dimanche 18 juillet 2021

NOUS NE SOMMES PAS EN DICTATURE !

 L'imposition d'une vaccination obligatoire pour les personnels soignants, comme la mise en place d'un passe sanitaire, n'ont strictement rien à voir avec les décisions d'un état totalitaire. Les récentes manifestations dénonçant un soi-disant régime dictatorial dans notre pays s’insupportent donc au plus haut point.

Je dis cela d'autant plus tranquillement que je ne suis en aucun cas un défenseur de l'actuel gouvernement. Je continue de penser que notre président, M. Emmanuel Macron, a été élu suite à une campagne médiatique qui l'a largement favorisé, qu'il est soutenu par le monde des grands groupes financiers et industriels, et qu'il représente donc avant tout les intérêts d'une classe dirigeante dont les préoccupations sont tout, sauf axées vers la solidarité. Je n'oublie pas que, selon lui, les aides sociales « coûtent un pognon de dingue », que les ouvriers licenciés de leur entreprise après des dizaines d'années de fidélité « ... au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes », et qu'une gare « c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien ». J'y ajoute les propos scandaleux tenus par certains de ses ministres, M. Gérald Darmanin en tête, la mise en examen récente du Garde des Sceaux, Me. Eric Dupont-Moretti, et les soupçons de conflits d'intérêt de nombreux membres du gouvernement ou des proches, dont Ms. Sébastien Lecornu, Jean-Paul Delevoy, Alexis Kohler, pour n'en citer que quelques uns. Rien de tout cela me place donc pas dans la liste des soutiens des marcheurs et de leur leader, mais tout cela confirme que nous ne sommes pas en dictature. C'est en effet parce que je peux écrire ces mots sur mon blog, citer des noms, critiquer librement sans craindre de voir débarquer la gendarmerie, la sécurité intérieure, ou une quelconque milice à ma porte, c'est parce que la justice enquête et condamne les politiques corrompus, y compris les présidents de la République, même si cela est long et compliqué, que nous nous ne vivons pas dans un état totalitaire. Les actuels manifestants s'estimant être des « lanceurs d'alerte » ou des « résistants » feraient donc bien de nuancer leur propos, d'autant que plusieurs d'entre eux ont proféré des menaces de morts contre des élus, des politiques, ou des médecins ayant exprimé leur soutien à la politique vaccinale...

Je n'oublie pas non plus les couacs, pour ne pas dire les errements de nos élites sur la question des masques ou du reconfinement, et la politique délétère menée depuis des lustres envers l'hôpital public. Reste qu'en regard de la vaccination, je soutiens les positions gouvernementales. Sur ce sujet mon avis est très clair : la vaccination est un moyen efficace et globalement sur de prévenir le développement de certaines maladies. Cet avis se fonde sur l'expérience que nous avons acquise sur le sujet, depuis les débuts de cette technique, il y a plus de 220 ans maintenant. En incidente, contrairement à une idée reçue, ce n'est pas Louis Pasteur qui a découvert la vaccination (lui a développé le vaccin contre la rage) mais Edward Jenner, médecin et scientifique britannique, qui le premier a utilisé de façon très artisanale cette technique*, dans sa recherche d'une protection contre la variole. On oublie, puisque cette maladie est maintenant totalement éradiquée, et ce grâce à la vaccination, que la variole était responsable encore au XVIIIeme siècle, de dégâts considérables. La moitié de la population des campagnes était contaminée, et sur cette population malade, entre 20 et 30% des patients décédaient, et une bonne partie de ceux qui en guérissaient se retrouvaient défigurés. Outre le cas emblématique de la variole, maladie ayant aujourd'hui disparu de notre planète, la poliomyélite a été également éradiquée de tous les pays occidentaux depuis 20 ans, grâce à la vaccination, et il en est de même dans de très nombreux pays malgré des campagnes de désinformation menées par des associations aux objectifs louches. Ne reste qu'une vingtaine de pays, dont le Pakistan, l'Afghanistan, le Tchad et le Congo, où une dizaine de cas par an sont détectés.

Les succès vaccinaux sont effectivement nombreux : on pourrait aussi citer le tétanos, dont le vaccin protège à 100% pour autant que les rappels aient été effectués. Ainsi en France on est passé de plus de 1 000 cas par an, souvent mortels, à une dizaine en moyenne, affectant dans 95% des cas des patients non vaccinés ou ayant oublié leur rappel. On pourrait faire le même constat pour la diphtérie (mon premier sujet de stage à l'Institut Pasteur !) ou l'hépatite B (un peu moins d'un million de décès par an dans le monde) dans les pays d'Afrique où la maladie est endémique et souvent transmise de la mère à l'enfant lors de l'accouchement. Pour l'hépatite B, l'efficacité peut être évaluée via la situation américaine où le nombre de cas par année est passé de 25 000 à moins de 2 500 dès lorsque la vaccination infantile a été implémentée. Et là encore, on ne connaît pas toujours la situation vaccinale des malades contaminés.

A partir de ces données, je ne peux que soutenir la proposition d'obligation vaccinale relative à la CoViD19.  Tout d'abord, les vaccins homologués sont, on le sait maintenant que l'on vaccine en masse depuis une année environ, sûrs en regard des risques de court terme. Je rappelle que la population mondiale vaccinée représente à ce jour plus de 2 milliards d'individus (dont 1 ayant reçu deux injections). Un recul de long terme est aussi disponible pour les vaccins utilisant la technologie adénovirale. Certes ce recul manque pour les vaccins à ARN qui constituent une nouveauté, même si ils n'ont pas été développés en moins d'un an comme on l'entend. Cela fait en effet plus d'une dizaine d'années que la mise au point de cette technique est en cours. Mais si la crainte est là et si ce sont la peur de la nouveauté et une mauvaise interprétation du principe de précaution qui l'expliquent, on aurait alors du refuser de passer des IRM au motif que l'on ne connaissait pas les effets de long terme de l'exposition aux champs magnétiques hyper-intenses, ou refuser tout traitement novateur, dont on ne voit tous les bénéfices que des années plus tard...

Bien entendu, pour tous vaccins, des risques d'effets secondaires bénins ou plus graves, existent. Pas un médecin ou un scientifique sérieux ne niera l'existence des risques vaccinaux. Mais la classique analyse risque vs. bénéfice est assez systématiquement (et lourdement) en faveur du vaccin anti SARS-CoV2. Je pense donc que compte tenu de la sévérité épidémique, une vaccination obligatoire de la population, est nécessaire. Elle a aussi à mon sens l'avantage d'être moins « hypocrite » que la mise en place d'un passe sanitaire.  Un mot pour les personnels soignant : alors que ceux-ci ont été - et sont toujours - en première ligne, j'avoue ne pas comprendre la position de ceux qui refusent la vaccination. Je rappelle que plusieurs vaccinations sont obligatoires pour ces personnels, dont la vaccination anti-hépatite B, ce qui a d'ailleurs permis une baisse drastique des cas de cette maladie parmi la population hospitalière. Je trouve néanmoins cette obligation faite aux soignants «‑ stigmatisante », ce qui me renforce dans l'idée de proposer une obligation vaccinale pour l'ensemble de la population générale à risque. Je rappelle là aussi que cette population générale est d'ores et déjà soumise à obligation vaccinale, en France, ou en vu de séjours à l'étranger, particulièrement si l'on se rend en Afrique... Rien de neuf donc sous le soleil et rien de dictatorial là dedans, désolé !

Il resterait à expliquer pourquoi il existe une opposition vaccinale forte, en particulier en France. Les raisons de cette opposition sont diverses, relevant plus de la politique, de la sociologie, de croyances, que de données scientifiquement établies. J'y reviendrai sans doute plus tard, tant cela mérite un article complet. 

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* Jenner avait constaté que les fermières qui trayaient les vaches ne développaient pas la variole. Il avait utilisé comme source vaccinale du pus prélevé d'une pustule d'un animal malade de la variole de la vache, maladie appelée vaccine (d'où le nom vaccin apparu ensuite). Celle-ci est causée par un virus proche de celui de la variole humaine, mais non pathogène pour l'Homme. Avec ce pus prélevé, il avait scarifié le bras d'un patient au moyen d'une branche d'un arbuste épineux dit-on... Succès ! Mais question sécurité expérimentale, c'était clairement : « autres temps, autres moeurs » !


Crédit illustration :

https://www.blagues-et-dessins.com/tag/blague-port-du-masque


samedi 17 juillet 2021

VALSE DES PERSONNELS COMMUNAUX :
ON REPART POUR UN TOUR !

 Dans des articles antérieurs (1-3), j'expliquais les mouvements des personnels communaux associés, pour certains d'entre eux, à un malaise certain lié à leurs relations dégradées avec des élus, ou avec des cadres. Or, un des cadres majeurs de la commune, le directeur général des services (DGS), pourtant récemment recruté, s'apprête à quitter Forges. Explications.

Le DGS est un élément central de l'administration communale puisque c'est lui - ou elle - qui met en musique, en quelque sorte, les orientations politiques voulues par les élus, en s'assurant entre autres du respect des règles de procédures. Le départ en retraite de notre ancien DGS avait conduit la nouvelle municipalité à faire appel à un cabinet de recrutement pour identifier son remplaçant. Le coût de cette recherche s'était alors élevé à 7000 euros TTC environ. Or, pendant le temps nécessaire à celle-ci, la commune a du faire appel aux services d’un fonctionnaire du centre intercommunal de gestion (CIG), dont la rémunération est bien entendu resté à la charge des finances communales. J'avais estimé ce coût autour de 4 à 5000 euros HT, soit environ 5500 euros TTC. L'ensemble de « l'opération DGS » aura donc amputé le budget de quelques 12000 euros. Je précisais que tout cela aurait pu pourtant se faire à coût quasi nul car la précédente mandature avait commencé à former un cadre communal aux fonctions de DGS, en interne, et un tuilage aurait pu être effectué... C'était probablement trop simple.

Il se trouve que parmi les candidats au poste de DGS identifiés par le cabinet de recrutement, c'est in fine la nouvelle municipalité et, plus précisément, un tout petit nombre de personnes proches de Mme. la maire qui ont choisir le récipiendaire du poste. Pourtant plusieurs éléments dans le CV de ce candidat, que je ne détaillerai pas ici, auraient du mettre la puce à l'oreille de nos élus, et allumer au dessus de leur tête des feux clignotants. Mais non ! Surprenant quand même, quand on voit que plusieurs d'entre eux ont eu des responsabilité de gestion de personnel en entreprise !

Le moins que l'on puisse dire est que le nouveau DGS n'avait pas fait l'unanimité au sein des personnels municipaux, ni même parmi certains élus. J'ai d'ailleurs cru comprendre que le DGS a été poussé vers la sortie par certains des mêmes élus qui l'avait recruté. J'ai enfin appris que cette personne recherche – et aurait trouvé – un nouveau poste dans un grand département voisin, plus à l'est. Il va donc falloir rependre le dossier DGS à zéro. A quelle échéance la commune disposera-t-elle de ce cadre important ? Mystère*. Et quel sera le nouveau coût pour nos finances ? Surprise ! En revanche, en termes de fonctionnement administratrif, c'est, comme le disait le caporal Diaz, un des opposants au général Alcazar dans Tintin, « Caramba, encore raté » !


