mardi 15 novembre 2022

LE BOUFFON NE FAIT PLUS RIRE (2)


J'évoquais dans un précédent article les propos au mieux démagogiques, au pire scandaleux tenus par un des personnages les plus controversés de la télévision français, j'ai nommé M. Cyril Hanouna. Ce dernier vient de récidiver en n'hésitant pas à insulter un député qu'il avait invité à son émission, et qui avait mis en cause le comportement du patron de la chaîne sur laquelle officie M. Cyril Hanouna. Ce dernier est M. Vincent Bolloré, le milliardaire bien connu. Mais il y a plus grave, et c'est une collègue du CNRS qui le dit, chiffres à l'appui...

Je ne reviens que brièvement sur l'affaire qui a défrayé la chronique, récemment. Il est en effet impossible d'avoir échappé à l'info : M. Cyril Hanouna, dans un épisode de l'émission de divertissement qu'il anime, n'a pas hésite à insulter M. Louis Boyard, député de « La France Insoumise » après que ce dernier ait critiqué en direct sur l'antenne les activités de M. Vincent Bolloré en Afrique. Il affirmait ainsi que « Les cinq personnes les plus riches, ce sont les mêmes qui appauvrissent la France et l’Afrique. Et je vais vous donner l’exemple de Bolloré qui a déforesté le Cameroun », en référence aux activité d'une entreprise qui produit de l'huile de palme, et dont M. Vincent Bolloré est actionnaire. Le ton est vite monté, après que le député, qui fut avant son activité de parlementaire, un des invités fréquents et appointés financièrement de l'émission, ait accusé l'animateur de faire la part belle aux idées de l'extrême-droite, et particulièrement à celles propagées par M. Eric Zemmour. La « discussion » s'est alors envenimée, les noms d'oiseaux et les insultes pleuvant alors sur le député, traité d’« abruti », de « tocard », de « bouffon », à qui l'animateur excédé demandait de « fermer sa gueule »... La grande classe, quoi !

Je ne peux dire si les propos du député sur l'activité de M. Vincent Bolloré en Afrique sont exacts ou non, je n'ai pas eu le temps de parcourir la presse qui a sans doute enquêté sur le sujet. Le principal n'est pas là, de toutes façons. En revanche, il me semble que la participation de grands groupes dans les entreprises de presse et télévisuels pose un très sérieux problème démocratique. Ce n'est en effet pas la première fois qu'une certaine forme de censure - puisqu'il faut appeler les choses par leur nom - s'exerce lorsque le patron d'un groupe de presse (écrite ou télévisuelle) est susceptible d'être mis en cause dans une enquête portant sur ses autres activités. On peut ainsi citer le cas de l'excellent film de M. François Ruffin, « Merci Patron », que le journal Le Parisien avait passé sous silence, interdisant à ses chroniqueurs cinéma d'en parler. Il est vrai que M. Bernard Arnault, le propriétaire du journal Le Parisien était alors au centre du film de M. François Ruffin, qui y dénonçait la casse sociale organisée pour le plus grand profit de ses actionnaires... De même, on pourrait évoquer le scandale des Panama papers, où apparaît le nom de M. Patrick Drahi, actionnaire majoritaire de BFM-TV, RMC,et ayant des participations dans Libération, l'Express et l'Expansion. Ce dernier semble avoir échafaudé un montage opaque de sociétés, de trusts, qui conduisent en grande partie vers des paradis fiscaux connus : Luxembourg, Suisse, Iles anglo-normandes, etc. Il faut alors se remémorer la réaction d'un animateur vedette de BFM, qui déclarait alors : « Vous avez vu la réaction des gens qui ont été cités ? Ils se défendent c’est normal. Patrick Drahi, par exemple, qui reconnaît avoir une société, mais rien d’illégal. […] Est-ce que finalement c’est la bonne méthode de jeter en pâture des noms de personnalités, sans qu’elles aient vraiment la possibilité de se défendre ? »... Parfois, les responsables de rédaction ou de chaîne avouent même leur ingérence dans les enquêtes menées par les journalistes. C'est le cas de M. Nicolas de Tavernost, patron de M6, qui reconnaissait avoir agi pour ne pas contrarier des clients, entendez les patrons de la chaîne et/ou les annonceurs. Il indiquait avoir, entre autres, déprogrammé un numéro de Capital traitant du sujet des fournisseurs de téléphonie. Enfin, au titre des grands intervenants, on retrouve bien sur M. Vincent Bolloré. Propriétaire de Canal+, ce dernier avait oeuvré pour interdire la diffusion d'une enquête sur le Crédit Mutuel dans « Spécial investigation ». De fait, dès que l'on parle d'Afrique et des activités des entreprises de son groupe, les oreilles de ce milliardaire semblent tinter. Il n'a pas hésité à poursuivre en justice plus d'une trentaine de journalistes qui enquêtaient sur ce thème pour ce qu'il estime être de la diffamation. Quant à ses actions après le rachat d'Itélé, devenue CNews, ou d'Europe 1, plus récemment, elles ont assez systématiquement conduit au départ de très nombreux journalistes qui s'estimaient empêchés de travailler... On notera aussi un virage éditorial sensible, puisque ces chaînes, et surtout CNews, devenu une sorte de Fox News à la française, se sont fait une spécialité des discours proches de ceux de l'extrême-droite. Rien d'étonnant, donc, à ce que M. Cyril Hanouna ait réagi de façon agressive aux propos du député qui soulignait d'ailleurs ce point.

Cette accusation de favoritisme de l'extrême-droite dans l'émission de M. Cyril Hanouna tient-elle la route ? Il semble que oui, absolument, si je me réfère pour le dire à une étude récente dont le premier volet a été publié en début d'année par Madame Claire Sécail, chercheuse du CNRS. Elle vient d'affiner ses résultats en publiant la suite de ses travaux, c'est à dire l'analyse de l'émission sur la période couvrant la campagne électorale présidentielle (janvier-avril 2022). Prenant en compte les temps de parole, la présence ou non de contradicteurs, les choix thématiques, cette intéressante analyse révèle, je cite les conclusions de l'auteure, « un fort déséquilibre de traitement persistant entre les candidats de l’élection présidentielle 2022 » dont l'analyse quantitative des temps d’antenne/parole démontre « que l’émission a largement favorisé les candidats d’extrême droite et toujours en particulier Éric Zemmour », assez systématiquement présenté sous le statut de victime. Pour être plus précis, la chercheuse indique aussi que l’extrême droite a bénéficié de presque 49 % du temps d’antenne politique de l'émission du 8 au 27 mars, malgré l'exigence d'équité de temps de parole imposée par la loi à cette période. Les marcheurs et la majorité présidentielle ont, eux, occupé 25 % de l'antenne, et les différents partis de gauche et écologistes, tout juste 20 %. Elle conclut de cela, je cite l'étude, que « le cadre de régulation du pluralisme pendant la campagne électorale n’a eu quasiment aucun effet correcteur sur les disparités observées dans [l'émission], quelle que soit la période concernée », conduisant ainsi à « une bipolarisation du débat qui favorise l’expression de l’extrême droite ». Cette observation est renforcée par l'analyse de la contradiction, qui révèle que, je cite toujours, « les candidats de droite (LR), de gauche (PS, PCF) et écologistes ont été invisibilisés quantitativement et parfois disqualifiés qualitativement. Si le RN est quantitativement resté derrière Éric Zemmour, il a gagné qualitativement en normalisation, [alors que] Jean-Luc Mélenchon (LFI) a fait l’objet d’un traitement particulièrement désavantageux par C8 durant la période d’égalité [de temps de parole] ».

On peut bien entendu reprocher aux politiques de se rendre dans l'émission de M. Hanouna. C'est d'ailleurs ce que je fais de nouveau ici, car le rôle d'un député n'est pas le divertissement, pour autant que l'on puisse utiliser ce terme pour cette émission. Je suis donc en total désaccord avec M. Jean-Luc Mélenchon, lorsqu'il tente d'exonérer les politiques de leur responsabilité s'ils s'affichent dans cette émission. Oui, c'est bien en partie « de votre fait », Mesdames, Messieurs, pour reprendre les propos du leader de la France Insoumise, si ces évènements se produisent. En revanche je partage son constat lorsqu'il indique que lorsque « neuf milliardaires possèdent 90% des médias, il y a un ruissellement de médiocrité et d'obéissance ». C'est, à mon sens, une raison de plus pour ne pas se rendre sur ces chaînes ! C'est aussi à mon sens, une raison pour légiférer au plus vite sur ce sujet...


Note ajoutée le 23/11/2022

Je relaye ici un article du site d'informations en ligne "Blast" parlant des tentatives de censure d'une presse indépendante, en provenance du groupe Drahi :

"Le groupe de Patrick Drahi a réussi à obtenir une censure conservatoire, en détournant la loi de 1881 sur la liberté de la presse [...]  En août 2022, des informations financières et fiscales sur Altice, 3ème groupe media privé français ont été publiées sur internet par des hackers. Début septembre, Reflets.info a publié une série d'articles concernant les montages financiers et fiscaux d'Altice, lui permettant de ne payer quasiment aucun impôt malgré son activité [...] Par une décision du 6 octobre 2022, le tribunal de commerce n’a pas ordonné à Reflets.info de dépublier ses articles, car les informations qui y sont révélées ne violent pas le secret des affaires. En revanche, le tribunal a interdit à Réflets.info de publier d’autres articles sur Altice ce qui est une violation intolérable de la liberté de la presse."

https://www.blast-info.fr/articles/2022/le-secret-se-propage-la-liberte-recule-par-le-collectif-stopbollore-Vh8UoUskSUu7kiYBr0uwYQ

mercredi 9 novembre 2022

EAU OUEST ESSONNE :
LA RÉGIE QUI A DU CHIEN !


Comme les lecteurs du blog le savent, j'ai conservé une fonction à la régie publique Eau Ouest Essonne, participant au Conseil d'Exploitation. Cela me permet de proposer et de suivre les grandes orientations de la régie, orientations dont le choix reste bien sûr du seul ressort des délégués communaux réunis en conseil syndical. Je donne dans cet article quelques nouvelles plutôt satisfaisantes de la régie intercommunale.

Première bonne nouvelle, malgré la sécheresse de l'été que nous avons connue, la fourniture d'eau a pu être maintenue grâce au travail des agents d'Eau Ouest Essonne. Cependant, la situation a été tendue sur les captages de Saint-Maurice-Montcouronne, à la fois en raison de la baisse du niveau de la nappe, mais aussi en raison de certaines limitations techniques des systèmes de pompage. Néanmoins, le déficit en eau a pu être aisément compensé via l'interconnexion avec le réseau en provenance de l'usine de potabilisation des eaux de l'Essonne, située à Itteville. Parmi les priorités de la régie, le remplacement de ces captages est donc prioritaire, un processus s'inscrivant dans une démarche de sécurisation des approvisionnements engagée depuis plusieurs mois.

