vendredi 2 avril 2021

RECHERCHE SCIENTIFIQUE. III. LES ANALYSES STATISTIQUES



Des statistiques, nous en faisons tous comme Monsieur le Jourdain : sans le savoir. En sciences, l'usage des statistiques est fondamental et il s'accompagne également de calcul de probabilités. Ce qui est amusant, c'est que des probabilités nous en faisons aussi régulièrement dans la vie courante, toujours comme Monsieur Jourdain, sans savoir...



Le but de cet article n'est pas de faire un cours de statistique ou de probabilités. J'en serai tout d'abord incapable, et cela serait sans doute « rasoir ». Je souhaite simplement illustrer ici au travers d’exemples pris dans la vie courante ou au laboratoire l'importance qu'il y a à traiter des données de façon statistique et mettre en exergue quelques-uns des pièges auquel nous pouvons nous trouver parfois exposés.

Comme je l'écrivais en introduction, des statistiques nous en faisons tous. Parce que nous avons fait nos courses dans plusieurs boulangeries, nous savons tous que la baguette tradition coûte « en moyenne » 1,10 €. Ou, parce que nous avons beaucoup roulé avec votre véhicule, nous savons qu'il consomme en moyenne 6 litres et demi aux 100 km. Beaucoup d'entre nous savent aussi que le salaire moyen se monte à environ 2 400 € nets mensuels. Mais attention, ce dernier chiffre est quelque peu flatteur. Il est beaucoup moins lorsque l'on s'intéresse au salaire médian qui lui s'élève à un peu moins de 1800 € nets mensuels. La raison de cette différence tient au fait que la médiane est, dans une distribution, la valeur qui divise l'échantillon en 2 parts égales, 50 % des des éléments échantillonnés présentant des valeurs supérieures à la médiane, et 50 % des valeurs inférieures à la médiane. Dans le cas du salaire, la valeur du salaire moyen est tirée vers le haut par l'existence de très hauts salaires faussant ainsi la perception que l'on peut avoir de la distribution. En conclusion la moyenne c'est bien, la moyenne et la médiane c'est mieux. On utilise d’ailleurs souvent une représentation plus complexe en science dite « boite à moustaches », où figurent sur un graphe l’ensemble des points d’une mesure, leur moyenne ou médiane, ainsi que les premiers et denier quartiles, c’est à dire l’endroit ou se situent les 25 % des valeurs les plus hautes et les plus basses, permettant une meilleure visualisation de la distribution.

Cette notion de distribution des mesures dans un échantillons est importante. Ainsi, pour revenir à l’exemple précédent, on constate que la distribution des salaires est représentée par une courbe en cloche partielle, suivie d’une longue traîne... A l‘inverse, si on s’intéressait à la distribution des tailles disons des adultes de 25 ans, on aurait une courbe en cloche quasi symétrique, dite courbe de Gauss, représentative de ce que l’on appelle une distribution « normale ». Sans rentrer dans des détails compliqués, il est bon avant d’appliquer un test statistique de s’assurer du type de distribution que l’on rencontre, certains tests ne s’appliquant qu’à la distribution normale. Il n’est pas rare de voir que dans certains articles scientifiques, même écrit par des « pointures » y compris marseillaises, que les tests utilisés ne sont pas forcément les bons. Ceci peut, dans certains cas, conduire à des conclusions erronées.

Restons sur la moyenne pour aborder un point particulièrement important qui est la notion de représentativité de l'échantillon. Très intuitivement, on comprend qu'une valeur expérimentale, une moyenne par exemple, est d'autant plus représentative d'une réalité qu'elle a été calculée sur un grand nombre de points de mesure. Ainsi, si je dis que sans le traitement X, 80% des plantes sont affectées par la maladie M, et qu'après traitement ce sont seulement 40%  des plantes qui sont malades, vous penserez que le traitement est efficace. Mais si je vous dis que sans traitement, ce sont 4 plantes sur 5 qui ont été notées malades et dans l'autre 2 sur 5, le résultat vous paraîtra plus douteux que si ce sont 400 plantes sur 500 dans un cas et 200 sur 500 dans l'autre, et vous aurez bien sur raison...  Il n’est cependant pas toujours possible pour des raisons de coût de multiplier les expériences ou les « points » de mesure. Il est donc nécessaire de dire, en science, lorsque l’on donne le résultats d’un test statistique, quel test à été utilisé, combien de points ont été inclus dans l’analyse, et dans le cas d'une moyenne de dire quel est l’intervalle de confiance associé à cette moyenne, ou, si l’on compare deux moyennes, de dire à quel seuil de confiance on estime que ces moyennes diffèrent ou non. Je prends l’exemple d’un sondage politique : on voit souvent que celui-ci est réalisé sur 800 ou 900 personnes, que le candidat X est à 30 % d’intentions de vote et Y à 20 % dans le sondage mais on ne nous dit jamais (ou presque) quel est l’intervalle de confiance, en d’autres termes quelles sont les valeurs hautes et basses qui bornent la moyenne, le tout en étant sur à 95 % que ces valeurs hautes et basses sont bien exactes.

Toujours en termes de représentativité des échantillons, il est important de comparer ce qui est comparable. Il faut donc s’assurer que d’autres facteurs que les facteurs expérimentaux ou à tester, n’entrent pas en ligne de compte dans l’analyse statistique. Exemple pris dans le dossier de l’hydroxychoroquine et de la CoViD-19. Si vous voulez analyser l’efficacité de ce traitement, vous allez comparer la sévérité des symptômes de personnes traitées ou non par ce médicament. Il faut cependant s’assurer que les cohortes comparées présentent des caractéristiques identiques, à savoir des nombres de personnes identiques dans une tranche d’âge donnée, par sexe, ou victimes de telle ou telle pathologie antérieure, etc. Ainsi, on comprend qu’il n’y aurait intuitivement aucun intérêt à comparer un groupe de 100 jeunes de 20 ans traités par ce médicament, avec un groupe de 100 personnes de plus de 75 ans non traitées, sauf à vouloir démontrer ainsi une redoutable efficacité du composé. C’est caricatural, mais pas tant que cela... Cette homogénéité est systématiquement recherchée dans les études dites randomisées contrôlées, dans lesquelles les individus recevant un traitement ou un placebo seront tirés au sort, selon différents protocoles, assurant la constitution de deux groupes (traités et non traités) aussi comparables que possible.

L’approche décrite ci-dessus, souvent coûteuse, est envisageable dans le cadre d’une étude clinique a priori, sur une nouvelle molécule ou un vaccin en essai thérapeutique sur des durées courtes. En revanche, sur des expériences de longue durée, ou sur la recherche d’effets secondaires de longs termes, ou de pathologies résultant d’expositions à des constituants particuliers de l’environnement, elle n’est pas envisageable. On recourt alors à des analyses épidémiologiques a posteriori, qui visent, en rassemblant le maximum de données (sexe, age, localisation géographique, exposition à X, Y ou Z, maladies associées, etc.) à tenter d’identifier le ou les facteurs les plus explicatifs des pathologies étudiées. Ces méthodes, telles que l’analyse en composantes principales, sont aussi utilisées en agronomie, en sociologie, en économie, etc. pour tenter d’identifier les facteurs les plus explicatifs des résultats obtenus lorsque de nombreux paramètres entrent en jeu.

Je n’ai fait qu’effleurer le sujet. Un dernier point sur les probabilités, pour montrer que, comme les statistiques, nous en faisons tous, avec la notion d’espérance mathématique. A l’origine, l’espérance mathématique correspondait à la somme des gains et pertes, chacun multiplié par la probabilité de gain ou de perte. Prenons l’exemple du jeu de roulette du casino, ou la chance de trouver le bon numéro est de 1 sur 37 (il y a 37 nombres du jeu), ce qui vous rapporterait 36 fois votre mise. Intuitivement, on conçoit que le jeu est en faveur du casino. Sans détailler le calcul, l’ordre de grandeur du gain est de 2 % sur les paris sur les seuls nombres. C’est à dire qu’à chaque lancé, le casino gagne autour de 2 % des mises, et les parieurs en perdent autant. Nous ne jouons pas tous au casino, mais certains jouent aux jeux de hasard de la Française des Jeux avec des probabilités de perte très supérieures aux probabilités de gain. Alors pourquoi jouer ? Tout simplement parce que l’espérance mathématique fait que même si la probabilité de gain est très faible, la somme promise en cas de gain est très élevée, augmentant la façon dont est perçue cette espérance mathématique pourtant très défavorable aux joueurs. Et plus concrètement, combien de personnes faisaient voila peu le calcul de ne pas payer le stationnement parce que cela était « rentable » . En effet la probabilité de se faire contrôler multipliée par le coût de l’amende de 11 euros était faible par rapport à la probabilité de ne pas se faire contrôler multipliée par la somme gagnée en esquivant le paiement. La donne a visiblement changée depuis que les contrôles ont été rendus plus efficaces par l’automatisation et depuis que les communes ont augmenté les amendes forfaitaires, pour certains à 40 ou 50 euros... Plus dramatique, l’augmentation de risque de cancer du poumon pour les fumeurs est de 10 fois environ. Le risque de développer un cancer du poumon pour un non fumeur est de l’ordre de 0,01 (1 %) et pour le fumeur de l’ordre de 0,10 (10 %). Le fumeur a donc 90 % de chances d’échapper à la maladie. Ceci explique donc - sans doute pas en totalité - pourquoi les fumeurs continuent de fumer. Leur décision serait elle la même si leur risque de développer un cancer passait à 99,9 % ? J’en doute. Mais cet exemple montre comment nous avons intégré dans notre vie de tous les jours les probabilités, et pas toujours de façon judicieuse...


