expérience menée sur la souris et le hamster voila déjà une vingtaine d’années. Enfin, l’UE nous dit que seront utilisées exclusivement des « protéines animales transformées » et non plus des farines. La nuance est subtile mais importante puisque les PAT ne peuvent être obtenues qu’à partir de sous-produits d’abattage d’animaux destinés à la consommation humaine, donc sains. Si cela était respecté, les risques diminueraient donc de façon importante. On se rappellera cependant ici la soit disant viande de bœuf utilisée en alimentation humaine, qui n’était autre que de la viande de cheval à plus de 50%, ou des steaks dits de bœuf contenant une part non négligeable de porc... Dans un monde dominé par le profit à tout va, les scandales alimentaires existent et continueront d’exister ; le doute aussi.


Crédit illustration :

http://oasisdepaix.eklablog.com/drole-de-poisson-a91065461

jeudi 4 novembre 2021

FRAUDE FISCALE,
PANDORA PAPERS ET POPULISME


Le texte que je publie ci-dessous n'est pas de moi. Il s'agit de la lettre mensuelle d'Anticor  association de lutte contre la corruption, dont je suis membre, signée par sa présidente Élise Van Beneden. Ce texte est intéressant car il montre que la lutte contre la fraude fiscale est une nécessité, le montant de celle-ci correspondant grosso modo au montant de l'impôt sur le revenu. En bref, nous payons des impôts sur le revenu entre autres, pour ceux - très organisés - qui n'en payent pas. De façon aussi importante, cette tribune fait référence aux différentes enquêtes journalistiques internationales, dont la récente affaire des Pandora papers*, qui ont révélé que nombre de dirigeants, y compris certains dans nos démocraties occidentales, bénéficient de conseils avisés pour échapper à l'imposition, souvent légalement d'ailleurs. Comment, dès lors, ne pas s'étonner de la montée d'un populisme très prompt à dénoncer les "élites" corrompues laissant le bon peuple se débrouiller avec ses problèmes... Au premier rang desquels l'immigré fera figure de bouc-émissaire, pour le plus grand profit de quelques éditorialistes, hommes ou femmes politiques ou polémistes auprès desquels Messieurs Drieu La Rohelle, Louis-Ferdinand Céline, ou Jean-Louis Tixier-Vigancourt, pourraient passer pour de dangereux gauchistes.

* Voire l'excellente page Wikipédia à ce sujet

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La fraude fiscale est une réalité violente, connue de tous depuis des décennies.


Dans un rapport de novembre 2019, le syndicat Solidaires finances publiques a évalué la fraude fiscale en France entre 80 et 100 milliards d'euros par an. Il est en réalité probable que ce chiffre, deux ans plus tard, dépasse les 100 milliards, compte tenu des évaluations réalisées à l’échelle mondiale. Vous l’aurez compris, il s’agit d’une fourchette basse, dont le calcul est issu du travail syndical des agents des impôts.

Car le gouvernement peine à s’engager dans une évaluation officielle qu’il a pourtant parfaitement les moyens de mener. En septembre 2017, l’alors ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, critiquait ces chiffres et annonçait la création d’un observatoire rassemblant divers experts pour plancher sur une estimation plus scientifique de la fraude fiscale.

Quatre ans plus tard, aucun observatoire… ne serait-ce qu’en devenir. En revanche, le travail patient de 280 journalistes du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a permis de mettre en évidence une pratique bien répandue.


En 2016, les Panama Papers révélaient les avoirs secrets de chefs d’État, de milliardaires, de sportifs et de criminels dans les paradis fiscaux. Ils ont permis à l’État français de récupérer 126 millions d’euros sur la base de 50 redressements fiscaux. Merci les journalistes !

Les Pandora Papers, publiés le 3 octobre dernier, ne semblent pas dire autre chose si ce n’est l’exaspération d’un monde qui ne change pas. On y découvre que plusieurs chefs de gouvernement ont placé des avoirs dans des sociétés offshore, notamment pour échapper à l'impôt dans leur propre pays.

Une économie parallèle donc, qui se développe dans l’opacité de systèmes financiers complexes et refuse de contribuer à l’effort collectif, sans pourtant se priver d’y accéder. Car au-delà de l’État providence que chacun est libre de remettre en cause, les impôts payent de nombreuses dépenses non contributives qui font de nos pays des endroits où il est agréable de vivre.

Les Pandora Papers font tourner la tête : 11 300 000 000 000 de dollars (10.000 milliards d’euros environ) dans le monde, investis dans 84 millions de comptes financiers détenus à l’étranger. À partir de combien de zéros faut-il réagir ?

Alors que les chiffres augmentent de manière incontrôlée, le nombre de contrôles en France, lui, ne cesse de baisser, du fait des réductions d’effectifs d’agents des finances publiques.

La question que laissent dernière nous ces remous est identique dans tous les cas : pourquoi, face à des mécanismes qui relèvent d'une criminalité organisée et mondiale, appuyée par des cabinets d’avocats et de conseils, avec la complicité des plus grandes banques et de certains dirigeants politiques, dont tous s'accordent à dire qu'elle crée des inégalités profondes dans nos sociétés, la réponse politique est-elle si faible ?

Au niveau de l’Union européenne, dans le domaine de la fiscalité, seule l’unanimité peut bouger les lignes, ce qui signifie que tous les États membres doivent être d'accord sur toute mesure adoptée dans ce domaine. C’est un verrou de taille.

Un autre verrou, appelé verrou de Bercy, limite l’action de la justice en France. Le fisc détient un monopole d’action sur les affaires de moins de 100.000 euros. Pour les dossiers d’un montant supérieur, le fisc a le devoir de transmettre les dossiers au procureur de la république. Reste que le parquet n’a pas de possibilité d’auto-saisine. Anticor a développé un plaidoyer qui propose la suppression totale de ce système : https://www.anticor.org/plaidoyerpage/.

Mais si la loi distingue aujourd’hui la fraude, illégale, et l’optimisation fiscale, légale, la frontière entre les deux n’est pas si évidente. Car il existe une notion, dénommée abus de droit fiscal, qui permet d’écarter les contrats, comme parfois les licences de marques, qui ont un caractère fictif, en ce que leur objectif principal consiste à éluder ou atténuer les charges fiscales.

Il existe donc des armes juridiques à disposition de nos responsables politiques et administratifs. Reste à s'en saisir.




Crédit illustration :

Pandora Papers : « Il faut sortir de l’hypocrisie dans la lutte contre l’évasion fiscale », accuse Éric Bocquet. Public Sénat. Octobre 2021.
https://www.publicsenat.fr/article/societe/pandora-papers-il-faut-sortir-de-l-hypocrisie-dans-la-lutte-contre-l-evasion-fiscale






mardi 2 novembre 2021

LE CARREFOUR DES SOLIDARITÉS
A BESOIN DE VOUS !



Je relaie ici un message d’un des bénévoles du carrefour des solidarités (CDS) de Limours. Bien que nous vivions dans des communes globalement favorisées, la pauvreté alentour existe, et elle n’est pas toujours visible. L’aide est non seulement une nécessité sociale, c’est une obligation morale.


Le carrefour reçoit de 300 à 350 familles sur une année et, malheureusement, les besoins augmentent comme le nombre de bénéficiaires. Les moyens nécessaires pour répondre à cette demande croissante doivent donc eux aussi augmenter en conséquence, « tant sur la quantité des produits stockés et proposés [...] que sur les surfaces de stockages qui deviennent insuffisantes », je cite là le bénévole qui m’a contacté. Au total, en 2020, ce sont 80 tonnes de produits alimentaires (tous confondus) qui ont été traités auxquels il faut rajouter la braderie/vente de vêtements. 

