lundi 17 mai 2021

LÉGALISER LE CANNABIS ?





Le débat autour de la légalisation du cannabis dit récréatif s’est trouvé réactivé récemment avec une proposition du député écologiste Yannick Jadot en ce sens. Si l’on peut bien évidemment s’amuser de voir un député vert se soucier de légaliser un produit finalement « naturel », il ne faudrait pas croire qu’il s’agisse d’un cas isolé. En effet, très récemment aussi, M. Caroline Janvier, députée LREM de la 2e circonscription du Loiret, et rapporteuse thématique d’une mission d’information sur la réglementation des différents usages du cannabis, a déclaré que cette mission dressait un constat d’échec en matière de répression de l’usage de ce produit. Elle proposait « une légalisation encadrée qui permette à l'État de reprendre le contrôle de la production, de la consommation, de la distribution de cannabis, en contrôlant les substances qui sont vendues » (1).


J’avoue ne pas avoir ni d’idées préconçues, ni de position ferme sur la question de la dépénalisation du cannabis. En matière d'arguments en faveur d’une dépénalisation, je reprends ici ceux présentés dans le rapport de la mission d’information (2). Un des tout-premiers arguments, solide, est que le marché noir de ce produit génère beaucoup de violence et d’insécurité dans de nombreuses zones des grandes agglomérations. En lien, les activités de police et de gendarmerie visant à lutter contre ces trafics mobilisent beaucoup de personnels au sein des forces de l’ordre, pour un « rendement » très faible, puisque le trafic de ce stupéfiant ne diminue pas. Au contraire, celui-ci est en hausse depuis 30 ans et la France est maintenant le premier consommateur européen de ce produit. Le rapport dit d’ailleurs que la politique de la sanction « n’a que peu d’effet dissuasif sur des trafics et une consommation qui se banalisent ». Si le produit était vendu de façon légale et encadrée, on pourrait alors utiliser les compétences des forces de l’ordre pour lutter contre bien d’autres délits et crimes. On voit bien d’ailleurs, que la consommation - et seulement la consommation - fait depuis peu l’objet d’une dépénalisation de fait, les contrevenants s’exposant seulement à une amende forfaitaire en France, sauf dans le cas ou l’usage de ce produit aurait éventuellement causé un dommage à autrui. Le rapport confirme cela lorsque les députés écrivent « La banalisation de la consommation est telle qu’elle aboutit [...] à une dépénalisation de fait dans certains grands centres urbains ».

Deuxième argument, la vente de cannabis s’inscrit dans une économie souterraine qui peut profiter à des entreprises mafieuses, voire terroristes, et qui alimentent des réseaux mondialisé de blanchiment et de corruption. Le rapport précise que le trafic du seul cannabis au niveau mondial aurait rapporté en 2005 plus de 140 milliards de dollars par an. Aujourd’hui, le marché du cannabis en France, c’est un peu plus d’un milliard par an... La légalisation laminerait les revenus de ce trafic.

Deux autres arguments apparaissent également dans le rapport. Il s’agit du fait que les produits à base de cannabis vendus aujourd’hui comportent des taux de tétrahydrocannabinol (ou THC, la substance psychotrope majeure) très variables, et en augmentation constante. Ainsi, des produits saisis dans l’Union Européenne « qui contenaient auparavant en moyenne environ 4 % de THC, présentent aujourd’hui des taux de concentration d’environ 18 %, voire jusqu’à 24 % » (2) et peuvent atteindre parfois 30% du poids du produit. « La puissance de la drogue proposée est donc considérablement plus forte que celle proposée ans les années 1970-1980 » (2), entraînant donc des risques de « surdosage » ou d’accoutumance accrue pour les utilisateurs. Par ailleurs, afin d’accroître leurs bénéfices, certains revendeurs n’hésitent pas à couper leur produit avec des composés de toutes sortes, dont certains peuvent présenter un risque réel pour la santé du consommateur. On peut ainsi trouver comme agent de coupage, du kérosène, de l’huile de vidange, des colles, de la cire, du talc, du cirage, des composés plombés, etc. Le rapport conclut « Pour ces raisons, les produits consommés sont aujourd’hui plus destructeurs que ceux qui étaient disponibles dans les années 1970 ou 1980, et l’association entre des taux de THC excessifs et une composition fréquemment frelatée pose un important problème de santé publique, directement dû à la prohibition ».


Enfin, un dernier argument que je n’ai pas trouvé décrit comme tel dans le rapport (mais il est vrai que je l’ai lu rapidement) m’interpelle. Il est présenté sur le graphe ci-dessus (tiré de 3) dans lequel différents composés psycho-actifs sont classés pour leur niveau de dangerosité pour la personne et pour la société. On constate que le moins dangereux de toutes ces drogues est le cannabis, derrière des composés à vocation thérapeutique (mais dont l’usage peut être détourné) comme les opiacés (morphine, codéine) ou des benzodiazépines (ex. valium, lexomyl) et très, très loin derrière des drogues légales (nicotine, alcool) ou non (crack, cocaïne, héroïne).

Voyons maintenant les arguments qui s’opposent à la dépénalisation. J’en vois plusieurs dans le rapport parlementaire, qui souligne d’ailleurs l’importance de la mise en place d’une politique sanitaire. La légalisation de l’usage récréatif du cannabis pourrait favoriser le développement d’addiction à ce produit, particulièrement au sein de la population la plus jeune, et ce, même si le pouvoir addictif des différents composés cannabinoïdes, THC en tête, est bien inférieur à celui de la cigarette ou de drogues interdites d’usage, comme l’héroïne (2). Ainsi, 20 à 25 % des consommateurs réguliers de cannabis semblent présenter des signes clairs d’addiction (contre presque 100% des fumeurs de tabac). En revanche, l’argument qui place le cannabis comme une première marche vers l’usage d’autres drogues dites plus dures (cocaïne, crack, héroïne) n’est en aucun cas validé. Je cite le rapport : « La théorie de l’escalade (ou « stepping-stone theory ») suppose en effet que la consommation de cannabis mène inexorablement vers la consommation de drogues dites « dures » […]. La théorie se fonde sur le fait qu’une grande partie des consommateurs de drogues dures (héroïne, cocaïne, métamphétamines, etc.) commence par le cannabis, or, dans les faits, cette corrélation n’entraîne pas un lien de causalité dans la mesure où, si la consommation de cannabis a effectivement augmenté de façon importante dans la population générale, la consommation de drogues « dures » n’a pas suivi ».

L’usage de cannabis est également susceptible d’induire un certain nombre de pathologies majeures. Le rapport pointe du doigt un premier risque, les dommages d’ordre cérébral chez les jeunes consommateurs et, par conséquent, de développement de troubles psychiatriques. Je cite : « la consommation de cannabinoïdes augmente sérieusement le risque de troubles psychiatriques, et l’évolution des consommateurs vers la schizophrénie, les troubles anxieux ou dépressifs, est désormais bien démontrée et relativement significative : le risque est en effet doublé pour les jeunes de moins de dix-huit ans et plus grand encore pour ceux débutant leur consommation de cannabis avant l’âge de quinze ans ». Dans ce contexte une augmentation du risque de suicides dans la population jeune peut être crainte. Hors de ces troubles du comportement, l’usage de cannabis peut aussi engendrer des troubles cardiaques. Une augmentation immédiate du risque d’infarctus est désormais avérée, dans l’heure suivant la consommation (2). Des risques d’augmentation de cancers pulmonaires ont aussi été rapportés chez les fumeurs réguliers. En effet, fumer du cannabis, c’est aussi fumer des goudrons très chargés en composés dits aromatiques polycycliques hautement cancérogènes, comme avec la cigarette…

Par ailleurs, l’usage du cannabis conduit à des baisses de vigilance. Ainsi, on observe des temps de réaction considérablement accrus chez les consommateurs occasionnels, de 19 % pour des doses de 10 milligrammes à 27 % pour des doses de 30 milligrammes, qui peuvent se prolonger plus de 15 heures au-delà de la consommation, l’association à l’alcool ayant des effet potentialisant, d’où un risque pour les conducteurs d’engins et de véhicules particuliers. Cette baisse de vigilance se traduit aussi par des baisses de concentrations à l’acquisition de connaissances. Ainsi, des suivis de cohortes menées sur une longue durée par l’Inserm montrent une probabilité de suivre des études supérieures inférieure à 60 % pour les jeunes ayant commencé à fumer avant l’âge de seize ans.

Dernier élément s’opposant à la dépénalisation, d'ordre plus moral ou éthique, au choix. Ce n’est pas parce que l’on n’arrive pas à contrôler un comportement délictueux qu’il faut baisser les bras et le légaliser. Envisagerait-on de dépénaliser les grands excès de vitesse quand on sait qu’une part très importante - pour ne pas dire majoritaire - des accidents de la route est liée à une vitesse excessive ou inadaptée ? Non. Dès lors, quid de la consommation de stupéfiants ?

Je ne prétends en aucun cas avoir fait le tour de la question, mais il me semble qu’il reste nécessaire de réfléchir à cette dépénalisation, tranquillement, en pesant bien le pour et le contre, et sans s’inscrire dans un quelconque effet de mode. Je termine en précisant que cet article n’est en aucun cas un encouragement à consommer du cannabis, hors prescription médicale, car celui-ci reste considéré comme un stupéfiant par l’arrêté du 22 février 1990, consolidé le 1er janvier 2020, et donc interdit de production, distribution et consommation.


Références :

1. Cannabis : des parlementaires demandent une "légalisation encadrée" permettant à l'État de "reprendre le contrôle". France-info. Mai 2021.
Consultable en ligne :
https://www.francetvinfo.fr/sante/drogue-addictions/cannabis/cannabis-des-parlementaires-demandent-une-legalisation-encadree-permettant-a-l-etat-de-reprendre-le-controle_4611697.html

2. Rapport parlementaire sur le cannabis récréatif.
Consultable en ligne :
https://www2.assemblee-nationale.fr/content/download/341940/3351816/version/1/file/210505+Rapport+cannabis+recreatif.pdf

3. Page « Drogue ». Wikipedia.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Drogue


Crédits illustration :

Légalisation du cannabis : le pour et le contre
You tube.
Mise en ligne par : Monkey - l'actu décryptée. Octobre 2018
https://www.youtube.com/watch?v=B5FBNw4wvDQ





dimanche 16 mai 2021

UN CAS DE COVID-19 PARMI
LE PERSONNEL PÉRISCOLAIRE



La mairie vient d’informer les parents d’élèves, ce dimanche 16 mai, d'un cas de CoViD-19 signalé au sein du personnel périscolaire par l’ARS qui considérait, dès lors et en raison du fait que ces personnels manipulaient les mêmes objets, qu’ils étaient « cas contact ».