Note ajoutée le 09/04/21

Le même calcul d'espérance peut expliquer les réticences de certains à utiliser à se faire vacciner par le produit fourni par la société Astra Zeneca. Le risque de survenue de formes rares de caillots sanguins, de type coagulation intravasculaire disséminée est très faible, autour d'1 cas pour 1 000 000 de mémoire sur l'ensemble de l'Europe, mais il s'agit d'une affection gravissime pouvant entraîner la mort. Non vacciné, le risque d'attraper le coronavirus est de 2 pour mille environ, avec une probabilité de décès pour les populations qui ont accès à Astra Zeneca de l'ordre de 10% (contre 1 à 2 % pour la population générale)... Le risque de décès CoViD est donc de 2 pour 10 000 mais globalement, ce risque CoViD est perçu comme bien plus faible par les personnes refusant le vaccin Astra que le risque de décès lié à la vaccination...   



Crédit illustration :

Jean Rouxel. Les devises Shadok.
Vu sur :





lundi 29 mars 2021

ON PARLE DE FORGES DANS LA PRESSE



Ceci sera sans doute le plus court article du blog. On parle de Forges dans la presse quotidienne régionale (Le Républicain)..
.

... et pas en bien, en lien avec les problèmes d’accord cadre entre la mairie et certaines associations forgeoises. Sans commentaires de ma part, ayant dit ce que j’avais à dire dans un article sorti plus tôt (1). 

Note : pour ceux qui supputeraient, je ne suis en aucun cas en relation avec la presse locale.


Référence :



mercredi 24 mars 2021

FEMINISME ET RACISME : MEME COMBAT, MEMES ERREURS



La sagesse populaire veut que l’on tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. J’essaye donc en général de ne pas réagir « à chaud » sur des sujets sensibles. Ceci dit, certaines bêtises dites sont tellement grosses qu’on ne peut laisser passer…

Parmi les dernières énormités entendues, je souhaite revenir sur la polémique qui entoure la traduction aux Pays-Bas des poèmes de l’américaine Amanda Gorman, femme noire, par la traductrice et également auteure reconnue Marieke Lucas Rijneveld, jeune lauréate du « international booker » pour son roman « L’inconfort du soir ». Curieusement, et point important, Marieke Lucas Rijneveld avait été choisie par l’éditeur et également par l’équipe d’Amanda Gorman. Cependant, sous la pression d’activistes et des réseaux sociaux, une polémique a enflé sur le thème : pourquoi choisir une femme blanche pour traduire une auteure noire ? Cette polémique conduira à l’abandon du projet de traduction par Marieke Lucas Rijneveld et par la maison d’édition.

Je le dis tout net, nous frôlons là la bêtise la plus crasse, d’autant que certains des activistes ont affirmé que le projet de traduction représentait une forme de suprématie « de la pensée blanche ». Comment peut on affirmer cela alors que tout le but de la traduction était de rendre visible une jeune auteure américaine noire, peu connue du grand public européen ? Elle sera heureusement traduite dans d’autres langues par des hommes et des femmes, noirs ou non, choisis pour leur compétence reconnue, seul critère de choix valable. Au delà, et en poussant le raisonnement à l’absurde, faut-il alors être une femme pour traduire un roman écrit par une femme ? Faut-il être américain pour traduire - en français - un roman américain ? Et pour le latin, et les autres langues mortes, comment fait-on ? On réveille les morts ? Enfin, pour ceux qui traduisent la musique écrite en sons, les musiciens, on ne pourra faire jouer du Beethoven que par des hommes blancs, sourds et allemands ? On voit bien là toute l’absurdité de l’histoire et du pseudo-raisonnement qui la soutient.

Autre coup de gueule, suite à la déclaration d’une actrice se déclarant « féministe », entendue sur une radio de service publique, suggérant que depuis que l’on s’est aperçu que le CoViD était une maladie grave, on serait passé de « le CoViD » à « la CoViD ». Déclaration doublement stupide ! Tout d’abord, dois-je rappeler que si l’on dit effectivement la rougeole, la rubéole, la varicelle, la méningite, etc., on dit l’accident vasculaire cérébral, l’infarctus du myocarde, le choléra, le tétanos, et le cancer, que des pathologies qui se soignent à l’aspirine sans doute ! Plus grave, plaquer un débat sur le genre des mots – toujours discutable – conduit à éluder les vrais problèmes que l’on aurait pu évoquer, par exemple autour de la féminisation des professions du soin, et d’une façon plus générale de la féminisation des professions « dévalorisées » (ou de la dévalorisation des professions féminisées).

Les combats contre le racisme, le sexisme, l'homophobie, sont en fait un seul et même combat : celui de l'opprimé contre l'oppresseur. Ce combat est également si on y réfléchi celui des minorités contre un système (je n'aime pas ce terme) organisé autour de pouvoirs qui impliquent l'argent et/ou la domination des individus. Le plus triste dans les histoires que j'ai décrites plus haut, c’est donc qu’elles desservent les causes - justes - qu’elles pensent défendre. Les événements rapportés correspondent en effet à des prises de position (au sens large) qui se veulent radicales, mais leurs auteurs ne réalisent pas qu'elles deviennent, dès lors, facilement critiquables, contre-productives et intellectuellement indéfendables, même si elles ne sont qu'une réaction violente à une autre violence. Ainsi, comme l’écrivait le grand traducteur professionnel Michel Volkovitch : « Je trouve indigne que l’on veuille interdire à quelqu’un de traduire à cause de son sexe ou de sa couleur. Un tas de livres écrits par des hommes ont été traduits par des femmes, qui sont d’ailleurs majoritaires dans la profession ». Je partage également son analyse sur le fait que ces évènements constituent donc des mouvements de balancier extrêmes, une « poussée de fièvre liée à un mouvement profondément légitime et nécessaire, l’antiracisme, mais qui génère des excès ». Lutter contre le racisme, le sexisme, l'homophobie et finalement contre toutes formes de ségrégations, est en effet indispensable, mais cela ne peut se faire en instaurant ce qui s’apparente in fine à une autre forme de racisme sauf à donner raison aux machos et autres tenants des séparatismes...


Crédit illustration :

https://cafaitgenre.org/2013/02/22/anti-homophobie-et-anti-racisme-la-question-de-lintersectionnalite/


vendredi 19 mars 2021

SARS-COV2 : COMMENT LE DÉTECTER.
III. LA « PCR ».




Dernier volet de l’explication des différents tests disponibles pour la détection du virus, ou de contaminations éventuelles. Dans les deux précédents chapitres, j’ai essayé d’expliquer à quoi servaient et comment fonctionnaient le test antigénique et la recherche d’anticorps antivirus. Dans cet article j’aborde le test dit PCR, dont le vrai nom est qRT-PCR.

A la différence des deux autres tests présentés
, le test PCR ne cible ni l’enveloppe du virus, ni la réponse immunitaire du patient. Ce test vise à rechercher des fragments du génome viral, des fragments donc de son matériel génétique, dans un environnement donné. PCR est l’acronyme anglais de « réaction de polymérisation en chaîne ». Comme son nom l’indique, il s‘agit donc, par polymérisation, d’amplifier de l’ADN. Cette technique apparue au milieu des années 1980 a révolutionné la biologie au laboratoire en facilitant le clonage moléculaire, la création de mutants, et l’étude des génomes. Plus proche du grand public, elle est largement utilisée en criminologie pour la recherche des empreintes génétiques, ou dans divers tests génétiques comme certains tests en exclusion de paternité ou de prédisposition à une pathologie. Elle sert aussi au traçage de certaines fraudes alimentaires et à la recherche de pathogènes microbiens quasiment non cultivables, en agronomie. Enfin, en histoire et préhistoire, elle permet de vérifier des filiations, ou d’étudier le régime alimentaire d’animaux ou d’hominidés disparus. Cette liste des utilisations de la PCR ne prétend d’ailleurs pas être exhaustive.