Le CDS envisage donc de s'étendre. Pour cela, « Le CDS a donc besoin de vous car, bien qu’en parti subventionné, il finance sur fond propre la plus grande partie de la réalisation de son extension. Les travaux ont commencés début juillet, la campagne de financement servira en partie pour la construction et également pour l'aménagement des locaux ».

Vous trouverez plus d'informations sur le lien suivant : La solidarité gagne du terrain

Je rappelle ici les coordonnées du carrefour.

Carrefour des Solidarités
3 rue du Bac
91470 LIMOURS
Tel : 01 64 91 26 38
www.carrefourdessolidarites91.org

J'apprends aussi que le carrefour ne sera pas présent au prochain marché de Noël de Forges Les Bains, l'actuelle municipalité semblant refuser la participation des associations...

jeudi 28 octobre 2021

ANTE ELECTIONIBUS. IV. LA « RÉFORME » DES RETRAITES



Mon but, dans cette série, était de réfléchir en amont de la campagne électorale des présidentielles, autour de sujets qui allaient sans aucun doute venir sur le tapis et alimenter les débats. Je termine donc ici cette série, car cette campagne semble se lancer progressivement, même si tous les candidats ne se sont pas encore déclarés. Le sujet de ce dernier volet concerne la « nécessaire réforme » des retraites. Il s’agit d’examiner les arguments que nous présentent les uns et les autres sur ce thème pour justifier leur position. Cet examen me conduit à penser que certains aimeraient nous faire prendre des vessies pour des lanternes... 

Un mot avant de rentrer dans le sujet pour dire que le mot « réforme » que l’on entend depuis au moins deux décennies dans le débat public, fait partie des mots dont le sens a été fondamentalement galvaudé. Selon le dictionnaire, ce mot signifie « changement de caractère profond, radical apporté à quelque chose, en particulier à une institution, et visant à améliorer son fonctionnement ». Consubstantielle à la réforme, est donc la notion d’amélioration. Or force est de constater que nombre des dernières « réformes » entreprises par les gouvernements successifs ne sont pas allées dans le sens d’un meilleur fonctionnement, ou d’un meilleur service rendu à la population. Citons pour s’en convaincre, et pêle-mêle, la ou les « réformes » de l’hôpital public, de l’école publique, des aides au logement, ou la très prochaine « réforme » de l’indemnisation du chômage, etc. Je continuerai donc à écrire « réforme » entre guillemets (sauf dans les citations), car il s’agit finalement d’un terme de novlangue au sens largement ébréché ! Et en conséquence de ce qui précède, comment ne pas se méfier, certes a priori, d’une éventuelle « réforme » du régime des retraites ?

Parmi les arguments présentés pour justifier la « réforme », on entend assez régulièrement dire que la durée de la vie s’allonge et qu’il est donc « normal » de travailler plus longtemps. Si cela était vrai il y a 20 ou 30 ans, ceci l’est beaucoup moins aujourd’hui (1). On est ainsi passé d’un gain de 3 mois par an en moyenne dans les années 1980 à 2010 à un gain d’un mois et demi par an chez les hommes depuis 2014 et un mois par an chez les femmes dans le même temps. De plus, si l’on regarde l’espérance de vie en bonne santé, celle-ci s’élève à 64,1 ans pour les femmes et à 62,7 ans pour les hommes. Elle n’évolue plus et est stable depuis dix ans (2). Si les projets de « réforme » se poursuivent jusqu’à leur terme, avec un départ évoqué entre 64 , 65, voire 67 ans, on ne peut donc que constater que les Françaises et Français partiront à la retraite… malades. Quoique… Quoique le projet gouvernemental ne prend absolument pas en compte, semble-t-il, les différences de pénibilité au travail - et c’est bien pour cela qu’il y a des régimes spéciaux - ni les possibilités d’accès aux soins des catégories les plus aisées. Or, ces différences entraînent des différences d’espérance de vie. Ainsi, en 2009-2013, l’espérance de vie des hommes cadres de 35 ans était de 49 ans et celles des ouvriers de 42,5 ans. Et en moyenne, un ouvrier vit 6,4 ans de moins qu’un cadre. Pour les femmes, l’écart reste plus faible. Question richesse, les hommes comptant parmi les 5 % les plus riches vivent en moyenne 13 ans de plus que les 5 % les plus pauvres (3,4). Ce genre de données, parfaitement publiques, permet d’éclairer d’une lumière plus forte les discours sur l’âge pivot ou le fait qu’il y ait moins d’actifs aujourd’hui qu’hier. Le débat n’est - en effet - pas principalement là. Concentrer la discussion sur ces sujets, c’est, en quelque sorte, de la poudre aux yeux tant que la question des disparités évoquées n’aura pas été résolue ! Par ailleurs n'oublions pas qu'une part non négligeable des seniors en âge de travailler se trouve... au chômage. Proposer de ne pouvoir partir qu'à 64, 65 ou 67 ans ne fera que prolonger la période de chômage pour ces personnes. Peut-être est-ce aussi pour cela que l'indemnisation de ces périodes non travaillées va être revue à la baisse.

Un autre questionnement réside dans la nécessité annoncée de limiter le montant des pensions à 14 % du PIB. Ce chiffre ne résulte d’aucun calcul ; il ne repose sur aucun fondement explicite sinon qu’il correspond peu ou prou au montant actuel des pensions. Il nous est donc présenté comme un gage de sérieux budgétaire. Visiblement, tout le monde n’a pas la même notion du sérieux ! En lien, on nous parlera du déficit des régimes de retraite. Voyons cela de plus près. Pour la fonction publique d’Etat et Hospitalière, c’est un non sens. En effet, pour ces fonctionnaires, le coût de leur retraite est en quelque sorte inclus dans leur salaire. Dans ses projections, l’État calcule en effet le coût consolidé de ses fonctionnaires en ajoutant aux 42 et quelques années d’activité le montant des pensions en se fondant sur un calcul probabiliste - et quelque peu morbide - incluant âge de départ et âge du décès. Traitement et retraite sont donc moyennés et la retraite du fonctionnaire est budgétée dès son embauche. Etant moins connaisseur du secteur privé, je me réfère aux propos de spécialistes. Je cite l’économiste Eric Berr qui s’appuie sur le dernier rapport du conseil d’orientation des retraites (COR), et qui nous dit que « le besoin de financement du système de retraite varierait en 2025, date de l’entrée en vigueur du système de retraite par points, entre 0,3% et 0,7% du PIB selon les scénarios et la convention retenue, soit entre 7,9 et 17,2 milliards d’euros constants (COR, p.50), le gouvernement en conclut que le système actuel n’est pas viable, d’où la nécessité d’en changer. Il feint toutefois d’ignorer que les réserves de l’ensemble des régimes de retraite actuels, qui sont précisément supposées servir à financer d’éventuels déséquilibres, s’élèvent à près de 130 milliards d’euros (COR, p.54), donc que le système actuel n’est en aucun cas déficitaire et largement soutenable à moyen terme » (5). Le conseil d’orientation des retraites, lui même, va dans le même sens quand il indique que le déficit des régimes de retraite 2021 est en baisse et que l’on peut espérer sans modification majeure de cotisation un retour à l’équilibre à l’horizon 2060. Pour le COR, la part de la richesse nationale consacrée aux retraites passerait de 14,7% du PIB en 2020 à 11,3% en 2070 moyennant des gains de productivité de l’ordre de 1,8 % par an. Pour des gains plus faibles, de l’ordre de 1 %, une option plus que réaliste, on arriverait à 13 % du PIB en 2060, et on passerait sous la barre des 14 %, chiffre totem du gouvernement dès 2025 (6)… Là aussi, j’ai donc vaguement tendance à penser que l’argument du déséquilibre ressemble à s’y méprendre à de l’enfumage de première. Si l’on voulait d’ailleurs préserver un soi-disant sérieux budgétaire, d’autres solutions existent, mais les gouvernements centristes et néolibéraux qui se succèdent depuis des années se gardent de les évoquer. D’une façon générale, ces gouvernements organisent par le biais d’allégements de cotisation, une « politique des caisses vides ». Revenir sur ces allégements, faire cotiser les revenus du capital, abonder les caisses avec les rapports d'un impôt sur la fortune, permettrait pourtant de remplir ces caisses (7). Impensable dans le cadre du logiciel gouvernemental ! 