Deuxième bonne nouvelle, depuis quelques jours, grâce à une pluviométrie favorable, à un rafraîchisement, et au ralentissement de la photosynthèse des arbres, le niveau de la nappe de Saint-Maurice remonte doucement. Il me semble intéressant de préciser ici que le fait que les pluies d'orage de l'été ou de fin d'été, apportant pourtant beaucoup d'eau, ne rechargent pas les nappes est lié à plusieurs phénomènes. Tout d'abord elles se produisent souvent sur un sol sec et généralement (très) compact sur les parcelles agricoles exploitées de façon conventionnelle. Elles ne pénètrent donc pas le sol et ne percolent pas, générant des ruissellements importants. Deuxièmement, la partie de l'eau qui pénétrerait est très rapidement évaporée par la végétation, un phénomène appelé évapo-transporation. Celui-ci permet aux plantes, entre autres, de tolérer les élévations de températures et de résister aux chaleurs de cette saison. On estime que plus de 95% de l'eau absorbée par les racines est « transpirée » par un arbre. À titre d'illustration, un hectare de forêt (soit grosso modo la surface d'un terrain de football) en région parisienne évapore en moyenne 30 tonnes d'eau par jour, soit 30 m3.

Troisième bonne nouvelle, justifiant le titre original de l'article, la régie lance un programme de détection de fuites en zones agricoles. Il existe plusieurs moyens de rechercher des fuites sur un réseau d'eau potable. Là où le réseau est directement accessible (via des bouches à clef, des vannes, etc.), on peut procéder à une écoute acoustique. Toute fuite d'eau provoque en effet un bruit, plus ou moins aigu ou grave selon l'intensité de la perte d'eau. En utilisant deux capteurs encadrant la zone fuyarde, on peut aussi détecter avec précision la localisation exacte de la fuite. Ces techniques restent cependant difficiles à mettre en oeuvre en zone où les canalisations sont non accessibles, par exemple en zone rurale, où ces tuyaux peuvent être profondément enterrés. Pour traiter ces zones, la régie va avoir recourt à des chiens dressés à la détection du chlore. Ce chlore est ajouté à l'eau potable au niveau du captage, pour en assurer la potabilisation biologique. Cette technique a déjà été utilisée par une entreprise privée avec succès mais Eau Ouest Essonne sera la première régie en France a avoir recours à des chiens spécialement dressés pour ce travail. Celui-ci ne peut être réalisé que hors périodes de fortes chaleurs, le chlore s'évaporant trop vite et la chaleur perturbant les animaux. Il est possible d'explorer 2 km de canalisation par heure. C'est un chiffre très significatif, d'autant qu'il repose sur la mise en oeuvre d'une technique non destructive, et plutôt respectueuse de l'environ-nement. L’expérience se déroulera dans les secteurs de Fontenay-lès-Briis et de Forges-les-Bains fin novembre 2022.

Le savoir-faire de la régie fait que des communes de plus en plus éloignées du « centre historique » envisagent d'avoir recours aux services de la régie, parfois pour gérer une délégation de service publique, parfois pour rejoindre la régie directement. Cette bonne réputation et ce savoir-faire sont d'ailleurs arrivés jusqu'aux oreilles de M. le Sous-Préfet d'Etampes, qui visitera les installations de la Régie prochainement, des captages aux systèmes de télésurveillance et de relève. Il s'agit à mon sens d'une vraie reconnaissance du travail fait par les personnels et les élus pour mettre en place un service public de l'eau potable.


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Photo de Lorenzooooo
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samedi 5 novembre 2022

LE BOUFFON NE FAIT PLUS RIRE



Cela fait pas loin de 40 ans que je vis sans télévision. Celle que j'avais dans les années 80 est tombée en panne, et je ne l'ai jamais réparée ou remplacée. Ceci fait que je ne regarde jamais ou presque les émissions télévisées, sauf lors de mes séjours à l'étranger, ou lors de mes vacances si un poste est disponible sur site. J'avoue ne pas m'en porter mal, et quelques événements récents me confortent dans ce ressenti.

Autant le dire tout de suite, je suis globalement atterré du niveau moyen des spectacles que nous offre la télévision lorsque je la regarde. En particulier je trouve totalement délirante la place que prend la publicité sur les chaînes. Je ne vois pas non plus d'intérêt aux énièmes rediffusions de films, et je trouve globalement médiocres, pour rester plutôt gentil, nombre d'émissions dite de divertissement. Je n'ai rien, ceci dit, contre les divertissements. J'aime beaucoup ce que propose Culture Box, avec une belle variété d'émissions proposées, et pour éviter de passer pour un bêcheur, je précise que regarde aussi de temps en temps des émissions plus « légères », comme Pawn Stars, Vintage Mecanic ou Wheeler Dealer. Quant aux émissions plus sérieuses, de type enquête ou documentaires, je dois dire que j'ai été très agréablement surpris par la qualité de la chaîne parlementaire LCP.

Malgré ces quelques perles, comment ne pas également évoquer au titre des regrets les journaux « d'information» télévisés dans lesquels, très souvent, la dite information ne fait l'objet que d'un survol. Plus grave à mon sens, la plupart de ces journaux ne montrent qu'une très faible, sinon aucune hiérarchisation de l'information, particulièrement lors des émissions de mi-journée. Je suis également assez critique de la qualité de la production des chaînes dites d'information en continu. À l'exception possiblement de France-Info, je suis catastrophé par leur pauvreté, par la répétition des séquences et des images montées en boucle, et par la faiblesse des commentaires des journalistes, particulièrement de ceux envoyés sur le terrain. Tout se passe comme si il fallait diffuser pour diffuser, point à la ligne. Parmi ces chaînes, une me semble poser un problème plus sérieux. Je suis outré par les propos tenus de façon répétée et fréquente par les journalistes et intervenant de CNews, tant ceux-ci - entre faits non vérifiés et propos xénophobes et racistes - pourraient à mon sens faire l'objet de poursuites pénales. Vous me direz que si ces émissions ne me plaisent pas, il reste la possibilité de ne pas les regarder. C'est bien ce que je fais, mais je ne peux que m'inquiéter de l'impact de certains propos nauséabonds tenus sur ces chaînes, et la mansuétude dont ils bénéficient...

A ce sujet, j'ai été, comme d'autres, profondément écoeuré par les propos tenus par M. Cyril Hanouna dans son émission « Touche pas à mon poste». Ce dernier « commentait » à l'antenne le meurtre terrible d'une jeune fille en région parisienne, meurtre dont est suspectée une femme en situation d'obligation de quitter le territoire français. Il estimait ainsi que « Si on a toutes les preuves, c’est perpétuité direct. Je suis désolé. Il n’y a pas d’altération ni de non-discernement », ajoutant « C’est le genre de cas où, fou ou pas fou, elle doit être en prison. Elle ne doit pas être soignée. Pas consciente de ses actes ? C’est une loi qui doit être révisée aussi. […] Entendre ce discours en France, j’en peux plus de ça, c’est insupportable et les lois doivent changer », avait-il conclu. J'avoue ne pas être un fan de notre actuel Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, M. Eric Dupont-Moretti, mais je ne peux que souscrire à ce qu'il disait quand il réagissait à ces propos en les qualifiant de « négation de l'Etat de Droit ». Sur France-Inter, l'humoriste Mme. Sophia Aram avait été plus violente et plus critique en affirmant « qu'en appelant à une justice expéditive Hanouna démontre qu’il n’est qu’un barbare [...] Un barbare populiste, joyeux, souvent couillon, mais un barbare au service d’un multimilliardaire dédiant ses antennes aux thèses d’extrême droite ». Je laisse à cette humoriste la responsabilité de ses propos, mais ne peux que constater qu'effectivement, la chaîne diffusant l'émission de M. Cyril Hanouna (C8) appartient au groupe Canal +, dont le conseil de surveillance a été longtemps dirigé par Vincent Bolloré, milliardaire français, proche des milieux intégristes catholiques.

Au-delà, en quoi les propos de M. Cyril Hanouna posent-t-ils problème ? Il a sans doute le droit de s'exprimer comme tout citoyen, après tout, non? Certes, mais il ne doit pas oublier que contrairement à tout citoyen, ses propos sont entendus par des millions d'auditeurs. Il a donc, à mon sens, une obligation morale de tenir un discours équilibré et non caricatural, si possible tirant vers le haut le débat autour des questions de justice. Or, M. Cyril Hanouna fait tout le contraire... On pourrait parler de dérapage malheureux si verbe avait dépassé la pensée mais je crains que là ne soit pas la vérité. Au risque de surprendre, je suis de nouveau en accord avec M. le Garde des Sceaux lorsqu'il dit que cette manière de faire « appar-tenait au Moyen-Âge », tout en ajoutant « Balayer l’état de droit pour faire de l’audience, c’est quelque chose que je ne peux pas accepter ». Je crains en effet qu'il s'agisse plutôt d'un dérapage très contrôlé, visant avant tout à faire parler de l'émission. En lien, et comme par hasard, deux ou trois jours plus tard, constatant les records d'audience de l'émission suite aux polémiques, M. Cyril Hanouna a organisé une fête privée avec les personnels de son émission, puis une fête télévisée d'assez mauvais goût, invitant, si j'en crois le compte-rendu qu'en fait Télé Sept Jours « le dirigeant de C8 Franck Apietto à venir faire la fête sur le plateau. Ce dernier est donc venu remettre un trophée à Cyril Hanouna pour l'occasion, vêtu d'un déguisement bling-bling : lunettes de soleil, faux collier en or, fausse fourrure... À l'écran, des faux feux d'artifices ont été ajoutés tandis que dans le studio, des confettis dorés pleuvaient sur une musique digne d'un club à Ibiza. Accompagnés de danseuses brésiliennes, ils ont dansé pendant près d'une minute dans une ambiance explosive ». Puis-je rappeler qu'à l'origine de tout cela, on parlait quand même du meurtre épouvantable d'une toute jeune fille ? M. Cyril Hanouna n'en n'a visiblement cure, puisque selon lui, les réserves et les propos tenus sur l'indécence de cette fête ne sont que le fait de jaloux à qui il conseille sans honte d'arrêter « de trouver des trucs pour essayer de chercher des poux dans la tête »... On est bien au delà de la bêtise ! A ce niveau, je ne peux que me réjouir du fait que le gendarme de la communication audiovisuelle et numérique, l'ARCOM, saisi par de nombreux téléspectateurs, ait décidé d'ouvrir une instruction visant à déterminer  si les propos tenus sont constitutifs « d'éventuels manquements au sens du droit ».