Au plan technique, la méthode repose sur l’utilisation d’une enzyme, une polymérase thermorésistante à ADN, qui possède la capacité de synthétiser de l’ADN à partir d’un copie existante. Il suffit pour cela de lui fournir les briques élémentaires qui constituent l’ADN (les nucléotides) et, condition nécessaire, deux petites amorces d’ADN à partir de laquelle la polymérase va travailler (voir schéma ci-dessus). Dans le cadre de la recherche de virus, ou de tout autre agent pathogène, ces amorces sont des courtes séquences du génome du pathogène, qui, dans le test, s’apparient au génome viral au niveau des régions dont elles sont la « copie miroir », pour simplifier. Cependant recopier une trace d’ADN une seule fois ne donnera qu’une trace ADN à peine plus visible. La force de la PCR est de fonctionner par cycle. Une fois la copie de chaque brin d’ADN effectuée, et par le jeu de changements de température, on provoque la fusion de l’ADN : chacun de ses 2 brins se séparent, et l’on recommence à appareiller les petites amorces de sorte que la polymérase reprenne la synthèse du brin d’ADN manquant… Le nombre de cycles est variable et dépend de très nombreux facteurs. On comprend intuitivement que plus il y a d’ADN amplifiable, moins il faudra de cycles pour observer la présence de cet ADN. Cette propriété permet de quantifier la quantité d’ADN soumise à amplification en incorporant dans l’ADN nouvellement synthétisé un marqueur fluorescent et en mesurant au cours des cycles l’apparition de fluorescence. Cette méthode quantitative s’appelle la qPCR. En termes d’amplification, si l’expérimentateur partait d’une seule copie d’ADN, il en obtiendrait 2 à la fin du premier cycle, 4 au second cycle, etc., et à l’issue des 30 cycles que l’on effectue en moyenne au labo, il obtiendrait plus d’un milliard de copies ! Sur 35 cycles, comme préconisé pour la détection du SARS-CoV2, ce seront plus de 35 milliards de copies néoformées, toujours en prenant l’hypothèse qu’une seule copie d’ADN préexistait dans l’échantillon.

Dans le cas du virus SARS-CoV2 : problème ! Le génome du virus n’est pas composé d’ADN mais d’ARN. Or la polymérase à ADN utilisée en PCR ne fonctionne pas pour amplifier l’ARN. Heureusement, le biologiste a plus d’un tour dans son sac. Il réalise donc pour ce test de détection virale, avant la qPCR, une transformation de l’ARN en ADN, là aussi au moyen d’une enzyme. Celle-ci est appelée transcriptase inverse ou reverse transcriptase en anglais, d’où l’abréviation RT. Pour résumer, la procédure complète consiste donc, à partir d’un prélèvement naso-pharyngé, à extraire l’ARN, à le recopier en ADN, puis à soumettre cet ADN à l’analyse par qPCR.

Les avantages de la technique sont très nombreux, le premier étant sa grande sensibilité et une spécificité forte liée au choix des petites amorces nécessaires aux opérations de synthèse d’ADN. La méthode est versatile et permet également de traiter des échantillons d’origines diverses. On peut ainsi rechercher la présence du virus et en quantifier la concentration par qRT-PCR dans tous les fluides corporels, mais également sur des surfaces (poignées de portes, écrans tactiles, etc.) que l’on peut traiter par écouvillonnage, ou dans des milieux complexes tels les eaux et boues de station d’épuration. Les différents variants peuvent aussi être recherchés en utilisant des amorces spécifiques de ou des mutations qui caractérisent les variants. Les inconvénients de la technique : en premier lieu, celle-ci est assez « pointue » et implique des personnels formés et des conditions de laboratoire, avec un appareillage et des kits relativement coûteux pour la qPCR. Par ailleurs, même si on peut réaliser plusieurs dizaines de tests simultanément sur une machine, la seule réalisation des 35 cycles prend environ 3 heures. Il faut ajouter pour le pré-traitement de l’échantillon et l’opération de transcription inverse encore au minimum 1 à 2 heures. La technique est aussi assez susceptible à la qualité du pré-traitement, de nombreux inhibiteurs de la reverse transcriptase et de la polymérase existant. La technique peut donc générer des « faux négatifs », c’est à dire que des individus pourtant contaminés pourraient être testés négatifs. Elle peut aussi générer des faux positifs. Des amorces du SARS-CoV2 peuvent ainsi en théorie (et parfois en réalité) s’accrocher à « d’autre ADN », générant ces fameux faux positifs... On peut moduler ce risque en utilisant plusieurs jeux d’amorces différents, sachant qu’il serait assez improbable que tous ces jeux induisent tous des faux positifs. Enfin, dernier point, le test ne permet pas de différencier virus infectieux et virus non infectieux. Imaginons qu’une surface ait été contaminée par le virus. Le test en qRT-PCR révélera sans aucun doute la présence de ce virus. On désinfecte par pulvérisation de la surface par une solution hydro-alcoolique par exemple (sans essuyage) et on re-teste par qRT-PCR. Il est plus que probable que le test sera encore positif… Cela bien que pratiquement plus aucune particule virale infectieuse ne subsiste, le mélange eau-alcool ayant complètement détruit la coque du virus.

Le lecteur en saura plus maintenant, je l’espère, sur ces différents tests. Je sais que ce type d’article est parfois compliqué à comprendre en dépit des efforts de clarté que je tente de faire. Si ces questions vous intéressent, ou si vous avez besoin de précisions, il est toujours possible de me contacter en renseignant les cases « pour me contacter », tout en bas à droite des pages de 10 articles, à côté des statistiques de fréquentation.


Crédits illustration :

Roche Lightcycler 96. Vu sur Peatix.
Consultable en ligne :

PARTIR...


J’ai relaté précédemment les mouvements de personnels ayant affecté certains des cadres communaux, ainsi que la dégradation des relations entre certains élus et cadres communaux (1,2). La situation ne s’améliore pas puisque maintenant, ce sont des personnels communaux non cadres qui envisagent de quitter la commune.

A ce jour en effet, ce sont des « personnels opérationnels » qui envisagent ou vont quitter la commune. Un départ est déjà acté et notifié, d'autres risquent de survenir à court terme, en raison des relations très dégradées qui se maintiennent - voire empirent - entre ces personnels, un cadre en particulier, et certains élus. Certains de ces personnels ont servi la commune pendant des années, parfois plus d’une dizaine d’années, et je sais qu’ils y sont attachés...

Cette situation est détestable pour plusieurs raisons. La première est que l’on peut entendre que des mésententes existent entre une, deux ou trois personnes dans des groupes de plusieurs dizaines d’individus. Cela arrive partout, dans toutes communautés, qu’elles soient des voisins, des associations, des entreprises ou des services administratifs. Mais lorsque qu’un certain seuil est dépassé et que les mêmes noms reviennent comme « personnes à problème », il convient de se poser des questions

La deuxième raison est qu’il faut des années pour construire des équipes municipales efficaces. Il a fallu une dizaine d’années pour construire et stabiliser ces services avec des personnels compétents et travailleurs, malgré les traitements (entendre les salaires) modestes des personnels des catégories C et B. A juger de la vitesse à laquelle se dégradent l’ambiance et les relations de travail, il aura fallu moins d’un an à la nouvelle municipalité pour casser des équipes solides et une dynamique pourtant particulièrement favorable. Lamentable !


Références

1. Cascade de départs parmi les cadres communaux de Forges Les Bains. Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2020/10/cascade-de-departs-parmi-les-cadres.html

2. Ambiance, ambiance. Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/01/ambiance-ambiance.html


Crédit illustration

Quitter son job avec panache. Ithaque Coaching. 



dimanche 14 mars 2021

SARS-COV2 : COMMENT LE DETECTER.
II. LA RECHERCHE D’ANTICORPS.





Suite de l’explication des différents tests disponibles pour la détection du virus, ou de contamination éventuelles.


Alors que le test antigénique visait à détecter la présence du virus dans les échantillons, la recherche d’anticorps vise, elle, à évaluer si une personne a été ou non en contact avec le virus. En ce sens, un test positif, montrant qu’un patient héberge des anticorps anti SARS-CoV2 ne signifie pas que ce patient est porteur du virus.

La détection d’anticorps anti SARS CoV2 se fait dans des prélèvements sanguins. Il existe plusieurs méthodes possibles, celle que je décris ci-dessous porte le joli nom d’ELISA (acronyme anglais pour technique « immuno-enzymatique sur support solide ») et pour être précis ELISA indirecte.



Le test repose sur l’utilisation de plaques en matière plastique, porteuses de cupules. Ces plaques existent en différents modèles, mais celles qui sont présentés sur la figure ci-dessus mesurent environ 13 x 8,5 cm et comportent 96 micro-puits. 


Le fond de chaque puits est revêtu de composants du virus SARS-CoV2, généralement des protéines (schématisées par des hexagones gris ci-dessus). L’extrait sanguin (sérum ou plasma) de la personne à tester est apporté dans le micropuits. Si la personne porte des anticorps anti-virus (en vert, panneau de gauche sur la figure), ces anticorps réagissent avec les composants protéiques du virus fixés au fond du puits, et vont s’y « accrocher ». Le sérum ou plasma est ensuite éliminé, le puits lavé, et on ajoute ensuite un anticorps anti-anticorps humain (en bleu) couplé à système de détection (en rose ; dans le vrai test tous ces produits sont incolores !). Si le patient portait des anticorps anti-SARS-CoV2, ceux-ci sont restés fixés au fond du puits « attachés » aux protéines virales, malgré les lavages, et ils sont donc reconnus par l’anticorps anti-anticorps humain. Il reste alors, après lavage de l’anticorps anti-anticorps humain, à activer le système de détection qui diffère selon les fabricants de kits de détection. Ce système peut être une enzyme produisant par son activité un composé coloré (voir la micro-plaque, tout en haut : le composé produit est jaune). Si le patient n’a pas d’anticorps anti-SARS-CoV2, rien ne s’est accroché au fond du puits sur les protéines virales, l’anticorps anti-anticorps humain ne se fixe donc pas, et on ne détectera donc aucun composé coloré dans le micro-puits.