Alors, que se cache-t-il donc derrière la « réforme » des retraites ? Tout d’abord un recul certain du montant des pensions ! Les raisons sont simples. Primo, au lieu d’être calculées sur les 15 ou 25 dernières années dans le privé et sur les 6 derniers mois dans le public, celles-ci seront calculées sur la totalité de la carrière, incluant les années de chômage, de petits boulots, des salaires de débutants, etc.. Une situation donc bien moins favorable qu’aujourd’hui. Secundo, on achètera des points de retraite avec du temps de travail, et la retraite sera calculée au pro-rata des points accumulés. Or si le gouvernements s’est engagé à ne pas réduire la valeur du point à la revente, c’est à dire celle du point utilisé pour le calcul de la retraite, il ne s’est pas du tout engagé sur la valeur d’achat. En d’autres termes, il pourra à sa guise augmenter la valeur d’achat, conduisant ainsi à une réduction du nombre de point acquis par unité de temps de travail. Il faudra donc travailler plus pour acquérir le même nombre de points. Présentée comme juste, cette retraite à points organise de facto une réduction du montant des pensions pour tous. Il suffit pour s’en convaincre de regarder ce qui se passe en Suède, où le nombre de retraités pauvres a augmenté à la suite de l’adoption du régime à points et où les inégalités, particulièrement entre hommes et femmes se sont creusées (8,9). Le premier objectif est donc bien de faire baisser les pensions. Les conservateurs ne s’en cachent pas, le FMI non plus. Ce dernier disait ainsi : « Les pressions des marchés pourraient réussir là où les autres approches ont échoué. Lorsqu’elles font face à des conditions insoutenables, les autorités nationales saisissent souvent l’occasion pour mettre en œuvre des réformes considérées comme difficiles... ». Quant aux conservateurs, je rappelle les propos de M. François Fillion, candidat ayant malheureusement (pour lui) « pris une veste » lors des dernières élections présidentielles. Celui-ci disait : « Le système par points permet une chose qu'aucun homme politique n'avoue : ça permet de baisser chaque année le montant, la valeur des points et donc de diminuer le niveau des pensions ». Cela a au moins le mérite d’être clair !

Ensuite, il me semble plus que probable que cet appauvrissement anticipé des futurs retraités vise en fait à préparer une transition forcée vers un régime différent. Fini la répartition, place à la capitalisation. Je cite ici les propos du collectif des Économistes Atterrés : « L’objectif inavoué de la réforme est clair : le passage progressif à un régime par capitalisation, en diminuant progressivement les pensions, ce qui incite les Français à y avoir recours pour compenser. Comment en effet ne pas le penser lorsqu’on lit par exemple que « plusieurs géants américains se positionnent sur les opportunités offertes par la réforme de l’épargne retraite » (dont la très puissante société de « gestion d’actifs » BlackRock) ? Ou bien que « le gouvernement introduit par la loi PACTE des fonds de pension à la française » ? Comment ne pas le penser non plus lorsqu’on découvre les (nombreux) liens de l’ex-Haut Commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, avec le monde de l’assurance » ? Là aussi, tout est dit !

Cette « réforme » des retraites est donc foncièrement délétère pour une grande partie de la population. Avec un cynisme sans égal, elle nous sera présentée (elle l’est déjà d’ailleurs) comme une avancée sociale. Il faudra donc être vigilant lors de la campagne sur les propos des candidats, pour faire le tri entre ceux des candidats qui, sans doute par intérêt personnel et/ou dogmatisme fondamental, promouvront la retraite à points et son corollaire d’appauvrissement, et ceux qui promettront la bouche en coeur la lune, à savoir une retraite à 60 ans pour tous, intenable actuellement, et pas si forcément "juste". Et dans ce contexte, pas besoin d’être grand prophète pour savoir ce qui se passerait si l’actuel président, M. Emmanuel Macron, était par malheur réélu.


Références :

1. Espérance de vie – Mortalité. INSEE.
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277640?sommaire=4318291

2. Muriel Moisy. Les Français vivent plus longtemps, mais leur espérance de vie en bonne santé reste stable. DREES.
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/etudes-et-resultats/les-francais-vivent-plus-longtemps-mais-leur-esperance-de-vie-en

3. Espérance de vie – Mortalité. INSEE.
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2383438#tableau-Tableau1

4. Nathalie Blanpain. L’espérance de vie par niveau de vie : chez les hommes, 13 ans d’écart entre les plus aisés et les plus modestes. INSEE.
https://www.insee.fr/fr/statistiques/3319895

5. Eric Berr. Réforme des retraites: les fake news gouvernementales. Mediapart. Décembre 2019.
https://blogs.mediapart.fr/eric-berr/blog/041219/reforme-des-retraites-les-fake-news-gouvernementales?fbclid=IwAR3e-HPsZDrbUgiQye52jf3dDEU4UGMdDZBuCLLL9BEzHtPLHAQCuNkuF4Y#_ftn7

6. Conseil d’orientation des retraite (COR). 8e rapport annuel sur les évolutions et les perspectives des retraites. Juin 2021.

7. Collectif. Rapport du COR : un déficit construit de toutes pièces. Alternatives économiques. Novembre 2019.

8. Cédric Stanghellini. Les retraités suédois sont-ils devenus plus pauvres à cause de la retraite par points ? LCI. Novembre 2019.
https://www.lci.fr/international/les-retraites-suedois-sont-ils-devenus-plus-pauvres-a-cause-de-la-retraite-par-points-2138582.html

9. Pauline Vilchez et Fabien Recker. Retraites : en Suède, les perdants du système à points. Public Sénat. Janvier 2020.
https://www.publicsenat.fr/article/societe/retraites-en-suede-les-perdants-du-systeme-a-points-149353

10. Anne Brigaudeau. Réforme des retraites : cinq questions sur la valeur du point et le calcul des futures pensions. France Info. Décembre 2019.
https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/reforme-des-retraites-cinq-questions-sur-la-valeur-du-point-et-le-calcul-des-futures-pensions_3734681.html


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La réforme des retraites. Hublog. 

samedi 23 octobre 2021

ALLÉLUIA ! MIRACLE !



Voila plus de 4 mois que la salle polyvalente de la commune fait l’objet d’infiltrations d’eau, avec chute de faux plafond, puis chute du plâtre du plafond, coupure d’électricité à répétition, et depuis peu coupure générale sur un tiers de la surface du lieu après une nouvelle infiltration... Depuis des mois, les associations demandent à la mairie d‘intervenir. Ce sera enfin chose faite la semaine prochaine !