* Note ajoutée le 23 juillet 2021 :

Lors du dernier conseil municipal de Forges, l'arrivée d'un nouveau DGS a été annoncée pour octobre 2021. A suivre donc.



Références :

1. Cascade de départs parmi les cadres communaux de Forges Les Bains. Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2020/10/cascade-de-departs-parmi-les-cadres.html

2. Ambiance, ambiance. Ce blog.
https://dessaux.blogspot.com/2021/01/ambiance-ambiance.html

3. Partir... Ce blog
https://dessaux.blogspot.com/2021/03/partir.html

 

Crédit illustration :

Hergé. Tintin: l'oreille cassée.
Pris sur le site Pop-analyse
Consultable en ligne:
http://popanalyse.over-blog.com/article-l-oreille-cassee-5-3-caramba-encore-rate-113857887.html

 

 

mardi 6 juillet 2021

LES LIMITES DE L’ACTION PUBLIQUE



Pour garantir à la fois un traitement équitable des citoyens, et un usage raisonnable des fonds publics, la loi encadre assez rigoureusement les opérations qu’une commune ou un établissement public de coopération intercommunal (ou un syndicat intercommunal) peut mener en zones privées. Exemples à Forges.


Le premier cas que je souhaite présenter est le balayage des voiries privées. Certains de mes interlocuteurs m’ont assuré du fait que certaines voiries privées de la commune étaient nettoyées par les services techniques, avec passage de la balayeuse. Je peux comprendre ceci lorsque cela se produit de façon très ponctuelle après un orage violent ou des inondations, par exemple, ne serait-ce qu’au titre de la solidarité locale. Egalement, dans ce cas de conséquence d’intempéries, la responsabilité municipale pourrait être mise en cause pour des raisons de sécurité ou de salubrité publique si le nettoyage n'était pas assuré. Ceci est d'ailleurs cadré par le code général des collectivités territoriales. Cependant, lorsque ce nettoyage est récurrent et effectué par les services techniques de la commune, la donne change. Si effectivement un maire peut faire nettoyer une voirie ou un espace privé (zone verte par exemple) par la commune, cette possibilité ne s’applique que de façon limitée, par exemple dans le cas où cet espace ou cette voirie est ouvert au public et/ou permet un accès entre deux espaces publics. Dans les autres cas, ce qui ressemble fortement à la mobilisation de moyens publics au seul profit de propriétaires privés n’est pas autorisé. Ainsi le balayage d’impasses privées, dont l’usage est quasi-exclusivement réservé aux riverains, ne peut être réalisé par la commune, sauf convention autorisant la fourniture de ce service à titre onéreux.

Deuxième cas : il semblerait que la commune ait fait procéder sur un terrain appartenant à un propriétaire privé au creusement d’un fossé de grande dimension à proximité de la départementale en sortie est du bourg (voir photo). La motivation serait la crainte de voir s’y installer prochainement des « campeurs », comme c’est assez fréquemment le cas à Forges en été. Que je sois clair : l’installation de caravanes est une plaie pour les communes car elle génère l’usage inapproprié des poteaux de défense incendie, et des branchements sauvage sur le réseau électrique, donc des vols d’eau et d’électricité, avec les risques de coupure que nous avons connus au cours des années précédentes. La population des campeurs est par ailleurs très au fait de la loi, ce qui fait qu’il est nécessaire, malgré l’aide des services préfectoraux, avoir recours à des décisions de justice en référé pour ordonner les expulsions, ce qui prend au mieux 10/12 jours. Je sais de quoi je parle, pour voir eu dans le passé à gérer deux fois ce genre de problème y compris au tribunal administratif...

Ceci posé, le creusement de ce fossé est destiné à protéger un espace privé contre l’arrivé de caravanes ne rentre pas dans le cadre des prescriptions des articles L2212-1 et -2 du code général des collectivités territoriales, ni dans les décisions du conseil d’Etat en matière de sécurisation des espaces privés par une commune. Comme je l’indiquais plus haut, la condition essentielle pour que cette sécurisation soit effectuée par la commune est que l’espace en question, même privé soit ouvert à un usage public, ce qui n’est pas le cas d’un champ, que celui-ci soit cultivé ou même laissé en jachère. Me fondant sur la distance creusée et la largeur de la tranché, à raison au minima de 500 euros du mètre linéaire, j’estime le montant des travaux effectué au bénéfice du propriétaire foncier entre 6 et 8 000 euros. Dans ces conditions, et dans un contexte d’une stricte application de la loi, la réalisation de ces travaux si elle s'était effectuée sous financement communal pourrait s’apparenter à un détournement de fonds publics, délit sanctionné au titre de l’article 432-15 du code pénal.

On voit bien, au travers de ces deux exemples, que la frontière entre espace privé et espace public reste, en matière de police communale, parfois floue. On touche bien là les limites de l’action publique.


samedi 3 juillet 2021

BIEN PUBLIC, TRICHEURS
ET TRAGÉDIE DES COMMUNS


Je me méfie de l’application de concepts scientifiques, particulièrement écologiques et génétiques, à notre société. Ainsi, la notion de sélection darwinienne, appliquée à notre monde, permet à certains de justifier pour faire simple l’existence  « des forts et des faibles », les plus faibles devant disparaître au motif de leur mauvaise adaptation à une société compétitive. C’est nier tout simplement l’objet principal de notre civilisation, qui est justement de protéger le plus faible contre le plus fort tout en maintenant la liberté de chacun... 

Il existe cependant des concepts d’écologie qui trouvent leur pendant dans notre monde. J’en citerai deux, liés, à savoir les concepts de bien public et de tricheurs. Dans la nature, la coopération et l’altruisme ne sont pas l’apanage des seuls organismes dits supérieurs. Ces comportements sont en effet également retrouvés parmi des organismes dits primitifs, tels que bactéries ou champignons. Ainsi, la production d’antibiotiques par une population d’un micro-organisme est un processus coopératif, qui conduit à la fourniture d'un bien public pour cette population, dans la mesure où cette production permet de limiter la croissance d’autres micro-organismes compétiteurs. Il en va de même pour des toxines produites par un pathogène qui permettront d’affaiblir ou de tuer l’hôte de ce pathogène. Ces exemples sont loin d’être exhaustifs, mais je me limiterai à ces deux-là qui permettent de bien comprendre ce que recouvre la notion de bien public.

La production de ces toxines, de ces antibiotiques, et d’une façon générale la production de bien public a un « coût  » pour chaque individu de la population productrice. Ce coût est un coût au sens biologique, dans la mesure où chaque cellule qui produit le bien public doit utiliser son énergie et ses réserves pour cela. Il existe donc une pression sélective pour qu’au niveau d’un individu donné, celui-ci fasse l’économie de la production du bien public. En effet, même si cet individu s’affranchit de la production du bien public, il pourra toujours continuer à « profiter » de la production de ce bien par ses congénères. La toxine ou l’antibiotique produit par les autres tuera toujours les cellules de l’hôte ou les compétiteurs. De plus, cet individu, dénommé en écologie un tricheur, pourra utiliser ses ressources dévolues à la production du bien public pour son unique profit, ce qui le conduira, par exemple, à une croissance plus rapide que celle des autres membres de sa population. On voit alors le risque que se développe au sein d’une population une proportion de plus en plus importante de tricheurs, avec pour conséquence ultime la perte de la capacité de production du bien public, et donc la perte de compétitivité de la population concernée. Cette perte a été théorisée sous le nom de « tragédie des communs », notion mathématiquement et expérimentalement démontrée. Je cite ici un article scientifique récent que j’ai traduit (Smith P, SchusterM. 2019. Public goods and cheating in microbes. In Current Biology 29, R442-R447). « Une tragédie des communs se produit lorsque des individus placent leurs intérêts au-dessus de ceux de la communauté et exploitent une ressource commune jusqu'à ce qu'elle soit épuisée. Un exemple de ceci serait un pâturage public utilisé par quatre bergers pour faire paître leurs troupeaux de bétail. Le pâturage peut supporter huit vaches. Chaque berger installe d’abord deux vaches. Si un des bergers ajoute une vache à son troupeau, il n'y aura pas assez d'herbe dans le pâturage pour toutes les vaches, et la croissance de chacune des vaches sera réduite. Il est cependant dans l'intérêt de chaque berger d'ajouter des vaches à son troupeau, sachant qu'il a l'avantage d'avoir des vaches supplémentaires dans le pâturage, mais le coût du surpâturage sera alors partagé équitablement par tous les bergers. Pour cette raison, les bergers continueront d'ajouter des vaches à leurs troupeaux jusqu'à ce que la zone soit complètement sur-pâturée et incapable de supporter le développement des vaches ».

A priori, la production de biens communs semble donc - en regard du dogme de la sélection darwinienne - une situation instable dans une population, donc prompte à disparaître. Quelles sont les mécanismes qui font cependant que nombre de populations arrivent à maintenir la production de biens communs ? Sans rentrer dans les détails, il en existe deux, que je pourrais qualifier de carotte pour l’un, et de bâton pour l’autre. La carotte, c’est la mise en place de dispositifs favorisant les individus d’une population dits coopératifs, c’est à dire ceux qui continuent à produire le bien commun. Ainsi, dans certains cas, les coopératifs peuvent bénéficier d’un accès facilité aux ressources résultant de la production du bien commun. Ils peuvent également interagir davantage avec leurs congénères coopératifs, mettant ainsi sur la touche les non coopératifs. Le bâton, c’est la sanction des non coopératifs. On retrouve cela dans le cas de production de diverses toxines, dont les gènes impliqués dans la production sont intimement mêlés à ceux qui assurent la résistance à la toxine. Dans ce cas, la perte des gènes de production chez le tricheur ou leur inactivation entraîne assez fréquemment l’inactivation des gènes de résistance. Ce tricheur sera alors sanctionné puisqu’il ne pourra résister à la toxine produite par les membres coopératifs de sa propre population, ce conduit à sa disparition.

Il est, comme je l’écrivais plus haut, potentiellement dangereux d’appliquer certains des concepts d’écologie et de génétique à notre société. C'est daileurs ce que discute l'article du CNRS en référence (1). Ainsi, dans le cas de la tragédie des communs, vue par les économistes, seules deux solution s'imposent : la régulation étatique, ou la privatisation des parcelles, une pour chaque éleveur. Je ne peux cependant m’empêcher de penser, au travers des deux exemples que j’ai donnés, aux trop nombreux fraudeurs du fisc. La mise en commun du produit de nos impôts peut être considérée comme un bien commun, et les fraudeurs comme des tricheurs, au sens écologique du terme. Ces derniers ne participent en effet plus à l’effort de production du bien, mais profitent toujours de ce bien (au travers des dépenses publiques dont ils continuent de bénéficier). Il est intéressant de remarquer que nos sociétés ont mis en place des systèmes de lutte contre ces tricheurs, essentiellement du type sanction. Ces systèmes sont bien entendu indispensables, au risque de voir se développer le nombre des tricheurs et d’aboutir à une tragédie des communs. En me fondant sur les modèles biologiques que je décris, je me demande s’ils ne pourraient pas être doublés, pour plus d’efficacité, par des systèmes favorisant les individus coopératifs, un peu à l’image des assureurs qui réduisent les cotisations d’assurance des « bons » conducteurs... Si par un fabuleux hasard, l’une ou l’un de mes lecteurs avait l’oreille de M. Bruno Le Maire, qu’il n’hésite surtout pas à lui soumettre la question !