L’intérêt des la technique ELISA est d’être sensible, plutôt spécifique, et dans certaines conditions, de fournir une estimation de la quantité d’anticorps présent dans le sang du patient. Le résultat est disponible en 2 heures environ. La détection se fait visuellement, sans appareillage coûteux, et la mise en œuvre est à la portée de tout technicien biologiste formé. Point remarquable, cette technique peut aussi être automatisée, permettant dès lors de réaliser plusieurs centaines de tests par jour, voir plusieurs milliers avec un instrument « tournant H24 ». Néanmoins, dans ce cas, le coût des robots est élevé mais peut se justifier dans le cadre de campagnes massives de dépistage ou dans le cadre d’un regroupement de labos d’analyse. Inconvénients : les kits de détection, et en particulier les produits permettant de réaliser la réaction colorée (ou lumineuse) sont chers. La technique nécessitant du matériel de labo et des condition d’incubation contrôlées, elle n’est pas la plus simple à mettre en place sur le terrain.

Je rappelle ce que j’écrivais plus haut : la présence d’anticorps dans le sang (donc la séropositivité au SARS-CoV2) ne signifie pas que la personne testée est porteuse du virus, mais simplement qu’elle a été en contact avec ce virus. Par ailleurs, et c’est là tout son objet, les personnes non contaminées par le virus, mais vaccinées, porteront également, si leur système immunitaire a répondu, des anticorps dirigés contre certains composants du virus. Ces personnes seront donc également « séropositives ».

Je sais que ce type d’article est parfois compliqué à comprendre en dépit des efforts de clarté que je tente de faire. Si ces questions vous intéressent, ou si vous avez besoin de précision, il est toujours possible de me contacter en renseignant les cases « pour me contacter », tout en bas à droite des pages de 10 articles, à côté des statistiques de fréquentation.



Crédits illustration :

Laboratory techniques to evaluate the antibody immune response in the pig. Pig333.com.
https://www.pig333.com/articles/laboratory-techniques-to-evaluate-the-antibody-immune-response-in-the_13898/

Société VWR ; Plaque 96 puits.
https://be.vwr.com/store/product/fr/2058319/plaques-de-culture-cellulaire-a-96-nbsp-puits



samedi 13 mars 2021

SARS-COV2 : COMMENT LE DETECTER.
I. LE TEST ANTIGÉNIQUE.




Nous avons presque tous entendu parler des tests permettant la détection du virus responsable de la CoViD-19. Il existe 3 catégories de tests, un test de recherche d’anticorps dans le sang des patients, un test antigénique qui vise à rechercher des éléments du virus dans un prélèvement naso-pharyngé, et un test RT-PCR qui a pour objectif de repérer des éléments du génome viral dans le même type de prélèvements. Je me suis dit que quelques explications autour de ces tests pourraient éventuellement intéresser les lecteurs de ce blog. Je commence aujourd’hui par le test antigénique.

Ce test a pour objectif de rechercher des antigènes viraux qui sont essentiellement les protéines qui constituent la coque du virus. Au travers de la recherche de ces antigènes, c’est donc la présence du virus qui est analysée. À partir du prélèvement naso-pharyngé réalisé en général au moyen d’un petit écouvillon flexible, le biologiste, médecin ou pharmacien responsable du test procède à l’extraction d’éventuelles particules virales par simple imprégnation avec une solution appropriée, et il ajoute ensuite à cette solution un anticorps qui reconnaît spécifiquement les protéines du SARS-CoV2. Cet anticorps est couplé à une substance colorante. Sur le schéma ci-dessous, cet anticorps couplé est représenté en vert, et le colorant en orange foncé. Dans le cas où le patient héberge des particules virales (partie gauche de la figure), l’anticorps couplé au colorant reconnaît ces particules virales (représentées sous forme d’un hexagone gris foncé) et forme un complexe anticorps-virus. Si le patient n’est pas contaminé (partie droite de la figure), l’anticorps couplé ne forme aucun complexe.



L’ensemble de la solution est ensuite déposé sur un petit dispositif en plastique qui renferme une bandelette sur laquelle sont fixés à un endroit un autre anticorps reconnaissant spécifiquement les protéines du virus (en vert foncé sur le schéma), et à un autre endroit un anticorps reconnaissant les anticorps utilisés dans le test (en bleu sur le schéma - dans la réalité, ceux-ci sont bien sûrs invisibles). Le dépôt liquide imprègne progressivement la bandelette et tous les éléments qu’il contient migrent à partir de la zone de dépôt. La migration des anticorps couplés, complexés ou non au virus, s’arrête au niveau de l’anticorps anti-anticorps antivirus sur la bandelette, ce qui provoque une accumulation visible du colorant, et l’apparition d’un trait, ici orange. Ce trait apparaît au niveau du repère C : contrôle. Si anticorps couplé se trouvait complexé par la présence du virus, une partie de ce complexe aurait aussi arrêté sa migration au niveau de l’anticorps antivirus fixé, provoquant également l’accumulation du colorant et l’apparition d’un second trait. Ce second trait apparaît au niveau du repère T : test.

Ce type de test antigénique, appelé test immuno-chromatographique, est utilisé pour la détection du SARS-CoV2 et d’autres virus, mais également dans certains tests de grossesse et dans des tests de détection de substances stupéfiantes par les forces de l’ordre. L’avantage de ce type de test et qu’il ne nécessite pratiquement aucun matériel, peu ou pas de connaissances techniques, et qu’il peut être réalisé par toute personne un tant soit peu soigneuse. Il est également relativement rapide puisque la migration des composés peut prendre, selon le type de support, le type d’anticorps, etc. de 5 à 30 minutes environ. Il est également relativement peu coûteux. Dans le cas de la détection du SARS-CoV2, la seule étape délicate est le prélèvement qui doit être fait par du personnel formé. Comme on ne peut pas tout avoir, ces tests antigéniques présentent cependant quelques défauts, le premier d’entre eux étant d’être moins sensible généralement que des tests PCR. Certains d’entre eux sont également relativement sensibles à la température et ne doivent pas être utilisé sur le « terrain » par exemple par grand froid. Un certain nombre de « faux positifs » a également été observé dans les tests anti SARS-CoV2, sans qu'aucune explication précise puisse être donnée. Ces tests sont donc essentiellement des tests rapides d’orientation qu’il est nécessaire dans certains cas de confirmer par des tests plus fins de type PCR.

Je sais que ce type d’article est parfois compliqué à comprendre en dépit des efforts de clarté que je tente de faire. Si ces questions vous intéressent, ou si vous avez besoin de précision, il est toujours possible de me contacter en renseignant les cases « pour me contacter », tout en bas à droite des pages de 10 articles, à côté des statistiques de fréquentation.


Crédit illustration :




vendredi 12 mars 2021

FAUT P'TET FAIRE QUELQ' CHOSE...


Ce n'est pas l'histoire d'un mec, comme aurait dit Coluche, mais celle d'un dépôt signalé vers Noël en mairie...

Ce beau tas, confortablement installé sur le CR 17 entre Chardonnet et la rue du ruisseau (dite route neuve) trône sur ce site depuis un peu avant Noël. Je l'ai signalé en mairie vers cette date, et l'on m'avait assuré à l'époque qu'il serait traité à la rentrée de janvier.  Mi-janvier, je repasse dans le secteur, le dépôt est toujours là. Je le signale de nouveau. Les secrétaires m'indiquent avoir déjà transmis l'information. Elles me promettent de la retransmettre de nouveau aux élus et services technique et je le dis tout net, j'ai toutes raisons, connaissant leur sérieux, de penser (j'en suis même sur) que cela a été fait. Je repasse deux fois en février, toujours ce beau tas, que je re-signale en marie et possiblement à l'élu d'astreinte (à cette date ou plus tôt, je ne me le rappelle plus). Enfin hier, je me promène de nouveau sur ce chemin, et qui vois-je ? Toujours le même tas. Dis donc, il n'avait pas bougé d'un pouce !

Bon, j'entends bien qu'il a y du fibrociment là-dedans, cela est visible. Par conséquent l'enlèvement ne peut être réalisé par les services techniques de Forges. Mais quand même ! En presque trois mois, j'ai du mal à comprendre que l'on n'ait pas réussi à trouver une entreprise agréée pour cela. Pour avoir eu à traiter ce genre de chose, régler cela en quinze jours est difficile, voire impossible, mais en un mois, un mois et demi au plus, c'est faisable. 

Va donc peut être falloir se remuer un peu pour retirer tout cela, non ?



lundi 8 mars 2021

FAVORITISME ET TRAFIC D’INFLUENCE




Des marché truqués, des devis bidons, des pressions pour choisir tel ou tel intervenant dans le cadre de contrats de travaux. Bravo, belle mentalité !

Petit inventaire rapide : des commandes passées à des entreprises de la région sans vraie remise en concurrence, des pressions sur des cadres administratifs pour choisir telle ou telle entreprise, des devis de complaisance permettant de favoriser une société amie qui apparaîtra mieux-disante, un achat immobilier au bénéfice d’un édile... Toute cette liste de malversations auxquels se livrent certains élus a conduit à la saisine de la chambre régionale des comptes. Impliqués, le maire, des adjoints, un président d’EPCI (établissement public de coopération intercommunale). Comment s’étonner du « tous pourris » sur lequel prospère la droite la plus extrême ? Mais rassurez vous, bonnes gens, pour le moment tout cela se passe à Nîmes...