Comme je l’écrivais précédemment, l’état de la salle polyvalente de la commune s’est sensiblement dégradé au cours des 4 ou 5 derniers mois (1). Nouveau problème au cours de la semaine passé : nouvelle entrée d’eau en provenance de la toiture entraînant des fuites, une coupure d’électricité qui affecte cette fois le tiers de l’étage de la structure et la possible « explosion » (très mineure) de la batterie de l’éclairage de secours, avec un risque potentiel de libération de sels de cadmium, vu les traces sur les murs et le sol... Les associations ont bien sur prévenu la mairie de cela !

Alléluia ! Miracle ! Les travaux de réparation de la toiture et d’un chéneau défectueux vont enfin commencer pour se terminer la semaine prochaine, permettant d’arrêter le délabrement du lieu. Merci donc à la municipalité pour ces travaux qui évitent aux Forgeois de payer à terme une facture de dégradation qui n’aurait été qu’en s’amplifiant. Dommage qu’il ait fallu attendre si longtemps. D’autant que l’argument des devis et de l'attente des assureurs présenté en conseil municipal ne tient pas bien la route, ne serait-ce que parce que la mise en sécurité n’a été faite que très tardivement et pas correctement.

Reste néanmoins pas mal de travaux à prévoir si l’on veut pouvoir développer la vie associative dans ce lieu dans lequel la mairie tente d’entasser soigneusement les activités, tout en vidant, tout aussi soigneusement, la maison dite des associations. Je rappelle juste ici les travaux à faire, suite aux infiltrations, au cas où il faudrait avoir à avertir les assureurs :
- nettoyage des derniers dégâts des eaux aux murs
- réfection du plâtre (probablement sur bacula) au plafond
- pose de nouvelles dalles de faux plafond où elles manquent
- révision de l’électricité pour réalimenter la partie « rue du général Leclerc »

Enfin, je rappelle la nécessaire remise en service des WC coté rue du Général Leclerc, HS depuis plus de 6 mois, et la remise en état de la cafétéria, qui attendent depuis pas loin d’un an maintenant alors que tout le matériel est disponible et stocké aux services techniques. Et là, il ne faut pas nous raconter que c'est par manque de devis, ou à cause des assureurs...


Référence :

1. On se remue ou... 
Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/09/on-se-bouge-ou-on-attend-que-le-ciel.html


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Document personnel

dimanche 17 octobre 2021

MODIFICATION !
N-UNIÈME DÉPART
D’UN CADRE COMMUNAL DE FORGES

 

Les départs de personnels communaux se succèdent. Mais est-ce pour le plus grand bien de la commune. Il est permis d’en douter.

J’ai déjà évoqué dans ce blog l'épidémie de départs des personnels communaux. Certains ont quitté la commune pour des raisons de départ à la retraite. D’autres, en revanche, ont été « gentiment » poussés vers la sortie par l’équipe actuelle, soit par le biais de demandes clairement exprimées, soit par le biais de pressions diverses ou de mésententes. Dans cette liste, citons notre ancien directeur général des services (DGS), parti en retraite comme la responsable du service périscolaire et restauration. Citons aussi le départ de la possible remplaçante du DGS retraité, elle « exfiltrée », puis celui du responsable des services techniques et plus récemment celui de la nouvelle responsable en charge de l’urbanisme...

Les postes de DGS et de responsable du service urbanisme sont particulièrement importants dans une commune. La municipalité a donc fait appel à un cabinet de recrutement pour choisir un nouveau DGS, en l’occurrence une nouvelle DGS, suite à la retraite du DGS « historique » de la commune, puis de l’éviction de sa remplaçante potentielle. Ce choix, coûteux financièrement mais validé par l’équipe actuelle, s’est révélé plus que discutable, en particulier suite aux cafouillages - pour ne pas dire plus - observés lors des dernières élections départementales et régionales (voir ce blog). Des tensions fortes avec les personnels communaux n’ont pas arrangé la situation et ce DGS a donc quitté la commune, voila quelques trois mois. Depuis, Forges se passe de DGS, ce qui se ressent par exemple dans l’impréparation qui caractérise les - rares - conseil municipaux. 

À la suite du départ de la personne responsable de l’urbanisme de Forges, un spécialiste de la question a été recruté par la mairie, voilà quelques mois. Or, j’ai appris qu'au moment où la commune envisage de revoir ses règlements d'urbanisme, ce cadre s’apprêtait aussi à quitter la commune pour rejoindre une autre commune dans le Dourdannais. Dommage, car cette personne semblait être efficace et appréciée de ses collègues. J’ai également appris qu’elle allait occuper un poste de DGS. J’ose espérer que le poste de DGS à Forges lui a été proposé, mais n’ayant aucune précision à ce sujet, et doutant un peu de la logique de l’actuelle liste majoritaire et surtout de la pertinence de certains de ses choix, j’ai quelques doutes à ce sujet. Et comme le dit la publicité pour la Française des Jeux : « à qui le tour » ?  


Note ajoutée le 2 novembre 2021 :

J'apprends ce jour qu'il semblerait que ce cadre soit revenu sur sa décision. J'ai donc modifié le titre et une partie du texte en conséquence... en attendant le prochain départ !

Par ailleurs, et sauf erreur de ma part, le nouveau ou la nouvelle DGS qui devait arriver autour du 15 octobre 2021, n'est toujours pas là.   


Crédit illustration :

Wiki commons.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Mairie_de_Forges-les-Bains_le_15_juillet_2016_-_13.jpg


vendredi 15 octobre 2021

LES ASSOCIATIONS FORGEOISES
DOIVENT-ELLES FAIRE LA MANCHE ?




J’ai déjà expliqué dans ce blog (1) comment l’actuelle municipalité traite certaines associations communales entre désinvolture, mépris, arrogance et autoritarisme. Depuis l’année dernière, certaines associations ont vu leur subvention se réduire, une partie de celles-ci étant conditionnée à des « actions » validées par la mairie, traduisant une véritable volonté d’ingérence dans les choix de ces associations, et ce, quelle que soit l’utilité sociale de ces dernières.

Coup de pouce 91 est une association qui mène des actions en lien avec l'éducation, l'acquisition de savoirs, la réalisation d'un projet d'insertion sociale et professionnelle, dans un cadre de citoyenneté et d'épanouissement personnel. Les bénéficiaires peuvent être des enfants, des adolescents, des jeunes adultes et leurs parents. A Forges, l’association accueille ainsi une centaine de personnes. Certes, toutes ne sont pas forgeoises. Et alors, où est le problème ? Au cours des années précédentes, l’association recevait un soutien communal annuel à hauteur de 5000 euros. Mais depuis 2020 et le changement de mandature, l’association est bien moins soutenue, ne disposant plus que d’une subvention de 2200 euros, soit une réduction de plus 55 %. La mairie assure avoir mis de côté un montant de 1500 euros pour une action d’intérêt communal sur projet, comme si ce que faisait Coup de pouce 91 n’était pas déjà d’intérêt communal, surtout en ces temps de pandémie. Dans l’hypothèse où ce complément de subvention serait attribué, on resterait de toute façon, loin de l’aide reçue au cours des années précédentes, avec une réduction globale de la dotation de l’ordre de 25%. Or depuis 2 ans, et la mairie le sait, la demande d’aide des familles est en hausse, là aussi en lien avec la pandémie.