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Crédit illustration :

La tragédie des communs.
Wikipedia.
Sharon Loxton
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9296160

1. Voir également l'article CNRS:

A ce sujet, le renvoi vers cette page, et la mise en titre de celle-ci me valent une poursuite par l'auteur de la photo centrale... Il n'est pourtant pas interdit de procéder de la sorte.






mardi 29 juin 2021

SCRUTINS DU 27 JUIN À FORGES : DU MIEUX, MAIS ENCORE DES BUGS !



Je m’étais inquiété dans un article précédent du déroulement des scrutins du 20 juin, entre dépouillement - disons chaotique - et irrégularités lors du vote telles que signatures du registre d’émargement anticipées...


Pour être honnête, il semblerait que le déroulement de ce deuxième tour du scrutin des départementales et régionales se soit mieux passé que le premier tour. Tant mieux ! 
Néanmoins, quelques bugs ont subsisté, particulièrement en regard des remarques faites par le délégué de la liste régionale « Le rassemblement pour l’écologie et la solidarité » menée par Julien Bayou, dont certaines ont été particulièrement mal reçues au sein de deux des bureaux de votes. En particulier, lors de sa première visite matinale, ce délégué a tout d’abord fait remarquer que la disposition de ces 2 bureaux n’était pas satisfaisante. Ainsi, les bureaux des élections départementales et régionales n’y étaient pas clairement séparés. Après vérification du code électorale par un des assesseurs présents, les présidents ont alors remis de l’ordre dans la disposition des tables et bien séparé physiquement les scrutins ; ils en ont été remerciés par le délégué. En revanche, les réactions agressives de certains assesseurs vis à vis de ce délégué sont inadmissibles. Il est en effet plus qu’incorrect de demander à un délégué s’il « n’a rien de mieux à faire que de faire ses observations », ou de lui dire sur un ton déplacé que l’on a toujours procédé de la sorte, alors que cette procédure est justement erronée. Je précise, pour être aussi objectif que possible que l’un des assesseurs au comportement agressif s’est plus tard excusé auprès du délégué. C'est très bien.

Par ailleurs, lors du dépouillement, beaucoup de temps a été perdu dans un bureau pour vérifier le nombre des bulletins au motif que ce nombre ne correspondait pas au compteur sur l’urne et que les tables départementales et régionales n'avaient pas le même nombre d'émargements. Ce dernier point est possible si un électeur décide de ne pas voter à 'lune des élections. Par ailleurs, le compteur n’est qu’indicatif et n’a aucune valeur légale de référence, du fait en particulier du dysfonctionnement épisodique de ces compteur ou des erreurs de manipulations du loquet. Le point important est que le nombre d’émargements doit être le même que le nombre de bulletins. Si ce n’est pas le cas, ce point devra être porté au procès-verbal.

Ces incidents mineurs relèveraient de l’anecdote, et je ne les aurais même pas publiés, si ce même délégué n’avait pas été obligé de demander le soir l’intervention de Mme la maire pour pouvoir assister au dépouillement d’un des bureaux de vote. Passant d’un bureau à l’autre, comme la loi l’y autorise, et autorise tout citoyen électeur d’une commune d’ailleurs, le délégué s’est en effet vu refuser l’accès à ce bureau par son président, au motif, a) qu’il ne pouvait être délégué dans les bureaux n°1, 2 et 3 à la fois (ce qui est bien sûr faux ; on peut en effet être délégué sur de très nombreux bureaux) et, b) qu’en conséquence il devait choisir soit de rester dans ce bureau, soit ne plus y revenir (là encore contrairement à la loi) faute de quoi il fermerait la salle de dépouillement à clef. Ceci est bien entendu illégal et aurait sans aucun doute conduit à l’annulation de l’élection. Le président a également maintenu l’obligation de rester à distance des tables, empêchant ainsi le délégué de contrôler de près les opérations de dépouillement. Dans un souci d’apaisement, dans une atmosphère déjà très lourde, ce délégué n’a pas souhaité porté au procès-verbal ces incidents car ils n’ont eu aucun impact sur le résultat des 2 scrutins et ne relevaient que du comportement conflictuel entretenu par le président de ce bureau. D'une façon plus générale, être président d’un bureau de vote requiert la mise en œuvre de l’application rigoureuse du code électoral. Un président engage sa responsabilité en qualité de garant de la bonne tenue du scrutin vis-vis de l’ensemble des assesseurs du respect strict des procédure. La prise de connaissance détaillé du code électoral est donc un pré-requis essentiel et indispensable pour les présidents de bureau de vote. Il semblerait donc qu’un des présidents ait un peu négligé cette préparation.

Un mot pour finir sur les délégués. Quelque soit le parti concerné, y compris avec l’ex-FN, pour lequel je n’ai strictement ni affinité, ni sympathie, nous, à Forges, avons toujours accueilli les délégués avec politesse et considération. Ces délégués jouent en effet un rôle fondamental puisqu’ils passent leur journée à s’assurer et à assurer la communauté du fait que le scrutin se déroule bien, évitant ainsi recours, annulation, et nouveau scrutin. Certains, dans notre commune, feraient donc bien de repenser leur relation à ces auxiliaires indispensables de la démocratie.


Crédit illustration
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Élections : la tenue d’un bureau de vote.  Le Républicain Lorrain. Mai 2019.
Consultable en ligne :

lundi 28 juin 2021

PETIT RETOUR SUR L’ABSTENTION...


Beaucoup l’ont constaté, le vainqueur des élections régionales et départementales n’est pas le sortant, LREM, RN, PS, PC ou LR... LE vainqueur est clairement le parti de l’abstention. Plusieurs analystes politiques ont tenté de décrypter ce mouvement, mais peu pour ne pas dire aucun ont évoqué les éléments que je développe ici. Ceci ne signifie bien sur ni que j’ai raison, ni que j’ai tort dans mon propos.

Premier élément d’explication : mes concitoyens ne savent pas vraiment quelles sont les attributions des régions et des départements. Pour être honnête, je partage ce point de vue qui a, lui, été présenté par nombre de commentateurs politiques. En effet, si la commune est proche, et si le maire, ses adjoints sont généralement proches de leurs concitoyens (même si il existe des exceptions), et si la présidentielle est une élection emblématique de la vie politique, tant notre régime ressemble à une monarchie, les élections dites intermédiaires (département et région) semblent pour bon nombre de Français trop techniques, trop éloignées de leur préoccupations quotidiennes.

Deuxième élément explication : le brouillage des cartes autour des valeurs politiques, droite/gauche en particulier. Les notions de droite et de gauche semblent s’estomper dans la population, au point que j’entends nombre de mes relations ou connaissances dire que « droite et gauche, c’est pareil ». Je ne souscris en aucun cas à cette analyse. Il existe des valeurs de droite et des valeurs de gauche. Je reviendrai sur ce point dans un autre article. En revanche, force est de constater que plusieurs politiques ont de facto brouillé le message. Dans ce contexte, la palme revient à mon avis - haut la main - à Ms. François Hollande, Manuel Valls et Emmanuel Macron. Ce dernier s’est en effet fait élire avec pour positionnement politique, un « ni de gauche, ni de droite» revendiqué. Malheureusement, quelques années plus tard, le ni de droite ni de gauche s’est transformé en « ni de gauche, ni de gauche », tant le dialogue social est à l’arrêt, et tant les « réformes » voulues par l’actuel exécutif se sont révélées être foncièrement antisociales (réforme de l’ISF, des allocations logements, de l’indemnisation des chômeurs, et à venir, réforme des retraites, pour n’en citer que quelques unes). Il faut dire que ce positionnement s’inscrit dans la droite ligne de ce que nous avons pu constater lors du quinquennat de M. François Hollande, se présentant comme « l’ennemi de la finance », mais mettant en place les lois travail délétères pour les employés, considérant les protections des salariés comme un « coût » pour l’économie, qu’il conviendrait de réduire... Le tout dans une ambiance de véritable haro sur le code du travail ! Dans ce contexte, on comprend mieux la notion de deux gauches irréconciliables proposée par M. Manuel Valls. En réalité, ce ne sont pas deux gauches irréconciliables, mais une gauche et une droite (certes modérée) qui s’opposent, M. Valls ne réalisant pas que son positionnement est plus proche du centre droit que de la gauche. C’est là, à mon avis, la raison du déclin du PS. La ligne de fracture gauche-droite passant au milieu de ce parti, les positions de Ms. Hollande, Valls, ou Strauss-Khan (à l’époque) n’avaient pas grand chose à voir avec celles de Mme Christiane Taubira, ou Ms. Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon, ce qui ne pouvait que conduire à terme à l'éclatement de ce parti.

Accuser le seul PS de ce brouillage serait cependant trop facile. Celui-ci se poursuit en effet lorsque M. Gérald Darmanin accuse Mme. Marine Le Pen d’être trop à gauche... Cette confusion de valeurs s’inscrit, à droite, dans le rapprochement des idées entre l’extrême-droite et certains républicains, tel que Ms. Eric Ciotti, ou Laurent Wauquiez dont les propos ne s’éloignent de ceux de Mme. Marine Le Pen que par l’épaisseur d’une feuille de papier d’un discours de M. Patrick Buisson. Tout cela ne fait que renforcer l’idée que droite et extrême-droite, ou droite et gauche, c’est pareil, ce qui est gravissime à mon sens, car ce sentiment me parait être le terreau dans lequel le « tous pourris » se développera.

Dernier élément explicatif : la couleuvre du vote sur les traités européens. Rappelons les faits. En 2005, le référendum sur le traité établissant une constitution pour l'Europe conduit à un vote « non », majoritaire (un peu moins de 55% des votants) malgré la campagne médiatique très en faveur du « oui » (plus de 70% du temps de parole télévisé !). J’ai voté contre ce traité, non pas par conviction anti-européenne, au contraire (je comptais en ECU dans mes collaborations européennes plus de 5ou 6 ans avant le passage à l’Euro), mais parce que ce traité ne faisait la part belle qu’à l’économie, et à l’économie envisagée sous son seul angle libéral, oubliant largement les intérêts des peuples et les notions de solidarité. Que s’est-il ensuite passé ? Après une réécriture partielle et l’éclatement du traité dans d’autres accords européens non soumis à référendum, le gouvernement français, sous la présidence de M. Nicolas Sarkozy, a, in fine et contre l’avis du peuple français, ratifié le traité par voie parlementaire en 2008. Une véritable trahison ! A quoi sert le vote dans ce cas, on se le demande encore... C’était il y a 13 ans, mais les Français n’ont pas tous la mémoire courte. Qu’on se le dise !