Référence :

Abdelhak El Idrissi. Maire condamné, président de la métropole bientôt jugé : les affaires qui empoisonnent la ville de Nîmes. France Info. Mars 2021.
Consultable en ligne :
https://www.francetvinfo.fr/societe/affaire/enquete-maire-condamne-president-de-la-metropole-bientot-juge-les-affaires-qui-empoisonnent-la-ville-de-nimes_4321233.html


Crédit illustration :

Le blog de Maître Sébastien Palmier

jeudi 4 mars 2021

DÉSIGNÉ VOLONTAIRE !

 



Certaines associations forgeoises viennent de recevoir un document surréaliste de la part de la nouvelle municipalité, dans le cadre des demandes de subventions qu’elles avaient formulées. Explications.


En fin d’année, voire au début de l’année suivante, les associations qui le souhaitent font remonter à la mairie leur demande de subvention. Ces subventions ne constituent pas une obligation, et elles ne sont pas dues par la municipalité aux associations. Il s’agit seulement d’un coup de pouce financier permettant aux dites associations d’acheter du matériel, d’organiser des évènements, bref de remplir leurs objectifs, donc de satisfaire leur adhérents. En termes de montant, il s’agit d’une aide financière qui reste dans la plupart des cas des associations forgeoises, hors MCL, assez modeste, de quelques dizaines à quelques centaines d’euros, rarement plus du millier d’euros.

Le bénéfice de ce soutien est bien entendu pour l’association et ses membres qui trouvent leurs conditions d’exercice de leur sport préféré, hobby, ou simplement activité, améliorées. La contrepartie naturelle et tacite de ce soutien est qu’il bénéficie également à la commune, puisque des adhérents heureux font des associations heureuses, et des associations heureuses font une commune où le lien social, le vivre ensemble, et tout simplement la vie s’épanouissent.

Ce « contrat moral » vient d’être rompu par la nouvelle municipalité qui a adressé à certaines associations (et peut-être à toutes mais je ne peux le vérifier*) un « cadre de partenariat » liant les dites associations à ladite commune. Ce document, très administratif et très juridique, d’une douzaine de pages comporte un certain nombre d’articles très contraignants et potentiellement délétères pour les associations, mais parfaitement enrobés dans un discours vantant l’équité, la transparence, et l’efficacité des euros dépensés. Juste un mot sur ce dernier point : pour avoir entendu pendant des années dans le cadre de mon activité professionnelle le terme « efficacité de l’euro investi », je sais qu’il cache un double piège. Le premier est qu’il est impossible de nier le fait que les deniers publics doivent effectivement être dépensé de façon judicieuse, annihilant ainsi la possibilité de contester toute décision prise au nom de cette « efficacité économique ». Le second piège est que, derrière ce terme, se cachent en général des politiques néfastes, essentiellement fondées sur des restrictions budgétaires.

Pour revenir aux propositions de la commune, je n’en citerai que 3 ou 4 pour illustrer mon propos. La première est que la commune se propose de louer aux associations les locaux communaux dès lors que ceux-ci sont utilisés plus de 2 fois par an pour des événements tels qu’assemblée générale, fête de Noël, fête de fin d’année, repas annuel... Dans le même ordre d’idées, il sera dans certaines conditions demandé aux associations de prendre en charge le coût spécifique des services de sécurité incendie et d’assistance à personnes lors de manifestations. Ceci confirme ce que j’écrivais plus haut au sujet du piège que constituait l’inénarrable « efficacité de l’euro dépensé ».

Plus vicieux que cela, cette convention cadre précise qu’en échange du droit d’entreposer leur matériel dans leurs locaux, les associations s’engagent à le prêter gracieusement à la commune, même si ce matériel leur appartient en propre et ce, sans compensation d’aucune sorte, et sans aucun engagement de la commune sur ce matériel s'il venait à disparaître ou à être volé. Enfin, cerise sur le gâteau, et bien caché dans le dans la débauche de galimatias juridique, les associations, en échange des subventions obtenues, s’engagent à participer bénévolement, certes dans la mesure de ses possibilités, aux manifestations organisées par la commune. En d’autres termes, par le biais de versement de subventions, la nouvelle municipalité demande tout simplement aux associations de lui fournir un volant de bénévoles dans le cadre des manifestations qu’elle organise.

Le point que j’évoque ci-dessus démontre à mon sens une incompréhension complète du rôle des bénévoles et des associations. Tout d’abord, certains bénévoles peuvent déjà passer beaucoup de temps au sein de l’association et y dépenser beaucoup d’énergie. Ce don de temps et de travail se fait, comme je l’expliquais plus haut, au bénéfice de l’association et de ses adhérents, mais également et par voie de conséquence au bénéfice de la commune. Comment oser ensuite demander à des gens qui passent déjà beaucoup de temps dans une démarche d’intérêt général de participer toujours plus ? Cette volonté de la nouvelle municipalité démontre également l’incompréhension qu’elle a du bénévolat. Outre le fait qu’un bénévole ne soit pas taillable et corvéable à merci, son activité ne peut être le fait d’une démarche contrainte et forcée, mais celle de la libre adhésion à un projet auquel il ou elle adhère. Si la commune recherche des bénévoles, à elle d’organiser des événements qui susciteront l’adhésion naturelle des personnes, tout en sachant que l’exemple doit venir d’en haut, donc des élus eux-mêmes. À la commune également de répondre rapidement, complètement, et avec la transparence qu’elle revendique, aux demandes venant des associations. Aujourd’hui, ceci est encore loin d’être le cas...

* Note ajoutée le 8 mars à 16H00 :

Certaines associations ne semblent pas avoir reçu la proposition de "contrat", ni même un mail leur demandant de retourner leur demande de subvention. Belle équité de traitement !

Crédit illustration :

Alsy. Les Moutons. Make managment great again ! Editon : Renaissance du livre. 



mercredi 3 mars 2021

Y AURA-T-IL ENCORE UNE FÊTE DE LA CHÂTAIGNE À FORGES ?





Cet article ne fait pas référence à l’impact de la CoViD-19 sur nos vies ou plus précisément sur la vie communale et l’organisation des différents d’événements qui la rythment. Je m’inquiète ici de la santé des châtaigniers qui occupent une grande partie des espaces forestiers de notre commune.


Notre région, et plus particulièrement la commune de Forges, héberge plusieurs plantations de châtaigniers. Contrairement à une idée reçue, ces arbres dans nos forêts ne sont pas là par hasard. De très nombreux individus ont en effet été plantés à des fins alimentaires. Les premiers individus auraient été installés il y a plus de 300 ans dans nos régions, probablement par des forestiers venus de l’Ardèche. À l’époque, les récoltes de céréales étaient aléatoires. La plantation de ces châtaigniers permettait donc de compenser par le biais de la production des châtaignes, elle relativement constante, les mauvaises récoltes de blé. Ces plantations sont reconnaissables de 2 façons. Tout d’abord les arbres qui la constituent ont en général été plantés alignés, permettant une gestion plus simple du « verger ». Ensuite, ces arbres sont tous des arbres greffés que l’on peut repérer à l’existence du bourrelet de greffage se situant à la partie supérieure du tronc, en dessous du point d’apparition des branches.

Il se trouve que depuis quelques années, le châtaignier en Île-de-France (et de façon plus large dans tout le nord-ouest de la France) est victime de la maladie de l’encre, résultant de l’attaque d’un micro-organisme longtemps classé comme champignon, et qui provoque progressivement son dépérissement. Les coupables s’appellent Phytophthora cambivora et Phytophthora cinnamomi. Ils appartiennent à une classe de micro-organismes filamenteux renommés oomycètes, qui regroupe plusieurs pathogènes de végétaux dont les agents du mildiou, ou ceux de maladies globalement appelées « fonte des semis » (1).

En dépit de son manque de moyens humains criants, l’Office national des forêts (ONF) suit l’évolution de la situation sur plusieurs sites, de façon très fine. À l’aide de relevés satellitaires, l’office détermine ainsi les zones où il sera nécessaire de procéder à l’abattage des arbres (2). En effet, aujourd’hui, il n’existe pas de traitement miracle permettant d’enrayer la progression de la maladie. La solution dont disposent les forestiers est essentiellement celle de la suppression des individus malades et leur remplacement par des espèces non sensibles aux pathogènes. Un des sites très surveillés est la forêt de Montmorency au nord-ouest de Paris. Dans cette forêt, plus de 60 % des surfaces où le châtaignier est présent hébergent des individus malades et environ 20%, des zones où châtaigniers sont très gravement atteints, voire déjà morts (2). La maladie a également été repérée dans les forêts de la Malmaison et de Marly le Roi. La forêt de Rambouillet semble être moins touchée car le nombre de châtaigniers est beaucoup plus limité.