En attendant, l’association a beaucoup de mal à fonctionner, mais ceci semble être le cadet des soucis de la municipalité. Tout d’abord, la municipalité a fait déménager l’association de ses locaux 3 fois depuis octobre 2020, parfois du jour au - littéralement - lendemain, pour la réinstaller dans des locaux utilisés par d’autres associations que la mairie s’est bien gardée de prévenir... Ensuite, ce sont des changements de consignes communales et d’horaires qui ont perturbé le fonctionnement de l’association. Enfin, il faut signaler que les demandes réitérées de la présidente de l’association ne semblent pas du tout être prises en compte localement. Cette dernière écrivait ainsi à Madame la maire, au sujet des revirements municipaux : « Nous ne pouvons accepter ces remises en cause perpétuelles, et la gestion des salles ne peut être le fait du prince. Vos passages à l’acte s’apparentent à du mépris pour les Coups de Pouciens, qui en sont bien conscients. [...] Aussi je vous demande une fois encore [...] de respecter le calendrier d’occupation des salles qui doit être inscrit dans le marbre puisque vous ne tenez pas compte de vos engagements verbaux ». On ne saurait être plus clair !

Bref, aujourd’hui Coup de Pouce 91 se trouve dans l’obligation de trouver des subsides pour fonctionner. L’association avait pensé « faire la manche », ou plus exactement demander par courrier aux Forgeois un « coup de pouce financier », ce qui aurait eu le mérite à mon sens, de montrer à quel point certains des actes (et des non actes) de la municipalité sont délétères pour l’action sociale. L’association a finalement choisi d’organiser un « loto solidaire », ce qui me semble également être une bonne idée. Evidemment, le loto ne sera pas organisé à Forges, car la mise sur pied d’un tel événement est devenue compliquée pour ne pas dire plus dans notre commune. En lien avec la nouvelle « politique » municipale, il faut probablement louer la salle et il faut donner un chèque de caution. Il faudrait aussi que la municipalité aide à l’organisation, par exemple en répondant rapidement aux courriers, ce qui est loin d’être le cas. Coup de Pouce associé au Carrefour des Solidarités de Limours, tous deux aidés par la FCPE, Solidarité Nouvelle au Logement, et l’Entraide Solidaire Amicale, ont donc décidé d’organiser le loto à Limours, salle de la Grange. Impossible de ne pas noter le contraste saisissant entre les nouvelles pratiques forgeoises et les pratiques limouriennes. La salle de la Grange est prêtée gracieusement par la municipalité, aucune caution n'est demandée, et l'interaction avec les personnes et des élus qui aident à l’organisation s'est révélée efficace. Bref, tout ce que l’on pourrait espérer en terme de fluidité et de transparence communale, mais fluidité et transparence ne sont pas des mots qui résonnent dans notre commune, malheureusement.


Référence: 

1. Voir sur ce blog tous les articles de la rubrique « vie associative » à partir de l'onglet de la page d'accueil


Crédit illustration :

Affiche de Coup de Pouce 91 pour le loto solidaire.


lundi 11 octobre 2021

AU SUJET DES ABUS SEXUELS DANS L'EGLISE CATHOLIQUE DE FRANCE


La récente publication du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église catholique de France a fait l’effet d’une bombe chez certains. Pourtant depuis des années, les signaux d’alarme clignotaient à droite et à gauche, pas seulement en France d’ailleurs. Par ailleurs, pour mesurer l’ampleur du phénomène, il me semble bon de comparer ce qui a été rapporté pour les sévices sexuels dans l’église catholique avec ce qui se passe, soit dans la population générale, soit au sein d’autres structures recevant de jeunes enfants, telle que l’éducation nationale.

Au moins 216 000 mineurs victimes d’abus sexuels de la part de religieux catholiques depuis 70 ans et au moins 330 000 si on compte la totalité des victimes dans l’Église ! Le chiffre paraît - et est - énorme. Si on considère un nombre moyen de paroisses en France au cours des 70 dernières années, soit autour de 15 000 (elles ne sont que 12 000 aujourd’hui) et si l’on arrondit le nombre des victimes à 300 000, cela donne 20 victimes par paroisse... C’est épouvantable. Heureusement (si on peut dire), toutes les paroisses n’ont pas été affectées par ces délits ou ces crimes, mais le rapport Sauvé fait état de l’existence d’a minima 3 000 pédo-criminels ou pédo-délinquants dans l’Église sur cette période de 70 ans, soit plus de 40 par années ! On peut aussi faire un autre calcul : 300 000 crimes et délits sexuels sur 70 ans, cela fait 4 400 par année, soit une douzaine par jour, pendant 70 ans ! Sans commentaire !

L’énormité des chiffres pourrait fausser notre évaluation de l’importance du phénomène. Pour cette raison, il est indispensable de les comparer avec ceux des sévices sexuels repérés dans d’autres institutions. On peut ainsi examiner les taux de prévalence (c’est à dire le pourcentage de mineurs ayant subi des violences sexuelles avant 18 ans) dans différents environnements. Ces taux sont de 1,2% dans l’Église catholique, contre 0,34% dans l’éducation nationale (école publiques), 0,28% dans les clubs de sports et 0,17% dans les clubs à vocation culturelle. Seul le milieu familial est plus porteur de délits ou crimes sexuels, avec un taux de prévalence atteignant 3,7%.

Autre enseignements du rapport : la majorité des victimes sont des garçons (env. 80%) alors que ceux-ci ne représentent que 17% des victimes dans le reste de la société. Dans l’Église, il semble donc clair que les actes pédophiles soient également des actes majoritairement homosexuels. Quant on connaît la proportion d’homosexuels dans les hautes instances de l’Église catholique (voir 1), il est difficile de ne pas y voir un lien, une relation. Attention cependant : cette relation n’est pas « bijective » comme l’on dit en mathématique. S’il semble que la majorité des pédocriminels religieux catholiques aient des tendances homosexuelles, il serait faux ou mensonger, voire homophobe de penser ou d’affirmer que les homosexuels dans l’Église (ou ailleurs) soient des pédophiles en puissance. Je préfère donc écrire cela en caractères gras pour que l’on ne se méprenne pas sur le sens de mes observations.

Ces chiffres « accablants » (terme utilisé par M. Jean-Marc Sauvé) sont, à mon avis, le résultat de nombreux dysfonctionnements de l’Église, au premier lieu desquels son empressement à ne pas voir les signaux d’alarme qui clignotaient depuis longtemps pour certains, et pas seulement en France. Une litanie (pour rester raccord !) de scandales affectant de jeunes enfants, commis par des religieux catholiques, aurait du faire réagir plus fortement les autorités de Rome. Citons par exemple les scandales qui ont entouré la congrégation des « légionnaires du Christ » dans les années 50 à 60, et en particulier son fondateur, le père Marcial Degollado. Les plaintes des victimes n’ont donné lieu au Vatican qu’à des enquêtes internes, abandonnées puis reprise en particulier par la congrégation pour la doctrine de la foi, présidée par le futur Benoit XVI. Ce dernier se contentera de l’écarter de tout ministère public et sa congrégation lui recommandera de « conduire une existence retirée dans la prière et la pénitence »... Dans toute l’Europe, des actes délictueux ou criminels ont été commis par des religieux catholiques. Plus de 174 ont été rapportés en Autriche dans les années 1960 à 1970 mais ce sont pas loin d’un millier de cas qui ont finalement été identifiés sur quelques décennies. En Belgique, plusieurs centaines de cas ont été compilés dans le rapport de la commission pour le traitement des plaintes pour abus sexuels dans une relation pastorale, dit rapport Adriaenssens (du nom de son président), en septembre 2010. La commission identifie 130 prêtres délinquants ou criminels, dont une toute petite fraction a été condamnée par l’Église ou la justice... La situation irlandaise est également un signal d’alarme oublié. Dès 2005, deux rapports, le rapport Murphy et le rapport Ryan, décrivaient les abus sexuels commis par des prêtres et le silence des évêques qui les avaient couverts, sans jeu de mots déplacé. Au total, ce seront un peu moins de 15 000 de victimes de sévices dans les années 40, 50 et 60 dans des institutions religieuses irlandaises qui seront identifiées et pour certaines indemnisées. J’arrête la liste là, même si l’Église aurait pu aussi s’intéresser à ce qui s’était passé en Australie et aux États Unis, et aux rapports de l'archidiocèse catholique de Chicago, ou du John Jay College of Criminal Justice de New York au début des années 2000.