Cette émergence d’un cas parmi le personnel périscolaire et leur positionnement comme cas contact fait donc que ces personnels seront mis à l’isolement et devront se faire tester dans les meilleurs délais, si ce n'est déjà fait. En conséquence, il n’y aura ni accueil périscolaire, ni transport scolaire, ni cantine à Forges dans les jours qui viennent. J’espère qu’aucun des personnels ne sera contaminé, et je souhaite un prompt rétablissement à la personne malade.

La mairie indique que la fermeture du périscolaire et le l’arrêt du transport scolaire relèvent d’une décision de l’ARS. Je n'y crois pas trop... Mais même si c'était vrai, une question me vient à l’esprit. Pourquoi ne pas avoir parlé de ce cas de CoViD-19 plus tôt alors que celui-ci est connu depuis une petite semaine par les personnels de l'école, et au delà ? J'ai, en effet, été informé le 11 mai par une source proche de ces personnels de l'occurrence de ce cas, connu le 10 mai*. J’ai choisi de ne pas donner l’information sur mon blog car vu le sérieux de la situation, il me semblait qu’il convenait de laisser le soin de la communication à la mairie. En lien, ma source m’indiquait que les personnels étaient largement informés de la situation. 

J’ai donc du mal à croire que les responsables de service et la municipalité n’en n’aient rien su, et n'aient pas été informés dès mercredi ou jeudi. J'ai donc du mal à comprendre cette absence de communication avertissant des risques potentiels de fermeture du périscolaire et d’arrêt des transports. Comme on ne prête qu’aux riches, j’ai comme l’impression que ce manque de transparence n’est pas du qu'au seul hasard des calendriers...

* par ailleurs, si comme je l'entends, le délai de 7 jours de quarantaine expire jeudi prochain, ceci signifie que le cas de CoViD-19 était connu dès mercredi dernier.  


Note ajoutée le 17 mai :

Une lectrice m'indique que deux agents du périscolaire auraient été testé positifs voilà au moins une dizaine de jours. Je tente de vérifier cette information, mais sans succès pour le moment. Si cela est vrai, le silence de la municipalité confirmerait bien son manque de transparence généralisé dans la gestion des affaires...

Note ajoutée le 18 mai :

Une autre lectrice me fait parvenir le message suivant, diffusé par la mairie sur un réseau social :

« Bonsoir,

Suite au message pour prévenir de la fermeture des services périscolaires de la mairie.(Si besoin peut-être relire le message)

Pour précisions:

Suite à un agent du périscolaire testé positif, 13 agents ont reçu dimanche 16 mai, un sms les avertissant qu'ils étaient cas contact, alors que tous portent le masque, respectent les gestes barrières etc. Après avoir rassemblé toutes ces infos, la responsable du service périscolaire s'est aperçue qu'il était impossible d'assurer l'ouverture de son service dans ces conditions lundi, mardi et mercredi, l'accueil des enfants du matin et du soir mais également le midi, la cantine, le ramassage scolaire ( certaines Atsem assurent aussi le service du bus le soir avec certains animateurs...). Elle a alors contacté le maire et l'élu au scolaire, qui ont ensuite décidé de prévenir les parents au plus vite via les moyens de communications disponibles dés 16H et continuer de chercher si des solutions étaient possibles ( mercredi le centre de Soucy pourra accueillir exceptionnellement les enfants dans la limite du brassage et des places disponibles) Les services de santé contactés ont donné comme explication le fait que les agents touchaient tous le même matériel donc ceux désignés par l'agent positif considérés comme tous cas contact

Les agents n'ont pas compris pourquoi ils étaient cas contact et pourquoi ils l'apprenaient si tardivement. Ils sont tous isolés .

Pour les parents qui ont du mal à croire que 13 agents aient été contactés un dimanche à 12H30 pour apprendre qu'ils étaient cas contact et sans raison valable compréhensible, je tiens à leur disposition les messages reçus par ceux-ci ( une partie des informations personnelles cachées), s'ils m'en font la demande par mail( ce afin de préserver un peu de vie privée des agents)

Enfin les repas qui ont été commandés n'ont pu être annulés auprès du prestataire et ont été donnés à une association qui intervient auprès des plus démunis, ce afin qu'ils ne soient pas jetés.

En vous remerciant. 

Séverine Martin »

Ce message confirme donc que ce n'est pas l'ARS qui a demandé la fermeture du préscolaire mais le ou la responsable du service. Cette fermeture a donc été décidée ensuite par les élus, mais ceux-ci n'ont pas eu le courage de l'annoncer, alors que c'est pourtant une décision responsable, préférant rejeter la faute sur l'ARS. 

Par ailleurs, je me demande donc pourquoi le message de la mairie annonce finalement une « découverte » du cas dimanche, alors que les services sont fermés jusqu'à mercredi inclus, et que la quarantaine est de 7 jours. Soit le cas était connu plus tôt, soit les services seront fermés toute la semaine... 

On nage en plein flou artistique et dans une opacité totale qui contraste la soi-disant transparence revendiquée par la mairie... 


Note ajoutée le 5 juin :

Il semblerait que l'ARS soit très "remontée" en regard du message des élus de Forges lui "faisant"porter le chapeau... Les propos de Mme. la maire semblent en avoir mécontenté plus d'un dans l'agence régionale...


vendredi 14 mai 2021

AU SUJET DU BUDGET COMMUNAL



A Forges, les récents conseils municipaux « secrets » revêtaient une importance particulière en regard de la présentation du débat d’orientation budgétaire et du vote du budget. Beaucoup d’erreurs, pour ne pas parler de mensonges, ont été entendus au cours de la campagne électorale de 2020, au sujet du budget. Il me semble donc important de repréciser certains points.

Avant de commencer, quelques éléments sur la structure des budgets communaux me semblent bienvenus. Bien qu’il n’y ait en fait « qu’un seul budget », ceux des communes se composent de deux sections : le fonctionnement et l’investissement. Chaque section comporte un volet recette et un volet dépenses. Au titre du fonctionnement, les dépenses portent sur les traitements des agents, les achats nécessaires au fonctionnement courant de la commune tels que facture d’électricité, d’eau des bâtiments communaux, éclairage public, les achats de repas des cantines et des aînés, de papeterie, de petit outillage, etc. Le fonctionnement couvre également les réparations d’entretien, le remboursement des intérêts la dette (et seulement des intérêts), ainsi que la dotation aux amortissements. Sous ce dernier terme un peu barbare, se cache l’argent que la commune met de côté pour compenser la perte de valeur d'un bien au cours du temps, ce qui permet de racheter ce bien lorsqu’il devient hors d’usage. Les recettes proviennent elles essentiellement des impôts, des diverses dotations (Etat et communautés territoriales, et des prestations de services (par exemple le payement des repas des cantines par les parents d’élèves). Les dépenses de la section investissement sont constituées majoritairement de deux grands volets : le remboursement des montants de la dette (en principal) et les dépenses d’équipement de la collectivité (nouveaux bâtiments, travaux importants et structurants tels que remplacements de candélabres, d’engins des services, etc.). A noter, c’est la nature de l’opération et non son coût qui détermine l’inscription de la dépense à la section investissement, le tout étant cadré par une directive interministérielle, et soumise à approbation des services préfectoraux. Les recettes d’investissement proviennent des emprunts effectués dans le cadre de la réalisation de grands équipements mais aussi du reversement à cette section des excédents de la section de fonctionnement. Cette somme est importante à considérer car elle constitue la capacité de la commune à autofinancer ses projets. Un dernier mot : contrairement au budget de l’Etat, le budget d’une commune doit être équilibré en recettes et dépenses.

Au cours des années 2008-2014 et 2014-2020, la commune a lourdement investit dans la réalisation d’équipements bénéfiques à la population : gymnase, locaux sportifs, centre technique municipal, maison des associations, maison médicale, city-stade, etc. sont sortis de terre à coût maîtrisé. Le tout a été réalisé sans augmentation de l’imposition foncière, dont les taux sont restés inchangés au cours des 12 années précédentes. Attention, cela ne signifie pas que les impôts dit locaux n’ont pas augmenté, car la valeur de référence des logements ou terrains, calculée par les services de l’Etat, a pu varier, et parce que d’autres collectivités (département, région) ont pu, elles, augmenter leurs taux d’imposition. En lien avec les réalisations décrites, l’endettement de la commune a augmenté mais il reste dans la moyenne des communes de même taille. Un critère important est la capacité de désendettement, c’est à dire le rapport entre montant des dettes et montant de l’autofinancement annuel de la commune. Exprimé en nombre d’années, ce rapport est une mesure de la solvabilité financière des collectivités locales. En 2020, il était de 3 ans environ pour notre commune, ce qui est considéré en valeur comme en évolution, comme excellent. Nous devons cette  situation très favorable à l'ensemble des élus des précédentes mandatures, opposition comprise, et à la gestion rigoureuse du maire, des adjoints et particulièrement  de l'adjoint au finances, M. Pierre Audonneau, lors des années passées.  

Par ailleurs, le dernier budget de la mandature 2014-2020 (montant total de l'ordre de 5 millions millions d’euros) a été conçu en responsabilité de sorte que nous laissions en « réserve » un peu plus d’1 million et demi d’euros sur des lignes qui devaient permettre à la nouvelle mandature d’affecter ce montant à ses priorités. Nous aurions pu les affecter à des projets qui auraient engagé la nouvelle mandature, mais cette option ne nous a pas paru démocratiquement satisfaisante. La situation budgétaire communale que trouve la nouvelle municipalité est donc globalement très saine, pour ne pas dire excellente, contrairement aux bobards qu’on nous a servis pendant des mois.

Dans ce contexte, je me suis déjà interrogé sur ce blog au sujet de certaines dérives financières de l’actuelle mandature. Celles-ci sont restées pour le moment modérées, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières. En ce sens, le dernier budget communal m’inquiète quelque peu. Ma première inquiétude est liée à la façon dont le budget a été voté. En toute logique, on vote en conseil d’abord le montant des taux communaux qui détermine le montant des recettes liées à l’imposition locale, les recettes déterminant les dépenses. Bien entendu, le budget est préparé en amont avec un taux qui anticipe le taux voté. Certains lecteurs pourront penser qu’il ne s’agit que de formalisme. En réalité, je crains que cela ne révèle qu’une grande partie du conseil ne comprenne pas l’architecture du budget communal.