La crainte pour Forges résulte du fait que certaines zones forestières sont très largement plantées en châtaigniers, et du fait que la proximité des individus facilitent la propagation de la maladie. Celle-ci semble également aggravée par différentes caractéristiques liées au changement climatique tel qu’hivers plus doux, forte pluviosité printanière favorisant le développement et les mouvements du pathogène, et sécheresse estivale affaiblissant les arbres, autant d’événements dont nous vous avons pu constater l’occurrence au cours des années passées. Par ailleurs la plupart des zones forestières de notre commune relèvent du domaine privé et certaines appartiennent à des propriétaires qui n’en assurent pas l’entretien. Il suffit de se promener sur les chemins ruraux et pour constater l’état de chablis de certaines de ces zones, et la présence d’individus jeunes dans des zones fortement dominées par nombre d’individus à maturité dont la présence suggère l’absence de gestion forestière rationnelle. Il y a donc un risque non négligeable de voir se développer la maladie de l’encre dans les forêts alentour. Espérons que nous n’en arriverons pas à la situation des forêts de Montmorency ou de Marly le Roi dans lesquelles, et à certains endroits, plus de 80 % des châtaigniers devront être abattus. Si tel devait être le cas, les prochaines fêtes de la châtaigne (pour autant qu’elles soient maintenues par la nouvelle municipalité) pourraient sembler bien tristes...


Références :

1. Les oomycètes. Au jardin.
https://www.aujardin.info/fiches/oomycetes.php

2. Pour plus d’informations sur la maladie de l’encre, voir les articles suivants sur le site de l’ONF :
https://www.onf.fr/onf/+/a1c::les-chataigniers-dile-de-france-sous-surveillance-spatiale-quand-la-technologie-se-met-au-service-des-forets.html
https://www.onf.fr/onf/+/a0a::face-lencre-du-chataignier-des-coupes-et-des-reboisements-necessaires-en-foret-de-montmorency.html
https://www.onf.fr/onf/+/989::la-foret-domaniale-de-lamalmaison-touchee-par-la-maladie-de-lencre.html
https://www.onf.fr/onf/+/878::la-foret-domaniale-de-marly-touchee-par-la-maladie-de-lencre.html

Crédit illustration :


Ysatys Nadji - ONF
https://www.onf.fr/onf/+/878::la-foret-domaniale-de-marly-touchee-par-la-maladie-de-lencre.html



samedi 27 février 2021

L’ÉTRANGE PROJET DE LA CCPL POUR LA ZONE TDF DES MOLIÈRES





Pour être honnête, cette nouvelle n’est pas de la première fraîcheur mais je la pense intéressante...

Il y a quelques mois, le bureau communautaire de la CCPL, instance regroupant les vice-présidentes et vice-présidents de la communauté de communes ainsi que les maires non vice- présidents, a été informé du projet d’ouverture d’un site d’entraînement du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), unité d'élite de la gendarmerie nationale française, dans la zone dite TDF des Molières. Pour ceux qui ne situent pas trop le lieu, celui-ci se situe entre Les Molières et Limours, et est accessible à partir de Gometz par la RD 988 et par la petite route dite rue des fonds d’Armenon. C’est à cet endroit que se trouve aussi l’entreprise Pachamanaï. Le site choisi aurait été celui des anciens bâtiments TDF.

Inutile de dire que le projet présenté au bureau a interpellé vivement le dit bureau, d’autant que le maire des Molières, M. Yvan Lubraneski et plusieurs autres membres de cette instance ne semblaient pas avoir été informés de son existence. Ceci est pour le moins surprenant ! Rapidement cependant, les discussions ont fait ressortir que l’implantation proposée se situait dans l’immédiat voisinage des locaux de la Lendemaine, ferme agricole associée et foyer d’accueil médicalisé pour personnes diagnostiquées autistes (1). Ces mêmes discussions et des informations complémentaires ont fait ressortir que le lieu d’entraînement du GIGN pourrait impliquer des opérations de tirs d’armes à balles réelles, ou l’usage de grenades de différents types. Même en soignant l’isolation phonique, les nuisances et surtout l’incompatibilité avec le projet de la Lendemaine ont donc semblé trop fortes aux élus de la CCPL qui ont repoussé le projet, ce qui a été confirmé en assemblée communautaire.

Si l’anecdocte n’avait pas impliqué pas la santé de personnes fragiles, on aurait pu la trouver plaisante, voire comique. Sans jeu de mots, le boulet n’est pas passé loin. Ceci dit, l’histoire se finit bien, la sagesse des élus de la CCPL l’ayant emporté. Rassurant malgré tout !


Référence :

1. Pour mieux comprendre le projet de La Lendemaine, voir leur site :
https://www.la-lendemaine.fr/


Crédit illustration : 

Page Wikipédia GIGN
Auteur : Domenjod — Travail personnel, CC BY-SA 4.0

mercredi 24 février 2021

À PROPOS DU POSSIBLE FUTUR LOTISSEMENT DE LA RUE DE VAUX...



Il circule actuellement des rumeurs infondées concernant le futur lotissement de la rue de vaux, à Forges. Ce court article est destiné à faire le point sur ces rumeurs et rétablir quelques éléments de vérité.

Il m’a été rapporté voilà quelques jours, par des habitants de la rue de vaux (secteur nord), que la nouvelle municipalité propageait en ville l’information selon laquelle le nouveau possible lotissement, prévu entre la rue de vaux et la rue du Général Leclerc, avait été décidé par la précédente municipalité. Selon ces rumeurs, ce lotissement représenterait une cinquantaine de logements surmontant un ensemble de parkings souterrains.

Je démens ici formellement ces soi-disant informations et souhaite rétablir la vérité et la chronologie des faits. L’ancienne municipalité a bien été contactée au mois de juin 2020 par un promoteur désireux d’implanter sur les terrains mentionnés ci-dessus un lotissement. Il s’agissait de définir une date de rendez-vous sur site. L’ancienne équipe a estimé qu’il n’était pas raisonnable, en responsabilité et à quelques jours du second tour des municipales, de décider de quoi que ce soit pour l’avenir urbanistique de ce site. Elle a considéré que ceci serait du ressort de la nouvelle équipe municipale, lui laissant ainsi la possibilité de choisir ce qui semblerait bon pour la commune. Elle a alors simplement mandaté le service urbanisme et le service technique pour alerter le promoteur sur les difficultés d’urbanisation liées aux contraintes physiques des réseaux et de la voirie. Il n’y a donc eu, je l’écris ici en toutes lettres et en gras, aucune décision de lotissement de ce site prise par l’ancienne équipe municipale.

Il existe un moyen simple de vérifier ce que j’écris. La réglementation prévoit que si un lotissement sortait de terre à cet endroit, il devrait avoir fait l’objet d’un permis d’aménager. Ce permis est un document administratif délivré par la mairie. Distinct du permis de construire, il définit les travaux portant sur le sol et son aménagement. A ce jour, je n’ai aucune information sur l’existence d’un tel permis d’aménager, nécessaire à la création du lotissement. Néanmoins si ce projet devait avancer, il ferait suite à la délivrance de ce permis, dont je rappelle qu’il est un document public consultable en mairie par tout citoyen qui en fera la demande. Il sera donc possible constater de visu que celui-ci aura été signé - sans aucun doute - par un des membres de la nouvelle équipe municipale, démontrant ainsi son implication dans ce projet, quel qu'en soit le dimensionnement final.   

Faire porter la responsabilité de ses actes à d’autres est a minima une absence de courtoisie mais c’est également et surtout la preuve d’une immaturité avérée et d’une malhonnêteté intellectuelle certaine. D'autant qu'il existe des solutions alternatives pour éviter le développement d'un tel projet si on estimait qu'il n'était pas souhaitable pour la commune. 

lundi 22 février 2021

UNE JOURNÉE DE SOLIDARITÉ À FORGES ?



Selon des informations concordantes, la nouvelle municipalité souhaiterait organiser une journée de solidarité communale, destinée à montrer ce qui se ferait à Forges. Si cette volonté semble démontrer de « bons sentiments » en regard de la solidarité, la proposition de la mairie soulève cependant quelques interrogations et remarques.

En premier lieu, je m’interroge au sujet de la date proposée qui serait celle du 1er mai. Je pense qu’il n’est besoin de rappeler à personne que le 1er mai est la date de ce que l’on appelle couramment « la fête du travail », même si son appellation exacte est la « journée internationale des travailleurs ». À l’origine, puis historiquement, cette date est le symbole des luttes du monde de travail visant à limiter l’aliénation (comme je l’écrivais dans un article précédent - 1) que constitue l’activité salariée (au sens large). Cette journée est fériée en France depuis plus de 100 ans. De nos jours le 1er mai reste l’occasion de rappeler aux détenteurs des pouvoirs politique et économique (qui sont souvent les mêmes) les revendications principalement syndicales, sous forme de manifestations parfois unitaires. Ceux qui comme moi ont participé à quelques défilés auront sans doute noté une certaine propension récente des forces de l’ordre à user de façon disproportionnée de techniques d’encerclement et de tirs de grenades lacrymogènes au milieu de manifestants pacifiques. Dans le même temps les actions de casseurs et autres « black blocks » semblent, elles, rester très curieusement relativement impunies. Tout se passe donc comme si le pouvoir en place s’évertuait à décourager ces manifestations, indépendamment des considérations sanitaires récentes... En lien, je ne peux m’empêcher de voir dans le choix de la date du 1er mai par la municipalité de Forges une certaine forme de mépris pour les revendications du monde du travail. J’avais d’ailleurs déjà eu ce sentiment lorsque le terme de preneur d’otage avait été utilisé par des membres de l’actuelle majorité pour qualifier une enseignante malade de la CoViD ou susceptible de l’être (2).