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D’après « les municipales, une mascarade ? »:
https://www.deridet.com/Les-municipales-une-mascarade_a5759.html

dimanche 27 juin 2021

ARRACHEZ-MOI CES BANDEROLES QUE JE NE SAURAIS VOIR !






Il se passe vraiment toujours des événements bizarres à Forges ! Des parents d’élèves s’inquiètent de l’état d’une cour d’école et du manque de poste d’ATSEM, et la marie fait donner la gendarmerie !

Retour sur les faits : lors d’une visite de l’école maternelle en présence des parents des futurs petits écoliers, il est fait mention de l’état de la cour d’école de la maternelle, dont le revêtement se dégrade. Effectivement, ce revêtement est probablement un peu mince, et nous avions déjà été amenés à le refaire dans un précédent mandat. Nos petites têtes blondes sont bien actives dans la cour, et il est effectivement plus que probable qu’un nouvel enrobé approprié soit nécessaire. Par ailleurs, lors d’un récent conseil d’école, les parents d’élèves ont été informés du fait que les effectifs des petites sections de maternelle seront lourds l’année prochaine, un constat qui a conduit les enseignantes à demander à la mairie l’ouverture d’un poste d’ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles). Si j’en crois mes informateurs, cette demande aurait été rejetée au motif que ceci ne figurait pas au budget communal. Effectivement, si ce poste n’est pas au budget, il ne peut être ouvert. Ceci dit, rien n’empêche d’établir rapidement un budget modifié, qui sera alors validé par une décision modificative (DM) prise en conseil municipal, et autorisant l’ouverture de ce poste. Cela peut être réglé en une quinzaine de jours, trois semaines au pire. Il suffit de savoir où sont les priorités : soit dans l’achat de caméras de vidéo surveillance, soit dans l’éducation des enfants. Visiblement la nouvelle municipalité a tranché. Avec les quelques 95 000 euros prévus en année 1 pour l’achat de ces caméras, on pourrait payer quelques 3 ATSEM supplémentaires pendant un an. Choisis ton camp, camarade !

Le plus croquignolesque dans cette histoire est que certains des parents inquiets ont apposé banderoles et affiches aux écoles maternelle et élémentaire, probablement dans la soirée de mercredi à jeudi dernier. Jeudi matin, le 24 juin, branle-bas de combat. Madame la maire, informée de cet affichage, fait donner la gendarmerie pour constater le sacrilège. Les services techniques ont également été mobilisés pour retirer le plus vite possible les traces de ce mouvement d’humeur des parents. Bref, faisons place nette et faisons taire ces parents mécontents...

Je me demande quand même si cela valait la peine de déranger les gendarmes pour cela. Il ne semble pas y avoir eu de dégradation, pas d’effraction, bref rien de criminel, rien de délictueux. Juste l’expression d’une inquiétude. Nous avons été confrontés à des inquiétudes de parents dans la précédente mandature. Certains bien intentionnés se posaient des questions sur la qualité de l’air des écoles, d’autres, moins bien intentionnés, ont fait courir des rumeurs (pour ne pas dire ont propagé des mensonges) sur la présence massive de murs humides, ou de spores de champignons à l’école maternelle. Notre réaction fut simple : des analyses par des bureaux d’études, des mesures d’humidité et de température en continu, des réunions avec les parents, et une visite de l’école avec ces mêmes parents et un enregistreur d’humidité mural, tout cela pour constater qu’il n’y avait pas de problèmes majeurs, pas de spores, pas de murs suintant l’humidité, même si on pouvait encore améliorer la situation en termes de renouvellement d’air. Bref, nous avons informé et nous sommes concertés avec les parents en toute transparence, du moins me semble-t-il. Dans l’histoire que je relate, rien de tout cela. Dois-je alors rappeler les promesses de l’équipe en place autour d’un projet d’école pérenne, construit en concertation et anticipant les évolutions des effectifs, y compris dans le domaine périscolaire ? Parce que vu d’aujourd’hui, et pour rester très correct dans mon propos, ces promesses là ressemblent quand même fortement à de l’affichage. Et l’affichage, on voit ce qu’il en advient dans notre commune !


mardi 22 juin 2021

ERREURS LORS DU VOTE DU 20 JUIN
ET DU DÉPOUILLEMENT À FORGES !



Lors d’élections, la procédure de vote comme le dépouillement ont pour objectif d’assurer la sincérité des résultats. Le code électoral encadre ces opérations de façon fine et si de petits écarts sont tolérés, voire prévus par le code, certaines décisions des membres du bureau de vote, président comme assesseurs, sont susceptibles d’entraîner l’annulation du scrutin. A Forges, on est précisément dans ce cas là.

 Au cours du scrutin d’hier, il semblerait que le dépouillement des votes d’un des trois bureaux (le n°1 pour ne pas le citer) ait été plus que problématique. Entre des élus qui n’avaient pour la plupart jamais participé à un dépouillement, et un cadre administratif aux abonnés absents, incapable d’aider des élus eux-mêmes déboussolés, le dépouillement s’est passé façon calamiteuse, et il s’est conclu sous tension, passé 1 heure du matin. Tout cela pour quelques centaines de bulletins si mon compte est bon. Normalement, si tout s’était passé de façon nominale, l’opération de décompte des votes dans les deux urnes aurait du se terminer vers 22h30... C’est d’ailleurs l’heure à laquelle s’est terminé le dépouillement du bureau n°3, où officiaient des citoyens connaissant les procédures, et de nouveaux élus qui ont eu l’intelligence d’écouter les personnes expérimentées à même de les aider. Comme quoi, on peut quand même garder espoir vis à vis des capacités d’écoute des nouveaux élus forgeois...

Le plus grave s’est produit lors des opérations de vote au cours desquelles des électeurs ont été forcés de signer le registre d’émargement avant de déposer leur bulletin dans l’urne. Le code électoral est clair en ce qui concerne les signatures. Il stipule que si un électeur ne peut signer, il est possible qu’un électeur accompagnant ou un membre du bureau signe à sa place avec la mention « l'électeur ne peut signer lui-même ». Dans le cas d’un refus de signature, c’est le président ou l’assesseur en charge des émargements qui signera à sa place, moyennant l’inscription de l’acte au procès verbal lors du dépouillement. Il arrive rarement, mais cela reste possible, que l’émargement ait été effectué dans la mauvaise case. Cela est sans conséquence. Il suffit là aussi de porter l’information sur le registre et éventuellement au procès-verbal. En revanche, demander à un électeur de signer avant le vote comme cela semble s'être produit au bureau n°1 est gravissime, et peut entraîner l’annulation de l’élection. Je cite  l’avis du conseil constitutionnel du 25 avril 2007:  « Considérant que, dans l'unique bureau de vote de la commune de Vassy (Calvados), où 1 117 suffrages ont été exprimés, les électeurs étaient invités à signer la liste d'émargement avant d'avoir déposé leur bulletin dans l'urne, en méconnaissance des dispositions du dernier alinéa de l'article L. 62-1 du code électoral; [...] que, dans ces conditions, il y a lieu d'annuler l'ensemble des suffrages émis dans le bureau de vote considéré ».

Je repense à la phrase lue dans le Petit Forgeois, écrite par la liste majoritaire, qui disait à peu près de mémoire « la compétence ne se décrète, pas elle se prouve »... L'incompétence aussi semble-t-il !

 

lundi 21 juin 2021

LE LENT ABANDON DES MISSIONS RÉGALIENNES DE L’ÉTAT



Depuis presque 30 ans, les privatisations ont fait passer dans le secteur privé toutes une série d’activités relevant de secteurs et d’entreprises publics. Le caractère public de ces entreprises était sans aucun doute lié à la nécessaire reconstruction du pays dans l’après guerre et l’on peut effectivement se demander si la construction de voitures revêtait une importance telle qu’il était nécessaire de la conserver dans le secteur public.

Un certain nombre des privatisations qui ont eu lieu depuis 30 ans ne me choquent donc pas. Les exceptions restent cependant celles qui relèvent de secteurs stratégiques pour l’Etat et donc pour les citoyens, particulièrement dans les domaines de l’énergie et de l’aménagement du territoire, donc des transports. Certaines de ces privatisations ont conduit à des situations ubuesques, bien éloignées de la vision idyllique de la pensée unique qui propose, pour simplifier, que le secteur privé serait moins coûteux, et surtout bien plus efficace que le secteur public. J’ai eu l’occasion d’expliquer en quoi cette affirmation du credo libéral est erronée, en tout cas non généralisable, au travers d’exemples tels que La Poste, les autoroutes, et prochainement les transports publics... On pourrait rajouter l’ex-EDF, ancien établissement public devenu société anonyme, qui, de par la loi NOME voulue par l’Union Européenne, doit brader 25% de sa production nucléaire à ses concurrents, à un prix quasi inchangé depuis plus de 10 ans, pour rendre ses propres concurrents plus... compétitifs ! On pourrait aussi parler du projet de privatisation des barrages hydroélectriques, construits avec l’argent public, pour le seul bénéfice d’actionnaires privés. On retrouve là le célèbre principe de « mutualisation des dettes et des coûts et privatisation des bénéfices ». Sachant que le paramètre dominant deviendrait alors le profit, on peut s’inquiéter des coupes claires qui pourraient intervenir dans l’entretien de ces structures... Sans compter les entreprises publiques privatisées, puis vendues à la découpe. Ceci a entraîné la perte de savoir-faire sensibles au seul profit d’entreprises étrangères. Je pense là à Alcatel, devenu Alcatel Lucent, ou à Alsthom par exemple. Rappelons dans ce dernier cas, que le parquet national financier s'est saisi du dossier. Ce dernier, suite aux travaux d’une commission parlementaire d’enquête, soupçonne l’existence d’un  « pacte de corruption » qui aurait pu bénéficier à M. Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie au moment de la signature de la vente. En effet, il apparaît que « des prestataires qui ont été rémunérés grâce à la vente d’Alsthom Power figuraient parmi les donateurs de la campagne d’Emmanuel Macron » (1).