Pour moi, les propos de M. Hanouna, constituent une négation de la pensée construite, et une forme de contestation de valeurs sociétales et, quelque part, civilisationelles, même si ce dernier vocable peut paraître fort. J'inclus dans ces valeurs la présomption d'innocence, le droit à une défense juste et équitable, ou, de façon plus technique les notions de discernement dans la définition de la responsabilité pénale. Le bouffon ne fait donc plus rire, pour autant qu'il n'y soit jamais parvenu... Je suis également très remonté vis à vis des politiques de tous bords, de droite, du centre et de gauche, qui profitent de l'audience malsaine de cette mission pour s'y montrer, quelle que soit la légitimité de la cause qu'ils défendent. Car, comme le résume très bien M. Fred Valet dans le média en ligne Watson « Sans même prendre le soin de déguiser le populisme (qui l'a rendu puissant) en fête foraine télévisuelle (qui l'a rendu riche), [...] Cyril Hanouna est peut-être devenu simplement dangereux ».


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Cantin Dumay - Creative Commons


mercredi 2 novembre 2022

DÉCÈS DE CHRISTIANE JULLIEN



J'ai appris avant-hier le décès d'une Forgeoise qui a compté dans la commue, Christiane Jullien. Elle habitait à Ardillières depuis des années, et elle a beaucoup oeuvré pour notre commune. Je ne sais si elle aura droit à quelques mots de remerciements dans le journal local, mots qu'elle mérite largement pourtant, et qu'elle n'a que très rarement reçus, pour ne pas dire jamais. Alors, je prends les devants. Merci à tous ceux qui m'ont aidé lors de la préparation de l'article en partageant photos et souvenirs !

J'aimais beaucoup Christiane Jullien. Christiane, c'était d'abord une image d'Ardillières. Très attachée à « son » hameau, je me rappelle ses sollicitations nombreuses pour telle ou telle intervention qu'elle me transmettait lorsque j'étais élu aux travaux, au sujet de la voirie, de l'éclairage, ou du nettoyage du lavoir auquel elle tenait tant. Cette liste est d'ailleurs non limitative ! Nous avions, avec elle et à sa demande, envisagé de remettre le lavoir en eau, mais un problème technique engendrant des coûts de remise en état important ont conduit à l'arrêt du projet. La commune n'a pu faire tout ce que Christiane souhaitait pour le hameau, mais au moins elle aura toujours répondu (même par la négative) aux demandes de cette forgeoise, une politesse qui semble se perdre aujourd'hui...

Même si Christiane, c'était d'Ardillières, Christiane c'était aussi Forges. Son attachement à la commune se traduisait par un engagement important dans le monde associatif. De nombreux enfants de Forges l'ont connue, à la MCL, où ses « cours » d'arts plastique ont fait le bonheur de plusieurs générations de jeunes, devenus adultes aujourd'hui. Ma fille, graphiste professionnelle, se rappelle bien d'elle, et de son enthousiasme communicatif. Je serais curieux de savoir combien de Forgeoises et Forgeois, entre 15 et 40 ans partagent ces souvenirs. Ceux ci sont, pour citer Mme. Fanny Brisson, aussi ceux « d'une époque où sous la présidence de René Giraud [...] les MJC (ou MCL) représentaient vraiment quelque chose de social et de culturel, tourné vers la jeunesse... À cette époque s'est créé le club des jeunes de Forges. Sans Christiane, il n'aurait pas existé. Céline y était animatrice, moi, je faisais des stages d'impro théâtrale et notre Christiane était bénévole perpétuelle et pleine d'idées... Confidente de la jeunesse Forgeoise, celle qui pardonnait tout, écoutait tout, faisait tout avec rien, mais avait aussi des idées bien précises de ce qui se faisait et ce qui ne se faisait pas ».

Son énergie, Christiane la mettait aussi au service de plusieurs associations, dont Danaya. Comme le dit M. Bernard Terris, fondateur de l'association : « Christiane faisait partie du conseil d'administration de Danaya depuis de nombreuses années, et elle était parmi les fidèles dans notre association : présente à tous les conseils d'administration, à toutes les AG et bien sûr à toutes nos fêtes africaines, avec son dynamisme et sa bonne humeur tellement agréable ». Du temps où les Forgeois organisaient une « vraie » fête de la Châtaigne, Christiane faisait régulièrement partie du volant de bénévoles communaux, participant aux préparatifs et au service. Elle aussi était membre de la commission ouverte Environnement et Développement Durable de la précédente mandature, à une époque où il existait des commissons ouvertes, et pas seulement aux copains ! Son intérêt pour ces thématiques l'avait aussi conduite à aider aux actions de « Forges en Transition », comme on le voit sur la photo d'illustration prise lors d'une sortie vélo organisée par cette association. 

Christiane était aussi là, très régulièrement, lors des conseils municipaux, comme conseillère en fin du mandat de M. Antoine Lestien, puis comme citoyenne assistant à presque toutes les séances. Partie prenante de la vie locale, elle intervenait lors des réunions de quartier comme référente pour le hameau d'Ardillières. Elle aidait aussi quasi-systématiquement aux opérations de vote lors de différents scrutins. Avec M. Pierre Audonneau, nous l'avions repérée car elle avait mis en place une technique d'ouverture des enveloppes redoutablement efficace qui nous permettait de « plier », avec le reste de l'équipe, le dépouillement de presque 1000 votes en deux heures environ, sans erreur ! 

Un souvenir plus personnel me revient : Christiane était « tombée » sur mon blog il y a quelque temps, et elle faisait partie des personnes qui l'appréciait et me transmettait ses retours. Il s'agissait d'avis mais également de suggestions, de corrections orthographiques, car oui, il reste bien sûr des coquilles malgré le soin de la relecture. Nous avions d'ailleurs un jour discuté de l'origine de ce mot de coquille, qui remonterait aux temps anciens de l'imprimerie. Une des étapes du processus faisait alors intervenir du blanc d'oeuf dans lequel il restait parfois de petits morceaux coquilles, rendant illisible une lettre après l'impression. Il existerait une version plus grivoise que je vous laisse rechercher, n'étant pas d'humeur aujourd'hui à vous la proposer. À la suite de cette discussion, Christiane m'avait gentiment offert un petit dictionnaire des expressions françaises, dédicacé, que je garde précieusement. Merci pour cela Christiane, et merci, surtout, pour tout ce que tu as fait pour les autres, urbi et orbi !

En cette période de fête des morts, je ne suis sans doute pas seul à me demander s'il existe une transcendance post-mortem. Je n'en sais rien. Il me semble simplement que la probabilité de cette existence, même si elle ne peut être démontrée comme nulle, est très (très) faible. Ce que je sais, en revanche, c'est que Christiane va nous manquer, ou, bien résumé par M. Antoine Lestien, un de nos précédents maires, que « si le monde n'était composé que de personnes comme Christiane Jullien, la vie serait belle ». Tellement vrai, particulièrement dans les contextes communal et national actuels !


Crédit illustration :

Christiane, sous le lavoir d''Ardillières.
Cliché M-H Huzé.
Document de l'association Forges en Transition




vendredi 28 octobre 2022

DROIT DE GRÈVE : UNE LIBERTÉ MISE À MAL



En théorie, le droit de grève est un droit reconnu à tous les salariés et fonctionnaires, à de très rares exceptions près. Parmi celles-ci, on peut citer les forces armées qui ne disposent pas de ce droit, ni du droit de se syndiquer d'ailleurs. Certains secteurs publics, telle que l'administration pénitentiaire, disposent de droit de grève restreint. La grève consiste en une cessation d'activité concertée et collective qui s'inscrit, en général, dans le cadre d'un litige entre employés et employeurs. Depuis une quinzaine d'années, ce droit est mis à mal dans notre pays, d'une façon parfaitement insidieuse. Á Forges aussi, nous n'échappons pas à ces dérives.

Si le droit de grève est un droit constitutionnel, la loi l'entoure de dispositions plus ou moins contraignantes. Dans la fonction publique, il est ainsi nécessaire de déposer un préavis de grève cinq jours francs (hors fêtes et week-end) auprès des tutelles. Cette obligation n'existe pas à ma connaissance dans le secteur privé, sauf si l'entreprise participe à une mission de service public. Des employés du privé peuvent donc déclencher une grève à tout moment, sans préavis. A noter également, point souvent méconnu, qu'une grève ne peut être déclenchée que pour des raisons professionnelles (exemple : rémunération) ou sociales (exemple : durée des congés ou conditions de la retraite), et pas pour des motifs politiques, sauf si ceux-ci sont consubstantiels aux motifs professionnels, ou accessoires par rapport à l'objet professionnel de la grève. A noter aussi que la notion d'action concertée signifie qu'au moins deux personnes dans une entreprise doivent se déclarer grévistes pour que la grève soit licite.

En termes de droit de grève, nous venons de loin. Il est en effet nécessaire de rappeler que faire grève était interdit au début du XIXe siècle et que cette possibilité n'a été autorisée, de façon limitée, que sous Napoléon III. Elle s'est trouvée progressivement étendue au cours des premières années du XXe siècle, par exemple au personnel de la fonction publique qui ne pouvait s'y référer à l'époque pour cesser le travail. Ce n'est qu'en 1946, dans la mouvance des avancées sociales d'après guerre, que ce doit a été reconnu droit constitutionnel.

Or, depuis une vingtaine d'années, le droit de grève fait l'objet d'une retour en arrière marqué, et ce de façon insidieuse et détournée, même si les premiers contre feux avaient été allumé dès les années 80. A cette date, le conseil constitutionnel stipulait, dans son arrêté 79-105 que des limitations pouvaient être imposées, et que « ces limitations peuvent aller jusqu'à l'interdiction du droit de grève aux agents dont la présence est indispensable pour assurer le fonctionnement des éléments du service dont l'interruption porterait atteinte aux besoins essentiels du pays ». On le voit, la définition était déjà à l'époque suffisamment vague pour autoriser des interprétations plus ou moins larges du texte.

Une des attaques les plus frontales au droit de grève a été menée sous la présidence de M. Nicolas Sarkozy. Lors de sa campagne électorale, puis lors de son mandat, ce dernier avait en effet défendu l'idée de la mise en place d'un service minimum, puis l'avait imposé dans les secteurs de l'éducation nationale et des transports, entre autres. Son souhait était alors résumé par sa phrase : « Désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit ». Cette limitation revêtait deux aspects : l'un parfaitement discutable - et à mon sens anticonstitutionnel - dans le cas des transports publics, l'autre illogique dans le cas de l'éducation nationale. Dans le cas des transports publics, les arguments mis en avant par les tenants du service minimum étaient en effet fallacieux : il s'agissait de la liberté d'aller et venir et de la liberté de travailler. Or, si l'on veut bien considérer chacun de ces droits, les grèves de la SNCF ne remettait en réalité aucunement en cause ces droits fondamentaux. Sans métro ou train, on peut toujours sortir de chez soi, aller et venir, aller travailler. Il faut simplement utiliser d'autres moyens de transport ! Par ailleurs, certains des élus libéraux et de droite ont fait valoir un argument particulièrement médiocre : la liberté d'accès au service public. Il convient là de rappeler que ce sont ces mêmes élus libéraux qui organisaient sans état d'âme, à la même époque, la disparition des bureaux de poste, ou la fermeture des lits d'hôpitaux. Dans le cas des écoles, le problème réside dans le fait que la loi impose au communes d'organiser un accueil des enfants. Cette disposition est illogique car autant les services périscolaires sont du ressort de la mairie, autant le temps éducatif est du ressort du ministère et donc de l'État. Ce n'est donc certainement pas aux communes d'intervenir dans un litige entre l'État et ses fonctionnaires, et donc de suppléer, même au travers de la seule mesure d'accueil dans les services scolaires, aux carences de cet État.