Ma seconde remarque concerne ce qu’à mon sens est la solidarité et la façon dont elle s’exerce dans une commune. La notion de solidarité est en effet une notion large qui recouvre différents aspects de la vie communale. Il ne s’agit pas seulement du portage des repas aux plus anciens, ou des actions que peut mener le centre communal d’action sociale (CCAS), ou de la mise en place d’un quotient familial pour la cantine ou les sorties scolaires… La solidarité c’est aussi, par exemple et au hasard, de faire en sorte que la commune soit en capacité d’offrir une offre de logement adaptée et diversifiée, avec du logement d’urgence, du logement social, de l’accession aidée à la propriété, et de l’accession privée à la propriété. C'est aussi de ne pas exclure les associations forgeoises du marché de Noël (2). En effet,  la solidarité s’exerce également au niveau associatif. Nous avons la chance ici de disposer d’un important terreau associatif qu’il serait totalement contre-productif de stériliser (voir mon article sur le marché de Noël - 3). Outre les activités sportives et leurs clubs, les activités culturelles et les associations telles que la « MCL », « l’AMM » ou « Coup de pouce » participent également à la création de liens sociaux. Des associations telles que « l’autre bureau » ou « Forges en transition » qui comme je le dis habituellement cochent toutes les cases du développement durable, sont également génératrices de ces liens sociaux, mais aussi de synergies, de vivre-ensemble au quotidien. Tout cela pour dire que la solidarité s’inscrit, dans une commune, « horizontalement » dans toute une série d’actions et « verticalement » dans un temps long, bien loin de la vision « journée de solidarité » proposée. En sus, la solidarité ne se décrète pas, mais elle s’organise non pas au travers de la volonté de piloter d'en haut telle ou telle activité, en en décourageant d'autres, mais en accompagnant au quotidien, sans intention inquisitrice ou prédatrice, les forces vives et associatives de la commune qui sont les véritables acteurs de la solidarité au quotidien... 


Références : 

1. Le travail est une aliénation

2. Un professeur malade (ou gréviste) n’est pas un preneur d’otages !

3. À Forges, le marché de Noël oublie le sens du mot solidarité.


Crédit illustration :

Bernard Vigneron de Milkinz. Blog L'humour libre.
D'après Le Chat de P. Geluck.
http://trop-gonfle-trop-pamphlets.over-blog.com/2017/02/generosite-devant-une-personneu-on-tente.html



samedi 20 février 2021

RECHERCHE SCIENTIFIQUE. II. LA DÉMARCHE EXPÉRIMENTALE

 
                             


Dans ce nouveau chapitre, je présente au travers d’un exemple plausible de questionnement scientifique, la façon dont les chercheurs travaillent à la production de résultats. Cette section est plus concrète que la précédente qui détaillait les grands principes sur lesquels s’appuie l’activité de recherche ; elle décrit comment ces principes sont mis en œuvres au laboratoire.


Pour replacer l’article dans son contexte, je rappelle que l’activité de recherche consiste, à pâtir d’une observation, à émettre des hypothèses explicatives testables, qui seront donc ensuite validées ou non par l’expérimentation. Je prends ici l’exemple d’un sol pollué par un produit que l’on appellera A. Des scientifiques ont isolé de ce sol un micro-organisme qui présente la capacité de dégrader le produit A. À partir de cette observation, et afin de développer des procédures de dépollution efficaces, on souhaite étudier la façon dont ce micro-organisme métabolise ce composé. On émet donc, compte tenu des connaissances disponibles en chimie, biologie, biochimie, l’hypothèse la plus simple, relative à la façon dont le produit A est dégradé. Elle propose que le produit A est dégradé par le micro-organisme en produit B, ceci impliquant l’intervention du composé X, naturellement présent chez les micro-organismes, et transformé lors de cette réaction en Y. Cette proposition est résumée par le dessin ci-dessous.
 


Pour tester cette hypothèse, il faut donc vérifier la formation de B lorsque l’on ajoute A à un extrait du micro-organisme (un « broyat » pour simplifier), et montrer que dans le même temps X donne Y. Nous disposons des tests ad hoc pour vérifier que X donne Y, ainsi que pour A donne B. L’expérience consiste alors à ajouter dans un micro-tube à essai une solution dite tampon (qui permet le contrôle entre autre de l’acidité du milieu et assure sa stabilité lors de la réaction attendue), l’extrait du micro-organisme (également stabilisé par la présence du tampon), ainsi que les produits A et X. On mesurera la transformation au cours du temps de X en Y, la formation de B, ainsi que, éventuellement, la disparition de A.

Premier élément de démarche : la nécessité des contrôles (aussi appelés témoins négatifs). Pour lever tout doute sur la réalité des processus, et l’absence de biais, la démarche implique d’effectuer également, notion expérimentale très importante, des expériences dites de contrôle. Ainsi, dans l’exemple présenté, on réalisera trois contrôles constitués du mélange décrit plus haut mais sans l’extrait microbien, ou sans le composé A, ou sans le composé X. Le premier permet de s’assurer que la production des composés B et Y est bien due à l’extrait microbien, les deuxième et troisième que les composés A et X sont bien impliqués dans la réaction, comme postulé. Lors de l’expérimentation, les résultats montrent que sans l’extrait, sans A ou sans X, ni B ni Y n’apparaissent. Ceci est conforme à l’hypothèse proposée.

Deuxième élément de démarche : « toute chose égale par ailleurs ». Dans ce que je décris ci-dessus, on constatera que les témoins négatifs en font varier qu’un seul des paramètres expérimentaux à la fois. Cet élément de démarche est également fondamental. On comprend en effet intuitivement que lorsque plusieurs paramètres varient simultanément, l’analyse de causalité, qui permet de dire quel est l’implication d’un paramètre particulier est soit plus difficile, soit parfois impossible. Dans le cas d’expérimentation de laboratoire, il est donc toujours préférable de ne faire varier lors de chaque contrôle, ou chaque expérience d'ailleurs, qu’un seul des paramètres, les autres paramètres restant inchangés, une approche que l’on résume par expérimenter « toute chose égale par ailleurs ».

Troisième élément de démarche : la répétabilité. Poursuivant dans l’exemple pris, l’expérience dans laquelle l’extrait, A et X sont présents, permet de mettre en évidence la disparition de A et la transformation de X en Y mais ne permet pas de constater la production de B. Le fait que B ne se forme pas pourrait invalider l’hypothèse proposée, mais pour en être sur il faut d'abord répéter l'expérience et s’assurer que le résultat ne provienne pas d’une erreur triviale. Par exemple, l’expérimentateur pourrait avoir oublié d’ajouter A à son essai, ce qui nous replacerait dans le cas du témoin négatif présenté ci-dessus. Dans notre exemple, l'expérimentateur recommence donc l'expérience et elle ou il observe que les résultats de ce second essai sont identiques à ceux du premier.

Quatrième élément de démarche : l’approche essai-erreur. Le dernier résultat obtenu ne permet donc pas de valider l’hypothèse proposée, même si les témoins négatifs sont bien négatifs, et que la production de Y ait été montrée lors de l’expérience. Il est donc nécessaire de considérer que l’hypothèse première est fausse. La démarche consiste à en proposer une seconde, qui tient non seulement compte des données de chimie, biologie, biochimie, connus, comme précédemment, mais également du fait que l’expérimentateur a trouvé, quand bien même l’hypothèse première n’a pas été validée, que le métabolisme de A doit impliquer le composé X. Dans notre exemple, supposons qu’on ne puisse, compte tenu des connaissances disponibles, postuler une dégradation en une étape. Il devient nécessaire de complexifier l’hypothèse et proposer une dégradation en deux étapes. Cette seconde hypothèse présentée ci-dessous propose que A serait transformé en C et C en D, la transformation de X en Y se faisant soit à la première étape soit à la seconde (soit au cours des deux, non figuré). L'expérimentation, conduite selon les mêmes principes que ceux indiqués ci-dessus permettra de trancher parmi ces hypothèses.


Ce processus itératif où une hypothèse est testée, puis une autre si la première n’est pas valide, puis éventuellement une troisième, etc., est appelé essai-erreur. Il est consubstantiel à la démarche scientifique, et de façon plus générale, aux processus d'apprentissage. Il me faisait dire à mes étudiants que nous étions les seules personnes au monde payées pour se tromper, avec une petite contrepartie : celle, sinon de savoir pourquoi nous nous étions trompés, de proposer une explication plausible ! 

Le second élément décrit plus haut, à savoir la répétabilité, s’applique également - et tout autant - lorsque l’expérimentation a validé l’hypothèse proposée (ou tout au moins ne l'a pas infirmée). Même dans ce cas, et même si on en plaisante au laboratoire en disant « ne jamais répéter une expérience qui a fonctionné », c’est bien entendu la proposition de vérification qu’il faut retenir. Cette notion de répétabilité est très importante et elle conditionne d’ailleurs la façon dont seront diffusés les résultats obtenus auprès de la communauté scientifique, par le biais de publication dans des journaux. Un résultat de recherche n’est jamais vraiment définitif et pour être accepté comme tel (pour autant que quoi que ce soit soit définitif en science) et  représentatif d'une « vérité », il doit avoir été validé par d’autres. La « vérité scientifique » est donc une construction contradictoire. C’est pour cette raison que le débat scientifique existe, et qu’il peut être parfois houleux, comme en atteste le cas récent des traitements de la COViD-19 par un antipaludique largement prescrit.