Au titre de la section fonctionnement, les charges à caractère général augmentent de plus de 250 000 euros, sans justification claire, sauf 50 000 euros de plus pour les fêtes et 67 000 euros pour la ligne transport... Concernant ce dernier point, et à la décharge de la municipalité, il faut dire que la relation avec Ile de France mobilité, opérateur du transport scolaire, n’est pas simple. Autre inquiétude, l’explosion du coût de la rémunération des personnels non titulaires, 140 000 euros en plus, sans que j’ai réussi là aussi à obtenir d’explication plausible. Au chapitre des recettes, je ne comprends pas non plus l’augmentation prévue de presque 90 000 euros au titre de la redevance des services périscolaires. Est-ce à dire que les coûts de cantine et de garderie vont augmenter ou que la répartition par quotient sera modifiée ? Dans la section investissement-dépenses, on note presque 200 000 euros de réseaux de voirie (réseaux dont la commune est propriétaire, essentiellement les réseaux sous voirie) et 120 000 euros pour « autres agencements » sans que cela semble avoir été largement explicité en conseil.

Globalement donc, la réserve d’1,5 million d’euros permettra sans souci d’affronter l’année 2021, et même très probablement 2022 si la municipalité poursuit sur la même voie. En revanche, je ne vois nulle trace dans le budget des études et provisions nécessaires aux énormes travaux que la commune souhaite faire dans les écoles... Et là nous parlons plusieurs millions d’euros qu’il faudra budgéter. Affaire à suivre de très près donc, si l’on veut prévenir toute augmentation de l’imposition locale à moyen terme...


Crédit illustration :



dimanche 9 mai 2021

QUAND ON VEUT, ON PEUT !




Un court article pour faire suite à mes remarques sur le fait que les conseils municipaux récents de Forges n’ont pas été rendus publics...

De très nombreuses communes françaises, tels que Mulhouse, Ivry, Antony, Dinard, Brest Fleurance, etc. sont parvenus à retransmettre leur conseil durant le confinement en vidéo. A Forges, pas possible ! L’argument présenté par la liste majoritaire est qu’il est impossible pour la commune de retransmettre les séances en visioconférence, au motif que cela coûterait trop cher, le chiffre de 15 000 euros ayant été avancé comme coût de ces retransmissions...

Au delà de la question du coût de la démocratie, je pense tout d'abord que ce chiffre est « bidon »... Et je pense ensuite que l’actuelle majorité n’avait pas très envie que le débat d’orientation budgétaire, comme le vote du budget, bénéficient d’une audience importante, révélant l'impréparation de l'équipe majoritaire face au budget. L’absence de réponse de la liste majoritaire aux questions précise de la minorité sur certains points budgétaires me conforte dans cette opinion.

En accord avec ce sentiment, certaines communes aux moyens plus limités que Forges n’ont pas fait le même choix. Une de mes lectrices me signale le cas de la commune de Dieulefit (3000 habitants) en Drome provençale qui retransmet ses conseils en vidéo et en direct...

Même remarque pour des communes plus proches et bien plus "petites" que Forges, tel Vaugrigneuse (1300 habitants), où les séances du conseil sont également retransmises en vidéo, démontrant que lorsque l’on veut, on peut !


Note ajoutée le 10 mai :

Une autre lectrice du blog me signale que la commune de Limours retransmettait également ses conseils municipaux en vidéoconférence.

jeudi 6 mai 2021

MISÈRE DE LA RECHERCHE PUBLIQUE FRANÇAISE. I. ORGANISATION ET FINANCEMENTS



Après plus de 40 ans passés dans les labos de l’Institut Pasteur, du CNRS, de l’Inra et de différentes universités, ainsi qu’au siège du CNRS, le tout entrecoupé de séjours dans des universités aux Etats Unis, en Belgique, et en Asie du Sud Est (Malaisie), je dispose de quelques points de repère pour dénoncer la misère de la recherche publique non militaire en France.

Difficile, tellement le sujet est vaste, d’expliquer en quoi la recherche publique est maltraitée en France. Un premier point consiste sans doute à expliquer comment elle est organisée et financée. De façon très schématique la recherche est essentiellement menée dans les universités ou dans des structures apparentées (grandes écoles), par des personnels relevant des universités mais également, et souvent assez largement, par des personnels non enseignants relevant des grands instituts de recherche, tels le CEA, le CNRS, l’INRA, L’INSERM, l’INRIA, etc. Ces grands instituts possèdent également des unités de recherches en propre, voire dans un certain nombre de cas des centres de recherches qui leur sont propres.

Le plus surprenant pour la personne non avertie, en tous cas dans le domaine des sciences de la vie, ou de l’environnement, mais également pour ce que j’en sais en sciences de l’univers, réside dans le fait que les grands instituts de recherches, comme les universités, payent essentiellement les salaires de leurs personnels mais pratiquement pas leurs travaux. Pour donner des éléments plus précis, hors salaire, le financement attribué à un chercheur CNRS en sciences de la vie ou de l’environnement tourne entre 1000 et 4000 euros en moyenne par an. Ceci signifie que pour mener à bien ses expérimentations, un chercheur, enseignant-chercheur ou un ingénieur de recherche ne peut compter que sur cette seule somme annuelle de la part de sa tutelle. Autant dire que côté "performance", c'est mission impossible ! Quand on connaît le prix d’un ordinateur un peu performant, ou des réactifs de labos*, on comprend tout de suite que les chercheurs, enseignants ou ingénieurs soient donc obligés de rechercher de l’argent ailleurs

Chercher des financements du côté du secteur privé est difficile. J'expliquerai plus tard pourquoi. De façon générale, ce secteur n'est pas prêt à investir dans de la recherche de base quand on explique que le retour sur investissement est non mesurable à la fois en termes probabilistiques et financiers. Ailleurs, ce sont donc les agences nationales, type agence nationale de la recherche (ANR), les ministères, les régions, mais également dans le secteur public les appels à projets européens auxquels il est possible de soumettre un projet en réponse à un appel d’offre thématique. Un mot sur ces derniers pour dire qu’ils sont devenus quasi inaccessibles pour un laboratoire « standard », tellement les dossiers de soumission sont complexes. Dans les années 90, il était possible pour une équipe moyenne de répondre. J’ai ainsi bénéficié de trois soutiens européens conséquents au sein de consortia de labos de toute l’union européenne. Mais depuis les années 2005, les procédures se sont fortement complexifiées. La notice explicative de soumission peut atteindre la centaine de pages, et le dossier de soumission peut en faire tout autant, le tout en y ajoutant des calculs cauchemardesques de ratios entre emploi public et privé, emplois statutaires et emplois à financer par l’appel d’offre, ou nomenclature des fournitures nécessaires au projet. C’est élément compliqué qu’il faut avoir maintenant recours à des cabinets spécialisés de montage de projet si on veut avoir une chance de franchir le simple contrôle de complétude du dossier…

On comprend de ce qui précède qu’il est nécessaire pour un chercheur (ou enseignant chercheur, ou ingénieur) un peu confirmé de chercher avant tout... de l’argent. Cette tache est très chronophage puisque pour un responsable d’une équipe de recherche d’environ 10 personnes, elle représente environ 30 % du temps de travail. Partant d’une feuille blanche, il faut en effet autour de trois mois pour monter un projet de recherche solide que l’on soumettra à l’ANR ou à un ministère, pour un projet dont le budget total est en général compris entre 150 et 750 000 euros sur 3 ou 4 ans, pour en moyenne 3 ou 4 équipes de recherches participant au projet. On voit tout de suite, que les sommes recueillies sont au mieux de l’ordre de 250 000 euros par équipe sur 3 ou 4 ans. Pas de quoi sauter au plafond ! Mais c’est toujours mieux que rien. Cela permet en effet de financer l’achat des matériels ou services nécessaires, et également de financer une thèse, rarement deux, sur 3 ans. Ce sont d’ailleurs les étudiants en thèse, que l’on appelle les doctorants, qui, encadrés par le chercheurs seniors ou par un ingénieur, assurent une grande partie des travaux de recherche au quotidien, aidés en cela par les techniciens de laboratoire dont le nombre de postes s’est malheureusement drastiquement réduit au cours des 15 dernières années. Le rôle du chercheur confirmé, lui, s’apparente plus à celui d’un responsable de PME qui doit donc courir les contrats, faire tourner son équipe, faire le chargé de relation publique dans les congrès, mais aussi gérer les matériels, les problèmes administratifs, le tout sans carotte et sans bâton et avec un soutien très limité, pour ne pas dire absence de soutien, de son administration de tutelle.

Cette situation de recherche permanente de financements serait tenable à deux conditions qui ne sont malheureusement pas remplies. La première serait que le montant global des financements obtenus soit plus élevé. Or il reste très faible ; il faudrait pour qu’un projet de recherche soit véritablement viable soir les budgets multipliés par 2 environ. Il faudrait également que les règles d’utilisation de ces crédits soient assouplies, le corset budgétaire dans lequel les dépenses doivent se faire relevant parfois, pour ne pas dire souvent, du domaine de l’absurde.

Deuxième condition : il faudrait que le taux de succès aux appels d’offres tourne autour de 25 à 30%, c’est à dire qu’un projet sur 3 ou 4 soit financé. Or il y a encore deux ou trois ans, ce taux tournait autour de moins de 10% pour les projets soumis à l’ANR. Ceci signifie que 90% des projets soumis étaient rejetés. Ce rejet n’est pas du à une mauvaise qualité de le recherche proposée (d’ailleurs l’agence le reconnait !), mais simplement au fait que le budget global des agences et ministère est très limité. Dit comme cela, ceci implique que des milliers et des milliers d’heure de travail de chercheurs et ingénieurs sont in fine perdues en montage de projets, puisque 9 sur 10 iront dans le mur ! La recherche des financements pour un laboratoire et donc non seulement chronophage mais est également démotivante, car largement vouée à l’échec. En lien, au cours de ma carrière j’ai été assez fréquemment conduit à évaluer des projets pour d’autres agences de pays étrangers, telles le FNRS belge, le BBRSC britannique, la NSF et la NIH américaines, des agences italiennes ou malaisiennes, ou des agences transnationales. J’ai donc des éléments de comparaison qui me permettent de dire que les budgets demandés à des agences comme la NSF ou le BBRSC relèvent, pour une seule équipe, de montants sensiblement équivalents à 1 million d’euros sur 2 ou 3 ans, soit un rapport de un à 4 avec ce qu’il est possible d’obtenir pour une équipe en France. La récente récipiendaire du prix Nobel, la Française Emmanuelle Charpentier, ne dit rien d'autre quand elle affirme que notre pays n'aurait jamais pu lui donner les moyens qu'elle a eus à l'étranger pour mener ses recherches... 