La situation en France est grave, d’autant que le pourcentage de religieux agresseurs y est élevé, de 2,5 à 2,8 % des prélats, bien qu’inférieur aux 4,8% aux USA et aux presque 8% en Irlande de religieux délinquants ou criminels ! En forçant le trait, il s’est passé dans l’Église catholique ce qui se passe dans certains sectes… Or les crimes et délits sexuels peuvent peser lourd dans la vie des personnes qui en ont été victimes, et les compensations financières ne constituent finalement que des reconnaissances des sévices passés et de leur statut de victime. Il est donc crucial que l’Église catholique remette nombre de choses à plat. En premier lieu, elle doit briser le tabou de la sexualité des religieux et religieuses. Il est nécessaire de rediscuter du célibat et de la chasteté des prélats (dont on voit comment certaines des hautes autorités vaticanes s’affranchissent, 1), mais pas uniquement de cela. La place des femmes dans l’Église, y compris au niveau de la prêtrise, est également à revoir car il est fort probable que nombre des crimes ou délits sexuels répertoriés n’auraient pas été commis par des femmes. Enfin, le « logiciel » de certains prélats doit être « débogué ». Il est en effet totalement inadmissible d’entendre un haut dignitaire catholique français, le président de la Conférence des évêques de France en l’occurrence, estimer que le secret de la confession serait « plus fort que les lois de la République ». Ce type de propos, non-entendable, s’apparente à mon sens, ni plus, ni moins, à celui des fondamentalistes islamiques estimant que la charia est supérieure aux mêmes lois de la République. J’avoue donc me demander si le pouvoir temporel, entendre l’État, ne devrait pas reprendre la main sur le pouvoir religieux catholique, tant l’étendue des crimes et délits commis dans cette institution est effrayant. En parallèle, l’examen de conscience de l’Église, censée défendre le faible contre le fort et toujours prompte à prôner une rigueur morale, est indispensable pour la pérennité de la structure mais aussi vis à vis de ses fidèles et surtout vis à vis victimes des agissements d’une proportion non négligeable de ses religieux et de ses laïcs.


Note ajoutée le 11 octobre : au moment où je mets l’article en ligne, j’entends la chronique de Sophia Aram, l’humoriste du lundi matin de France Inter, qui résonne fortement avec ce billet de blog.


Référence :


1. Sodoma : un livre indispensable pour comprendre le Vatican.
Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2020/10/sodoma-un-livre-indispensable-pour.html


Crédit illustration :


Les dessins d'Acé. L'Express. Février 2017.

mercredi 6 octobre 2021

NOUVEAUX FORGEOIS : LA MUNICIPALITÉ
VOUS SOUHAITE « LA BIENVENUE » !


Le conseil municipal du 29 septembre dernier s’est révélé être particulièrement intéressant. Outre la réécriture de l’histoire récente du SIAL, dossier sur lequel je reviendrai, la municipalité actuelle, dans sa grande générosité, a décidé de taxer plus fortement les nouveaux arrivants Forgeois. Sans doute une nouvelle conception des cadeaux de bienvenue !

Dans un point rajouté en dernière minute à l’ordre du jour du conseil municipal, les conseillers se sont vus demander de réfléchir à l’exonération de la taxe foncière dont bénéficient les nouveaux arrivants sur la commune, tout au moins ceux d’entre eux qui ont acheté un logement neuf. À ce stade, quelques explications sont nécessaires. Sauf erreur de ma part, bien sur toujours possible, l’exonération de taxe sur le « foncier bâti » appliquée aux constructions nouvelles devait redevenir automatique au 1er janvier 2021, pour une durée de deux ans, pour toutes les communes de France y compris pour celles qui l’avaient supprimée au préalable. Cependant, la réforme fiscale concernant la taxe d’habitation, survenue en 2020, a suspendu cette disposition. Or, un nouveau changement, intervenu, lui, au 1er janvier 2021, a redonné aux collectivités la possibilité de moduler l’assiette fiscale sur le foncier bâti. Cette modulation est très encadrée. Elle ne peut se faire que par tranche de 10 % et dans une fourchette qui porte cette exonération entre 40 et 100% du montant de l’exonération totale. En d’autres termes, les communes pouvaient continuer à exonérer totalement les nouveaux arrivants (100% d’exonération) ou choisir de leur imposer un impôt foncier pouvant s’élever à 60 % du montant total.

Les collectivités peuvent donc, depuis le 1er janvier de cette année, revenir sur l’exonération automatique de 2 ans. Les communes qui le souhaitaient disposaient de 10 mois pour aborder ce sujet en conseil municipal, pour une application à compter du 1er janvier 2022 (cela concernant les logements achevés en 2021). Il fallait donc délibérer avant le 1er octobre. À Forges, vu le peu de conseils municipaux qui s’y tiennent, on a attendu le dernier moment pour inscrire cette question à l’ordre du jour. Et quand je dis dernier moment, c’est bien dernier moment, puisque ce point a été ajouté en fait en tout début de conseil... Que croyez-vous qu’il fut décidé lors des « discussions » ? Tout simplement de supprimer l’exonération et de taxer au maximum les nouveaux arrivants ! Ceci dit, le plus inquiétant dans ce choix a été la teneur des débats, ou plutôt, devrais-je dire, des non-débats, qui furent d’une pauvreté argumentaire assez remarquable. Mon sentiment est que cette décision a été prise de façon « pifométrique », au doigt mouillé. Elle laisse aussi l’impression désagréable d’avoir été prise dans la précipitation. En lien, aucune analyse de l’impact de la décision sur la situation financière de la commune n’a été présentée, certains des élus allant même jusqu’à affirmer qu’ils n’avaient aucune idée du nombre de logements totaux ou neufs à Forges. D’ailleurs, l’argument majeur pour justifier cette décision a été qu’elle permettrait de limiter les divisions et les constructions dans la commune. Cet argument ne tient à mon sens pas la route, mais il confirme bien, comme je le décrivais plus tôt dans ce blog, la volonté d’instaurer à Forges un conservatisme, un « entre soi », fondé entre autres sur l’exclusion de nouveaux arrivants.

Pas de chance cependant pour la municipalité : cette décision est largement entachée d’irrégularité ! En effet, selon le code général des collectivités territoriales et particulièrement ses articles L2121-7 et suivants, seuls les points à l’ordre du jour peuvent être débattus et faire l’objet de décision en conseils. En particulier, l'article L.2121-10 du Code général des collectivités territoriales stipule que toute convocation à une séance de l’organe délibérant est faite par l’autorité territoriale et qu’elle doit indiquer les questions portées à l'ordre du jour. Il en résulte que les délibérations intervenues sur des affaires qui ne figuraient pas à l’ordre du jour sont irrégulières. La jurisprudence est d’ailleurs constante à ce sujet (voir par exemple les décisions du TA de Dijon, du 29 janvier 1991 et du Conseil d’Etat en date du 27 mars 1991). Il suffirait donc de prévenir le contrôle de légalité en préfecture pour que cette décision fasse l’objet d’une annulation. Tout cela démontre donc malheureusement une impréparation inquiétante et constante de la liste majoritaire...


lundi 4 octobre 2021

ÉTRANGE SUCCESSION AU PNR DE LA HAUTE VALLÉE DE CHEVREUSE

  


Monsieur Yves Vandewalle, l’ancien président du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse a récemment quitté ses fonctions. La succession était ouverte. C’est une quasi-inconnue qui a été élue à la tête du PNR, avec le soutien appuyé de la présidente de région.