Ce qui m’inquiète aujourd’hui, c’est qu'abandonnant des secteurs entiers stratégiques en termes de savoir-faire, d’emploi, d’industrie et de technologie de pointe, l’Etat commence également à abandonner ses missions régaliennes. L’exemple le plus frappant est sans doute la baisse drastique du nombre de policiers sous le quinquennat de M. Nicolas Sarkozy. La conséquence de cela est que dans les villes qui en ont les moyens, et dont les édiles veulent satisfaire un électorat dont l’inquiétude est possiblement à dessein stimulée par des discours anxiogènes de politiques ou de médias, se développent des polices municipales. Je pourrais aussi ajouter, dans le domaine de la sécurité, celle des aéroports, qui échappe totalement aux services de polices ou de gendarmerie, étant assurée par des entreprises privées. Cette implication des entreprises de sécurité privées, véritable brèche dans un domaine régalien, n’est pas propre à la France mais peut être constaté partout en Europe et dans le monde. Ainsi, « le secteur privé de la sécurité représenterait en Europe quelque 1,7 millions de personnes, 50 000 entreprises et un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros ; l’Union européenne compterait 237 agents privés (contre 360 policiers) pour 100 000 habitants » (2). Or, cet abandon des missions régaliennes concerne des secteurs ultra-sensibles pour la sécurité nationale. Ainsi, la vérification des dossiers de demande de visa de ressortissants étrangers pour le compte des consulats de France est assurée, dans certaines pays, non pas par les services consulaires mais par des entreprises privées, comme l’est d’ailleurs la sécurité rapprochée de ces mêmes consultas et des ambassades...

Ne nous leurrons pas. Tout cela résulte d’une conjonction de deux volontés. La première est politique - je l’ai évoquée plus tôt - directement issue d’une vision libérale de la société et de l’économie. Dans ce cadre, l’État occupe encore une place trop importante eu égard à son inefficacité supposée. L’autre vision est économique. Tout cela coûterait trop cher. Derrière ce volet économique se cache entre autres la cour des comptes, qui depuis des lustres exhorte l'Etat à abandonner des missions régaliennes au motif que d’autres collectivités territoriales les exercerait (3). C'est donc le serpent qui se mord la queue et c'est surtout bien loin d’être vrai ! Ainsi, dans le domaine de la pénitentiaire, cette même cour des comptes écrivant dans un rapport de 2006 intitulé « Garde et réinsertion - La gestion des prisons » que « L’administration pénitentiaire a ainsi été l’un des premiers services de l’État à s’être engagé sur une grande échelle dans une démarche de partenariat avec le secteur privé. […] L’idée de faire gérer les établissements pénitentiaires par des opérateurs privés a semblé intéressante en ce qu’elle était l’occasion de moderniser les procédures et les méthodes de l’administration qui auraient ainsi évolué pour passer du « faire » au « faire faire » ». On ne saurait être plus clair !

Plus grave encore, cet abandon commence aussi à concerner la défense nationale. Dès 2000, Un « Guide de l’externalisation » (délicat euphémisme) a été publié par le ministère de la Défense, qui précise qu’elle (l'externalisation)  « consiste à transférer […] hors de l’administration concernée nombre d’activités ou de fonctions jugées autrefois indispensables au sein même de cette dernière » (4). Dans certains pays, l’entrainement des pilotes de chasse, le repliage des parachutes, le « catering » (la logistique nourriture) sont transférés à des entreprises privées. Et aux USA, on se rappelle lors de la guerre d’Irak l’intervention de ce qu’il faut appeler des mercenaires aux ordres de l’entreprise privée « Blackwater », avec un ratio soldat gouvernemental/mercenaire de 1 pour 1,12. Revenant en France, en 2002, cette privatisation de fait de pans entiers de l’activité militaire devenait déjà un phénomène massif : « si l’on exclut les rémunérations et les dépenses pour charges sociales, les crédits d’externalisation représentaient [à cette date] 16,8% du budget annuel de fonctionnement de l’armée » (4). Là où l'on nage en plein délire, c'est lorsque l'on compare les coûts. Selon un rapport récent du ministère de la défense, intitulé observatoire de l'Armée de Terre 2035 :  « Le bénéfice enregistré du fait de l’emploi de contractors [terme de "novlangue" utilisé pour parler d'intervenants extérieurs] reste relatif. Un fonctionnaire, en théorie coûte 25% moins cher pour le gouvernement qu’un contractor. L’avantage du contractor réside dans le non-paiement des retraites. [Cependant] les contractors représentent 50% du coût, alors qu’ils ne constituent que 30% des effectifs ». Comment donc ne pas y voir un choix entièrement idéologique !

Devant cette fuite en avant de l’État, que j'assimile quelque part à une trahison, et qui obéit à la double injonction que je décris ci-dessous, il reste peu de moyens d’actions. De courageux maires de Seine-Saint-Denis viennent de déposer plainte contre l’Etat pour « rupture d’égalité » (5). Et il est à craindre aussi que l’exaspération gagne la population. Le déclassement lié à l’abandon de ces missions régaliennes, la disparition de services publics de certaines zones est ainsi, à mon sens, une des causes du malaise personnalisé par les gilets jaunes. Or à ce jour rien n’est réglé. Ceci fait que je pense possible le retour d’une situation encore plus explosive en France, dès que le couvercle des restrictions sanitaires aura été retiré de la marmite...


Références :

1. Claudia Cohen. Pourquoi la vente controversée d’Alstom à General Electric fait à nouveau parler d’elle ? Le Figaro Economie. Juillet 2019.
Consultable en ligne :
https://www.lefigaro.fr/societes/pourquoi-la-vente-controversee-d-alstom-a-general-electric-fait-a-nouveau-parler-d-elle-20190724

2. Jacques Chevallier. La police est-elle encore une activité régalienne ? Archives de politique criminelle 2011/1 (n° 33), pp. 13-27. Cairn-Info.
Consultable en ligne :
https://www.cairn.info/revue-archives-de-politique-criminelle-2011-1-page-13.htm

3. Matthieu Quiret. La Cour des comptes exhorte l'Etat à abandonner certaines missions en région. Les Echos. Décembre 2017
Consultable en ligne :
https://www.lesechos.fr/2017/12/la-cour-des-comptes-exhorte-letat-a-abandonner-certaines-missions-en-region-189032

4. Frédéric Rouvillois. L’externalisation ou comment recentrer l’État sur ses compétences essentielles. Fondapol. Avril 2008.
Consultable en ligne :
https://www.fondapol.org/app/uploads/2020/05/HS_Externalisation-1.pdf

5. Aurélien Soucheyre. Inégalités. Des maires portent plainte contre l’État. L’Humanité. Décembre 2018.


Crédit illustration :

Le mauvais procès fait aux fonctionnaires déconstruit en 6 points
Alternatives économiques. Avril 2017.

jeudi 17 juin 2021

RETOUR SUR UNE BONNE PETITE CLAQUE...



La très médiatisée claque reçue par le Président de la République, M. Emmanuel Macron, m’inspire quelques réflexions un peu décalées par rapport à toutes celles que j’ai entendues jusqu’à présent...

Autant le dire tout de suite, je ne soutiens, ni n’excuse, de quelque façon que ce soit ce geste, commis à l’encontre du président de la République. Ce genre d’acte, comme celui de l’enfarinage de Ms. François De Rugy ou Jean-Luc Mélenchon m’est insupportable. Mais on ne m’empêchera pas de penser que le verdict prononcé à l’encontre du coupable est assez emblématique du « deux poids, deux mesures ».

Premier volet de cette réflexion, nous parlons d’une violence physique et d’une condamnation plutôt très sévère pour un acte qui n’a entraîné aucune interruption temporaire de travail (ITT)*. Pour mémoire, l’avocat général avait requis dix-huit mois ferme. Le coupable a été finalement été condamné à dix-huit mois de prison dont quatre fermes pour « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Points remarquables : cette peine est assortie d’une privation de droits civiques d’une interdiction définitive d’exercer dans la fonction publique (elle sera inscrite au casier judiciaire n°2) et d’un mandat de dépôt à l’audience, signifiant une incarcération immédiate.

Or ce sont cette privation des droits civiques et l’incarcération immédiate qui me gènent… Pas en tant que telles, mais en comparaison d’autres peines pour des délits au moins aussi graves, en tous cas au regard de la loi. Ainsi si je regarde les condamnations de Mme et M. Balkany pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale, corruption, prise illégale d’intérêt), il apparaît que ceux-ci ont effectivement été rendus inéligibles pour 10 ans et ont interdiction d’exercer un mandat dans une entreprise de gestions de fonds, mais aucun n’a été privé de ses droits civiques et aucun d’entre eux n’est incarcéré. Il en va de même pour l’inénarrable et ancien président de la République, M. Nicolas Sarkozy, condamné pour délits de « corruption active » et de « trafic d’influence » (appel en cours). Je pourrais ajouter beaucoup d’autres noms de politiques connus à cette liste, dont Ms. Alain Carrignon (5 ans fermes et 5 ans d’inéligibilité pour corruption) qui, lui, a effectué une peine de prison mais n’est pas déchu de ses droits civiques, Jérôme Cahuzac (4 ans dont 2 ans avec sursis, aménagés pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, non incarcéré), Claude Guéant (2 ans dont 1 ferme, interdiction d’exercer toute fonction publique pendant 5 ans, pour détournements de fonds, non incarcéré) ou François Fillion (5 ans dont 2 fermes, non aménageables, assortie de dix ans d’inéligibilité) , mais sans mandat de dépôt et sans privation de droits civiques (appel en cours).

Comme le disait Jean de la Fontaine, « que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Mais alors comment dans ces conditions demander à nos concitoyens de « faire confiance à la justice » ?


* note ajoutée le 22 juin :

J'avais été victime d'une agression similaire il y a trois ou quatre ans. Un récidiviste déjà condamné pour violence sur diverses personnes avait tenté de me frapper et j'avais esquivé son geste qui n'avait conduit qu'à la chute de mes lunettes. J'ai néanmoins déposé plainte. Au tribunal de police, l'individu avait été condamné à 800 euros d'amende et une obligation de soin... 


Crédit illustration :

L'État de fumier sur Twitter
“Fraude sociale contre fraude fiscale . Deux poids, deux mesures !”
Article de Nouvel Espoir

lundi 14 juin 2021

SURRÉALISTE COMMISSION ENVIRONNEMENT ET RURALITÉ




La commission environnement et ruralité s’est tenue voilà une grosse quinzaine de jours sous la forme d’une commission ouverte. Intéressant, pensais-je, cela pouvant permettre aux citoyens de se réapproprier ces thématiques. Espoir vite déçu par une commission aux allures de chambre d’enregistrement, et baignant dans un véritable flou artistique.

Premier élément de surprise, la municipalité n’a pratiquement fait aucune publicité pour cette réunion, hormis un court message perdu au milieu du site web de la mairie. Les participants à la précédente commission n’ont même pas été prévenus...

Premier point à l’ordre du jour, la carrière ECT pour laquelle certains des élus s’inquiètent du volume des dépôts. De façon très surprenante, l’adjointe à l’environnement ne connaît pas le contenu de la convention signée avec la commune, ni celui de l’arrêté préfectoral, documents pourtant disponibles en mairie. L’arrête définit ainsi un nombre camions, les itinéraires systématiquement possibles, ou ceux limités à certaines heures de la journée, et les flux correspondant. Faut juste le chercher et le lire !