Soyons quand même clair, malgré ces dispositions partiellement liberticides, les employés des transports publics, comme les enseignants ont trouvé des parades et des soutiens. Dans les transports, les syndicats ont mis en oeuvre de nouvelles stratégies qui font que les entreprises privées comme publiques se trouvent démunies et incapables d'organiser un service minimum en cas de fortes mobilisations. Ainsi, lors de la grève de 2006 dans les transports lyonnais, les syndicats déposèrent un préavis de 99 jours, puis un préavis illimité, et incitèrent tous les salariés à se déclarer grévistes, même s'ils ne l'étaient pas, ceux-ci annulant le dépôt de préavis 24 heures avant la reprise du travail. Cette stratégie rend impossible l'organisation du service minimum sans pénaliser financièrement les personnel ! L'autre option est la grève tournante de 55 minutes, donc d'une durée inférieure à l'heure de grève engagent la perte de salaire du jour entier. L'effet obtenu a été le même, la désorganisation totale du service minimum. Dans l'éducation nationale, dans les écoles maternelle et primaire, plusieurs communes, dont la notre, ont refusé lors des précédents mandats d'organiser l'accueil des enfants pendant le temps scolaire. Il s'agissait bien entendu d'une position éthique, mais également d'une impossibilité matérielle, la municipalité ne disposant pas des personnels qualifiés pour cela. En effet, il est possible selon la loi de remplacer les personnels communaux par des personnels non communaux, telles qu'assistantes maternelles, animateurs, enseignants retraités, voire étudiants ou parents d’élèves sans que soit précisé le niveau de qualification des « remplaçants ». L'autorité municipale doit seulement s’assurer que tout volontaire possède « les qualités nécessaires pour accueillir et encadrer des enfants ». Or, ceci est bien sur impossible à réaliser car personne dans une commune n’a les moyens de contrôler le sérieux des intervenants, l'accès aux fichiers de police n'étant pas autorisé aux élus.

La situation est semblable lors d'une grève du personnel périscolaire. Nous avons ainsi vu récemment, à Forges, des parents d'élèves et Madame la maire se transformer en personnel d'accueil  pour palier l'absence du personnel municipal gréviste. Outre l'aspect moralement condamnable de cette volonté d'invisibiliser une grève, il est tout a à fait paradoxal de constater que c'est la même tutelle municipale qui agit comme pourfendeur d'un mouvement social, et qui défend dans un discours public rodé la bienveillance collective dont doivent bénéficier, entre autres, les personnels du périscolaire ! Il est vrai qu'à Forges, on n'en n'est plus à une contradiction prête ! Je m'interroge cependant sur le risque encouru par les parents en cas d'incidents ou d'accidents mineurs ou graves, affectant l'un des enfants... 

Au delà de l'anecdote forgeoise, il convient aussi de s'interroger sur cette volonté propre aux partis de droite et aux libéraux, de limiter de façon forte le droit de grève, ce que l'on a encore vu récemment via la réquisition de personnels grévistes. Mon sentiment est que le droit de grève est finalement un droit octroyé à David, contre Goliath. Il permet aux salariés et fonctionnaires de dire non, d'établir un rapport de force avec leur employeur, peu habitué aux situations de désobéissance, ou de remise en cause de leur autorité. Ce droit constitue donc un contre-pouvoir essentiel, à la disposition des salariés. Pour cette raison, il est l’objet de remise en cause permanente par ceux qui détienne le pouvoir, qu'il soit financier ou politique, les deux étant depuis des années intimement liées dans notre pays. Il me semble indispensable de rappeler aux « va-t-en-guerre » habitués du discours « grévistes, preneur d'otage », ainsi qu'aux parents d'élèves et élus locaux, que dans notre société capitaliste, peu d'avancées sociales ont été obtenues sur la seule base de la bonne volonté des employeurs, sans instauration d'un rapport de force favorable au plus grand nombre. Il en est ainsi des congés payés, des arrêts maladies, des congés parentaux, du droit à la retraite, etc., toutes choses qui semblent aujourd'hui naturelles mais qui n'ont été obtenues en grande partie que parce que le droit de grève existe et parce que certains « salauds de grévistes » se sont battus pour tous...



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lundi 24 octobre 2022

LE CONCEPT DE « CARRYING CAPACITY »



Au cours de ma carrière scientifique, je me suis souvent dit qu'il serait bon que nos concitoyens soient un peu plus informés des fondamentaux en sciences. Pour cette raison, et parce que j’ai été, et reste, payé avec de « l’argent public», il m'a toujours semblé important de mener des actions de vulgarisation scientifique auprès de ce qu'il est convenu d'appeler « le grand public ». C'est ce que je continue de faire, à mon rythme et selon mes envies, via certains des articles de ce blog, justifiant ainsi le terme de citoyen que j'utilise pour celui-ci.

Une des raisons de cette effort de vulgarisation est que s'il est légitime d'avoir une opinion, un avis sur un sujet donné, il m'a toujours semblé que cet avis devait être formé sur la connaissance de faits aussi objectifs que possible, et non pas sur des présupposés. En ce sens, et même si je trouve la formulation un peu « raide », je comprends parfaitement ce que voulait dire M. Harlan Ellison, écrivain américain de science-fiction, quand il disait « vous n'avez pas le droit d'avoir une opinion, mais vous avez le droit d’avoir une opinion éclairée ».

La notion d'écologie que je voulais présenter aujourd’hui s’appelle la « car-rying capacity », notion que l'on a traduite en - mauvais - français en capacité de portage. Je préfère le terme de capacité biologique ou de capacité de charge. Cette notion trouve son origine dans le domaine de la microbiologie, lorsque nos prédécesseurs du XIXe siècle ont cherché à comprendre et modéliser le développement des micro-organismes. Le terme n'est en revanche apparu que dans le premier quart du XXe siècle. Cette notion dit en substance que « la capacité de charge d'un environnement est la taille maximale de la population d'une espèce biologique qui peut être soutenue par cet environnement spécifique, compte tenu de la nourriture, de l' habitat, de l'eau et des autres ressources disponibles. La capacité de charge est définie comme la charge maximale de l'environnement, qui correspond en écologie des populations à l'équilibre de la population, lorsque le nombre de décès dans une population est égal au nombre de naissances » (1). Il est à noter que cette notion prend en compte les facteurs qui relèvent des ressources, mais qu'elle ne s'intéresse que moyennement à l'impact de certains des autres facteurs susceptibles d'affecter la taille de la population d'une espèce donnée (telle que les interactions entre espèces, par exemple au travers de la prédation) sauf à les réintégrer dans un coefficient utilisée pour le calcul de l'évolution de taille des populations, dit « taux intrinsèque d'accroissement naturel ». Je ne vais pas plus dans le détail. Si des lecteurs sont intéressés par ces questions, ils peuvent me contacter via le lien de contact en tête de page du blog (en version ordinateur), et je tenterai de répondre à leur demande.

La notion de capacité de charge a été très utilisée dans les calculs mis en oeuvre pour optimiser les processus de fermentation, au sens large puis elle a été étendue aux productions agricoles et à l'élevage. Un développement spectaculaire a été son application aux sociétés humaines, avec, il faut le souligner tout de suite, un risque d'erreur lié au fait que cette capacité de portage sous-entend, comme je l'ai indiqué plus haut, l'existence d'un équilibre populationnel, dans lequel « le nombre de décès dans une population est égal au nombre de naissances ».

Avec la limitation exposée ci-dessus en tête, et en moyennant fortement des facteurs qui font que les conditions de vie en Suède diffèrent sensiblement de celles au Pakistan, au hasard, plusieurs spécialistes ont calculé voilà des dizaines d'années la capacité de charge maximale de notre planète en fonction des ressources de l'époque. Celle-ci s'élevait de 9 à 10 milliards d'individus, une valeur qui semblait encore valide dans les années 2010 (2). Ce chiffre doit cependant être modulé en fonction de la nature des prélèvements humains sur la planète. Ceux-ci semblent en effet sensiblement dépasser la capacité productive de la Terre. De plus, l'impact croissant du réchauffement climatique conduira sans aucun doute, par le biais de l'élévation du niveau des mers, de la réduction des surfaces arables et des rendements des cultures, à une limitation des ressources, donc à une révision de ce chiffre. Comme je l'indiquais, cette capacité de charge dépend de nombreux facteurs, et entre autres la façon dont sont utilisées les ressources. Une étude de CJ. Peters et collaborateurs (3), publiée en 2016, évaluait la capacité de charge du territoire des USA en fonction de 10 régimes alimentaires différents. Elle montrait qu'un régime végan strict mais respectant les critères d'apports journaliers nécessaires, permettrait de nourrir 735 millions d'Etat-Uniens, contre 400 millions en conservant le régime actuel. Une autre étude publiée deux ans plus tard (4) confirmait que si toute la population américaine passait à un régime alimentaire végan, il serait alors possible de nourrir 350 millions de citoyens US en sus. Je ne dis pas ici qu'il faut devenir végétarien ou adepte du véganisme, ce que je ne suis pas d'ailleurs. Je souhaitais simplement montrer au travers de ces données que la capacité de charge d'un environnement donné dépend fortement du type et du mode d'utilisation des ressources.

La capacité de charge de notre planète n'est donc pas un chiffre intangible, fixé une fois pour toute, d'autant que le pic d'accroissement de la population humaine a été atteint dans les années 60 avec un taux de 2,2 % (voir illustration). Depuis cette date, nous sommes passé à 1,5% au début des années 90, puis à 1% actuellement, ce qui signifie que la croissance globale de la population se ralentit. Il n'est donc pas impossible, et je pense qu'il est en fait assez probable, que ce taux deviendra négatif au cours de ce siècle, entraînant une diminution de la population mondiale. La question est de savoir quand elle interviendra. Celle-ci reste débattue mais plusieurs évaluations estiment qu'elle pourrait être notable dès le milieu du XXIe siècle. Si je me fie à la page Wikipédia sur le sujet, la population mondiale pourrait se limiter à 9 milliards et quelques d'individus, puis redescendre autour de 4 à 8 milliards selon les scénarios (5). Ce serait une excellente nouvelle pour la planète, à mon avis, dans l'hypothèse ou aucune catastrophe d'origine anthropique ou non, affecterait cette estimation.


Références :

1. Capacité de charge. Wikipédia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Capacit%C3%A9_porteuse

2. N .Wolchover. How Many People Can Earth Support? Livescience.Com; Live Science, Novembre 2011.

3. CJ Peters et coll. Carrying capacity of U.S. agricultural land: Ten diet scenarios. Elem. Sci. Anthr. 4, 000116 (2016).