La commune de Forges a rejoint le PNR en 2011, un dossier auquel j’avais fortement contribué sous la mandature de Monsieur Antoine Lestien. Depuis cette date, le PNR était dirigé par Monsieur Yves Vandewalle, ancien maire de Levis St-Nom. Le rôle du président était plus représentatif qu’opérationnel, puisque la direction de fait était assurée par l’ancien maire de Bonnelles, Monsieur Guy Poupart. En lien, je crois me rappeler - mais peut être ma mémoire me fait-elle défaut - que le président avait d’ailleurs renoncé à ses indemnités au profit de Monsieur Poupart, premier vice-président, un geste particulièrement honnête à mon sens. La présidence de Monsieur Vandewalle a certes divisé le personnel et les élus du parc, des divergences d’appréciation sur la gestion des équipes et des commissions se faisant jour. Néanmoins, plusieurs dossiers importants ont avancé au cours des mandatures de M. Vandewalle. Pour que tout soit clair, à titre personnel et en qualité d’ancien délégué communal au PNR et membre de la commission agriculture, je précise que n’ai aucun grief envers l’ancien président, même si ses opinions politiques sont éloignées de miennes, au contraire.

L’élection de la nouvelle présidente s’est tenue le 29 septembre dernier, lors d'une réunion du bureau du PNR aux Essarts-Le-Roi. Deux candidats en lice. Le premier état Monsieur Frank Poulon, délégué de la commune de Sonchamp, membre du PNR, et vice-président de la commission PNR en charge du tourisme, des circulations douces et du déplacement durable. Le second ou la seconde était Madame Anne Cabrit, que personne ne connaissait vraiment au PNR, et pour cause puisqu’elle est maire d’Orsonville, une commune des Yvelines mais située en Beauce, et qui ne fait pas partie de ce PNR. Elle fut pourtant élue.  Comment est-ce possible, direz-vous ? Tout simplement parce qu’elle est la représentante de la Région Ile-de-France au sein du bureau du PNR de Chevreuse, et qu’elle était la favorite de Madame Valérie Pécresse, présidente de région. Cette dernière avait fortement poussée la candidature de sa protégée. De plus, lors de l’élection de la présidente, les conseillers régionaux et départementaux, que l’on ne voit pratiquement jamais lors des réunions syndicale du PNR, votent, et ce avec un privilège de représentation puisque leurs voix comptent doubles (1).

Comme le constate avec amertume, mais réalisme, la Gazette du pays Montfortois (1) : « Avec 19 voix hors-sol, et seulement 11 voix en local, on remarque que l’élection du président du PNR est plus un enjeu politique, qu’une élection de terrain ». On ne peut dire mieux. Je regrette bien sur cette situation. D’abord en termes démocratiques, il est étrange que des personnes dont l’intérêt pour le PNR reste, disons très limité, puisse « faire une élection », et être finalement plus « représentatifs » que les élus et délégués locaux. Et puis en termes organisationnels, quelle sera la position d’une affiliée de Madame Valérie Pécresse lorsque celle-ci déciderait de réduire le soutien de la région aux PNR d’Ile de France ? Enfin soyons clair, les journées n’ont que 24 heures et même en étant un bourreau de travail, on ne peut assurer décemment les fonctions de maire d’une commune, de conseillère régionale d’Ile de France, de présidente de l’Agence des espaces vert d’Ile de France, et maintenant du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse. Ceci est regrettable d'autant que de très lourds dossiers sont en attente, tels que le financement du PNR, l'extension future du parc (on parle de 80 communes à terme) et la révision du plan de parc, ou la révision de la charge. Bref, tout cela sent très fort le cumul. A la décharge de Madame Anne Cabrit, elle n'est pas la seule à cumuler, il suffit pour s'en convaincre de regarder autour de nous...  

 

Référence :

1. Anonyme. Anne Cabrit, nouvelle présidente, hors sol, du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse. Gazette du Pays Montfortois. Septembre 2021.
Consultable en ligne :
https://gazette-montfortois.fr/?p=32583

 

Crédit illustration :

Régionales 2015 - Victoire de Valérie Pécresse (LR) en Ile-de-France.
Décembre 2015
https://www.francebleu.fr/infos/politique/regionales-2015-victoire-de-valerie-pecresse-lr-en-ile-de-france-1450046697


vendredi 1 octobre 2021

ANTE ELECTIONIBUS. III. LE CAS ZEMMOUR



On parle de lui partout. On le voit partout. On l’entend partout. Le cas Zemmour m’intéresse, non pas par la teneur de ses propos racistes et misogynes, mais par leur volume dans les médias. Et par le pourquoi de cela.

Je ne crois pas qu’il soit possible de le nier. Monsieur Eric Zemmour tient depuis bientôt 15 ans des propos racistes et sexistes, et ce quasi impunément. J’en ai produit un petit compendium pour nous en assurer. En 2008, face à Madame Rokhaya Diallo qui lui demandait ce qu’il entendait par race chez les hommes, il professe que ces races se distinguent « à la couleur de la peau...j’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire » (NB : la notion de race n'existe pas dans le genre Homo sapiens). Autres citations : « [Les employeurs] ont le droit de refuser des Arabes ou des Noirs ». « Mais pourquoi on est contrôlé dix-sept fois [lorsqu'on est noir ou arabe] ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait ». Cette dernière phrase a valu à Eric Zemmour une condamnation minime, 10.000 euros d'amendes, de dommages-intérêts et de frais de justice, pour avoir justifié une pratique discriminatoire illégale. Car si effectivement, les populations issues de l’immigration sont plus représentées que les populations résidentes dans les personnes condamnées pour des délits, et si il n’est pas raciste de le dire, il devient coupable, et là raciste, d’affirmer que par voie de conséquence la plupart des délinquants sont gens issus de l’immigration, ou que ces derniers sont majoritairement malhonnêtes, comme le laisse croire Monsieur Eric Zemmour. Autre pièce du florilège : « Tous les musulmans, qu'ils le disent ou qu'ils ne le disent pas [considèrent les djiadistes comme de] bons musulmans ». Condamnation à 3000 euros d’amende pour exhortation à la discrimination. Et plus récemment « Les mineurs isolés comme le reste de l'immigration [...] n'ont rien à faire ici: ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont ». Ou « « Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence à massacrer les musulmans, et même certains juifs. Et bien moi, je suis aujourd'hui du côté du général Bugeaud. C'est ça, être français ! ». J’arrête là sur ce volet. Quant à la misogynie, quelques citations de ce monsieur pour la route : « Les femmes n'incarnent pas le pouvoir » assorti du non moins inénarrable « Le pouvoir doit rester dans les mains des hommes sinon il s'évapore » ou presque contradictoire avec la première citation : « Le pouvoir attire les femmes, c’est comme ça, c’est dans leur cerveau archaïque ». J’ajoute à cela que M. Eric Zemmour avait considéré que l‘arrestation de Monsieur Dominique Strauss-Kahn, à la suite des sévices sexuels qu’il avait imposés à une employée d’un hôtel new-yorkais, représentait en fait « une castration de tous les hommes français ». « Case closed », de ce côté là aussi me semble-t-il.