Deuxième point, l’hydraulique, avec tout d’abord la transformation du bassin de rétention (ce n’est plus le nom actuel mais tout le monde le comprend) la rue Alice Milliat en zone humide et alimentation par détournement du Petit Muce. Outre que le Petit Muce, à cet endroit, ne coule que lorsque la pluviométrie l’y autorise (il est à sec la plupart du temps), il est important de rappeler que ce bassin est destiné à compenser les surfaces imperméabilisées dans le lotissement pour assurer la transparence hydraulique en exutoire de bassin versant, donc à l’entrée dans le fossé parcouru occasionnellement par le Petit Muce, le long de la départementale. Faire passer le ru dans ce bassin est un non sens, car en cas de très fortes pluies, il sera rempli très largement avec un risque de débordement. Certes ce bassin ne se remplit que lors de très forts événements pluvieux, et en des années de mandat, je ne l’ai vu déborder qu’une seule fois, lors de l’événement centennal que nous avons vécu en juin 2018 ; mais le risque est là. Par ailleurs, retoucher ce bassin - et particulièrement le recreuser - implique, même avec un audit du PNR et au delà un éventuel portage par le syndicat de l’Orge, l’avis de la police de l’eau.

L’autre point hydraulique évoqué est la modification du tracé du Petit Muce. Flou artistique ici autour du fait que les élus présents ce jour n’ont pas présenté de tracé et projet précis. De même, l’entretien des berges du ru semble leur poser problème, les élus ne sachant pas qui doit l’assurer. Pourtant tout est dit dans la Code de l’Environnement et le Code Rural. Il y a aussi un DGS en mairie qui est le référent à qui poser la question... Pas compliqué ! Autre point, et pour éviter toute polémique inutile, je ne citerai pas l’auteur des propos tenus : les bassins du pré aux chevaux et de Vitalis déborderaient. On voit là ceux qui connaissent les dossiers et ceux qui les ignorent. Et ceux qui ne ressortent pas quand il pleut et ceux qui le font, ce qui est pourtant nécessaire pour identifier les origines des arrivées d’eau de ruissellement. Deux précisions donc. Précision numéro 1 : le bassin Vitalis est souterrain, il a la forme d’une cuve étanche, et il ne peut donc déborder ! Précision numéro 2 : les bassins du pré aux chevaux n’ont jamais débordé, grâce à la vigilance des services techniques et des élus d’astreinte qui sont intervenus plusieurs fois pour déboucher les exutoires bloqués par des sacs plastique, du polystyrène et autres matériaux de chantier, même lors des orages de juin 2018, où je les ai vus remplis à ras bord ! Ceci est dit et met un terme à ces propos qui relèvent plus du café du commerce que de la réalité !

L’aspect surréaliste de la commission réside dans le fait que l’adjointe à l’environnement ne paraît pas connaître pas un certain nombre de ses dossiers, ce qui est possible en début de mandat, mais ne devrait plus être le cas un an plus tard, tout en ne mesurant pas les conséquences de ces lacunes… Ainsi, elle semble ne pas être à l'aise avec les chemins ruraux (CR) de Forges. Elle admet avoir été dans l’impossibilité de dire à la gendarmerie où elle se trouvait lors de la rencontre avec des quads ou autres motos de cross sur ces CR, que des proches de l’actuelle liste majoritaire voudraient pourtant tolérer dans ces chemins sous réserve d’une vitesse modérée. Or le problème n’est pas seulement la vitesse, mais aussi le bruit généré par ces engins et les dommages qu’ils causent aux chemins... Au sujet des CR, je rappelle qu’il existe en mairie un guide les décrivant, avec carte, guide que j’avais pondu avec l’aide de M. Pierre Audonneau et de Forgeois intéressés par ce sujet voila une dizaine d’années...

Non moins surréaliste, le fait que la même adjointe à l’environnement semble également ignorer le processus de désherbage de la commune et qu’il existe à Forges une désherbeuse thermique. Elle ne sait pas non plus où interviennent les services techniques sur les trottoirs, ni ceux qui relèvent de voirie privée ou de l’espace public (ceci dit elle n’est pas la seule des adjoints), ni même le nom de certaines rues de la commune. 

Plus grave à mon sens, cette commission dite « ouverte » a pris in fine le visage d’une chambre d’enregistrement. Les projets n’ont qu’à peine été discutés, et les Forgeois n’ont que peu eu la parole, à part un proche de la liste majoritaire actuelle. Tout s’est donc passé comme si les décisions avaient été prises une fois pour toutes « ailleurs », alors que, précisément, le rôle d’une commission communale est de les discuter en profondeur, de les valider ou de les invalider... Sans doute est-ce là la conception de la transparence démocratique de la liste majoritaire.

Par ailleurs, cette commission s’est conclue par un morceau d’anthologie. Interrogée par une des participantes sur la convention « Notre Village – Terre d’Avenir » signée par l’équipe municipale précédente, l’adjointe avoue n’avoir pas pris connaissance de son contenu dont elle ne décrit que l’épaisseur rébarbative du document. Point de vue confirmé par Mme la maire et un de ses proches, décrivant cette convention comme inutile, et n’ayant conduit qu’à la pose d’un totem dans le parc de la mairie. Quelle vision affligeante de l’opération ! Cette convention a, en effet, permis d’engager une réflexion portée sur l’environnement au sens large dans la commune, menée non pas par l’ancienne municipalité (même si elle l’a portée) mais par de nombreux Forgeois. Je ne les ai pas comptés avec précision, mais ce sont  une cinquantaine d’habitants de notre commune qui ont travaillé pendant des soirs et des week-ends entiers sur cette convention, y compris en termes rédactionnels. Le document présenté comme un pavé par les élus municipaux actuels est en fait le fruit du travail des citoyens. Le mépris dont fait preuve, encore une fois, Mme la Maire et son équipe vis à vis de l’implication et de la capacité associative des Forgeois est incommensurable, et témoigne d’une absence de considération des administrés. Pitoyable !


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D'après : 

lundi 7 juin 2021

VOUS AVEZ AIMÉ LA PANNE DES NUMÉROS D’APPEL D’URGENCE ?


Alors vous allez adorer la fin du réseau téléphonique commuté !

Le réseau téléphonique commuté, ou RTC, c’est le réseau historique de téléphonie fixe. Il fait que chaque téléphone fixe est relié, essentiellement par fil de cuivre, au commutateur installé dans un central téléphonique. Chaque appel d’un fixe vers un autre téléphone passe par cette ligne, qui renvoie du commutateur local sur un autre commutateur si l’appel est à destination d’un téléphone fixe, ou vers un autre commutateur et une antenne-relais si l’appel est à destination d’un portable.

L’intérêt du RTC est sa robustesse et le fait que les téléphones fixes qui reçoivent l’appel n’ont pas besoin d’être alimentés en énergie. Le courant d’appel, celui qui fait « sonner » le téléphone est en effet fourni par la ligne RTC, et les appareils de téléphone sont autonomes. Or le RTC vit ses dernières années. Il est ainsi impossible depuis peu de faire ouvrir une ligne fixe utilisant cette technologie et déjà plusieurs communes de France sont passées du RTC à la nouvelle norme, appelée « voix sur IP ». Dans ce système, votre voix captée par le micro fourni un signal analogique qui doit être transformé en signal numérique, seule information transportable dans un système voix sur IP. Le signal numérique sera acheminé jusqu’au correspondant, chez qui il sera décodé et transformé de nouveau en signal analogique, seul signal audible par notre oreille. Pour ceux qui souhaiteraient en savoir davantage sur tous ces points, la lecture des pages wikipédia en référence pourrait s’avérer d’intérêt (1).

La voix sur IP offre bien entendu des avantages tels qu’une meilleure compatibilité avec l’acheminement des autres signaux numériques sur nos lignes, et donc une limitation des équipements destinés à acheminer d’un côté la voix, et de l’autre l’internet, la télé, etc. Cette simplification doit a priori entraîner une réduction des coûts des communications, mais celui-ci pourrait être obéré par la mise en service de la fibre optique. Egalement, le numérique est en théorie au moins, moins sensible aux sons parasites. En réalité, la plupart des avantages de la voix sur IP se trouvent plutôt du côté de l’opérateur, plus que de l’utilisateur qui, lui, ne devrait pas voir de changement majeur pour son quotidien. C’est en tous cas le discours tenu par l’autorité de régulation et par les opérateurs. Car au final, il faut préciser que les anciens téléphones dont nombre de foyers sont encore équipés ne seront plus fonctionnels en voix sur IP. Il faudra donc changer certains de nos appareils et je ne suis pas sur que cela sera pris en charge par l’opérateur.

Ceci dit, le vrai problème que pose cette migration est à mon sens lié au fait que cette technologie ne fonctionne que si les téléphones sont alimentés en énergie. En cas de panne de courant, il n’y aura plus de liaison téléphone, un peu à l’image de ce qui se passe aujourd’hui pour l’accès internet via la « box » familiale. Si la panne est courte, pas de problème. Il sera d’ailleurs toujours possible d’utiliser les téléphones portables, en tous cas pour ceux qui en ont, soit environ 90 à 95 % de la population. Là où l’affaire se compliquera, ce sera lors d’événements climatiques mettant à mal l’alimentation électrique de nos domiciles, et celle des antennes relais. En moyenne, un téléphone portable dispose d’une autonomie de 24 heures, 48 heures au mieux si on coupe les fonctions wi-fi, bluetooth et « data » (2G-4G) et on éteint l’écran. Les antennes relais disposent, elles, d’une autonomie de 2 à 24 heures, très rarement plus, qui dépendra aussi de l’intensité de leur utilisation. Plus il y aura d’appels, moins l’autonomie des antennes sera importante. Cela veut dire que si une région est soumise à une tempête violente, avec des coupures d’alimentation électrique, il sera impossible de téléphoner en fixe lors de la coupure, et par le portable si celle ci-dure plus de 24/36 heures. Pour mémoire, certaines régions de France ont été privées d’électricité pendant 3, 4, voire 5 à 7 jours, encore récemment suite à des aléas climatiques d’importance. À Forges par exemple, la tempête de 2000 avait produit des coupures d’une durée de l’ordre de 5 jours dans certains des secteurs de la commune. Dans ces conditions - où l’ancien réseau en RTC aurait continuer de fonctionner - il sera impossible d’appeler les secours, alors que la probabilité d’en avoir le besoin s’accroîtra. Je rappelle aussi que nombre de dispositifs, tels que télésurveillance des biens et personnes y compris personnes âgées, ou système d’appels de secours des ascenseurs, fonctionnent toujours via le RTC (1)...

Nos sociétés sont des géants aux pieds d’argile, et parfois le progrès ne va pas dans le sens de la résilience, d’autant que la fréquence des événements climatiques violents est, selon toute probabilité, amenée à augmenter...



Références :

1. Pages Wikipédia
Réseau téléphonique commuté :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_t%C3%A9l%C3%A9phonique_commut%C3%A9

Boucle locale
https://fr.wikipedia.org/wiki/Boucle_locale_en_France

Commutateurs téléphoniques
https://fr.wikipedia.org/wiki/Commutateur_t%C3%A9l%C3%A9phonique

Crédit illustration :

Telephone Socotel S63
Vu sur Etsy :
https://img1.etsystatic.com/053/0/10014352/il_fullxfull.748091713_k3ej.jpg

 


samedi 5 juin 2021

MISÈRE DE LA RECHERCHE PUBLIQUE FRANÇAISE. III. ENTRE DÉFIANCE ET ÉVALUATION PERMANENTE.