Le prochain article au sujet de l’activité scientifique traitera en grande partie des statistiques, plus particulièrement en biologie. 



Crédit dessin :

Jacques Rouxel (avec Jean-Paul Couturier). Les shadocks.




mercredi 17 février 2021

ISLAMO-GAUCHISME ? MADAME LA MINISTRE, UN PEU DE DÉCENCE SVP...




Madame Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, a annoncé dimache dernier sur C-News, vouloir charger le CNRS de mener une étude scientifique sur l’islamo-gauchisme qui selon elle  « gangrènerait les universités », et plus précisément de définir dans le domaine des sciences sociales « ce qui relève de la recherche et du militantisme » (1).


Je le dis tout net : ces propos sont scandaleux, et ce pour plusieurs raisons que je vais tenter d’expliquer. La première est qu’elle semble révéler le mépris total du fonctionnement de la recherche à l’université, ce qui me surprend d’autant plus que Mme Frédérique Vidal a présidé pendant plusieurs années au devenir de l’université de Nice-Sofia-Antipolis. Les recherches menées à l’université, tout comme les « angles d’attaque » relèvent de la liberté universitaire. Il est hors de question qu’un politique décide de quelque façon que ce soit de la nature ou de la conduite de ces recherches. Il pourra m’être objecté que tel n’est pas le sens des propos de Mme la ministre. Personnellement je ne suis pas sur qu’in fine tel ne soit pas le but. Mais admettons qu’il en soit ainsi... Il n’en reste pas moins vrai que les conclusions qui découlent des recherches ne sont pas « validables » par le politique ou les réseaux sociaux, mais par les pairs. C’est ainsi que se construit ce que l’on considère comme la vérité scientifique. J’y reviendrai dans les jours ou semaines qui viennent dans ma série sur l’activité de recherche.

Ma deuxième objection est que l’islamo gauchisme est une notion plus que vague. C’est d’ailleurs ce que dit la conférence des présidents d’université qui indique dans un communiqué qu’il s’agit là « d‘une pseudo-notion dont on chercherait en vain un commencement de définition scientifique, et qu’il conviendrait de laisser, sinon aux animateurs de CNews, plus largement à l’extrême droite qui l’a popularisée » (2). Sans définition claire, comment dire ce qui serait islamo-gauchiste ou non ? Par ailleurs, rappelons quand même l’histoire de ce terme. A l’origine part du jargon des sciences sociales, il est devenu depuis un terme péjoratif qui, comme l’indiquait le Pr. Jean-Yves Pranchère, philosophe, professeur à l'Université libre de Bruxelles, sert surtout « d’instrument de disqualification des gens qui défendent les droits de l'homme ». Cet idée est reprise par le Dr. Marwan Mohammed, sociologue au CNRS, qui précise « En qualifiant quelqu'un d'islamo-gauchiste, l'idée n'est pas de débattre avec lui, mais bien de le disqualifier […] Ceux qui l'emploient refusent d'envisager la complexité des phénomènes sociaux et se contentent d'excommunier leurs adversaires » (3).

Ma troisième objection concerne la bonne maison pour laquelle j’ai travaillé pendant une quarantaine d’années, le CNRS. Le CNRS n’est pas un service de police ou de gendarmerie. Il n’est pas chargé d’enquêter, cela ne fait pas partie des se trois missions essentielles qui sont l’acquisition de connaissance, la diffusion du savoir, et - depuis quelques années seulement - la valorisation de ces connaissances. Certes, le CNRS peut mener des expertises collectives. J’ai d’ailleurs contribué à ce type d’exercice, comme co-responsable d’une de ces études conduite avec les collègues de l’INRA. Mais précisément, le but de ces expertises n’est pas de formuler une opinion, ou de donner des recommandations aux décideurs, même si la saisine du CNRS résulte très généralement d’une demande d’une structure publique telle qu’agence ou ministère. Il s’agit  « simplement » de faire le point, sous forme d’une synthèse, sur les connaissances scientifiques, sur les faits acquis et les controverses, autour d’une question complexe. On est donc bien loin de l’enquête...

Quatrième remarque : la recherche à l’université se fait avec l’appui massif dudit CNRS. Les labos universitaires sont en général ce que l’on appelle des unités mixtes de recherches, regroupant l’université et ses partenaires, souvent le CNRS, mais aussi le CEA, l’INRA, l’INSERM, l’INRIA, l’IFREMER, etc., ou des instituts propres d’autres structures. J’ai explicité en quoi le CNRS n’était pas à même d’enquêter de par la définition de ses missions. Il l’est d’autant moins qu’il faudrait qu’il enquête donc également sur lui même. La plupart de mes collègues sont gens honnêtes, et je pense donc qu’ils verraient dans cette démarche un risque majeur de conflit d’intérêt...

Mon sentiment sur les propos de Madame la ministre - qui soit dit en passant est l’un des pires ministres de la recherche que j’ai connus en 40 ans tant elle a poursuivi avec zèle l’oeuvre de paupérisation de l’université et de la recherche publique entreprise par ses prédécesseurs - est que ceux-ci relèvent de la droitisation du discours de l’actuelle majorité présidentielle. Ils font ainsi suite à des propos similaires tenus par M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, reprenant quasi mot à mot la logorrhée nauséabonde du front/rassemblement national (RN). Ils font également suite aux propos de M. Gérald Darmanin, ministre de l‘intérieur, lors du débat avec M. Marine Le Pen, résidente du RN, au cours duquel le premier reprochait à la seconde sa mollesse... Ce qu’il est convenu d’appeler « la macronie » est en pré-campagne électorale et elle cible surtout son adversaire probable lors de la prochaine présidentielle, qui fait pour le moment jeu quasi égal dans les sondages avec son héraut. Dans une vision qui considère - et sans doute à assez juste titre - que la gauche est tellement divisée qu’elle n’a aucune chance d’accéder au pouvoir dans les années à venir et qu’elle est donc insignifiante, le discours, les idées issues de la macronie vont donc cibler l’extrême droite. Cette stratégie de radicalisation permettra également de prendre en tenaille, entre la République en Marche et le RN, les Républicains qui finiront par ne plus exister, sauf à rallier l’actuelle majorité ou éventuellement le RN, ce que d’aucun ont déjà commencé à faire depuis quelques années (4). Les propos de Mme Frédérique Vidal s'inscrivent donc totalement dans cette logique électorale, instrumentalisant ainsi de façon tout à fait indécente, le travail des chercheurs. Sans doute est-ce là le cadet de ses soucis !


Note ajouté le 17 février à 21H45

Le CNRS vient de publier un communiquer de presse (5) avec lequel je suis en complet accord, et dans lequel il indique ce qui suit :

« « L’islamogauchisme », slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique. Ce terme aux contours mal définis, fait l’objet de nombreuses prises de positions publiques, tribunes ou pétitions, souvent passionnées. Le CNRS condamne avec fermeté celles et ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique, indispensable à la démarche scientifique et à l’avancée des connaissances, ou stigmatiser certaines communautés scientifiques. Le CNRS condamne, en particulier, les tentatives de délégitimation de différents champs de la recherche, comme les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme de « race », ou tout autre champ de la connaissance. [...] La polémique actuelle autour de l’ « islamogauchisme », et l’exploitation politique qui en est faite, est emblématique d’une regrettable instrumentalisation de la science ».


Références :

1. Anonyme avec AFP. Islamo-gauchisme à l’université: Frédérique Vidal demande une enquête au CNRS. Le Figaro Etudiant. Février 2021.
Consultable en ligne :
https://etudiant.lefigaro.fr/article/islamo-gauchisme-a-l-universite-frederique-vidal-demande-une-enquete-au-cnrs_781f1980-707b-11eb-a0e4-387b7dca29c2/

2. Islamo-gauchisme : stopper la confusion et les polémiques stériles. Communiqué de presse. Conférence des présidents d’université (CPU). Février 2021.
Consultable en ligne :
http://www.cpu.fr/actualite/islamo-gauchisme-stopper-la-confusion-et-les-polemiques-steriles/

3. Les citations du Pr. Jean-Yves Planchère et du Dr. Marwan Mohammed sont tirées de la page Wikipedia sur l’islamo-gauchisme.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Islamo-gauchisme

4. Voir par exemple :

Anonyme avec Reuters. La liste des transfuges des Républicains vers le FN s'allonge. Capital. Septembre 2015.
Consultable en ligne :
https://www.capital.fr/economie-politique/la-liste-des-transfuges-des-republicains-vers-le-fn-s-allonge-1070107

Anonyme. Deux anciens députés LR rejoignent Marine Le Pen. Les Inrockuptibles. Janvier 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lesinrocks.com/2019/01/08/actualite/politique/deux-anciens-deputes-lr-rejoignent-marine-le-pen/

Anonyme avec AFP. Grand Est: le ralliement de deux ex RN à LR sème la zizanie
Le Figaro. Juin 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/grand-est-le-ralliement-de-deux-ex-rn-a-lr-seme-la-zizanie-20190624

5. Communiqué CNRS