4. Alon Shepon et coll. The opportunity cost of animal based diets exceeds all food losses. Proc. Natl. Acad. Sci. 115:3804-3809 (2018).

5. Population mondiale. Wikipédia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale



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Image tirée de la référence 5, ci-dessus.
Les valeurs indiquées sont les taux d'acroissement en rouge, et le nombre d'individus « gagnés » en un an en gris.

vendredi 21 octobre 2022

ASSOCIATIONS : QUAND LA MAIRIE SE MOQUE DU MONDE (4)…



Dans la saga associative forgeoise, les évènements se succèdent à un rythme incroyable. Le dernier tome en date (avant le suivant) montre comment la mairie se moque du monde en tenant un double discours. Face aux associations réunies, ou dans les médias de communication municipale, ou face à la presse, tout « baignerait » et seules les associations qui ne veulent pas fonctionner polémiquent... Malheureusement, la réalité est tout autre.


Plusieurs associations occupaient pour leurs activités la salle polyvalente. S'y développaient, outre l'activité des télétravailleurs (une trentaine de membres, certes pas tous actifs), le soutien scolaire et les activités thérapeutiques de Coup de Pouce91 (une bonne cinquantaine de familles), les réunions du café « zéro déchets » ( de 10 à 25 personnes), et les ateliers de couture du « répare-couture (de 10 à 25 personnes)... La mairie cherche actuellement un moyen de virer ces associations de la salle, pour des raisons plus que floues, et qu'elle refuse d'expliquer aux associations qui en font la demande. Elle a d'ailleurs procédé de même avec les associations qui utilisaient la salle du bas de la polyvalente (danse et activité de gymnastique), cette fois-ci au prétexte d'y installer une base-vie pour les ouvriers qui travaillent à l'agrandissement de la maternelle. Cette base-vie ne semble pas du tout être utilisée, ou très peu, comme je l'indiquais dans un article précédent (1).

Les associations déplacées vont donc, selon la mairie, pouvoir poursuivre leurs activités dans d'autres lieux. Malheureusement, la plupart de lieux proposés, ainsi que les créneaux horaires, ne permettent pas cette poursuite, soit en raison de l'exiguïté des locaux, soit en raison de la rareté des créneaux. De plus certains de ces lieux sont indignes, comme le montre l'illustration de ce texte, qui présente la salle, la cuisine et les sanitaires actuellement à la dispositions des associations, et ceux qui sont proposés pour le café « zéro déchets » ou pour le repair-café de Forges en Transition.... Il me semble que tout commentaire est superflu... Je suppose qu'il s'agit sans doute, dans la logique de l'équipe municipale, de la traduction de leur conception de l'amélioration des conditions d'exercice des associations. Mais j'oubliais, il est vrai que tout cela c'est de la faute des anciens élus, et que les associations ainsi méprisées polémiquent...


Référence :

(1) Associations : quand la mairie se moque du monde... Ce blog.
Consultable en ligne:
https://dessaux.blogspot.com/2022/09/asociations-quand-la-mairie-se-moque-du.html

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Documents personnels.



mercredi 19 octobre 2022

ASSOCIATIONS : QUAND LA MAIRIE SE MOQUE DU MONDE (3)…



La saga associations se poursuit à Forges ! Vu les bases sur lesquelles elle s'est bâtie, je ne suis plus très optimiste quant à l'avenir, et ne pense pas que les relations entre le monde associatif et la municipalité puisse aller en s'améliorant. Avant-dernier chapitre en date de cet opus : les dossiers de demandes de subventions, dont les modalités montrent bien comment la mairie s'assoit sur ses promesses…


Pour comprendre l'affaire, il faut revenir au début de l'année 2022, et plus précisément à une réunion entre municipalité et associations où l'on devait présenter a priori discuter bilans et projets. Comme je lai indiqué dans un article antérieur (1), les bilans et les projets n'ont pratiquement pas fait l'objet de présentation détaillée. En revanche, les questions des subventions et de l'utilisation des salles communales ont été abordées. A cette occasion, plusieurs associations ont indiqué à la mairie qu'il était impossible de présenter des dossiers complets de demandes de subventions pour l'année N, à la date du 15 novembre de l'année N-1. Des explications claires ont été données aux élues présentes ce jour-là. Ainsi, les attestations d'assurance demandées pour l'année N ne sont transmises par les compagnies d'assurance qu'autour du 15 décembre, voire même parfois en début d'année. De plus, plusieurs associations fonctionnent calées sur l'année civile. Il est donc possible de présenter un budget prévisionnel pour l'année N, mais les comptes de l'année N-1, demandés dans le dossier, ne peuvent être fournis. D'autant que ces comptes doivent être validés en assemblée générale, assemblée qu'il est difficile de tenir avant le 15 janvier. Pour cette raison, nous avons expliqué aux élues que les dossiers ne pouvaient être rendus avant la fin de janvier de l'année N. D'autant que j'ai demandé à quelle date étaient étudiés les dossiers de demandes de subventions, et appris, après avoir poussé un peu la municipalité dans ses retranchements, que la mairie ne traitait les demandes de subventions qu'au mieux fin février. Pourquoi dans ce cas demander des dossiers au 15 novembre ? Réponse de la municipalité : parce que les associations ne sont pas fichues de nous rendre des dossiers complets et parce que nous sommes donc obligés, et assez aimables, de les relancer pour obtenir les documents manquants. Ce n'est pas un verbatim, mais c'est la teneur exacte du propos !

Devant les arguments présentés par les associatifs, la municipalité a cependant condescendu (c'est le meilleur terme que je puisse trouver) à reporter la date des dépôt au 31 janvier. Probablement fâchée par cette concession, l'équipe municipale l'a néanmoins assortie d'une menace non dissimulée : «si les dossiers ne sont pas complets à cette date, il n'y aura aucune relance et aucune clémence. L'association ne recevra pas de subvention ». Oserai-je rappeler ici que l'actuelle équipe municipale se voulait « facilitatrice »… De quoi, on se le demande !

On pensait donc l'affaire pliée et les associatifs se disaient que, malgré les menaces, la mairie avait compris le pourquoi du comment, et que l'on allait revenir à une situation plus normale. Que nenni ! C'était compter sans l'incroyable mépris de l'équipe actuelle qui vient d'annoncer sur son site internet que les dossiers pour 2023 doivent finalement être déposé… le 15 novembre 2022 ! A ce niveau, je ne sais quoi penser ! Est-ce du dilettantisme, du mépris, une certaine forme d'arrogance, de violence sociale, ou une bêtise, ou tout cela à la fois ? Mystère. De facto, l'actuelle équipe semble se moquer encore une fois des associations, et clairement elle ne tient pas les engagements pris en public devant des dizaines de personnes. Elles revient sur ses promesses, elle balade le monde associatif. Bref elle se moque de nouveau du monde. J'en suis à me demander pourquoi cela ne m'étonne plus...


Note ajoutée le 23/11/2022 :

Un courrier de la mairie adressé aux associations hier modifie ce qui était écrit sur le site web de cette même mairie, au moment de la rédaction de cet article. Ce message précise que les demandes de subvention pourront être enoyées jusqu'au 31 janvier 2023. Dont acte. Intéressant de constater néanmoins que ce message s'accompagne d'une information disant que les subventions ne sont pas automatiques (ce qui est vrai), et qu'il n'y a aucun droit à subvention (ce qui est faux !). De plus le ton du message est franchement désagréable et, fait notable, il ne s'accompagne d'aucune formule de politesse, ce qui, là auissi, ne m'étonne pas ! 

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mardi 18 octobre 2022

DES NOUVELLES D'ANTICOR…

En tant que membre de cette association, qui promeut la lutte contre la corruption et les malversations financières, je diffuse ci-dessous de larges extraits de la lettre de notre présidente, Mme Elise Van Beneden, en date de septembre 2022. Elle rapporte les thématiques discutées lors de l'université d'été de l'association, que je passe sous silence, et surtout elle fait le point sur les actions en cours, qui mettent en cause différentes très hautes personnalités du pouvoir actuel. Enfin, la présidente évoque la « réforme » de la police judiciaire, et s'inquiète, elle-aussi, des conséquences néfastes qu'elle pourrait engendrer, en termes d'investigations visant la corruption au sein de nos élites. Le texte de cette lettre est en italiques ci-dessous.

Attention cependant, il ne faudrait pas croire que la corruption ne touche que nos élites énarquiennes, ou nos représentants au plus haut niveau. Dans les structures plus modestes, des régions aux communes, la corruption existe, malgré les processus mis en oeuvre, par exemple en matière d'attribution des marchés publics. En réalité, tout pouvoir, qu'il soit politique, financier, voire même moral ou religieux, est corruptible. Une question philosophique m'intéresse d'ailleurs depuis longtemps : à quoi serait du cette corruptibilité ? Vaste débat en perspective ! Je n'ai pas la place de développer ce sujet ici, mais il mériterait à mon sens un article complet, en lien avec les notions de pouvoir, de propriété et d'appropriation, et une relecture de l'oeuvre de Rousseau et du mythe du « bon sauvage ».  En attendant, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos politiques et rappelons nous qu'en règle générale, nous avons ceux que nous méritons. 

La lettre indique donc que « ...le Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti a été renvoyé devant la Cour de Justice de la République pour prises illégales d’intérêts. Cette décision s’inscrit dans la continuité de sa mise en examen en juillet 2021, suite à une plainte d’Anticor. Le même jour, le secrétaire général de l’Élysée, le très puissant Alexis Kohler, a été mis en examen pour prise illégale d’intérêts également, suite à une plainte avec constitution de partie civile de l’association. Grâce à son agrément, Anticor a permis à ce procès d’exister. Il appartient à la Justice de dire si M. Kohler, qui est présumé innocent, a commis ce délit. Mais il faut souligner avec force la mission essentielle des associations anticorruption, qui par leurs actions, favorisent l’égalité devant la loi en contraignant les hommes les plus puissants de la république à répondre de leurs actes, lorsque cela est nécessaire.

Ce délit, qui fait partie de la catégorie des infractions à la probité, et qui relève donc de la corruption est défini par le Code pénal comme « le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public ou par une personne investie d'un mandat électif public, de prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement, un intérêt de nature à compromettre son impartialité, son indépendance ou son objectivité dans une entreprise ou dans une opération dont elle a, au moment de l'acte, en tout ou partie, la charge d'assurer la surveillance, l'administration, la liquidation ou le paiement, est puni de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 500 000 €, dont le montant peut être porté au double du produit tiré de l'infraction ».

C’est un délit grave, qui porte atteinte aux intérêts de l’État. L’association a donc demandé la démission de ces deux responsables. Vous pouvez suivre notre actualité sur Twitter et Facebook pour connaître les prises de position récente de l’association.

En ce début de mois d’octobre, nous tenions aussi à vous alerter sur un sujet important : la situation de la police judiciaire.