Je termine ici la série des articles dédiés à la misère de la recherche publique française en abordant deux problèmes majeurs : la défiance de nos élites vis à vis de la recherche et de la fonction publique, et l’évaluation permanente, pratique issue du « benchmarking » cher aux managers du privé.


Liée à la méconnaissance complète de l’activité de recherche dont font preuve nos élites, il est incontestable que ces dernières se méfient de la recherche ! D’où une volonté de « contrôle » s’exerçant à tous les étages. Ainsi, contrairement à une idée reçue, les scientifiques font partie des gens les plus évalués au monde dans leur travail. Cette évaluation vaut pour les demandes de crédits que j’évoquais dans le premier article, mais aussi lors de la publication de nos données dans les revues scientifiques. Nous devons aussi fournir un rapport succinct d’activité tous les ans, et un rapport approfondi tous les 2 et 5 ans, rapports qui seront examinés en commission d’évaluation. S’y ajoutent les entretiens annuels d’activité… Bref, entre tous ces items, j’estime que le travail d’un chercheur est l’objet d’une évaluation partielle tous les mois voire tous les deux mois en moyenne. De façon paradoxale, une partie de ces évaluations se fait par ce que l’on appelle les pairs, c’est à dire d’autres scientifiques, car on voit mal un administratif évaluer la pertinence d’un projet de recherche pointu. Si ceci paraît normal pour tenter de valider la qualité d’une publication scientifique, il n'en reste pas moins vrai que nos élites, en France, ont toujours estimé que ces évaluations étaient un du. Les personnels ne sont donc pas rémunérés pour cela. Cette « gratuité » de l’évaluation a conduit au cours des 20 dernières années à des abus, avec une multiplication des demandes dévaluations, y compris pour des questions mineures, ou des demandes financières de l'ordre de quelques kilo-euros. Par ailleurs, personnels mais aussi labos, font l’objet d’évaluation a posteriori (ce que l’on peut comprendre puisqu’il s’agit d’argent public dont on peut vérifier la dépense) mais également maintenant a priori, sans qu’une évaluation positive ne se traduise par un engagement de la tutelle à un financement ad hoc.

Pris dans la tenaille de l’évaluation permanente, issue du formatage idéologique du « bench-marking » cher au monde de l’entreprise privée, les chercheurs et enseignants chercheurs, comme d’autres corps de la fonction publique, ont réagi en analysant ce qui les conduit à une bonne ou une mauvaise évaluation. Ils ont donc ajusté leurs comportements pour cocher le maximum de cases des tableaux d'évaluation, ce que j’appelle « l’excelisation » de nos activités. Élément central de l’évaluation : la publication scientifique, étape finale du travail de recherche qui permet à un chercheur de faire partager et connaître ses travaux. Ces publications sont évaluées en partie sur leur qualité, mais aussi et surtout sur la quantité par certains. Or, elles servent d’éléments d’appréciation pour la solidité des projets de recherche que déposera le chercheur. En d’autres termes, plus vous publiez, plus vous êtes crédibles. D’où la dérive du « publish or perish » (publier ou mourir) qui fait que l’on doit publier à tout prix, avec deux conséquences : un saucissonnage des travaux et un risque de fraude scientifique. Le saucissonnage, c’est passer, pour un travail donné, trois articles de moindre intérêt dans des journaux très corrects plutôt qu’un seul, remarquable, dans une revue de haut rang, car cela demande plus de temps et expose à un risque de rejet accrue de la publication. La fraude, c’est de publier des données non vérifiées, voire, et cela arrive malheureusement, des données trafiquées. 

Cette méfiance des élites se retrouve dans le contrôle administratif et financier auquel sont soumis les laboratoires. Il y a quelques années, nous étions astreint à la remise en concurrence au premier euro pour toute commande non interne. Ceci conduisait à demander 3 devis, à trois sociétés non liées. Mon équipe alors passait une dizaine de commandes par semaine, pour des produits tels que gélifiant pour milieu de culture, antibiotique, kit de biologie moléculaire, etc. Rien d’extraordinaire, juste la vie d’un labo lambda. Ces demandes de devis, suivies de leur analyse et du passage des commandes finales, dans lesquels il fallait remplir des codifications invraisemblables, occupait ma technicienne de l’époque une journée par semaine soit un coût consolidé mensuel (incluant les cotisations sociales) de l’ordre de 1000 euros ! J’avoue avoir tenté de bloquer le système un jour en ajoutant des codes inappropriés à la commande (du genre matériel nucléaire protégé, ou peinture de bâtiment) sans que cela ne soulève la moindre interrogation dans la chaîne de traitement de la commande... Tout cela a pris fin après une ou deux années de protestation des chercheurs. Nous avons d’ailleurs reçu un jour la visite de deux messieurs du ministère des finances, venu auditer l'ensemble des équipe du laboratoire et le service finance. Ils sont repartis blêmes trois jours plus tard en nous disant « nous ne réalisions pas le nombre de commandes qu’un laboratoire peut passer toutes les semaines. En laboratoire, le système mis en place ne peut convenir ». Effectivement !

Cette méfiance se retrouve également dans la gestion globale des crédits et dans la façon dont il est possible de les dépenser. Les équipes de recherche, pour palier le manque de succès d’une année sur l’autre aux propositions de projets de recherche qu'elles ont déposées (entre 80 et 90 % de rejet, voir articles précédents), ont tendance à faire des économies, c’est à dire moins dépenser que ce qui est prévu. Ce n’est pas bien du tout pour l’administration centrale, et particulièrement les services financiers sous la coupe de Bercy, qui estime dès lors que nous avons triché dans la demande de crédits en demandant trop et qui nous menace alors de nous retirer les crédits « restant » en fin d’année. Il était possible, il y a encore une dizaine d’années, par des jeux d’écriture légaux, de basculer ces montants sur des lignes de crédits pérennes (appelés fonds propres) mais depuis 4 ou 5 ans, cela devient de plus en plus compliqué et oblige à mettre en place des procédure de type système D, à la limite de la légalité (même si elle restent encore du bon côté), procédures que je ne détaillerai pas ici pour d’évidentes raisons mais qui constituent encore des pertes de temps supplémentaires...

Un mot également sur les déplacements, ce que l’on appelle les missions. Préalable à tout déplacement professionnel, il est nécessaire de remplir une demande d’ordre de mission. C’est un 4 pages, où l’on dit où et pourquoi nous nous déplaçons. Pour l'étranger et certains pays, il faut aussi l'avis du fonctionnaire de défense qui peut, sans justification, bloquer votre demande. Je me rappelle ainsi avoir reçu un avis suspensif en attente d'entretien pour une mission dans un pays où la France négociait un très gros contrat d'armement. Le fonctionnaire de défense de l'époque souhait me rencontrer pour savoir à qui il avait affaire, sans que nous n'ayons jamais évoqué le projet de recherche que je portais... Il faut ensuite acheter les billets de train ou d’avion, sur un site dédié marché public, idem pour la réservation d’hôtel (et non il n’y a pas de secrétaire pour faire cela !). Pendant des années, il fallait avancer les fonds pour se faire rembourser entre 2 et 6 mois plus tard. Je me rappelle avoir du « sortir » pendant longtemps presque 10 000 euros de frais de déplacement tous les ans, dont j’ai bien entendu été remboursé, mais toujours tardivement. Là ou le contrôle est particulièrement visible, c’est qu’il vous est impossible de choisir un hôtel plutôt qu’un autre, sauf si aucun ne figure sur le site du marché public pour la ville de destination. Je me rappelle de deux colloques auxquels j’ai assisté, qui se tenaient dans un centre de conférence avec nombre d’hôtels à proximité. Malheureusement, aucun de ceux-ci ne figurait au catalogue des marchés. J’ai donc été obligé de prendre l’unique hôtel de cette ville au catalogue, à plus de 5 km du centre de conférence, donc éloigné des autres participants, si je tenais à être rembourse à plein, faute de quoi mon allocation nuit tombait à 60 euros. Pour information, mon allocation de déplacement en France en 2019 se montant à environ 120 euros jours, sur lesquels il faut payer hôtel, petit déjeuner déjeuné et dîner. Pas de quoi faire des folies, et pour être franc, la plupart d’entre nous en sommes toujours un peu de notre poche au sortir d’une mission. J’ajoute également qu’il faut prouver que nous avons bien assisté au congrès : pour cela il est nécessaire de demander une attestation de présence à l’organisateur. Événement ubuesque, lors d’un congrès international dont j’étais l’organisateur principal en France, j’ai du signer de ma main une attestation certifiant que j’avais bien assisté à ce colloque, faute de quoi mon administration de tutelle menaçait de ne pas me rembourser de mes frais… Si je compare avec une mission faite aux USA des années plus tôt, il suffisait là bas de demander l’accord du responsable de l’équipe pour partir, puis de remettre au retour ses notes de frais. Remboursement immédiat par le service finance de l’université après un simple appel téléphonique de confirmation à mon responsable d’équipe…

Un dernier mot dans ce long article pour évoquer la question des salaires, ou plus exactement des traitements puisque nous sommes fonctionnaires. Rien de mirobolant, contrairement à des données fantasmées que j’ai lues à droite et à gauche. Chercheur ou enseignants-chercheurs (fac, CNRS, INRA, INSERM), les grilles sont les mêmes sauf au CEA dont les personnels ne relèvent pas de la fonction publique. Salaire de début pour un ou une technicien/technicienne : autour de 1 400 euros net avec une fin de carrière pour 90 % d’entre eux ou elles à environ 2 000 euros net. C’est à ce « tarif » là que notre employeur rémunère des collègues spécialistes de spectrométrie de masse, de chromatographie, dont certains bossent aussi la nuit ou le week-end sur les lignes de lumière du synchrotron (sans supplément salarial bien sur!)… Pour les chercheurs ou enseignants, embauchés à bac + 10 (doctorat plus 2 ans d’expérience à l’étranger) : autour de 1 800 euros net par mois, plus 1 500 euros de prime annuelle. Fin de carrière pour les 2/3 d’entre eux comme maîtres de conférences ou chargés de recherches autour de 3 500 euros net/mois. Les professeurs de fac et autres directeurs de recherches verrons, eux, leur rémunération culminer autour de 4 500 euros net/mois, avec les responsabilités qui vont avec, soit l’encadrement d’une équipe moyenne d’une dizaine de personnes, ou la direction complète d’un département d’une à plusieurs centaines de personnes. Même si on ne peut se plaindre à niveau de revenu, j’ai l’impression que l’État-employeur ne fait pas, globalement, une mauvaise affaire !