Ce que je décris au niveau micro se retrouve bien évidemment au niveau macro. Ainsi, la dépense intérieure de recherche et développement (DIRD) représentait en France environ 2,2 % du PIB en 2018, bien en deçà de l’objectif des 3,0 % fixé par l’union européenne. La France se situe d’ailleurs en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE (2,4%) et loin derrière des pays comme la Corée du sud (4,5 %), la Suède (3,3 %), le Japon (3,3 %), l’Allemagne (3,1 %) et les Etats-Unis (2,8 %). Par ailleurs, la recherche publique ne représente en 2018 en France qu’un tiers de la DIRD, soit autour de 0,75 % du PIB. Elle représentait presque 0,9 % du PIB en 1993...

Pour en finir avec les chiffres un mot sur le CNRS, organisme auquel je suis très attaché, dont le budget global 2020 est de l’ordre de 3,5 milliards d’euros, dont 83 % environ destinés au paiement des salaires. On peut mettre en face de ce chiffre le montant global de la fraude fiscale sur les revenus, autour de 60 milliard d'euros, ou plus en rapport celui du crédit impôt recherche, dont le montant atteint 6,5 à presque 7 milliards d’euros selon les années, et sur lequel la cour des comptes a émis plus que des réserves quant à l’efficacité.

Cette faiblesse des financements explique une grande partie des difficultés rencontrées par la recherche publique en France, mais elle n'est pas la seule explication. Dans l’article qui suit, je reviendrai sur d’autres aspects délétères pour cette activité, tels la méconnaissance de nos dirigeants de ce qu’est la recherche, les problèmes de recrutement et de sous-traitance généralisée, et l’évaluation permanente érigée en mode de gouvernance.

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* dont le prix de certains est 10 voire 100 fois supérieur à leur poids en or !


Crédit illustration :

https://la1ere.francetvinfo.fr/guyane/ouest-guyanais/guyane/sante-publique-france-confirme-stabilisation-epidemie-coronavirus-guyane-858088.html




samedi 1 mai 2021

M. LE PRÉFET ME RÉPOND AU SUJET
DU CARACTÈRE NON PUBLIC DES
CONSEILS MUNICIPAUX


Dans un courrier du 11 mars 2021, je m’inquiétais auprès des services de la Préfecture, du caractère non public des conseils municipaux de Forges. Je demandais donc que la publicité des débats soit assurée par la retransmission des conseils en visioconférence. Les services de M. Le Préfet, par l’intermédiaire de M. le Sous-Préfet, ont bien voulu répondre à mes questionnements mais la réponse, alambiquée, me laisse dubitatif en regard du droit commun...

Pour résumer la réponse des services préfectoraux à ma question, ceux ci me précise que l’interdiction de présence du public au conseil ne relève pas d’un choix de la mairie mais du décret 2020-1310 du 20 octobre 2020, et qu’en conséquence « la commune n’a pas besoin de recourir au dispositif du titre II de l’article 6 de la loi du 14 novembre 2020 ». Par voie de conséquence la commune « n’a pas obligation de retransmettre la séance par voie électronique » puisque « c’est le droit commun qui s’applique », et particulièrement « l’article L2121-18 du code général des collectivités territoriales (CGCT) qui dispose que la retransmission n’est qu’une simple faculté ».

La réponse est habile mais elle interroge. Je publie donc ci-dessous des extraits du courrier que je viens de renvoyer en sous-préfecture.

« [...] Je partage votre analyse des éléments que vous m’avez fournis, concernant les dispositions du décret 2020-1310 relatif aux mesures générales permettant de faire face en urgence à l’épidémie de CoViD-19. Effectivement, pour des séances tenues lors du couvre-feu, la commune n’a pas besoin de recourir au dispositif de l’article 6 de la loi 2020-1379 du 14 novembre 2020. Je peux donc entendre votre opinion relative au fait qu’en l’espèce le droit commun s’applique, et en particulier l’article L2121-8 du CRCT. Or ce droit commun stipule que les séances des conseils sont publiques.

Cet esprit de la loi se retrouve d’ailleurs dans les dispositions des alinéas I et II de l’article 6 de la loi précitée, qui s’applique hors couvre-feu, et donc au dernier conseil en date du 10 avril 2021. Celle-ci indique : [...] Aux fins de lutter contre la propagation de l'épidémie de covid-19, le maire, le président de l'organe délibérant d'une collectivité territoriale ou le président d'un groupement de collectivités territoriales peut décider, pour assurer la tenue de la réunion de l'organe délibérant dans des conditions conformes aux règles sanitaires en vigueur, que celle-ci se déroulera sans que le public soit autorisé à y assister ou en fixant un nombre maximal de personnes autorisées à y assister. Le caractère public de la réunion est réputé satisfait lorsque les débats sont accessibles en direct au public de manière électronique.

En dépit du respect dû à vos fonctions, j’estime donc que votre conclusion précisant qu’il « n’y a pas d’obligation de retransmettre la séance par voie électronique » est biaisée. En effet, si cette disposition de retransmission n’est pas une obligation mais une option du droit commun, elle ne dispense en aucun cas les communes, ou les EPCI, de faire que les conseils et comités syndicaux soient publics. C’est d’ailleurs le premier alinéa de l’article L2121-8 du CGCT que vous invoquez, qui le stipule « Les séances des conseils municipaux sont publiques ».

Je conclus de ce qui précède que dans les circonstances évoquées, les séances du conseil qui n’ont pas été rendues accessibles au public, ni directement, ni de manière électronique, n’ont donc pas satisfait aux prescriptions légales, entachant d’illégalité les décisions de ces conseils. »

Il est très probable que mon courrier ne permettra pas d’infléchir la position des services préfectoraux, mais elle a au moins le mérite de poser le problème de la publicité des débats à laquelle la municipalité de Forges ne semble pas du tout attachée, même sur des sujets aussi sensibles que le budget. Des conseillers de la minorité ont demandé la retransmission vidéo des conseils. La majorité s’y est opposée sous le prétexte fallacieux d’un coût démesuré (soit disant 15 000 euros, soit le dixième de celui des caméras de vidéo surveillance). Pourtant, et selon les informations dont je dispose, il me semble qu’à la CCPL, la retransmission au public a pu été assurée au moyen d’un simple téléphone portable, utilisé de façon satisfaisante dans la salle des audiences qui ne dispose pourtant pas d’une acoustique exceptionnelle, montrant ainsi que quant on veut, on peut !


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IONOS. Start up guide.

jeudi 29 avril 2021

CE BLOG VIENT DE FRANCHIR LE CAP DES...



Je consulte de temps en temps les statistiques de lecture de mon blog pour tenter de comprendre quels sont les articles qui intéressent le plus les lecteurs ou tout au moins quels sont ceux qui ont été le plus lus par les lecteurs. Je viens de constater ce matin que plus de 10 000 pages ont été parcourues sur ce blog, et j’avoue, en toute honnêteté, que je ne m’attendais pas à un tel résultat en « seulement » 7 à 8 mois d’existence.


Dans un premier article de ce blog, j’expliquais quelles étaient les motivations qui m’ont conduit à me lancer dans cette aventure rédactionnelle (1). La première était celle d’exercer ma liberté d’expression. Ceci s’est fait à un moment où cela devenait plus facile pour moi, après ma retraite professionnelle et après avoir abandonné mon mandat électif. La deuxième était de pouvoir exprimer des opinions plutôt éloignées de la pensée dominante que l’on retrouve à longueur de médias, tout en sachant qu’un « petit blog perdu dans l’Internet » n’aurait jamais la portée de chaînes télévisées ou de grands journaux et magazines. Dans ce cadre, mon moteur était mon adhésion au « penser global et agir local ». Enfin, j’ai toujours tenté de rendre à la société ce qu’elle avait consenti à me donner pour ma formation ou ma santé, et au travers de ce blog je poursuis donc des efforts de vulgarisation des domaines scientifiques dans lesquelles j’ai œuvré pendant plus de 40 ans. Ce mélange des genres peut paraître étonnant, mais je considère que ces pages lues valident globalement les choix que j’ai fais lors de la création du blog.

Ceci posé, il est intéressant de regarder quelques éléments statistiques. À sa création, seules quelques pages étaient lues quotidiennement par les quelques amis et relations auxquels je faisais parvenir le lien de consultation. En revanche au cours du dernier mois, la moyenne de lecture s’établit autour de 75 pages par jour (non je n'ai pas calculé la médiane!) avec comme valeur la plus basse 15 lectures/jour et comme valeur la plus haute 170 consultations/jours. D’une façon générale, les articles les plus lus concernent la vie communale, avec dans le top 5, l’article sur la réouverture de la boulangerie (2), celui sur la façon dont la nouvelle municipalité conçoit le « dialogue » (les guillemets s’imposent !) avec les associations (3), l’article sur le marché de Noël (4), celui sur la reconversion du centre d’accueil (5) et celui sur les élections à la communauté de communes (6). Les articles à coloration scientifique sont moins lus, mais je les maintiendrai sur ce blog en raison des retours très positifs qui m’ont été faits par plusieurs personnes à leur sujet.

À l’origine, je ne pensais pas écrire majoritairement sur la vie communale. Malheureusement, la gestion de la commune par la nouvelle équipe municipale est plus que discutable, et ce à de multiples niveaux. Ainsi, j’ai expliqué dans au moins 2 articles (7, 8) le mal-être des personnels communaux. Certains ont d’ores et déjà quitté la commune, d’autres sont en phase de recherche de point de chute, n’hésitant pas à affirmer « cela ne peut pas être pire qu’ici », tant leur travail est dénigré par certains des nouveaux élus. Les relations avec un nouveau cadre communal sont également très mauvaises. Or il faut des années pour construire des équipes solides, mais seulement quelques mois pour les détruire. J’ai également exprimé des inquiétudes quant aux dépenses engagées par la nouvelle municipalité, par exemple autour de l’achat de caméras de sécurité, et j’y reviendrai en détail dans un article sur le budget. Enfin, je suis très défavorablement impressionné par la façon dont sont (mal)traitées certaines associations constituées ou en cours de constitution, et du manque de considération - pour ne pas dire du mépris - de la nouvelle municipalité pour des projets novateurs ou économiquement porteurs. Comme le disait, paraît-il, un de mes grands-pères que je n’ai pas connu « tu peux amener l’âne à la rivière, mais tu ne peux le forcer à boire ». J'ajoute que j'espérais pourtant plus de sérieux de la part de nouveaux élus, et que je ne prétends en aucun cas, ni aujourd'hui, ni demain, à de nouvelles fonctions municipales. C'est dit ! 