Un projet de réforme de la police en cours vise à placer tous les services de celle-ci, y compris ceux de la police judiciaire, sous les ordres d’un directeur unique départemental dépendant du préfet.

Pour le dire simplement, plus de 5.000 fonctionnaires de police judiciaire vont passer sous les ordres des préfets. Par une motion du 9 septembre, le Conseil national des barreaux s’est opposé à la réforme car elle signifie une « montée en puissance d’un édifice sécuritaire (surveillance de masse, privatisation de la sécurité) sans contrôle du juge garant de l’État de droit ».

Dans une tribune publiée dans le Monde le 31 août dernier*, des syndicats de policiers et de magistrats pointaient également la possible dérive du nouveau système : « C’est privilégier l’arrestation du petit trafiquant, vite remplacé, plutôt que le démantèlement des réseaux, ou du vendeur à la sauvette plutôt que de ceux qui l’exploitent. C’est le choix de la lutte contre le sentiment d’insécurité, et non contre l’insécurité elle-même. C’est surtout un coup fatal à la lutte contre la délinquance économique et financière, déjà si mal en point ».

 Pour Julien Sapori, commissaire de police, cette réforme s’attaque à « l’autonomie de la police par rapport au pouvoir politico-administratif, qui se traduit par des liens étroits et privilégiés avec l’autorité judiciaire, Procureurs de la République ou Juges d’Instruction. Sans les enquêteurs de la Police Judiciaire, les magistrats seront dans l’impossibilité de s’attaquer à des dossiers particulièrement lourds et sensibles relevant des sphères financière ou politique ».

 Anticor s’oppose également à cette réforme qui est un obstacle majeur à la lutte contre la délinquance politique et financière ».

 Comme on le voir, l'association a encore du pain sur la planche…


* Note du rédacteur :
L'article cité n'est visible que pour les abonnés du Monde sur son site.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/08/31/le-projet-de-reforme-de-la-police-judiciaire-menace-l-efficacite-des-enquetes-et-l-independance-de-la-justice_6139607_3232.html

Pour ceux des lecteurs qui voudraient en savoir plus sur Anticor et les actions en cours, je vous conseille leur site web et leur page Facebook :

https://www.anticor.org/
https://www.facebook.com/ANTICOR.officiel/

Pour ceux des lecteurs qui voudraient en savoir plus sur l'affaire (ou plutôt les affaires) Dupont-Moretti, et Alexis Kohler, voir le reportage de Blast :

https://www.blast-info.fr/emissions/2022/kohler-d-moretti-de-la-republique-exemplaire-aux-scandales-detat-8i5mgfiDRKiDx4HgWVC7lg


Crédit illustration :

Site web d'anticor
https://www.anticor.org/



DES NOUVELLES DU BLOG !


Comme vous avez pu le remarquer, le blog est resté silencieux pendant quatre semaines…

Ce silence a plusieurs causes, d'importance variable. En premier lieu, le rédacteur est parti quelques jours en vacances, très au sud, histoire de profiter de ce qu'il est convenu d'appeler l'arrière-saison. Les jours sont encore suffisamment longs pour profiter des divers séjours, et les destinations méridionales conservent une météo agréable, avec une fréquentation touristique sensiblement allégée. Les prix sont également en baisse sensible…

Avant mon départ, le blog a encore fait l'objet d'une tentative de piratage. Que je sois clair, ceci n'est à mon avis pas lié à son contenu. J'aurais rédigé un blog traitant de la cuisine ou de physique quantique (pour autant que je sois en capacité de discuter de l'une ou de l'autre), les choses n'auraient sans doute pas été différentes. Je pense que les blogs font tous l'objet de tentatives de piratage voire de demande de rançon. Dans mon cas, il s'est simplement agit d'une attaque massive en provenance de nouveau de Russie, pour autant que les instigateurs ne se soient pas cachés derrière un anonymiseur dont le dernier relai se serait trouvé au pays de notre ami Vladimir Vladimirovitch… Il n'ya a eu aucun dégât mais n'ayant plus d'accès à mon ordinateur personnel, arrété en raison de mes vacances, je n'ai pu agit aussi librement que je le voulais.

J'ai également eu à gérer un problème d'ordre technique sur un de mes articles. Je ne rentre pas dans le détail, mais cela m'a pris de nombreuses heures sur mes lieux de vacances, là aussi en raison de la distance...

Enfin, j'ai été malade, et je ne suis pas encore parfaitement remis. Rien à voir avec la CoViD-19 ou n'importe quel autre virus… Il faudra cependant un suivi médical qui risque de m'occuper quelques temps.

Tout cela ne m'empêchera pas de continuer à faire vivre ce blog. J'ai récemment eu de nombreux retours très positifs, et j'en remercie les lecteurs qui font que nous arriverons bientôt à 50 000 lectures, sans publicité, sans recours aux réseaux sociaux, et surtout sans esbroufe. Bien entendu, tout ce qui est écrit sur ce blog est vérifiable, que ces éléments concernent la vie sociale, associative ou la politique locale ou nationale.

Je continuerai donc dans le sens indiqué plus haut, avec la volonté de ne pas attaquer les personnes, mais leurs actions et seulement leurs actions lorsque celles-ci sont délétères en regard de l'intérêt général. Deux articles sont achevés ou presque. Le premier traitera encore une fois de l'incroyable mépris que nos édiles locales réservent aux associations, puisque visiblement la commune revient sur des promesses qu'elle a faites… Le second concerne l'association Anticor et reprendra une partie de la lettre que les membres reçoivent régulièrement. Deux autres articles sont en projet ou seulement partiellement écrits. L'un deux concernera encore les associations forgeoises maltraitées, et l'autre abordera une notion scientifique d'importance en écologie, s'appliquant du niveau local au niveau planétaire. A très bientôt, donc !



lundi 19 septembre 2022

MOUVEMENTS DE PERSONNELS COMMUNAUX (SUITE)



Un très court article pour signaler à mes lecteurs que j'ai été récemment informé de nouveaux mouvements de personnels communaux. Cette épidémie semble, dans notre commune, contagieuse. Elle oblige à se poser des questions.

Au chapitre des départs, j'avais signalé voilà peu deux départs. Le premier était celui de la responsable du service enfance-jeunesse dont le poste et le profil étaient affichés comme ouverts sur les sites d'emplois publics. Il semblerait que ce poste ne soit plus ouvert ce qui pourrait indiquer qu'il a été pourvu. J'avais aussi indiqué que notre actuel directeur général des services (DGS) allait quitter la commune. J'ai eu confirmation de ce point. Son départ est acté pour fin septembre, et le poste n'est plus ouvert au recrutement sur les sites d'emplois publics. Ceci peut signifier qu'un remplaçant aurait été trouvé. Un nom circule déjà dans la commune et je devrais normalement en savoir plus dans les jours à venir. Il est également possible que l'information soit donnée lors du prochain conseil municipal.

Au chapitre des départs, j'ai appris récemment un troisième départ, celui du responsable entretien et restauration qui aurait quitté son poste voilà une quinzaine de jours. Les raisons de ce départ ne me sont pas connues. Il convient néanmoins de pointer l'importance de ce cadre qui était arrivé, me semble-t-il, voilà un peu moins de deux années à Forges. Cette personne est, sauf erreur de ma part, responsable du fonctionnement de toutes les cantines scolaires. Je ne sais à ce jour si son poste a été pourvu mais je ne l'ai pas vu figurer sur les sites d'emploi public.

Sans compter les mouvements dus aux départs en retraite des personnels, je suis extrêmement surpris de cette longue liste de mouvements des personnels communaux. Je n'ai rien connu de tel en plus de 12 ans de mandat. De mon expérience de responsable administratif passée, ayant eu en "suivi d'activité" plus de 800 personnes, puis en direction directe plus de 130 personnes, mon hypothèse est que ces mouvements pourraient traduire un certain malaise, pour ne pas dire un malaise certain, au sein du personnel communal... Affaire à suivre.



Crédit illustation :

Comment gérer le mouvements de personnels ?
https://autosphere.ca/fr/concessionnaires/2021/03/04/comment-gerer-les-mouvements-de-personnel/

samedi 10 septembre 2022

ASSOCIATIONS : QUAND LA MAIRIE SE MOQUE DU MONDE (2)...



L'affaire du tract des associatifs continue de faire du bruit ! La commune a de nouveau eu les honneur de la presse régionale, avec un article du Républicain qui relate très honnêtement l'évènement. La partie de l'article la plus intéressante, à mon sens, reste la réponse faite par les élus, Madame la maire en tête, au journaliste. Explications.

L'article en illustration présente en effet les propos tenus par nos édiles pour évoquer les questions mises en avant dans le tract. Autant le dire tout de suite, ce discours, où l'on peinera à trouver des arguments solides, est un magnifique exemple de « xyloglossie », c'est à dire, pour ceux qui n'auraient pas étudié l'étymologie, un magnifique exemple de langue de bois. Malheureusement, les faits sont têtus, et la ligne de défense de la mairie ne tient pas la route.

Examinons les premiers de ces propos : « il s'agirait d'une manipulation politique organisée par d'anciens élus » car, je cite toujours, « les associations qui cherchent à fonctionner fonctionnent et celles qui cherchent à polémiquer polémiquent ». Sauf erreur de ma part, il me semble que toutes les associations cherchent à fonctionner. Leur seul but est d'exister et de satisfaire leurs adhérents. En sus, sont-ce d'anciens élus qui ont réduit les dotations aux associations ? Sont-ce les anciens élus qui ont tenté d'implémenter un délétère « contrat de partenariat » aux multiples clauses léonines, instaurant un déséquilibre majeur entre droits et devoir des associations, et droits et devoirs de la mairie ? Sont-ce toujours ces anciens élus qui auraient par hasard vidé la maison des associations ? Et comment oser dire qu'une association à qui la municipalité refuse des locaux est une association qui cherche la polémique ? Comment fonctionner d'ailleurs, quand les courriels et autres appels téléphoniques en mairie restent très, très souvent sans réponse ? Ou quand on répond aux associations qu'on ne leur répondra volontairement pas ? Et qui polémique quand les associatifs se font insulter sur les réseaux sociaux par des élues ?   

L'autre élément du discours municipal serait que des associations en voudraient « toujours plus » et « refuseraient de partager ». Diantre ! Ce discours nous est encore une fois resservi, en mode soupe froide. Il ne correspond cependant à aucune réalité ! Qui refuserait de partager ? Quelles associations forgeoises seraient assez puissantes pour ne pas partager le local dont elles disposent, sur d'autres créneaux journaliers ou horaires ? Evidemment, Madame la maire se garde bien de le dire, et elle aurait d'ailleurs du mal à le faire ! Car à part l'AMM qui ne peut pour des raisons évidentes effectivement partager ses locaux - et il ne s'agit en aucun cas d'une critique dans mon esprit - je n'en vois aucune.