Tout ce qui précède montre que les personnels de la recherche et de l’enseignement supérieur évoluent dans un climat pesant, dans lequel il devient de plus en plus difficile de se mouvoir entre contraintes financières, administration tatillonne, règlements ubuesques, faiblesse des subsides, et globalement méfiance pour ne pas dire défiance des nos élites, si éloignées de la recherche qu’elles n’en comprennent pas le fonctionnement. J’ajoute que le tout n’est pas compensé par des revenus salariaux proportionnels aux compétences ou aux responsabilités. Ma description de la situation ne se veut en aucun cas exhaustive, mais c’est une partie du panorama de l’activité de recherche qui explique pourquoi la France recule dans un domaine qui est compétitif. On ne peut demander à un coureur de courir un 100 mètres comme ses adversaires, si son entraîneur et sa fédération jouent contre lui, et lui imposent le port de boulets aux pieds. Le trait est forcé, mais somme toute, pas tant que cela...


Crédit illustration :

Loi sur la recherche : pourquoi les chercheurs se mettent en grève ce jeudi. L'Express. Mars 2020.
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/loi-sur-la-recherche-pourquoi-les-chercheurs-se-mettent-en-greve-ce-jeudi_2120119.html


jeudi 3 juin 2021

AU SUJET DE LA RÉSERVE COMMUNALE DE SÉCURITÉ CIVILE

Pris par d'autres projets, et un réinvestissement dans plusieurs associations Forgeoises, j'avais laissé tomber cet article. Je retombe sur une publication ancienne municipale relative à cette thématique, et c'est donc pour moi l'occasion de dire ce que je pense du projet...

Le but de cette réserve est de pouvoir faire face, en cas de crise locale, à des besoins particuliers, en renfort des services municipaux. C'est très cadré (1), et cela peut être intéressant dans le principe. Cependant, la première réflexion qui me vient en tête c'est de me dire que cette tâche est du ressort entier et premier des élus. Avant de demander au citoyen de s'activer, il me semble qu'il faudrait en effet que les élus s'y collent !

Lors de précédents mandats, suite à des pluies violentes, des incendies de maison, c'est l'élu d'astreinte qui réagissait avec les moyens des services techniques, même en pleine nuit ou le week-end. Combien de fois, les adjoints, avons-nous été réveillés par les pompiers ou les gendarmes, qui pour un accident de la route, qui pour un incendie, qui pour entrer dans un domicile, qui pour un suicide, qui pour un déséquilibré menaçant ? Avec des décisions à prendre pour bloquer une route, interner d'office, baliser, casser une porte, aider au nettoyage d'un secteur, etc. Et lorsque l'élu d'astreinte ne suffisait pas, il appelait alors le maire, qui mobilisait les autres adjoints et les autres élus, voire leur famille. Je me rappelle un incendie où il a fallu trouver en urgence des bâches pour protéger une toiture détruite, un accident où il a fallu couper une départementale le temps de procéder au retrait des blessés et des véhicules, la DDE étant inaccessible, un autre incendie où les pompiers ont travaillé de 23h00 à 01H30 avec le soutien de café préparé par la famille d'élu faisant la navette, ou les inondations où nous avons aussi coupé des routes et aidé à sortir des personnes âgées bloquées dans leur voiture avec de l'eau par dessus nos bottes du côté de Pivot...    

Je ne raconte pas tout cela pour me faire mousser, mais juste pour dire que tout cela va avec le mandat municipal. Etre élu, ce n'est pas faire le beau ou la belle au marché ou sur les réseaux dits sociaux ! Or si j'en crois différents retours et mon expérience personnelle, j'ai comme la vague impression (mais peut être me trompé-je) que le téléphone d'astreinte n'est plus d'une grande utilité pour signaler un problème, et que la notion même d'astreinte de certains des adjoints n'est plus trop à l'ordre du jour, ce fameux téléphone sonnant disons de "temps en temps" dans le vide. Alors, mobiliser des Forgeois, pourquoi pas, mais encore faut il que l'exemple vienne d'en haut, et là, y'a comme une grosse marge de progrès !    


Référence :

1. Ministère de l'intérieur. Réserve communale de sécurité civile.
Consultable en ligne :
https://www.demarches.interieur.gouv.fr/particuliers/reserve-communale-securite-civile




mercredi 2 juin 2021

MISÈRE DE LA RECHERCHE PUBLIQUE FRANÇAISE. II. LA MECONNAISSANCE DES DIRIGEANTS.

 


J’expliquais dans un premier article en quoi la recherche en France est dans un état indigne de notre pays. Je faisais le constat de son sous-financement chronique, de la pression constante mise sur les scientifiques pour la chasse aux subsides, du temps perdu qui en résulte, le tout trouvant son origine dans des choix politiques qui font de la recherche et de l’enseignement supérieur, depuis au moins 20 ans, une non-priorité.

Tout ce qui précède peut grandement s’expliquer par la méconnaissance qu’ont nos dirigeants de l’activité de recherche. Ceux-ci ont en effet été formés dans de grandes écoles, formatés pour se conformer à des modèles économiques et des modes de pensée très éloignés de ceux du monde de la recherche, que certains méprisent d’ailleurs. Je me rappelle de réunions où je représentais le département Environnement et Développement Durable du CNRS, et d’autres de mes collègues, de l’INRA, l’INSERM ou d’autres opérateurs de recherche, dans des ministères ou à l’ANSES, où ceux que mes collègues et moi appelions les « costards », repérables à leurs costumes deux ou trois pièces, n’avaient aucun scrupule à nous dire ce que nous devions chercher, et comment, jusqu’à temps qu’on leur démontre que les travaux étaient déjà en cours, voire parfois même terminés. Le problème est que dans ce type de réunion, nous étions 4 ou 5 à représenter les instituts de recherches, et nous trouvions confrontés à 30 personnes de différents ministères et services. Ceci révèle à mon sens un problème généralisé de la fonction publique en France : nous avons trop d’administratifs et pas assez d’opérationnels...

Je me rappelle aussi avoir été sollicité par ma directrice au CNRS pour rédiger à sa place un article sur « recherche fondamentale et recherche appliquée » pour la revue des anciens élèves de l’ENA, où j’ai tenté d’expliquer pourquoi il est difficile, voire illusoire, de piloter la recherche tant les découvertes majeures sont le fruit du hasard et de la capacité des scientifiques à réaliser « qu'ils sont sur quelque chose d'important », ce que les anglo-saxons appelle sérendipité. Je citais pour cela un ancien président de l'académie des sciences qui disait « ce n’est pas en cherchant à améliorer la bougie que l'on a  découvert l’électricité »... Pas sur que cet article ait servi à grand chose. A ce stade, il  me parait important de préciser que ce poids des écoles administrations ou des grandes écoles est une spécificité française. Aux USA, au Canada et dans nombre de pays européens, il suffit de dire que vous êtes docteur (quelle que soit votre spécialité) pour vous ouvrir de nombreuses portes, y compris dans les banques ! En France, il a fallu attendre 2009 pour que la cour de cassation rappelle simplement que le titre de docteur pouvait être porté et mentionné par les titulaires de tout doctorat de troisième cycle (donc pas seulement par les médecins), et la loi de juillet 2013 pour voir cette jurisprudence gravée dans le marbre... Cependant, même aujourd’hui, dans nombre d’entreprises, le diplôme de doctorat reste à peine reconnu, et ceci n'est pas lié à la qualité des doctorants... 

Soyons très clair, le fossé que je décris plus haut entre membres de la haute fonction publique, responsables d’entreprises, cadres sup « plus plus plus », politiques de haut rang d’un coté, et monde de l’enseignement et de la recherche de l’autre s’apparente fortement à un fossé de classe*. Là les dirigeants, et ici les exécutants. Comme le disait « Blondin », joué par M. Clint Eastwood dans un western célèbre « Le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un revolver chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses ». Une belle allégorie du capitalisme à mon sens, mais explicatif également d’une partie des problèmes de la recherche. « Certains de leurs certitudes », nos dirigeants appliquent leur cadre intellectuel formaté, à la recherche, sans en connaître les rouages et les complexités. D’où, par exemple, une volonté d’économies maximales ; en effet , dans ce cadre, l'activité de recherche est considérée comme « centre de dépense » et aucunement comme « centre de profit ». Il est vrai qu’il est difficile de savoir ce que rapportent la recherche et l’enseignement supérieur. Mais comme le disait Abraham Lincoln : « si vous pensez que l’enseignement coûte trop cher, essayez l’ignorance »...

Conséquence de cette stricte vision comptable, qui oublie les missions premières, on rogne sur tout, y compris sur les postes en recourant massivement à de la sous-traitance. Quand cela concerne le nettoyage des locaux, ou la restauration, on peut en discuter car l’impact sur l’activité de recherche reste modérée (quoi que !). Quant il s’agit de l’entretien des bâtiments, des machines, des équipements mi-lourds, là, la question de la pertinence de ce choix - autant économique qu’idéologique - se pose. Quand j’ai commencé mon activité à Gif, nous disposions de 6 à 7 personnes aux services techniques pour l’entretien de routine du bâtiment, des appareils légers (petits appareils de laboratoire) et mi-lourds, de type groupes froid, groupes chaud, agitateurs gros volume, congélateurs -80°C, serres de culture, etc. pour un effectif de 120 personnes. C’était en 1990. A ma cessation d’activité, en 2020, dans un institut de 700 personnes, nous ne disposions plus que de 4 personnes pour le petit entretien, tout le reste étant sous-traité à des entreprises privées. Or les pannes sur les groupes froids dans les chambres de culture, ou en serre, nécessitent une intervention immédiate H24, 7 jours sur 7, ce qui était possible avec les personnels CNRS d’astreinte logés pour beaucoup quasiment sur site. Avec le sous-traitant, ce n’est plus possible. L’entreprise de génie climatique se trouvant par exemple dans le département 77, il lui faudra 2 heures pour intervenir en semaine à Gif, largement le temps de voir mourir nombre d’organismes cultivés en labo. Mon équipe, et elle n’est pas la seule, a perdu lors des 15 dernières années où le recours généralisé à la sous-traitance a explosé, au moins 5 à 6 mois de recherche. Si je fais le calcul des pertes en matériel, plus celles en salaire mois/hommes, on s'aperçoit vite que la pseudo économie que nos élites pensaient faire en sous-traitant certains métiers n’est finalement que de la poudre aux yeux. Dans un milieu ou la compétition internationale est forte, 6 mois de retard peuvent vous faire passer du rang de pionnier dans votre domaine, au rang de simple suiveur. Mais vu de Bercy ou de Matignon, quelle importance ?

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* Je reviendrai dans un autre article sur les questions des classes sociales et de leurs intérêts contradictoires, que Marx et d’autres avant lui, comme François Guizot, ont théorisés. D’aucuns prétendent que la lutte des classe n’est plus un sujet aujourd’hui (c’est un des aspects de la pensée macroniste), mais cette vision se trouve contredite par le mouvement des gilets jaunes même si celui-ci ne doit pas être seulement analysé via une grille de lecture architecturée autour de ce concept. 



Crédit illustration :


Photo: Annik MH de Carufel pour Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/societe/science/521442/science-pres-de-4-milliards-pour-la-recherche