Dernier point, dont je n’ai pas parlé dans ce blog : je sais que certains des nouveaux élus se demandent d’où je tiens mes informations. Certaines ne reviennent de Forgeois, d’élus municipaux, rarement des personnels, d’autres me reviennent de mes anciens collègues conseillers, adjoints et maires des communes alentours, à qui j’ai visiblement laissé un bon souvenir ! Et concernant nos voisins proches ou lointains, mon inquiétude principale porte sur l’image donnée par la commune de Forges dans ces établissements de coopération intercommunale (CCPL, syndicats intercommunaux, etc.). Des délégués de communes m’ont contacté (si, si !) pour me faire part de leur ressenti sur les représentants de Forges. Je ne répéterai pas ici les vocables qui ont été utilisés, mais je dirais simplement qu’en plusieurs occasions notre commune s’est ridiculisée dans ces établissements intercommunaux, soit au travers de commentaires ou opinions émises, soit au travers de questions posées lors d’assemblées ou sur des groupes de type WhatsApp, dénotant la méconnaissance la plus totale des objectifs et du fonctionnement de ces établissements. Ceci est bien entendu désastreux pour l’image et pour la crédibilité de la commune. 

Pour en revenir au blog, je vais donc poursuivre mon travail d’information, sans recours aux réseaux sociaux sur le rôle desquels je me suis déjà exprimé (1). À ce sujet, j’attends un certain nombre de confirmations de plusieurs de mes lecteurs qui suivent ce qui se dit sur un groupe Facebook local, très favorable à la nouvelle municipalité, et qui semble pratiquer une certaine forme de censure des messages porteurs de toute opinion divergente. Si cela se confirme, je produirai, bien entendu, un article sur mon blog. Je rappelle qu’il est loisible au lecteur de laisser des commentaires pour chaque article. Ceux-ci sont modérés (par moi), afin d’éviter les publicités non souhaitées, les attaques ad hominem, bref toutes les dérives qui caractérisent les réseaux sociaux. Pour cette raison, je préfère les commentaires non anonymes. Je tente également de publier la plupart des commentaires pertinents, même s’ils ne me sont pas favorables, et j’apprécie surtout ceux qui fournissent des éléments factuels relatifs aux articles. N’hésitez donc pas à commenter car vos remarques sont à même d’alimenter le débat démocratique.


Références :

1. Un blog, pourquoi faire ?
https://dessaux.blogspot.com/2020/07/un-blog-pourquoi-faire-dans-le-milieu.html

2. Projets communaux. II. Vers une réouverture de la boulangerie ?
https://dessaux.blogspot.com/2021/01/projets-communaux-ii-vers-une.html

3. Désigne volontaire !
https://dessaux.blogspot.com/2021/03/designe-volontaire.html

4. À Forges, le marché de Noël oublie le sens du mot solidarité
https://dessaux.blogspot.com/2020/12/a-forges-le-marche-de-noel-oublie-le.html

5. Projets communaux. III. Où en est la reconversion du centre d’accueil ?
https://dessaux.blogspot.com/2021/01/projets-communaux-iii-ou-en-est-la.html

6. Les élections à la communauté de communes du pays de Limours (CCPL) : un jeu de dupes
https://dessaux.blogspot.com/2020/09/les-elections-la-communaute-de-communes.html

7. Ambiance, ambiance...
https://dessaux.blogspot.com/2021/01/ambiance-ambiance.html

8. Partir...
https://dessaux.blogspot.com/2021/03/partir.html


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dimanche 25 avril 2021

LA COMMISSION D’ACCÈS AUX DOCUMENTS ADMINISTRATIFS ME DONNE RAISON





Depuis décembre 2020, je demande au syndicat intercommunal d’assainissement de la région de Limours (SIAL) dont le siège est à la mairie de Forges, de me communiquer le rapport des délégataires, document public qui me permettrait de mieux suivre le fonctionnement du syndicat.

Or, depuis décembre 2020 et malgré plusieurs relances transmises en mairie de Forges en 2021 à l’attention du SIAL, je n’ai reçu aucune réponse, même pas un simple accusé de réception, de la part de ce syndicat présidé par un des nouveaux élus Forgeois. Je sais, pour avoir demandé au secrétariat de la mairie copie de la transmission de mon message, que celui-ci a bien été remis au SIAL qui ne pourra donc s’exonérer en accusant les personnels communaux de ne pas avoir fait leur travail.

Devant le silence assourdissant du SIAL, et sachant après 10 ans passé au SIAL comme délégué communal que ce document est un document public (moyennant le retrait des informations considérées comme confidentielles par les article L3111-5 et -6 du code des relations entre le public et l'administration*), j’ai saisi la commission d’accès aux documents administratifs (CADA) pour obtenir communication de ce rapport. Je viens de recevoir sa réponse qui me donne entièrement raison, un avis signifié au SIAL par la CADA.

Je vais donc redemander ce rapport, cette fois en informant les délégués des communes concernés de ma demande et de l’avis de la CADA, et en espérant que les choses bougeront. Ceci dit, comme je l’indiquais plus tôt dans un des mes articles, le SIAL n’a toujours pas tenu son DOB, n’a pas présenté de budget, et ne peut donc en théorie fonctionner, une situation ubuesque qui, si elle se prolongeait, pourrait finir par plomber définitivement le syndicat. L’affaire n’est donc pas encore close !

_______________________________________

* il s'agit, pour simplifier, des données concernant :

- le secret des délibérations du Gouvernement et des autorités responsables relevant du pouvoir exécutif 
- le secret de la défense nationale ;
- la conduite de la politique extérieure de la France ;
- la sûreté de l'Etat, la sécurité publique, la sécurité des personnes ou à la sécurité des systèmes d'information des administrations ;
- la monnaie et le crédit public ;
- le déroulement des procédures engagées devant les juridictions ou d'opérations préliminaires à de telles procédures ;

- ou des données dont la communication porterait atteinte à la protection de la vie privée, au secret médical et au secret des affaires, lequel comprend le secret des procédés, des informations économiques et financières et des stratégies commerciales ou industrielles ;

ainsi que des données :

- portant une appréciation ou un jugement de valeur sur une personne physique, nommément désignée ou facilement identifiable ;
- faisant apparaître le comportement d'une personne, dès lors que la divulgation de ce comportement pourrait lui porter préjudice.

samedi 24 avril 2021

LE GOÛT D’ANTAN QUITTE LE MARCHÉ DE FORGES



« Le Goût d’Antan », traiteur/charcutier établi dans le Cotentin, venait régulièrement au marché de Forges. Il était un des commerçant les plus apprécié, non seulement pour ses produits de qualité, mais également parce que sa présence avait permis de relancer l’activité du marché à un moment où son avenir n’était pas assuré. Malheu-reusement ce commerçant ne nous rendra plus visite, suite à des divergences de vues avec la municipalité.


C’est par l’intermédiaire du maire de Janvry, M. Christian Schoettl, que la précédente mandature avait pris contact avec le charcutier-traiteur le Goût d’Antan, un habitué des marché de Janvry, pour le faire venir un samedi sur deux à Forges. Ses produits du terroir normand, pâté, tripes, boudin noir, pour n’en citer que quelques uns, ont gagné leur notoriété localement et ils sont rapidement devenus des mets très appréciés des Forgeois. Tout ceci sera bientôt du passé car, pour des raisons de divergence de vue avec la nouvelle municipalité qui l’a placé en concurrence directe avec un autre commerçant, ami d’élu, ce commerçant nous annoncé son départ de Forges. Il aurait pourtant, sans doute, été possible de faire que chacun de ces commerçants soit présent alternativement un samedi sur deux, mais non apparemment... Dommage, car nous aurions pu également envisager avec Le Goût d'Antan des synergies avec la boulangerie des Six Moulins de Bullion, qui s’installera sans doute au mieux à la fin de l’année à Forges.

Vous pourrez néanmoins retrouver le Goût d’Antan tous les samedis au marché de Bullion et tous les dimanches à Janvry.
Si vous passez à Baupte, dans le Cotentin, sur la route de Portbail et de Barneville-Carteret, arrêtez-vous dans son atelier où vous serez très bien reçu. J’en profite également pour vous signaler les produits à base de pommes d’une connaissance que ce commerçant et moi avons en commun. Si vous circulez dans la région de Baupte, une petite visite à M. Pierre Guillotte, à Bolleville, à côté de la Haye, vous permettra de découvrir des jus de pommes, cidres et Calvados (à consommer avec modération) de très grande qualité.

Ce départ est très dommageable pour le marché d’autant que je m’interroge également sur le fait que Liloo Bien Etre semble également avoir décidé de se retirer au moins pour quelque temps. A suivre donc...


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Document personnel

mardi 20 avril 2021

UN MONDE REMPLI... DE VIDE



J’ai toujours été intéressé par les sciences, bien au delà de la biologie. En particulier, l’astronomie et les distances incroyables qui s’y rapporte me conduit à relativiser nos problèmes personnels et locaux, en constatant que nous ne sommes pas grand chose, pour ne pas dire rien, dans un univers immense et ... vide !

La plupart d’entre vous connaissent le système solaire, au moins en partie. Les médias parlent beaucoup de Mars, en cours d’exploration, beaucoup connaissent Vénus (improprement appelée étoile du berger), Saturne et ses anneaux, et Jupiter avec sa « tache » géante, et tout le monde sait ce qu’est la lune, notre satellite naturel.

Ce qui est moins connu, ce sont les distances qui séparent les planètes les unes des autres, ou du soleil, ainsi que la taille de ces planètes. Les donner sans éléments de « visualisation » n’a pas grand intérêt. J’ai donc, sur la base de données de différents sites et de l’encyclopédie en ligne Wikipédia, tenté de recalculer les diamètres et les distances de certains des éléments du système solaire, en ramenant le soleil à une sphère (une boule) d’1 mètre de diamètre.

Dans ce cas, les planètes que nous connaissons auraient les dimensions approximatives suivantes (diamètres): Vénus 0,35cm (un petit pois), Terre 0,9 cm (une bille d’enfant) avec la lune (0,25 cm), Mars 0,5 cm, Saturne 8,5 cm (une orange), Jupiter 10 cm (un petit pamplemousse), et Pluton (corps le plus éloigné du soleil dont le statut de planète est toujours discuté) 0,15 cm. Tout aussi intéressantes sont les distances qui, à la même échelle, sépareraient les planètes du soleil. Mercure, la plus proche de notre étoile se situerait à 40 mètres environ (la largeur d’un terrain de football), Venus à 75 mètres, notre Terre à 120 mètres (un peu plus que la longueur d’un terrain de football) , Mars à 160 mètres (2 longueurs de terrain de football), Saturne et ses anneaux à 1 200 mètres et Pluton, « tout au bout », à 5 000 mètres (5 km) !