D'autant que le partage est parfois si mal organisé par la mairie que des associations se sont retrouvées à utiliser la même salle, le même jour aux mêmes heures.
Cela s'est déjà produit plusieurs fois, et cela arrivera sans doute encore vu l'entassement massif des activités, en gestation ! En vérité, toutes les associations dans lesquelles je suis impliqué partagent ou agissent de concert avec d'autres associations, permettant des rencontres intéressantes et créant ainsi des synergies motivantes.

Dernier point, ce ne serait « pas facile d'organiser le fonctionnement d'autant de groupes...». Là, la mairie se tire une balle dans le pied en direct. Elle oublie en effet de dire qu'elle est seule responsable de cette difficulté. Effectivement, nous comprenons qu'il est difficile d'organiser ce fonctionnement, surtout après avoir soigneusement vidé la maisons des associations et la salle polyvalente, réduisant ainsi les surfaces disponibles, sans d'ailleurs expliquer en quoi cela se faisait dans l'intérêt des forgeois et des associations. Mais comment expliquer l'inexplicable ?

Les réponses apportées au journaliste du Républicain par Madame la maire sont donc insignifiantes et démontrent qu'il est plus facile pour la mairie de se dédouaner de ses responsabilités plutôt que se confronter aux réalités. En creux, et c'est le mot qui convient, les propos tenus démontrent encore une fois, que sur le sujet des associations, la municipalité se moque du monde !


Crédit illustration :

Reproduction de l'article du Républicain.


jeudi 8 septembre 2022

ASSOCIATIONS FORGEOISES : UN GROS COUP DE SEMONCE !



Cela fait maintenant des mois, voire un peu plus d'un an, que je décris dans mon blog les difficultés croissantes rencontrées par différentes associations forgeoises, victimes de ce que l'on pourrait qualifier de turpitudes municipales. Visiblement un certain nombre de ces associatifs ont décidé de réagir, visiblement assez fort !

La quasi-totalité des Forgeois a donc reçu, il y a quelques jours, un tract dans la boîte aux lettres dénonçant « la maltraitance » imposée par la mairie à certaines associations. Ce mouvement d'humeur s'est doublé, à l'occasion de la fête des associations, de la pose de banderoles et de panneaux avertissant la population du danger que courent les dites associations.

Étant membre de plusieurs associations Forgeoises, et par mon passé connaissant beaucoup de monde dans d'autres associations, je peux attester du fait que les éléments présentés dans ce tract ne sont que le reflet de la triste réalité. Ainsi, la baisse des subventions municipales est bien réelle, il suffit de regarder les montants attribués aux associations tous les ans et de les comparer entre elles. Le jeu est évidemment plus compliqué maintenant que l'actuelle municipalité a savamment fait disparaître du site Internet de la commune les délibérations communales précédentes. Néanmoins toutes les associations auront remarqué que la mairie tente de camoufler derrière un ronflant appel à projets ces baisses de subventions, en attribuant aux associations qui auront répondu à l'appel à projets des subsides compensatoires.

Je peux également attester qu'une des associations à laquelle j'appartiens a subi depuis le début de la mandature trois déménagements, dont deux quasiment imposés du jour au lendemain, sans justification claire, et sans aide communale. Le dernier déménagement a engendré une cohabitation d'office avec une seconde association, non prévenue de l'arrivée de la première, mais grâce à la bonne volonté de tous les associatifs, la cohabitation s'est plutôt bien passée. De même, j'ai appris récemment que la troupe de théâtre avait reçu une injonction municipale relative au déménagement de son matériel de la salle où il était entreposé, et ce en pleine période de vacances. Bien évidemment, la mairie s'est dans un premier temps abstenue de proposer un nouveau local de stockage, et il aura fallu que la responsable de l'association décide de ne pas bouger dans l'immédiat pour débloquer la situation.

D'autres associations ont attendu pendant des mois que la mairie daigne leur accorder une salle de réunion. Le motif mis en avant par l'actuelle municipalité est le nombre limité de salles disponibles. Je le dis tout net, ce motif est complètement bidon dans la mesure où la mairie s'est empressée à son arrivée de virer toutes les associations de la maison des associations, à l'exception de l'AMM probablement trop grosse pour être déplacée. Tout cela pour transformer ce bâtiment en partie en annexe de la mairie ! Elle nous rejoue d'ailleurs le même film avec la salle polyvalente, d'où elle souhaite également exclure toutes les associations, toujours sous un prétexte tout aussi falacieux que le précédent, à savoir la transformation de ce lieu en base-vie pour les ouvriers intervenant à l'école maternelle. Il suffit de vous référer à mon précédent article sur les associations pour comprendre en quoi ce scénario relève de la mauvaise excuse. Néanmoins, cela aura pour conséquence de réduire la surface des locaux disponibles, de conduire à la fermeture de certaines associations, et/ou de reloger à marche forcée ces associations dans des locaux bien plus exigüs, sur des créneaux horaires minimalistes.

Je ne reviens pas sur l'absence de confiance citée dans le tract, qui se traduit, comme on le perçoit dans les lignes ci-dessus par une absence de dialogue, par une avalanche de courriers sans réponse, et, comme le dit le tract, par des injonctions administratives et des refus non motivés. Une association s'est ainsi vue refuser l'accès à une salle au motif qu'elle était polémique et militante. Ce refus est totalement en contradiction avec les dispositions légales et pourrait conduire à des poursuites au tribunal administratif. Dans le même temps, des demandes sont toujours en suspens depuis des semaines, et des comptes-rendus de réunion attendent depuis bientôt un an leur validation par l'équipe municipale, qui se permet d'ailleurs de réécrire à son avantage les points discutés en réunion.

Comment, par ailleurs, faire confiance à une équipe qui prend des libertés de plus en plus marquées avec les faits ? Le club des boulistes de Forges avait ainsi demandé la possibilité d'utiliser le terrain engravé du stade pendant les congés afin de pouvoir continuer à pratiquer son activité favorite. Refus de la mairie au motif qu'il y aurait des travaux, sur le mode : « cette année c'est comme ça » ! De même, l'association des télétravailleurs l'Autre Bureau avait demandé à pouvoir utiliser les locaux qui lui sont dévolus puisque certains de ses membres auraient été présents au mois d'août. Réponse de la mairie, donnée par oral à certains de ses membres : « pas possible à cause ces travaux ». Renseignements pris auprès des divers membres de ces associations, il n'y a eu sur ces sites aucun des travaux susceptibles d'empêcher leur utilisation par les associations. On est donc bien ici en présence d'une décision totalement arbitraire et totalement orthogonale aux intérêts des membres associatifs.

Un dernier mot pour terminer concernant les menaces et les insultes mentionnées dans le tract, et reçues par certains associatifs. J'ai été informé il y a quelque temps des insultes, des propos sexistes, voire des menaces tenues par de hauts responsables de l'équipe municipale actuelle, auxquelles ont été confrontées par ricochet certains associatifs. Ces derniers n'ont pas souhaité porter plainte. Mon sentiment est qu'il s'agit d'une erreur, même si je peux en comprendre les raisons. Un dépôt de plainte aurait en effet permis de mettre un stop à certains agissements d'élus dont les propos s'apparentent, comme l'aurait dit le regretté Pierre Desproges, à une chronique de la haine ordinaire envers les associatifs, voire même d'un mépris de classe.

Tout cela confirme, et c'est ce que je vis dans les associations auquel j'appartiens, que ce qui est dit dans le tract est le reflet exact de la triste réalité forgeoise, sans exagération aucune. Bien sûr, toutes les associations ne sont pas logées à la même enseigne, mais la colère gronde dans nombre d'entre elles. Sans vouloir être pessimiste, je pense cependant que ce tract ne changera pas grand chose à la politique associative municipale, tant les élus majoritaires actuels sont enfermés dans le camp retranché de leurs certitudes, prisonniers de l'entre-soi que j'ai précédemment décrit. Cependant, ce tract aura au moins eu le mérite de révéler à nos concitoyens la face cachée de la municipalité, alors que cette dernière ne montre, au travers de sa communication, que sa façade présentable. Or l'arrière-cour ne sent pas la rose...


Crédit Illustration :

Doc. personnel. Photo du tract reçu en boîtes aux lettres.




vendredi 2 septembre 2022

ASSOCIATIONS : QUAND LA MAIRIE SE MOQUE DU MONDE (1)...



Jusqu'à présent, j'ai pris soin de ne pas mélanger mon activité de commentateur de la vie politique locale ou nationale avec mon activité de responsable d'association. Là, la municipalité dépasse les bornes et se moque carrément d'une partie du monde associatif. Ce n'est pas nouveau, mais on frise aujourd'hui le ridicule le plus absolu, ridicule mâtiné de libertés grossières prises avec les faits !

L'association l'Autre Bureau utilise pour son activité une salle communale du lundi au vendredi, à des horaires où peu d'autres associations seraient intéressées par cet usage. D'autres associations, dont la MCL, CdP91 et Forges en Transition disposaient du lieu le soir et le week-end pour leurs activités. Or, notre association a été informée autour de la mi-juin, de la nécessité de suspendre notre activité dans les premiers jours de juillet.

Lors d'un entretien demandé par l'association, nous avons donc été informés de la décision municipale de suspension d'activité au motif que la partie basse de la salle polyvalente serait utilisée comme « base-vie » pour le chantier de l'école maternelle ! Les membres fondateurs de l'association participant à cette réunion n'en n'ont pas cru leurs oreilles, jusqu'à temps que les élues présentes ce jour là nous indiquent que cette décision était motivée par un souci d'économie sur l'opération de rénovation de l'école. Renseignement pris auprès d'un conseil juridique, il est apparu très vite que cette demande municipale était irrecevable, l'association disposant d'une convention de mise à disposition du lieu jusqu'à fin novembre. J'ai fait donc valoir ce point auprès des élus des minorités pour intervention en conseil municipal, et très curieusement, je constate que mon intervention a porté ses fruits puisqu'il nous a été affirmé par Mme la maire que l'entreprise intervenante, qui était soi-disant responsable du refus de partage de salle, avait finalement accepté la présence des associations. Un mot pour dire que ce n'est pas, à mon sens, à une entreprise privée de dire qui doit utiliser ou non une salle communale. Mais passons. Il y a plein d'autres incohérences dans ce dossier.

