En fin d’année, voire au début de l’année suivante, les associations qui le souhaitent font remonter à la mairie leur demande de subvention. Ces subventions ne constituent pas une obligation, et elles ne sont pas dues par la municipalité aux associations. Il s’agit seulement d’un coup de pouce financier permettant aux dites associations d’acheter du matériel, d’organiser des évènements, bref de remplir leurs objectifs, donc de satisfaire leur adhérents. En termes de montant, il s’agit d’une aide financière qui reste dans la plupart des cas des associations forgeoises, hors MCL, assez modeste, de quelques dizaines à quelques centaines d’euros, rarement plus du millier d’euros.
Le bénéfice de ce soutien est bien entendu pour l’association et ses membres qui trouvent leurs conditions d’exercice de leur sport préféré, hobby, ou simplement activité, améliorées. La contrepartie naturelle et tacite de ce soutien est qu’il bénéficie également à la commune, puisque des adhérents heureux font des associations heureuses, et des associations heureuses font une commune où le lien social, le vivre ensemble, et tout simplement la vie s’épanouissent.
Ce « contrat moral » vient d’être rompu par la nouvelle municipalité qui a adressé à certaines associations (et peut-être à toutes mais je ne peux le vérifier*) un « cadre de partenariat » liant les dites associations à ladite commune. Ce document, très administratif et très juridique, d’une douzaine de pages comporte un certain nombre d’articles très contraignants et potentiellement délétères pour les associations, mais parfaitement enrobés dans un discours vantant l’équité, la transparence, et l’efficacité des euros dépensés. Juste un mot sur ce dernier point : pour avoir entendu pendant des années dans le cadre de mon activité professionnelle le terme « efficacité de l’euro investi », je sais qu’il cache un double piège. Le premier est qu’il est impossible de nier le fait que les deniers publics doivent effectivement être dépensé de façon judicieuse, annihilant ainsi la possibilité de contester toute décision prise au nom de cette « efficacité économique ». Le second piège est que, derrière ce terme, se cachent en général des politiques néfastes, essentiellement fondées sur des restrictions budgétaires.
Pour revenir aux propositions de la commune, je n’en citerai que 3 ou 4 pour illustrer mon propos. La première est que la commune se propose de louer aux associations les locaux communaux dès lors que ceux-ci sont utilisés plus de 2 fois par an pour des événements tels qu’assemblée générale, fête de Noël, fête de fin d’année, repas annuel... Dans le même ordre d’idées, il sera dans certaines conditions demandé aux associations de prendre en charge le coût spécifique des services de sécurité incendie et d’assistance à personnes lors de manifestations. Ceci confirme ce que j’écrivais plus haut au sujet du piège que constituait l’inénarrable « efficacité de l’euro dépensé ».
Plus vicieux que cela, cette convention cadre précise qu’en échange du droit d’entreposer leur matériel dans leurs locaux, les associations s’engagent à le prêter gracieusement à la commune, même si ce matériel leur appartient en propre et ce, sans compensation d’aucune sorte, et sans aucun engagement de la commune sur ce matériel s'il venait à disparaître ou à être volé. Enfin, cerise sur le gâteau, et bien caché dans le dans la débauche de galimatias juridique, les associations, en échange des subventions obtenues, s’engagent à participer bénévolement, certes dans la mesure de ses possibilités, aux manifestations organisées par la commune. En d’autres termes, par le biais de versement de subventions, la nouvelle municipalité demande tout simplement aux associations de lui fournir un volant de bénévoles dans le cadre des manifestations qu’elle organise.
Le point que j’évoque ci-dessus démontre à mon sens une incompréhension complète du rôle des bénévoles et des associations. Tout d’abord, certains bénévoles peuvent déjà passer beaucoup de temps au sein de l’association et y dépenser beaucoup d’énergie. Ce don de temps et de travail se fait, comme je l’expliquais plus haut, au bénéfice de l’association et de ses adhérents, mais également et par voie de conséquence au bénéfice de la commune. Comment oser ensuite demander à des gens qui passent déjà beaucoup de temps dans une démarche d’intérêt général de participer toujours plus ? Cette volonté de la nouvelle municipalité démontre également l’incompréhension qu’elle a du bénévolat. Outre le fait qu’un bénévole ne soit pas taillable et corvéable à merci, son activité ne peut être le fait d’une démarche contrainte et forcée, mais celle de la libre adhésion à un projet auquel il ou elle adhère. Si la commune recherche des bénévoles, à elle d’organiser des événements qui susciteront l’adhésion naturelle des personnes, tout en sachant que l’exemple doit venir d’en haut, donc des élus eux-mêmes. À la commune également de répondre rapidement, complètement, et avec la transparence qu’elle revendique, aux demandes venant des associations. Aujourd’hui, ceci est encore loin d’être le cas...
* Note ajoutée le 8 mars à 16H00 :
Certaines associations ne semblent pas avoir reçu la proposition de "contrat", ni même un mail leur demandant de retourner leur demande de subvention. Belle équité de traitement !
Crédit illustration :
Alsy. Les Moutons. Make managment great again ! Editon : Renaissance du livre.