Notre système solaire semble donc « plein de vide », comme l’est l’univers, sauf à caractériser l’existence d’une possible matière noire, encore très hypothétique. Renforçant ce sentiment de vide, l’étoile la plus proche de notre soleil se trouve à 4 années-lumière, ce qui signifie que la lumière de cette étoile (qui fait partie d’un système triple, donc de trois étoiles regroupées) et qui « voyage » à 300 000 km/s met 4 ans pour nous parvenir. Ramenée à la même échelle que celle que j’ai utilisée plus haut, Proxima du Centaure, car tel est le nom de notre « voisine », serait quelques 30 000 km de nous, soit environ 2,5 fois le diamètre réel de notre planète. Toujours à cette échelle, notre galaxie, la Voie Lactée dont nous habitons le « bras d'Orion », une partie plus proche de l’extérieur que de l'intérieur, posséderait un diamètre qui représenterait un peu plus que l’actuelle et véritable distance soleil-Jupiter. Quant à la galaxie voisine, Andromède, elle se trouverait à l'échelle précédente à une distance qui est approximativement équivalente au véritable diamètre de notre système solaire...

Par ailleurs, et en comparaison, notre biosphère terrestre est minuscule. Certes à notre échelle, notre planète nous semble étendue avec ses quelques 40 000 km de circonférence, et les 24 heures d’avion nécessaires pour se rendre de Paris à Sydney par exemple. En revanche, la partie de notre atmosphère dans laquelle nous pouvons nous mouvoir naturellement s’étend seulement sur 5 à 6 000 mètres environ, altitudes au delà desquelles il devient nécessaire de posséder des équipements respiratoires pour évoluer. C’est à peu près, à vol d’oiseau, la distance de la place de l’église de Forges à la sortie sud de Bonnelles, au château du marais ou au carrefour de Bel Air à Fontenay. Impressionnant, me semble-t-il, vu sous cet angle !  



Crédit illustration :

Le système solaire à l'échelle. 
Choualbox
https://choualbox.com/UIgSv

Notre terre est la troisième petite planète, tout en bas à partir de la gauche, suivie par Mars, Jupiter et Saturne...





dimanche 18 avril 2021

DOMMAGE !

 

Dommage la dernière version du P’tit Forgeois ! La bouteille est belle mais le contenu appelle des remarques.

Dommage le dernier P'tit Forgeois qui a perdu depuis ses derniers numéros sa sympathique apostrophe : le changement sans doute...

Dommage la première de couverture en temps de pandémie et de respect des distances physique entre personnes, dont je rappelle qu’elles sont de deux mètres sans  masque et... également de deux mètres avec masques. Si la première est une obligation légale, la seconde est une recommandation forte des autorités de santé. Or, sauf si je n’ai pas le compas dans l’oeil, la photo ne me parait pas trop cadrer avec ces recommandations !

Dommage le contenu, parce que la nouvelle maquette est très agréable, très lisible, et réussie, et c’est tant mieux ! Malheureusement, le contenu n’est pas à la hauteur. La lecture de la dernière mouture de l’opus communal m’a laissé pantois. On dirait qu’il ne se passe plus rien à Forges et que le citoyen a disparu... Vous me direz : la CoViD ! Oui, la CoViD mais on a l’impression que la municipalité se retranche derrière pour ne rien faire. Deux exemples : entre octobre et mars, date du dernier reconfinement, le co-working est demeuré fermé alors que de très nombreuses communes alentour dans l’Essonne comme dans les Yvelines, ont maintenu des centres ouverts moyennant un respect de jauge et de gestes barrière. A Forges, impossible, soi disant pour des questions de local non loué ! De même des communes alentours ont ouvert des Repair-Cafés, sans café bien sur, et sur rendez-vous de façon à maintenir un accès limité à une personne et un ou deux réparateurs... A Forges, une association tente depuis des mois de maintenir un tel projet, mais elle n’a reçu depuis octobre, malgré un nombre impressionnant de relances aucune, strictement aucune réponse de la municipalité.

Dommage aussi, la démocratie ! Dans la précédente mandature, nous laissions une page à la liste d’opposition pour exprimer son ou ses points de vue, sans, me semble t il, avoir jamais réduit leur possibilité d’expression. Or, dans le Petit Forgeois, chaque liste dispose environ d’un tiers de page. Plutôt que des articles insipides, et des polices agrandies, qui donnent l’impression d’être là pour faire du remplissage, je préférerais que chaque liste d’opposition dispose de la même place que précédemment, à savoir une page pour exprimer ses positionnements. 

Enfin, deux fois dommage le nouveau logo de Forges ! Tout d’abord, je le trouve totalement raté. Il fait logo d’entreprise, ne renvoie en rien à quoi que ce soit qui rappelle ou identifie la commune, il est d’une banalité affligeante, d’autant que Forges, dans l’histoire semble avoir perdu ses bains, ou vouloir les cacher ! Vous me direz, c'est une question de goût et de couleur. D'accord. Dommage aussi et surtout la participation des Forgeoises et des Forgeois. L’ancien logo avait été choisi après une consultation publique, à laquelle toutes les habitants pouvaient répondre en envoyant leur proposition de logo. Certes, ce précédent logo n’avait pas toutes les qualités mais au moins il disait quelque chose de la commune et de l’implication des habitants dans la vie locale. Sur ce dernier point, la municipalité a encore de très gros progrès à faire !


mercredi 14 avril 2021

SOURIEZ, VOUS ÊTES FILMÉS !





La nouvelle municipalité envisage très sérieusement l’installation de caméras de vidéo-surveillance dans la commune. Même si je n’y suis pas favorable, je m'en accommoderai dès lors que la population en serait d’accord. Encore faudrait-elle qu’elle en connaisse les tenants et les aboutissants et qu'elle soit consultée. L’objectif de cet article est d’apporter quelques éléments à la réflexion.


Si j’en crois les chiffres du débat d’orientation budgétaire (DOB) et du budget communal, la municipalité envisagerait l’installation de caméras de vidéo-surveillance dans la commune. A Forges, il existe déjà des installations de ce type positionnées sur des sites tels que le complexe sportif et les locaux des services techniques. L’actuel et nouveau projet d’installation reste flou. Pour le moment, aucune information publique n’a été donnée mais j’imagine que le projet pourrait combiner des caméras installées dans les rues des hameaux et du bourg, et dans certains points considérés comme sensibles tels que la place de l’église ou le city-stade.

Les sujets qui m’interpellent sont au nombre de trois. Le premier est de savoir quelle sorte de vidéo-surveillance est envisagée. Je ne pense pas qu’il soit financièrement tenable d’avoir des images renvoyées vers un point de contrôle où officierait un policier municipal. On se dirigerait donc vers un système enregistreur. Ce type de système comme la vidéo-surveillance de façon générale restent peu dissuasifs en termes de prévention de délinquance, si j’en crois la littérature (1,2). Rappelons aussi qu’à Nice, une des villes les plus télé-surveillées de France, la vidéo n’ a pas empêché l’attentat dramatique du 14 juillet 2016. Tout au plus, il semble que la vidéo-surveillance pourrait aider à résoudre quelques délits, mais dans une proportion faible, ou spécifiquement pour un type de délit particulier, tel le vol de véhicule dans les parkings à Londres, là aussi si j’en crois des analyses intéressantes (3,4). A Forges, commune où la délinquance reste limitée, on est donc en droit de considérer que la dépense est élevée  pour un « retour sur investissement » très discutable, pour rester politiquement correct. 

Le deuxième point est justement le montant des dépenses liées à cette installation.
Toujours d’après les chiffres municipaux, le montant des investissements tournerait autour de 140 000 euros sur trois ans (96 000 euros en année une, puis 20 000 euros par an les deux années suivantes), le tout hors fonctionnement du système dont je n’ai trouvé la trace budgétaire, et qui pourrait atteindre 5 à 10 000 euros par an selon des estimations que j'avais faites précédemment. Les chiffres, donnés comme cela, ne signifient pas grand chose si on ne connaît pas le budget municipal. Celui ci est de l’ordre de 5 millions d’euros en fonctionnement et d'environ 2 millions environ en investissement. L’opération caméra représente donc « à la louche » 5 % des investissements en année 1. Aussi est-il bon de le comparer à d’autres éléments du budget. J’ai pris pour cela le montant des subventions directes accordées aux associations forgeoises (ces soutiens relèvent de la section fonctionnement) dont le montant s’élève à quelques 65 000 euros. L’investissement en caméras représente donc, hors fonctionnement, plus de deux fois les aides versées aux associations, dont je pense - et c’est un avis personnel - qu’elles sont globalement bien plus utiles à la population que des caméras espions.

Troisième point : la question de la démocratie et des libertés. L’installation de caméras s’inscrit dans ce que j’appelle « la société de la surveillance généralisée ». Je pense que nous sommes déjà très largement sinon pistés, en tous cas pistables, via nos téléphones, nos cartes de santé ou de crédit, etc., pour que l’échelon local n’en « rajoute pas une couche ». Néanmoins, je suis démocrate, et si les Forgeois pensent que cela peut leur être utile, on acceptera évidemment la décision. Mais comme je le disais en introduction, encore faudrait il que la population soit informée et consultée. Or, si j’en crois les échanges récents du conseil municipal, cette consultation n’est pas du tout, mais alors pas du tout,  à l’ordre du jour. La nouvelle municipalité semble avoir décidé une fois pour toutes que caméras il y aura… J’ose à peine rappeler ici les propos tenus par cette équipe lors de la campagne électorale, qui promettait par écrit « une communication transparente » et « des décisions concertées ». Comme le disait Henri Queuille, ancien Président du Conseil : « les promesses n’engagent que ceux qui les croient » !

Ceci dit, où peuvent être les plus-values de la vidéo-surveillance à Forges ? Garder un œil sur les endroits « sensibles », comme la place de l’église, le city-park, etc., où il y a parfois, à la belle saison, des rassemblements qui peuvent s’avérer perturbateurs ? Que va-t-il se passer après l’installation des caméras. Les dits éléments iront-ils vers d’autres sites de la commune où il n’y a aucune caméra, ou resteront-ils sur place pour peu que les caméras soient - curieusement - endommagées... Bref efficacité à évaluer ! Les caméras pourraient-elles permettre d’identifier des auteurs de délits type cambriolage ? Même pas sur. J’en veux pour preuve les caméras installées au centre municipal et qui n’ont en rien, malgré le panneau indiquant leur présence, empêché le vol d’un camion-benne sur site, et qui n’ont pas, non plus, permis l’identification des voleurs. A mon sens, et il s’agit toujours d’un avis personnel, le seul endroit où des caméras pourraient être éventuellement utiles serait sur les chemins où l’on retrouve souvent des dépôts sauvages. La problématique, là, est que si le chemin relève du domaine public, les parcelles le bordant relèvent du domaine privé et que l’on en peut donc y installer de caméra, du moins sans accord du propriétaire. Et, l’utilité ne doit pas non plus présider seule au choix, particulièrement lorsque les libertés individuelles pourraient être menacées.