Ce qui m’intéresse donc, c’est de comprendre pourquoi ce personnage, que l’on présente comme polémiste, et qui tient donc depuis des lustres des propos xénophobes et sexistes dont certains ont fait l’objet de condamnation, s’est trouvé invité ou employé par toutes sortes de médias, de la presse papier à la radio et à la télévision, la plupart du temps sans opposition. Et donc pourquoi y dispose-t-il d’un temps de parole dont peu d’autres personnes, même très médiatisées, dispose ? Ma première réflexion est que son discours est tellement « clivant » qu’il risque à coup sur de générer de l’audience, du « buzz » comme l’on dit maintenant. Or avoir de l’audience, c’est pourvoir vendre de la pub, et vendre de la pub, c’est gagner de l’argent. Monsieur Eric Zemmour fait donc rentrer de l’argent dans les caisses des médias qui sont - à part les chaines du service public - avant tout des entreprises à vocation lucrative.

L’explication ci-dessus se tient, mais peut-être reste-t-elle néanmoins un peu courte. Mon opinion, et elle n’engage bien sur que moi, résulte d’une analyse fondée sur le principe du « à qui profite le crime » ? Clairement, en ces temps pré-électoraux, il me semble que la place accordée par les médias à Monsieur Eric Zemmour ne peut faire de l’ombre en premier lieu qu’à la probable candidate de l’ex-Front National, rebaptisé pour se rendre plus présentable Rassemblement National. N’oublions pas que des sondages de 2019 donnaient Madame Marine Le Pen quasi à égalité avec Monsieur Emmanuel Macron dans l’hypothèse d’un second tour qui opposerait ces deux, à l’époque, pas-encore-candidats (1). Nombre d'électeurs confrontés au choix entre ces deux personnes avaient choisi l'option "barrage au Front National" et voté pour Monsieur Emmanuel Macron. Vu la régression sociale que ce dernier organise autour des retraites ou de l'assurance chômage, oui de la suppression de l'ISF, je ne suis pas sur du tout que ces mêmes électeurs fassent aujourd'hui le même choix... Par conséquent, empêcher Madame Marine Le Pen d’arriver au second tour pourrait donc être une idée séduisante. En effet, en cas d’un - très hypothétique - second tour Macron/Zemmour, le discours très clivant et l’impopularité de Monsieur Eric Zemmour - personnalité vivement rejetée par une majorité de Français (2) - assurerait l’actuel président d’une réélection sans problème.

En sus, l’éventuelle présence de Monsieur Eric Zemmour à la présidentielle est d’autant plus intéressante pour le pouvoir en place qu’elle retirerait également des voix au candidat de droite au premier tour, que cette ou ce candidat soit Madame Valérie Pécresse ou Monsieur Xavier Bertrand (3). C’est peut être là que se cache le diable. En effet, même si l’écart entre l’actuel pas-encore-candidat-président et la cheffe de file du RN est, dans les sondages, plus faible qu’en 2017, un autre danger pour Monsieur Emmanuel Macron réside dans la candidature de Monsieur Xavier Bertrand, que certains observateurs estiment être le mieux placé pour battre l’actuel président (4).

Dans tous ces scénarios, il reste que le grand bénéficiaire de la candidature de Monsieur Eric Zemmour est l’actuel président de la République. Or, quand on voit comment la candidature de Monsieur Emmanuel Macron à la présidence en 2017 a été soutenue par le monde de la finance et portée par le soutien massif des médias, le rôle de ces derniers dans la promotion de la « pensée » - la logorrhée devrais-je dire - zemmourienne apparaît encore plus logique... Tout ce qui est bon pour Monsieur Zemmour lorsqu'il fait le jeu de Monsieur Macron. Et qu’importe que le premier nommé soit un aficionado de la désinformation, de la production de chiffres truqués ou des présentations racoleuses, au contraire (5). La vérité est ailleurs...


Références :

1. Voir par exemple
Christine Ollivier. L'écart se resserre entre Macron et Le Pen en cas de 2e tour à la présidentielle. Le Journal du dimanche. Novembre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lejdd.fr/Politique/sondage-lecart-se-resserre-entre-macron-et-le-pen-en-cas-de-2e-tour-a-la-presidentielle-3928924

Anonyme. Présidentielle 2022 : Marine Le Pen et Macron font jeu égal. Vlauers Actuelles. Octobre 2019.
Consultable en ligne :
https://www.valeursactuelles.com/politique/presidentielle-2022-marine-le-pen-et-macron-font-jeu-egal/

2. Anonyme. Présidentielle 2022 - Malgré le buzz médiatique, Éric Zemmour en tête... des personnalités politiques les plus rejetées. L’indépendant. Septembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.lindependant.fr/2021/09/28/presidentielle-2022-malgre-le-buzz-mediatique-eric-zemmour-en-tete-des-personnalites-politiques-les-plus-rejetees-9818811.php

3. Anonyme. Présidentielle 2022 : Macron et Le Pen en tête, Bertrand en perte de vitesse face à l'hypothèse Zemmour, selon notre sondage. LCI. Septembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.lci.fr/politique/video-exclusif-sondage-election-presidentielle-2022-emmanuel-macron-et-marine-le-pen-en-tete-xavier-bertrand-en-perte-de-vitesse-face-a-l-hypothese-eric-zemmour-2195501.html

4. Voir par exemple :
David Revault d’Allonnes. Bertrand est, de loin, le candidat de droite le mieux placé pour battre ses adversaires en 2022. Le journal du dimanche. September 2021.
Consultable en ligne :
https://www.lejdd.fr/Politique/sondage-bertrand-est-de-loin-le-candidat-de-droite-le-mieux-place-pour-battre-ses-adversaires-en-2022-4068329

Wally Bordas
Xavier Bertrand est le candidat de droite le mieux placé pour battre Emmanuel Macron, selon un sondage. Le Figaro. Septembre 2021.
Consultable en ligne :
https://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/presidentielle-2022-xavier-bertrand-est-le-candidat-de-droite-le-mieux-place-pour-battre-emmanuel-macron-selon-un-sondage-20210926


5. Voir par exemple :
Maïwenn Furic. Présidentielle 2022 : Deux millions d’immigrés et 50 milliards d’euros de fraude sociale ? 20 minutes. Septembre 2021.
Consultable en ligne.
https://www.20minutes.fr/societe/3132107-20210924-presidentielle-2022-deux-millions-immigres-50-milliards-euros-fraude-sociale-fact-checke-eric-zemmour

Antoine Beau. Y aura-t-il vraiment 2 millions d’immigrés en plus à l’issue du quinquennat, comme l’affirme Eric Zemmour ? Le Parisien. Septembre 2021.
Consultable en ligne.
https://www.leparisien.fr/societe/y-aura-t-il-vraiment-2-millions-dimmigres-en-plus-a-lissue-du-quinquennat-comme-laffirme-eric-zemmour-24-09-2021-45MV57NCSJAIHD4IIF5ERXWNWY.php

Anonyme ; Éric Zemmour sur LCI : nous avons vérifié 6 de ses déclarations. LCI. Septembre 2021.
Consultable en ligne.
https://www.lci.fr/politique/presidentielle-2022-eric-zemmour-sur-lci-nous-avons-verifie-6-de-ses-declarations-2197461.html


Crédit illustration :

Large, d'après Cabu.
Eric Zemmour privé de direct sur CNews
Urtican.net.
https://www.urtikan.net/dessin-du-jour/eric-zemmour-prive-de-direct-sur-cnews/