En incidente, lors de cette réunion en mairie, nous avons tenté d'en savoir plus sur l'intérêt que portait la commune au télétravail et aux approches de type tiers-lieux. Les membres fondateurs et moi même n'avions en effet pas senti une appétence forte, au niveau communal, pour ces projets. Pourtant, notre structure fait des envieux dans pas mal d'autres communes de la CCPL, et cette entité avait d'ailleurs décidé de nous aider à développer ce lieu novateur par le biais de création de synergies intercommunales. Même constat au PNR de la haute vallée de Chevreuse qui était informé et intéressé par notre projet. Ceci nous a valu d'ailleurs d'être conviés aux réunion tiers-lieux du PNR. Le discours communal autour de ces projet a malheureusement confirmé notre sentiment commun. A part quelques banalités sur l'intérêt du télétravail en cas de pandémie, nous nous sommes trouvés confrontés de la part des élues présentes ce jour à ce que je qualifierais, plutôt aimablement, d'un vide insondable sur le sujet. Tout cela pour dire que ce projet de tiers lieux/site ce télétravail ne sera probablement pas poursuivi dans le temps. A quelques jours du forum des associations, et malgré les demandes nouvelles que nous recevons régulièrement, il me semblait pertinent d'informer les Forgeois de ce désintérêt communal, complètement orthogonal à la plus que nécessaire mise en place de modalités de développement durable. Avoir des entreprises innovantes sur la commune, des start-up reconnues au niveau national, avoir un lieu ou des professeurs ont pu faire des cours à distance, où nous accueillons des étudiants et nombre d'auto-entrepreneurs, où nous pensions pouvoir accueillir également des artistes pour l'exposition de leurs oeuvres, tout cela à bas coût carbone, relève probablement du gadget pour l'actuelle municipalité. A moins que cela ne rapporte pas assez d'argent dans les caisses communales puisque tout semble évalué à l'aune des coûts, et jamais des bénéfices, surtout quand ceux-ci ne sont pas financiers. La notion d'externalité positive, à Forges, c'est très, très loin de ce qui est compréhensible par la municipalité, semble-t-il !

Pour revenir à l'argumentaire présenté par les élues, il se trouve que j'ai assuré quelque temps la fonction d'adjoint aux travaux dans cette commune après avoir été pendant 9 ans membre de la commission travaux. Il est donc difficile de me raconter des balivernes. J'ai donc très vite compris que cette histoire de base-vie présentait en fait toutes les caractéristiques d'une très mauvaise excuse pour virer les associations du lieu. Je rappelle que la municipalité a procédé de même à la maison des associations, qu'elle a transformé en annexe de la mairie, mais où elle est contrainte de conserver l'AMM, une très grosse association communale quasi inamovible.

Deux autres points sont à relater. Le premier concerne la pertinence d'utiliser ce lieu comme base-vie. Il se trouve que j'ai des contacts avec les coordinateurs de sécurité (SPS), qui sont les personnes chargées de vérifier le respect des normes de sécurité sur les chantiers, en amont et pendant les travaux. Mon sentiment premier a été conforté par l'analyse de l'un d'entre eux, car il se trouve que l'utilisation de ce lieu ne correspond a pas à ce qui est attendu d'une base-vie. Si la réglementation n'impose pas de distance maximum entre le chantier et la base-vie, elle indique que celle-ci doit se situer à proximité du chantier. La mesure que j'ai faite via Google Earth montre que cette base-vie est à un tout petit peu moins de 400 mètres du chantier ! On est loin d'une proximité immédiate. Deuxième anomalie, s'agissant de travaux de BTP, dont certains sont salissants, le local doit être équipé de douches. Il n'y en a pas. Troisième anomalie, il doit disposer d'armoires de type vestiaires, résistantes au feu. Il n'y en a pas non plus. Quatrième anomalie, l'accès devrait se faire via un itinéraire balisé, ce n'est évidemment pas le cas. Dernier point, étant présent en juillet et août à Forges et chargé de l'arrosage des plantes vertes des locaux associatifs, je n'ai pu que constater, deux fois par semaine, l'inoccupation générale de la « base-vie», y compris aux heures des pauses. La photo en illustration en atteste, et j'aurais pu la prendre à chacun de mes passages : pas de vestiaire, pas de réfectoire identifié, juste deux bâches au sol, une table et deux chaises, non réglementaires soit dit en passant car tout devraient être, en théorie et si ma mémoire est bonne, résistant au feu... Bref, sur ce dossier, on est clairement sur du grand n'importe quoi.

Le second point porte sur les soi-disant économies, argument mis en avant par la commune. Je me suis informé. J'ai redemandé à mes relations dans le BTP combien coûterait la location d'une vraie base-vie sur la durée du chantier (environ 6 mois, 10 personnes présentes en même temps, c'est une estimation) : « pour toi » m'a-t-on répondu, environ « 8000 euros ». Sur un chantier à plus de 800 000 euros, on est donc sur l'épaisseur du trait. S'il s'avère y avoir des travaux supplémentaires (TS), on sera en effet vite au delà de cette facture. Ceci dit, je sais que l'on doit rester raisonnable avec l'argent public, et que les économies sont bonnes à prendre, mais en l'espèce l'économie que pense faire la mairie se fait clairement sur le dos des associations, contrairement à ce que Mme la maire a affirmé sans rire au conseil municipal. La municipalité envisage donc de virer de la salle polyvalente cinq activités de quatre associations qu'elle tente de recaser à marche forcée dans des locaux plus petits, sur des créneaux minimalistes, ou, dans le cas de l'Autre Bureau, auquel elle ne propose strictement rien. Et comme la base-vie n'est quasiment pas occupée, nous sommes nombreux au sein de ces diverses associations à penser que la mairie se sert du chantier comme prétexte, dans un but pour le moment inavoué, mais qui ne sera de toutes façons, c'est certain, pas profitable aux associations.

Un dernier mot pour dire que s'il faut fermer l'Autre Bureau, je fermerai l'Autre Bureau sans état d'âme, si tel est le souhait de l'AG du mois d'octobre. En ce qui me concerne, cela ne changera ni ma vie, ni mes engagements citoyens et politiques. J'écris cela car deux employés communaux, et je ne dirai bien sur pas lesquels, m'ont dit que la mairie voulait se débarrasser de l'Autre Bureau par esprit de vengeance, car ce serait « mon » association. Si tel est le cas, cela démontre bien montre bien son incompréhension totale du monde associatif. Ce n'est pas « mon » association, c'est juste une des associations où j'agis comme bénévole. Je ne serai pas pénalisé par sa fermeture, bien au contraire. Ce sera du travail en moins ! Non, cette fermeture ne pénalisera que les membres actifs et au delà un peu d'activité économique sur la commune. Elle dégradera également l'image de la commune, qui n'a pas besoin de cela, que ce soit à la CCPL ou au PNR. Quant au projet de tiers lieux/télétravail, sur lequel nous avons commencé à travailler dans les années 2010 avec Ms. Antoine Lestien et Daniel Bouchon, nous avons eu sans doute raison trop tôt, le projet étant arrivé dans une commune aujourd'hui trop vieille, intellectuellement. Impossible de ne pas repenser à ce que disait ma mère, italienne de naissance, quand elle citait le proverbe de son pays « tu peux amener l'âne à la rivière mais tu ne peux le forcer à boire ». C'est tellement vrai !


Crédit illustration :

Document personnel

mardi 23 août 2022

CRAINTES AU SUJET DES TRAVAUX
DE VOIRIE À CHARDONNET



Comme tous les étés, des travaux plus ou moins importants ont lieu dans notre commune. Je suis récemment passé voir des amis à Chardonnet et j'ai pu constater qu'un décapage la voirie avait été effectué. Depuis un nouveau revêtement a été posé.

Renseignements pris auprès d'entreprises de ma connaissance, ce décapage précède la réfection du tapis de roulement, qui consistera en la pose d'un enrobé (que l'on appelle familièrement du goudron).

Il est indéniable que les voiries à Chardonnet avaient besoin d'une remise à niveau sérieuse. Malheureusement, je crains que les travaux effectués ne soient en quelque sorte qu'un cautère sur une jambe de bois. Il y a en effet dans cette zone plusieurs problèmes qui se cumulent et qui ne me semblent pas avoir été traités. Un des problèmes réside dans le bombage de certaines chaussées, bombage qu'il est absolument indispensable d'atténuer. Pour cela, il faut déplacer les tampons (les plaques de métal circulaires qui se trouvent au milieu des chaussées) dans l'axe z, c'est-à-dire en hauteur, au risque de voir ces derniers se retrouver à plusieurs centimètres au-dessus de la chaussée terminée, s'ils ne sont pas repris.

Le deuxième problème réside dans la mauvaise qualité du fond de forme, en différents endroits. Pour faire simple, le fond de forme c'est l'ensemble des couches techniques qui se trouvent sous le macadam. Ce sont ces différentes couches qui garantissent dans le temps la stabilité de l'ouvrage, donc celle de la couche de roulement. Or, selon les informations en provenance des entreprises intervenantes, et de ce que j'ai vu sur site, ce fond de forme ne sera pas refait. Je crains donc que la durée de vie du revêtement nouvellement posé soit brève, pour ne pas dire très brève, et ce d'autant plus que nous risquons de connaître de plus en plus souvent des alternances d'étés chauds et très secs et d'hivers éventuellement gélifs. Ces alternances sont tout à fait délétères pour la voirie. J'estime en conséquence, et en espérant vivement me tromper, qu'à certains endroits le revêtement sera sensiblement dégradé dans trois ou quatre ans.

Par ailleurs, une réfection sérieuse aurait à mon sens nécessité de réfléchir à l'enfouissement des réseaux. Avec le changement climatique, le risque d'événements de plus en plus violents (orages, bourrasques de vent, tempêtes, etc.) s'accroît. Il devient donc encore plus nécessaire qu'auparavant de protéger ces réseaux électriques, téléphonie et internet. Pour cela, la solution technique de choix consiste en leur enfouissement. Cette opération s'inscrit dans les stratégies de résilience de nos sociétés qu'il est urgent de développer. Elle présente présente également un intérêt paysager puisqu'elle permet de réduire le nombre de fils et de poteaux, souvent peu esthétiques, qui parsèment les rues, avec, à mains endroits des risques réels d'arrachement de câbles.

Pour l'avoir pratiqué alors que j'étais élu aux travaux, l'enfouissement est une opération lourde. Il faut en effet faire intervenir très en amont un cabinet d'études pour redessiner les alimentations électriques et téléphoniques. Par ailleurs, cet enfouissement représente un surcoût très important mais tant qu'à entreprendre des travaux, autant le faire pour qu'ils durent. Tel que réalisés actuellement, et sans remettre en cause la qualité technique de l'entreprise intervenante qui fait ce qui lui est dit de faire, j'ai fortement l'impression que la réfection de la bande de roulement est un peu (surtout) du tape-à-l'oeil qui ne s'inscrira pas dans la durée. Je crains donc également qu'il s'agisse, au moins partiellement, d'une petite liberté prise avec l'argent public. Quand je dis « petite », je suis plutôt gentil puisque selon mon estimation fondée sur la longueur de voirie en travaux et les coûts estimés au mètre linéaire, je ne serais pas étonné que ces travaux de réfection de la couche de roulement atteignent entre 200 000 et 400 000 euros, somme qu'il faudra probablement de nouveau débourser en partie entre 2025 et 2030. L'actuelle municipalité parlait dans ces documents de campagne de restauration des finances publiques. Sur ce dossier là, on est clairement plus proche du gaspillage de la bonne gestion financière !


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Document personnel