Par « chance », l’installation ne pourra se faire comme cela. Sauf erreur de ma part, avant toute installation, la commune doit faire réaliser un audit de sécurité puis obtenir un accord du préfet et un avis de la commission de vidéo-protection. La commune devra donc fournir un dossier détaillé, où elle indiquera le nombre de caméras, la technologie utilisée, l'emplacement où elles seront installées, leur orientation, etc. Enfin, toute personne qui en fait le demande peut - en théorie - accéder aux enregistrements la concernant…

Globalement, attention, car même avec les filets de sécurité décrits ci-dessus, cette installation de caméras s’inscrit, me semble-t-il, dans une démarche idéologique et une double dérive de la municipalité. Dérive budgétaire (140 000 euros pour pas grand chose), j’y reviendrai dans un prochain article, et dérive autoritaire, comme on l’a nettement perçu lors du regrettable épisode de la soi-disant « concertation » avec les associations.

Note ajoutée le 21 avril 2021 :

J'ai été informé d'une pétition circulant sur internet, demandant le retrait du projet d'installation de caméras. Voir :



Références :

1. Hervé Jouanneau. La vidéosurveillance est un gaspillage de l’argent public. La Gazette des Communes. Mars 2018.

2. Vidéosurveillance : paradigme du technosolutionnisme. Le Monde.fr.
Le blog d’Hubert Guillaud, Xavier de la Porte et Rémi Sussan. Juin 2018.
Consultable en ligne :
https://www.lemonde.fr/blog/internetactu/2018/06/02/videosurveillance-paradigme-du-technosolutionnisme/

3. Tanguy Le Goff. Le faux et coûteux miracle de la vidéosurveillance. In :
Répression – Prévention : bilan des politiques de sécurité. Après-demain. 2010.

4. Questionner la video-surveillance : utilité, coûts, dangers.
Ligue des droits de l’Homme.
Consultable en ligne :
https://site.ldh-france.org/nice/files/2016/02/videosurveillance-Protec.pdf


Crédit illustration : 

Babouse.
Vu sur Causeur.fr

samedi 10 avril 2021

HISTOIRES D’ASSAINISSEMENT.
II. QUEL AVENIR POUR LE SIAL ?




Le SIAL, syndicat d’assainissement de la région de Limours, gère la collecte intercommunale des eaux usées et l’assainissement principalement via la station d’épuration (StEp) de Briis. Le syndicat fait face à plusieurs défis et son avenir n’est pas tracé.


Le SIAL possède et entretient en délégation de service publique les réseaux de collecte des eaux usées des communes de Limours, Pecqueuse, Briis et Forges, pour chacune en partie ou en totalité. De mémoire, il existe également un ou des postes de relevage (ou de refoulement) en certains points de ce réseau qui dépendent aussi du SIAL. L’objet principal, car le plus coûteux et le plus technique, reste la StEp de Briis, qui va nécessiter une remise à niveau prochaine.

Comme je l’expliquais dans l’article précédent, la StEp utilise un dispositif de filtration des eaux en cours d’épuration reposant sur des membranes d’ultrafiltration. Celle-ci sont âgées d’une dizaine d’années et arrivent en fin de vie. En d’autres termes, malgré les lavages réguliers de ces membranes, leur pouvoir filtrant est fortement diminué car les pores ultra-fins qui les caractérisent sont en grande partie bouchés et inaccessibles au lavage. Je n’ai pas les chiffres précis, mais de tête le remplacement de ces membranes représente un coût que j’estime entre 1 et 1,5 million d’euros.

Par ailleurs, le réseau intercommunal nécessite lui aussi une remise à niveau. Le SIAL a mandaté un bureau d'étude pour obtenir, voilà 5 ans environ, le document guide majeur dans la vie du syndicat, à savoir le schéma directeur d’assainissement (ou SDA). Dans une optique de réduction des coûts, nous en avions profité à l’époque pour réaliser simultanément celui de la commune de Forges qui nous a servi à identifier et prioriser les travaux à réaliser sur le réseau communal. Le SDA intercommunal a identifié un certain nombre de problèmes sur les réseaux, dont les principaux sont les entrées « d’eaux claires », c’est à dire d’eaux non usées. Deux types d’entrées sont constatées : celles résultant d’arrivée des eaux de source ou de nappe phréatique dans le réseau au niveau de casses ou de jointures défectueuses de canalisation, et les eaux claires provenant de raccordements des gouttières, voire parfois d’avaloirs routiers, dans le réseau d’eaux usées. Quel est le problème, direz-vous, puisque l’eau est propre ? Le problème est double : premièrement, puisque effectivement l’eau est propre, on fait tourner l’usine d’épuration pour rien, c’est à dire que l’on consomme de l’énergie pour pomper, filtrer, ventiler, sécher, alors que l’eau envoyée par le réseau ne nécessite pas d’épuration. Or, et c’est la contrepartie, si les StEp utilisant des membranes d’ultrafiltration sont hyper-efficaces, elles sont aussi assez énergivores... Deuxièmement, en cas de fortes pluies, on peut dépasser les capacités de traitement volumétriques de l’usine, ce qui peut conduire à l’ouverture de « by-passes », dispositifs de sécurité renvoyant dans le milieu naturel une partie des eaux non épurées, ce qui nuit au rendement d’épuration. La lutte contre ces entrées d’eaux claires est donc impérieuse. Elle présente également un coût non négligeable, pris en charge - au moins en partie - par le syndicat intercommunal.

Le problème auquel est confronté le SIAL est que pour mener toutes ces opérations, dont certaines ont pris du retard dans la précédente mandature, il lui faut un budget. Renseignements pris, il semblerait que le SIAL n’ait pas tenu son nécessaire débat d’orientation budgétaire (DOB) et n’ait donc pas fourni de rapport d’orientation budgétaire (ROB), élément préalable à toute préparation de budget primitif pour l’année à venir. Or ce budget doit a priori être voté et déposé le 15 avril 2021, et, compte tenu des délais de convocation du comité syndical, je ne vois pas comment cela est possible. Pas de DOB, pas de ROB, pas de budget : cela pourrait vouloir dire pas de possibilité de passer commande alors que les urgences sont là (1). Inquiétant ! A moins que le SIAL envisage sa disparition pure et simple avec intégration dans un autre syndicat, l'Orge possiblement... Pourquoi pas, mais encore faudrait-il préparer cette fusion sérieusement et ne pas laisser aller le SIAL à vau-l'eau, si on peut se permettre ce jeu de mots...

Sans doute moins critique pour le SIAL que la non préparation du budget, le syndicat semble également être aux abonnés absents pour la réponse à mes demandes. Ainsi en décembre 2020, j’ai écrit au SIAL, via le secrétariat de la mairie de Forges où le syndicat a maintenant son siège, pour demander la communication d’un document public : le rapport des délégataires, tout en précisant que je préparais un article sur l’assainissement. Ce rapport m’aurait permis de fournir des chiffres plus précis que ceux que je donne dans cet article. Pas de réponse. Relance en janvier, puis en février (ou mars) : toujours pas de réponse. J’ai donc été dans l’obligation de saisir la CADA, commission d’accès aux documents administratifs, pour obtenir satisfaction. C’est bien moins grave que l'absence de budget, mais c’est malheureusement symptomatique d’un réel dysfonctionnement.


1. Note ajoutée le 13 et modifiée le 15 avril :

Il semblerait que la "gestion" du SIAL soulève en ce moment des interrogations et bien plus que des froncements de sourcils de la part de délégués et des maires du secteur... L'absence de budget et l'absence de réunion intersyndicale depuis octobre 2020 génèrent en effet des inquiétudes fortes et  légitimes sur l'avenir du syndicat. Selon mes informations, la sous-préfecture aurait été avertie de la situation.


Crédit illustration* :

Membrane d’ultrafiltration de la société Kubota. WKSU.org.
International water technology company to build R&D center in Canton.
Consulté en ligne :
https://archive.wksu.org/news/story/42833

* Il ne s’agit pas de la StEp de Briis !



mardi 6 avril 2021

HISTOIRES D’ASSAINISSEMENT.
I. COMMENT CELA FONCTIONNE-T-IL À FORGES ?

 


Je m’intéresse depuis longtemps aux questions de l’eau, que cela concerne sa distribution (l’eau potable) ou son assainissement. L’eau est en effet indispensable à la vie ; elle devrait donc être un « bien public » et ne pas être considérée comme un bien marchand. Ceci ne signifie pas que l’eau doit être gratuite car sa mise à la disposition de tous a un coût, mais pour en assurer sa disponibilité seul le juste coût doit être répercuté, sans réalisation de plus-values financières. Par ailleurs, l’eau est un exemple intéressant d’un élément dont nous payons à la fois l’acquisition et l’élimination « propre », pour ce dernier volet au travers des processus d’assainissement.


Dans notre région, comme le savent maintenant les lecteurs du blog, l’eau provient de différentes sources, dont la principale reste les captages souterrains de Saint Maurice Montcouronne et Saint Cyr sous Dourdan. Le captage de l’eau, sa potabilisation, son transport et les facturations associées à la fourniture d’eau potable sont du fait de la régie publique Eau Ouest Essonne, bras « industriel » du syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable Eau Ouest Essonne, regroupant de nombreuses communes de la CCPL et du Dourdannais. La régie assure aussi la facturation de l’épuration, sous les indications des syndicats intercommunaux d’assainissement qui en déterminent les taux, et auxquels elle reverse les redevances d’épuration. Pour plus d’explications, voir un de mes anciens articles (1).

Il me semble intéressant de s’intéresser à l’épuration de l’eau consommée. Celle-ci a pour but de rendre au milieu naturel une eau aussi « propre que possible ». Pour cela, les eaux usées sont dirigées via des réseaux communaux et intercommunaux vers des stations d’épuration (ou StEp). A Forges, deux stations assurent le traitement des eaux. La station communale de Bajolet (située le long de l’A10/11) traite les eaux de Bajolet, Alouetterie et Bois d’Ardeau, renvoyant l’eau épurée vers le ru du fagot. Il s’agit d’une station conventionnelle, dimensionnée pour environ 600 habitants, qui devra sans doute être remplacée à l’échéance de 30/35 ans si les normes environnementales ne se durcissent pas trop. La commune a délégué au Syndicat de l’Orge la gestion de son réseau communal et de la StEp de Forges. Les eaux usées du reste de la commune vont, via le réseau communal puis intercommunal, vers la StEp de Briis sous Forges, dont l’exutoire est la rivière Prédecelle. En été, à l’étiage, le volume d’eau renvoyé par la StEp de Briis contribue pour 30 à 50% au débit de la Prédecelle en aval de la station, d’où la nécessité de renvoyer une eau de qualité vers la rivière. En théorie et en fonctionnement nominal, l’eau de sortie de la station de Briis possède une qualité d’une eau de baignade. Le réseau intercommunal (dit interco) et la station de Briis sont gérés par le SIAL, syndicat d’assainissement de la région de Limours, regroupant les communes de Limours, Forges, Briis et Pecqueuse.

En termes de fonctionnement, une station d’épuration est en réalité un énorme bioréacteur au sien duquel la matière organique est digérée par des microorganismes épurateurs qui s’en « nourrissent ». Une fois les gros objets, sables, et matières grasses enlevés à l'arrivée en station par traitements mécaniques (dégrillage, décantation rapide et dégraissage), l’eau est dirigée vers les digesteurs où des bactéries (pour l’essentiel) utilisent pour leur croissance le carbone et l’azote des eaux à épurer, ainsi que le phosphore qui peut aussi être précipité par un traitement complémentaire à base de sels de fer. La masse bactérienne ainsi générée est très largement retirée de la station, en grande partie sous forme de « boues » que l’on assèche, soit par pressage, chauffage, ou compaction naturelle « en lits végétalisés». Ces boues sont ensuite soit incinérées si elles sont suffisamment sèches, permettant leur valorisation énergétique, soit épandues comme engrais selon des règles très précises. Ces boues sont en effet susceptibles de concentrer des toxiques, certains composés pharmaceutiques que les microorganismes n’auraient pas pu dégrader en totalité, ou des pathogènes microbiens lors d’épidémies, pathogènes et résidus médicamenteux qu’il n’est pas souhaitable de renvoyer sur des parcelles cultivées. À Briis, on fait aussi la chasse aux mauvaises odeurs puisque l’air de la station est pompé et refoulé sous un lit de tourbe, donc riche en carbone, à même de piéger une grande partie des composés volatils odorants produits lors du processus d’épuration.

Un mot complémentaire sur la StEp de Briis dont j’ai suivi le fonctionnement pendant des années avec les collègues du SIAL. Il s’agit d’une station dans laquelle les boues sont maintenues dans le bioréacteur au moyen de membranes dite d’ultrafiltration, qui agissent donc comme des filtres à très haute efficacité, puisque capables de retenir les bactéries épuratrices. Pour mémoire, les bactéries ont une taille de l’ordre du micron (soit 1/1000eme de mm) ce qui signifie que les pores de la membrane sont bien plus petits que cela. C’est cette caractéristique, entre autres,  qui assure un retrait quasi total des bactéries et la production en sortie d’une eau de qualité théorique eau de baignade. C'est aussi un point à surveiller car malgré le fait de pouvoir nettoyer ces membranes, leurs pores finissent à long terme pas se boucher, les rendant inefficaces. Par ailleurs les boues sont en partie asséchées par compaction naturelle sur roselière. Cependant, un erreur de conception fait que la surface des roselières a été mal calculée par certains des constructeurs de la station, entraînant la nécessité d’installer des presses de séchage de boues en sortie de StEp et un surcoût de fonctionnement. Après des années de procédure, et en grande partie grâce à l’action de l'ancien Président du SIAL, M. Bernard Véra, marie de Briis à l’époque, le constructeur des roselières a été condamné à verser une indemnité de l’ordre du million d’euros au SIAL.

Reste à assurer maintenant le suivi du fonctionnement de la station, et nous verrons dans un prochain article que cela n’est pas gagné !


Références :

1. Erreurs et désinformation autour de la fourniture d'eau potable...Ce blog.


Crédit illustration :

Mairie de Briis sous Forges
http://www.briis.fr/intercommunalite/


lundi 5 avril 2021

EXCELLENTE NOUVELLE :
ANTICOR RETROUVE SON AGRÉMENT



Cela aura été long et difficile. Finalement l’association Anticor retrouve son agrément, ce qui lui permettra de poursuivre l’important travail qu’elle même depuis des années contre les corruptions de tous ordres, au sein du monde politique.


Anticor est une association loi de 1901, fondé par M. le juge Eric Halphen (qui avait instruit l’affaire des HLM de Paris) et par Mme. Séverine Tessier, militante pour l’éthique en politique. Anticor a pour on ambition « de réhabiliter le rapport de confiance qui doit exister entre les citoyens et leurs représentants, politiques et administratifs » (1). Pour cela, Anticor mène plusieurs actions telles que la prise de contact avec les candidats à diverses élections en vue de les faire s’engager à agir dans l’intérêt général, au travers de la signature d’une charte d’éthique et de probité. De façon plus anecdotique, Anticorp distribue tous les ans des prix d’éthique, de courage, de « pantoufles » ainsi que ses célèbres « casseroles ». Parmi les récipiendaires célèbres, l’association a distribué le prix du courage au journaliste Denis Robert à l’origine des révélations sur le fonctionnement plus qu’opaque des chambres de compensation européennes (dossier Clearstream), le prix d’éthique à M. François Bayrou (UDF à l’époque) pour ses prises de position sur la propriété des grands médias d’information, au Dr. Irène Frachon comme lanceur d’alerte dans l’affaire du Mediator, à M. Charles de Courson (UDI) pour son combat pour la transparence des frais professionnels des parlementaires, entre autres. Les casseroles ont également été décernées à de nombreuses personnalités connues, tels Ms. Nicolas Sarkozy, Patrick Balkany, Claude Guéant, ou Brice Hortefeux, avec des « casseroles d’or » à certains d’entre eux pour l’ensemble de leur œuvre. À noter : suite à l’affaire des HLM de la Ville de Paris la « marmite d’or » décernée haut le couvercle à l’ancien président de la République, M. Jacques Chirac.

L’action principale de l’association reste cependant liée au renouvellement de l’agrément qu’elle a reçu en 2015 de la part du ministère de la justice, lui permettant d’exercer ses droits de partie civile dans des procédures pénales couvrant les infractions liées à la corruption au trafic d’influence, au manquement de probité ou à l’achat de votes des lecteurs (2). Or, le renouvellement de cet agrément, arrivé à échéance en février 2021, traînait depuis 6 mois environ. Les raisons de ce retard sont doubles. La première raison est liée au fait qu’en octobre 2020, Anticor avait porté plainte contre l’actuel ministre de la Justice, M. Eric Dupont-Moretti, pour « prise illégale d’intérêts », accusant ce dernier « d’avoir profité de son autorité pour régler ses comptes d’ex-avocat avec le Parquet national financier (PNF) dans l’affaire dite des écoutes de M. Nicolas Sarkozy » (3). Ce dépôt de plainte a conduit la Cour de Justice de la République à ouvrir en janvier 2021 une information judiciaire contre l’actuel garde des sceaux. Point important : l'agrément d'Anticor dépend des services du ministère de la Justice... Dans la même veine, Anticor est à l’origine de plusieurs procédures visant des caciques de la « macronie », telles que M. Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, (soupçons de conflit d’intérêts entre ses postes dans la fonction publique et ses liens familiaux avec l’armateur italo-suisse MSC) ou M. Richard Ferrand, l’actuel président de l’Assemblée Nationale (4). Dans ce dernier cas, Anticor a déposé plainte auprès du doyen des juges du pôle financier de Paris, conduisant ainsi à l’ouverture d’une information judiciaire confiée au juge Renaud Van Ruymbeke, et à la mise en examen de M. Richard Ferrand en 2019, par le juge d’instruction de Lille. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai avait par la suite considéré que l'action publique contre le président de l'Assemblée nationale était prescrite. Néanmoins, voilà quelques jours, l'association Anticor a formé un pourvoi en cassation. Affaire à suivre donc.

La seconde raison ayant entraîné le retard de délivrance agrément est qu’Anticor n’est financé que par des dons et par les cotisations de ses adhérents (5). L’actuel gouvernement a appris que quelques très généreux donateurs assurent une grande partie du financement de l’association. Il souhaite donc obtenir de l’association le nom de ces donateurs, particulièrement de ceux dont les contributions sont supérieures à 10 000 € par an, même si ce point a été démenti par le gouvernement (3). Or l’association garantit l’anonymat des donateurs. Le renouvellement récent de l’agrément est possiblement lié à la transmission aux autorités d’attestations d’experts-comptables prouvant que ces donateurs sont bien des personnes physiques demeurant France, et non des entités étrangères susceptibles de manipuler l’association (3). Par ailleurs, il est fort possible que l’actuel gouvernement ait considéré que le non-renouvellement de l’agrément d’une association dont l’activité est clairement d’utilité publique donne lieu à une nouvelle polémique, dont il n’a guère besoin aujourd’hui, dans un contexte tendu mêlant la nomination controversée de M. Dupont-Moretti comme Garde des Sceaux, les élections régionales qui approchent, et la crise sanitaire dont la gestion ne fait clairement pas l’unanimité.


Références :

1. Présentation de l’association Anticor.
Consultable en ligne :
https://www.anticor.org/a-propos/

2. Page Wikipedia sur Anticor.
Consultable en ligne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anticor

3. Barthélémy Philippe. Anticor : le gouvernement repousse sa décision sur l’agrément de l’association anti-corruption. Capital. Février 2021.
Consultable en ligne :
https://www.capital.fr/economie-politique/anticor-le-gouvernement-repousse-sa-decision-sur-lagrement-de-lassociation-anti-corruption-1392647

4. Site de l'association Anticor :
Consultable en ligne
https://www.anticor.org/2020/06/25/affaire-kohler-anticor-depose-plainte-avec-constitution-de-partie-civile/
https://www.anticor.org/2019/09/12/affaire-des-mutuelles-de-bretagne-mise-en-examen-de-richard-ferrand/
 
5. Je ne peux d’ailleurs qu’inciter vivement les lecteurs de ce blog à devenir adhérent de cette association qui est véritablement d’utilité publique. Pour cela, vous pouvez les (et nous) rejoindre en vous abonnant ici :
https://anticor.espace-adherent.org/adherer/


Crédit illustration :

Logo d’Anticor.
https://www.anticor.org/